Dans tous les cas, quoi que pensent les uns ou les autres, un crime parfait aura été commis.
Jacques Viguier a été acquitté en appel par la cour d'assises d'Albi qui a confirmé l'arrêt de la cour d'assises de Toulouse. Il n'y aura pas de pourvoi en cassation (20 minutes, LCI, Journal du Dimanche). Jacques Viguier demandera réparation pour les neufs mois de détention qu'il a subis.
Tous ceux qui sont passionnés par l'actualité judiciaire, notamment criminelle, ont suivi avec une infinie curiosité les comptes rendus des débats présidés par un magistrat, Jacques Richiardi, qui a fait l'unanimité (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro qui lui a consacré un beau portrait). Pour ma part je n'ai rien manqué au fil des jours aussi bien dans la presse écrite que sur Internet, en n'omettant pas Dominique Verdeilhan sur France 2. L'essentiel sur lequel je vais m'appuyer provient de la vision de nos deux plus remarquables chroniqueurs judiciaires : Stéphane Durand-Souffland à la fois fiable et volontiers subjectif entre critiques et éloges et Pascale Robert-Diard plus objective, distanciée et sereine.
En appel, outre évidemment la personne du président, la nouveauté a consisté dans les écoutes téléphoniques qui n'avaient pas été examinées publiquement à Toulouse, l'interrogation sur une mention entourée dans un agenda de Jacques Viguier et la procédure périphérique établie à la suite des remous relatifs au comportement d'Olivier Durandet.
Ce qui en revanche est demeuré, à Toulouse et à Albi, c'est l'avocat général Marc Gaubert qui n'a trouvé grâce aux yeux de personne et a semblé avoir ignoré les leçons du premier procès. J'avais déjà été frappé par l'attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu'il questionnait - quelle image auprès des jurys et comme cette grossièreté aurait dû susciter d'emblée l'ire de sa hiérarchie ! - et qui, à Albi, n'a exercé sa mission que de manière résiduelle, laissant toutes les initiatives à l'un des avocats des parties civiles. Il paraît même que le président Richiardi, lors des rares interventions du ministère public, avait parfois du mal à réfréner un fou rire. Il est évident qu'une telle pratique n'était pas de nature à mettre les jurés dans un état d'estime et de confiance à l'égard de l'accusation. On peut s'interroger, à ce titre, non pas sur Marc Gaubert mais sur son procureur général qui, à deux reprises, a cru bon, en dépit de tout et d'abord de l'avocat général, de le désigner puis de le maintenir dans une charge qui à l'évidence ne lui convenait pas. C'est ce même procureur général qui avait décidé d'interjeter appel de l'acquittement toulousain sans percevoir le risque de cette démarche alors que l'accusation et les parties civiles n'étaient même pas accordées sur le déroulement du processus criminel et la qualification à retenir. Ces considérations démontrent que le manque d'intuition dans le choix des hommes et des femmes susceptibles d'être à la hauteur des épreuves que le judiciaire impose constitue un défaut aux conséquences très largement sous-estimées.
La parfaite connaissance du dossier par le président Richiardi, la manière équilibrée et impartiale dont il a mené les débats, la courtoisie manifestée à l'égard de toutes les parties, la neutralité irréprochable de ses propos ont permis de faire apparaître à quel point une affaire criminelle était une histoire au long cours traversée par mille courants contradictoires, pleine d'aléas et de rebondissements, favorables un jour à la charge et un autre jour à la décharge, projetant avec générosité et sans discriminer ombres et lumières partout où la vérité l'exigeait. Pour qui de l'extérieur aspirait à rester attentif à l'évolution apparente de cette indépassable "tranche" de vie et chronique de mort, la première semaine est apparue plutôt favorable à l'accusé, la deuxième plus négative à son encontre, la dernière lui redonnant espoir avec les experts psychiatres et psychologues. Mais en définitive la balance semblait égale entre doutes et convictions, de telle sorte que si on excluait les moments émotifs forts qui viennent apporter leur trouble non mesurable dans l'espace judiciaire, presque mécaniquement l'acquittement survenait. Comme la consécration d'une hésitation ne cessant d'osciller entre la possibilité du pire et le meilleur, qui n'était pas impossible.
Je ne sais pas comment Me Eric Dupond-Moretti a plaidé en faveur de Jacques Viguier. Ce dont je suis sûr c'est du talent et de la force qui sont les siens et qui ont dû rendre encore plus infirmes, par contraste, les faiblesses de l'accusateur. L'intelligence du procès, la puissance du discours avaient clairement choisi leur camp. Mais cet acquittement, contrairement à tant d'autres, n'est pas venu sceller par défaut des audiences inachevées et frustrantes. On a l'impression qu'il a couronné un mystère dont pourtant on a cherché, mais en vain, à dévoiler tous les secrets.
Leçon ultime des assises d'Albi : si une hirondelle ne fait pas le printemps, un grand président "fait" la justice.
Parfait résumé de ce procès manqué (par l'accusation).
Au regard de la loi, Viguier a été logiquement acquitté. Au regard du dossier, mon opinion est inverse (et je je suis pas le seul)...
Rédigé par : Géhème | 28 avril 2023 à 13:13
Une nouvelle serie de "Non Elucide" sur France 2 a ete programmee. Les efforts de Messieurs Poivre d'Arvor et Bloch pour traiter ces affaires enigmatiques meritent d'etre salues, tout comme le travail de Maitre Corinne Herrmann. "L'heure du crime" sur RTL participe de cet effort egalement.
Pour la Justice quant a ces affaires, je ne sais pas... Mais l'etablissement de l'exactitude des faits me tient a coeur.
Quant aux meres qui disparaissent sans laisser d'adresse, cela s'est deja vu plus souvent qu'on ne le pense !!
Dans ce premier numero, les amies de la victime s'expriment courageusement et sans crainte apparente. Un seul (couard) s'exprime a visage masque ; cherchez l'erreur...
Rédigé par : Valerie | 06 mai 2015 à 17:43
Rédigé par Lucie le 11 juin 2010 à 10:17
"Pas vu, pas pris"... peut-etre !
Qui sait ?
Forcement, le coupable quel qu'il soit.
Un rebondissement ulterieur... peut-etre un jour... peut-etre jamais.
Ainsi va la Vie.
Rédigé par : Valerie | 11 juin 2010 à 15:44
La réalité est pourtant claire : je ne vois pas pourquoi cette dame qui aimait ses enfants, sa famille (ses soeurs, sa mère)
aurait tout quitté subitement du jour au lendemain. C'est ridicule. Le coupable apparaît clairement : c'est Viguier. Il existe de nombreux indices peu mis en valeur (si l'on a bien suivi ce procès) et c'est rageant de voir un coupable en liberté.
Cet homme est un manipulateur. La justice a vraiment besoin de se rénover. J'ai écouté "C dans l'air", hier (le 10/06), sur la
justice en France, c'est affligeant !!
Rédigé par : lucie | 11 juin 2010 à 10:17
"Je ne sais pas de quoi Mme Carrère-Ponthieux est coupable, l'honneur de la justice et l'honnêteté me commandent de l'admettre, a confessé M. Rivaud. Je viens requérir l'acquittement."
Extrait du réquisitoire de l'avocat général Jean-Philippe Rivaud - " Accusée du meurtre de son mari, une femme est acquittée après quatre procès " Le Monde 27.03.10
Voilà, je pense que cette position de l'avocat général - après 12 ans de procédure et 4 procès... grosse interrogation quand même au sujet de cette éternité - convient à l'idée que vous vous faites d'un réquisitoire.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 28 mars 2010 à 09:56
Philippe, votre réponse à différents commentaires sur l'incrimination de tiers incontestablement non impliqués laisse planer un doute effrayant. Et je comprends mieux le titre de votre note.
Pour ma part je n'ai qu'une certitude, celle que je mettais en conclusion d'une de mes notes rédigée deux jours avant le verdict : "Suzanne Viguier a disparu. Si elle ne s'est pas volatilisée volontairement pour une destination qui l'éloignait d'une vie qu'elle ne supportait plus, sa disparition reste une énigme. C'est donc que quelqu'un l'aura tuée puis aura pris le temps nécessaire —forcément long, préparé, prémédité— pour soustraire sa dépouille à toute possibilité de recherche.
Est-ce que Jacques Viguier en avait matériellement la possibilité? Je ne le pense pas."
Il fut acquitté, le parquet ne se pourvoira pas en cassation, il n'y a donc pas à revenir sur les éléments que je développais pour aboutir à cette conclusion.
De cette affaire il restera ce sentiment, que je connais trop, d'un être infiniment unique dont le souvenir s'estompera à jamais de la mémoire des hommes, qui avait encore de longues années à aimer, à danser, à rire mais aussi à pleurer, à vivre en un mot et que la haine aura gommé de cette existence sans qu'on s'intéresse véritablement à son sort. En cela on peut sans doute incriminer la police, aussi subtile qu'un chasse-neige ne suivant qu'une piste, pour l'excellente raison qu'elle s'était convaincue de la culpabilité de Jacques Viguier et de lui seul, dès le départ. A trop vouloir une corrélation des faits à une hypothèse et une seule, on n'aboutit qu'à ces drames qui laissent à tous le goût amer d'en avoir été la victime.
Si ce gâchis pouvait au moins servir d'exemple à ceux qui sont en charge d'enquêtes, d'agir avec circonspection, consciencieusement et sans a priori, tout n'aurait pas été si vain. Mais j'en doute.
Rédigé par : Patrick Pike | 23 mars 2010 à 23:11
Allez, cher Philippe, évacuez votre ire sur Marc Gaubert et parlez-nous de Monsieur Falletti... Je suis sûr que vous allez nous pondre un post comme vous en avez le secret !
Rédigé par : sbriglia | 23 mars 2010 à 20:48
«Il paraît même que le président Richiardi, lors des rares interventions du ministère public, avait parfois du mal à réfréner un fou rire. »
Allons, bon!
«si une hirondelle ne fait pas le printemps, un grand président "fait" la justice.»
Ce qui est censé signifier que si l'hiver n'est nécessairement vaincu par l'arrivée d'une hirondelle précoce, la justice tient debout dès lors qu'un grand président l'a restaurée?
«Ces considérations démontrent que le manque d'intuition dans le choix des hommes et des femmes susceptibles d'être à la hauteur des épreuves que le judiciaire impose constitue un défaut aux conséquences très largement sous-estimées. »
Le manque d'intuition dans les choix des acteurs de quelque théâtre d'opérations que ce soit, est un grave défaut, c'est certain. Prenons par ex. le choix d'un ministre du travail pour promouvoir la valeur travail sur laquelle un certain président a été élu, nous voici déjà au quatrième essai et demi (
1- Xavier Bertrand (UMP) : 18 mai 2007 - 18 juin 2007 (Ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité) (Gouvernement François Fillon (1))
2- Xavier Bertrand (UMP) : 18 juin 2007 - 15 janvier 2009, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales et de la Solidarité) (Gouvernement François Fillon (2))
3- Brice Hortefeux (UMP) : 15 janvier 2009 - 23 juin 2009, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales, de la Solidarité et de la Ville) (Gouvernement François Fillon (2))
4- Xavier Darcos (UMP) : 23 juin 2009 - 22 mars 2010, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales, de la Solidarité et de la Ville) (Gouvernement François Fillon (2))
5- Eric Woerth (UMP) : depuis le 22 mars 2010, (Ministre du Travail,de la Solidarité et de la Fonction Publique) (Gouvernement François Fillon (2))
entre mai 2007 et mars 2009 ainsi qu'au cinquième changement d'intitulé de ce ministère dans le même laps de temps!
«On a l'impression qu'il a couronné un mystère dont pourtant on a cherché, mais en vain, à dévoiler tous les secrets.»
C'est curieux, mais c'est aussi mon impression, toutefois très lointaine, vu que contrairement à vous, qui n'avez «rien manqué au fil des jours aussi bien dans la presse écrite que sur Internet, en n'omettant pas Dominique Verdeilhan sur France 2», je n'ai prêté qu'une oreille très distanciée, à ce procès dont on dit qu'il a passionné le public local. Mais bon, ce ne serait sans doute pas une bonne idée que d'émettre des hypothèses après coup, maintenant que tout est joué. Une remarque toutefois m'a frappée, c'est celle de l'un des enfants Viguier qui a fait observer que «certain de tenir le coupable, on a négligé de chercher sérieusement notre mère. » Quel double calvaire pour ces enfants! C'est affreux!
Un crime parfait?
Et si la « victime » n'avait disparu que parce qu'elle n'aurait pas trouvé d'autre solution pour être débarrassée et du mari et de l'amant, en comptant que l'un ou l'autre ou... les deux en paierai(en)t le prix, cet acquittement aura sans doute déjoué un tel « crime parfait »!
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 mars 2010 à 20:30
Et bien c'est a peine croyable mais voila une affaire de plus non elucidee... personne ici n'a pu localiser la dame disparue mais l'occasion d'une belle expression ecrite n'a pas ete perdue... cela me plait !
Toutefois, un bemol me parait vraiment necessaire eu egard aux meres qui disparaissent a tout jamais sans laisser d'adresse, ni meme donner des nouvelles au-dela des decennies...
Non, il faut vous retirer ca de la tete ; ce n'est pas une specialite de ces Messieurs que de fuir "le nid familial".
Ce n'est pas non plus le triste privilege des "prolotes" que de "lever le camp" sans retour.
En France, il existe encore une telle sanctification de la maternite que ces sujets sont peu et difficilement souleves.
En Angleterre, on a eu l'affaire de "Canoe Man" que sa femme, si j'ai bonne memoire, a declare noye ; il me semble que l'on a meme retrouve son embarcation et tous les grands moyens ont ete deployes pour recuperer son corps.
Finalement, le couple de "vieux tourtereaux" a ete identifie des annees apres a l'autre bout du monde. Les enfants (jeunes adultes) ignoraient la supercherie que leur mere avait couvert et croyaient leur pere decede... charmante aventure !!!
"From Times Online July 14, 2008
Anne Darwin 'played vital role' in canoe man fraud"
http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/crime/article4331439.ece
Ah, aussi autre chose qui me derange, c'est ce concept d'"intime conviction" qui j'espere n'est plus pris en compte aujourd'hui dans les affaires criminelles ; les faits... rien que les faits. Merci a la police scientifique d'y contribuer.
Un commentateur mentionnait dans le cas qui preoccupe ici l'intime conviction des enfants. Je pensais que l'on ne pouvait etre "juge et partie" et la difficulte majeure est la loyaute filiale qui rend presque toujours aveugle ; pour s'en rendre compte pas besoin d'une affaire criminelle, il suffit d'observer les relations familiales a l'oeuvre pour n'etre point dupe de ce qui s'y joue meme a l'insu des protagonistes.
Rédigé par : Valerie | 23 mars 2010 à 15:57
@Claire
En matière de logique amoureuse, la femme me surprendra toujours !
La femme de mon oncle est partie en abandonnant ses trois enfants, le dernier en a tellement été blessé qu'il a eu un arrêt de croissance !
Mon oncle était chasseur, "qui va à la chasse perd sa place" dit le proverbe.
Ce n'est que plusieurs années plus tard qu'elle est réapparue. On a appris qu'elle était enceinte d'un amant (lequel ?) au moment de son départ et avait même eu un autre enfant... ailleurs à 800 km de là !
On a mis cette fuite sur la souffrance jamais guérie qu'elle avait éprouvée à la mort d'un de ses enfants.
La souffrance d'une femme est un abîme que peu d'homme peuvent sonder, encore moins combler.
A qui est-ce faire injure que de le dire ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @ Claire | 23 mars 2010 à 15:12
Aïssa, je me suis mal fait comprendre visiblement. Je ne proclame surtout pas que la certitude du Parquet doive être celle de l'acte d'accusation lorsqu'arrive le terme du procès. J'ai trop connu d'avocats généraux qui ne tenaient aucun compte des évidences de l'audience et qui répétaient bêtement, lors du réquisitoire, les âneries de l'acte d'accusation qui avaient volé en éclat au procès.
Non, je suis parfaitement d'accord avec vous sur l'importance capitale du procès. Mais à son terme, ce que l'on demande au poursuivant, c'est de tirer des conclusions certaines, fussent-elles à l'opposé de l'acte d'accusation. Loin de moi l'idée d'un Parquet pétrifié absurdement dans son rôle d'accusateur contre toutes les évidences d'une audience. Il lui revient au contraire d'oser dire aux jurés - je rappelle que l'avocat général est le seul magistrat qui a le droit d'influencer le jury populaire - au terme d'un procès, dans quel état se trouve le dossier. D'oser décortiquer les certitudes et de reléguer les hésitations. Et si, au terme d'un procès, la seule certitude est celle du doute, l'avocat général est en devoir impératif de requérir l'acquittement. Si la seule certitude est une requalification, il doit requérir la requalification. Comprenez-moi bien, je dis qu'au terme d'un procès, le Parquet doit transmettre une certitude, quels que soient sa nature ou le cheminement par lequel on parvient à cette certitude au cours du procès. Au terme du procès, il revient au poursuivant de dire clairement s'il continue de poursuivre ou pas, ce qu'il poursuit et pourquoi. Sinon il ne sert à rien. L'avis de PB nous arrangerait bien tous deux car je pense que nous ne sommes pas très éloignés.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 23 mars 2010 à 13:58
@ Jean-Dominique
"Le ministère public doit oser affirmer sa certitude et c'est une parfaite obscénité qu'un Parquet qui, par la voix de M. Gaubert et quoiqu'il s'en défende éventuellement, dise aux jurés "Finalement, je n'en sais rien, faites comme vous le sentez." "
Je ne serais pas aussi catégorique que vous.
Je pense que nous pourrions entendre un avocat général qui dirait :
L'hypothèse qui a été imaginée par l'avocat de la partie civile m'apparaît être, compte tenu des éléments dont je dispose (détail des éléments) et qui vous ont été communiqués, la plus vraisemblable.
Seulement, pour faire tenir indiscutablement droit et solide mon échafaudage, il me manque des rustines, des colles, des liants, des vis, des éléments que je ne possède pas dans mon dossier et que les débats ne m'ont pas apportés.
Aussi en définitive la balance me semble égale entre doutes et convictions, de telle sorte que si j’exclue les moments émotifs forts qui sont venus apporter leur trouble non mesurable dans l'espace judiciaire, presque mécaniquement l'acquittement s’impose.
ps: le dernier paragraphe est totalement inspiré par le billet de PB
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 mars 2010 à 13:30
@Jean Reffait
Ecrire que Suzanne Viguier a pu partir en abandonnant ses trois enfants, c'est "salir" la victime.
Philippe Bilger ne devrait pas laisser passer ce genre de post.
Rédigé par : Claire | 23 mars 2010 à 12:38
Jean-Dominique, vous n'avez en ces choses rien appris à la longue lecture du blog de ce cher PB et concernant l'accusation … C'est patent. Alors reprenons. Une obscénité, écrivez-vous quant à un Parquet qui dirait «finalement je n'en sais rien; faites comme vous le sentez», abandonnant en rase campagne (je vous cite) un tribunal qu'il aura lui-même convoqué … C'est très beau tout ça qui n'est en fait que de la littérature et votre théorie car je doute très fort qu'elle soit celle de PB. Prenons le cas Viguier puisqu'il s'agit de cela: une innocence proclamée. L'audience, vous en faites quoi, dites? Je répète: l'audience, vous en faites quoi, dites? Les longues audiences parfois s'étirant sur plusieurs jours, semaines ou mois. L'oralité des débats, c'est pour qui? Pour qui l'oralité des débats? Pour amuser la galerie? Un avocat général serait de facto, sous peine de trahison, imperméable à tout ce qui pourra être produit de nouveau durant l'audience et qui remettra en cause et dans le fond toute sa certitude que vous invoquez comme l'essence même et immuable du Parquet? Allons, soyez sérieux deux minutes … Quant à l'intime conviction que vous soumettez singulièrement à la certitude (il faudra que vous expliquiez cette étrange union car je doute que quelqu'un y ait compris quelque chose), je vous apprends qu'elle est au début de l'instruction d'abord comme un patrimoine (sens juridique du terme; c'est-à-dire que nous en avons tous un dès notre naissance, une sorte de sac vide si vous préférez en image) qui se remplit puis se vide et se remplit à nouveau de biens puis en perd, etc., au long la vie de chacun de nous. C'est la charge et la décharge en somme. A l'audience, ce patrimoine arrive ou plein ou vide ou à moitié plein, etc., selon ce qu'aura été cette instruction. Là on recommence tout; on a un patrimoine en l'état qui à nouveau, au fil de l'audience, des débats, de l'oralité de ceux-ci, des pièces nouvelles produites, des témoins nouveaux, des plaidoiries, tout ce que vous pouvez imaginer, à nouveau ou se remplira davantage ou moins, etc. Lors du délibéré, on ouvrira en secret le sac et on pèsera ce qui s'y trouvera à ce moment et uniquement à ce moment. Plus lourd, moins lourd, vide à nouveau, débordant, accablant ... Voilà l'intime conviction! C'est une fluctuation de la pensée durant un moment (l'audience) quant à un fait donné. Et pas même un avocat général, même le plus brillant, surtout le plus brillant, ne s'en libèrera. Le Parquet n'abandonne rien ni personne en rase campagne, comme vous le dites; il pourra demeurer rigide durant toute une instruction, ferme de sa conviction de certitude, soit! mais il s'adaptera à l'audience et ce qui en sortira. Ce Parquet-là qui évoluera de cette sorte qui n'est rien autre que naturelle puisque humaine, au fil d'une audience, est le vrai Parquet. C'est ce que dit PB lui-même quant, invoquant tous les participants judiciaires d'une audience, il les nomme "auxiliaires de vérité". On cherche la vérité ou à tout le moins s'en approcher le plus; on n'a aucune certitude. Si on en a, nul besoin dans ce cas de chercher autre chose. Votre Parquet est une sorte de machine totalitaire!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 mars 2010 à 12:21
"Ce fut au pied levé que cet avocat général remplaça son collègue atteint d'un magistral lumbago. Quoique retourné, ce fut à main levée qu'il reprit un dossier trop hâtivement abandonné. Eût-il été seulement pensable, monsieur Bilger, qu'un avocat général "couché" arrivât pour ces "Assises" ? On gausse déjà tant sur la magistrature qui ne sait plus comment se positionner !"
Ce qui me gêne, voyez-vous, c'est qu'il faille dix ans pour dire, en deux fois, et ce, en quelques semaines, il est innocent !!
@Monsieur Viallon,
"Qui a dit qu'il y avait meurtre ! Pas de corps, pas de traces de sang !"
Si, des taches de sang furent trouvées dans toute la maison, dans la voiture.
Mais ce n'est qu'à travers la série "Les experts" que l'on sait à quelle heure la goutte a été extirpée d'un organisme humain ou animal... duquel ? où ? quand ? comment ? combien de criminels ?... où sont les mouches ??? les asticots ???
Il manque à la Justice, le "Médium", plein de certitudes, qui lui permettrait de niveler toutes ses incertitudes !
S'il y a "doute", alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Pourquoi y a t-il eu procès ?
Pour activer la Justice, il faut quand même autre chose que des doutes ? Non ?
Il y a tellement d'énormités dans ce dossier, selon ce qui fut relaté par la presse, que j'ai du mal à croire que seul le doute existait !
http://www.affaires-criminelles.com/dossier_8-2.php
Je rejoins l'avis d'Aporétique. Ce n'est pas clair du tout ! Et tout comme lui, j'ose espérer que monsieur l'Avocat Général n'a pas fait l'objet de pressions étant donné le statut de celui qui se trouvait être l'accusé !
Autrement, cela démontrerait ce que deviendra la Justice de ce pays !... Celle voulue par Sarkozy !
Rédigé par : Marie | 23 mars 2010 à 12:14
"sur une affaire dont on ne connaît rien.
JDR
Rien...? les jurés en savent-ils plus que ce que lisons chez PRD, par exemple, à part la rivalité des ego, toute cette mousse spectaculaire qui n'est là que pour les enfumer, la méforme éventuelle d'un homme (on n'est pas censé être tous au top chaque jour, avons nos périodes "sans", cela arrive Mister Gaubert), l'étalage d'aplombs qui ne sont que de façade ...?
Les seuls à avoir vécu cela sur le long terme et de près sont police et juge d'instruction, et, désolé d'avoir là ce conformisme, à examiner les faits, sommes quelques-uns pas totalement sots à avoir conclu comme eux, non sur une certitude, mais sur la solidité d'une impression générale. Pas de quoi envoyer un homme vingt ans au bagne, pas de quoi non plus se presser à le déclarer innocent.
"Rien ni personne ne peut nous interdire d'éprouver un sentiment sur un procès médiatique"
ya
"mais il faut rester absolument conscient que ce sentiment ne vaut strictement rien et qu'il n'y a aucun profit intellectuel à le communiquer."
JDR,
je vous aime bien, mais franchement, parfois... vos "conneries" me fatiguent.
Il ne s'agit pas de refaire le match, juste d'être toujours dans la production d'idées, dans la fabrication de sens possibles, de pistes qui réjouissent l'esprit de leur prolongement ; et ce qu'elles demeurent simple et joli alignement de mots sans conséquence autre que de réjouir certains les lisant ou qu'elles aient un jour les conséquences les plus concrètes qui se puissent imaginer.
Ce n'est pas vous, quelle prétention, qui déterminez ce qui apporte ou non, vous êtes bien trop incompétent sur bien trop de sujets pour vous déclarer tel.
On vous aime bien, vous écrivez parfois superbement, même si c'est pour y loger à l'occasion de belles bêtises, restez dans ce rôle, chacun a le droit de s'exprimer, et je ne suis probablement le plus fade dans cet exercice.
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 23 mars 2010 à 12:03
Combien de cocus y avait-il dans ce jury populaire ?
La question a-telle été posée ?
S'en est-on inquiété ?
Rédigé par : Savonarole | 23 mars 2010 à 11:48
Je ne connais pas le dossier autrement que par les articles journalistiques et je suis admiratif envers ceux qui ont des certitudes !
Voici un jury populaire (vive le Tarn !) qui ne craint pas, lorsqu'il ne sait pas, de dire qu'il ne sait pas, et qu'en conséquence il acquitte ce Monsieur et lui rend son Honneur et sa Liberté, parfois confisqués sans nuances.
Pourquoi Madame Viguier ne serait-elle pas partie ? Le bel interdit que celui qui nous oppose : "sans donner signe de vie à ses enfants" ! Il en est bien qui les font congeler leurs enfants, l'un après l'autre, et que tout le monde appréciait auparavant (je parle des "mères"). Qui a écrit "L'Amour en plus" ? Elisabeth Badinter qui fixe comme point de départ de l'amour maternel, comme nous le vivons aujourd'hui (paraît-il !)... le siècle des Lumières. Des Thénardier, il y en a dans le XVIème arrondissement. Ils puent moins, et font plein de belles manières.
Alors, tout a été possible. Et, ce qui honore la Justice, à la suite de ce que Jean-Dominique Reffait rapporte avec une minutie de microscope électronique, c'est qu'un Président "fait" l'audience. Ce n'est pas l'Idéal, mais c'est mieux que les cotes mal taillées et les boursouflures pour camoufler la possible (probable) erreur.
Je pense, Monsieur, que cette dernière constatation rencontre la vôtre, malgré votre titre ambigu.
Rédigé par : Jean Reffait | 23 mars 2010 à 09:46
Aïssa, l'une des choses que j'aie apprise à la longue lecture du blog de Philippe Bilger concernant l'accusation, c'est la notion de certitude dont doit être investie l'intime conviction. Il ne s'agit pas d'une vague opinion. Et c'est un impératif absolu que le parquet qui poursuit soit pénétré de cette certitude : certitude de culpabilité, certitude d'innocence, certitude du doute. Le doute peut être aussi certain qu'une culpabilité et ne doit pas se confondre avec une hésitation. Le ministère public doit oser affirmer sa certitude et c'est une parfaite obscénité qu'un Parquet qui, par la voix de M. Gaubert et quoiqu'il s'en défende éventuellement, dise aux jurés "Finalement, je n'en sais rien, faites comme vous le sentez." Celui qui poursuit doit avoir une certitude et le parquet ne peut en aucun cas abandonner en rase campagne un tribunal qu'il a lui-même convoqué. En ce sens, M. Gaubert a parfaitement failli.
Si M. Gaubert ne comprend pas la grossièreté qu'il y a à interroger les témoins assis, c'est qu'il lui manque un pan important de culture judiciaire, voire d'éthique : le Parquet représente la magistrature debout parce que celui-ci, en tant que partie au procès et non en tant que juge, est face aux juges ainsi que la défense.
Laboca, c'est très gentil mais ne vous y fiez pas ! Une belle langue ne devrait jamais soutenir une laide intelligence, mais cela arrive trop souvent pour qu'on n'y prenne pas garde !
Oursivi, ce qui m'énervait dans votre premier commentaire, c'est ce penchant à refaire le match et à gloser sur une affaire dont on ne connaît rien. Rien ni personne ne peut nous interdire d'éprouver un sentiment sur un procès médiatique, mais il faut rester absolument conscient que ce sentiment ne vaut strictement rien et qu'il n'y a aucun profit intellectuel à le communiquer.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait@Aïssa, Laboca, Oursivi | 23 mars 2010 à 09:42
Est-il innocent ?
Aujourd'hui, il est seul avec sa conscience !
Ce serait un comble d'indemniser un individu sur lequel pèse de graves présomptions !
Qu'est-ce qu'ils attendent nos scientifiques pour inventer un "détecteur de corps... décomposés" !!!! ? Qu'est-ce qu'on aimerait que la Justice nous ébaubisse !
Conclusion qui s'adresse aux messieurs de ce blog :
Les hommes fidèles auraient un QI plus élevé que les infidèles !!!
http://fr.news.yahoo.com/55/20100313/tod-les-hommes-fidles-auraient-un-qi-plu-17baed7.html
Rédigé par : Marie | 23 mars 2010 à 09:41
Qui a dit qu'il y avait meurtre ! Pas de corps, pas de traces de sang ! Il peut s'agir d'une fugue bien préparée et bien organisée.
Rédigé par : Marc VIALLON | 23 mars 2010 à 09:34
@ Ludovic
"Je me souviens avoir lu dans un ouvrage récent de Ph. Bilger, à propos du meurtre de Bousquet, qu'il avait fait part au procureur général de Paris de son souhait de ne pas être désigné, il le fût tout de même."
Si vous le permettez, je n'ai pas la même lecture que vous concernant la désignation de Philippe Bilger comme avocat général dans le procès du meurtrier de René Bousquet.
Philippe Bilger n'a pas refusé cette désignation. Il a attiré l'attention de son procureur général sur le fait qu'un élément de sa biographie privée - la condamnation de son père à la Libération - pouvait être utilisé pour discréditer sa fonction d'AG dans ce procès.
Je pense qu'il s'agissait alors pour PB d'être au clair vis-à-vis de sa hiérarchie sur le risque d’une éventuelle contestation que pouvait provoquer sa désignation.
En toute connaissance de cause, le PG a estimé que la biographie et la pratique professionnelles de PB étaient très largement et très suffisamment éloquentes pour neutraliser le cas échéant ce genre de contestation basée sur des considérations de nature... "génétique".
Autre temps, autres moeurs...
Quinze ans plus tard, un avocat de partie civile pourtant réputé brillantissime, n'hésitera pas à invoquer une traîtrise génétique pour disqualifier un réquisitoire qui pour le coup ne dupliquait au mot près et à la virgule près pas la thèse qu'il défendait comme représentant de la partie civile.
Nous connaissons la suite de l'histoire.
Le GDS - pour l'anecdote, un des GDS les plus et les mieux diplômés en droit - fera preuve d'une perméabilité et d'une passivité ahurissantes suite à cette injure publique prononcée à l'encontre d'un représentant de l'action publique.
"Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l'accusation ?"
Un avocat général a une liberté de parole ENTIERE et TOTALE à l’audience. Mais la liberté est un apprentissage souvent ingrat, difficile et douloureux. Toujours à recommencer.
@ Laboca
Merci pour votre appréciation.
Mais sachez que ce qui me motive ici ce sont les billets de Philippe Bilger. Je ne suis pas, loin, très loin de là, exemplaire dans le maniement de la langue française. J’essaie juste dans mes commentaires de faire au mieux pour rendre à Philippe un peu du respect qu’il inspire par ses billets à ses lecteurs. J’essaie de me mettre à hauteur.
Parfois je suis très légèrement heureuse de mon commentaire. Le plus souvent je sais que je n’ai pas réussi à dire avec suffisamment de simplicité et de justesse ce que je voulais exprimer. A l’école du commentaire, c’est le plus périlleux à réaliser et à réussir.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 mars 2010 à 04:59
Je suis rassuré que Marc Gaubert ait pu répondre avec ironie mais justesse à notre hôte. Je lui souhaite de recouvrer la force physique nécessaire à ses futurs procès.
On prétend que la culture du doute doit imprégner tous les professionnels, mais en même temps ce doute énerve tout le monde, l'incertitude étant très inconfortable.
Les policiers ou les juges d'instruction préfèrent un coupable qui avoue qu'un innocent qui, en plus, refuse d'avouer. Ils lui accordent a priori plus de crédit. Outreau a montré une caricature de ce mécanisme.
Philippe Bilger accuse en somme Marc Gaubert du pire des maux: avoir laissé transparaître une part de son doute...
Plus sérieusement, si Marc Gaubert avait directement requis pour homicide involontaire je ne vois pas pourquoi l'issue du procès eût été différente.
Rédigé par : Alex paulista | 23 mars 2010 à 03:39
J'aurais tendance à être comme Saint Thomas. L'enquête semble avoir été quelque peu orientée, mais le mari n'est-il pas le premier suspect ?
"J'avais déjà été frappé par l'attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu'il questionnait - quelle image auprès des jurys et comme cette grossièreté aurait dû susciter d'emblée l'ire de sa hiérarchie ! - et qui, à Albi, n'a exercé sa mission que de manière résiduelle, laissant toutes les initiatives à l'un des avocats des parties civiles."
Cette attitude qui vous interpelle, monsieur l'Avocat Général, n'est-elle pas en quelque sorte une contestation d'un magistrat à qui des ordres auraient été donnés puisque l'accusé était un professeur de Droit ?
Ce retrait des débats paraît surprenant !
Depuis que la droite est revenue au pouvoir, elle a fait voter l'article 30 du CPP, permettant au ministre de la Justice de donner des instructions concernant un dossier !
Grand nombre de modifications aux codes furent votées depuis l'affaire d'Outreau...
Il est évident que s'il y a instructions, ces dernières ne sont pas publiées dans la presse !
L'année dernière en Picardie, une femme fut jugée pour le meurtre de son mari qui la battait. Il n'y avait aucune preuve. Elle fut pourtant condamnée !
Et cette autre femme qui fut retrouvée au volant de sa voiture, dans l'Oise, je crois. Curieusement, il n'y avait pas de clef sur le contact. Pourtant, le suicide fut retenu !
Ce qui relança l'affaire : la soeur, un jour, enfila un vêtement qui appartenait à la défunte, dans une des poches duquel elle trouva les clefs du véhicule ! Bizarre pour une suicidée d'avoir laissé ses clefs de voiture dans son vêtement à son domicile ?
Depuis que nous sommes inondés de séries policières américaines ou autres, elle paraît bien peu efficace notre police d'investigation !
Rédigé par : Aporétique | 22 mars 2010 à 23:44
Un avocat des parties civiles qui se pousse du col dans un procès d'assises ?
Philippe Bilger n'aime pas trop - que ce soit à Albi ou à Paris, surtout quand c'est le même homme.
Un Parquet général qui interjette appel d'un verdict d'assises, sans suffisamment de justifications palpables ?
Philippe Bilger n'aime pas trop non plus - que ce soit à Toulouse ou à Paris.
J'approuve notre hôte. Ne parasitons pas le service de la Justice.
Rédigé par : yves | 22 mars 2010 à 23:17
@Ludovic
A la question : "Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l'accusation ?", je réponds par l'affirmative. En effet, un avocat général m'a expliqué un jour qu'il a toujours refusé d'exercer le ministère public dans les affaires de terrorisme, précisant que dans de telles affaires l'avocat général n'est jamais libre intellectuellement mais requiert aux ordres.
L'idéal, lorsque le ministère public a été battu en première instance, c'est quand même de désigner en appel un avocat général autre que le magistrat ayant tenu ce rôle lors du premier procès perdu par le ministère public.
@Pierre-Antoine
L'intervention de Pierre-Antoine m'inspire la question suivante : un avocat général qui s'aperçoit que le ministère public ne sera pas suivi par les jurés peut-il être amené à pousser le président de la cour d'assises à commettre une faute de procédure qui justifierait ultérieurement une cassation ? Mais on peut aussi poser la même question par rapport au président de la cour d'assises lui-même, sachant que celui-ci, de par l'organisation de la justice des hommes en France, est structurellement, voire intellectuellement, plus proche de l'accusation que de la défense.
@Marianne M
Il est juste de dire que les internautes de ce blog, à commencer par Monsieur l'Avocat général Bilger, pratiquent admirablement la langue française. Je m'extasie devant la belle langue de Jean-Dominique Reffait, particulièrement. Pour un type comme moi, autodidacte, né dans une famille d'ouvriers et ne possédant pas de culture littéraire classique, lire Monsieur l'Avocat général Bilger, Jean-Dominique Reffait, Aïssa, Véronique Raffeneau et d'autres me permet de progresser dans la connaissance de la langue française.
Sinon, je trouve que Jacques Viguier en fait un peu trop depuis son acquittement. Il doit se taire et, s'il le faut, laisser ses avocats parler à sa place.
Rédigé par : LABOCA | 22 mars 2010 à 22:51
«A partir du moment où l'on vous juge non parce que vous l'avez fait mais parce que vous auriez pu le faire, on est déjà dans un état totalitaire.». Cette phrase a été dite par Maître Lévy à la fin du procès Viguier (Sources: France Inter ce matin). Alors on peut vous juger pour le meurtre de votre épouse (procès Viguier) parce que, considérant certainement l'enquête de personnalité ainsi que votre comportement au long l'instruction puis le procès, vous auriez pu le faire … On peut aussi (moins grave dans l'inculpation si on s'en tient aux petits trafics quotidiens et autres vols à la petite semaine, mais non moins dramatique pour l'accusé) vous juger parce que (Cf Eric Zemmour et ses propos concernant cette majorité, sic, de délinquants trafiquants noirs et arabes), faisant partie de cette majorité noire et arabe, vous auriez pu le faire … Eric Zemmour, contrairement à maître Lévy, oublie cependant de rappeler l'Histoire à l'appui de son propos (quel ignare ce petit Eric!). Ainsi les Juifs sous l'Occupation nazie de 1940 étaient suspects voire coupables, forcément coupables, tous, même les petits enfants, puisqu'ils «pouvaient le faire» car étant Juifs ... Pour mille et une raisons, on peut «le faire», sans contredit. Où comment la Justice républicaine se mue insidieusement de protectrice des droits de chacun en bras armé d'une idéologie politique totalitaire. On s'est souvent servi ainsi d'elle dans les grands moments de doute et de crise économique et sociale; l'Histoire, en ce domaine, semble heureusement avoir dispensé ses avertissements. Ainsi la révolte actuelle des magistrats, révolte inédite par son ampleur et sa virulence, contre, je ne dirais pas totalitarisme, mais cette manière judiciaire étrange qui lui ressemble par quelques endroits, qu'on voudrait leur faire servir en cache-misère d'une incurie politique et d'une situation sociale profondément délétère …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 22 mars 2010 à 22:33
Je ne vais pas commenter la décision de justice. Mais je me pose une question à propos de la disparition de Suzanne Viguier. Le dossier est-il clos ? La police peut-elle continuer à la chercher ou faut-il que ce soit le parquet qui demande de nouvelles investigations ?
Certains extrapolent et semblent penser qu'elle serait partie au bout du monde, sous les cocotiers, etc.
Donc elle n'aurait rien emporté, même pas ses lentilles de vue ? Etrange !
Je peux vous assurer que si je partais pour une autre vie, je n'oublierais certainement pas mes lentilles de contact...
Rédigé par : Lisa | 22 mars 2010 à 22:14
Juste une question parce que j'ai besoin d'un complément d'information juridique, que dis-je je requiers une information supplétive.
Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l'accusation ?
Je me souviens avoir lu dans un ouvrage récent de Ph. Bilger, à propos du meurtre de Bousquet, qu'il avait fait part au procureur général de Paris de son souhait de ne pas être désigné, il le fût tout de même.
Je me permets de poser cette question car je peine à penser que Marc Gaubert soit un incompétent notoire, cette affaire n'était pas sa première grande affaire et je ne sache pas qu'on l'ait mis en cause avant les procès Viguier.
Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a bien conduit sa mission cette fois, mais je n'aime guère que l'on s'en prenne à lui ad hominem.
A tout prendre, je préfère encore m'en prendre au procureur général de Toulouse qui, contre tout usage, a désigné le même avocat général en première instance et en appel.
Il me semble que même si Albi n'est pas un siège de cour d'appel, il était juridiquement possible de désigner le parquet du TGI d'Albi pour assumer la mission du ministère public.
Rédigé par : Ludovic | 22 mars 2010 à 21:23
Sur les rôles et leur fixation, c'est exactement le propos qu'avais tenu quant à l'utilité des EDM (j'arrête sinon il va me trouver gonflant) de tous poils, à savoir qu'on ferait mieux de chercher ensemble une vérité qui fût utile à tous qu'à tenter de jouer au plus gros verbe, chacun campé sur son pré carré, ou sur son rond champ pour être plus hippique.
Ce que écrit Aïssa est juste, même trivial, que le doute doit profiter à l'homme, quel que soit son rôle.
J'ajouterai qu'il convient de tenter de réduire celui-là, pas l'homme, l'instrument de confusion que ceux au sang-froid le plus achevé manipulent avec rouerie.
Il en va de l'avocat comme de l'avocat général, qu'ils lâchent leurs querelles immanentes et leurs intérêts mesquins pour faire avancer une vérité chronologique seule absolu identifiable des affaires qu'ils traitent.
La suite, l'interprétation de la gravité des actes établis sera déjà assez subjective comme cela que l'on veuille aussi entacher ce sans quoi elle n'est même.
AO
Rédigé par : oursivi@Aïssa | 22 mars 2010 à 18:47
@accusateurs publics !
Arrêtez de tirer sur ce brave M. l'avocat général Gaubert. Je prends sa défense…
J'espère qu'il n'y verra pas d'outrage de ma part.
Qu'il soit resté assis pour poser ses questions doit probablement (simple hypothèse) trouver son origine dans la fameuse surcharge de travail que connaissent tous les magistrats.
Debout ou assis ne change rien, il était tout simplement "absent", soit encore à Courchevel, ou déjà aux Îles Fidji.
Mais cela s'explique, en effet arrivé à saturation un cerveau, "déconne-cte".
Quoi de plus naturel en somme que cette procédure de sauvegarde neuronale qui fait paraître le sujet en surcharge, "ailleurs" ou "hors sujet". Mais ne voyez là encore qu'une simple hypothèse.
Il aurait dû faire cassation, cela lui aurait donné un temps supplémentaire pour se reposer un peu et reconnecter intellectuellement pour faire ressortir dans l'écheveau du dossier une vérité si bien cachée. Ne voyez là encore qu'une hypothèse.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 22 mars 2010 à 18:23
Pardon pour la coquille (non vide) et bien involontaire cher Aïssa.
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 mars 2010 à 18:20
"Relisez ! C'est quoi ce Boukacache qui m'a fait sursauter de frayeur ?!"
Aïssa, ça c'est pour la testostérone ! "que des hommes ! et si c'était la testostérone" a écrit monsieur Dingli !
Et vous avez sursauté ! Alors, il sourit ! :o)
Rédigé par : Marie | 22 mars 2010 à 18:00
Je découvre le blog de PB avec tout le bonheur que m'inspire habituellement la lecture de ses interviews ou l'écoute de ses interventions télévisées. J'en profite pour remercier tant Philippe que les internautes qui lui ont répondu pour la qualité de leur français, un véritable régal. Je réagis au sujet du post de Ben C. dont l'hypothèse de la culpabilité de l'amant est une piste qui n'a pas manqué d'éveiller mon intérêt (mais l'on ne peut l'évoquer sans friser la diffamation, n'est-ce pas ?...). Ben invoque le principe selon lequel l'absence de corps entraîne l'absence de crime. Si c'est - je ne connais pas le droit pénal - une règle en droit français, cela ne l'est pas dans l'état américain de Floride. Il y a dix ans, j'ai suivi avec autant d'effroi que de passion sur la chaîne COURT TV le procès d'un pêcheur accusé du meurtre d'une petite fille dont on n'avait, justement, pas retrouvé le corps. L'inculpé était un pédophile déjà condamné, mais qui n'avait jamais commis de meurtre au premier degré (selon la formule US) auparavant. Il a été condamné à mort. Je ne peux décrire l'intensité du malaise qui fut le mien à l'énoncé du verdict, parce que le doute était énorme quant à sa culpabilité. Aujourd'hui encore je me sens mal lorsque j'y pense.
Rédigé par : Marianne M. | 22 mars 2010 à 17:56
@Jacques Viguier
Vous dites :
"Ce qui m'a le plus choqué, c'est d'avoir été traité de «monstre» par la juge d'instruction et d'«ordure» par des policiers."
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/03/22/01016-20100322ARTFIG00011-jacques-viguier-je-n-en-veux-a-personne-.php
Voilà bien une réforme qui ne coûterait rien au contribuable, rendre les magistrats et policiers responsables de leurs propos diffamatoires en les obligeant à des excuses publiques, au moins en cas d'acquittement.
Cela obligerait certains acteurs de la justice à plus de respect de l'être humain qu'ils ont en face d'eux et renforcerait la présomption d'innocence.
Maintenant que vous voilà "lavé de tous soupçons" je vous souhaite, ainsi qu'à vos enfants, de trouver le calme familial et la paix de votre âme nécessaire à votre guérison.
"Nulla certior custodia innocentia"
Burton, Robert, 1577-1640 (The Anatomy of Melancholy)
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 22 mars 2010 à 17:53
C'est intéressant ce que vous écrivez, Jean-Dominique … C'est bien ce que je dis; cependant, il faut me lire attentivement … «Il n'a pas assumé son doute ...» … Il n'a pas assumé son doute (maintenant, après un bref échange avec PB, j'écrirais «Il n'aurait pas assumé son doute ...» car PB, m'explicitant sa position, écarte toute autre conviction pour ne retenir que celle de l'incurie d'un homme doublée de celle de sa hiérarchie qui trouverait «fatigant de placer les bonnes personnes aux bons endroits» et n'ayant quant à moi absolument pas suivi ce procès et ignorant tout des personnes qui le conduisirent, je modère de facto mon opinion ...). Plus globalement donc, c'est parce qu'on n'assume pas un doute qu'on interjette appel d'un premier verdict et qu'on s'obstine alors. C'est parce qu'on n'assume pas son doute qu'on ne requalifie pas et que de même on s'enferre … Vous comprenez? Soit un homme (ou une femme) dont la fonction est d'accuser. Il (elle) doute mais doit accuser. C'est un dilemme. Le doute est tu mais il se manifeste publiquement (l'audience publique) par une attitude décalée, une attitude qui fait douter que celui-là (celle-là) qui s'exprime «sans doute» ne doute pas et plus que les autres même … Si incohérence il y a, elle est assurément à cet endroit. Pour appuyer mon propos, je ne peux que vous renvoyer au procès mémorable des assassins de la petite Céline à La-Motte-du-Caire. Richard Roman, au premier procès, avait face à lui une accusation qui ne doutait pas. Au second procès, une accusation qui doutait. Dans les deux procès, chaque accusation a assumé l'une son doute, l'autre sa certitude. C'est au second procès que je me réfère ici. L'avocat général Legrand fut grand (sans jeu de mot, sic) ce jour-là car doutant, il a assumé son doute et l'a partagé clairement à toute la Cour … Il lui fut advenu ce que j'écris en conclusion de mon premier commentaire ci-dessous: savoir, qu'il fut longtemps honni et par ses collègues du Parquet et par sa hiérarchie précisément parce que pour eux, le doute (son doute) n'avait pas sa place à ce (sa fonction d'alors) ministère. Pour la loyauté et l'intelligence de la Justice, des avocats généraux Legrand, il faut espérer qu'il en demeure et s'en crée beaucoup en son sein et en-deçà, l'Ecole de la magistrature entre autres … On peut de même supposer une hiérarchie doutant mais se sachant liée, obligée, de par la fonction d'accusation toujours, de poursuivre. Dans ce cas, elle enverrait au ministère public de ce procès le plus malhabile des siens, sachant que de ce fait l'accusation ne pourra être que légère et peu fondée où le doute se manifesterait forcément dans l'esprit de la Cour … Une hiérarchie à la Legrand mais qui certes ne s'assumerait là encore pas clairement; oeuvrant néanmoins positivement par un biais qu'on pourra discuter longtemps si l'on veut … La question est: Les rôles sont-ils figés, obstinément figés? C'est une question d'actualité et qui est loin d'être légère.
Aïssa.
Laurent, mon cher Laurent, je signe avec vous pour la langue française et vous remercie de me remercier … Néanmoins et quand bien même il n'est pas encore entré dans le dictionnaire en nom commun puis en nom propre, que je vous interpelle quant à son orthographe … Relisez! C'est quoi ce Boukacache qui m'a fait sursauter de frayeur?!
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 22 mars 2010 à 17:47
"J'avais déjà été frappé par l'attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu'il questionnait..."
Ah ! Ce n'étaient pas des Assises !
Rédigé par : Marie | 22 mars 2010 à 17:33
Il est certain que dans cette affaire, si l’enquête avait été confiée à Eusébio des experts Miami, l’affaire aurait été conclue sans coup férir dans les 10 jours. A partir d’un cheveu, d’une rognure d’ongle, d’un postillon égaré, il serait remonté jusqu’à l’assassin.
Mais là bien sûr avec les moyens dont disposent nos gendarmes c’était perdu d’avance.
Rédigé par : Achille | 22 mars 2010 à 17:20
Rédigé par: Laurent Dingli | 22 mars 2010 à 14:30
Laurent, je maintiens, c'est gens d'homme qui a éjaculé le premier.
Moi, je ne faisais que p....., non, je ne la ferai pas celle-là !
Avez raison, vive le français, l'expression, les loquaces et l'éloquence, même quand on doit tomber dans ses rets toriques.
AO, redresseur de tores
Rédigé par : oursivi@LD | 22 mars 2010 à 17:10
"Crime parfait", cela aurait pu être le titre, banal mais parlant, d'un de ces polars dont Viguier est paraît-il friand. Mais ici nous ne sommes pas dans la fiction et ça ne colle pas. Pas de corps, pas d'aveux, pas de preuves ; pour le crime c'est maigre. Au point que l'accusateur public, alors même que le Parquet a fait appel, était complètement déboussolé si j'en crois les divers papiers consacrés au procès.
Comment, face à cette accusation lamentable, un jury aurait-il donc pu sérieusement condamner Viguier ?
ps: les nombreuses personnes qui choisissent de disparaître coupent en général tous les ponts avec toute leur famille, enfants compris. C'est incompréhensible, voire choquant mais c'est comme ça.
Cela dit je ne me hasarderai pas à la moindre hypothèse, Viguier seul sait s'il a tué ou non.
Peut-être un jour, si le corps de son épouse est retrouvé, comprendra-t-on, grâce aux diverses analyses, ce qui s'est passé.
Nous saurons alors si le crime était presque parfait. Ou pas.
Rédigé par : Catherine A. Le crime, quel crime ? | 22 mars 2010 à 16:44
Je me doutais bien que "justice au singulier" nous ferait part de critiques averties sur le déroulé de ce sensationnel procès, matière première de choix pour tous les médias... en détournant leurs auditoires de sujets disons... plus sérieux.
Mais combien cela a-t-il coûté ? Quelle a été l'utilité marginale pour la bonne administration de la justice en France ?
Ainsi, un procureur général, vindicatif ou soucieux de gloriole? a pu prendre, sans aucun contrôle apparent, l'initiative d'engager des centaines de milliers d'euros, en engendrant pour des centaines de personnes et d'organismes "convoqués" à cette prestation, un coût économique global qui doit avoisiner la dizaine de millions d'euros, pour une opération qui n'apporte aucune amélioration à la sécurité d'ensemble des français !
Cela me rappelle ce juge d'instruction qui avait convoqué Treiber à Auxerre, ou à Sens, je ne sais plus, mobilisant, des heures durant, des dizaines de policiers, des véhicules administratifs... alors qu'il aurait pu prendre, avec son greffier, le train pour aller l'entendre à Fleury-Mérogis.
Et quelqu'un s'est-il avisé de calculer ce qu'avait coûté Outreau, en coût financier direct pour l'Etat, en coût économique pour la nation ?
Quand j'entends le monde judiciaire se plaindre du manque de moyens, ce gaspillage insensé, produit du "fait du prince" de magistrats qui, du haut en bas de l'échelle semblent se ressentir, dans ce domaine budgétaire comme omnipotents, m'indigne profondément.
Rédigé par : Gérard CHINETTI | 22 mars 2010 à 15:59
Cela serait plutôt
"prime car fait".
AO
Rédigé par : oursivi | 22 mars 2010 à 14:40
"Mon cher collègue,
Il n'y a donc pas qu'au barreau que la confraternité est une haine vigilante !
Loin de moi l'idée de vouloir me justifier à vos yeux dans ce que fut ma prestation au procès que vous évoquez, alors même que vous n'en avez été le témoin que par procuration, certes attentive mais néanmoins "corps absent" (pardonnez-moi ce mauvais jeu de mots en l'occurrence).
Vous me fustigez cependant pour être resté assis lors des questions, me renvoyant à ma "grossièreté" ainsi qu'à l'ire de ma - de notre - hiérarchie...
Je ne peux, devant cette étrange vindicte, rester taisant : certes, le ministère public est une partie comme une autre lors d'un procès d'assises, nonobstant la sempiternelle "erreur de menuisier" et il doit les mêmes égards à la Cour qu'aux avocats des prévenus...
Pour autant le cérémonial quelque peu suranné des audiences criminelles me semble autoriser quelques libertés sous réserve que les entorses à l'étiquette ne soient pas de nature à altérer la dignité qui sied à un procès aux assises.
Il vous a semblé que ma carence relevait de la grossièreté : le choix du terme et sa cruauté ne sont pas innocents mais ils vous appartiennent.
Souffrez cependant que je puisse considérer que l'appel à une sanction de notre hiérarchie me laisse comme un goût amer et obscurcisse quelque peu l'image que j'avais de vous...
Quant à mon absence de charisme, mes faiblesses d'accusateur ou ma piètre éloquence, si elles sont si manifestes, que penser du Procureur général qui me renvoyant au feu pour la seconde fois semble ainsi les cautionner ? A moins qu'il n'ait pas de son subordonné la vision foncièrement déceptive qui est la vôtre.
Je reste, mon cher collègue, votre parfait obligé."
Rédigé par : Gaubert pcc sbriglia | 22 mars 2010 à 14:31
@ Jean-Dominique Reffait, Oursivi
Hum ? Cuistrerie ? Sottise ? Quand vous aurez fini de nous exhiber vos excès de testostérone, nous en serons fort aises. Plus que marre de l'agressivité épouvantable des Jean-Dominique Reffait, Oursivi, et consorts...
(eh ! eh ! je pille sans vergogne les droits d'auteur d'une rédactrice ultra-occasionnelle de ce blog)
Plus sérieusement, merci à Philippe Bilger, Jean Dominique Reffait, Oursivi et Lacheb-Boukacache de faire vivre la langue française (Zut ! que des hommes ! et si c'était la testostérone)
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 mars 2010 à 14:30
"Soit la certitude du doute, et il requiert l'acquittement sans barguigner, soit la certitude de la culpabilité, dans le cadre d'une qualification précise. Ici nous avons eu un avocat général qui pense que M. Viguier est coupable mais qui ne sait pas de quoi au juste."
JDR
C'est vrai, comme quoi quand faites un effort, vous pouvez raisonner sans faillir.
Toutefois, dix ans plus loin, il serait davantage pertinent de souligner le paradoxe auquel s'expose les pratiques et les textes existants, que tenir un procès dont on percevait déjà de longue date l'incapacité de faire autre chose que de dire "on n'est sûr de rien", est aussi stupide que de déclarer "innocent" ou "coupable" dans ces conditions, parfaite tartuferie de la comédie humaine qui ne distrait que les sots.
Have some fun.
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 22 mars 2010 à 14:09
Vous vous égarez Monsieur Bilger, un crime parfait est celui commis par un assassin qui ne sera jamais recherché... La justice n'en est même pas saisie. Dans l'affaire présente la justice a été saisie et a poursuivi un homme qui a été déclaré innocent à deux reprises.
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 22 mars 2010 à 14:07
Une hypothèse possible parmi d'autres:
- elle quitte son mari pour aller chez son amant
- elle ne se sent pas bien chez lui, va prendre l'air dans les bars du coin et disparaît, à cause d'une mauvaise rencontre comme la pauvre victime de Jaulnay
- son amant est persuadé qu'elle est revenue et que le mari l'a faite disparaître, et dissimule le sac à main lors d'une visite avec la baby sitter
Car il y a deux problèmes pour l'accusation: la préméditation est peu plausible et tout repose sur ce sac contenant des clefs.
Or on apprend qu'il y a eu manipulation et subornation de témoin exactement à ce sujet...
La Justice a bien fait d'acquitter Viguier. De toute façon, coupable ou pas, il a déjà gâché 10 ans de sa vie, est entré en dépression... S'il est le meurtrier de la femme de ses enfants, il devra vivre avec leur regard et celui de cette femme qu'il ne voulait pas perdre.
Les 4 ans effectifs de prison que l'on prend en plus pour crime passionnel, cela ne pèse pas grand-chose finalement.
C'est une limite de la justice des hommes qu'il faut accepter.
Rédigé par : Alex paulista | 22 mars 2010 à 13:50
@ Ludovic
"Toujours est-il que je reste persuadé qu'aucun avocat général, aussi brillant soit-il, ne pouvait inverser la tendance et entraîner la cour sur la voie de la condamnation."
A mon avis ce qui est reproché à l'avocat général par Philippe Bilger n'est pas le fait qu’il n’obtienne pas de condamnation, mais plutôt le constat que le réquisitoire de l'AG n'a reproduit que les flous, les variations et les brouillards de la mise en accusation, avec comme argumentaire central un duplicata de l'hypothèse imaginée par la partie civile.
Extrait de la plaidoirie d’E. Dupond-Moretti rapporté par Pascale Robert-Diard dans son blog :
"Comment vous dire? Je n’aime pas ce procès. Parce que je suis la dernière voix d’un homme qui a perdu la sienne. Parce que je dois me battre contre l’imagination, contre les suppositions auxquelles le réquisitoire de l’avocat général vous a invités.
(…)
En réalité, ce dossier est devenu un concours Lépine de l’hypothèse."
@ Aïssa
"Si cet avocat général a été «indigne» de sa charge ce jour-là, au sens où vous l'entendez, alors je pense que vous vous trompez, cher PB, ou à tout le moins que vous demeurez dans une vision absolument rigide de votre rôle et votre fonction qui serait celle d'accuser à tout prix et d'accuser fort et avec talent…"
Je ne pense pas une seconde que la vision de PB soit "celle d'accuser à tout prix et d'accuser fort et avec talent..."
Je pense que Philippe Bilger regrette que l’avocat général n‘ait pas envisagé l'idée qu'il était possible pour lui de dire à son parquet général et dans son réquisitoire qu’il ne pouvait pas, en matière de cour d’assises, être un compétiteur crédible quand un dossier d'accusation est construit pour juste figurer dans le concours Lépine de l’hypothèse.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 mars 2010 à 12:52
"je laisse à Oursivi le soin de nous livrer ses lumières. J'envie tellement la cuistrerie qui permet d'aligner des sottises énormes sans rien savoir, c'est un talent appréciable. Il nous avait déjà servi une soupe à propos d'EDM, mais là, c'est plus copieux, toute l'affaire Viguier élucidée d'un coup d'un seul !"
Mon JDR que j'ai,
Vous êtes parfois d'une incorrigible sottise qui fait bien plaisir à lire, surtout quand on doit se la coltiner de face.
Je vous avais certes ridiculisé en vous rappelant l'extraordinaire succès remporté par votre EDM (gonflé) chéri dans sa glorieuse défense de JP Treiber, cette superbe efficacité que de laisser un pauvre monsieur perdu en ses propres mensonges au point de ne plus voir d'autre porte de sortie qu'une corde et un point d'attache, vous expliquant, ou plutôt tentant de vous faire comprendre que l'intérêt du prévenu comme celui de la justice eut été qu'il le fît accoucher d'une version simplement plausible, "je vous défendrai quand disposerai d'une chronologie cohérente dont j'essayerai d'extraire une somme de réflexes qui vous laisse du côté des humains, pas qui vous projette du côté des monstres", et non comme le disiez de manière fort croquignolesque, qu'il défende mordicus et sans répit une thèse indéfendable, déjà au sens de la plus pure logique, celle qui vous fait parfois si joliment défaut, quelle que soit la qualité de votre plume, qu'ai justement saluée en son temps, plume bien volatile aussi, mais n'est que la chasse au JDR ouverte ce jour, les canards peuvent passer leur chemin sans rentrer la tête dans leur épaules en bouteille Perrier, comme la structuration des dires de leur compère JDR.
Sur l'affaire Viguier, je n'ai fait que ce dont parlait PB dans son papier d'il y a un an, lire à ce propos tout ce qu'ai pu lire, chose qui ne semblait pas l'empêcher de prétendre nous donner son avis... j'ai alors pensé, à l'image des professionnels en charge d'y faire la lumière, qu'un faisceau de présomption planait sur la brillante cervelle - prenez-en de la graine vos arguments battent souvent de l'aile.
Vous devriez leur dire aussi qu'ils ont eu tort de penser comme l'ont fait, comme votre copain Szpiner l'a fait, et comme on continue de le faire, au vu des faits dont avons eu connaissance.
D'ailleurs, votre œdème sait bien qu'il n'a rien fait pencher du tout, que c'est l'inutilité d'une peine qui se fût surajoutée à celle déjà endurée par les enfants, qui a emporté le morceau, sept heures plus loin.
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 22 mars 2010 à 12:33
Aïssa, vous avez raison sur cette funeste tentation qu'il y a à donner un avis dénué de tout fondement sur une affaire dont on ne connaît rien. Parler pour ne rien dire.
S'agissant de l'accusation, je crois que le propos de Philippe englobe les deux audiences et l'incohérence de l'accusation dans cette globalité.
Je crois que Philippe est un des rares avocats généraux à accepter l'idée que requérir un acquittement ne constitue pas une humiliation pour le parquet. Le problème ici est l'incohérence du parquet entre la première et la deuxième audience. Si le parquet avait des doutes sur la culpabilité de M. Viguier, pourquoi faire appel du premier verdict qui consacrait le doute ? S'il voulait requalifier, que ne l'a-t-il fait. Si le procureur général ne doutait pas, il lui fallait alors désigner un autre magistrat pour soutenir la certitude d'une accusation.
Toujours est-il que rien n'est plus insupportable qu'un ministère public qui ne prend pas ses responsabilités : c'est le ministère public qui poursuit. Il doit donc avoir une certitude sinon, on ne poursuit pas. Soit la certitude du doute, et il requiert l'acquittement sans barguigner, soit la certitude de la culpabilité, dans le cadre d'une qualification précise. Ici nous avons eu un avocat général qui pense que M. Viguier est coupable mais qui ne sait pas de quoi au juste. C'est maigrichon comme éthique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 22 mars 2010 à 12:16