Je me souviens de Roger Gicquel. A la fois éditorialiste et présentateur sur TF1, il a, durant les années 1970, régné sur l'information. Sa belle voix grave n'était pas qu'une voix : elle donnait le "la" à une vision de la société et de la politique partagée entre subjectivité orientée et neutralité apparente.
Je me souviens de son propos introductif : la France a peur, au mois de février 1976, après l'assassinat du petit Philippe Bertrand par Patrick Henry (Le Figaro, Le Parisien, nouvelobs.com). Dans l'instant, l'opinion publique, saisie d'horreur devant cette tragédie criminelle, s'est sans doute sentie profondément comprise par Roger Gicquel qui avait donné la mesure qui convenait à cette catastrophe.
C'est plus tard qu'il a été critiqué et qu'on a mis en cause cette annonce paraît-il mélodramatique.
L'étonnant est qu'alors cette "peur" de la France ne représentait pas le sentiment dominant. La France n'avait pas "peur" car pas une seconde on ne pouvait imaginer que ces crimes atroces, exceptionnels étaient susceptibles de s'inscrire dans notre familiarité. Paradoxalement, l'horreur du fait l'éloignait de la vie quotidienne et on n'avait pas "peur" comme devant des agissements à la fois traumatisants et possibles. Roger Gicquel aurait dû commencer par : la France est sous le choc ou la France est indignée. L'une ou l'autre de ces expressions aurait été plus exacte mais il est sûr que cette "peur" invoquée mettait davantage d'angoisse dans les foyers. Ce n'était pas Fenêtre sur cour mais Vies sur crime.
Il me semble aussi qu'il n'y avait rien de honteux, pour cet emblématique présentateur, à assumer avec vigueur et émotion ce drame qu'on croyait unique, comme chaque tragédie qui frappe l'imagination. La criminalité, au paroxysme, n'est qu'une suite malheureusement encombrée de crimes espérés singuliers. Roger Gicquel, s'il n'était pas la voix de la France, selon la conception du président Pompidou qui désirait une télévision "officielle", avait tout de même pour mission d'incarner dans son propos le dénominateur commun aux téléspectateurs de TF1, qui était en l'occurrence une stupéfaction courroucée. Une incrédulité et une colère.
Aujourd'hui, si on veut bien admettre le droit de généraliser à partir d'une transgression capitale, j'incline à penser que la peur exagérée d'hier pourrait être invoquée. Je ne sais pas de quand date la montée des peurs individuelles, de la peur collective. De l'angoisse éprouvée par chacun devant les risques, de la méfiance à l'égard d'autrui, de la certitude que des menaces pèsent en permanence sur nos existences, de la crainte quotidiennement ressentie devant la délinquance - indirecte mais si présente à cause des médias ou directe quand elle est venue frapper en plein coeur notre tranquillité ou qu'elle rôde tout près de nous. Elle est tellement étrangère à ce qu'on est devenu, cette société de confiance dont le rêve n'a pu être cultivé qu'en dehors des temps de crise. Le principe de précaution, l'hésitation devant la moindre avancée dont les effets ne seraient pas mécaniquement garantis, la volonté absurde de suivre la criminalité à la trace en opposant une loi à chaque nouvelle déchirure, l'obsession, même pour le défendre, de faire du citoyen une victime virtuelle, l'importance donnée, dans le champ politique, aux débats sur la sécurité et sur la justice ont peu à peu composé un paysage marqué par la peur, comme une énorme verrue au milieu d'un visage.
Je ne dis pas, loin de là, que ces peurs singulières et/ou collectives sont absurdes : mille événements, la crise, les tensions de toutes sortes, les délitements au quotidien, une gouvernance de plus en plus discutée les justifient largement. Il n'empêche que pour avoir voulu démontrer que l'insécurité n'était pas une illusion mais une déplorable réalité, on s'est laissé aller à pousser trop loin la démarche contraire. Il conviendrait de tenir la balance égale entre le souci politique de la paix publique, de la sauvegarde des uns et des autres et une conception démocratique laissant de l'air, de l'espace, de la liberté à tout ce qui n'est pas sécurité et qui est l'essentiel.
La France, aujourd'hui, a peur. Roger Gicquel ne se tromperait pas en le proclamant. Mais la France, sur ce plan, a-t-elle forcément raison ?
Il serait bon de rappeler que si Gicquel disait "La France a peur", c'était pour justement inviter chacun à combattre ce sentiment de peur.
Rédigé par : professeurtournesol | 16 mars 2010 à 17:49
@- Jean-Yves Bouchicot
"(Sir John Gielgud dans Providence, Alain Resnais)"
Rédigé par: Jean-Yves Bouchicot | 12 mars 2010 à 07:18
_________________________________________
Citer l'immense John Gielgud sur la place du marché de Babaorum, fallait le faire ! Bravo !
Rédigé par : Savonarole | 12 mars 2010 à 08:28
Mon cher Philippe, si toutes sortes de peurs se manifestent ainsi, c'est aussi parce que nous sommes gouvernés par des gens qui nous vendent de la peur, après nous avoir vendu notre ego, l'eau que nous buvons et l'air que nous tentons de respirer. "Le Monde appartient aux marchands qui ne savent même plus ce qu'ils vendent".... Gouvernés par la Peur ?
"Je ne connaîtrai pas la peur. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération de l'âme. J'affronterai ma peur, je me laisserai traverser par elle, je me retournerai sur son passage, et quand elle sera passée, ce qui restera, ce sera moi." Frank Herbert.
"Un bourgeois, c'est quelqu'un qui refuse de voir disparaître ou changer les valeurs sur lesquelles il s'est construit"... (Sir John Gielgud dans Providence, Alain Resnais)
Amicalement. J-Y. Bouchicot
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 12 mars 2010 à 07:18
Lorsque l'on prend le ton du docte penseur qui voit les choses de loin et de haut il faut tout de même un peu de sérieux. Ce que l'on attend habituellement d'un magistrat, surtout s'il n'est pas encore "tombé en politique" Cf. "post" citant Eva Joly.
Ainsi à propos de Roger Gicquel, qui a été un journaliste courageux à une époque où la plupart des ses collègues et quelques magistrats soulevaient la moquette en rasant le sol, il ne faut pas faire de contresens au risque de salir sa mémoire.
Il dénonçait la peine de mort et le risque du lynchage, et pour preuve on ira voir ceci sur INA.Fr :
http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAA87014358/plateau-roger-gicquel-la-france-a-peur.fr.html
J'ai parfois l'impression que certaines fonctions tendent à rendre leurs titulaires confits et suffisants, pas tous, non... "ils n'en mourraient pas tous, mais tous étaient touchés..." C'est juste un autre mal qui guette aujourd'hui les courtisans.
Rédigé par : Jean Monge | 11 mars 2010 à 17:30
Merci Pierre-Antoine pour vos précisions concernant les balises HTML.
Rédigé par : Achille | 11 mars 2010 à 07:40
en l'absence de toute preuve matérielle de sa culpabilité.
Cyril, 10mars 22h:32
Je ne voudrais pas passer pour le croquemitaine de service, mais il me semble que Ranucci a désigné l'endroit où les gendarmes ont retrouvé ce qui semblait être l'arme du crime...? Etait-ce suffisant pour l'envoyer à l'échafaud, probablement pas, mais son innocence n'était pas d'une folle clarté non plus.
Quant à l'abrogation de la peine de mort, qu'avais saluée en son temps, je constate que s'y attaquant sans s'attaquer vraiment aux conditions de détention, on a sauvé quelques assassins en laissant se suicider pas mal (bien plus nombreux) de plutôt braves types pas fondamentalement vicieux ni irrécupérables, juste pris dans, ou sottement séduits par, des mécaniques sociales malveillantes et nuisibles ; je ne suis pas sûr que ce faisant on ne se soit pas détourné des meilleures causes.
AO
Rédigé par : oursivi | 10 mars 2010 à 23:26
Monsieur Bilger, étant un juriste de formation et un praticien du droit, eu égard à ma profession je m'intéresse tout naturellement à l'institution judiciaire de notre république.
Je vous connais comme homme assez médiatique, éminent magistrat, je vous ai écouté, parmi d'autres, tout récemment sur France Culture débattre sur le projet de suppression du juge d'instruction.
C'est ainsi que je m'intéresse à votre blog.
J'ai lu votre article ainsi que quelques commentaires, dont certains évoquent des affaires qui ont marqué à jamais l'histoire de la Justice française (l'affaire Patrick Henry, l'affaire Ranucci, exécuté la nuit du 28 juillet 1976 à 4h 13 à la prison des Baumettes à Marseille, l'affaire Mis et Thiennot, Seznec, l'affaire Gregory) et la peine de mort a été évoquée.
Je reviens sur l'année 1976 qui, outre étant celle de ma naissance, est une année judiciairement très marquée par ces deux affaires criminelles que sont l'affaire Patrick Henry et Ranucci, je rappelle néanmoins que le crime qui a été reproché à Christian Ranucci a eu lieu durant l'été 1974, à savoir le meurtre d'une petite fille de neuf ans, Marie-Dolorès Rambla, et c'est en 1976 que Christian Ranucci a été jugé, procès qui a eu lieu pour ainsi dire lors de l'éclatement de l'affaire Patrick Henry, et s'en est suivie son exécution en juillet de la même année.
Il y a, me semble-t-il, quelque chose de très paradoxal dans ces deux affaires. Patrick Henry passe aux aveux, le cadavre du petit enfant ayant été retrouvé sous son lit, et il a échappé à la peine de mort, eu égard à une plaidoirie d'anthologie de Maître Badinter, aidé de Maître Bocquillon pour prendre sa défense, et puis Christian Ranucci qui est passé aux aveux, pour se rétracter par la suite, et qui a été condamné à la peine capitale, en l'absence de toute preuve matérielle de sa culpabilité.
Un coupable certain, un meurtrier a échappé à la peine de mort et l'autre, probable innocent ne l'a pas été.
Je m'adresse maintenant à vous Monsieur Bilger, à l'Avocat Général que vous êtes, et puis à l'homme que vous êtes, que pensez-vous de la peine de mort ?
La trouvez-vous juste, eu égard à certains crimes ?
L'auriez-vous requise à certains des procès auxquels vous avez assisté, dans l'hypothèse où elle n'aurait pas été abolie ?
Rédigé par : Cyril | 10 mars 2010 à 22:32
@Ludovic & ceux que ça intéresse
En langage html, utilisé en arrière-fond sur ce blog, utilise des balises.
Ce sont des signes que l'on met entre < et >
<*b>met en gras une phrase <*/b*>
<*i>la met en italique<*/i>
j'ai rajouté exprès * dans les exemples pour qu'elles apparaissent.
si on met et ferme ces deux balises on écrit en gras italique.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @ Ludovic | 10 mars 2010 à 22:14
Rédigé par: Savonarole | 10 mars 2010 à 18:34
Vous, même sans pierre, peu de chance que n'engraissiez les poissons.
AO
Rédigé par : oursivi@Savonàrôle | 10 mars 2010 à 20:53
@Oursivi
Pour trouver le coupable, il faut faire comme les Vikings : on attache le suspect à une pierre de 400 kilos et on le jette à la mer.
S'il remonte à la surface, c'est qu'il est innocent.
Rédigé par : Savonarole | 10 mars 2010 à 18:34
@Pierre Antoine,
Je suis bien ignorant mais je ne sais pas ce que sont les balises que vous évoquez, remarquez ça m'évitera d'en ouvrir par mégarde.
@M. Bilger,
merci pour ce retour à la version habituelle du blog, finalement j'ai aussi un côté conservateur.
Rédigé par : Ludovic | 10 mars 2010 à 18:23
Rédigé par: Somjen | 10 mars 2010 à 15:32
Désolé Achille, mais je viens encore de lire des monceaux d'âneries, lisibles via la référence que j'ai recopiée ci-dessus.
Ces propos me rappellent ceux de Spizmachin à l'encontre de notre hôte. Sauf que ce n'est plus atavique, c'est cosmétique capilogénétique enthousiasmo collaboristique, que les confondus le sont.
Drôlatique si n'était pathétique que de constater que nos contemporains n'ont de porains que le nom.
Voilà un Mr qui s'emballe d'une subornation de témoin des plus anodines, un Mr Hugo, le mal usé, prêt à envoyer bouler la rationalité parce qu'un amant d'une femme d'un mari aux multiples maîtresses (ça y est, je l'ai perdu !) a eu la curiosité de venir s'assurer chez cette femme (ça y est, avez raccroché ?) qu'elle n'y était pas maintenue contre son gré, amant qui ne sut ni voulut confesser la maladresse de son acte - on en voit les conséquences aujourd'hui - pourtant bien anodin et eu - fait moins anodin - la folie de vouloir convaincre la nurse de n'en rien dire,
un monsieur Hugo donc, qui confond la proie pour l'ombre et lâche les faits profonds, les certitudes, pour des maladresses certes bien stupides et pénalement répréhensibles, mais qui ne modifient en rien les fondamentaux...!
Quels sont-ils ?
Un amant qui à en croire tous les témoignages (pas tous sous son contrôle, ou alors c'est un cas et même un cador) aimait sa belle et n'avait pas un commencement d'intérêt à la supprimer (ce qui ne veut pas dire qu'il n'aurait pas un fond de folie furieuse passée jusque là des plus inaperçue, mais en repousse la probabilité du côté d'epsilon), là où le mari cocufiant et cocu semblait en avoir davantage.
De la chronologie des déclarations et des inquiétudes maintenant.
Qu'un mari ne s'inquiète pas pendant trois jours de la disparition de la femme qui vit sous son toit laisse tout de même songeur, comme le fait qu'il fasse anéantir le canapé où celle-ci dormait peu avant sa disparition, comme ses aménagements d'emploi du temps dans les heures qui suivirent la dernière apparition de l'épouse.
Je ne retiendrai pas les allégations quant à son caractère, elles me paraissent à peine moins futiles que celles pathéticomiques lues sous le clavier d'Hugo, ce sont les mobiles et faits qui sont intéressants.
Qu'on ait trouvé des choses compromettantes pour le mari après le passage caché de l'amant eut désormais chargé l'amant, qu'on n'ait rien retrouvé prouve au contraire qu'il n'avait d'autre mauvais coup à faire que de venir en des lieux où n'était pas le bienvenu pour voir de ses propres yeux, ce qu'il a fait probablement sans malice, chose qu'il a cachée avec malice et maladresse, cette fois.
De plus, l'état d'abandon dans lequel se trouva la nurse lors de ses confessions laissent peu de place à la possibilité qu'elle ait encore caché d'autres faits.
Ainsi, si elle était, comme les comptes rendus de presse sérieuse en attestent (oui JD, je me contente de lire, je n'ai pas mené l'enquête), proche de la victime, elle n'aurait pas fait confiance à celui qu'elle aurait perçu comme une menace à son amie, au point de le laisser entrer chez ses "patrons" et de lui faire confiance quant à la façon de présenter les choses (là à tort, bien entendu).
Je me demande comment, à en croire le témoignage de Pascale Robert-Diard, EDM pouvait-il être si sûr de lui que d'interroger avec cet aplomb cette fille finalement prompte à craquer, était-ce du bluff, avait-il eu vent de rencontres récentes entre ces deux comploteurs à la gomme, les avait-il fait suivre, avait-il des indicateurs locaux, ou juste du flair ?
Lisez-moi bien, je ne sais si Viguier a tué ou non sa femme, mais les faits mentionnés peuvent largement le laisser supposer.
Me revient l'affaire d'Escoire, où G Arnaud fut acquitté grâce à la démonstration de Maurice Garçon qu'une très habile manipulation d'un des volets pouvait amener qu'il fût ouvert ou fermé de l'extérieur. Cela suffit à immiscer assez de doute, alors qu'à en croire les comptes rendus la bonne fut tuée "proprement" là où la tante honnie fut charcutée de je ne sais combien de coups de serpe, comme si la rage avait été bien canalisée pour celle-là et incontrôlable contre une autre, ressemblant fort à l'explosion d'une accumulation de frustration-haine par beaucoup constatée.
Je ne sais ce qu'il faut penser (littérairement rien de bien, je vous l'accorde) des propos de GdVillier quant aux confessions qu'Arnaud lui aurait faites un jour de complicité, seuls sur des hauteurs (avec un h!), dominant Alger ; mais, je me demande quel intérêt il eut à mentir à propos de quelqu'un qui lui semblât si proche.
AO
Rédigé par : oursivi@Hugo | 10 mars 2010 à 18:11
Le casier judiciaire d'Ali Soumaré est vierge, semble-t-il selon son extrait n°2.
Un commentaire suite à votre billet du 22 février dernier intitulé "Le candidat" ?
Rédigé par : schnorchel | 10 mars 2010 à 18:07
@ AO
L'avantage de la modification du blog c'est que les commentaires apparaissent en ordre chronologique inverse, les plus récents au début. Cela évite d'ouvrir toutes les pages pour aller lire le dernier.
Moi ça me convient bien.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 10 mars 2010 à 18:02
@Achille
Vous avez ouvert la balise pour mettre en italique, mais vous ne l'avez pas fermée.
pour la fermer il suffit de mettre la même balise à la fin du passage et de rajouter / avant le /i entre < >
Je suis obligé de les séparer pour l'exemple sinon mon exemple sera invisible comme l'est une balise html
Et comme vous ne l'avez pas fermée c'est probablement pour ça que tous les commentaires qui suivent sont en italiques.
Rédigé par : Pierre-Antoine ferme la balise à Achille | 10 mars 2010 à 17:58
Rédigé par Madame ou Monsieur Somjen le 10 mars 2010 à 15:32
Merci pour le premier paragraphe de votre commentaire qui restitue le contexte de cet horrible fait divers datant de 1976.
Toutefois, mefions-nous des amalgames et gardons-nous d'etablir des paralleles surtout lorsqu'il s'agit d'une affaire en cours... sans doute deja trop mediatisee.
De plus, peut-on vraiment serieusement comparer les physionomies ?
Quant a "l'intime conviction" via le prisme deformant des medias, c'est en ce qui me concerne un trop gros pari.
Rédigé par : Valerie | 10 mars 2010 à 17:20
A l'epoque l'assassin (avant qu'il ne soit demasque) avait eu droit a son passage tele et on avait pu apprecier son apparence bien presentable, propre sur lui, blond et rose a souhait... et c'est peut-etre ca aussi qui a fait peur a la France.
Un jeune homme (type "gendre ideal" bien de "chez nous") non seulement capable d'un tel projet mis a execution mais de surcroit dote d'un cynisme allant jusqu'a laisser esperer a des parents devastes que leur enfant etait toujours en vie.
Je me souviens de ce fait divers tragique ayant aneanti ce bel enfant qui pourrait peut-etre aujourd'hui discuter parmi nous s'il n'avait ete massacre par un individu manipulateur.
Paix a l'Ame de Monsieur Gicquel sans oublier celle du petit Philippe Bertrand.
Rédigé par : Valerie | 10 mars 2010 à 16:53
Intime conviction ou fiction ?
« La France a peur ». Avec la disparition de Roger Gicquel vient d’être évoqué le meurtre du petit Philippe Bertrand enlevé le 30 janvier 1976. Dès le début de l’enquête, Patrick Henry, l’assassin, s’est posé en auxiliaire de la police, venant spontanément aider la police voire tenter d’orienter les investigations, multipliant les interventions auprès des médias, proclamant l’immensité de son indignation devant l’horreur d’un tel crime et sa compassion à l’égard de la famille, réclamant la peine de mort contre le bourreau d’un enfant… Le corps du petit Philippe Bertrand devait être trouvé étranglé sous le lit d’une chambre louée pour l’occasion par Patrick Henry, cet auxiliaire zélé des enquêteurs.
S’agissant de la disparition non élucidée de Suzy Viguier, le comportement d’un des témoins, l’amant, appelle un parallèle avec les agissements de Patrick Henry. Cet individu qui avait toute latitude d’attirer la victime où il souhaitait, si empressé à aider la police, à la maintenir dans ses investigations sur un lieu du crime désigné par lui et sur lequel il lui était possible d’intervenir, ne se désigne-t-il pas comme suspect manifeste ? Sa jubilation dans son témoignage accusateur, lors du premier procès, ne peut qu’accroître les soupçons à son encontre. Et ne voilà-t-il pas que s’avère une manipulation de témoin…
Si rien n’est encore certain, mon intime conviction est établie. De plus je verrais une physionomie vaguement ressemblante à celle de Patrick Henry… Je pense que sont à présent nombreux ceux qui se félicitent de l’appel du ministère public, espèrent que le procès actuel sera rapidement clos, et que s’annonce un troisième procès avec le véritable coupable qui dans les jours prochains aura craqué… Du procès en cours, je n’ai que des échos, ceux que m’envoient les médias, mais des échos qui me feraient croire à un fonctionnement parfois aussi sérieux que serein de la justice.
Rédigé par : Somjen | 10 mars 2010 à 15:32
Avec ces changements de version, le blog de PB n'est plus un blog in, c'est un blog upside down, on ne sait plus s'il faut monter ou descendre pour suivre les échanges, des commentaires apparaissent disparaissent, passent en italique, c'est le train train fantôme par ici.
AO
Rédigé par : oursivi@pb | 10 mars 2010 à 12:29
En tout cas, la France du procès ne fait pas peur aux étudiants de japonais de 3ème année à Paris-Diderot. A visionner, même si on ne comprend pas le japonais, ça vaut le coup d'oeil : http://www.youtube.com/watch?v=A9nLLkNOvYQ
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 mars 2010 à 11:32
Il semble que ma maîtrise des balises HTML laisse à désirer.
Je voulais mettre en italique la phrase que l'on prête à André Malraux suivante : "Le XXIème siècle sera mystique (ou religieux) ou ne sera pas".
Rédigé par : Achille | 10 mars 2010 à 10:48
Monsieur Bilger, comme dans les régimes amaigrissants votre blog se modifie de jour en jour. Vous nous faites yoyoter... même de la touffe !
Vous êtes revenu à une largeur plus raisonnable. C'est mieux en effet. Surtout lorsque des commentaires sont particulièrement développés...
Toutefois, je m'autorise aussi une suggestion. Il serait bien, puisque vous permettez des commentaires tardifs sur d'anciens billets, qu'une seconde colonne soit ouverte, comme "commentaires plus anciens", par exemple, pour les indiquer.
En effet, lorsque votre thème du moment est "productif" en réactions, celles qui apparaissent pour vos plus anciens billets, se trouvent fort souvent avalées et ignorées de vos lecteurs du moment.
A compter du dixième ? onzième... ?
Il n'y a pas si longtemps, vous avez eu des commentateurs pour des billets d'il y a une année voire plus. Il est dommage de les zapper !
Toute réaction est intéressante à lire.
Rédigé par : Hé ! lecteur | 10 mars 2010 à 10:34
Achille, je ne saurais trop vous conseiller cet article "d'Arrêt sur images" :
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2811
qui confirme ce qu'écrit plus haut Jean-Dominique Reffait.
Gicquel disait qu'il ne fallait pas céder à cette peur, car elle menait à la vengeance(?), à la haine.
Par ailleurs, il était, contrairement au FN (et à Zemmour...), contre la peine de mort.
Rédigé par : Herman | 10 mars 2010 à 09:22
Je remercie Jean-Jacques Bernardini du lien sur mon blog et du sourire printanier qu'il a provoqué. D'autant plus que j'avais dessiné un clin d'oeil à la célèbre tirade de Roger Gicquel par un poème de Maurice Carême, tirade où je reprenais le poème du Nouvel an où je lui souhaitais bonne année ; ça lui a été fatal. A l'avenir je m'abstiendrai.
Rédigé par : bdfromars | 10 mars 2010 à 09:05
"La France a peur". La vraie raison d'avoir peur, et c'est pourquoi cette phrase malheureuse est restée dans les mémoires, c'est qu'elle a conduit à la condamnation, et à l'exécution, d'un innocent probable, Ranucci. Condamnation dont le bien-fondé n'avait alors pas convaincu, et tellement douteuse qu'elle contribuera de façon décisive à l'abolition de la peine de mort en France.
S'il y a toujours une raison en France d'"avoir peur", et c'est pourquoi cette phrase reste d'actualité, comme on le constate, c'est par le refus diabolique et obstiné de la justice de faire son aggiornamento sur les affaires qui ont laissé dans ses placards des cadavres qui puent : Seznec, Mis et Thiennot, Ranucci et tant d'autres...
Revoyez donc, Messieurs les magistrats, le film "Le glaive et la balance". Il reste, lui aussi, d'actualité.
Rédigé par : Hugo | 10 mars 2010 à 08:56
Vous nous dites : « Hier c'était la religion qui servait de support à la peur, aujourd'hui, ô retournement ironique, c'est la science ».
Certes la science nous alerte sur les différents fléaux sur le point de s’abattre sur nous : dégradation des conditions climatiques, épidémies de grippe, etc. Toutefois la religion est un fléau qui est toujours bien présent et nous pouvons le constater en de nombreux points de ce monde et notamment en France où les conflits communautaires sont de plus en plus fréquents. On prête à Malraux la phrase prophétique suivante : « Le XXIème siècle sera mystique ou ne sera pas ».
Je ne serais pas loin de penser que la religion est devenue aujourd’hui le pire des fléaux.
Rédigé par : Achille | 10 mars 2010 à 08:54
Philippe, vous avez encore récemment moqué les gens qui, comme moi, pensent qu'il y a plus de sentiment d'insécurité que d'insécurité réelle. Vous infléchissez cependant le discours aujourd'hui. Non pas que l'insécurité ait disparu, ce qui n'a jamais été proclamé, mais le sentiment d'insécurité submerge, comme je le dis depuis bien longtemps, l'insécurité réelle.
Nous attendons désormais les statistiques de la délinquance comme l'indice des prix. Et nombre de ceux qui commentent ces chiffres n'ont jamais vu un voleur de leur vie. La création en 2003 de l'Observatoire de la délinquance, confié au funeste Alain Bauer, est une illustration de cette organisation stratégique de la peur. Non pas que le recueil et l'analyse de données sur la délinquance soit inutiles, il y a même l'Institut des Hautes Etudes de Sécurité qui est là pour cela, mais l'un des objectifs de l'Observatoire de la Délinquance est de communiquer vers le public. Si j'entends bien que les autorités publiques ont un besoin évident d'informations en la matière, ce que faisait l'INHES, je suis moins convaincu de l'absolue nécessité de balancer des chiffres dans le public, commentés par le terrorisme matois de Bauer sur tous les plateaux télé.
Nous sommes ici face à une idéologie de la peur qui consiste à faire croire, au moyen de la loupe médiatique, qu'une menace lointaine est toute proche. Parce que nous touchons au taquet des libertés possibles dans une société organisée, il faut permettre d'étendre le champ de l'organisation en faisant reculer celui de la liberté. Principe philosophique qui voudrait que la liberté ne serait que l'ignorance des causes qui nous font agir, ce qui induit que l'homme voulant connaître les causes pour en assurer l'effet certain est amené à abolir l'ignorance des causes et la liberté qui va avec.
La mécanique sociétale serait ainsi tel un engrenage. Chaque roue de l'engrenage dispose d'un peu de jeu dans celui-ci. Hier, on comptait ce jeu en millimètre, on exige aujourd'hui de le réduire au nanomètre. Car il ne faut pas que l'engrenage grippe, que la dent d'une roue casse en raison d'un jeu trop important. L'homme, depuis qu'il se tient debout, est obsédé par la réduction des incertitudes mécaniques de la société : il organise et sur-organise. Le monde d'Orwell n'est pas une menace, oh non, c'est l'idéal rassurant d'Homo sapiens qui abolit sa peur.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 mars 2010 à 23:55
Si j'avais gardé tous mes livres, je crois que j'en serais à 20 ou 30 000 … Par contre, je n'ai chez moi qu'un seul film en DVD, c'est Règlement de compte à OK-Corral. J'adore ce film, je ne sais pourquoi, la musique peut-être, Wyatt Earp, ce foutu dentiste Doc Holliday, les Clanton … C'est vieux pourtant … Règlement de compte à OK-Bilger … Elle est pas mal, celle-là … Le clan Dingli contre le clan Reffait … Je me garderai bien de prendre parti, c'est qu'on devient prudent quand on vieillit, j'approche la cinquantaine, une sorte de miracle après mes péripéties … J'aspire à la quiétude bourgeoise, mes pantoufles, mon peignoir épais, le chauffage central … Si j'avais une petite rente, ce serait parfait … Je me garderai bien de prendre parti sauf, sauf … cher Jean-Dominique, je ne connais qu'assez la nature humaine pour être cet humaniste vociférant que vous croyez. Votre description de ma personne est par trop simpliste … Malgré vos rhétoriques souvent belles et d'apparence précises, vous manquez en vérité de profondeur … Je m'éloigne, vous êtes encore contre le clan Dingli …
Cher PB, vous avez tout faux. Croyez-vous réellement qu'aujourd'hui la France a peur? Je vous affirme tout le contraire et pour cela vous engage à simplement observer autour de vous … Que voyez-vous? Une Police qui n'ose plus entrer dans certains quartiers; une Justice où les magistrats sont moqués voire insultés en audience par même le plus adolescent des justiciables; une Prison qui n'effraie même plus les enfants; une Administration générale qui n'en peut d'affronter chaque jour des administrés de plus en plus nombreux et vindicatifs; une Ecole qui n'en est plus une où les écoliers imposent leur rythme et leurs «leçons» aux maîtres; un Hôpital sommé par les malades et leurs famille de guérir voire d'empêcher absolument de mourir; une Psychiatrie où se sont les soignants et les médecins qui fuient et prennent des tranquillisants, harcelés et attaqués de toutes parts (la gériatrie, je ne l'évoque même pas ...); un Etat méprisé, bafoué, provoqué depuis sa base (saccage d'une Sous-Préfecture) jusqu'à son sommet (Salon de l'Agriculture 2008/ «Me touche pas! tu me salis!...») infligé en direct au Président de la République par un populo (dixit Imbert) … Où voyez-vous en tout cela (et j'en ai omis, vous le devinez bien ...) que la France a peur? Ou alors il s'agirait de la France des Institutions? Auquel cas, nous serions à mille lieues de cette peur populaire à laquelle faisait référence Roger Gicquel dans son introduction à ce fameux journal de 1976 … Voyez plutôt comme les choses se sont inversées en à peine une trentaine d'années … De même, puisqu'alors dans ce journal de Gicquel il s'agissait du meurtre du petit Philippe Bertrand dans les conditions que l'on sait (on se souvient de cette foule massée aux grilles du Palais de Justice de Troyes réclamant non Justice mais vengeance, et derrière elle, invisible aux caméras mais bien présente en réalité, on savait la France entière hurlant ainsi, depuis le quidam quelconque jusqu'au ministre de l'Intérieur (Poniatowski) …); voyez encore comme en même pas une décennie cette même France, entretenue autrement par ces mêmes Médias de masse, se régalait et jusqu'aujourd'hui encore du feuilleton sinistre de l'assassinat de cet autre petit enfant Grégory … Quelles conclusions tirer de tout cela? Que la France a peur? Certainement pas. Qu'elle n'a pas peur? Certainement pas également. Je ne sais, je suis comme beaucoup, j'essaie de comprendre … Souvent, l'espoir me vient que la vieille fibre révolutionnaire française, celle qui fit les Droits de l'Homme, celle qui fit même la Commune, n'est pas -n'a jamais été- étouffée, morte. Mais comment concilierai-je ce grand esprit français révolté avec, par exemple, cette attitude d'hier où ici à Epernay, petite commune paisible pourtant, au coeur des plus belles vignes du monde, un policier, un simple policier en tenue, lors d'un simple contrôle routier, se voit la tête fracassée par une pierre (une roche même) jetée sur lui par un jeune quelconque de ce quartier? Je ne le puis. Alors, que faire? Ou plutôt, non: Que penser? Que croire? Ce n'est pas évident …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 09 mars 2010 à 23:07
Je suis d'accord avec cet équilibre que vous évoquez. Mais je crois que cette peur, si elle ne tourne pas à la panique et ne submerge pas tout, peut se révéler salutaire. Le stress, la peur, l'angoisse, quand ils ne dépassent pas un certain seuil, sont des signaux d'alarme permettant aux êtres vivants de survivre. A trop forte dose cependant, ils submergent l'appareil mental et ont un effet dévastateur. Il en va probablement de même au niveau collectif. A partir de ce rappel on peut débattre au cas par cas. Je considère, vous le savez, que le principe de précaution constitue une avancée importante pour notre démocratie. Certes, là encore, et comme pour toute chose, il ne faut pas tomber dans l‘excès. Pourtant, si nous avions eu ce réflexe, il y a vingt, trente ou cinquante ans, il n'y aurait peut-être pas aujourd'hui tant de personnes en train de mourir parce que la France s'est comportée de manière irresponsable en matière d’amiante. Comme il faut regretter que la peur, même panique, ne nous ait pris alors, si elle avait pu épargner tant de souffrances, tant d'agonies dues à l‘indifférence et à l‘appât du gain. La peur ? A moins que ce ne soit juste une question de respect.
Rédigé par : Laurent Dingli | 09 mars 2010 à 21:43
Roger Gicquel était un type « sympa », son côté teckel le rendait attachant, en tout cas il n’était pas du tout du genre bidonneur qu’on a connu par la suite, ces « grandes vedettes », inamovibles du petit écran, et qui n’en reviennent pas d’avoir été débarquées un beau jour.
C’était une autre époque, de transition. Je ne me souviens pas spécialement de son « La France a peur », mais de son style un peu abrupt, nouveau, limite sans-gêne…
Je me souviens d’une dame, inspectrice générale d’administration de son état, qui n’arrivait pas à se faire à l’entrée en matière, le soir, sur la première chaîne, TF1 non privatisée, de Roger Gicquel lançant son « Bonsoir ! ».
Elle regrettait beaucoup le style de Léon Zitrone, toujours très solennel, et son « Bonsoir Madame, bonsoir Mademoiselle, bonsoir Monsieur ». Une époque s’achevait…
Oui, c’est cela. A la fin des années 70 et au début des années 80, on changeait de « style » tout en sentant confusément que ce n’était pas pour aller vers du mieux.
Mais enfin, il n’y a pas moyen de rire ou de sourire un peu ?
Tenez, pour faire venir le printemps :
http://bdfromars.canalblog.com/archives/2009/03/08/12873675.html
Rédigé par : Bernardini | 09 mars 2010 à 20:58
Je me rappelle surtout du sketch de Coluche où il disait l'air faussement triste :
"Un avion tombe dans le monde c'est sur les pieds de Roger Giquel."
Les émissions de ce journaliste ressemblaient bien trop souvent aux pages de Paris Match et de France Dimanche.
Il fut de ceux qui m'ont fait arrêter de regarder les info à la tv.
La France a-t-elle peur ?
Mais oui mon bon monsieur, elle est peureuse, pleurnicheuse la France, pusillanime, trouillarde, dégoulinante de sueur froide. La France à peur de son ombre. Une honte que c'est à en vomir.
Au risque de prendre un point godwin je dirai qu'avec cette France de pétochards on marcherait peut-être au pas de l'oie de nos jours.
Monsieur Bilger je dois dire que je joins mon écho à certains des blogueurs, la nouvelle présentation du blog est déplaisante, à mon goût.
Rédigé par : Surcouf | 09 mars 2010 à 20:26
Le jour où j'ai couvert le viol et l'assassinat d'un petit garçon de 3 ans par un homme qui enterra sa victime en se faisant aider de son fils encore enfant j'ai eu peur. Une peur profonde, violente, devant ce qu'un être humain, un voisin ou pire un proche, pouvait faire. Peut-être Gicquel avait-il voulu exprimer cette peur-là, qui submerge quand on s'approche d'une horreur que l'on n'aurait jamais pu soupçonner. Peut-être est-ce tout ce qu'il avait trouvé pour dire l'indicible. Et ce sentiment n'a rien à voir avec nos craintes quotidiennes (de se faire piquer le sac, etc, etc.) que certains exploitent pour notre bien, évidemment, au point qu'à force de voir les parapluies ouverts au-dessus de nos têtes - quand je pense au principe de précaution inscrit dans la loi je frémis - nous ne supportons plus la moindre goutte de pluie. Et pourtant, même protégés dans une caisse blindée nous n'échapperons pas à la pire des catastrophes, la mort. Et contre cette peur-là personne ne peut nous protéger.
Rédigé par : catherine A. | 09 mars 2010 à 18:54
Catherine Jacob nous dit : "La France a toujours eu peur quand il n'y avait pas vraiment lieu..., et jamais quand il l'eut fallu".
C'est peut-être vrai...
Toutefois, il est certain que le 3 août 1914, à la Gare de l'Est, il n'y avait pas grand monde qui avait peur.
Et en juin 40, "La traversée du pont de la Loire" restera un monument tragi-comique de notre peur (*).
Tous les chercheurs en "sociologie" s'accordent à épargner la presse et la télévision, pour une raison bien simple, c'est qu'ils n'y seraient jamais invités à y développer leur thèse.
Non, il est préférable de fustiger "le-bon-français-moyen-qui-vote-Front-National-because-on-lui-a-rayé-sa-voiture..."
C'est avec ce genre de philo-politique que Jospin a été catapulté dans un beffroi en 2002.
Les médias nous abreuvent de "femmes égorgées" et de "corps coupés en morceaux", c'est Halloween tous les jours.
Des Jack l'Eventreur il y en aura toujours. Ce qui donne aux Français un certain sentiment de peur, c'est la muflerie violente du quotidien..
- De ne plus pouvoir prendre le RER sans appréhension
- De craindre de se faire casser la figure pour une aile froissée.
- De voir ses enfants se faire casser la figure pour leur voler leur scooter.
C'est ça le quotidien des Français et ça fait à peine trois lignes dans les gazettes, mais c'est cela qui pèse, c'est cela le "fardeau".
Alors j'entends les clameurs des jobards : "ah mais non ! Pas moi ! Je prends le RER sans problème, je n'ai jamais de souci ! "
C'est à croire que les malfrats se ravisent dès qu'ils perçoivent que vous êtes de gauche !
(*)(voir ce chapitre dans Benoist-Méchin "60 jours qui ébranlèrent le monde").
Rédigé par : Savonarole | 09 mars 2010 à 18:18
Décidément, il est dur de poster sous cette nouvelle version. À chaque fois le message disparaît.
J'y disais que je vous découvrais fan de Mickey 3D.
http://www.youtube.com/watch?v=eeZpwcVRfwE
Le quinquennat va finir comme le clip de la chanson : tout le monde se tape dessus.
Rédigé par : Alex paulista | 09 mars 2010 à 16:42
Évidemment je pense à la chanson au même titre chantée par Mickey 3D:
http://www.youtube.com/watch?v=eeZpwcVRfwE
J'aime bien vers la fin
Marcel il fait des chaussures
en bois, c'est vachement joli les
chaussures en bois
Le clip est bien, tout le monde s'entretue à la fin.
Rédigé par : Alex paulista | 09 mars 2010 à 15:19
"la coupe pour nos joueurs.
françoise et karell Semtob"
Moi, j'espère que cela sera trois tannées et un juste retour au bercail, voilà au moins quelque chose qu'ils n'auront pas volé, qui permettra la salvatrice remise à plat que les deux matchs magiques de 2006 (France-Espagne et France-Brésil) ont empêchée.
Gagner quoique ce soit dans de semblables conditions serait vraiment salir la notion même de victoire.
Pour en revenir à la peur et non à mes espoirs, je ne suis pas sûr que le terme "peur" entendu alors était pertinent. Certes les sordides enlèvements d'enfants avaient été relativement nombreux, mais quand on songe que les accidents de la route durent atteindre leur apogée dans l'horreur en 76 (15 ou 16.000 morts je ne sais plus... combien d'enfants au milieu de ce carnage ?) on peut trouver, ou plutôt doit ou devrait, ces faits divers pourtant ô combien tragiques, bien dérisoires...
Ne s'agissait-il plutôt de dégoût ou d'horreur ?
Etonnante la carrière de cet ex steward qui devient le M. Loyal de l'actualité, tout cela sans qu'il eut une personnalité marquée, tel le fut celle de Mourousi ou PPDA. Comme si un pays avait parfois le besoin de se trouver un centre.
Quant à la peur actuelle, n'est-ce pas encore plutôt un grand malaise qui souligne, et le manque d'espoir, et surtout le manque de projet de société, plus guère de concept ne faisant plus rêver qui que ce soit. Les sociétés occidentales vivraient-elles une sorte de crise de la quarantaine ?
AO
PScript, vraiment pas terrible la nouvelle version, taper "Aperçu" et n'avoir droit qu'à un scrolling, qu'à la vision partielle de son texte, PB, pourriez pas revenir à l'ancienne version ? De plus "Envoyer" fait aussi disparaître le texte... pfff !
Rédigé par : oursivi@RG2 | 09 mars 2010 à 13:31
Roger Gicquel, pour tout dire, ne m'a pas laissé de souvenirs précis.
En fait, je ne me souviens que de Coluche parlant de lui avec bon sens et sans méchanceté.
Je me souviens d'une France où tout était possible, où les Français riaient avec Desproges, Coluche, Le Luron, G.Marchais, où l'inflation galopait et le chômage pointait son nez.
Giscard roulait bourré, invitait les braves éboueurs à partager son petit déjeuner, pendant que Badinter affûtait avec brio sa plaidoirie.
Jacques Brel vivait encore, Brassens et Férré aussi, Tino Rossi peut-être plus.
J'avais 30 ans, la vie devant moi, alors je me dis tout bas : "le temps ne fait rien à l'affaire quand on est c... on est c...!
Aussi vrai,
qu'avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souvenirs ça t'a une de ces gueules
A la galerie je farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule...
Tchao, Léo.
Mon carnet d'adresses contient un peu trop de noms disparus, ils n'étaient ni beaux ni bons, ni méchants ni laids, mais c'étaient mes amis, mes amours, mes emmerdes, excusez-moi du peu !
Rédigé par : yves.bouant | 09 mars 2010 à 11:12
Bonjour Philippe Bilger,
Il est clair que l’introduction de Roger Gicquel était comme vous dites très mélodramatique, ce qui ne retire rien, bien sûr, à l’acte particulièrement odieux de Patrick Henry.
Mais il a toujours été dans la nature de Roger Gicquel, au demeurant un présentateur de qualité, de vouloir dramatiser au-delà du raisonnable les évenements.
Coluche disait en parlant de lui : « quand un avion s’écrase c’est sur les pompes de Roger Gicquel ». Jolie métaphore qui résume bien le personnage.
Mais il est vrai que la peur a toujours été un bon thème de campagne. Le FN en joue régulièrement puis plus de 30 ans et a même fini avec ce thème "aguicheur" par accéder au second tour des élections présidentielles en 2002.
Il est bon toutefois de préciser qu’il a bien été aidé par un taux d’abstention record, effet pervers d’une grande lassitude des citoyens envers le comportement de « leurs » politiques ».
Sarkozy a réussi en 2007 à se faire élire en piquant sans vergogne le programme sécuritaire du FN, à savoir la PEUR, et surtout la peur de l’autre, celui qui n’a pas la même culture, la même religion et accessoirement la même couleur de peau.
Il en est ainsi depuis toujours. Quand on en appelle au cerveau reptilien des citoyens, on a plus de chance de se faire entendre que lorsqu’on veut faire dans le « cérébral ».
Tous les spécialistes de la communication l’ont compris : les publicitaires, les journalistes et bien sûr les politiciens. Pourquoi s’en priveraient-ils, vu que ça marche à tous les coups.
Rédigé par : Achille | 09 mars 2010 à 10:27
Ce n'est plus l'esprit scientifique qui guide la plupart des hommes mais la superstition et la mauvaise information, mauvaise parce que souvent fausse ou incomplète voire orientée selon la mode du jour.
La "peur" est cependant bonne conseillère lorsqu'elle nous alerte sur les conséquences de nos actes. Les inconséquents, eux, n'ont jamais peur !
Rédigé par : mike | 09 mars 2010 à 10:25
Et le monde tremble encore de la chute du trône de Caligula...
Rédigé par : Ludovic | 09 mars 2010 à 10:22
@PB
La France (le Français) a raison d'avoir peur !
Peur de ses institutions ! Non dans les textes, mais dans des personnes chargées de leur administration.
Peur du corporatisme, du favoritisme qui va jusqu'au népotisme, de la gabegie de l'argent public qui flirte avec la prévarication, des effets d'annonces manipulateurs d'opinion publique.
Peur d'être jeté après plusieurs dizaines d'années de bon et loyaux services par des actionnaires qui n'actionnent que leurs intérêts particuliers.
Peur d'être un jour broyé par un emballement médiatique contrôlé par le seul taux d'audience.
La France a raison d'avoir peur des réformes qui protègent plus les privilèges que les citoyens ou qui sont enterrées dans des commissions de consensus mou.
Peur de voir les espoirs de justice noyés dans les méandres d'un syndicalisme abscons.
Peur d'être broyé pendant de très longues années sans pouvoir rien faire d'autre que de subir en faisant confiance à des institutions qui font peur dans leur administration.
En voilà encore un dernier exemple :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/03/08/01016-20100308ARTFIG00662-non-lieu-general-pour-les-chefs-de-l-ex-parti-republicain-.php#longuet
L'heure de la réforme de la justice arrive. Si j'étais magistrat, je ferais profil bas.
Mais heureusement que la majorité des magistrats, à l'instar des policiers, des gendarmes, des militaires, des agents de la fonction publique et territoriale, font un excellent travail avec une conscience professionnelle exemplaire...
Sauf qu'il y a des bugs dans le potage. Et que ces bugs laisse des vies entières sur le carreau.
Moi, j'ai peur d'avoir raison d'avoir peur...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 09 mars 2010 à 10:14
Très juste.
Lorsque Roger Gicquel usait de cette expression outrancière, c'était pour éloigner cette peur dans la suite de son propos qui fut vite oublié. Si la France avait peur, elle ne devait pas céder à cette peur. Et, en incise, il faut revoir cette séquence pour constater l'immensité du terrain perdu par le journalisme à la télévision : Gicquel avait fait là un véritable édito tel qu'on ne pourrait l'imaginer aujourd'hui.
Mais aujourd'hui, oui, c'est la peur. Tsunamis, séismes au propre comme au figuré, les eaux montent, la terre se réchauffe, se dérobe, les virus planétaires menacent, les loups sont aux portes de Paris. Grandes peurs médiévales du fléau divin quand le monde paraît fini et que le moment du Jugement semble devoir s'imposer.
Hier c'était la religion qui servait de support à la peur, aujourd'hui, ô retournement ironique, c'est la science. On ne se contente plus de constater un tremblement de terre, on en prévoit les répliques sur des mois ou des années. Pas un de nous ne doit ignorer la fonte d'un glaçon de l'Himalaya et les projections mathématiques de cette catastrophe. L'insécurité elle-même se mesure en statistiques, en courbes le long d'abscisses et d'ordonnées. Planquées, cachées dans l'invisible, les nanoparticules sont prêtes à nous sauter à la gorge, à investir notre corps comme des êtres venus d'ailleurs. Les savants fous remplacent les chamanes. Les prédicateurs sont assistés d'experts.
L'homme est un petit animal craintif qui s'est éloigné trop longtemps de sa grotte douillette dans la nuit des incertitudes. Il panique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 mars 2010 à 10:08
La France a toujours eu peur quand il n'y avait pas vraiment lieu de craindre effectivement, et jamais quand il l'eut fallu.
Par ex. Je pense qu'on peut considérer la peur de l'assassin, comme ce Patrick Henry dont je n'ai pas, personnellement, de souvenir de l'époque, vu que j'étais résidente au Japon, comme la peur de cet être maléfique qui se cache sous le lit et qui, la nuit venue, en sort pour accomplir quelque forfait. Car, vous avez raison en effet d'écrire "pas une seconde on ne pouvait imaginer que ces crimes atroces, exceptionnels étaient susceptibles de s'inscrire dans notre familiarité. "
En revanche, quand la France a joué à l'apprenti sorcier dans le Pacifique, non seulement personne n'avait peur, mais tout le monde se sentait au contraire rassuré. Cette absence de crainte ayant généré une absence de précautions ADAPTEES, c'est de nos jours qu'elle commence à produire ses sournoises conséquences.
Par ex. cette jolie toute fraîche jeune mariée élevée en Polynésie et qui voit apparaître dans les jours qui ont suivi son mariage, des nodules et des taches sur son visage dont la biopsie n'est pas bonne, quand bien même on les aurait enlevé chirurgicalement. Contre ce crime là, quelle peine et quels remords?
Donc, en effet, toute la question est de tenir la balance égale entre les analyses, ainsi que d'apprendre effectivement à faire de l'analyse projective quel que soit le domaine de risques, ainsi qu'à décider des choses graves au travers d'un honnête débat avec la population, honnête s'entendant en commençant par en définir les termes vu que la plupart du temps, les gens donnent leur accord ou se positionnent dans un refus sur la base d'un emploi et d'une compréhension à vrai dire très approximatives des termes dans lesquelles ces choses se donnent.
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 mars 2010 à 08:03
Cher Philippe,
On ne baisse pas les bras !
On fait confiance...
Ca ira, ça ira...
C'est une année de réalisation pour l'équipe, pour la France. C'est la fée électricité qui avance, des routes, des investissements qui apporteront des jobs, des échanges, de nouveaux rayonnements, des écoles et ce qui serait la framboise sur le gâteau, la coupe pour nos joueurs.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 09 mars 2010 à 00:44