Madame Bernadette Chirac s'est exprimée sur RTL et elle a défendu son mari Jacques Chirac. Rien de plus normal, de plus légitime. Elle s'est déclarée "choquée" par la nouvelle mise en examen de son époux qui devrait être, selon elle, "respecté". Ces doléances auraient pu s'arrêter là et être comprises, j'en suis sûr, par beaucoup. Dans cette solidarité de couple, qu'elle se rapporte à un ancien président de la République ou non, il entre de l'allure, du courage et cet évident soutien qui s'attache à celui qu'on aime et qui vous semble en danger.
On sait en effet que Jacques Chirac a été à nouveau mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans une affaire d'emplois présumés fictifs à la mairie de Paris dans les années 1990 (lepoint.fr, nouvelobs.com, Le Figaro, Le Parisien, Le Monde).
Il est encore possible d'admettre qu'il relève du ressort de l'épouse de dire que "cela lui fait mal de savoir que Jacques Chirac sera convoqué à nouveau". Pourquoi pas ? Mais pour le reste qui va suivre, il me semble que la Bernadette Chirac naturellement compassionnelle a laissé la place à la politique, la partisane si longtemps moquée mais qui a su faire taire ses détracteurs par sa très fine intuition de la France profonde et des Français.
Que penser, en effet, de ses affirmations qui, en substance, soutiennent que "le président de la République élu par tous les Français doit être protégé" et que "dans certains cas il ne devrait pas être soumis aux mêmes obligations que les citoyens ordinaires" ? Comment valider cette assertion selon laquelle "ces attaques nuisent à la République et que comme les Français ont choisi le président de la République et qu'il se trouve au sommet de l'Etat, il doit être respecté" ?
Par un jeu subtil, Bernadette Chirac téléscope les temps, mêle les périodes et confond, dans une même réprobation, les atteintes au président de la République, qu'il soit en fonction ou non, ce qui révèle de sa part une grande habileté mais affecte gravement son raisonnement. Un statut du président de la République a été voté qui, pour aller vite, le met à l'abri de toute poursuite durant la durée de son mandat mais permet, ensuite, la prescription ayant été suspendue, de le mettre judiciairement en cause et éventuellement de le renvoyer devant un tribunal correctionnel. C'est ce qui est advenu à Jacques Chirac et le confrontera bientôt à des juges. Il n'y a là rien que de très conforme à ce qu'a décrété la représentation nationale.
La protection, le respect souhaités par Bernadette Chirac en faveur de son mari lui ont été concédés durant sa présidence mais faut-il considérer comme une offense républicaine le fait que, le quinquennat expiré, la justice reprenne son cours ? Je ne suis pas persuadé d'ailleurs que, si la protection évidemment ne joue plus et n'a plus à jouer, le respect ne soit pas garanti à notre ancien président qui ne paraît pas pâtir, bien au contraire, de ses ennuis judiciaires. La sympathie de l'opinion publique lui est acquise non pas à cause des procédures qui ont enfin trouvé leur aboutissement mais grâce à la chaleur et à l'amabilité incontestées du personnage.
Bernadette Chirac, aussi vif que soit son désir d'apporter son aide à son époux, dépasse les limites lorsqu'elle feint de croire que la mise en oeuvre de l'Etat de droit va constituer une "nuisance" pour la République alors que la bonne foi soutiendrait plutôt le contraire. On sent que Bernadette Chirac n'est pas loin d'estimer - mais l'avis serait trop provocant - qu'un président de la République, en activité ou parce qu'il l'a été, doit échapper en toutes circonstances au sort judiciaire ordinaire. Il ne devrait jamais être un citoyen comme les autres. Puisque l'évocation de "certains cas" qui concernent précisément des situations comme celle de Jacques Chirac n'empêche pas son épouse d'aspirer, pour lui, à une sauvegarde totale.
Madame Chirac, pas seulement grâce aux "pièces jaunes" et au soutien de nombreux artistes qui ont perçu là une occasion appréciable de promotion personnelle, est devenue très familière des médias. Sans doute à cause de son "politiquement incorrect" qui a certes des limites mais trouve le moyen sur tel ou tel sujet de piquer, voire de surprendre. Elle peut se permettre de dire n'importe quoi parce qu'elle a acquis au fil du temps une indéniable aura et qu'elle bénéficie maintenant du consensus humain en faveur de son mari. Mais il n'empêche que ses réflexions sur l'immunité présidentielle sont "choquantes" et qu'il ne lui revient pas, si peu que ce soit, de fragiliser un authentique processus démocratique. Hors de question évidemment de lui apporter une contradiction. Pour elle, hier comme aujourd'hui se ressemblent.
En dépit de sa verdeur, sa démarche me semble d'autant plus mal fondée et inopportune qu'elle contredit la ligne de conduite de l'ancien président qui a tenu à se présenter comme un citoyen ordinaire, refusant tout passe-droit et heureux de pouvoir s'expliquer le plus vite possible devant les juges. L'une se scandalise quand l'autre banalise.
Le couple devra choisir entre l'attitude intelligente et positive de Jacques Chirac ou la légère et maladroite arrogance de son épouse Bernadette.
@ Yves Bouant
Bienvenue au club ! On n'est jamais seul ! Cordialement ! J'écoute chanter Ferrat dans "Aimer à perdre la raison"...
Rédigé par : J.A | 14 janvier 2010 à 09:38
J'apprécie Jacques Chirac ! Mais comme vous, je trouve déplacée l'initiative de son épouse. L'immunité ne concerne que la période pendant laquelle il a présidé la nation. Néanmoins, j'ai le sentiment que ce n'est pas tant lui qui doit être jugé que les habitudes prises par les personnalités politiques - il n'était pas seul. Je suis convaincu que le nombre de cas dépasse ceux dont on a eu vent ou qui ont été jugés.
Rédigé par : jmarcio | 13 janvier 2010 à 23:24
Il tombe, elle tombe, donc il est normal qu'elle le soutienne à mort.
Rédigé par : SR | 13 janvier 2010 à 22:31
Les grands blessés de la guerre de 1940.
Mon père, aujourd'hui décédé, vous prie de bien vouloir l'excuser de n'avoir été ni collabo, ni résistant.
Figurez-vous qu'il était prisonnier.
Quoi de plus bête qu'un prisonnier, il attend que ça passe, même si c'est l'armée russe, les staliniens haïs, ceux qui ont laissé 22 millions de morts, sans lesquels nous aurions tous été de bons petits nazillons, qui ont ouvert le camp et les ont convoyés comme des bêtes.
Oui, mon père, il n'avait rien à dire, il attendait comme des millions d'autres. Quand ils sont revenus, personne ne les a écoutés.
Combien de cocus, de bouches à nourrir en plus, de familles brisées, il fallait habiter la campagne pour bien voir, bien entendre.
Rien à dire, fermer sa gueule, reprendre le travail.
Les prisonniers, ils avaient des colis, la Croix-Rouge.
Au retour, dans toutes les gares, les braves gens se précipitaient pour leur donner à manger, à boire, les femmes les embrassaient, "tu viens d'où ? tu vas où ? t'y seras demain ! j'en connais une qui va pas beaucoup dormir, tu parles, 5 ans !" Rien à dire !
Les autres, ceux des camps, on en parlait encore moins, eux, ils avaient tant à dire, il leur était impossible de dire.
Nuit et brouillard, la terreur absolue, l'humanité au paroxysme de l'abjection, la face hideuse de l'homme.
Ils avaient tant à dire et ne disaient rien, comme s'ils se sentaient coupables d'être là, complices de ce qu'ils avaient souffert, il fallut des années pour que les mots, les quelques mots, intraduisibles, car l'horreur ça se vit dans sa chair, dans son âme, ce qui se dit ou s'écrit est forcément dérisoire face à la réalité.
Voilà, vous pouvez continuer à réécrire l'histoire, à juger, à acquitter, comme bon vous semble.
Si vous n'avez pas su aimer, aimer à perdre la raison, vous n'avez pas vécu !
Rédigé par : yves bouant | 13 janvier 2010 à 19:15
Vous avez parfaitement raison en ce qui concerne Madame Chirac mais ce qui est encore plus attristant c'est que Madame Chirac n'est pas la seule à se considérer au-dessus de la loi commune. Ils sont hélas bien nombreux à considérer qu'il y a une classe au-dessus des autres pour laquelle les choses vont différemment. L'actualité récente nous a donné des exemples à foison.
Mon discours fait un peu populiste, je le reconnais, mais tout de même, il y a des limites à ne pas dépasser. Comme l'histoire l'a montré à nombreuses reprises, cela finira mal.
Rédigé par : Florence | 13 janvier 2010 à 18:17
Cher Philippe,
C'est grâce à votre sens aigu de la nuance que votre billet est parfait et inattaquable. Je pense que les quatre lignes de "polo" ajoutent une petite touche pertinente sur ce qui fait que madame Chirac se sent un peu au-dessus de la mêlée.
On disait dans l'hommage à Séguin qu'il avait raté beaucoup de choses (Maastricht, Premier Ministre, Président, maire de Paris). S'il avait aussi raté la campagne présidentielle menée pour Chirac, on aurait eu Balladur (chacun peut penser ce qu'il veut de ce qui serait arrivé, on ne refait pas l'histoire...) mais à coup sûr les procédures contre Chirac auraient prospéré entretemps et Mme Chirac n'aurait plus à se plaindre sur ce thème. Comme Pasqua, Chirac aurait-il su faire traîner ? Ou bien saurions-nous le résultat de ces procès ? Autres amertumes alors pour Bernadette ?
Rédigé par : Jiel | 13 janvier 2010 à 13:00
@Jean-Jacques Bernardini | 13 janvier 2010 à 08:54
« La discussion avec ce « cher Michel » vient incidemment sur l’affaire de l’hôtesse et du chanteur. Alors, l’air grave, Madame Bernadette Chirac, lance sur le mode « à bon entendeur, salut » vers le procureur de Nice : « Ah ! Johnny ! Voyez-vous, Michel, on ne s’attaque pas à Johnny ! »
Le cœur a ses raisons, avec Jacques comme avec Johnny…»
Votre anecdote me rappelle le fait qu’ayant cherché à obtenir le dossier médical de mon père après son décès, ce qui était parfaitement mon droit, la première remarque que je me suis attirée de la part du médecin médiateur ayant constaté que j’étais la seule des personnes susceptibles de pouvoir demander l’accès au dossier à n’être pas médecin : « Tiens, tiens, ils vous ont envoyée en éclaireur? », puis sur ma dénégation et mon affirmation que ma démarche était purement individuelle, « Vous savez que monsieur le professeur untel est internationalement reconnu comme le spécialiste de référence dans sa partie? » Ce qui était ce qu’accessoirement j’aurais pu lui reprocher, vu qu’il avait abandonné le vieux monsieur aux mains d’un sous-fifre qui ne connaissait ni le malade ni son dossier, pour aller inopinément faire une conférence sur un cas similaire, alors que l'inverse eut été, à mon sens, moins aléatoire, dirons-nous pour faire court.
Cela vous étonnerait-il si je vous disais que ça fait deux ans que j’attends toujours et le dossier et un rendez-vous avec le français mondialement connu dont le secrétariat a envoyé à son patient six mois après son décès, un courrier lui fixant un rendez-vous ?!
Rédigé par : Catherine JACOB | 13 janvier 2010 à 12:49
Je l’aime bien, Madame Chirac. Au début de son séjour élyséen, elle avait un air emprunté, charmant, d’une fille de la campagne propulsée dans les hautes sphères. Rien qui rappelât Mademoiselle Bernadette Chodron de Courcel, la fille d’ambassadeur qu’elle avait été.
Et puis, elle a pris de l’assurance auprès de son grand Jacques de mari… Les invitations à la Tv, sa fondation, les « pièces jaunes », et puis tous ces chers « people » de ses amis, si gentils, si comme il faut avec elle… Bref, la première dame de France était devenue une autre femme !
Mais il me revient en mémoire sa vision des choses de la justice un jour qu’elle était invitée à la télévision chez ce « cher Michel D.», si gentil, si bien élevé, un ami fidèle, lui…
A cette époque il était question de Johnny, un autre ami. Johnny avait été très entreprenant envers une hôtesse sur un yacht où il était invité par quelqu’un quelque part au large de la Côte d’Azur… La demoiselle se plaignait à la justice d’avoir été plus « qu’importunée » par le chanteur. Qui mentait, qui disait la vérité ? Là n’était pas l’affaire…Mais le procureur de la République de Nice avait été saisi et, Johnny ou pas Johnny, M. Éric de Montgolfier s’intéressait à l’histoire du flirt de Johnny.
La discussion avec ce « cher Michel » vient incidemment sur l’affaire de l’hôtesse et du chanteur. Alors, l’air grave, Madame Bernadette Chirac, lance sur le mode « à bon entendeur, salut » vers le procureur de Nice : « Ah ! Johnny ! Voyez-vous, Michel, on ne s’attaque pas à Johnny ! »
Le cœur a ses raisons, avec Jacques comme avec Johnny…
Rédigé par : Jean-Jacques Bernardini | 13 janvier 2010 à 08:54
@ MS
Notez que je ne me prononce pas sur l'opportunité des poursuites contre Jacques Chirac - je n'ai pas d'avis là-dessus - mais juste sur le fait de critiquer Mme Chirac quand elle le défend.
Dans la majeure partie de son billet, Philippe Bilger fait attention à critiquer la validité juridique des déclarations de Bernadette Chirac, sans l'attaquer ad hominem comme vous dites. C'est juste non pertinent : une femme défend son mari.
À la fin du billet, notre hôte conclut en stigmatisant sa "maladroite arrogance". Cette dernière ligne de conclusion me semble déplacée.
Cette dame mérite le respect, comme toute épouse présente malgré la tourmente.
Rédigé par : Alex paulista | 13 janvier 2010 à 01:55
Alex Paulista,
Vous vous trompez ; Philippe trouve estimable, voire courageux, le soutien de Madame Chirac à son mari :
"Dans cette solidarité de couple, qu'elle se rapporte à un ancien président de la République ou non, il entre de l'allure, du courage et cet évident soutien qui s'attache à celui qu'on aime et qui vous semble en danger."
Là où la ligne jaune est mordue à pleine dent par Bernadette, c'est quand elle généralise, au-delà de son mari, pour réinterpréter le principe d'immunité dans le temps. J'ai noté que la tendance était aussi à l'extension de l'immunité dans l'espace. Une vraie capote anglaise, l'immunité présidentielle, élastique au-delà de toutes les espérances raisonnables. Attendons-nous un jour à apprendre que le plombier du Cap Nègre bénéficie de l'immunité présidentielle.
Critiquer Madame Chirac, épouse combative de monsieur, Philippe ne le fait pas, il la féliciterait presque. Critiquer Madame Chirac exégète constitutionnelle, ça je crois qu'on peut se le permettre sans insulter les mânes de Camus.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 janvier 2010 à 00:11
Il est honteux de porter un jugement sur une épouse qui défend son mari, surtout après avoir cité Camus qui disait préférer sa mère à cette justice. - Alex Paulista
"Cette justice" ? Camus a précisément dit ceci : "En ce moment on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela, la justice, je préfère ma mère."
1. Aucune « justice » aveugle ne s’apprête à s’abattre sur Jacques Chirac.
2. Hors attaque ad hominem et amalgame, où est la honte à - non pas juger une personne - mais critiquer un point de vue ?
Rédigé par : MS | 12 janvier 2010 à 21:45
Quels que soient l'opinion et le respect que l'on peut avoir pour l'homme Jacques Chirac ex chef de l'Etat, il n'en reste pas moins que personne ne peut être au-dessus des lois.
Il doit s'expliquer, assurer sa défense comme le commun des mortels et si j'ai bien entendu il est tout à fait prêt à le faire.
Au juge de dire le Droit.
Le reste n'est que superfétatoire.
Rédigé par : Jabiru | 12 janvier 2010 à 20:42
On vous l'avait décrit comme un malfaiteur, un manipulateur, ô ingrate et minuscule justice terrienne. Ces bruits ne sont pas sans vérité, il est peut-être lourd le fardeau de ses fautes, et sa conscience est bien lasse ; longtemps il fut des plus zélés à l'école de la débauche républicaine, mais le temps de la retraite sonné, il me semble que le malin en lui s'est tu, vous adorant ô justice divine, c'est la vertu qu'il aime, et, le coeur apaisé, devant vous, céleste, en tremblant, pour la énième fois je m'agenouille.
Mitonné de Bernadette à la saint Jacques.
Pouchkine (enfin, presque)
Rédigé par : frédéric | 12 janvier 2010 à 17:23
Je pense que Bernadette Chirac a ce côté gentiment aristocratique, vieille France, qui fait qu'au fond d'elle, elle n'arrive pas à comprendre que les "élites" soient soumises au même régime (en théorie) que la basse populace.
Rédigé par : polo | 12 janvier 2010 à 15:41
Catherine, le temps ne fait rien à l'affaire. Faut-il donner une prime à celui qui chanceux, malin, planqué, protégé, s'est soustrait pendant si longtemps à la justice qu'il se présente à elle vieux et malade ? Cet argument, les partisans de Polanski l'ont employé ("il y a si longtemps, il a changé, il est vieux" - ce qui au passage a dû faire plaisir à ce vieux play-boy qui espère encore porter beau). Je ne le pense pas recevable.
L'autre Catherine :-)
Rédigé par : Catherine A@Catherine Jacob | 12 janvier 2010 à 15:14
Dans cette "veine", Monsieur Bilger, vous feriez bien également de vous interroger sur "l'égalité des armes" à propos du statut protégé du chef de l'Etat en exercice mis à mal par l'arrêt de la cour d'appel de Versailles, dans l'attente d'une décision de la Cour de Cassation, puis de la CEDH qui ne pourrait que condamner la France, une fois de plus, si la Cour de Cassation tranche dans le même sens que la cour d'appel. La justice française devient une vraie pétaudière...
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 12 janvier 2010 à 13:55
Il est honteux de porter un jugement sur une épouse qui défend son mari, surtout après avoir cité Camus qui disait préférer sa mère à cette justice. Le démonstratif s'applique bien: l'expérience de Bernadette Chirac au plus près des arrangements lui montre bien que tout ceci continue et même empire. Le népotisme, l'incompétence pistonnée étaient des péchés honteux, maintenant ils s'affichent. Les dépenses pharaoniques et secrètes servaient parfois à libérer des otages en usant de réseaux contestables, aujourd'hui tout est déclaré noir sur blanc et va à l'artisan listé qui a le bonheur de fournir en douches-radio-wifi le seigneur du G20.
Non, Bernadette Chirac est belle dans la tempête, Didier Wampas est ému, j'en suis sûr. Si Jacques Chirac comparaît et qu'elle doit témoigner, je sais qu'à ce moment précis il n'y aura plus qu'eux deux dans cette salle, eux deux avec leurs réussites mais aussi les plaies vives personnelles qu'ils partagent, et qui furent peut-être le prix d'un engagement politique total et absolu. Douleurs à côté desquelles tout ce cirque est totalement dérisoire.
Elle est comme l'Horloger de Saint Paul qui résumait tout dans un solennel:
"Je suis entièrement, totalement solidaire de mon fils."
Rédigé par : Alex paulista | 12 janvier 2010 à 13:08
A juger avec 20 ans de retard sur un sujet dont la perception a tant évolué, il y a un double risque d’anachronisme : soit vraiment condamner pour répondre au temps présent mais être injuste, soit être juste mais incompris.
Il aurait fallu juger sans différer, mais un authentique trouble à l’ordre public en aurait été la conséquence.
Quant à faire confiance aux juges, l’expérience Clinton nous en a fait la démonstration. Pensez-vous que deux ans après la fin du mandat, cette affaire aurait concerné les juges, l'élite d'une grande nation, qui se sont montrés si passionnés de droit et si vindicatifs.
Rédigé par : Jean-Marie | 12 janvier 2010 à 12:29
Jacques Chirac est entré en politique sous l'aile protectrice de Marcel Dassault dans un contexte où la vie politique était, depuis le plus haut Moyen Age, un moyen de s'enrichir et de passer au-dessus des lois communes. C'était une pratique acceptée : notre patrimoine historique, les si jolis châteaux de la Loire, Versailles ne sont que la manifestation de la prévarication des gouvernants, manifestation consentie. Le grand Clemenceau fut corrompu jusqu'à l'os.
Cette acceptation avait pour contrepartie l'efficacité du pouvoir politique : protection du châtelain, équipements publics, conquêtes fructueuses, fierté nationale. En 1918, tout le monde avait oublié la fortune mal acquise du Tigre.
Puis la règle du jeu a changé. Le prince doit se soumettre à des règles communes, les marchés publics sont encadrés. Madame Chirac en est restée à l'ancienne règle, à l'époque où une femme sacrifiait toute sa vie à la conquête du pouvoir par son homme et qui n'envisageait pas, la fête finie, de ne pas embarquer la vaisselle à la maison.
Dans le cas des emplois fictifs, la pratique était généralisée : comment des partis politiques pouvaient-ils se payer des experts de haut niveau à moins de les faire rémunérer par des collectivités porteuses ?
C'est un mauvais procès : Chirac faisait bosser son monde. La personne employée à la Mairie de Paris était corvéable nuit et jour pour le RPR, la Mairie, la circonscription de Corrèze et plus encore. Ces gens-là n'étaient certainement pas payés à ne rien faire et servaient, de près ou de loin, la collectivité, quand bien même fut-ce dans un cadre partisan.
J'en profite pour faire une incise sur l'immunité présidentielle. Celle-ci protège la personne du Président en fonction. Dernièrement, nous avons pu assister à une démonstration honteuse de corruption de la dépense publique avec les sondages de l'Elysée. Des millions d'euros balancés aux amis sans le moindre appel d'offre. Et l'actuelle majorité nous brandit l'immunité présidentielle qui protégerait désormais tous ceux qui gravitent autour du président, extension curieuse du principe constitutionnel. Le parquet de Paris, qui a connaissance de ce délit caractérisé, ne se saisit pas de l'affaire qui ne concerne pas exclusivement la personne du président. N'importe quel maire de commune serait déjà mis en examen.
Car si Madame Chirac apparaît dépassée par les moeurs nouvelles, qu'en sera-t-il de toutes les épouses et époux de collaborateurs de l'actuel président qui se prévaudront de l'immunité présidentielle pour le seul motif qu'ils lui auront ouvert une porte. Ce n'est plus une seule personne qui est immunisée mais des centaines : voilà une vaccination qui marche bien !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 12 janvier 2010 à 11:02
"La protection, le respect souhaités par Bernadette Chirac en faveur de son mari lui ont été concédés durant sa présidence mais faut-il considérer comme une offense républicaine le fait que, le quinquennat expiré, la justice reprenne son cours ?"
Vous avez bien évidemment raison. Je fais partie des Français qui, en son temps, ont défendu une immunité présidentielle dans l'idée qu'il me paraissait impossible de se consacrer entièrement à la France s'il fallait parallèlement se dépêtrer des griffes judiciaires par lesquelles on pouvait se trouver saisi à juste ou moins juste titre et donner par là prise à une opposition susceptible d'être de mauvaise foi et de cacher des intentions purement politiques derrière des allégations d'une exigence de justice.
Mais il est tout aussi clair pour moi aujourd'hui, que le mandat présidentiel et l'immunité qui va avec, s'est terminé en 2007 avec l'élection de NS à la succession du Grand Ancêtre, et si, comme vous-même manifestement, et la plupart des Français, j'aime beaucoup Mamie Bernadette, je vous suis tout à fait quand vous lui donnez tort de vouloir que ladite immunité perdure au-delà dudit mandat.
Ceci étant, il convient de procéder dans le respect le plus absolu et de la présomption d'innocence, et de l'âge et son état de santé, ainsi que de l'ancienne et de l'actuelle fonction occupées, sans que l'une ou l'autre de ces qualités prenne obligatoirement le pas sur les autres.
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 janvier 2010 à 09:59
Je suis d'autant plus d'accord avec vous que je m'étais prononcé publiquement pour son jugement il y a déjà dix ans.
Rédigé par : Laurent Dingli | 12 janvier 2010 à 09:56
Bonjour monsieur Bilger,
Je partage entièrement votre point de vue. La France est une République et non une Monarchie, même si depuis quelque temps il est permis d’en douter.
A ce titre tout citoyen quelles que soient ses fonctions est tenu de se soumettre aux lois de son pays et, le cas échéant, de rendre compte de ses actes à la Justice de son pays...
Jacques Chirac l’a parfaitement admis et semble d’ailleurs plutôt serein sur les faits qui lui sont reprochés. Ceux-ci d’ailleurs sont relativement mineurs et sans vouloir préjuger du verdict, je pense que la « sentence » devrait être clémente.
Ce n’est certainement pas sur quelques petits présumés emplois fictifs que l’action de Jacques Chirac sera jugée par l’Histoire. Tous les chefs d’Etat ont à leur actif des « affaires » qui ternissent peu ou prou leur parcours. Nul n’échappe à cette règle.
Vouloir les ignorer est non seulement « choquant » mais parfaitement illusoire en particulier à notre époque où tout finit par se savoir et même faire l’objet de livres que l’on peut trouver dans tous les kiosques de quai de gare pour le plus grand profit de leurs auteurs.
Madame Chirac est certainement une femme éminemment respectable, mais je crains qu’en la circonstance son attitude soit parfaitement déplacée. Espérons qu’elle en prenne rapidement conscience.
Rédigé par : Achille57 | 12 janvier 2010 à 09:36
Merci Monsieur Bilger pour cette remarque républicaine !
Rédigé par : J.A | 12 janvier 2010 à 09:33
Le couple a choisi les deux tableaux, c'est tout et c'est astucieux !
Quant aux affaires, elles feront "pschiiiit", c'est bien connu.
1 - Parce que c'est déjà jugé et celui qui a été reconnu coupable, c'est "Juppette", le meilleur d'entre tous, donc pas les "seconds couteaux", même quand ils se trouvent placés au-dessus...
2 - La preuve de la "complicité active", de l'intention frauduleuse du "Chi" sera particulièrement difficile à apporter.
C'est le sort de tout "bon politique" que de savoir se dégager par anticipation dès qu'un "problème" pourrait devenir encombrant.
On va d'ailleurs en voir la limite avec l'affaire "Clearstream II".
La "I", qui a pourtant fait de vrais morts, elle a bien fait "pschiiiit" !
Enfin, on peut toujours rêver d'une République meilleure, et j'encourage chacun à y oeuvrer avec fermeté... en attendant le "croc du boucher".
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 12 janvier 2010 à 09:14
Une hypothèse : et si cette déclaration pour le moins choquante n'avait pour but que de prévenir des orages qui arrivent mais qui ne sont pas encore médiatiquement déclarés ?
En effet, les deux mises en examen paraissent bien légères compte tenu de ce que l'on sait des exploits de Chirac, de sa famille et de ses proches. On peut sans risquer d'être contredit avancer que 90 % de ce qui est connu, je dis bien connu comme malversations, est passé à la trappe grâce à la bienveillance de certains magistrats.
Alors pourquoi une personne qui n'est pas stupide provoque-t-elle l'opinion avec une déclaration très choquante ?
Une hypothèse ne peut être éludée : parce que peut-être d'autres orages, bien plus dévastateurs, couvent et qu'il n'est peut-être pas inutile de motiver les supporters dont la lucidité et le sens moral ne sont pas des qualités évidentes...
Rédigé par : admirateur éperdu | 12 janvier 2010 à 08:43
Je persiste donc.
Oui, Bernadette a tort de dire : "laissez-le tranquille".
Mais oui, elle a bien raison de nous faire voir qu'un amour bien entretenu (combien d'années de vie commune ?) rend encore aveugle.
Un couple qui s’aime… c'est si rare.
Moi je la trouve touchante (au minimum).
Rédigé par : jpledun | 12 janvier 2010 à 00:42
On verra lorsque le temps sera venu pour qu’un citoyen este en justice l'actuel locataire de l'Elysée, si vous tiendrez le même discours au cas où son actuelle (ou éventuelle nouvelle épouse) tenterait de le défendre.
Rédigé par : Le passant ordinaire | 11 janvier 2010 à 08:14
En effet, M. Bilger, le numéro d'Antigone de Bernadette a quelque chose de détestable. Ce fol espoir de pouvoir encore tirer une dernière ficelle en passant par les médias, dans l'idée que N. Sarkozy va passer un coup de bigophone à la Chancellerie pour arrêter le bras du "bourreau" révèle en fait, les moeurs de l'époque "RPR" (pronocer "RPR !" comme le faisait Thierry Le Luron).
Elle n'en sort pas Bernadette. Le RPR n'est plus.
De surcroît, le décès de Philippe Séguin vient questionner l'ahurissante popularité d'un J. Chirac qui ne fut pas toujours ce "papy sympa, Algérie Française, gaullo-pompidolien, rad-soc, amateur de bière et de jolis minois". Quel raccourci, mais qui décrit en fait le vide sidéral du bonhomme !
Quant à son seul titre de gloire, "le refus d'aller en Irak", c'est une aimable plaisanterie. Le Canada, ami et allié historique des USA sur tous les champs de bataille du XIXème siècle, n'y a pas été non plus. Sans chichis, sans frétiller du croupion à l'ONU, sans donner des leçons de morale à l'univers.
Mme Chodron de Courcel devrait prendre son mal en patience et cesser de se cauchemarder en Comtesse de Lamballe.
Rédigé par : Savonarole | 11 janvier 2010 à 05:22