On ne se débarrasse pas aisément de l'affaire Clearstream. Même maintenant, alors qu'elle est engagée sur la voie de l'appel. Non seulement elle suscite des interrogations judiciaires mais elle fait réfléchir bien au-delà, sur les rapports aujourd'hui impossibles que la société entretient avec ceux qui prétendent répondre à son exigence, à son désir de vérité.
Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, auquel Gérard Davet manifestement sous le charme a consacré un beau portrait dans Le Monde, affirme avoir agi librement mais personne ne le croit.
Claude Guéant affirme que l'Elysée n'est pas intervenu mais personne ne le croit (Le Figaro, BFM).
Le garde des Sceaux affirme que le procureur n'a reçu aucune instruction mais personne ne la croit (Le Grand Rendez-Vous -Europe 1-Le Parisien).
Ce qui constitue un doute généralisé sur tous les propos officiels relatifs à Clearstream - je ne parle évidemment pas de Dominique de Villepin chez qui le serein, en certaines circonstances et pour son propre intérêt, devrait étouffer le flamboyant - ne s'arrête pas à cette affaire mais semble représenter une tendance lourde qui s'assimile à une défiance systématique des paroles publiques.
Pourquoi pour Clearstream ?
D'abord parce que la vérité, à la découverte de laquelle on s'acharne à aller, impose pour sa mise en lumière une infinité d'informations dont nous ne pourrons jamais disposer. Certes on a presque fini par connaître, comprendre la procédure, les médias n'ont pas démérité dans la "couverture" de celle-ci ni dans la relation des débats correctionnels. Leur analyse du jugement et des possibilités techniques offertes au Parquet a été dans l'ensemble exacte. Mais le reste qui est sans doute l'essentiel ? Même si on divulguait - c'est la suggestion d'Eva Joly (JDD.fr) - les rapports administratifs que le secret protège et qui permettent à l'autorité judiciaire d'aviser ou de questionner le pouvoir politique, nous n'aurions pas tout. Il nous manquerait l'officieux, la teneur des entretiens, les échanges téléphoniques qui, s'ajoutant aux écrits, tissent une toile dans laquelle la vérité est si bien cachée que toute élucidation globale est vouée à l'échec.
Ensuite, la réalité est infiniment plus complexe que ne le laissent croire les allégations ou les démentis officiels. Pour ceux-ci, il est commode de laisser penser que pour un procureur par exemple, l'alternative n'est susceptible d'exister, par rapport à l'Etat, qu'entre l'indépendance absolue ou l'injonction comminatoire. La vie, en particulier la judiciaire, met en oeuvre mille nuances qui constituent autant d'étapes, de subtilités et de tactiques éloignant ces dernières aussi bien de la menace que de l'indifférence. De sorte que les propos publics, qui laissent dubitatif, sont susceptibles d'être présumés de bonne foi à partir du moment où ils réduisent cette complexité aux deux extrêmes évoqués plus haut. Il est évident qu'on n'a pas "tapé du poing sur la table" en haut lieu pour intimider le procureur Marin mais qu'en même temps, dans une telle affaire surabondamment "signalée", sa liberté pour le moins avait besoin de l'aval de l'instance politique. En ce sens, à proprement parler, Claude Guéant et le garde des Sceaux, contredisant seulement la brutalité d'un ordre ou un effacement total, peuvent se réfugier derrière une approche apparemment plausible. Ils font l'impasse sur le processus compliqué et divers qui s'intercale entre ces deux attitudes parfaitement contradictoires. En outre, cela a toujours été le tour de force du pouvoir politique de laisser l'illusion à la magistrature de confiance, en certaines affaires capitales pour lui, qu'elle était libre tout en lui "soufflant" la bonne réponse.
Enfin, comment ne pas remarquer - et cela est dévastateur pour la démocratie - que l'opinion publique ne se limite pas à n'adhérer que très relativement à la crédibilité des médias mais qu'elle est atteinte par un pessimisme navrant au sujet de toutes les "sources" officielles, de la communication de l'Etat, de la sincérité des titulaires de pouvoir, quel que soit leur niveau de responsabilité. Cette dérive m'apparaît très dangereuse car elle noie le citoyen dans un océan d'incertitudes et crée forcément chez lui une morosité républicaine. Non pas "tous pourris" mais "tous menteurs"! Une préoccupante interaction se produit entre la société et l'Etat largement entendu, la défiance de l'une fragilisant le discours de l'autre et l'insincérité de l'autre nourrissant plus que le scepticisme de l'un. De proche en proche, de niveau en niveau, rien, alors, pour arrêter ses doutes, empoigner avec sûreté une vérité, formuler un jugement de manière incontestable. Personne ne croit plus rien parce que plus personne - là où la vérité peut se dire et se communiquer - n'est crédible. Cette friabilité de l'espace public, qui ne sait plus comment faire cesser sa marche inéluctable vers la mise en question de tout et sa suspicion généralisée à l'égard des paroles officielles et des locuteurs publics, constitue une malfaisance pour aujourd'hui. L'égarement vient d'une recherche à la longue désespérée qui aigrit les humeurs collectives et démobilise les esprits.
La vérité est perdue. Introuvable.
Et enfin, un extrait du Sunday Times de dimanche dernier 7 fevrier 2010, j'ai trouve cet article ecrit par Matthew Campbell, correspondant a Paris, prouvant que cette affaire interesse de l'autre cote de la Manche egalement.
"Arch-enemy Dominique de Villepin takes aim at ‘the dwarf’ Nicolas Sarkozy"
http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article7017920.ece
Rédigé par : Valerie | 14 février 2010 à 20:47
La dépendance du parquet à l'égard du ministre n'est pas une supposition de la part de journalistes, c'est dans le code de procédure pénal, art. 30:
« Le ministre de la justice [...] adresse aux magistrats du ministère public des instructions générales d'action publique [...] Il peut dénoncer au procureur général les infractions à la loi pénale dont il a connaissance et lui enjoindre, par instructions écrites et versées au dossier de la procédure, d'engager ou de faire engager des poursuites ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le ministre juge opportunes. »
En conséquence et d'après la loi un justiciable qui se trouverait "dans le collimateur" du pouvoir risque de se voir infliger un traitement différent des autres.
Rédigé par : El Re | 09 février 2010 à 13:54
Rédigé par Monsieur L'ignoble Infreequentable le 03 février 2010 à 11:17
Vous attisez notre curiosite !!!
Rédigé par : Valerie | 04 février 2010 à 14:15
@ Achille57 | 02 février 2010 à 18:38
« Achille57@Catherine JACOB
La preuve que l’on peut mentir et pourtant être sincère. Dans ces conditions, comme le dit fort justement Philippe Bilger, la vérité est introuvable. En fait chacun a sa propre vérité... »
Oui enfin, mais on aimerait bien que Pirandello ne soit pas mis à toutes les sauces à tous les degrés de la hiérarchie…!
@Savonarole | 02 février 2010 à 18:35
« Savonarole@Catherine Jacob
« Excellent exemple !
Ce malheureux diplomate français dut subir un procès qui se déroula sous les fous rires de l'assistance.
Plus tard on en fit une pièce "Madame Butterfly", puis un film ! »
C’est beaucoup plus récent que cela. De plus Mme Butterfly était japonaise.
Heureusement pour le Quai d'Orsay, il n'avait pas accès à des informations sensibles. »
Il paraît en effet. Et vu les personnalités manifestement tordues qui chez nous manipulent certains chefs d’Etat étrangers via leur horoscope du journal, je ne suis toujours pas absolument persuadée pour ma part, qu’il n’ait été manipulé que par les Chinois… Mais bon. Un gros scandale par décennie suffit amplement, je pense.
Rédigé par : Catherine JACOB@Achille&Savonarole | 04 février 2010 à 11:58
Sourire...
La Tulipe Noire
Note : salutation amicale à mon collègue.
Rédigé par : La Tulipe Noire | 04 février 2010 à 00:58
Qui n'a pas encore compris l'homme d'officine qu'est de Villepin est un indécrottable benêt.
Même le réservé et sobre Jospin a mentionné son nom sur des coups tordus...
Dieu sait si Sarkozy n'est pas précisément ce qui se fait de plus proche de ce que j'estime, mais c'est du petit lait à côté de Brushing.
Rapidement, dans cette affaire, l'inimitié quasi constitutionnelle que lui portait Sarkozy a superbement protégé de Villepin.
Toute sentence sévère eut été perçue comme un règlement de compte personnel, un rendu indéfendable, donc.
Marin doit en être tellement agacé qu'il prend le risque de tenter de faire dire le droit sans trop de biais, en interjetant.
Sur l'accident du Concorde, on peut penser que ne saurons jamais si la lamelle fut LA source du problème, Clearstream, on peut penser qu'il faut être bien névrosé pour ne conclure à l'évidence, pour ne penser aussi à qui servait de Villepin, et qui passe entre les gouttes, encore et encore.
"car elle noie le citoyen dans un océan d'incertitudes et crée forcément chez lui une morosité républicaine."
Et la nomination de Rachida Dati, avec ses savoirs et diplômes en pure soie de canapé, au poste symbolique de patronne de la justice, cela ne valait pas déjà largement les amuse-gueules de Clearstream ?
Comment peut-on soutenir ce pouvoir de fantoches, cette interminable tartufferie ??
AO
Rédigé par : oursivi | 03 février 2010 à 22:38
Il serait bien plus simple de publier la copie du registre des appels pénaux de la Cour de Paris afin de montrer qui est le premier appelant, quel jour, et quelle partie. La transparence y gagnerait beaucoup. Car actuellement on parle beaucoup d'appel sans en avoir la preuve formelle.
Rédigé par : claude thebault | 03 février 2010 à 22:34
"A trop vouloir nous prendre pour des ilotes ils ne récoltent que ce qu'ils ont semé et nul ne doit s'étonner d'un rejet qui devient nécessaire pour ne pas mourir idiot comme ils semblent le souhaiter"
Eh bien réjouissez-vous M.Pike, ce sera bientôt á vous de jouer, puisque le rejet semble déjà inscrit (tout comme 22 régions sur 22 de Martine).
Cessez donc de faire semblant d'être affecté...
Amicalement
Rédigé par : www.facebook.com/profile.php?id=1055483576 | 03 février 2010 à 22:28
@Mike
"A force de donner le pouvoir à la presse et de le retirer à ceux dont c'est le métier, à force de douter de tout et de démolir systématiquement tous les corps qui constituent la République, nous serons mûrs pour un "sauveur autoritaire"."
Ce n'est pas déjà le cas ?
Et n'est-ce pas, aussi, parce que c'est le cas que les esprits libres en viennent à douter légitimement ?
Lorsqu'on entend François Fillon affirmer que l'appel était obligatoire, alors que c'est faux (cf. nouvelobs.com) n'est-il pas du devoir de la presse de dénoncer une communication gouvernementale exclusivement ciblée sur l'anesthésie générale ? Lire également les deux dernières notes d'Eolas concernant les propos de Hortefeux et Besson où l'on voit qu'ils parlent pour ne rien dire en inventant ce qui existe déjà.
A trop vouloir nous prendre pour des ilotes ils ne récoltent que ce qu'ils ont semé et nul ne doit s'étonner d'un rejet qui devient nécessaire pour ne pas mourir idiot comme ils semblent le souhaiter.
Rédigé par : Patrick Pike | 03 février 2010 à 19:34
"Que peut la vérité froide et nue contre les prestiges étincelants du mensonge"
Comme l'écrivait Anatole France en cherchant à défendre la mémoire de Barbe-bleue dans l'introduction de son roman "Les sept femmes de Barbe-Bleue et autres contes merveilleux".
Alors que les regards se portaient sur l'ogre lui s'attachait à découvrir la vérité de l'homme.
En voilà encore un qui a tout compris...
J'espère que la vérité sortira limpide et nue du "clair ruisseau" comme la vérité sortant de l'onde.
Et s'il se transforme en torrent impétueux, peut-être cela servira-t-il, du moins je le souhaite, à nettoyer tout ça...
Mais là, il est à craindre que ça fasse des vagues, comme disait mon grand-père.
Et que ça éclabousse pas mal de monde, lui répondait ma grand-mère.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 février 2010 à 16:20
Supposons, simples hypothèses :
- que l'un des condamnés de première instance dans l'affaire Darkstream soit disposé à faire en appel des confidences nouvelles;
- que le Procureur Marin ait pressenti la logique de ces aveux tardifs lors de sa décision de se pourvoir en appel;
- que le "repenti" conserve la santé suffisante pour faire des dépositions complètes devant la Cour, lesquelles convaincraient magistrats et opinion que l'appelant ne s'est pas lancé dans l'aventure "sans y être encouragé par X, ou du moins qu'il l'ait fait sans en avoir été empêché par lui", pour reprendre une formule de Michèle Cotta, dans d'autres circonstances (1).
Si, le cas échéant, justice était mieux faite grâce à la procédure d'appel, nous ne regretterions pas l'acharnement procédural.
(1) Cahiers secrets, 11 septembre 1993.
Rédigé par : Yves | 03 février 2010 à 13:48
Juste une chose.
Je ne comprends pas que dans les multiples interviews de M. Marin la question de l'intérêt social de son appel ne lui soit pas posée.
Si un journaliste pouvait lui poser la question et lui y répondre...
Pour le moment, dans ses réponses, c'est le moi je, toujours, tout le temps.
En plus, M. Marin ne cesse pas de se répéter.
Bon, d'accord, l'été, la maison du Quercy qu'il est en train de rénover, sa folle passion du droit et "la complicité par abstention" qui l'obsède et qui ne convainc personne, sauf lui...
Il reste qu'à lire M. Marin je n'ai toujours pas compris quel est l'intérêt de la société à faire appel du jugement Clearstream.
Du reste, M. Marin ne mentionne JAMAIS l'intérêt social qu'il est censé prioritairement défendre.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 février 2010 à 13:31
A qui s’adresse votre discours sur la vérité introuvable ? Sur quel niveau logique votre réflexion s’articule-t-elle ? la psychologie, la sociologie, la philosophie politique ? L’expérience m’a appris que la vérité s’accommodait mal de la confusion logique d’approche.
Mon premier réflexe est d’aller voir les philosophes dont c’est le métier d'accompagner la « vérité » dans leurs pérégrinations interrogatives centrées sur le « qu’est-ce que ? »
Alors qu’est-ce que la vérité pour vous, pour que vous la trouviez introuvable ?
Pour ce qui me concerne, je conçois la vérité plus comme un processus qu’une propriété, fut-elle attribuée comme vous le faites à la parole publique, comme si l’onction publique suffisait à la rendre crédible. Au contraire il me paraît urgent de rappeler que la vérité institutionnelle a l’impératif devoir de conquérir toujours sa propre légitimité.
Que penser des mensonges d’Etat ?
Pour la France, celui qui, en 1986, a fait s’arrêter à nos frontières le nuage de Tchernobyl, contrevérité publique (Mitterrand et Chirac en savent quelque chose).
Pour le Royaume-Uni, celui qui en 2003 a conduit les Britanniques à envahir l’Irak détenteur d’armes de destruction massive, contrevérité publique (Bush et Blair en savent quelque chose).
La démocratie c’est ne rien abandonner aux pouvoirs publics sur le terrain du vrai et du juste, c’est la leçon positive que j’ai la faiblesse de tirer de « la vérité introuvable… pas pour tout le monde » dont vous semblez être le chantre.
Rédigé par : monpostdemocrate | 03 février 2010 à 11:52
@ Valérie
Bé il faut que je me lève, que je remettre mes yeux en face des trous, que je me rase, me douche pour mettre en route mon unique neurone, m'habille, aille chercher du pain frais, parte au boulot, règle les urgences dont on me confie encore le mandat de les traiter et vienne en fin de matinée relever les boîtes "i-miel", avant de passer ici voir ce qui se passe.
Et encore, j'en finis par faire des fautes de frappe sur le clavier : il faut dire qu'il est tout petit pour mes gros doigts, moi qui ai fait mes armes sur les grosses Japy du temps où mes secrétaires se cassaient à 16 h 30 et que j'arrivais avec du boulot à rendre pour le lendemain matin sur le coup de 18 heures...
J'en avais acheté des IBM à boule, nettement plus rapides, avant de passer sur PC clavier 102 touches !
Alors "mugir" en fin de matinée, comme les 50èmes sud, passé les 40èmes rugissant, c'est encore bien dans mes cordes à cette heure-là, râlant du sabotage perpétuel de mes instructions de la veille ou de l'avant-veille.
Non, je me réjouis de la "grande sagesse" (expression consacrée), non pas du législateur, mais de la teinte de "l'opinion publique" rapportée au moins jusqu'ici à travers les commentaires de ce site particulièrement bien fait pour être "tout dans la nuance".
Des propos passionnants de Monsieur le Proc' qu'il faut remercier ici : une grande bouffée de bon air frais !
Et avec quel talent...
J'adore.
Parce qu'en plus, lui sait de quoi je parle, pour au moins l'avoir lu dans divers commentaires que je lui ai laissés et qu'il a jugé bon (sans doute à raison) de ne pas mettre en ligne : ça va trop loin.
Je lui ai promis de "romancer" tout ça cet été sur mon propre blog et j'y travaille (quand on m'en laisse le loisir), tellement c'est effarant.
Mais se dessine, au fil de mes recherches sur le sujet, non pas un "tous pourris", loin de là, tout juste un "tous concernés", mais plus un dessein politique posthume assez extraordinaire conçu par "Mythe-errant" soi-même.
Ca c'est magnifique, parce que je ne l'ai découvert que ce week-end dernier : c'est dire si c'est bien "planqué".
Et ce qui me fait conclure que justement, au-delà des péripéties, dont Clearstream 2 (et avant Clearstream 1, mais plein d'autres choses qu'il faut bien rapprocher par la force des choses), l'ensemble ne peut que viser à "former cette maturité" du peuple de "Gauloisie éternelle".
Alors quel émerveillement d'en retrouver traces jusqu'ici malgré les "non-dits".
Et si ça marchait, au final ?
Quel progrès ce serait pour notre démocratie enkystée dans ses soucis quotidiens et ses prébendes d'une autre époque.
Je m'émerveille, je m'émerveille tous les jours, ici !
Merci et bien à vous tous.
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 03 février 2010 à 11:17
@ Robert :
Mais la vérité "est", elle est "quelque part", sans doute parfaitement connue de tous les protagonistes...
Pas sûr. Dans ce jeu d'ombres où tout le monde ment à tout le monde, chacun en sait un bout et doute du reste.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 février 2010 à 10:46
JP Ledun, il ne s'agit pas d'une petite affaire insignifiante : le président de la République accuse un ancien Premier ministre. Mais dans la mesure où les prétendues victimes n'ont aucunement souffert de cette histoire, il eut été sage de réduire la voilure judiciaire. Ce procès est à visée exclusivement politique car, au final, personne n'a souffert et personne n'a tiré profit.
M. Marin a convenu qu'il avait informé le ministère. Informe-t-il le ministère de tous les appels qu'il peut former s'agissant d'un simple escroc ou d'un voleur ? Bien évidemment, il se devait de prendre la température. A examiner la rhétorique, il a pris cette initiative de l'appel. Le pouvoir n'avait pas besoin de la lui suggérer, il était dans cet état d'esprit depuis le début : obtenir une condamnation de Villepin, pas besoin de le pousser à faire appel, notamment après ses sorties radiophoniques précédant son réquisitoire, on savait qu'il le ferait. Restait à Marin de confirmer la stratégie de départ auprès des commanditaires.
Si la stratégie du pouvoir avait été de plier les gaules après le premier jugement, il aurait immédiatement reçu un appel : "Est-ce bien nécessaire ?" lui aurait-on dit sans ordre direct. Mais c'est le silence, dont se targue la ministre, qui vaut acceptation ou, plus simplement, continuation de la stratégie établie il y a plusieurs mois.
Je suis fort gêné par la désinvolture. Un mois de délibéré, plus de 300 pages de justifications juridiques, cela mérite attention avant de tout jeter au panier. Or M. Marin prend la peine de courir les studios de radio pour expliquer le contexte de sa décision mais pas le fond : pas un mot sur les argumentations du jugement qu'il conteste. Soit on médiatise, soit on se tait.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 février 2010 à 10:43
C'est quand même la première fois dans l'Histoire qu'un ex-Premier Ministre est poursuivi avec un tel acharnement par un Président de la République en exercice...
C'est cela qu'il faut souligner... C'est un combat à mort, où l'un des deux n'y survivra pas politiquement.
Rédigé par : Daniel Chevalier | 03 février 2010 à 02:38
Excusez-moi, MM. Reffait et Robert.
Où doit-on s'adresser quand on pense être sali par une injustice ?
Ne venez pas me dire que c'est grave de saisir la justice pour des queues de poires comme "Clearstream".
Jean-Dominique vous êtes drôle avec votre histoire de coup de téléphone : s’il reçoit un appel ce n’est pas bien. S’il n’en reçoit pas cela veut tout dire…
C’est grave docteur ?
Rédigé par : jpledun | 03 février 2010 à 02:27
Bonjour M. l'Avocat Général
L'appel interjeté par le Parquet de Paris à l'encontre des deux condamnés mais aussi à l'encontre de M. de Villepin me chagrine sur deux points. Si je comprends parfaitement qu'il y ait appel incident à l'encontre de MM. Gergorin et Lahoud, du fait qu'eux-mêmes ont interjeté appel, je comprends moins que l'appel comprenne également M. de Villepin (pourquoi pas le journaliste Denis Robert, dans ce cas ?). Ne perdons pas de vue que M. Marin était défavorable aux poursuites dans un premier temps, estimant qu'il n'y avait pas lieu à procès pénal. Après réflexion (!) il avait changé d'avis. Le second point qui m'interpelle est l'annonce faite par M. Marin sur une radio périphérique ! A titre personnel, je pense que la Justice a besoin de discrétion et de réflexion et certainement pas d'annonces de ce genre. Pour en terminer, je pense qu'une "vérité introuvable, perdue", pour reprendre vos termes, est ce qu'il y a de plus frustrant pour le citoyen. Cet imbroglio délétère politico-judiciaire auquel nous avons assisté ne pourra avoir que des conséquences néfastes sur la confiance que le français lambda devrait avoir en ses hommes politiques, mais aussi dans la Justice, et plus particulièrement sur les représentants du Parquet. Ceci peut et doit nous amener à réfléchir sur la suppression programmée de la fonction de juge d'instruction.
Rédigé par : François | 03 février 2010 à 01:23
"La vérité est perdue. Introuvable."
De manière factuelle et immédiate, vous avez parfaitement raison, Monsieur l'Avocat général.
Mais la vérité "est", elle est "quelque part", sans doute parfaitement connue de tous les protagonistes...
Il faudrait revenir à 2002-2003 et se rappeler qu'au sein du parti présidentiel se mettait en place le fameux "TSS". Quant aux coups tordus, c'est une habitude inscrite dans ce milieu et le silence n'est dû qu'au "je te tiens, tu me tiens". La Vérité, si elle "EST" objectivement, elle est alors rendue inaccessible par les protagonistes eux-mêmes parce que donner les éléments qui la constituent reviendrait à se lancer dans un affaire d'État difficile à contrôler.
Affaire qui, depuis plus de trente ans, n'a toujours pas trouvé La Vérité (sauf une vérité judiciaire tout à fait contestable) : l'assassinat d'un ministre de la République en exercice, Monsieur Robert Boulin.
Quant à cette affaire Clearstream, à l'évidence elle est l'écume qui cache les vagues de fond, le foulard rouge agité devant les yeux du taureau pour détourner son attention du matador lui-même. D'aucuns évoquent de possibles liens sur une affaire toujours peu éclaircie, celle des frégates de Taïwan sur laquelle butent les magistrats du siège et sans doute pour longtemps encore...
Le problème qui subsiste, indépendamment des personnes, c'est bien l'instrumentalisation de l'institution judiciaire par le personnel politique pour régler ses problèmes d'ego et d'exercice du pouvoir. Tout autant qu'une parole politique totalement décrédibilisée qui pousse aux pires risques de rejet d'une classe politique professionnalisée, incapable de répondre aux problèmes du Peuple dont ils sont censés être les représentants... Sans doute les rapprochements avec certaines situations pré-révolutionnaires, comme l'a fait J-F Khan, ne sont-ils pas totalement à rejeter. Cependant Paris n'est plus Versailles et le pouvoir est à présent pour une grande part donné à Bruxelles avec la bénédiction de l'élite politique professionnelle : sans doute une forme de réaction de type Ponce Pilate...
Rédigé par : Robert | 02 février 2010 à 21:44
La Confiance, si difficile à gagner et si facile à perdre...
On ne peut que partager votre point de vue sur cette affaire au travers de ce que l'on en sait, ralentis que nous sommes dans nos raisonnements par le peu de confiance que l'on a dans les sources d'information.
Une des pires gangrènes de notre système me semble venir du fait que les promesses électorales ne soient pas opposables.
L'impôt tue l'impôt qu'il disait, et hop deux point de TVA en plus dès l'arrivée...
Un peu de lycra dans une chemise estampillée pur coton et le commerçant risque gros.
Contre lui la DGCCRF, contre l'élu le seul sentiment d'avoir été cocufié.
L'effet pervers de cette absence de règle est matérialisé par l'apparition des camelots professionnels de la politique.
La performance n'est plus de trouver les bonnes solutions aux problèmes, d'anticiper sur les besoins futurs. "Gouverner c'est prévoir" disait Emile de Girardin.
Aujourd'hui, gouverner c'est d'abord entourer le néant de vide puis l'emballer avec élégance et vendre le contenant faute de contenu.
Il vous restera pendant la durée du mandat à vous entourer "d'espliqueurs", animaux bien connu en Provence dont la fonction est "d'espliquer" pourquoi le truc prévu n'a pas marché.
Le mariage incestueux du camelot et du journaliste d'investigation domestiqué, complète le tableau.
Le côté désespérant c'est qu'ils arrivent à le faire plusieurs fois. La démocratie ne s'en trouve pas grandie, mais c'est, dit-on, le moins mauvais de tous les systèmes.
Rédigé par : JL Ginoux | 02 février 2010 à 21:38
La mission de la Justice reste de rechercher et de nous dire la Vérité.
S'il faut un jugement d'appel pour cela, eh bien, que l'appel se passe et nous dise ce qu'il conclut.
Car si je n'écoute que les médias tout est très simple: Monsieur DGDV est innocent et victime du méchant Sarko; ce dernier est donc coupable.
Certains médias nous affirment que DGDV est un manipulateur et que Sarko est un ange qui défend son honneur.
Les Français qui n'étaient pas trop intéressés par cette histoire commencent maintenant à ne plus accepter qu'on les prenne pour des crétins.
Pour ma part, j'accepterai ce que la Justice nous dira et non la soupe ou le potage que "ceux qui savent" veulent nous faire avaler.
A force de donner le pouvoir à la presse et de le retirer à ceux dont c'est le métier, à force de douter de tout et de démolir systématiquement tous les corps qui constituent la République, nous serons mûrs pour un "sauveur autoritaire".
Rédigé par : mike | 02 février 2010 à 19:19
M.J.D.Reffait, ne pensez-vous pas que cette communication tous azimuts serait plutôt destinée, en plus de dissimuler l'impuissance en matière économique, à faire oublier aux électeurs la politique de classe du gouvernement ? Bouclier fiscal, franchise médicale, taxe carbone, etc. Car, de fait, en dehors de la démagogie du P.S sur l'histoire du bouclier (il est vrai que ce sujet concerne directement les têtes d'affiche de "l'opposition", le reste...), on ne cause pas beaucoup de ces sujets dans "lémédias"...
Rédigé par : Herman | 02 février 2010 à 18:45
Achille57@Catherine JACOB
La preuve que l’on peut mentir et pourtant être sincère. Dans ces conditions, comme le dit fort justement Philippe Bilger, la vérité est introuvable. En fait chacun a sa propre vérité...
Rédigé par : Achille57 | 02 février 2010 à 18:38
Savonarole@Catherine Jacob
Excellent exemple !
Ce malheureux diplomate français dut subir un procès qui se déroula sous les fous rires de l'assistance.
Plus tard on en fit une pièce "Madame Butterfly", puis un film !
Heureusement pour le Quai d'Orsay, il n'avait pas accès à des informations sensibles.
Rédigé par : Savonarole | 02 février 2010 à 18:35
Rédigé par Monsieur L'ignoble Infreequentable le 02 février 2010 à 11:11
Mince ! Votre commentaire n'etant pas parmi les premiers a etre publies... dans un premier temps, j'ai mal lu et ai cru comprendre que vous nous encouragiez a un "mugissement general".
Rédigé par : Valerie | 02 février 2010 à 15:59
@PB
L'affaire Clearstream a au moins le mérite de démontrer au bon peuple laborieux qui n'a pas la culture nécessaire et encore moins le temps de s'intéresser aux méandres de la Justice, qu'il est temps de faire un grand nettoyage !
Surtout quand il entend que la parole des politiques n'a plus aucune valeur, ni de droite, ni de gauche ! Chacun affirme LA vérité en contredisant celle de l'autre !
Que les médias jugent de tout et font des analyses contradictoires ! Leur analyse est bien sûr plus solidement étayée que celle de l'autre baveux !
Que DDV "avoue" qu'il sait mieux que quiconque comment ça se passe entre le pouvoir politique et la servilité des magistrats, lorsqu'il était lui aussi dans les arcanes du pouvoir, ça se passait comme ça !
Dont acte... vite le balai... les écuries d'Augias commencent à sentir mauvais !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 02 février 2010 à 15:36
Finalement, dans cette affaire comme pour d'autres, personne ne croit plus à rien ce qui n'empêche pas chacun d'avoir son opinion propre. Sous ses airs outragés, l'ex Premier ministre conserve, du fait de la décision du Parquet, son statut de victime harcelée, c'est-à-dire une sorte de fond de commerce lui permettant d'exister et de prospérer politiquement.
Qu'en serait-il devenu si sa qualité de relaxé n'avait pas été remise en cause par le Parquet ?
Rédigé par : Jabiru | 02 février 2010 à 14:09
« Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle-même vraie ; la recherche vraie, c'est la vérité déployée, dont les membres épars se réunissent dans le résultat. »
Karl Marx. Dernière phrase du roman Les Choses de Perec.
J'adore ce livre, et sa phrase de conclusion s'applique bien aujourd'hui: la justice de M. Marin, qu'il ait raison ou tort de faire appel, est de toute façon très éloignée de la vérité.
Rédigé par : Alex paulista | 02 février 2010 à 13:55
Et c'est la contrepartie coûteuse d'une communication publique poussée à l'excès. Si le pouvoir fermait son clapet plus souvent, il ne serait pas contraint à bobarder à longueur de journée. Mais il faut parler surtout quand on n'a rien à dire.
Que vaut-il mieux ? Un Jospin qui annonce crûment qu'il ne peut pas sauver Vilvorde ? Lui on le croit. Et on le flanque dehors. Ou un Sarkozy qui annonce qu'il sauvera Gandrange ? Lui on ne le croit pas. Et on l'élit. Hors de question de privatiser GDF, moi vivant jamais ! Bingo ! Nettoyage des banlieues au Kärcher ? Amara n'a toujours pas trouvé de robinet. Dernier en date : suite à l'agression de personnes âgées, Hortefeux annonce une nouvelle loi. MAM, avec sagesse, déclare qu'il n'y a pas urgence à légiférer. Le divin Lefebvre et Hortefeux corrigent MAM (elle n'a pas bien suivi) en lui disant qu'un amendement a déjà été voté. Oui mais l'amendement en question ne concerne pas les agressions...
Quand un pouvoir cause sans cesse et que les faits le contredisent sans pitié, il n'y a évidemment rien d'étonnant à ce qu'on ne croie plus rien. Ce qui ne signifie pas pour autant que le jugement sur le pouvoir soit totalement négatif : l'on peut simultanément accorder au pouvoir le bénéfice de son action tout en étant bien conscient qu'il en raconte plus qu'il n'en fait. Les exemples d'hommes politiques disant la simple vérité sur leur action abondent qui démontrent qu'ils sont systématiquement sanctionnés électoralement pour leur franchise politique : Mendès-France, Barre, Rocard, Jospin, Juppé...
Concernant M. Marin, un quelconque expert de la cour d'assises ne l'estimerait pas crédible, il accumule les actes de servilité ostentatoire, tous parfumés de juridisme étroit. Comme vous, je crois qu'il n'y a aucun besoin de recevoir une injonction pour percevoir l'ambiance propice à une décision. Pas besoin d'un coup de fil : l'absence même d'un coup de fil vaut tous les ordres comminatoires.
La vérité dans l'affaire Clearstream, qui s'en soucie ? On cherche à toute force un commanditaire là où il n'y a que des concours de circonstances dont chaque protagoniste a cru tirer un profit très personnel. N. Sarkozy a obtenu ce qu'il voulait : que cette affaire ne lui interdise pas l'accès à l'Elysée. C'est fait, alors où est le dol ? La victime se porte plutôt bien, je trouve. Un règlement de compte dans un panier de crabes ne devrait pas mobiliser la machine judiciaire à cette échelle.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 février 2010 à 12:07
@Achille57 | 02 février 2010 à 10:34
« Intéressante l’analogie que fait Jean-François Kahn sur son blog entre l’affaire Clearstream et l’affaire du collier de la reine »
,
C'est ici, n'est-il pas? : http://www.marianne2.fr/jeanfrancoiskahn/Affaire-Clearstream-derrere-Sarkozy,-le-fantome-de-Marie-Antoinette_a36.html
Il y est dit notamment :« Ce n’était absolument pas crédible, mais, aveuglé par la passion, le cardinal le crut, un peu comme de Villepin crut à la véracité du fameux listing Clearstream » .
Ça me remémore, mais ça vient de loin donc je ne suis tout à fait sûre des divers fils de l'intrigue, cette fameuse affaire d’espionnage à l’occasion de laquelle un membre du quai d'Orsay qui, tombé sous le charme qu'il était d'un travesti chinois blanc qui n'avait pas l'air du tout chinois et avec lequel il a au bout du compte avoué avoir eu des relations sexuelles en le prenant pour une femme, un fonctionnaire donc auquel les Chinois avaient réussi à faire accroire qu'il en aurait même eu un enfant - ce qui était bien évidemment totalement impossible -, avait lâché des informations à propos de je ne sais plus trop quoi, mais pendant un bon moment.
Je me souviens que je ne sais plus trop non plus quel expert psychiatre, avait expliqué, tout comme récemment en ce qui concerne l'expert gynécologue de l'affaire Courjault, que la vérité psychique était qu'il était tout à fait possible qu'il l'ait sincèrement cru et que tout comme Véronique Courjault ne croyait pas avoir accouché d’enfants (déni de grossesse), lui croyait tout au contraire avoir engendré un fils avec un travesti (déni d’homosexualité) !
@L'ignoble Infreequentable | 02 février 2010 à 11:11
"Après tout, l'Etat, c'est nous tous (qui n'avons pas encore voté avec nos pieds...) "
Attention à ne pas blesser certains handicapés qui, ayant perdu l'usage de leurs membres supérieurs, peignent avec le pied, et quand l'usage des membres inférieurs leur est également interdit, avec leur bouche !
Rédigé par : Catherine JACOB@@L'ignoble Infreequentable+Achille57 | 02 février 2010 à 11:57
Bonjour à tous,
Appel sur ordre ou pas, que retiendra le bon peuple de cette ténébreuse affaire ? Soulignons d'abord qu'il a renoncé depuis longtemps à comprendre ce qui s'est réellement passé. Il se souviendra vaguement que l'on a probablement voulu compromettre des personnalités dont NS, en faisant figurer leurs noms sur un mystérieux "listing" venu d'on ne sait où et fabriqué par on ne sait qui. Le bon peuple considèrera sans doute que ça ne valait pas la peine de faire autant de bruit pour un chiffon de papier sans importance.
Il ne retiendra qu'une chose : une sanglante rivalité ("le croc de boucher") entre deux hommes, NS et DDV, renouant avec les intrigues de palais qui, de tous temps, ont jalonné l'histoire des hommes de pouvoir. Les commentateurs s'interrogent pour savoir auquel des deux cette affaire nuira le plus. La réponse est probablement : aux deux mon général ! NS passera pour un méchant "teigneux" s'acharnant sur son ennemi sans écouter les conseils d'apaisement prodigués par son entourage et DDV sera toujours suspecté de duplicité : au café du commerce les "il n'y a pas de fumée sans feu" et "croyez-moi ma chère, il n'est pas tout blanc" continueront à fleurir longtemps après le jugement définitif.
Je ne sais si le procureur Marin a obéi aux ordres en faisant appel de la décision du tribunal mais le prolongement sans fin de cette intrigue de palais ne va pas atténuer le syndrome du "tous pourris" qui, malheureusement, mine la classe politique de ce pays.
Rédigé par : bloguetout | 02 février 2010 à 11:50
Oui Florence, vous avez raison.
J'ai ressenti la même chose quand j'ai entendu DDV se la jouer "intouchable".
Rédigé par : jpledun@Florence | 02 février 2010 à 11:32
Bonjour M. Bilger,
"Marin rame pour retrouver son honneur", c'est en ces termes qu'Eric Zemmour, ce matin sur RTL, présentait la dernière polémique autour de l'affaire Clearstream.
Le jeu de mot est certes facile mais la manière dont le procureur de la République de Paris, devenu depuis vendredi intermittent des émissions de radio, se répand sur les ondes pour justifier sa décision d'interjeter appel du verdict de l'affaire Clearstream semble lui donner raison.
On ne saura sans doute jamais la vérité et comme vous le soulignez, on a bien du mal à être convaincu que ni la chancellerie, ni l'Elysée ne sont intervenus, même discrètement, pour suggérer au procureur de faire appel de la relaxe de Dominique de Villepin. Tout juste Jean-Claude Marin concède-t-il avoir pris l'attache de la chancellerie pour faire part de sa décision.
Le flamboyant Dominique de Villepin, retrouvant un statut de victime expiatoire du sarkozysme, a beau jeu de crier à l'acharnement politico-judiciaire qui devrait être le fer de lance de sa future campagne présidentielle. A tort ou à raison, il paraît plus convaincant.
Cet appel était à mon sens une erreur, peut-être pas sur le plan judiciaire mais sur le plan politique. Comme le soulignait Elisabeth Guigou, le statut même du parquet ne pouvait qu'entraîner la suspicion en cas d'appel.
M. Marin suggère désormais la création d'un Procureur Général de la Nation, réellement indépendant du pouvoir. Une sorte de procureur spécial à la Kenneth Starr en somme. Il me semble pourtant que cette fonction a été supprimée aux Etats-Unis au nom du risque d'abus de pouvoir du détenteur de la charge.
En attendant, je préfère méditer cette maxime de Publius Syrus : "Iudex damnatur ubi nocens absolviture" (le juge est condamné quand le coupable est absous).
Rédigé par : Ludovic | 02 février 2010 à 11:27
Vérité, mon oeil.
Personne ne se préoccupe de la vérité, il n'y a pas eu mort d'homme, juste des soupçons de nuisances des uns vis-à-vis
des autres.
Cette affaire est le parfait reflet de ce que sont devenues nos institutions :
Une immense cacophonie.
Pour le procès en appel, remplaçons la cour par la troupe du Splendid.
Retransmissions en direct, avec le temps ils ajouteront un immense succès de plus à leur palmarès : le père noël, les bronzés et enfin "Les pieds nickelés en correctionnelle."
Les Français n'ont plus besoin de sujets d'indignations, ils sont largement pourvus, par contre une bonne comédie, fine, spirituelle, intelligente ferait le plus grand bien à tous et à chacun.
Rédigé par : yves bouant | 02 février 2010 à 11:22
@ PB : Très belle ouverture...
Je n'irai pas plus loin puisque vous savez de quoi j'aurais pu alimenter vos commentaires.
C'est Savonarole qui est sur le bon début de piste.
Vos autres commentateurs ne sont pas mal non plus : il se dessine donc une "très grande sagesse" dans les propos de vos lecteurs & commentateurs.
Ils ne sont pas dupes et finiront par toucher "la vérité" du doigt, vous verrez.
Comme quoi, je crois qu'on peut espérer vraiment des jours meilleurs dans la conduite des affaires d'Etat, et je m'en réjouis du plus profond de mon être.
Après tout, l'Etat, c'est nous tous (qui n'avons pas encore voté avec nos pieds...) et donc "un tout petit bout de moi-même" !
Merci pour ce billet (car j'avais eu peur pour être de chair et d'os, moi aussi) : il faut persévérer à "un mûrissement général" et vous avez tous mes encouragements.
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 02 février 2010 à 11:11
Cher Philippe,
Le phénomène du politique menteur est sans doute éternel. Il a connu un éclatant sommet avec Mitterrand, avant de passer par Super-menteur... pour arriver au délitement présent.
Pour Marin, y a-t-il eu instructions ou tout simplement anticipation obséquieuse et complaisante, mais autonome de ce qui plaira au Prince ? Ce qui serait pire !
Rédigé par : Jiel | 02 février 2010 à 11:09
Les citoyens sont habitués depuis fort longtemps aux mensonges de l'État et d'État mais ils ne peuvent accepter les mensonges, les manœuvres, les manipulations de la Justice.
La "magistrature de confiance" que tu cites, que tu connais bien, et qui existe, est celle justement qui rend possible l'inacceptable. Elle est manipulée parce que manipulable et curieusement elle appartient surtout à la magistrature debout, celle dont le statut est si éloigné de toute possibilité d'être responsable et coupable.
"Qui cherche la vérité doit être prêt à l'inattendu,car elle est difficile à trouver et, quand on la rencontre, déconcertante" écrivait Héraclite.
Plus aucun citoyen n'a besoin aujourd'hui de se tenir prêt pour l'inattendu et cela est effectivement terrible pour la démocratie.
Rédigé par : Edmond Stenger | 02 février 2010 à 10:50
« Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, auquel Gérard Davet manifestement sous le charme a consacré un beau portrait dans Le Monde, affirme avoir agi librement mais personne ne le croit. »
Extraits de l’article paru dans l'édition du 31.01.10 sous la signature de Gérard Davet et consultable en entier à l’adresse suivante http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/30/m-marin-j-ai-une-conviction_1298945_823448.html que je signale après avoir attendu de voir si aucune fenêtre pop up indésirable etc. ne se manifestait.
"Je préfère le regard des gens de bonne foi, confie M. Marin, plus que le prêt-à-penser qui sévit dans les sphères politico-médiatiques. Ces sphères qui imaginent les magistrats comme eux-mêmes exercent leur métier..."JCM
Alors là, bravo!
J’ai constaté moi aussi à de multiples reprises avec quelle facilité les gens vous créditent tant de leurs propres intentions, que de ce qu’ils pourraient faire s’ils étaient eux-mêmes à votre place et tentent donc ainsi de mettre en action un principe de précaution fondé sur une particulièrement bonne connaissance du dossier, à savoir du leur, qui donc fonctionne aussi comme leurre, quelque part, quant à ce qu’il en est de votre propre fonctionnement et de vos propres intentions.
"Tout ceci me blesse, touche ma famille, dit-il au Monde. Tous ces gens-là ne me connaissent pas, ne savent pas les combats que j'ai menés pour cette justice financière."JCM
Il touche là un point sensible du public lambda auquel j’appartiens.
« Un magistrat à l'humour froid, aux saillies redoutables, dont les amitiés sont connues, dans le milieu. Même pas un réseau, de simples camarades de promotion qui n'ont certes jamais badiné avec la gauche. On ne le verra pas ripailler avec les policiers, taper sur l'épaule des hommes politiques. On l'a juste entendu sur Europe 1, avant le procès »: GD
« Je me suis contenté de répéter mes réquisitions écrites." JCM
Eh oui, mais là est bien le hic. Tant que le Tribunal n'avait pas rendu sa décision et d'autant plus qu'il avait manifesté souhaiter prendre son temps dans le calme, pour ce faire, qu'est-ce que la tribune de RTL venait donc faire en double emploi de celle de l'audience publique?!
« Jean-Claude Marin a soutenu que l'ancien Premier ministre était surtout coupable de n'avoir pas voulu stopper la machination. » GD
Ce qui sous-entend implicitement qu’il la connaissait comme telle, à savoir comme pure manœuvre, soit parce qu’il l’avait percée à jour, soit parce qu’à un moment donné ou à un autre, quelqu’un de son entourage lui aura ouvert les yeux, et que donc il aurait laissé faire en comptant profiter de l’aubaine.
Ce qui représente tout de même un procès d’intention pur et simple qu’on peut aussi bien retourner contre NS lui-même, car lequel, informé, aurait fait en sorte non pas de stopper l’affaire en la tirant au clair sans attendre avec les acteurs de l’affaire pour ce qui le concernait par le biais de son propre père, mais d’attendre le bon moment pour retourner la situation à son profit.
Autrement dit, il ne s’agirait pas d’un délit financier (spécialité de J.-C Marin), délit dont le coupable désigné au départ - on son ayant droit - se serait retrouvé finalement partie civile, ainsi que d’un usage de faux en connaissance de cause (le jugement démontre pourtant que ce n’est pas le cas - du moins pour ce que j’ai compris de ce que j’en ai lu), entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, mais d’une sorte de duel politique dont le choix des armes se serait porté sur les coups bas mutuels tels le fait purement passif de fermer les yeux d’un côté et le fait tout de même plus actif de l’autre, de tirer les ficelles dans l’ombre en sorte d’aboutir en somme à une situation d‘arroseur arrosé!
« Je n'allais pas laisser un jeune substitut, quel que soit son talent, prendre une telle responsabilité, dit le procureur de Paris. Je n'avais pas à me cacher, j'y suis allé moi-même. » JCM
Ça , ça mérite bien évidemment d’être applaudi. Personnellement, j’ai en horreur les gens qui laissent les bleus aller au charbon à leur place, pour ensuite arguer au besoin du défaut d’expérience.
Mais accessoirement, il n’est pas sans intérêt pour le citoyen lambda d’apprendre qu’il arrive de requérir sans croire soi-même à ce qu’on dit. Quelle différence dès lors avec un certain type d’avocats tout court, qui plaident pour plaider???
« Je suis cohérent, j'ai une conviction, c'est la conception que j'ai de mon métier. » JCM
Or donc si je comprends bien, le procureur Marin a interjeté appel parce que les arguments développés dans sa décision par un Tribunal que ses propres arguments développés dans ses réquisitions au cours de l’après-midi entière qui leur a été consacrée n’ont pas convaincu, ne le convainquent pas lui-même, et qu’il est donc normal que son avis diffère des 69.3% de lecteurs du Monde qui pensent que l’appel est inutile, le premier procès ayant permis d’aller au fond des choses, mais qui n’ont pas lu la décision.
A priori, comme ça, de loin, j’ai tout à coup le sentiment qu’on a affaire à un phénomène de transfert et de contre transfert dû à l’énorme pression qu’a fait peser sur les acteurs naturels du procès la personnalité de chacune des parties.
Donc ce qu’on peut peut-être regretter dans un premier temps, c’est que l’appel ait été interjeté à chaud par quelqu’un de manifestement convaincu et donc de cohérent, mais qui ne s’est peut-être pas donné à lui-même suffisamment de temps pour digérer dans la distance, les trois cent et quelques soixante pages de la décision rendue, par trois magistrats statuant solidairement.
« Cette affaire est un piège, j'essaie de tracer mon sillon. »
Cette remarque semble confirmer l’impression ci-dessus, vu qu’on ne se sort pas nécessairement d’un piège en se débattant aussitôt comme un beau diable, surtout par exemple dans le cas d’un garrot espagnol, mais prenant le temps d’étudier le mécanisme du piège pour faire levier à partir de sa faille. Mais bon, je stigmatise là mon propre travers…!
« Je n'allais pas renvoyer devant le tribunal un ancien président de la République pour deux emplois présumés fictifs. »
Mais seulement un ancien Premier ministre peut-être, pour avoir non pas grevé le budget de la collectivité par des salaires ne correspondant à rien quant aux services rendus à elle-même en tant que telle, mais juste fermé les yeux sur une manœuvre à l’origine de laquelle on pense donc qu’il n’était pas lui-même, par voie de conséquence en lui faisant un procès d’intention et sans se préoccuper davantage de savoir qui était dans les faits à l’origine de la manipulation.
Mais bon, qu’est-ce qui arriverait à qui se préoccuperait véritablement de ce aspect du problème? Je n’ose me poser la question à moi-même à voix basse, ni même simplement penser qu’il y a peut-être des coups de balai qui se perdent!
« Claude Guéant affirme que l'Elysée n'est pas intervenu mais personne ne le croit (Le Figaro, BFM). »
Oui, mais là, hein! Chat échaudé craint l’eau froide, pourrait-on dire.
« Le procureur "n'a pas demandé d'avis à l'Elysée, et à ma connaissance non plus au ministère de la Justice, et il n'a reçu aucune instruction", a déclaré de son côté le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant sur BFM TV. » - Publié le 31/01/2010 à 21:36 Reuters - par le Point.fr
Précision non inutile : « à sa connaissance ».
Bien évidemment, s’il avait eu connaissance du contraire, lui bien sûr il nous le dirait et il ne ferait pas comme le vilain monsieur de Villepin qui a fait semblant de ne pas savoir que le listing était trafiqué!
Selon le même hebdomadaire : « Dominique de Villepin, qui se dit victime de "l'acharnement" de Nicolas Sarkozy, affirme que la décision de faire appel a été prise lors d'une réunion à l'Elysée jeudi après-midi - »-
A-t-il finalement appris depuis sa mésaventure à filtrer les sources de renseignements fiables? Hum?!
« L'inimitié Villepin-Sarkozy, dont les proches s'attaquent par médias interposés, inquiète la majorité, à quelques semaines d'élections régionales délicates et dans la perspective de la présidentielle. » Le point, toujours.
Peut-être devraient-on les mettre tous les deux de côté et mettre en avant… mais qui donc? MAM? : pas plus crédible. Roselyne? Un peu tôt. Nadine Morano? Pourquoi pas, ça promettrait quelques bonnes pintes de rigolade et ça mettrait la touche finale à la farce! Monsieur Fillon? Ah, idée à creuser. Bla bla bla etc. bla bla Finalement il ne reste plus que Jacquot à pouvoir sauver le navire, peut-être bien.
« D'abord parce que la vérité, à la découverte de laquelle on s'acharne à aller, impose, pour sa mise en lumière, une infinité d'informations dont nous ne pourrons jamais disposer. »
A PB, le dernier mot! Car là est bien le hic!
« une toile dans laquelle la vérité est si bien cachée que toute élucidation globale est vouée à l'échec. »
Et dans cinquante ans quel intérêt?!
« En outre, cela a toujours été le tour de force du pouvoir politique de laisser l'illusion à la magistrature de confiance, en certaines affaires capitales pour lui, qu'elle était libre tout en lui "soufflant" la bonne réponse. »
Comme au théâtre donc…la pièce est écrite et l’affaire dans le sac!
« Cette dérive m'apparaît très dangereuse car elle noie le citoyen dans un océan d'incertitudes et crée forcément chez lui une morosité républicaine. »
C’est juste. Alors quel troisième larron en définitive?
« La vérité est perdue. Introuvable. »
Ce n’est pas parce que ce serait une bonne idée ou une bonne chose, que l’une des dernières paroles crédibles de la place publique judiciaire doive prôner la défaite pure et simple de la vérité.
Je pense qu’il faut faire retour aux fondements du droit.
Le fondement du droit c’est que le droit ayant été dit, cette parole est la vérité républicaine jusqu’à ce qu’une autre parole s’y substitue. Cette autre parole ne sera donc pas celle d’un jugement passé en force de chose jugée, mais un arrêt de cour d’appel dont je trouverais pour ma part extrêmement dommageable pour tous d’oblitérer par avance le rapport à la vérité!
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 février 2010 à 10:39
Intéressante l’analogie que fait Jean-François Kahn sur son blog entre l’affaire Clearstream et l’affaire du collier de la reine, d’ailleurs reprise par Eric Zemmour sur RTL ce matin.
N’a-t-on pas inversé les rôles dans l’affaire Clearstream, la victime n'étant pas du tout celle qui brandit le croc de boucher.
Sarkozy dans le rôle de Marie-Antoinette.
DDV dans celui du cardinal de Rohan.
Imad Lahoud dans celui de la comtesse de la Motte.
Louis XVI dans celui du procureur J-C Marin ou accessoirement de la Justice.
Ça colle ! Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?
Rédigé par : Achille57 | 02 février 2010 à 10:34
Me concernant, ce n'est pas le mensonge des politiques que je retiens de leurs élucubrations, mais l'hypocrisie qui en tient lieu. J'allais dire, au moins à droite, mais c'est du côté du pouvoir du moment que ça se passe. De les entendre, tous d'une seule voix, répéter le même discours qu'on imagine élaboré en haut lieu. Oui, je sais, "soit on ferme sa gueule, soit on démissionne"!
Je ne sais comment les autres citoyens perçoivent cela, mais j'imagine que les politiques savent mieux que moi...
Rédigé par : Herman | 02 février 2010 à 10:26
On comprend difficilement les motivations qui animent le procureur. S'il a simplement eu la conviction que son devoir de procureur était de faire appel, pourquoi éprouve-t-il le besoin de rajouter de l'huile sur le feu avec la petite phrase suivante (Le Monde du 30-1-10) :
"Je n'ai pas changé d'opinion, le dossier apporte la preuve irréfutable qu'à la mi-juillet 2004, M. de Villepin savait que les listings étaient faux."
Irréfutable, vraiment ?
Pourquoi donc les juges de la 11ème chambre ont ils jugé autrement ? Sont-ils aveugles ?
Rédigé par : Tendance | 02 février 2010 à 10:26
Entre ici, Jean Marin, avec ton terrible cortège...
Rédigé par : Mathevet N | 02 février 2010 à 10:19
La vérité est introuvable pour la bonne raison que les menteurs sont de nos jours si nombreux et si sûrs d'eux que la vérité est noyée dans la boue.
Dans cette affaire Clearstream, nous avons affaire à des menteurs hors catégorie, Lahoud en tête qui change de version avant qu'on n'ait bien compris la précédente. Gergorin lui aussi semble doté d'une personnalité complexe, sans parler de Villepin. Ces trois hommes possèdent une grande intelligence mais ils semblent liés par le goût du complot.
Le Général Rondot semble plus franc, ne serait-ce que par obligation puisque ses carnets ayant été saisis, il a moins de marge de manoeuvre. Cet homme de l'ombre n'est pas animé par l'envie de gloire et a peut-être un véritable sens de l'Etat. Il me semble qu'il retient des informations pour protéger les grandes fonctions de l'Etat.
Quant au procureur Marin, pourquoi ne pas imaginer la solution la plus simple, celle que Badinter a évoquée dans Le Monde. Il est tout à fait vraisemblable que le procureur Marin ait eu la conviction que son devoir de procureur était de faire appel et que ce choix ait été approuvé plus ou moins tacitement au château.
Je pense que Villepin n'aurait pas dû déclarer haut et fort le jour de sa relaxe qu'il était inimaginable que le Parquet fasse appel. Pour moi, c'est une pression qu'il voulait exercer sur la Justice. Cela ressemblait à un défi et presqu'à une menace. Cet homme a quelque chose d'inquiétant dans la haute opinion qu'il a de lui et dans la preuve qu'il veut en donner en optimisant son pouvoir de nuisance.
Je souhaite, pour la démocratie, que la lumière se fasse un jour sur cette ténébreuse affaire et il est du devoir de la Justice de faire tout son possible pour la faire émerger. Un deuxième procès n'est pas inutile.
Rédigé par : Florence | 02 février 2010 à 09:39
Vérité introuvable, mais suspicion généralisée et largement exprimée dans les tous médias, qui atteint le sommet de la hiérarchie et M. Marin lui-même, et qui anéantit à nouveau toute possibilité de confiance en la justice au moment même de la réforme de la procédure pénale.
Lu dans Le Monde 14.10.09
"Pour Me Mignard, l'affaire Clearstream résulte d'une "faute collective" des ministres...
De même, Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie en juillet 2004 lorsqu'il a appris sa présence sur les listings, a-t-il manqué à sa charge selon Me Mignard. "Le ministre de l'Economie savait mieux que quiconque qu'il s'agissait de faux et de dénonciation calomnieuse puisqu'il en était lui-même victime. Il ne réagit que comme victime, le ministre, lui, n'a pas la possibilité de tergiverser, M. Sarkozy a manqué aux obligations de l'article 40", a expliqué Me Mignard.
Dominique Perben, à l'époque ministre de la Justice, "partisan d'une conception dirigiste de la justice", et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin resteront eux aussi comme des "ombres" dans ce dossier.
Tout comme le général Rondot, "ce mélange débridé du docteur Watson et de l'inspecteur Clouzeau", le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, et le procureur Jean-Claude Marin, qui va requérir la semaine prochaine contre les prévenus du procès Clearstream, selon Me Mignard.
A l'époque, M. Le Mesle était directeur de cabinet du garde des Sceaux, M. Marin, directeur des affaires criminelles et des grâces à la Chancellerie. Le procureur de l'époque, Yves Bot, a lui aussi laissé l'affaire Clearstream prospérer, a soutenu l'avocat."
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/14/selon-me-mignard-l-affaire-clearstream-resulte-d-une-faute-collective-des-ministres_1253986_3224.html
Rédigé par : Papi émerveillé pour l'éternité par la justice | 02 février 2010 à 09:25
Bonjour monsieur Bilger,
Le pouvoir politique nous a tellement habitués aux mensonges, aux coups tordus, aux connivences les plus sordides et autres perfidies de toutes sortes que les affirmations de J-C Marin, Claude Guéant, Alliot-Marie et bien sûr l’incontournable Frédéric Lefebvre, fussent-elles sincères, ne portent plus. C’est un peu l’histoire de Pierre et le loup.
Le citoyen, quelle que soit son appartenance politique, ne peut croire qu’ils sont de bonne foi en affirmant que, dans cette affaire, la Justice est indépendante du Pouvoir exécutif. D’autant qu’une des victimes, le Président (d’ailleurs on a l’impression que c’est la victime seule dans cette affaire) est le responsable hiérarchique de celui qui a fait appel.
J-C Marin affirme avoir agit en magistrat, pas en stratège politique. Peut-être a-t-il agi en magistrat, effectivement. Maintenant, qu’il n’ait pas agi en stratège politique, là, une chose est sûre, cela ne fait aucun doute.
Rédigé par : Achille57 | 02 février 2010 à 09:18
"La Vérité Introuvable"... c'est parfois préférable...
Clearstream évoque irrésistiblement l'affaire des espions britanniques à la solde du KGB : Kim Philby, Guy Burgess, Donald McLean et Sir Anthony Blunt.
Même configuration sociale : un aristocrate, un ex-espion, un traficoteur, un membre de l'establishement. Des gens aisés, brillants et ayant fréquenté les meilleures écoles de la République.
En Angleterre, tout le monde avait tant et si bien menti que l'affaire était devenue explosive pour le gouvernement, la Reine (The Queen Mother) et le Royaume : c'était inextricable.
Résultat : Philby, Burgess et Mc Lean moururent réfugiés en URSS, au grand soulagement de la Couronne, qui préférait les voir là-bas. Et Sir Anthony Blunt, cousin de la Reine, fut "pardonné" par sa fille, la Reine Elisabeth II... L'histoire passionne toujours les Anglais aujourd'hui.
N. Sarkozy devrait s'en inspirer : il pourrait pardonner à tout le monde.
- Gergorin pourrait être nommé Gouverneur de Madagascar.
- Villepin à la tête du Musée des Invalides.
- Imad Lahoud directeur de l'Insee (de bons chiffres, c'est utile).
Rédigé par : Savonarole | 02 février 2010 à 08:53
Et si le procureur n'avait pas fait appel? Que pouvait-il faire d'autre?Quoi qu'il eût fait il aurait obéi aux ordres du pouvoir. C'est inextricable et ça ne grandit personne.
Ce qui pourrit tout c'est le déclenchement d'un tel procès. Mais foin de naïveté. Peut-on citer beaucoup de cas où cela se passe autrement.
Un sage a dit un jour: "rien n'est totalement blanc, rien n'est totalement gris; tout est gris.
Rédigé par : JM | 02 février 2010 à 07:52
Monsieur l’Avocat Général, vous avez raison, la vérité est introuvable. M. Marin ne nous facilite pas la tâche, tant il a lui-même fait la preuve de son « indépendance » dans le déroulement de cette affaire et dans d’autres. Qui a oublié qu’en juin 2008, il ne voyait pas motif à poursuivre DDV dans l’affaire Clearstream, avant de nous ébaubir avec cette « complicité de dénonciation calomnieuse par abstention » deux mois plus tard ? Qui a oublié sa précédente prestation à l’antenne de Jean-Pierre Elkabbach -déjà- en août 2009, lorsqu’il est venu, plusieurs semaines avant l’ouverture du procès public, nous convaincre de la culpabilité de DDV ? La justice ne se grandit pas de ces sorties très médiatiques, encore moins de ces variations mystérieuses autant que publiques.
Le front uni des protestataires (Claude Guéant, Carla Bruni, Michèle Alliot-Marie, Frédéric Lefebvre, Yves Jego, Brice Hortefeux, et j’en passe), présents tous ergots dressés sur toutes les antennes, en possession d’ « éléments de langage » rigoureusement identiques (la seule réforme de Nicolas Sarkozy qui fasse les preuves de son efficacité), ne nous ont guère aidés à nous convaincre.
Quant aux médias, ils n’en peuvent mais sur ce sujet précis. Tous les chroniqueurs, jusqu’aux plus « iconoclastes » comme Alain Duhamel ou Jean-Michel Aphatie, refusent de croire que dans une telle affaire il n’y ait pas eu la moindre concertation entre le procureur et pour le moins la Chancellerie.
Les journalistes, les magistrats du parquet, comme les politiques, n’ont guère qu’un moyen de regagner notre confiance : devenir crédibles. Ce sera forcément long.
Rédigé par : Christian C | 02 février 2010 à 07:39
Les médias ne sont pas innocents.
Ils ont une grande capacité á pourrir un sujet ou á l'inverse faire briller celui-ci.
Ils m'énervent.
Finalement c'est un procès qui fait
"Psschitt"
A propos, on l'entend plus le père Jacques...
DDV fusible de Chirac ?
Rédigé par : jpledun | 02 février 2010 à 00:23