On s'est moqué des juges de proximité alors qu'il n'est pas de justice authentique sans proximité. Sans l'affrontement des personnalités et la confrontation des visages. Sans les traces discrètes ou ostensibles que la vérité ou le mensonge déposent sur les physionomies. Alors que déjà - et depuis longtemps - la procédure et ses garanties se sont dégradées en une bureaucratie à ce point complexe qu'une justice visage levé et regard clair devient de plus en plus rare, on voudrait encore la priver de ce qui lui reste d'humanité dans l'administration de la preuve et la considération des mis en cause.
Je ne doute pas qu'Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, en proposant un amendement à la commission des lois visant à établir comme principe "la visioconférence pour les auditions judiciaires" (Le Parisien), pourra s'abriter derrière d'apparentes excellentes raisons. Les détenus, sauf exception motivée par les magistrats, ne devraient plus se déplacer physiquement au tribunal mais être entendus dans une salle pénitentiaire aménagée. Sur le plan de la sécurité, pour des motifs budgétaires, cette restriction suscitera évidemment un large assentiment. Elle semble répondre si précisément à nos angoisses - celles de la fuite, de l'évasion et de leurs conséquences - et à notre volonté d'économie. On va réduire le train de la justice et qui oserait s'en plaindre ?
Pourtant, les syndicats ont raison qui dénoncent un processus qui, si on n'y prend garde, va faire perdre sa substance à l'acte judiciaire. Que des contraintes particulières, parfois, existent qui imposent des précautions et, ici ou là, une visioconférence, soit, pourquoi pas ? Mais si ces exceptions deviennent demain la règle, une atteinte grave sera portée au terreau fondamental à partir duquel seulement une bonne justice peut s'élaborer, se justifier et se faire accepter. Croit-on que si les mis en examen, dans Outreau, étaient venus sans cesse offrir leur présence directe, immédiate, douloureuse à la chambre d'accusation de Douai, nous aurions eu, de la part de cette dernière, une telle dérive indéfiniment ressassée ?
Il y a des institutions pour lesquelles, à un moment donné, quand il y va de leur structure et de leur équité même, il faut savoir, en pleine lucidité, mettre au second plan la rationalité budgétaire au profit du bénéfice démocratique et de la qualité judiciaire. Sinon il est facile de prévoir - ce n'est pas se complaire en oiseau de mauvais augure - que, peu à peu, pour des motifs infiniment pertinents et validés par l'Etat qui n'y verra que des avantages, on privera le service public de la justice du droit de mettre en oeuvre ce sans quoi il n'y aurait plus de justice, de service et de public. Pour rendre la justice plus efficace - et c'est fondamental -, ne l'obligeons pas à faire l'impasse sur son humanité.
Que les députés ne s'y trompent pas : continuer ce mouvement subtil de dégradation de ce qui constitue le coeur de la justice - la chaleur et la vie, les psychologies, les sensibilités, le dialogue, l'écoute, la recherche acharnée mais honnête de l'innocence ou de la culpabilité - ne pourra que rassembler les magistrats. Non pas pour eux-mêmes, à cause d'un médiocre corporatisme.
Mais pour le citoyen.
M. Bruty
Votre "effet Lucifer", décidément, explique tous les malheurs du monde !
Je pense pour ma part que c'est plus compliqué. Dans les entreprises on étudie le triangle Sauveur-Persécuteur-Victime. C'est assez amusant de le retrouver mis en scène dans les films d'Agnès Jaoui.
http://www.executivecoaching.be/Article_TriangleDramatique_Fr_1.htm
Je ne suis pas favorable à l'utilisation de ces théories, car désarmer toute réaction "non-constructive" est souvent tout autant une manipulation: on a parfois raison de se mettre en colère.
Rédigé par : Alex paulista | 12 février 2010 à 22:33
Moi je ne comprends pas ceux qui disent que la santé n'est pas économique. Bien entendu, chacun est prêt à tout pour sa santé. Il n'aura pas peur d'y engager toutes ses économies. Mais quand même, il y réfléchira. Ce n'est pas parce que la santé est devenue un service étatique fort cher pour le contribuable que chacun peut en user sans modération. Tout bon citoyen sait qu'il y a une limite à la dépense et que l'on ne peut dépenser que ce que l'on a. Chacun a le devoir d'utiliser le service public comme si c'était lui-même qui utilisait ses économies.
Il en va de même pour la justice, d'autant plus que l'on acceptera un niveau d'injustice suivant nos économies. Ce n'est pas notre santé.
Je ne comprends que les magistrats, vrais Lucifer au sens de l'effet lucifer, abusent de leurs pouvoirs à outrance en se faisant amener les justiciables en leur cabinet à grand renfort de précautions et de sécurité fort dommageables pour l'économie de la Justice, alors qu'eux-mêmes pourraient se déplacer vers le justiciable qui se trouve en lieu sûr, pour une dépense minime. D'un côté il n'y aurait qu'une seule personne, de l'autre tout un dispositif de sécurité fort cher. Les magistrats utilisent l'argent du contribuable comme si ceux-ci en possédaient à l'infini. La Justice outreausienne, pour ne rappeler que ses burgauseries, avait quand même utilisé un hélicoptère pour surveiller un chantier de fouille inutile, par contre elle n'avait pas assez d'argent pour faire les photocopies pour les justiciables ! Si cela n'est pas du pouvoir absolu au sens de l'effet lucifer, cet effet n'existerait pas !
Outreau a montré que la justice qui se veut indépendante était bien incapable de gérer correctement le pouvoir que le citoyen lui accorde pour résoudre ses problèmes. Qui dit justice, dit magistrats. Quand ces derniers sauront se remettre en question avec humilité et d'abord apprécier le dysfonctionnement de leur institution, le reconnaître devant le citoyen et le corriger en lieu et place que la justice ne se trompe jamais et que ses magistrats ne commettent jamais de fautes. Monsieur Burgaud n'a-t-il pas été simplement, et encore sous la vindicte publique, blâmé sans conséquence pour sa carrière, sa rémunération et son estime dans la magistrature. Effet Lucifer ! Pour plus de précision sur cet effet je vous renvoie à Google que l'on veut taxer !
La visioconférence n'est pas si inhumaine que les juges veulent bien le dire. En effet le justiciable devant son écran donc à distance des magistrats se sentira protégé et il aura le temps de préparer sa défense et de réfléchir en toute quiétude, c'est ce qui gêne le magistrat car le charisme s'en trouve réduit et l'effet lucifer bien encadré pour peu que les échanges soient sauvegardés sur un support informatique à la disposition de tous.
Rédigé par : Jean-Marie BRUTY | 12 février 2010 à 19:07
@Catherine Jacob
Je ne vais pas donner ici de cours de cocktails mais le triple sec est un alcool d'orange, on l'appelle aussi Curaçao.
La grenadine n'est pas du sirop de grenade mais un mélange de fruits rouges.
Mais effectivement si vous n'aimez pas les ingrédients cela va être difficile. J'en suis désolé. Ce fut en son temps un cocktail primé et dont le créateur est un de mes amis.
Merci cependant d'avoir visité mon antre.
Rédigé par : Surcouf | 12 février 2010 à 18:48
Même si l'excellent débat en direct de ce soir sur France3 concernait principalement le Conseil constitutionnel, j'ai noté un intéressant développement de Pierre Joxe sur le droit en tant que en constante évolution/mutation qui peut également consister en une régression, notamment le droit pénal actuel si on le rapporte en particulier à la prise en considération des mineurs après la Seconde Guerre mondiale, la création des tribunaux pour enfants etc. et j'ai bien entendu que le droit des droits était... le droit de la presse !
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 février 2010 à 00:21
Je signale tout de même que l'ensemble du projet de loi LOPPSI est orienté autour de la performance (deuxième P) de la sécurité intérieure. Et par performance, le texte est très clair : é-co-no-mi-ser.
L'objectif est donc de pouvoir continuer à supprimer des postes de policiers et de gendarmes tout en ne dégarnissant pas trop le terrain. Les voies envisagées pour cette performance financière :
- Automatiser tout ce qui peut l'être, pour dégraisser les services administratifs.
- Permettre aux commerces de placer des caméras sur la rue. On privatise la sécurité quotidienne.
- Délégations de la vidéosurveillance à des sociétés privées.
- Création d'agents de police judiciaire - la police municipale recevrait cette habilitation et pourrait ainsi faire le boulot de la police ou de la gendarmerie.
Le texte est un fourre-tout de mesures exclusivement budgétaires pour nous éviter le sort de la Grèce.
Il a été tellement bâclé que l'essentiel des amendements déposés l'a été par M. Ciotti lui-même, rapporteur UMP, qui n'en finit pas de corriger des erreurs de cohérence, de français, de forme. C'est un tas de boue rédigé vite fait pour gratter du pognon.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 février 2010 à 21:43
On fait comment, à distance et par écran interposé, pour les aveugles, les sourds et/ou les muets et, en général, pour tous ceux qui ont des difficultés à s'exprimer ou à entendre (bègues, trachéotomisés...) ?
Seront-ils condamnés sans pouvoir s'exprimer ?
Merci de nous éclairer de vos lumières.
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 11 février 2010 à 20:12
@Surcouf | 11 février 2010 à 19:02
"@Catherine Jacob
Rassurez-vous je ne me laisse pas abattre pour si peu mais je vous remercie de votre sollicitude.
Ce sera donc un Bloody Mary et pour vous... un Pullmann coco, je pense que vous aimerez."
J'en doute, si la recette ci-dessous est la bonne:
« Pullman coco :Ingrédients:
2 cl de Gin »
Je n’aime pas le Gin
« 2 cl de Triple sec »
Si j’ai bien compris, il faut acheter l’alcool à 90° en pharmacie pour le triple sec (Cf. http://www.1001cocktails.com/cocktails/5010/recette-cocktail-triple-sec.html )
Les gens sont fous
« 4 cl de Lait de coco "Old Nick »
Très moyen pour moi, le lait de coco.
En revanche j’aime bien ces cousins de macaroni, les macarons à la noix de coco, en particulier les macarons de Boulay, le must !
Un peu moins les macarons de Nancy des sœurs converses de la communauté des Dames du Saint Sacrement de Nancy, dit macarons des sœurs Macarons et dont on parle depuis Catherine de Lorraine: http://www.en-lorraine.com/trads/macaron.htm mais je ne répugne pas à en faire la publicité par chauvinisme.
« 6 cl de jus d'ananas »
J’aime les ananas, mais pas le jus d’ananas.
« 3 cl de jus de citron »
J’aime bien le citron pressé et même les tranches de citron tout court.
« 1 cl de sirop de grenadine »
J’aime bien la grenadine, mais j’aime encore mieux la grenade… à la petite cuillère.
« Préparation:
Mettez le tout dans un shaker avec des cubes de glace, agitez fortement.
Versez dans un verre à cocktail.
Une mousse rose se formera sur le dessus, c'est normal et excellent.
Présentation:
Givrer votre verre et frottant le bord avec du jus de citron et en le passant ensuite dans une coupelle emplie de sucre en poudre. »
J’ai une sainte horreur du sucre en poudre non dilué qui n’égale que mon horreur du sucre glace saupoudré sur les gâteaux que je commence toujours par débarrasser de cet ornement et ingrédient inutile avant de les manger.
« Mettez une pétale de rose "rose" sur la mousse ainsi qu'une paille dans le verre. »
Je me rappelle d’un tripe zéro qui mangeait les pétales de rose des bouquets de fleurs fraîches sur les tables de restaurant avec une ostentation très snob !
Rédigé par : Catherine JACOB@Surcouf | 11 février 2010 à 20:10
"La chaleur et la vie..." dans le bureau du juge d'instruction ??? Je suis sceptique. Mais ce qui est clair c'est que les truands ne font pas l'économie de leurs moyens ; la justice ne doit pas non plus faire l'économie des siens. La justice n'est pas non plus un antalgique pour les criminels. Plus de peine et moins de plaisir, il le faut ! S'il faut moins de chaleur et plus de douleur, moins de vie et plus de pilori alors oui, je suis pour !
Rédigé par : anne odin | 11 février 2010 à 19:39
@jpledun
Oui dans ma partie je suis professionnel et je suis sur le terrain et je bosse.
Merci pour lui.
Mais peut-être êtes-vous un de ces apparatchik ?
Vous sentez-vous concerné ?
@Catherine Jacob
Oui Wikipédia c'est quand même bien pratique.
Rassurez-vous je ne me laisse pas abattre pour si peu mais je vous remercie de votre sollicitude.
Ce sera donc un Bloody Mary et pour vous... un Pullmann coco, je pense que vous aimerez.
Rédigé par : Surcouf | 11 février 2010 à 19:02
Bonjour M. Bilger,
Quel homme admirable que ce M. Ciotti, son idée est absolument géniale.
Il vient de régler l'épineux problème du coût lié au transport des détenus, que les policiers voulaient désormais facturer au ministère de la Justice, tout en modernisant l'institution judiciaire qui méritait bien d'être dépoussiérée. Magistrats et avocats devraient se réjouir, plus de frais de déplacement, plus besoin de robes onéreuses, tandis que les défenseurs des animaux s'esbaudiront de la fin du massacre des hermines.
Son génie ne saurait s'arrêter en si bon chemin, il nous amène enfin la solution miracle que l'Education Nationale cherche depuis si longtemps pour éradiquer la violence à l'école, le chahut dans les classes et l'absentéisme scolaire. Grâce à la visioconférence, plus besoin d'élèves dans les collèges et les lycées, loué soit Eric Ciotti.
Et comme le suggère Laurent, on va pouvoir grâce à la visioconférence, réduire les dépenses de fonctionnement en supprimant les débats dans l'hémicycle, mais aussi dans toutes les assemblées depuis les conseils municipaux jusqu'aux conseils régionaux.
M. le député Ciotti est vraiment un homme admirable, je vais de ce pas lancer une souscription pour qu'on lui érige une statue.
Certes la visioconférence ne règle pas encore le délicat problème des transports et de la pollution qui en résulte, attendons encore quelques progrès de la recherche pour passer à la téléportation.
Rédigé par : Ludovic | 11 février 2010 à 17:22
@Surcouf | 10 février 2010 à 21:09
Belle lecture de Wikipédia sans... guillemets !!
"Moi qui voulais retourner à mes fourneaux, voilà qu'il m'a coupé l'appétit."
Il ne fallait pas vous laisser abattre pour si peu. Vous auriez dû vous faire une bonne tisane avec un oeuf et un peu de Schnaps dedans. Radical ! Surtout en cette saison. Si vous remplacez la tisane par du lait dont le calcium s'assimile chronobiologiquement mieux le soir, ça s'appelle un lait de poule. Parfois ça vaut mieux que la poule elle-même. Moins fatiguant et plus revigorant. Arf arf !
Rédigé par : Catherine JACOB@Surcouf | 11 février 2010 à 09:49
Bonjour monsieur Bilger,
Il est clair que cette proposition apporte quelques avantages substantiels en matière de sécurité, mais aussi, et je dirais surtout, en matière de coûts.
L’apport de la technologie ne doit pas être négligé. Elle a déjà fait ses preuves dans des tas de domaines : le médical, la production, les transports, la distribution où on arrive même à remplacer nos sympathiques caissières par des caisses automatiques.
Pourquoi n’en serait-il pas de même pour la Justice ? En poussant le raisonnement jusqu’au bout on peut même se passer du juge et pourquoi pas, de l'avocat.
Il suffit pour cela que le prévenu réponde aux questions d’un formulaire présenté sous forme de quizz, puis, à la fin de l’audition, la sanction est « crachée » par l’ordinateur sur la base des articles du code de procédure pénale.
Comme qui dirait : "On vit une époque formidable !"
Mais je crains que certains blogueurs, ici, ne partagent pas mon avis...
Rédigé par : Achille57 | 11 février 2010 à 08:52
M. Bilger, vous écrivez :
"Il n'est pas de justice authentique sans proximité. Sans l'affrontement des personnalités et la confrontation des visages. Sans les traces discrètes ou ostensibles que la vérité ou le mensonge déposent sur les physionomies."
_________________________________________
Mais c'est presque la définition de la confession, telle que notre Sainte Mère l'Eglise l'a codifiée ! Le prêtre qui écoute le pécheur égaré ne peut observer "les traces discrètes ou ostensibles que la vérité ou le mensonge déposent sur les physionomies", certes. Le rideau l'en empêche. Mais le ton de la voix, l'authenticité du phrasé sont souvent plus révélateurs que le visage de marbre du multirécidiviste nourri de "télévision-reality" depuis sa naissance et qui saura "bien jouer", comme on dit du comédien (et avec les conseils avisés de son avocat...).
Je suis convaincu de pouvoir confesser Eric Ciotti sans "visio-conférence", et de déterminer ce qui pousse ce pécheur apeuré à perdre son siège aux prochaines régionales, à faire parler de lui avant qu'un fleuve d'oubli ne l'emporte en mars prochain.
Rédigé par : Savonarole | 11 février 2010 à 07:10
"Messieurs nos élites, s'il vous plaît laissez bosser les professionnels et la vie du citoyen dans notre pays ne s'en portera que mieux."
Vous êtes professionnel et sur le terrain ?
Vous voulez bosser ?
Allez-y ! Ne vous retenez surtout pas.
Votre profil m'intéresse.
Rédigé par : jpledun@ surcouf | 10 février 2010 à 23:44
Ce n'est pas anodin cette histoire.
Aux États-Unis ce serait la violation du 6ème amendement, non ?
Clause qui, d'après wikipédia, daterait de Saint Paul et des Romains :
http://en.wikipedia.org/wiki/Confrontation_Clause
C'est vrai que la qualité des visioconférences s'est améliorée depuis.
Clairement le but de cette proposition est d'automatiser les pompes à fric. On voit bien quel est le poids de principes quasi-constitutionnels pour ce gouvernement "décomplexé" dans la c...
Rédigé par : Alex paulista | 10 février 2010 à 23:33
Puisqu'on recherche l'économie et l'efficacité : pourquoi donc ne pas utiliser les possibilités de l'informatique ? On n'y a pas encore réfléchi place Vendôme ?
Par exemple, un système expert tournant sur un vulgaire PC et comprenant des règles d'inférence basées sur les Codes et les juriprudences... Ce serait imparable, économique, efficace, juste...
Excusez-moi ! Je viens de me réveiller avec un terrible cauchemar : il y avait un "bug" dans le système. Vite de l'air !...
Rédigé par : Saint Just | 10 février 2010 à 22:42
Vainqueur du prix Busiris en septembre 2007 décerné par Maître Eolas ce brillant député, diplômé de l'Institut des Etudes Politiques de Paris, rien que ça, va encore pouvoir concourir je n'en doute pas un seul instant.
Encore quelqu'un, il me semble, totalement ignorant de la vie judiciaire, qui, comme le disait Coluche, doit être cependant dans les milieux autorisés et donc il s'autorise crânement quelque chose.
Il ne devait pas savoir quoi faire et donc il a trouvé quelque chose à s'autoriser, on l'applaudit bien fort.
Les mimosas vont bientôt fleurir par chez lui et je lui conseille vivement d'aller les voir.
Elu dernièrement président du parc du Mercantour, il devrait y aller faire un tour afin de décompter les loups. Un balade à la montagne, rien de tel pour garder la forme.
Techniquement la visio conférence coûte horriblement cher à mettre en oeuvre. Surtout qu'il faudra, je n'en doute pas, tout un arsenal juridique et technique pour affirmer la valeur probante de la séquence d'enregistrement.
C'est tout le problème des apparatchiks, la plupart du temps se sont des sangsues et des incompétents, comme il vient de le prouver.
Messieurs nos élites, s'il vous plaît laissez bosser les professionnels et la vie du citoyen dans notre pays ne s'en portera que mieux.
Moi qui voulais retourner à mes fourneaux, voilà qu'il m'a coupé l'appétit.
Rédigé par : Surcouf | 10 février 2010 à 21:09
1) Si le prévenu voire le condamné doit pouvoir physiquement rencontrer son juge
2) Si les transports nécessaires coûtent trop y inclus en fatigue et traitements humiliants aux concernés
Une solution : rapprocher le tribunal des prévenus emprisonnés en l'installant à côté de la prison ?
Rédigé par : le tambour | 10 février 2010 à 20:59
« Je ne doute pas qu'Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, en proposant un amendement à la commission des lois visant à établir comme principe "la visioconférence pour les auditions judiciaires" (Le Parisien), pourra s'abriter derrière d'apparentes excellentes raisons. »
C’est sur : http://www.eric-ciotti.com/wp-content/uploads/2010/02/100209-intervention-LOPPSI-II.pdf
«A titre d'exemple, les extractions mobilisent chaque année un nombre important de militaires et de fonctionnaires évalué, selon des données concordantes, à environ 1 270 ETPT, pour 155 000 extractions réalisées en 2008, toutes activités juridictionnelles confondues. J'ai donc souhaité encourager le recours à de nouvelles pratiques à l'instar de la généralisation de certaines expérimentations en cours comme l’externalisation du transport des personnes retenues en centre de rétention administrative et maintenues en zone d’attente (article 34) du PJL.
Ainsi, à mon initiative, le projet de loi prévoit, d'une part, la généralisation du recours à la visioconférence qui deviendra la procédure de droit commun, sauf décision contraire de l’autorité judiciaire compétente et d'autre part le développement des salles d'audiences dans les centres de rétention administrative pour éviter les transfèrements.
Ces dispositifs permettront de mettre en œuvre l’objectif de recentrer les personnels de police et de gendarmerie sur des fonctions directement liées à la sécurité. »
C’est donc aussi la Justice qui se déplace. Du coup le lieu public perd de sa publicité et ça c’est une atteinte au droit de regard du citoyen sur sa Justice. Ça c’est pour les salles d’audience en centre de rétention. En ce qui concerne la visioconférence, toute la psychiatrie est unanime à alerter contre le danger des addictions au virtuel parce que la vraie communication en souffre; or, la Justice est déjà si loin du justiciable sur tant de plans, qu’en effet ça n’arrangera guère que le budget des déplacements sécurisés! Le virtuel c’est bien pour tout ce qui ne souffre pas d’être conceptualisé, pour le reste, le contact visuel humain de la personne entière avec ses tics, son odeur etc.. ( la peur a une odeur par ex. ), ses réactions animales, tout cela qui n’est pas sans importance dans bien des cas et qui serait dès lors définitivement dommageablement perdu pour une bonne Justice.
On y trouve également :
« Quatrième cible, la cybercriminalité avec de nouvelles formes de criminalité, contre lesquelles les moyens juridiques et techniques à la disposition des enquêteurs doivent être adaptés. Le projet de loi comporte donc des dispositions tendant à permettre de mieux lutter contre les utilisations illégales des nouvelles technologies et notamment conter la pédopornographie.»
Avec un beau lapsus révélateur : « Conter » au lieu de « Contrer » la pédopornographie!
« — par la pénalisation accrue des atteintes à la propriété intellectuelle réalisées par le biais d’Internet. »
Ça c’est une bonne idée. A condition toutefois que les plaintes dans ce domaine n’aient pas pour vocation privilégiée la poubelle à peine l’encre en est-elle sèche, ou que les dossiers ne s’en perdent pas, jusque et y compris leur numéro de référencement!!!!!
« récidive de grands excès de vitesse (plus de 50 km/h) » Assez peu de vitesse limitée à 20km/h 30km/h (parcours urbains ) 40km/h et 45km/h ( traversée de petits villages). Mais bon ça, ça va permettre de faire du chiffre si j’en juge ne serait-ce que par les conducteurs de ma connaissance qui respectent rigoureusement (auto contrôle GPS) les limitations de vitesse, supportent les quolibets de l’entourage ainsi que les accusations de mise en danger d‘autrui par réduction dite singulière de la vitesse (=deux!).
Ceci étant, autoriser les contrôles d’identité et autres tâches jusqu’à présent accomplies et pas toujours sans mal, par des personnels effectivement formées, beau désordre en perspective!
« Parallèlement, l’utilisation de plus en plus fréquente des nouvelles technologies en matière policière doit avoir un corollaire : celui d’un contrôle accru. Il est ainsi prévu de créer une nouvelle fonction de magistrat référent chargé de contrôler ces fichiers »
Une sorte de juge foncier du virtuel des fichiers, en somme, qui devra avoir une solide formation en informatique de façon à ne pas se faire avoir par les traces effacées au moment du contrôle et réapparaissant comme par magie deux minutes après, et se voir donc restreindre à un pur cautionnement… virtuel, du système.
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 février 2010 à 20:55
Sur ce plan, la Justice est tout simplement mise soumise au même régime que beaucoup d'autres administrations qui s'éloignent de plus en plus du citoyen. Et ce, sur l'autel de la rationalisation budgétaire.
A titre d'exemple, voilà bien des années que des entreprises (publiques, ou ex-publiques...) comme EDF et GDF ont supprimé leurs agences, y compris au chef-lieu de département. Tout se passe à présent par téléphone, avec un centre d'appel dont on ne sait même pas s'il est encore situé en France !
Les choix actuels en matière d'organisation administrative seraient à la suppression des départements. Cela n'est certes pas encore fait, mais en créant les fonctions de "conseillers territoriaux" en lieu et place des conseillers régionaux et généraux, le processus est incontestablement lancé...
La réforme des structures hospitalières va aussi dans le même sens. Et la logique d'agglomération qui est en cours ne peut à terme que réduire le rural à portion congrue : le début du désert français, sans aucun doute ! Cela au nom d'une bonne gouvernance, assurément, destinée à assurer de substantielles économies budgétaires.
Le citoyen n'étant plus qu'un consommateur, il lui appartient d'aller vers le service, si possible marchand, puisque le service, dès qu'il est public, coûte trop cher et que le privé fait assurément bien mieux que le public ! CQFD.
Pourquoi donc, en toute justice, la Justice devrait-elle échapper à cette logique mortifère ?
Rédigé par : Robert | 10 février 2010 à 18:37
Il n'y a rien de tel que le face à face entre les prévenus et la Cour, entre les demandeurs et les défendeurs et leurs conseils respectifs.
Il n'y a rien de tel pour sentir la salle et pour observer précisément les réactions des uns et des autres.
La "déshumanisation" par visioconférence c'est la justice rendue par l'interface d'un ordinateur.
La machine au "déservice" de l'homme.
Rédigé par : Jabiru | 10 février 2010 à 18:24
Je partage totalement votre avis.
Comment croire que le poids de la solennité d'une audience traversera la caméra ?
Pour qu'il comprenne la portée de sa proposition peut-être pourrait-on proposer au député Ciotti que les débats à l'Assemblée nationale se déroulent en visioconférence. Ou qu'il en soit ainsi des auditions en commission.
Je ne doute pas un instant qu'il serait outré de cette proposition...
Rédigé par : Laurent | 10 février 2010 à 17:45