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10 janvier 2010

Commentaires

aro

@ Laurent Dingli

Pour alimenter l'orduromètre, une de plus pour la route que j'avais oubliée.

Quand les Debré, Lefranc, Foccart et Guichard se réunissent avec des milis le 27 mai 58, qui est avec eux : notre Paponet d'amour qui faisait partie des factieux qui voulaient ramener de Gaulle au pouvoir dans les camions militaires de l'opération Résurrection (pages 598 - 599 du De Gaulle de Eric Roussel).

C'est vrai que de Gaulle le connaissait bien son Paponet d'amour, puisque selon O. Guichard, qui G. Cusin prend-il comme bras droit en tant que Commissaire de la République à Bordeaux en 44 ?

Papon ...

que de Gaulle coopte en toute connaissance de ses exploits passés d'il y a quelques mois (le même E. Roussel dans le même ouvrage page 460).

Pas étonnant que de Gaulle soit aussi enthousiaste quand Foccart lui propose Papon comme trésorier de l'UDR : il a bien mérité du gaullisme entre le 17 Octobre 61, Charonne et Ben Barka + sans doute d'autres exploits injustement ignorés ! (cf les mémoires de Foccart Tome 2 page 383).

Je cite de Gaulle : "Oui, Papon c'est tout à fait convenable, c'est sérieux. En effet, c'est une bonne idée".

Allez, quand vous aurez envie de faire un hit-parade à l'orduromètre, soyez prudent, on ne sait jamais, des exploits peuvent être injustement ignorés !

Admirateur Eperdu

@Laurent Dingli

Et si vous vous en preniez un peu à vous-même quand vous montez au créneau avec un deux de trèfle dans la manche ? Visiblement vous êtes vexé comme un pou parce que j’ai un peu remis les pendules à l’heure.
Je n’ai pas l’habitude de parler de ce que je ne connais pas et je n’ai pas l’habitude d’agresser les autres avec des attaques ad hominem quand le débat ne m’est pas favorable, mais visiblement ce n’est pas partagé. Vous utilisez l’adjectif « constructif » pour déplorer que cet échange ne le soit pas : mais à qui la faute, relisez-vous que diable !
Comme vous n’avez pas grand-chose à opposer aux faits que je cite, vous boxez dans le vide en multipliant les invectives à mon égard et les tacles à la carotide. Relisez-vous dans cet échange : qu’avez-vous amené comme argument dans le débat à part des attaques ad hominem, vexé d’être pris en flagrant délit de sectarisme.
J’aurais arrêté là si vous aviez été fair-play mais vu le ton que vous employez à mon égard je ne vais pas me gêner pour démontrer le peu de bonne foi de votre argumentation même si, parce que cela vous gêne, vous avez décrété que cet échange est assommant pour les autres.
Ah les beaux arguments que vous m’opposez, quand vous en opposez…
J’excuserais les turpitudes des uns parce que d’autres les ont commises souvent en pire : relisez ce que j’ai écrit, ce n’est absolument pas ça. Votre présentation est totalement biaisée : je m’étonne simplement que vous reprochiez à Mitterrand et avec quelle virulence, ce que vous ne reprochez pas à Joseph Barsalou, Jean-Baptiste Doumeng, Edgar Faure, Maurice Faure, le préfet Génébrier, Benard Cornut-Gentille, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Mendès- France, Édouard Daladier, à Simone et Antoine Veil, E. Jean-Baylet, etc.
Pourquoi cette sélectivité ?
Ah mais Mitterrand lui est devenu président…Donc selon vous c’est gravissime qu’il ait rencontré Bouquet parce qu’il deviendra président en 1981; je me pince… Pour les autres on oublie, on met sous le tapis.
Vous malmenez aussi sévèrement la vérité semble-t-il quand vous écrivez : « le couple Veil…la distance qu'ils ont prise était bien antérieure à l'affaire que nous évoquons ». Ah bon et d’où sortez-vous cela ?
Visiblement vous avez mal lu la biographe de Bousquet : pourquoi si vos assertions étaient vraies les communistes d’UTA auraient-ils été obligés d’écrire à Simone Veil pour que son mari consente à virer Bousquet du CA d’UTA après les révélations de Darquier de Pellepoix ?
Pourquoi P. Froment écrirait-elle : « À la direction d’UTA, Antoine Veil s’offusque qu’on ait pu désigner un administrateur encombré d’un pareil passé : il n’a, dit-il, jamais fait le rapprochement entre cet homme “froid” et le Bousquet de l’occupation. Le mari de Simone Veil est bien le seul, dans la profession, à avoir ignoré les troubles antécédents de René Bousquet : il est déjà arrivé au moins une fois qu’un banquier refuse de serrer la main de celui-ci - anecdote aussitôt colportée dans le milieu des affaires. D’autre part, Bousquet n’a jamais fait mystère de ses activités d’autrefois. Depuis la fin des années 1960, n’est-il pas question de lui dans plusieurs ouvrages de vulgarisation sur Vichy, sur la rafle du Vél’ d’Hiv’, et ne l’a-t-on pas vu, en 1971, dans les images d’archives du célèbre film Le Chagrin et la Pitié ? »
Visiblement, vous n’avez pas connaissance de ce que le journaliste américain Daniel Singer a écrit le 12 mai 1979 dans The nation : « In the pandemonium it was discovered that other men who had presided over the deportation of Jews from France were still at large. It turned out that a M. Jean Leguay, head of police in occupied France, was living in Paris on a pension as a retired civil servant and apparently adding to his income by working for American companies. In the private proceedings started since then by the families of some Jewish victims, it is being alleged that M. Leguay not only negotiated the deportation of Jews with the Nazis but also showed zeal in his collaboration. Where the Germans asked for the adults, the French offered them the children as an additional gift, at a time when death was the only possible destination. It was also discovered that his former superior in the Vichy hierarchy, a M. René Bousquet, was now the honorable adviser to an important merchant bank (was because after the outcry he had to resign under threat from the labor unions) and had been on the board of the internal French airlines, a state company headed by Antoine Veil, the husband of the lady Minister, Indeed, gossip has it that he occasionally attended the smart dinner parties given by the Veils. Here one's mind boggles: what sort of striped ghosts hovered over their banquets ?”.
Je suis quand même injuste quand je dis que vous n’avez rien apporté au débat : si, vous avez créé une nouvelle science, l’orduromètrie qui permet entre autre de mesurer le mépris que l’on doit porter aux gens en fonction de la carrière qu’ils ont eue. En effet vous écrivez : « Papon n'a jamais eu les responsabilités d'un Bousquet. »
Peut-être, quoique… mais quelle constance dans le déshonneur ! Papon a commencé ses gros dérapages sous Vichy, a continué à Constantine après les massacres de Sétif, puis à la Préfecture de police de Paris et a enfin donné sa pleine mesure sous MonGénéral avec le 17 octobre 61 et Charonne. Faut-il rappeler ses exploits durant ces épisodes peu glorieux pour vous inviter à un peu plus de mesure quand vous comparez à l’orduromètre Papon et Bousquet ? Et que dire de la responsabilité de la police de Papon dans l’affaire Ben Barka ?
Je vous trouve sacrément gonflé d’utiliser les arguments que vous utilisez contre moi quand je pointe l’aveuglement de certains sur le dossier Bousquet, tous ces gens qui diabolisent Mitterrand alors que des tas de personnes ont fréquenté Bousquet infiniment plus que Mitterrand, pour me sortir des arguments de ce niveau. Donneur de leçons avec les autres mais tous les arguments, même les plus pauvres vous ne répugnez pas à les utiliser pour vous sortir du mauvais pas dans lequel vous vous êtes fourré.
Bousquet a commis des horreurs entre 40 et 44 mais je vous signale qu’il avait été un fonctionnaire héroïque lors des crues de la Garonne de 1930 et qu’il n’a plus fait parler de lui après 44 dans ce genre de monstruosité. Cela n’excuse en rien le horreurs commises entre 40 et 44 mais c’est pour vous démontrer que ce sont aussi les circonstances qui font les héros ou les ordures, même si on peut remarquer que certains ont des prédispositions !
De Bordeaux pendant la guerre jusqu’à sa fuite en Suisse après sa condamnation en passant par Constantine, le 17 octobre 61, Charonne, l’affaire Ben Barka, sa morgue lors de son procès ,Papon n’a pas eu une vie publique très honorable et je ne m’aventurerais pas dans des arguments pour le moins spécieux sur le niveau des carrières des uns et des autres pour justifier le niveau indignité de ces gens. Badinter avait dit un jour « Je crains plus l’aide du bourreau que le bourreau » ;
Apparemment cela ne gênait en rien MonGénéral, car quand il a fallu confier la gestion des finances de l’UDR à quelqu’un de « sérieux » MonGénéral a trouvé excellente la proposition de Foccart (Foccart « Le Général en Mai) : je vous renvoie donc le compliment. Cela ne vous gêne pas quand on s’appelle de Gaulle de favoriser la carrière de ce genre de loustic dont la carrière dans le déshonneur a été remarquable par la durée ? (même si vous n’êtes pas gaullâtre...)
Tout cela pour vous dire qu’il faut être extrêmement mesuré avec les lance-flammes : vous le maniez uniquement dans une direction et c’est bien dommage.
Enfin « l’humilité et le doute », je ne suis pas sûr que ce soit ce qui a caractérise votre production dans cet échange vu le côté tranché de vos positions qui ne fait pas grande place au doute et l’agressivité à mon égard qui n’est sûrement pas la marque de l’humilité !
Pour terminer en regrettant que vous préfériez l’invective et les agressions ad hominem aux fait et aux arguments, je vous dédie deux citations "Et chacun croit fort aisément ce qu'il craint et ce qu'il désire" (La Fontaine) et "Le plus grand dérèglement de l'esprit, c'est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient, et non parce qu'on a vu qu'elles sont en effet" (Bossuet).


Valerie

Rédigé par: Admirateur Eperdu le 15 janvier 2010 à 10:00

"J'aimerais en savoir pus..."

Oui, ce serait bien de percer l'abcès !

Laurent Dingli

Admirateur éperdu,
Vous commencez à me fatiguer à plastronner ainsi à longueur de commentaires. On a bien compris que vous n'aimiez pas hurler avec les loups, que vous aviez lu moult pages, et que les autres avaient fait comme Mitterrand, (sauf que le couple Veil n'était pas président de la République et que la distance qu'ils ont prise était bien antérieure à l'affaire que nous évoquons). Par ailleurs, sans excuser nullement de Gaulle, il faut reconnaître un fait : aussi condamnable que fut son rôle, Papon n'a jamais eu les responsabilités d'un Bousquet. Je remarque aussi la pauvreté de votre argumentaire : Mitterrand a fait ceci ou cela de répréhensible, mais d'autres l'ont fait aussi. Très intéressant... Vous ne ferez croire à personne, si ce n'est au petit groupe de thuriféraires dont vous êtes, que François Mitterrand est devenu une sorte de bouc émissaire de l'histoire de France. J'arrête désormais cet échange avec vous : il n'est pas constructif et devient, je suppose, assommant pour tout le monde. Et puis, ce que vous appelez le "repli en rase campagne" n'est qu'un peu d'humilité et de doute. Vous avez peut-être la science infuse, pas moi. Merci pour votre compréhension.

Admirateur Eperdu

@ Yves Bouant

Non cela ne m'amuse pas d'être "aussi pugnace".

Mais que faire quand il y a autant de désinformation : laisser dire pour que les approximations voire les mensonges deviennent des vérités par défaut ?

Admirateur Eperdu

@ Laurent Dingli

Je sens comme un repli en rase campagne de votre part.

Alors, oui je vais répondre et à ce qui gêne : oui le fait que Mitterrand ait été contre le procès de Bousquet me gêne.

Mais pas plus que tous ceux qui sont allés couiner pour s'élever contre le procès Papon et dont on fait des saints et martyrs aujourd'hui... Suivez mon regard.

Pour quelles raisons était-il contre (voir plus loin) ? Je ne sais pas et je voudrais savoir.

Mais je remarque que Mitterrand n'a rien fait, à ma connaissance, pour favoriser la carrière de Bousquet : De Gaulle a "fait" la carrière de Papon et il faut voir en quelle estime il le tenait malgré les dérapages gravissimes tels Charonne et le 17 octobre 61 (voir par exemple quand il en a fait un trésorier de l'UDR) et l'affaire Ben Barka.

Vous allez me dire que c'est mon obsession de mettre en parallèles les actes des uns et des autres et que les dérapages de l'un n'excusent pas ceux de l'autre.

Certes, certes, sauf que ce que l'on reproche et avec quelle violence à l'un on le passe sous le tapis à l'autre.

Et que dire de la notion "d'équilibre" que vous mettez en avant dans une de vos réponses : c'est ridicule et j'espère que vous vous rendez compte que c'est un argument dérisoire. On pratique cela depuis toujours : l'honnêteté serait de dire autant de mal d'un camp que de l'autre et c'est ainsi que trop souvent on confond, au nom de cet équilibre imbécile, une alouette et un cheval.

Il faut dire ce qu'on a à dire, honnêtement et oublier cette notion d'équilibre : doit-on parler autant de la victime et du bourreau ? Certes cette comparaison est caricaturale mais c'est pour vous démontrer la stupidité de ce prétendu "équilibre".

Mitterrand n'était pas un saint, loin de là : on n'arrive pas Président de la république dans une république bananière comme la France en étant un saint, mais je constate que le minimum de l'honnêteté intellectuelle serait de reconnaître que la plupart des procès qui lui sont faits sont artificiellement gonflés.

Prenons par exemple deux des "crimes" de Mitterrand : les écoutes et le Rainbow Warrior et vous verrez la stupidité de ces croisades.

- Les écoutes : on pourrait expliciter longuement pourquoi Edwy Plenel a été écouté (affaire Farewell et imprudences d'Yves Bonnet patron de la DST). Mais à qui fera-t-on croire que les écoutes ont commencé avec Mitterrand et se sont terminées avec Mitterrand ? Melnik a hurlé de rire en 95 au paroxysme de la polémique en expliquant que sous de Gaulle, et il était très bien placé pour en parler, les écoutes étaient généralisées. Croyez-vous qu'aujourd'hui on n'écoute pas ? Et sans doute bien plus que sous Mitterrand. Immense éclat de rire...
- Le Raimbow Warrior : à quoi sert la division action de la DGSE ? A faire du macramé ? A organiser des dîners-dansants ?
Combien de coups tordus montés par nos services spéciaux depuis qu'ils existent ? Combien d'opérations "homos" ? Des milliers sans doute... et on n'en retient qu'une, le Rainbow Warrior, monté et exécutée par des blaireaux qui s'ils avaient acheté le Guide du Routard sur la NZ ne se seraient pas faits pincer ! Certes autant d'amateurisme est hautement critiquable mais pourquoi en faire autant de bruit alors que le service action de la DGSE est payé pour ça depuis que les services spéciaux existent.

Faut-il pour autant passer sous silence ces deux bavures ? Non bien évidemment. Faut-il en faire ce qu'on en a fait : bien évidement que ces deux bavures, comparées à ce qui se fait en terme de barbouzerie dans notre beau pays, pays des droits de l'homme, c'est infinitésimal...

C'est cette bêtise crasse que je condamne, ce sectarisme imbécile. Je ne suis pas guidé par une quelconque idolâtrie mais j'ai une tendance hautement critiquable : quand je vois des lynchages avec des arguments de ce niveau, et bien je me sens viscéralement contre les "chiens" et plutôt un peu du côté du lynché et j'essaie modestement de stigmatiser les loups qui hurlent avec la meute.

Revenons-en à Bousquet : pourquoi Mitterrand était-il contre son procès ?

Je ne suis pas sûr que leurs relations soient la seule explication. J'aimerais en savoir pus avant de condamner aussi violemment que vous. Cette période 40 - 45 est d'une infinie complexité et s'en tenir à un argument aussi caricatural que "ils avaient des relations amicales" me paraît insuffisant. Je ne sais pas pourquoi il était contre, et j'attends pour fustiger avec la même ardeur que vous.

De Gaulle et Mitterrand avaient la même position sur la responsabilité de Vichy et la République. Chirac a eu une autre attitude. Les deux se défendent et la querelle est loin d'être tranchée entre les deux positions.

Il y a peut-être dans cette position / procès Bousquet un entrelacs de raisons que vous et moi ignorons.

Les relations politiques et d'affaires de Bousquet : je vous sens infiniment plus réservé que lors de vos sarcasmes précédents. Aucun commentaire de votre part.

Eclairant, non ?

Découvrez-vous avec la biographie de Bousquet l'étendue de la duplicité de ceux qui ont fréquenté Bousquet ?Découvrez-vous l'ingénuité de vos prises de position ?

Je peux vous affirmer que ce genre de désinformation fait beaucoup sourire les "initiés" : ceux qui savaient sans être bien évidemment des proches de Bousquet se sont bien marrés quand ils ont vu la meute déchiqueter Mitterrand à propos de ses relations avec Bousquet.

Alors, avec l'âge de raison, je suis très très méfiant quand on me livre une croisade "clé en mains" et j'évite de suivre les meutes et de hurler avec les loups.

Il m'arrive même, très modestement, d'aboyer contre les loups et je déteste le suivisme. Cela ne plaît pas car comme dit comme un de mes amis "Il est impossible d'aller contre un troupeau de buffles au galop".

Mais essayer de fouiller et de rechercher des fragments de vérité dans autant de désinformation, c'est passionnant même si cela ne vous fait pas que des amis.

Laurent Dingli

@ Admirateur éperdu,
Péan a peut-être raison, mais le fait que François Mitterrand ait marqué son opposition au procès me suffit, d'autant plus qu'il le fit à une date où il savait parfaitement quel fut le rôle dudit Bousquet dans la déportation des juifs de France. Qu'il soit intervenu directement ou pas, que des courtisans zélés aient cru lui plaire, ne changent rien à l'affaire. Et, comme je l'ai écrit dans l'un de mes premiers commentaires, c'est essentiellement le double discours de François Mitterrand qui me gêne. On ne peut pas d'une part se faire le champion de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, de manière souvent très théâtrale, et d'autre part se prononcer contre le procès de l'un des responsables de la collaboration française à la déportation des juifs. Si vous ne percevez pas cette contradiction parce que cela gêne votre admiration qui confine à l'idolâtrie, je n'y puis rien.

yves bouant

@admirateur éperdu
Vous êtes drôlement pugnace, tant mieux si ça vous amuse.
Pour avoir toute l'oeuvre de Laurent Dingli, allez sur priceminister, la collection complète pour 37,75 euros, au moins 2300 pages, peut-être un peu moins que Balzac...
Après, vous aurez de vrais débats passionnants. Bonnes soirées.

admirateur éperdu

@Laurent Dingli

Et si vous méditiez Balzac : "Il y a deux histoires : l'histoire officielle menteuse, puis l'histoire secrète où sont les véritables causes des événements".

Il ne s’agit pas d’être paranos, mais il semble que sur Bousquet vous surfiez sur « l’histoire officielle »… avec tout ce que cela comporte de mensonges et quand on met le doigt sur ce qui gratte vous vous fâchez tout rouge et vous mordez.

Je vous cite avec gourmandise : « Ah ! bon ? Bousquet connaissait beaucoup de monde, quel scoop. Mais il n'a pas soutenu la campagne politique de tout le monde, et ce n'est pas non plus tout le monde qui a tenté de lui éviter des ennuis avec la justice française ».

Et qu’est-ce que vous en savez précisément des soutiens que Bousquet a apportés aux uns et autres ? (voir ci-après les extraits de la bio de Bousquet)

Et d’ailleurs qu’insinuez-vous ? A ma connaissance R. Bousquet n’était pas Marcel Dassault (je parle de fortune personnelle et d'arrosage des politiques) et s’il a soutenu Mitterrand vous en dites trop ou pas assez : soit il l’a soutenu comme des millions de français l’ont fait en 65, 74, 81 et 88, et il n’y pas de quoi fouetter un chat, on ne choisit pas ses électeurs, soit il l’a soutenu financièrement et là il faut que vous disiez tout, ce qui nous éclairerait beaucoup plus car d’où venait l’argent ?

Les ennuis de Bousquet avec la justice : Péan dit clairement que Mitterrand était contre le procès de Bousquet, (d’autres étaient contre le procès de Papon et pourtant ils n’ont pas subi ces attaques, mieux, certains ont été sanctifiés récemment…) mais, par contre Péan dit que Mitterrand ne serait pas intervenu dans la procédure. De toute façon, le jeu des pouvoirs dans les affaires « sensibles » est tel que bien fort celui qui saura faire le tri entre la soumission naturelle et les anticipations, pour plaire au Prince, de certains magistrats dans les affaires « sensibles » et les pressions politiques qui ne sont jamais explicitées clairement. De plus, il est facile de s’essuyer les pieds sur une personne disparue, d’autant plus quand cela va dans le sens du brossage de poils du peuple... Mais Péan dit, je le répète, qu’il n’y aurait pas eu de pression de Mitterrand sur les magistrats dans ce dossier.

Si vous avez des preuves irréfutables des pressions de Mitterrand sur les magistrats dans ce dossier, alors citez-les et ce, sans jouer sur les mots : je suis très modestement, contre la suppression du juge d’instruction et pour autant je n’ai strictement aucun moyen de pression…

Donc quand on porte des accusations graves, il faut des preuves. Visiblement vous vous contentez d’allégations.

Pour ce qui est des « relations » de Bousquet avec l’establishment politique et économique, je vais donc aller à la source, c'est-à-dire citer la biographe de Bousquet. Visiblement vous ignorez ce qui suit car vous auriez peut-être été plus mesuré, non, si vous aviez su ce qui suit… et qui est étonnemment passé sous silence ?

Pascale Froment, « René Bousquet », nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Fayard, 2001, p. 556.

« En 1974, il n’y a pas d’“affaire Bousquet”, et le premier secrétaire du PS n’éprouve aucune gêne à se faire photographier avec son “ami”. Pourquoi se cacherait-il de connaître un homme qui fréquente aussi bien Joseph Barsalou que Jean-Baptiste Doumeng, Edgar Faure, Maurice Faure, le préfet Génébrier, Benard Cornut-Gentille et Jacques Chaban-Delmas ? Un homme à qui Pierre Mendès France serre la main ? Un homme qui se promène au Bois, près de chez lui, avec Édouard Daladier ? Son passé à la tête de la police de Vichy ne paraît déranger personne. ».

On continue ? Allez, on y va…

Pages 570 à 572 :

« Après être devenu de facto directeur du réseau international [de la Banque d’Indochine] en 1952-1953, Bousquet fut promu directeur général adjoint en 1960. Ce furent effectivement ses belles années. […] Il faisait travailler son frère Louis et mettait aussi, parfois, à contribution, pour des consultations juridiques, son vieux camarade de faculté Georges Vedel.
Il présidait des filiales de la Banque d’Indochine ou des sociétés ― fleurons de l’institution ― dont celle-ci était actionnaire : la Compagnie générale des mines, à Bruxelles ; le Crédit foncier de la Nouvelle-Calédonie ; la Société des plantations réunies de l’Ouest africain. Il siégeait dans nombre de conseils d’administration : à la Société des caoutchoucs d’Indochine ; à la Compagnie des eaux et électricité d’Indochine ; à la Banque franco-chinoise pour le commerce et l’industrie, qui deviendra la Banque française pour le commerce ; à la Compagnie des phosphates d’Océanie ; aux Hauts plateaux indochinois ; à la Banque commerciale africaine ; aux Distilleries de l’Indochine ; à la Société indochinoise d’électricité ; à la Banque française de l’Asie, créée en 1955 pour reprendre l’activité de la Banque de l’Indochine au Sud-Vietnam ; à la Société financière pour la France et les pays d’outre-mer (SOFO), présidée par Edmond Giscard d’Estaing. Au conseil d’administration de celui-ci, le 28 juin 1973, le père, presque octogénaire, du futur président remit sa démission ; Bousquet prononça un discours de circonstance ainsi reproduit dans le procès-verbal de la réunion : “Monsieur Bousquet est persuadé de traduire le sentiment de ses collègues en exprimant à monsieur Giscard d’Estaing sa vive gratitude pour les services éminents rendus à la société depuis plus de quarante années.” […]
Sans être considéré comme un membre authentique de l’establishment bancaire ― il était préfet, malgré tout ―, à Paris aussi, Bousquet pouvait fréquenter tout le monde. Il connaissait personnellement Antoine Pinay (qui avait appartenu au Conseil national de Pétain) ; il était ami avec son directeur de cabinet Henri Yrissou, député indépendant, inspecteur des Finances, médaillé de la Résistance, qui avait successivement servi Bouthillier et Cathala à Vichy. […]
René Coty, qui avait reçu le banquier Bousquet à l’Élysée, était encore président de la République lorsque, le 17 janvier 1958, l’ex-secrétaire général à la police fut amnistié. Déjà, en février 1957, le Conseil d’État, après avoir rejeté sa requête de réintégration dans ses droits de préfet, lui avait rendu sa Légion d’honneur. »

Pages 585 à 587 :
« En 1974, on le nomma délégué de la direction générale pour les agences et les filiales extérieures de la Banque de l’Indochine. En 1975, lorsque la fusion avec Suez donna naissance à Indosuez, il fallut mêler les hiérarchies des deux établissements. Bousquet, tout comme Jean de Sailly, hérita du titre honorifique de censeur : il ne faisait donc pas partie du directoire ni du conseil de surveillance. Il ne tarda pas à entrer au conseil d’administration d’UTA, tout en conservant ses autres sièges, auxquels était venu s’ajouter celui d’administrateur de l’Union électrique d’outre-mer (Unelco).
Le 28 octobre 1978, lorsque L’Express publia la fameuse interview de Darquier de Pellepoix, son ennemi d’antan, René Bousquet eut l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. […]
À la direction d’UTA, Antoine Veil s’offusque qu’on ait pu désigner un administrateur encombré d’un pareil passé : il n’a, dit-il, jamais fait le rapprochement entre cet homme “froid” et le Bousquet de l’occupation. Le mari de Simone Veil est bien le seul, dans la profession, à avoir ignoré les troubles antécédents de René Bousquet : il est déjà arrivé au moins une fois qu’un banquier refuse de serrer la main de celui-ci ― anecdote aussitôt colportée dans le milieu des affaires ; d’autre part, Bousquet n’a jamais fait mystère de ses activités d’autrefois. Depuis la fin des années 1960, n’est-il pas question de lui dans plusieurs ouvrages de vulgarisation sur Vichy, sur la rafle du Vél’ d’Hiv’, et de l’a-t-on pas vu, en 1971, dans les images d’archives du célèbre film Le Chagrin et la Pitié ?
Le 28 novembre, les “communistes d’UTA” adressent une lettre à Simone Veil, ministre de la Santé et de la Famille, lui demandant d’intervenir auprès de son mari afin qu’il expulse René Bousquet du conseil d’administration : ce sera chose faite dès la première semaine de décembre, “démission” rendue publique dix jours plus tard.
À Indosuez, l’agitation n’est pas moindre. […] Le 29 janvier 1979, Bousquet démissionne d’Indosuez et demande qu’on lui expédie son courrier chez lui, de manière à ne pas revenir boulevard Haussmann. […]
Le 2 février 1979, François de Flers fait part au conseil d’administration de la Banque française de l’Asie que Bousquet, “objet d’une haineuse campagne d’insultes et de calomnies”, a décidé de ne plus y siéger. À René de Chambrun aussi, il a remis sa démission des Cristalleries Baccarat. »…

Quelle ironie mordante de la biographe que cette phrase : « Le mari de Simone Veil est bien le seul, dans la profession, à avoir ignoré les troubles antécédents de René Bousquet » !

Ce que vous ne reprochez pas à des gens comme Joseph Barsalou, Jean-Baptiste Doumeng, Edgar Faure, Maurice Faure, le préfet Génébrier, Benard Cornut-Gentille, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Mendès- France (et oui, PMF rencontrait Bousquet…), Édouard Daladier et bien d’autres, ce que vous ne reprochez pas à Simone et Antoine Veil et à E. Jean-Baylet, comment pouvez-vous faire un tel procès à Mitterrand qui a dû rencontrer Bousquet bien moins souvent que la plupart de ces personnalités ?

Vraiment je ne comprends pas… ou je comprends trop bien.


Véronique Raffeneau

Je voudrais juste ajouter, pour réintégrer la discussion au sujet de Philippe Séguin, qu'au fond ce que j'aime dans son parcours, c'est le fait que devenu le premier magistrat de la Cour des comptes, Philippe Séguin a su alors pleinement habiter et incarner sa fonction, et lui donner toute son importance.

Je pense que cette fonction lui a permis d'exprimer sa vérité intellectuelle profonde.

Il ne s'agit plus alors pour lui de n'être que le militant maladroit et confus d'un gaullisme sublimé.

Mais de restituer à l'Institution qu'il préside tout son sens et sa nécessité.

Véronique Raffeneau

@ Jean-Dominique

"Il nous est permis de considérer des faits comme n'étant pas du ressort exclusif du droit, lequel dans une forme sacralisée de l'état de droit, recouvrirait de son large manteau tout le champ des autres possibles."

Je suis totalement d'accord avec vous sur ce point.

Mais.

Les magistrats de la Cour de cassation peuvent-ils, eux, faire glisser leur raisonnement en ignorant dans leur débat intime le principe fondamental de la non rétroactivité de la loi pénale ?

A gros traits.

J'ai recherché des informations au sujet de l'histoire judiciaire du procès Papon.

La Cour de cassation avait été interrogée sur la question de savoir si le principe de la non rétroactivité de la loi pénale était transgressé ou non dans la mise en accusation de Maurice Papon.

Extrait de l'arrêt du 25 juillet 2002 - Cour européenne des droits de l'homme.

Je reproduis cet extrait uniquement parce que ce texte liste clairement, au regard du procès Papon, la question de la non rétroactivité de la loi pénale.

Pour ce qui concerne l'objet dans son ensemble de l'arrêt de la CEDH je suis incapable d'émettre la plus petite appréciation. Je ne possède pas suffisamment de connaissances en histoire et en droit -

"(44) ... Il (Le requérant) estimait qu'au regard du droit de Nuremberg, base des poursuites, l'Etat allemand et les organisations nazies devaient être considérés comme des entités distinctes de l'Etat de Vichy, auquel le crime contre l'humanité ne pouvait dès lors être imputé rétroactivement ; en conséquence, il estimait qu'il ne pouvait pas davantage être imputé aux personnes ayant exercé des fonctions purement administratives dans son administration. Il soutenait en outre que, contrairement à ce qu'avait affirmé la chambre d'accusation, son appartenance à la Résistance suffisait à exclure sa participation à un plan concerté.

45. Le 23 janvier 1997, la chambre criminelle de la Cour de cassation rejeta le pourvoi. Constatant que le grief tiré du caractère inéquitable de la procédure était invoqué pour la première fois devant elle, elle le déclara irrecevable. Elle considéra en outre « que le demandeur (était) sans intérêt à critiquer les motifs de l'arrêt par lesquels les juges ont écarté le grief pris d'une violation de l'article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme, dès lors que la durée excessive d'une procédure pénale est sans incidence sur sa validité ». La Cour de cassation considéra en outre que les motifs de la chambre d'accusation caractérisaient, sans insuffisance ni contradiction, la complicité d'arrestations, de séquestrations arbitraires, d'assassinats ou tentatives d'assassinats, constitutifs de crimes contre l'humanité. Elle rappela que les chambres d'accusation apprécient souverainement si les faits sont constitutifs d'une infraction, le rôle de la Cour de cassation se limitant à « vérifier, à supposer que ces faits soient établis, si leur qualification justifie la saisine de la juridiction de jugement ». Elle considéra que tel était le cas en l'espèce, et que « dès lors, les moyens notamment en ce qu'ils invoquent le dernier alinéa de l'article 6 du statut du tribunal militaire international, lequel n'exige pas que le complice des crimes contre l'humanité ait adhéré à la politique d'hégémonie idéologique des auteurs principaux, ni qu'il ait appartenu à une des organisations déclarées criminelles par le tribunal de Nuremberg, ne peuvent qu'être écartés".

Je ne prétends pas que la réponse à cette question était simple à résoudre. Mais j'ai le sentiment à la lecture de l'arrêt de la Cour de cassation reproduit dans l'arrêt européen qu'au fond la Cour de cassation ne répond pas à la question posée. Ou du moins de façon détournée.

L'arrêt rendu, selon ma lecture, a pratiquement ignoré l'objection de la défense de Maurice Papon relative à la question de non rétroactivité de la loi pénale.


Admirateur Eperdu

@Laurent Dingli

Il semblerait que vos invectives soient un peu déplacées, non ?

Vous feriez mieux d'être un peu plus prudent dans vos affirmations, que ce soit sur les gens que Bousquet a soutenus ou ceux qu'il a fréquentés.

Quant à savoir qui est intervenu pour bloquer le processus judiciaire de Bousquet, qu'en savez-vous ? Avez-vous des preuves ?

Péan dans son livre fort documenté, semble dire le contraire... Alors, si c'est Barril, feu le juge Jean-Pierre ou Pontault qui le disent... vous n'êtes pas obligé de le répéter,non ? Vous ne seriez pas pris en flagrant délit d'affirmation sans preuve ?

Vous ne seriez pas vous-même dans l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours ? Ou le perroquet qui répète ce qui l'arrange ?

Pour ce qui est de Bousquet on vous fera donc un petit rappel extrait de la bio du loustic et d'une enquête d'un journaliste américain.

Alex paulista

@ Admirateur éperdu

Si vous êtes tant que ça fan de Péan, allez directement et en avant-première lire le contenu des blogs conspirationnistes, vous y trouverez peut-être des passages de son prochain livre.

C'est vrai que pour écrire autant de pages...

Surtout, n'en perdez aucune !

http://www.conspiracywatch.info/attachment/136643/

Laurent Dingli

@ Admirateur éperdu,
Evidemment que c'est de l'ironie. Vous ne voyez même pas le ridicule qu'il y a à comptabiliser les pages que vous avez lues et que vous étalez tel le paon lorsqu'il déploie sa queue multicolore.
Non, je n'ai pas lu Pierre Péan, et encore moins Emmanuel Todd, et si je voulais vous plagiez, je dirais que je ne lis que des ouvrages sérieux d'historiens...
Ah ! bon ? Bousquet connaissait beaucoup de monde, quel scoop. Mais il n'a pas soutenu la campagne politique de tout le monde, et ce n'est pas non plus tout le monde qui a tenté de lui éviter des ennuis avec la justice française. Votre exemple relève un peu de la discussion de comptoir : j'ai entendu un homme qui disait à un autre, etc.
Enfin, comme vous manquez apparemment de lucidité sur vous-même, vous avez le front d'écrire : "Nous sommes là dans le "mal français" : on flétrit l'adversaire pour cacher ses propres dérapages, ses propres turpitudes" après avoir dénigré de Gaulle pour mieux rehausser votre Tonton flingueur, alias Dieu. Admirateur éperdu ? Vous l'êtes autant de Mitterrand que de vous-même.

Jean-Dominique Reffait

Véronique,
La France est sans doute, même si cela saute de moins en moins aux yeux, un état de droit. Mais elle est aussi un état politique, culturel, historique. Tout n'est pas, dans une civilisation, réduit au droit.

Il nous est permis de considérer des faits comme n'étant pas du ressort exclusif du droit, lequel dans une forme sacralisée de l'état de droit, recouvrirait de son large manteau tout le champ des autres possibles. Avant d'être "de droit", l'Etat est d'abord politique, c'est sa raison d'être et le droit se soumet à l'impératif politique, dans un cadre que l'on souhaite impartial.

Si politiquement la société française n'était pas prête à assumer la responsabilité de l'Etat dans la collaboration, il n'y a aucune loi qui puisse justifier d'entraver la volonté politique d'une nation et de rejeter cette assertion, qu'elle soit vraie ou pas.

Si, en 95, cela devint possible avec le discours de Chirac, ce n'est hélas pas le fruit de l'assentiment des Français mais de leur indifférence. Si bien que ce discours de Chirac auquel se refusait Séguin n'est qu'un masque sur la question morale qui reste posée sans réponse. Séguin préfère une histoire réécrite, claire et sans hiatus à une histoire vraie hésitante. Son Napoléon III est dans cette veine : une histoire qui interprète le présent plus qu'elle ne révèle le passé. Je vous renvoie alors à Max Weber, cette dichotomie n'est pas tranchée, y compris par les historiens.

Jiel

Cher Philippe,
De retour de quelques jours à la campagne je constate que rien ne change dans les commentaires de votre blog... ce à quoi vous ne pouvez rien !
Quel que soit le sujet lancé, la variété et la pertinence des aspects que vous mettez en avant, on se retrouve à Vichy au bout d'une poignée de commentaires. Laissons-les lécher leur plaie. Mais ne sont-ils pas des Amfortas qui s'ignorent ?
Pour être un peu plus contemporain, peut-on dire que le bel hommage que vous rendez et auquel je m'associe volontiers mérite un sérieux bémol : jeter des dossiers ou des cendriers à la tête de ses interlocuteurs, ce n'est pas "avoir du caractère" c'est être caractériel, voire malade, et on ne peut que se sentir soulagé que Séguin n'ait jamais atteint les responsabilités les plus grandes.
"Les morts sont tous de braves ty-y-pes" ; mais leurs failles font aussi partie du bilan.

admirateur éperdu

@Laurent Dingli

Je ne sais pas si votre commentaire est de l'ironie (le Guiness) mais vous ne me répondez pas : avez-vous lu les deux ouvrages de P. Péan sur Mitterrand et en particulier "Une jeunesse française" ?

Je voudrais ensuite faire un commentaire : attention au suivisme sur des sujets "sensibles"...

Bousquet ne vivait pas à la Trappe dont il ne sortait que pour rencontrer F. Mitterrand : il a fréquenté beaucoup, beaucoup de ténors de la IVème et de la Vème République, ténors des affaires et de la politique et il les a fréquentés beaucoup plus qu'il n'a fréquenté François Mitterrand. Leur noms vous surprendraient, car bien évidemment vous l'ignoriez car si vous le saviez vous n'écririez pas ce que vous écrivez, (on peut aussi ironiser un peu, non ?), et ils ont été étonnement discrets lorsque Bousquet a été sur le devant de la scène au début des années 90.

J'ai encore en mémoire une scène plus que cocasse il y quelques années : un jeune homme, étudiant à Sciences Po, qui me demande de lui faire rencontrer une des personnes les plus au fait de cette période (39 - 45), personne très connue et respectée pour ce qu'elle a écrit sur la période.

Première question ; puis la deuxième fuse sur les relations "scandaleuses" de Mitterrand et de Bousquet. Eclat de rire du "spécialiste" : "Mais mon jeune ami, Bousquet a fréquenté beaucoup, beaucoup de monde, en particulier...". Et là il donne des noms, beaucoup de noms tous connus, en particulier des gens chez qui Bousquet avait pour le moins ses habitudes.

Le jeune homme était mortifié... c'était très très très loin de ce qu'il avait lu, martelé par les médias.

Eh oui, c'est la "vérité" à la française : lisez donc la bio de Bousquet et vous verrez que Mitterrand n'a été qu'une des personnes qui ont rencontré Bouquet et infiniment moins que certains dont les noms vous surprendraient. Un journaliste américain a d'ailleurs écrit des lignes saignantes sur certaines relations de Bousquet.

Nous sommes là dans le "mal français" : on flétrit l'adversaire pour cacher ses propres dérapages, ses propres turpitudes et cela ne me surprend pas qu'il ait fallu que ce soit un américain, Paxton, qui ait été obligé de faire le tri entre le faux très faux sur 39-45 et le vrai.

Alors moi, les croisades pour flétrir les adversaires en ayant 100 fois plus à se reprocher...

Essayez donc de vous renseigner pour savoir qui Bousquet fréquentait et vous verrez que Mitterrand n'était pas le plus assidu, c'est le moins que l'on puisse dire... Et pourquoi ne dit-on rien sur le reste ?

Bizarre, non ?

@ Véronique Raffeneau

Oui la position de P. Séguin en 97 était très politicienne et on comprend sa gêne quand des Messmer, Druon ou Barre allaient témoigner pour Papon lors de son procès. On aurait été gêné à moins...

Ce qui est ennuyeux c'est que sur des sujets comme celui-là il se soit abaissé à cette position qui ne sert qu'à mettre sous le tapis ce qui gêne.

Or, d'autres lui ont reproché d'autres renoncements : en particulier Emmanuel Todd qui l'a napalmisé dans son ouvrage récent sur ses renoncements à l'idée de nation "pour deux bureaux de tabac" (l'Assemblée Nationale et la cour des Comptes). Lisez le 1er chapitre de "Après la démocratie", c'est très cruel pour P. Séguin : il y est écrit que son positionnement contre Maastricht n'était que du flan pour grimper dans la hiérarchie RPR.

C'est son avis et cela se défend.

Qui ne se souvient de cet attelage plus que baroque entre Séguin et Madelin pour "sauver" au printemps 97 la dissolution de Chirac - Villepin ?

Les mythes ne font pas bon ménage avec les faits, décidément.

Laurent Dingli

@ Véronique Raffeneau,
Je suis absolument d'accord avec vous sur l'approche de Philippe Séguin. A propos de la non rétroactivité, vous savez que la législation a évolué après la guerre en matière de crimes contre l'humanité. Mes connaissances juridiques ne me permettent pas cependant de me lancer dans la moindre explication à ce sujet.
@ Jean-Dominique Reffait,
Je connaissais ces billets. Je crois que nous sommes d'accord, à quelques nuances près.

Véronique Raffeneau

@ admirateur éperdu, Laurent et Jean-Dominique

Juste une réaction rapide en relation avec l'opposition de Philippe Séguin à ce qui deviendra le discours du Vel d'hiv de Jacques Chirac en 1995.

Dans la tribune reproduite par AE, ce qui me frappe 'est la difficulté de Philippe Séguin à séparer le contexte politique et politicien du moment - l'audience croissante du Front national - de la question alors posée :

La France doit-elle, par la voix la plus officielle qui soit, ouvrir les vannes juridiques d'une mise en cause de la haute administration de Vichy dans la déportation et l'extermination des Juifs de France ?

La sincérité intellectuelle conduit à dire que si, sur le principe, le discours de Jacques Chirac était totalement nécessaire, quand nous lisons, par exemple, l'histoire de la mise en accusation de Maurice Papon, ce que nous retenons c'est aussi la grande flexibilité et réactivité de l'Institution judiciaire - principalement le Parquet et la Cour de cassation - par rapport aux positions présidentielles différentes exprimées par François Mitterrand puis par Jacques Chirac.

Je ne dis pas que les magistrats alors en charge du dossier ont adapté leur lecture des choses aux positions des exécutifs successifs. Je n'ai pas une maîtrise théorique suffisante en droit pour affirmer cela.

Mais selon moi, ce qui est regrettable dans la tribune de Philippe Séguin, est sa lecture trop politicienne, enclavée et uniquement militante de la question alors posée à notre pays.

J'ai simplement envie de dire que dans un Etat de droit, l'important était alors de poser la question du droit :

en quoi la logique traditionnelle juridique pouvait-elle, et/ou devait-elle, être alors transgressée ? Je pense par exemple à une des notions capitales qui fondent l'Etat de droit : la non rétroactivité de la loi.

Jean-Dominique Reffait

Laurent Dingli, nous aurions pu être d'accord plus tôt ! Non l'administration de Vichy n'est pour rien dans l'indépendance française à la Libération, oui elle a servi de matière première. De Gaulle était bel et bien à poil quand il a débarqué à Bayeux et pris le pouvoir.

A titre anecdotique, un exemple de ce qu'avaient prévu les Américains pour l'administration de la France libérée : les billets de banque étaient déjà prêts à être distribués, sous la forme d'une monnaie unique des zones européennes libérées, indexée sur le dollar.
Un billet de cent francs façon US dollar de 1944 :

Laurent Dingli

@ Admirateur éperdu,
Félicitations pour le nombre de pages. Il faudrait vous enregistrer dans le Guiness. J'avais bien compris aussi que vous étiez très sérieux, et par voie de conséquence, que vous ne lisiez que des gens sérieux... cqfd.
@ Jean-Dominique Reffait,
Je sais bien que vous ne défendez pas Papon, je dis seulement que ce que vous appelez le "recyclage" des fonctionnaires de Vichy n'est pas la raison première de l'indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis. Quant à la position de Séguin, encore une fois, je préfère celle de Chirac, pourtant gaulliste, lui aussi.

Laurent Dingli

Encore un mot : Papon, c'était somme toute du menu fretin comparé à l'ami de François Mitterrand, René Bousquet.

Jean-Dominique Reffait

Laurent Dingli, ne faites pas de moi le défenseur de Papon dont tout dans sa vie me révulse ! Je ne dis que ce que vous savez : les Américains souhaitaient administrer militairement la France libérée et installer un pouvoir entièrement nouveau. De Gaulle n'avait pas le choix des hommes à recycler. Par la suite, le très zélé Papon a fait son chemin comme on sait, en passant par le métro Charonne.
Je me suis placé du point de vue d'un Séguin pour essayer de comprendre pourquoi il craignait qu'un procès Papon rejaillisse sur le gaullisme. Ce n'est pas mon point de vue mais mon point de vue n'a guère de signification, je n'étais pas là et ne suis pas en mesure d'apprécier la difficulté des choix qui ont été faits à l'époque.

admirateur éperdu

@ Laurent Dingli

Pour tenir "la balance équilibrée" j'ai beaucoup lu et pas des Montaldo de hall de gare ou des C. Nay ; je préfère les historiens ou les vrais enquêteurs, ceux qui ne portent pas a priori de thèse...

Près de 30 000 pages sur les uns et les autres (60 000 en tout).

Sur Mitterrand, je m'en tiens à 100 % à l'ouvrage le plus complet, le plus honnête écrit par quelqu'un que je respecte, Pierre Péan : il s'agit d'"Une jeunesse française" (avec le complément "Dernières volontés, etc.).

Avez-vous lu ces deux ouvrages ?

admirateur éperdu

A ceux qui ont répondu à ma "démonstration"

Je ne veux en aucun cas réouvrir des discussions ouvertes sur d'autres fils : je veux simplement démontrer que P. Séguin dont on loue aujourd'hui "l'intransigeance" a quelquefois fait preuve d'une "plasticité" dans l'argumentation digne des politiciens les plus roués et que avec son "Assez, assez, assez" il a mené un combat douteux avec des arguments douteux.

J'avais été très mal à l'aise lorsque j'avais entendu ce long brame et j'estime encore qu'il ne suffit pas de parler plus fort que les autres voire de ne pas les laisser parler, d'utiliser des arguments biaisés, pour avoir raison.

Laurent Dingli

PS : ne pas oublier non plus le rôle joué par la Résistance (communistes inclus), et la fermeté de De Gaulle dans le bras de fer qui l'opposa au président des Etats-Unis. Enfin, de Gaulle fut soutenu sur le tard par Cordell Hull et surtout par Henry Stimson, secrétaire d'Etat à la Guerre. Ce dernier "déclara sans ambages que l'appoint considérable que représentait la Résistance française impliquait un accord avec de Gaulle, qu'une division française au moins devrait participer aux opérations de débarquement dans la Manche et qu'il était hors de question qu'une administration anglo-américaine gouverne la France, y compris jusqu'à la préparation de futures élections. C'était exactement ce sur quoi de Gaulle comptait" (cité par Paul-Marie de La Gorce).

Laurent Dingli

Jean-Dominique Reffait,
Ne me faites pas croire que le fait d'employer des hommes comme Maurice Papon a permis de préserver l'indépendance de la France face aux Etats-Unis. Ce n'était nullement cela qui pesait dans la balance, mais la protection de Churchill, mais l'alliance opportuniste de De Gaulle avec le criminel Staline, mais l'allégeance quasi féodale faite à son honorable personne, mais le sang versé pour reconquérir le territoire national, pour l'essentiel par des Africains et des Nord-Africains, ces mêmes Nord-Africains dont De Gaulle jugera la présence inopportune, vingt ans plus tard, sur le territoire national... Et cette indépendance, toute relative, n'a pas empêché la France de bénéficier du plan Marshall. Je vous prie, ne sortez pas du chapeau les sempiternels billets US qui étaient prêts à circuler dans ce nouveau pays occupé qu'aurait été la France. Arrêtons d'entretenir ce mythe autojustificateur de ce qui ne saurait l'être. Sans doute fallait-il employer des fonctionnaires de Vichy, et vous avez raison de souligner le double discours du gaullisme à cet égard (la prétendue "parenthèse de Vichy), mais Papon n'est pas Couve de Murville, ni Gruson, ni Bloch-Lainé, ni Léon Noël et moins encore Parodi. De plus, il y a malheureusement une logique, qui dépasse le contexte de l'après-guerre, lorsque De Gaulle emploie les services du zélé et cruel Maurice Papon. Les ratonnades de 61 n'ont plus rien à voir avec l'ingérence des Etats-Unis. De grâce donc, n'alimentez pas le vieux mythe.

Laurent Dingli

Admirateur éperdu,

Comme vous avez pu peut-être le constater, je partage en grande partie votre analyse sur le gaullisme et son opportune amnésie, je la partage moins en revanche en ce qui concerne le passé de François Mitterrand. Il faut tenir la balance en équilibre.

Jean-Dominique Reffait

Admirateur éperdu,

Si je ne partage pas toute votre démonstration, force est d'admettre qu'elle est... démonstrative.
Pourquoi et comment le gaullisme a-t-il avec autant de constance protégé Vichy, pourtant agoni, c'est un mystère quasi-freudien.
Les raisons de Philippe Séguin ne proviennent pas des lointaines raisons que pouvait avoir de Gaulle concernant un Maréchal de France qu'on ne pouvait décemment pas fusiller à ses yeux, ni les collusions d'après-guerre. De Gaulle n'a dû son salut politique, et celui de l'indépendance de la France, qu'à sa rapidité, dès Bayeux, à reconstituer un pouvoir civil sur les cendres de l'administration de Vichy alors que les Américains prévoyaient, et pour longtemps, une administration militaire du pays libéré. Cette clairvoyance gaulliste, assise sur un pragmatisme que l'on peut qualifier de cynique, est à l'origine de notre indépendance.

Papon, administrateur cynique s'il en fut et peu recommandable au titre de l'estime, représentait toute cette haute administration qui permit au pays de disposer, sitôt les troupes allemandes parties, d'un pouvoir national sans avoir à passer par la transition d'une administration américaine.

Aux yeux de Séguin, juger Papon revenait à juger le recyclage de cette administration collaboratrice par le gouvernement provisoire. Parce que si, aux yeux des gaullistes, Vichy n'avait aucune légitimité, il n'en demeurait pas moins que l'Etat a continué avec les mêmes hommes après la Libération et que juger Papon, grand commis de la Vème République, c'était accuser le pouvoir républicain de s'être placé dans la continuité de Vichy, au moins par les hommes.
C'était la même police de Paris qui avait effectué la rafle du Vel'd'Hiv' et qui avait reçu la fourragère de la Légion d'honneur pour la Libération de Paris.

Pour un Séguin, né en 44, pupille de la Nation, cette compromission ne devait tout simplement pas avoir existé. Nécessité du temps de guerre, il convenait pour lui de jeter sur tout cela le manteau de Noé, moins pour défendre Vichy que pour protéger l'Etat qui, à la Libération, trouva une administration civile organisée, et non des gauleiters, pour faire pièce aux prétentions américaines. Du point de vue gaulliste en 1945, heureusement qu'il y avait eu Vichy : ça ne se dit pas mais ça se constate.

admirateur éperdu

@Jean-Nicolas G.

Je complète ma précédente contribution : en même temps ou presque que les mutins de 17, Philippe Séguin s'était illustré lors du procès Papon.

http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAB97133840/philippe-seguin.fr.html

P. Séguin dit des choses vraies lors de cette interview mais aussi des énormités : non, de Gaulle n’est pas arrivé au pouvoir en 1958 « contre l’extrême droite" et ce n'est pas la seule liberté prise avec la vérité...

Bien au contraire, il est arrivé porté par les « nationaux » dont la plupart étaient d’extrême droite. Cette extrême droite qui se détournera de lui et le combattra violemment lorsqu’il décidera de donner l’indépendance à l’Algérie. Le RPF était jugé « fascisant » par un homme aussi mesuré que René Rémond. De Gaulle lui-même disait : « Le RPF, un tiers de pétainistes, un tiers d’escrocs et un tiers de braves gens ».

Donc P. Séguin tout à sa diatribe prend alors beaucoup de libertés avec l’histoire.

Pourquoi donc ?

L’article de JM Thénard que je cite donne quelques explications.

Tribune du 23/10/97

En regrettant qu'on juge Papon, le président du RPR laboure les terres du FN et révèle la panique d'une droite menacée de disparition. L'angoisse de M. Séguin.

THENARD Jean-Michel

Il faut lire et relire Philippe Séguin pour comprendre l'ampleur de la crise à droite. Son dernier cri dans un quotidien du matin ¬ «Assez! assez! assez!» ¬ avait du volume. A preuve, il a été entendu par un Premier ministre qui a poussé la politesse jusqu'à lui répondre l'après-midi même dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Lionel Jospin a admis ne pas avoir «toujours compris» ce que cherchait à dire le président du RPR. C'était là encore une formule de politesse. Car le message de Séguin était clair: son cri outré cachait, en fait, un incroyable plaidoyer pour le silence. Silence sur les «taches» de notre passé, silence sur les heures sombres de la nation, silence donc sur la collaboration, les collaborateurs, le maréchalisme et les maréchalistes.
Ces parts d'ombre de l'Histoire de France, l'ancien président de l'Assemblée nationale condescend à ce que les «historiens» s'en occupent. C'est qu'il est bien placé pour savoir que l'imagerie d'Epinal d'une France résistante comme un seul homme, l'Américain Robert Paxton, puis d'autres, ne l'ont pas attendue pour la revisiter largement depuis vingt ans. Mais passer de la diffusion malheureusement restreinte des travaux historiques au débat public, contradictoire, «médiatique», qui est celui d'une cour d'assises, l'ancien ministre s'y refuse. Il ne fallait pas juger Papon, ose-t-il, au prétexte que ce procès en dissimulerait deux autres, celui du gaullisme, qui a «recyclé» nombre de hauts fonctionnaires de Vichy, et celui de la France. Juger Papon ne mérite donc pas, selon Séguin, d'être salué pour l'heureux événement que c'est: l'entrée dans l'âge de raison d'un pays qui, pendant longtemps, n'a pas voulu regarder et assumer des pans de son histoire. C'est, au contraire, explique-t-il, «traîner la France et la République en Justice» et tomber dans «cet esprit d'autoflagellation, dans cette obsession de l'expiation collective dont tant d'entre nous sont si friands». L'autoflagellation ou le silence. Telle est l'alternative que le président du RPR propose aux Français. Comme entre deux maux, il faut choisir le moindre, citoyens, soyez donc plutôt ignorants que flagellés. Plus de procès Papon, plus de procès Barbie, plus de débats contradictoires sur l'innocence ou la culpabilité d'hommes soupçonnés de crime contre l'humanité, plus de châtiment pour les coupables, plus d'innocence pour les innocents. Le propos séguiniste est très grave. Mais l'auteur se croit sans doute autorisé à le tenir au nom de la raison suprême, la raison d'Etat. Celle qui, dissimulée sous la formule du nécessaire «rassemblement des Français», est à l'origine du mythe gaulliste raconté aux enfants d'une France qui se serait libérée toute seule de l'occupant allemand.
Avec l'énergie du désespoir, Séguin ne veut pas admettre que ce mythe est tombé et il feint de croire que Jacques Chirac n'y est pas pour quelque chose, lui, qui, le 16 juillet 1995, commémorant la rafle du Vel' d'Hiv', avait reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs. Si le mythe dégringole, s'obstine le président du RPR, ce sera alors le triomphe des ennemis du gaullisme. A la Libération, la fable était jugée nécessaire pour sauver la France du communisme et la réinstaller sur la scène internationale. Aujourd'hui, elle serait le dernier rempart contre le Front national. «Je me demande, tout de même, jusqu'à quel point cette atmosphère délétère, si soigneusement entretenue, n'est pas au service d'un objectif implicite: celui de continuer à gonfler la force électorale du Front national, dans l'espoir qu'il finira par évincer l'opposition républicaine, assurant ainsi aux socialistes de longues années de pouvoir», écrit Séguin dans sa «philippique» du Figaro. La phrase est un aveu. Elle révèle toute l'angoisse qui a étreint la droite depuis sa défaite du 1er juin. Angoisse de disparaître, d'être rayée de la carte politique au profit des amis de Le Pen; un sentiment entretenu par le résultat des cantonales partielles où, au second tour, la gauche se retrouve de plus en plus souvent seule face au FN. Cette peur récurrente est décidément mauvaise conseillère. Pour l'avoir connue avant d'autres, tropisme varois oblige, François Léotard avait lâché au printemps que Front populaire et Front national, c'était à peu près la même chose. Séguin, aujourd'hui, en arrive à proférer semblables âneries. Pour ne pas faire le jeu du FN dont l'idéologie est pétainiste et qui compte parmi son cercle dirigeant quelques figures de Vichy, il faudrait, selon lui, refuser de juger un haut fonctionnaire de l'occupation soupçonné de crime contre l'humanité, procès qui témoigne du refus de banaliser un régime que Le Pen, lui, sanctifie" Sans doute faut-il mettre son incohérence sur le compte d'un désarroi vertigineux d'après défaite. Mais, en attendant qu'il se reprenne, il combat le mal par le mal et ne fait que renforcer le FN contre lequel il prétend mettre en garde.
L'histoire a montré que l'extrême droite ne triomphe que lorsque la droite la laisse s'installer. Philippe Séguin devrait partir de cette vérité pour commencer sérieusement à prendre sa part dans la nécessaire reconstruction d'une opposition qui n'a plus aujourd'hui de boussole. Et qui, du coup, perd de plus en plus souvent le nord.

admirateur éperdu

@Jean-Nicolas G.

Il n'est pas politiquement correct de ne pas couvrir de fleurs un défunt mais j'avais été choqué comme vous par diverses choses chez Philippe Séguin dont ses alliances avec des gens aussi recommandables que Pasqua.

Emmanuel Todd dans son ouvrage récent a aussi napalmisé les "trahisons" politiques de P. Séguin "pour deux bureaux de tabac", trahisons autrement plus conceptuelles.

Mais en même temps que sa montée au front, si je puis dire, contre la réhabilitation des mutins de 1917, P. Séguin avait poussé un long brame bien ambigu un "Assez, assez, assez" sur lequel il faudrait quand même que l'on s'arrête.

C'était lors du procès Papon alors que des vieilles gloires du gaullisme tels Messmer et Druon étaient allés témoigner en faveur de Papon.

P. Séguin alors patron du RPR avait poussé ce long brame mélangeant dans ses soupirs excédés la réprobation contre la réhabilitation des mutins de 17 et la mise en évidence de la duplicité du gaullisme avec la superbe carrière faite à Papon (lisez les mémoires de Foccart pour constater l'estime portée à Papon, l'homme du 17 octobre 1961 et de Charonne, entre autres...).

J'avoue avoir été plus que troublé par ce "Assez,assez, assez" qui n'était pas le cri d'un homme amoureux de la vérité.

Je suis encore troublé quand je vois sur le site de l'INA la prestation de P. Séguin, somme toute bien médiocre : il ne suffit pas de parler tout le temps, plus haut et plus fort que ceux qui vous posent des questions pour avoir raison et dire la vérité.

C'est pourquoi je serai très réservé en face du torrent d'éloges.

Surcouf

J'aimais bien l'homme, l'homme de conviction et de rigueur et moins sa vision politique.

Cependant, le voir traité de manière ignominieuse, comme il le fut un temps, par les Guignols de l'info m'avait profondément choqué.

Cela dit, européen fédéraliste convaincu, je ne partageais pas ses vues sur le sujet.

66 ans n'est plus un âge raisonnable pour décéder et je salue ici la mémoire d'un homme de conviction qui n'avait pas sa langue dans sa poche comme on aime à le dire.
Cela nous changeait de cette épidémie de politiquement correct que l'on subit depuis 30 ans.

Alex paulista

Jean-Nicolas G

Le film que vous citez ("Les sentiers de la gloire" de Stanley Kubrick) est un excellent exemple d'autocensure : le film a mis 18 ans à sortir en France.

Sinon, dans les commentaires, j'apprends que nos hommes politiques lancent des cendriers à leurs collaborateurs.
C'est un scandale ! Depuis longtemps il est interdit de fumer dans les bureaux !
Les téléphones, c'est plus moderne. Surtout sans fil sinon on risque le banal accident de Jokari.

Mais tout cela est de la médisance. Philippe Séguin a gentiment inventé cette histoire pour couvrir un collaborateur qui jouait à la Wii sans la dragonne.

http://www.wiidamage.com/

Catherine A.

Philippe, même si l'on ne peut qu'apprécier votre hommage à Philippe Séguin et éventuellement le partager, il reste que son caractère que l'on peut qualifier au choix d'ombrageux, rigoureux, sans concession, imprévisible, déroutant, etc. explique sans aucun doute qu'il ne fût jamais Premier ministre et n'accédât jamais aux hautes fonctions auxquelles son talent, sa culture, son exigence morale auraient pu (dû ?) lui permettre d'accéder.
Le dire avec insistance est beaucoup moins indécent que les larmes de crocodile versées par certains qui le détestaient et qu'il n'adorait pas.

francis

Les louanges de Philippe Séguin emplissent l'espace internet et les pages de presse, qu'il me soit permis de les nuancer sur plusieurs points au-delà de celui évoqué par Jean-Nicolas G, que je ne connaissais pas.
- en termes d'idées, Philippe Séguin restera pour moi l'homme du Non à Maastricht, une position que bien peu revendiquent, voire comprennent maintenant. D'autant plus surprenant que sur le TCE, en 2005, il s'est, je crois, tu.
- en termes de combat politique il restera l'homme de la campagne ratée pour la mairie de Paris en 2001.
-en termes personnels, j'apprends avec horreur qu'il injuriait ses collaborateurs, leur lançait, par énervement, cendriers ou téléphone. Ce n'est pas un modèle.

Je ne suis pas certain qu'il marquera son temps, sans doute a-t-il été pénalisé par un système politique qui de 1981 à 2007, en 26 ans, n'a connu que deux présidents (mais quand même 10 premiers ministres !)

Herman

Je suis bien d'accord avec vous M.Jean-Nicolas G. Les déclarations de M.Séguin et d'autres sur les mutins m'avaient profondément choqué à l'époque, qui était celle de la droite la plus bête du monde. Aujourd'hui, c'est la gauche qui s'évertue dans la bêtise... A quoi ça tient ?...

Véronique Raffeneau

Magnifique personnalité préhistorique... ou formidable précurseur... ".

Dans mon esprit Philippe Séguin était un précurseur de l'idéal de la République irréprochable auquel il a voulu donner corps en présidant la Cour des comptes.

Contrairement à ceux qui s'amusent avec cet idéal, aspiration au-dessus de leurs moyens, je pense que Philippe Séguin était très sérieux quand il employait des mots comme ceux de "République" et "d'Intérêt commun et général".

Je crois que les réactions de tristesse largement partagées par nos concitoyens en disent beaucoup au sujet de cette attente et de cette espérance en une morale politique et une cohérence éthique. Mais cette espérance est sans cesse moquée par les politiques quand il se confondent avec les médiatiques.

Eolas a mis un lien reproduisant une intervention de Philippe Séguin à l'Assemblée nationale au moment de l'abolition de la peine de mort.

J'ai pensé, par exemple et il aurait beaucoup d'autres exemples, à "la réaction" d'une Nadine Morano quand le Conseil constitutionnel a censuré la loi sur la rétention de sûreté.

Mon Dieu, comme la comparaison est cruelle.

Philippe, que nous est-il arrivé pour que nous nous contentions avec lassitude et découragement d'un personnel politique qui n'est que le miroir de ce que nous avons de plus petit en nous ?

Jean-Nicolas G

Monsieur l'avocat général,

Je revendique respectueusement le droit de ne pas aimer M. Philippe Séguin, pour les raisons que je vais vous exposer, au point que je ne vous ferais nullement grief de ne point publier mon commentaire, vous êtes seul maître de votre blog.

En premier lieu, je donne acte de sa méritocratie, que je ne conteste pas, pas plus que son caractère qui s'abattait sur tous sans distinction de classe, ce qui est une qualité à une époque ou nombre de personnes "vainquent sans péril et triomphe sans gloire".

Dans le concert de louanges qui s'est abattue depuis quelques jours, je me permets d'expliquer ma position dissonante.

J'avais été fort choqué de sa réaction par rapport à la proposition faite par Lionel Jospin en 1998 de réhabiliter les combattants fusillés pour l'exemple en 1917 à la suite de la désastreuse offensive du chemin des dames. Monsieur Séguin, avait embrayé le chemin du président Chirac en disant "A ce compte là, pourquoi pas réhabiliter les alsaciens ayant combattu dans la SS, les déserteurs de la guerre d'Algérie".

Je souhaiterais donc mettre les choses au clair pour expliquer ma position :

M. Jospin n'est pas "ma tasse de thé", le caractère humain de cette personne en est la raison essentielle, et certaines de ses compromissions avec les principes républicains que M. Séguin défendait en est une autre.

Seulement, petit-fils d'un combattant de la guerre 14-18, qui a fait le chemin des Dames, et historien passionné quoique amateur, le reste des propos a fortement déclenché ma colère, que je vous explique :

1) des 130 000 alsaciens mosellans qui ont combattu sur le front de l'Est, dont beaucoup sous l'uniforme de la SS consécutivement au décret du 23 novembre 1942 étendant le service militaire allemand au territoire d'Alsace Moselle dirigé par le gauleiter Robert Wagner, je rappelle que nombre de ceux-ci n'étaient pas volontaires. Dans l'histoire qui a uni malgré elle la France et l'Allemagne depuis 1870 par rapport à cette région, qu'il y ait eu des alsaciens, mosellans qui aient eu plus d'affinités par rapport à l'Allemagne que la France est une vérité indéniable. Au-delà des guerres, la cohabitation forcée pendant plus de 50 ans avec les Allemands (1870-1918) a créé nombre de mariages mixtes, des affinités liées à une vie de tous les jours, il faut le préciser. Au-delà des régimes politiques qui passent (2e Reich de Guillaume II, IIIe Reich) il y a des hommes qui ont créé une histoire commune. Et comme le dit Hélie de Saint Marc, pour expliquer son engagement dans la résistance, "dans le lycée catholique ou j'étais, certains camarades ont choisi la division Charlemagne, d'autres la résistance : moi, ce dernier choix, c'était parce que mon directeur de conscience était résistant. Le père prieur était pétainiste". Comme quoi la pertinence des choix dans la vie tient souvent à une rencontre.

Donc, nombre d'alsaciens-lorrains servirent sous la SS dans le cadre de la conscription. Je précise un point de plus, nombre de réfractaires au service militaire allemand ont été incorporés dans la SS à titre de représailles, et leurs familles expédiés en camp de concentration, notamment à Schirmek.

Pour le haut commandement allemand, c'était une bonne solution que faire servir sous l'uniforme SS les gens des territoires occupés car sur le front de l'Est, cela ne facilitait pas les désertions vers les lignes de l'armée rouge : le procès d'intention eut été expéditif et les soldats russes n'auraient pas pris la peine de vérifier s'il y avait un tatouage du groupe sanguin pour le bras gauche pour vérifier s'ils se trouvaient en présence d'un engagé volontaire. En outre, les menaces de représailles sur les familles ne facilitaient pas la volonté de "passer à l'Est".

Cependant, qu'il y ait eu des conscrits alsaciens qui se soient laissés aller à commettre des atrocités (Oradour) est un fait car l'entraînement, une ambiance de camaraderie lié aux combats communs quoique forcés, la solidarité obligée de tous les jours pour survivre peuvent bien modifier le comportement des hommes. Je rappellerais que l'on peut toujours désobéir aux ordres, et même dans la SS car comme le releva Raul Hilberg, historien de la seconde guerre mondiale et du génocide, "aucun homme qui a refusé de participer à la "Shoah par balles" des Einsatzgruppen n'a jamais été fusillé".

Il convient cependant de retenir toutefois que les alsaciens ayant combattu dans la Waffen SS n'étaient pas loin s'en faut volontaires : incorporation à titre de représailles, service militaire allemand.

2) s'agissant de l'offensive du chemin des Dames, que dire de cette désastreuse opération liée à l'incompétence crasse des généraux qui n'avaient pas compris que le repli des troupes sur les 30 kilomètres de profondeur du secteur de Craonne décidée par Hindenburg et Ludendorff n'était rien d'autre qu'une position de consolidation des positions défensives allemandes par un mouvement de raccourcissement du front. Au moment ou l'état-major exultait d'avance sur les succès de l'opération, 13 divisions d'élites de Sturmtruppen soit 250 000 hommes étaient libérés du front de l'Est et que des casemates bétonnées et armées de mitrailleuses étaient creusés en profondeur du fait de l'opération à venir, dont la 1ère journée allait coûter près de 40 000 tués et 100 000 blessés ! Il est légitime de comprendre que les soldats aient refusés de monter au feu. Entre être fusillé après un procès de conseil de guerre avec avocat et être fauché par les MG08 de l'armée allemande en quelques secondes, beaucoup auraient choisi la première solution. Je vous renvoie au très beau film de Kubrick "Les sentiers de la gloire" que le cinéphile que vous êtes a dû voir.

Je considère donc, par opposition à MM. Chirac et Séguin, que ces pauvres bougres méritent une réhabilitation, l'article 15 de la DDHC ne dit-il pas que la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. Faute de pouvoir sanctionner ce triste sire de général Nivelle et sa clique, au moins réhabiliter les pauvres bougres n'était pas pour moi choquant.

3) s'agissant de la guerre d'Algérie, dont Camus que vous honorez fut un pourfendeur, je ne développerai pas trop : 30 000 tués dont près de 10 000 appelés sur 1 400 000 appelés pour un total de 2000 000 de soldats ayant participé aux opérations. Dont d'après une étude récente publiée voici quelques années par l'Institut national de veille sanitaires, 280 000 à 350 000 appelés souffriraient encore maintenant de pathologies psychiatriques (je ne parle pas de rancoeurs anti-arabes, de colère, de frustrations , traits de caractère devant être plus répandus, mais de pathologies, maladies, nécessitant un traitement médicaux). S'il est inadmissible de déserter dans une guerre face à un ennemi implacable (Allemagne du 3e Reich), je peux comprendre ceux qui ont voulu ne pas se mêler d'une guerre inutile, pour un territoire qui n'était pas celui de la France éternelle, et qui occasionna tant de dégâts physiques, moraux pour les populations indigènes que de dégâts moraux pour les soldats ayant participé à ces opérations de pacification).

Vous me répondrez sans doute, cet épisode que j'évoque n'est qu'une péripétie de sa vie. Peut-on juger quelqu'un sur une péripétie en oubliant tout le contexte d'une vie bien remplie.


Mais je tiens à vous préciser que cette péripétie m'a fait fort mal et m'a touché.


Robert

@ Achille57

<>

Les principes de la République française "Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité" seraient-ils eux aussi archaïques ? Il ne me semble pas que des concepts humanistes, parce que datant du XVIIIème siècle, soient nécessairement archaïques ! Sans doute sont-ils empreints d'une forme de sagesse que notre époque du court-termisme rejette. Il ne me semble cependant pas que les principes a priori "modernes" sur lesquels est fondé le système européen actuel soient particulièrement démocratiques et respectueux de la volonté des Peuples ! Si c'est cela la modernité, je préfère sans doute rester "archaïque" parce que minoritaire comme Philippe Séguin !

@ Catherine JACOB
<< Effectivement, sa lecture de Maastricht comme celle de beaucoup de méditerranéens - et c'est là un phénomène intéressant -, n'était pas la bonne. Ceci dit peut-être aussi une volonté trop appuyée de se démarquer, car on ne saurait se démarquer de tout par principe.>>

Il ne me semble guère que l'origine géographique de Monsieur Séguin conditionne spécifiquement l'interprétation de textes des traités européens !
Pour ce qui me concerne, j'ai intégralement lu le projet de constitution européenne et porté des appréciations pour lesquelles mes origines géographiques ne me semblent guère avoir eu d'influence.
En revanche, une certaine vision de la Nation et de la République Françaises m'ont incliné à préférer une vision "gaullienne" d'une Europe des nations à l'Europe des États dont le système institutionnel m'apparaît peu démocratique. Il n'est que d'observer par exemple que le Conseil ( des ministres), par définition appartenant à l'exécutif, est tantôt effectivement organe exécutif quand il délibère à huis clos, mais qu'il est également deuxième chambre (pendant du Parlement européen) législative quand il délibère en réunion publique. Que l'on m'explique qu'il n'y a pas là confusion entre exécutif et législatif ! Ce dispositif est bien entendu transposé intégralement dans le traité de Lisbonne.
Il m'apparaît enfin que cette Europe exclusivement normative ne répond pas à mes vœux, sans que pour cela je sois nécessairement un archaïque ou un ringard !

Jabiru

Je garderai du défunt l'image d'un homme droit, humaniste et sans complaisance et qui n'utilisait pas la langue de bois si chère à beaucoup de courtisans. Sans oublier sa stature et sa compétence au service de la Cour des comptes afin de lui redonner indépendance et visibilité. Qui lui succédera demain alors que cette institution est en pleine mutation ?
Il est à souhaiter que son remplaçant s'inscrive dans la continuité, au service de l'intérêt général et dans l'esprit d'une lutte sans merci contre le gaspillage des deniers publics.
La tâche est lourde mais l'institution est solide.
Soutenons-la sans réserve pour qu'elle s'exprime et se fasse entendre.

mike

Peut-être était-il velléitaire ce qui expliquerait ses enthousiasmes et ses fureurs mais lui interdisait un grand avenir politique qui ne s'offre qu'aux "tueurs" ou aux véritables hommes d'Etat.

Laurent Dingli

PS : A quand Jean-Luc Morandini au Panthéon ?

Catherine JACOB

"Magnifique personnalité préhistorique dans un monde confondant la modernité avec l'absence d'éthique et de civisme"

Ça c'est bien vrai. Etre moderne = plus de lien de vassalité = J'fais c'que veux = J'em..... le monde. Ceci dit plus de vassaux sans doute mais aussi que de courtisans la plupart du temps !!

"Ou formidable précurseur annonçant, par ses enthousiasmes, ses obsessions et sa rectitude, la France de demain"

C'est vrai que l'enthousiasme, ou sa face cachée la colère, tout comme leur référence primitive le tonnerre, sont une forme d'expression de l'"Impulsion initiale".

@jpledun | 10 janvier 2010 à 01:00
"Je n'étais pas d'accord avec lui et Pasqua sur Maastricht"

Effectivement, sa lecture de Maastricht comme celle de beaucoup de méditerranéens - et c'est là un phénomène intéressant -, n'était pas la bonne. Ceci dit peut-être aussi une volonté trop appuyée de se démarquer, car on ne saurait se démarquer de tout par principe.

Laurent Dingli

Un très bel hommage, mon cher Philippe. Et oui, il y a un temps où l'on décorait des hommes qui versaient leur sang pour la France. Je me souviens que certains Poilus de la Grande Guerre avaient même attendu très longtemps avant de l'être... Aujourd'hui, nous en sommes réduits à gratifier l'animatrice de Chabada... Je ne devrais sans doute pas m'en étonner. La République des boniches n'avait-elle pas pris Evelyne Thomas comme modèle de Marianne et élevé Stallone au rang de chevalier des Arts et des Lettres ?

Achille57

Bonjour monsieur Bilger,

Sur le plan politique Philippe Séguin ne représentait pas grand-chose. Il avait une vision plutôt archaïque de la France au sein de l’Europe qui était totalement décalée avec le contexte géopolitique et économie du XXIème siècle.

Par contre l’homme était intéressant. C’était un homme politique intègre et donc rare. En particulier si l’on se réfère au monde politique actuel où les leaders qu’ils soient de droite ou de gauche sont plus préoccupés à rechercher la petite phrase qui fait mouche qu’à véritablement développer leur message politique si tant est que certains en ait un.

Il avait le charisme, il avait l’éloquence, il avait le caractère qui sied à un homme d’Etat. Il ne lui manquait qu’une chose : des idées qui collent avec son temps. Dommage !

Savonarole

Magnifique buste d'empereur romain auquel il manquait un glaive.

frédéric

M. Bilger,

Vous déversez une ondée de roses sur la dépouille de M. Séguin. Cet hommage édulcoré ne saurait passer sous silence son alliance avec M. Pasqua et de M. de Villiers, obole surannée de cette vieille France putride. Honte à ses disciples actuels révélés, larmoyants en coeur, qui n'ont jamais estés ses subtils rapports de la Cour des comptes,et loue son intégrité et honnêteté avérées.
Je ne sous-estime guère l'offense faite à vos écrivaillons réguliers, ni de ma démesure.

Au nom de mon frère schizophrène, mais parfois cruellement lucide.

Paix à son âme.


Alex paulista

On avait Philippe Séguin, maintenant on a Xavier Bertrand.

Il y a de quoi verser une larme.

jpledun

Je suis comme la majorité des Français, j'aimais bien M. Séguin.
Je n'étais pas d'accord avec lui et Pasqua sur Maastricht mais sa franchise et le courage de dire "non" alors qu'un "oui" lui aurait apporté quelques avantages, sont quand même á saluer.

J'ai quand même un petit énervement sur la multitude de commentaires en tête de gondole*, comme le vôtre, Philippe, qui regrette la carrière qu'il n'a pas eue.

"Il aurait fait un bon Premier ministre"
"Il aurait été un grand président"

Peut-être.

Je ne me souviens pas qu'il fût un jour candidat á la fonction de président de la République.

Il a refusé d'être Premier ministre. Par confort ? Comme Delors qui ne voulait pas aller á l'élection présidentielle ?

Non, je ne m'associe pas á ces louanges "d'après coup".

* Hé, hé. Juste pour énerver le vrai écrivain au bord de l'étouffement de jalousie avec son ruban de la Légion qu'il n'a pas eu.

Jean-Dominique Reffait

J'avais beaucoup d'estime pour Philippe Séguin. Une belle figure républicaine. Plus de constance, plus de rouerie aussi, lui auraient permis de briguer la plus haute fonction, son "caractère" aurait fait merveille auprès des Français.
Pour ma part, j'ai toujours été séduit par la délicatesse de son expression et la malice de son regard.

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