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12 mars 2010

Commentaires

Des Geeks et des lettres

Tolstoï regrettait sa condition de « riche » qui, selon lui, représentait une attache empêchant son esprit de s’envoler. Le parallèle avec la chanson de Brassens, Les Oiseaux de Passage, est frappante. (mon avis complet ici http://bit.ly/chVf0b )

Patrick

Cher Philippe,

Autant je vous admire pour la qualité et la justesse de vos textes lorsque vous parlez du projet de réforme de la justice ou de la liberté d'expression, autant je vous trouve extraordinairement "creux" lorsque vous tentez une analyse politique. Votre propos s'avère alors éminemment bourgeois, donc réducteur, et passe à la trappe une problématique essentielle, celle de l'existence de la lutte des classes.

Bien à vous.

Patrick

Oui Monsieur, sur l'article de Monsieur Zemmour, je veux juste vous rappeler que Paris ce n'est pas la France et si à Paris il y a beaucoup de Noirs et autres qui sont confrontés à la justice, ceci ne justifie en rien qu'un Noir soit systématiquement contrôlé à Poitiers par exemple. Je ne suis pas homme de droit mais rien que l'idée de justifier les propos de Eric Zemmour va nous mener à notre perte.

oursivi

Vu l'heure où se lèvent les postiers, leurs révolutionnaires ont forcément le couche tôt* entre les dents. Étonnez-vous après cela qu'ils marmonnent des trucs mal compréhensibles !

Robert, excellente sortie, de 12h38.

AO

* que la famille du commandant n'y voit aucune a(i)llusion, même révolutionnaire.

Alex paulista

"Il faut les prendre au sérieux, ces révolutionnaires, aujourd'hui, du verbe. Demain ?"

Ne vous inquiétez pas cher PB, ça pètera en Chine bien avant chez nous.
Il y aura du sang versé, et cela redistribuera les cartes dans le monde entier...

Valerie

Le pire dans tout ca est quand meme que ce Monsieur Badiou nous obligerait a porter les pulls affreux qu'il arbore et qui ressemblent a s'y meprendre a ceux dont on nous affublait petits au debut des annees 70 ; la prehistoire donc !

Pitie !

oursivi

PA, quelle est cette nouvelle manie de nous copier coller la trombine débonnaire (mais au regard toujours très précis) de PB à tous les coins de rue ?

A part nous convaincre que n'êtes pas camionneur, vu que ne sommes pas dans une cabine et que PB n'a rien d'une pin-up ?

Sur les propos intéressants concernant les révolutionnaires utiles ou pas, le commentaire de JDR est à peu près ce qu'on peut retenir de mieux dans ce qui méritait d'être rappelé.

Comme leur vrai visage quand la lumière ne s'est encore levée :
http://www.youtube.com/watch?v=A_pS3ddXMJw&feature=PlayList&p=C7CBA3C7AAF671C5&playnext=1&playnext_from=PL&index=68

et une fois le jour levé, cela se banalise :
http://www.youtube.com/watch?v=g5Y-wiIV_rU&feature=PlayList&p=C7CBA3C7AAF671C5&index=69&playnext=2&playnext_from=PL

AO

Robert

Votre billet, Monsieur Bilger, a suscité une très riche palette de réactions, souvent très érudites et provenant de toutes les nuances de pensée. Pour cela, merci.

Vous concluez en précisant : "De grâce, ne prenons pas la substance chaotique du monde pour une preuve de la validité de cet extrémisme dénoncé à si juste titre par Luc Ferry. Il exploite ce qu'il ne saurait résoudre mais seulement pousser au paroxysme."

Certes, si l'on se réfère à l'extrémisme d'Alain Badiou qui, une fois au pouvoir, ne serait qu'un Pol Pot bis, vous avez parfaitement raison.
Cependant, il convient de constater que le système ultra-libéral actuel, conçu par ses tenants comme l'aboutissement de l'Histoire, est en train de devenir à son tour, faute de contrepouvoir suffisant, un vrai système dictatorial, voire totalitaire, n'affichant qu'une démocratie de façade comme jadis feu le système soviétique.

Faute de se réguler et de modérer ses propres excès, il deviendra insupportable à la majorité qui ne pourra que se révolter. L'Homme révolté, avait écrit Albert Camus. Nous pourrions assister encore à de sérieuses explosions difficiles à condamner sur le fond... malgré la maîtrise de la communication et le bourrage de crâne réalisé par nombre de nos élites partisanes !

Pierre-Antoine

Ce qu'il aurait pu me dire :

"Pierre-Antoine, regardez-moi bien dans les yeux et gardez le silence, tout ce que vous allez dire pourra être retenu contre vous, j'enregistre tout ce que vous dites !"


Je ne vous crois pas capable d'une telle mesquinerie, votre sourire vous trahit :-)

Cordialement

Pierre-Antoine

Source "http://www.francesoir.fr/uploads/articles/db67871d3fbb8533d97574fb489f8a07.jpg"

Pierre-Antoine

@Duval Uzan ?

Fixer intensément le regard de Philippe sur le blog ?
Que nenni... je ne suis pas assez innocent pour ça :-)

et puis un regard rapide suffit amplement à discerner le sourire fugace qui se dessine sur ses lèvres !

Cordialement

Pierre-Antoine

Pierre-Antoine

@Catherine Jacob

Je n'ai cité que le site, pas le lien complet, mais si vous recherchez "Philippe Bilger" sur Google/images, vous le trouverez, c'est ce que j'ai fait.

Que m'a-t-il répondu ? Rien, devant de telles charges l'accusé ne peut que garder le silence...

Là... je sens que Philippe se gratte le peu de cheveux qui lui reste...
Heureusement qu'il oppose son légendaire humour à ma non moins légendaire irrévérence :-)

Cordialement

Pierre-Antoine

Marie

Le lien de la chanson de Jean Ferrat s'est volatilisé, navrée :

Dailymotion - Le bruit des bottes - une vidéo Musique

ou ce lien !

Savonarole

"Savonarole,
"Besancenot, José Bové, Eva Joly, D. Cohn Bendit, sont des "idiots utiles", ils canalisent une frange contestataire française irréductible"
Ben-Dit donc... vous pensez vraiment ça ?
Rédigé par: Herman | 14 mars 2010 à 11:56
___________________________________________
Les résultats des Régionales sont là !

-Toutefois, je concède que Besancenot n'est plus très "utile" : comment effrayer le bourgeois avec 2,4 % ?..
-Il va falloir trouver autre chose. Nouveau casse-tête pour Sarkozy...
-Nathalie Kosciusko-Morizet prévoit déjà de récupérer des votes "Europe Écologie"... Tour de Babel infernale, attelage d'ânes et de percherons.
-L'avance confortable du PS permet de se passer de la baudruche verte, dans bien des cas... Les électeurs viendront tout seuls.
-Le "coup de boule" FN pèse autant que cette écologie qui a bénéficié d'un battage médiatique hors normes (Copenhague).

Dès lors, d'ici à mardi 18 heures, dépôt des listes du second tour, les grands requins blancs vont bouffer leurs poissons pilotes.

Marie

L'article de Luc Ferry auquel vous faites référence n'est pas lisible sur le site du Figaro qui l'a bloqué. Du moins, je ne l’ai pas trouvé !

Madame Alliot-Marie joue, de son côté, la corde "du terrorisme de l'extrême gauche" !

http://lci.tf1.fr/france/societe/2008-02/alliot-marie-craint-terrorisme-extreme-gauche-4889534.html

A la veille d'élections, il faut faire peur. C'est devenu le leitmotiv des campagnes. Faire peur particulièrement lorsqu'il y a une contestation montante d'une partie du peuple…
Il faut bien lui faire croire qu'une oreille lui est attentive parfois !

On prête à Voltaire : "Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas instruit. Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu."

A Jean Ferrat la chanson ci-après.
Grand chanteur engagé, magnifique voix, que je salue. Son départ me navre infiniment.

Herman

J.D.Reffait,

Bien sûr qu'il n'est pas question pour Besancenot et Cie de passer le capitalisme par-dessus bord !
Ils revendiquent l'anticapitalisme pour enseigne, alors que leurs discours ressassent la "redistribution des richesses produites en faveur des salariés". Contradiction majeure !!!
Et puis franchement, Besancenot, comme débatteur sur les plateaux télé est excellent, mais à une tribune, ça change du tout au tout... L'impression d'un adolescent boutonneux en colère parce qu'on lui a volé sa bicyclette...
A Lutte ouvrière, c'est la même chose : dans le même discours, sur le thème de la décroissance, le tribun se réfère à l'anticapitalisme, tout en défendant un peu plus loin toutes les avancées du capitalisme :

http://www.lutte-ouvriere.org/documents/multimedia/cercle-leon-trotsky-173/article/la-decroissance-une-doctrine-qui-8962

Sinon, JD.Reffait, il y a un alter-mondialiste, que tous ces hurluberlus rebutent, il s'agit de Jean Zin, et il tient un blog :
http://jeanzin.fr/
Bon, c'est la troisième fois que je mets ce lien dans les commentaires... en espérant toutefois que certains le franchiront...

Savonarole,

"Besancenot, José Bové, Eva Joly, D. Cohn Bendit, sont des "idiots utiles", ils canalisent une frange contestataire française irréductible"
Ben-Dit donc... vous pensez vraiment ça ?

Jean-Yves Bouchicot

Ah, nous voici presque d'accord, cher Philippe ! Je m'en réjouis, à deux nuances près : je ne peux mettre dans le même sac Besancenot et Badiou. Le premier est victime du "désir d'empire" et de son mignon physique qui est censé attirer quelques kilo-électrices. Le second est un théoricien radical, mais je ne l'ai jamais entendu appeler à l'action violente (récemment, du moins). Par ailleurs, il y a dans les "papas en politique" du jeune Olivier des gens forts intéressants (Krivine, Bensaïd) mais qui, je crois, le manipulent un peu à l'insu de son plein gré. Avez-vous remarqué que quel que soit le sujet abordé, il a tendance à dire, au bout de deux phrases, "moi, dans mon bureau de Poste, je..." même si on parle culture ou armement nucléaire... Olivier Besancenot voudrait être "adoubé", pas élu, ou alors au sens de "peuple Elu" :-)
Mon problème est qu'il partage, je crois, le même dédain profond que Dominique de Villepin il y a quelques années pour les urnes et les électeurs réels : il s'estime au-dessus de ça... Cela s'appelle surévaluation de l'ego, et à un stade avancé, paranoïa... Mais pas d'angoisse : ainsi que l'explique Umberto Eco, il est ce que Lacan appelait un "Ilote de ce régime"...

Savonarole

L.Dingli et Aïssa, pour vous mettre d'accord, il faut citer la dernière phrase que Lavoisier a entendue avant d'être guillotiné :

"La République n'a pas besoin de savants !"

Catherine JACOB@Pierre-Antoine

Rédigé par: Pierre-Antoine @ Toutes et tous | 13 mars 2010 à 11:30

souce "www.metrofrance.com/_international"

"Page non trouvée

La page que vous cherchez n'a pu être trouvée. Elle a pu être déplacée, son nom modifié ou elle est temporairement inaccessible."

"N'est-il pas beau notre Philippe devant son ordinateur en train de lire nos commentaires ?
Tend-il son pouce pour dire "chapeau" ou se gratte-t-il le nez dubitatif ?"

Que vous a-t-il répondu?

Laurent Dingli

PS : Aïssa, mea culpa, mea magna culpa, je vous avais mal compris, vous vouliez dire évidemment que Lavoisier a été condamné en tant que fermier général et non que savant. Sans doute, mais n'oubliez pas la haine que portaient certains jacobins aux académies dans lesquelles ils n'avaient pu entrer en raison de leur médiocrité avant la Révolution.
J'avais oublié de dire que je ne crois pas comme vous que le lien social ne soit "rien autre que la peur que l'homme inspire à l'homme".

Laurent Dingli

Je ne voudrais pas être désobligeant en pointant une de vos erreurs (nous en faisons tous), cher Aïssa, mais le savant et le fermier général Lavoisier ne sont qu'une et même personne (vous deviez penser à autre chose). Pour le reste, vous jouez sur les mots, Aïssa, entre "le sang cimente la liberté" et "le sang a forcé la liberté". Quelle nuance subtile ! C'est sans doute en effet parce que je n'ai pas votre finesse d'analyse psychologique que je ne l'ai pas saisie. En ce qui concerne les réformes du 19ème s. vous prêchez un convaincu. Bref, je ne comprends pas très bien l'objet de votre réponse. Mais ça n'a aucune importance et, comme vous avez atteint depuis peu la sagesse (à l'approche de la cinquantaine), j'essaie de suivre votre exemple.

Valerie

Des commentaires de haute qualite !

Frédéric

M Bilger,
Vous dites M.Besancenot fasciné par la violence. Sur quel argumentaire repose votre phrase sibylline ? Serait-ce une diatribe sybarite ? A défaut d'apophtegme vous agitez le spectre du drapeau rouge. Vous désignez deux personnes comme les pires ennemis de notre démocratie. Il me semblait que les comportements clientélistes, racistes, dévoyés, carriéristes, incompétents de nombre d'élu(e)s sapaient notre démocratie. Je pense que l'homogénéité de cette caste ne représente aucunement la diversité sociétale. J'ai la fâcheuse impression de toujours voter contre une personne ou un parti, et jamais pour. Je suis toujours hésitant entre l'abstention ou un vote sanction. Tels sont les symptômes d'une démocratie d'apparat impuissante à résorber la misère humaine croissante, et dont M.Besancenot ne saurait apporter le moindre remède.
Un orphelin démocratique.

Duval Uzan

@Pierre-Antoine

Merci pour la photo mais regardez celle du blog, fixez-la quelques minutes en la regardant droit dans les yeux, et voyez qui rit le premier !
C'est toujours Philippe Bilger !
Vous finirez par ne plus savoir si c'est une photo ou une vidéo !
Faites-en l'expérience, surtout fixez-la bien et sans bouger.
Bonne chance
Duval Uzan

david

Bonjour
Le pire dans cela est que Trotsky, avant lui Lénine, plus tard Mao ... ne sont que des bricoleurs de doctrine, celle de Marx j'entends, et en admettant que le Manifeste soit une doctrine et non un essai ... Les intellectuels français de gauche portent l'épouvantable responsabilité d'avoir soutenu l'insoutenable (Staline, Mao, Pol Pot ..) tout en sachant ou ayant les moyens de savoir qu'il s'agissait de bricolage intellectuel !
Pour ce qui est de la persistance d'une extrême gauche en France, elle durera tant que l'on ne sera pas décidés à apprendre aux écoliers que la Bastille s'est rendue, que le Marquis de Sade était le Secrétaire de la section des piques sous la terreur (SM à la Conciergerie ?) et que le bonapartisme (aujourd'hui encore nous avions à choisir entre deux Bonapartismes : Ségo et Sigo) a amené la ruine de notre pays !
C'est une pure question culturelle.
Bonne journée
David

Aïssa Lacheb-Boukachache

Non plus, Laurent car vous passez de la Terreur à la fin de la Commune, c'est-à-dire un bond de 80 ans… De ce temps du XIXème siècle, vous faites fi comme s'il ne fut que massacres et injustices. C'est un peu réducteur, ne trouvez-vous pas ? Certes, si la République n'a pu être restaurée durablement qu'en 1875 (pour les raisons que vous soulevez mais celles-ci restent naturellement à discuter…), il n'en demeure pas moins qu'entre la fin de la Terreur révolutionnaire et la fin de la répression de la Commune, il y eut quand même quelques réformes et avancées politiques, démocratiques et sociales positives et significatives… La France n'a pas été durant tout ce temps dans le néant politique et social et dans la barbarie permanente. Elle n'a pas régressé scientifiquement non plus, malgré la condamnation non du savant mais du Fermier général Lavoisier… Ni en Droit malgré celle de Malesherbes… Etc. Sous Louis-Philippe, il y eut des avancées ; sous Napoléon III également. Vous faites une lecture erronée de ce que j'ai écrit. Vous faites même une lecture passionnée certes mais superficielle de l'Histoire. Les ressorts psychologiques de l'humain semblent vous échapper... Or ce sont eux qu'il faut appréhender avant toute chose. Je ne pense pas que le sang cimente la liberté, pour reprendre votre expression … Je constate (ce qui n'a jamais voulu dire -approuver-) simplement qu'historiquement le sang a forcé la liberté. Je ne crois pas à un quelconque angélisme de l'humain, qu'il soit d'une extrême ou d'une autre. C'est différent. Vous dites encore que je pense que ce serait la peur du bourgeois qui le pousserait par anticipation à promouvoir, etc. Oui et non. Non car le bourgeois n'a pas le monopole de la décision politique et sociale, aujourd'hui encore. Un représentant du Peuple n'est pas nécessairement bourgeois au sens où j'entends bien comment vous l'entendez … Et oui car comme je l'écrivais déjà en 1989 dans L'ECLATEMENT: «Le lien social (dans son essence la plus profonde et inconsciente à l'Homme) n'est rien autre que la peur que l'homme inspire à l'homme».


Aïssa.

Polochon

En France, plusieurs millions de personnes sont mal logées et plusieurs millions n'ont pas de vrai travail.
Par ailleurs on apprend que les riches sont toujours plus riches et que les bonus se chiffrent par milliards.
Cherchez l'erreur !
M. Ferry est peut-être logé par la République.
Que connaît-il de la pauvreté ?
M. Besancenot a de quoi se loger et vivre décemment, il surfe sur la misère sociale, c'est son fond de commerce. Malheureusement ce fond existe bien.

Pierre-Antoine @ Toutes et tous

@Toutes et tous...

N'est-il pas beau notre Philippe devant son ordinateur en train de lire nos commentaires ?
Tend-il son pouce pour dire "chapeau" ou se gratte-t-il le nez dubitatif ?

souce "www.metrofrance.com/_international"

Cordialement

Pierre-Antoine

souce "www.metrofrance.com/_international"

Laurent Dingli

Merci mon cher sbriglia.

Laurent Dingli

Non, Aïssa, vous faites totalement erreur, lorsque vous écrivez : "la Terreur a obligé la civilisation à la Justice pour qu'il n'y ait plus la nécessité des barbares..." Je vous rappelle que les principales avancées de la Révolution française avaient été acquises sous la Constituante, donc bien avant la Grande Terreur.
Je préfèrerai toujours la gauche de Condorcet, de Blum et de Camus à celle de Thorez, de Sartre et de Robespierre. Car c'est dans cette dernière école que vous vous rangez implicitement lorsque vous dites que la Terreur conduit indirectement au Progrès, c'est-à-dire en provoquant la peur du bourgeois et en le poussant donc, par anticipation, à promouvoir des mesures de justice sociale. Je ne le crois pas et ne le croirai jamais. Non la Terreur n'a amené que le pire et son souvenir a sans doute joué un grand rôle dans l'horrible répression de juin 1848 et dans la répression bien plus impitoyable encore de la Commune de 1871. C'est seulement après cela, près de quatre-vingts ans plus tard, que la République a pu s'installer durablement en France. Mais bon, si vous pensez que le sang cimente la liberté...
Voilà aussi ce que j'aime dans Flaubert : il n'a apprécié ni les drapeaux rouges ni ceux qui les ont fait fusiller.

Achille

Achille @Patrick Pike

Merci pour cette information qui est la marque d’une grande érudition et que naturellement j’ignorais.

Il est vrai qu’en matière de citations beaucoup sont apocryphes, ce qui ne les empêche pas toutefois d’être excellentes.

Parfois je me demande même si ce ne sont pas les meilleures...

Marie C.

Tout ce que je peux conclure de votre post, c'est que très visiblement vous avez été formé à trouver le mal partout et que vous y arrivez... Il faudrait maintenant apprendre à relativiser !!!

Jean-Nicolas G

Je me contenterai simplement de citer un vieil homme, interrogé dans la rue, plus de dix ans après la chute de l'URSS, nostalgique du temps de Joseph Staline : "chacun avait un travail et il y avait l'ordre"... Même si l'on sait les moyens avec lesquels il était maintenu... On préférera toujours le modèle d'une société où chacun pouvait avoir sa place que la société actuelle où beaucoup de personnes essaient de la trouver, y arrivent un temps, voire la perdent, le tout sur fond d'une incertitude permanente.
Dans l'hebdomadaire Marianne, une phrase avait retenu mon attention : "les communistes n'ont plus d'avenir, à l'inverse du communisme". Cela sonne bien avec le sens de votre article.

yves.bouant à Laurent Dingli

T'as voulu voir Hugo, et bien voici du Victor :
"On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe.
La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple.
Le bourgeois, c'est l'homme qui a maintenant le temps de s'asseoir.
Une chaise n'est pas une caste."

Ceci étant dit, il n'y a aucune raison de grimper au barreau de la chaise, chez vous les mots arrivent avant la raison.
Quand Marie parle avec émotion de la vieillesse, son touchant discours ne vous concerne en rien.
Vous êtes déjà vieux et éructez sans cesse.

patrons-voyous

Le pire, ce ne sont pas seulement les milliardaires.

Ce que côtoient les salariés du privé quotidiennement, ce sont aussi ces employeurs qui se sont affranchis de la hiérarchie traditionnelle (apprenti, compagnon, maître) et qui ont calqué leur comportement selon le schéma féodal : maître absolu en sa demeure, injustice...

Vous en doutez ?

lisez juste un aperçu : http://www.marianne2.fr/Le-livre-noir-du-licenciement_a92060.html

L'exemple vient toujours d'en haut.

Achille

Achille @ Marcel Patoulatchi


J’ai dû mal m’exprimer. Je n’ai jamais insinué de près ou de loin que monsieur Bilger voulait empêcher les gens de s’exprimer. En l’occurrence ce serait plutôt Luc Ferry qui, par ses propos, a clairement laissé entendre que cette « permissivité » intellectuelle était une exception française. Pas plus que je n’ai dit que j’approuvais les idées des mouvements extrémistes.
Que des intellectuels comme Alain Badiou, dont j’ai lu dernièrement le livre l’hypothèse communiste , s’expriment sur un autre système économique que celui que nous connaissons actuellement (qui est loin d’être irréprochable) me paraît même salutaire. Ça permet d’explorer d’autres horizons. Il n’y a rien de pire que la pensée unique.

Bien sûr qu’il faut combattre les idéologies qui conduisent vers un régime liberticide, mais le fait qu’elles puissent s’exprimer montre que l’on est (encore) dans un régime démocratique.

Si maintenant les partis extrémistes (de gauche mais aussi de droite) commencent à prendre une ampleur anormale dans la population, c’est qu’il y a quelque chose qui « dérape » dans le pays. Ces partis sont des indicateurs qu’il convient de surveiller afin d’apporter les corrections appropriées sur la façon de conduire le pays.

Je ne dis pas autre chose. Rassurez-vous, je ne suis pas un anar !

Achille

Achille@Catherine Jacob

« N'importe quoi ! Comme si la révolte était un agent dormant ! La révolte est un état permanent qui s'assimile à une cocotte minute. Tant qu'elle siffle ça va, mais quand le contenu commence à attacher ou qu'on en ouvre brusquement le couvercle, bonjour les dégâts ! »

Votre analogie avec une cocotte minute semble démontrer un véritable talent de cuisinière. Et je vous en félicite.

Vous dites que la révolte est un agent permanent. Je dis que c’est un agent dormant. Je ne vois pas bien où ne nous sommes pas d’accord. La révolte est là qui ne dort que d’un œil et est prête à se manifester à la moindre occasion. Il faut donc la surveiller comme le lait sur le feu.

Je ne sais si vous avez connu les événements de mai 68. Moi oui. Il a fallu une broutille, une simple histoire de dortoir des filles auxquels n’avaient pas accès les garçons pour déclencher ces « événements » qui se sont propagés comme une traînée de poudre du milieu estudiantin au milieu ouvrier en passant par les élites intellectuelles et les milieux politiques.

Personne ne l’a vu venir, même pas les services de renseignement du Général. Certes cela n’a été qu’un épiphénomène qui n’a duré qu’un mois, mais il a profondément modifié les mentalités et ses répercussions sont encore très présentes aujourd’hui.

Savonarole

"La France a peur", de son extrême gauche ?

Un Roger Gicquel ça va . Deux : "bonjour les dégâts"....

La France adore se faire peur.
Rappelez-vous sous Tonton Mitterrand. Sa télévision découvrait tous les jours "une montée inexorable des groupuscules d''extrême droite !".
On filmait trois couillons au crâne rasé et chaussés de Rangers, et on passait ça au 20h...

Bouh, fais moi peur ! Carpentras es-tu là ? On faisait tourner les tables dans les salons intellectuels du Tout-Paris.
La Closerie des Lilas était en émoi ! On résistait aux Deux Magots.
Quelques croix gammées dans un cimetière et le tour était joué.

Mais quel est le "Roger Gicquel de gauche" des années 1985-1987 ?
Georges Besse , patron de Renault et le Général Audran, assassinés par des "groupuscules" d'extrême gauche : qui a dit au 20h, "la France a peur" ? Personne.

Sarkozy, qui aime bien le "copier/coller", a intronisé Besancenot. Il l'a dit à François Hollande : "je vous ferai avec Besancenot, ce que vous nous avez fait avec Le Pen"...

Et ça recommence !...
MAM découvre de dangereux "terroristes d'extrême gauche" le long des rames de TGV.

Besancenot, José Bové, Eva Joly, D. Cohn Bendit, sont des "idiots utiles", ils canalisent une frange contestataire française irréductible (alors que tous les trois sont de braves bourgeois, confortablement installés, et par ailleurs, bons pères de famille).

Ce sont des sifflets de bouilloire. Des chasses d'eau indispensables à une démocratie.

papet croûton

J'ai scrupule à écrire après tant de brillants commentaires ! Tant pis...
Pour moi, les extrêmes sont indispensables comme défouloir d'un côté, comme épouvantail de l'autre (je me demande même parfois si, discrètement, les partis opposés ne les pousseraient pas un peu).
Ils me font parfois penser au "Pour tout ce qui est contre, contre tout ce qui est pour" cher à Pierre Dac.
Sans aucune illusion (en tout cas à gauche) sur leur arrivée à un pouvoir dont ils ne veulent aucunement, ils rêvent...

Jean-Dominique Reffait

Il y a fort loin de la coupe aux lèvres. La Révolution ne se fera pas avec ces petits bourgeois que sont devenus les tenants d'une extrême gauche entrée le pied gauche le premier parce que ça porte bonheur dans les joies de la propriété. Oh, on entend des discours virulents, les crocs de bouchers font florès, mais la bagnole achetée à crédit, l'appartement que l'on compte bien revendre un bon prix une fois les traites payées, l'écran plat du home-cinéma et la Caisse d'Epargne ont eu raison de la radicalité pratique de cette réserve d'Indiens. La diatribe est là, mais la révolution pratique attendra.

Pourquoi cette écoute alors ? Justement parce qu'on devine que derrière Besancenot, il y a un pavillon de banlieue propret qu'il n'ira pas offrir sottement à la révolution et que l'anti-capitalisme se construit autour de revendications platement présentées au capitalisme. Cette extrême gauche prétend combattre farouchement le capitalisme alors qu'elle tient absolument à l'argent du capitalisme. Elle est intéressée, cupide, elle voudrait bien plumer la poule aux oeufs d'or mais ne pas la tuer, surtout pas.

Nos pays n'ont plus de prolétariat. Si les fins de mois sont difficiles pour beaucoup, il demeure que l'espoir ne réside en aucun cas dans le kolkhoze mais bien dans la constitution d'un patrimoine aussi maigrichon soit-il. On ne fait la révolution avec de petits épargnants.

Il faut aussi constater que les révolutions ne surgissent pas deux fois de la même source. Le marxisme, en tant qu'idéologie politique, c'est terminé.Et s'il doit advenir un véritable mouvement de masse conduisant à la destruction brutale de l'ordre établi, ce sera par un autre canal que celui-là. Besancenot - qui me sort par les yeux - représente un archaïsme qui n'est porteur d'aucune forme de progrès. Rien dans son discours n'est dangereux, pas l'ombre d'une audace, juste le recyclage des vieilles scies de la lutte prolétarienne, un folklore.

Cette nostalgie se nourrit du désert idéologique des alentours. Pour s'opposer au modèle économique dominant, il n'y a rien de neuf. Un temps, l'on a pu croire - je l'ai espéré - que l'altermondialisme porterait des alternatives économiques. C'est un bide. Alain Badiou tente de redonner des couleurs au marxisme politique avec les très vieilles recettes dont tout le monde a constaté le naufrage. Où trouverait-il donc des troupes pour marcher vers l'avenir radieux de l'ex-URSS ?

Les menaces sont ailleurs. Dans l'exacerbation des frustrations de populations jadis lointaines et que la misère rapproche de nous. Le système économique mondial, s'il est encore vaguement capable d'apporter une sécurité sociale à laquelle personne ne renoncera au nom de la révolution, s'avère d'une brutalité cynique avec les peuples du tiers-monde. Les uns se jettent dans l'obscurantisme fanatique et meurtrier, les autres s'entassent dans des barcasses, aucun n'accepte de contempler plus longtemps la goberge des uns et sa propre disette.

Non, l'extrême gauche n'est vraiment qu'une équipée de carnaval : le temps d'une mobilisation, d'un discours ou d'une séquestration à l'usine, le petit devient roi un court instant puis redonne les clés lorsque minuit sonne. On joue à se faire peur, le temps d'une manif. C'est tragique de vacuité. Que de la gueule.

Herman

Marcel Patoulatchi,

Vous avez raison, mais Achille aussi !
Le Pen, en 2002, a fait le plein au premier tour avec ses 17% ! Et Arlette avait bien raison de ne pas appeler à voter Chirac au second tour, Le Pen ayant atteint son maximum au premier.
Néanmoins, je suis bien trop ignorant pour connaître les réactions électoralistes par "temps démocratique agité"...

Pierre-Antoine @ PB

@PB

"Il faut les prendre au sérieux, ces révolutionnaires, aujourd'hui, du verbe".

Il faut les prendre au sérieux ces révolutionnaires... Vous avez raison !

Mais comme les révolutionnaires et les extrémistes de tout poil et de toute doctrine se nourrissent du mécontentement de la masse, prenons soin de prendre aussi au sérieux cette "masse" qui a des besoins légitimes dont elle est spoliée.

N'oublions pas que des idéologies qui se sont transformées en faucheuses de vies, avaient au début le verbe du rétablissement légitime de la liberté et de la justice !

N'oublions pas que la révolution russe a pris racine dans la misère d'un peuple mourant de faim devant l'opulence outrancière des princes dirigeants et de l'Eglise orthodoxe.

Bien sûr la fin ne justifiera jamais les moyens. Sauf... si la démocratie n'offre plus d'autres moyens que des jeux de masse pour calmer la faim "de liberté et de justice".

"Demain ?" Si les classes dirigeantes, ne prennent garde à leur outrance, demain risque de ne pas être un lendemain qui chante.

Cordialement

Pierre-Antoine

Aïssa Lacheb-Boukachache

Décidément, Laurent... S'il n'y avait pas eu cette Terreur, il n'y aurait pas eu depuis et jusqu'à nos jours la terreur de la Terreur. En cela, les propos de Victor Hugo sont justes : Ils étaient les barbares de la civilisation et la Terreur a obligé la civilisation à la Justice pour qu'il n'y ait plus la nécessité des barbares... Ce coeur des extrêmes, ce principe vivant et agissant de la vie politique que je décrivais tantôt fut las et poussé à bout depuis des siècles, il s'est exprimé et ce fut sanglant. C'est une Histoire qui n'est pas terminée ... La Justice sociale ou la mort ! C'est toujours à l'ordre du jour et c'est en substance l'avertissement que l'on trouve dans la conclusion du commentaire de ce cher PB...


Aïssa.

Patrick Pike

Hier on pouvait répondre directement sous un commentaire. Plus ce soir. Comme c'est dommage. En revanche la chronologie ascendante est plus agréable.

Donc, pour Achille 12 mars 2010 à 16:04

Phrase superbe, en effet, Achille, qu'on ne trouve malheureusement nulle part dans l'œuvre de Voltaire.
Elle est due à Evelyn Béatrice Hall, qui mit cette phrase entre guillemets dans l'un de ses ouvrages sur Voltaire, en 1906, "The friends of Voltaire": "I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it."
Il y a quand même un fond de vérité puisqu'on pense qu'elle a son origine dans une phrase que Voltaire écrivit pour défendre Helvétius, qu'il n'aimait pas, mais dont il disait qu'il valait mieux que tous ses ennemis ensemble: "J'ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l'ont condamné pour ces vérités mêmes."
C'était à propos de son livre "De l'esprit", qu'il n'approuvait pas, entaché, selon lui, d'erreurs et de vérités triviales.
Comme quoi, en effet, on peut être en désaccord avec quelqu'un tout en respectant sa liberté de parole.

Ce que, me semble-t-il, l'est tout autant de Luc Ferry que de Philippe Bilger.

SR

Oui bon.

Laurent Dingli

JM,

Ce passage des Misérables est d'une grande force lyrique mais très manichéen et fort loin de la réalité.
Victor Hugo écrit ainsi que les "sauvages" du faubourg Saint-Antoine "voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le Progrès".
Rien de tout cela ou presque n'est vrai, excepté dans les discours et mis à part deux points fondamentaux : l'égalité civique et l'abolition de l'esclavage. La tyrannie ? Ces "sauvages" - pour reprendre le terme de Victor Hugo - en ont imposé une telle que la France n'en avait sans doute jamais connue, bafouant les droits les plus élémentaires de l'homme et exécutant certains de ceux qui les avaient élaborés (sauf Robespierre et quelques autres, présents aux deux bouts de la chaîne). L'instruction pour tous ? Le droit des femmes ? Ils ont pourchassé ceux qui s'en étaient fait les chantres, comme Olympe de Gouges et le grand (marquis de) Condorcet. Tout au contraire, ils ont amené ce pays à un état de barbarie qui n'avait rien de civilisé, de même que la grande terreur a retardé le retour durable de la République, ainsi que Victor Hugo le reconnaîtra plus tard. Non, les hommes qui guillotinèrent Malesherbes et Lavoisier, qui envoyèrent souvent à la mort dans une même charrette le père, la mère et le fils - non pas pour ce qu'ils avaient fait mais pour ce qu'ils étaient -, les hommes qui déterrèrent le corps du roi Henri IV pour l'exposer debout dans la rue, qui exhumèrent le cadavre de Richelieu pour le décapiter, ce régime qui pouvait condamner à mort une jeune fille de seize ans uniquement parce qu'elle avait écrit à son frère émigré, exécuter une domestique ou un paysan déshérité pour avoir exprimé sa lassitude de la terreur, ce régime qui fit massacrer des milliers de femmes et d'adolescents en Vendée (noyés, violées, éventrés, décapités, fusillés), ce régime dont l'un des représentants, le misogyne Chaumette, livra une véritable guerre aux prostituées, s'acharnant jusqu'à envoyer ces pauvres filles en prison et même à l'échafaud, ce régime pendant lequel le début d'une critique, une chanson, un simple mot de travers, même dit en état d'ivresse, conduisait à une mort certaine, le régime des mitraillades de Lyon, des colonnes infernales et des Lois de Prairial, ce régime-là ne fut pas à proprement parler "une barbarie civilisée".
Et puis, sachez JM qu'en général ce ne sont pas "ceux d'en bas" qui font les révolutions, mais les bourgeois, nous dirions peut-être aujourd'hui, les bobos, auxquels il faut ajouter, pour le 18ème siècle, les nobles et les prêtres.

Catherine JACOB@Achille

Achille | 12 mars 2010 à 16:04
"Nous avons connu un de ces phénomènes sociaux en 1968. A noter qu’il peut se réveiller à tout moment.

Peut-être dans un mois, peut-être dans un an, peut-être aussi demain..."

N'importe quoi ! Comme si la révolte était un agent dormant ! La révolte est un état permanent qui s'assimile à une cocotte minute. Tant qu'elle siffle ça va, mais quand le contenu commence à attacher ou qu'on en ouvre brusquement le couvercle, bonjour les dégâts !

Marcel Patoulatchi

Achille,

Vous écrivez « Les Français sont des citoyens responsables. D’ailleurs le fait que les partis politiques d’extrême gauche ou d’extrême droite ne dépassent jamais quelques % de voix lors des élections, est là pour le démontrer, s’il en était besoin. ».

J'ai le souvenir d'une élection présidentielle qui dément parfaitement votre théorie. Quelle conclusion en tirez-vous sur votre propre raisonnement ?

De toute façon, je ne pense pas qu'il soit question pour monsieur Bilger d'empêcher les gens de s'exprimer, d'abolir la liberté d'expression. J'y vois là plutôt un avertissement : tolérer toutes les idées au nom de la liberté d'expression ne signifie pas les approuver ni se résigner à leur propagation. On peut tolérer toutes les idées, accepter qu'elles s'expriment parce qu'elles existent, et néanmoins les combattre, s'y opposer.


Patrick Handicap expatrié,

« faire la peau » écrivez-vous ?

Aïssa Lacheb-Boukachache

C'est l'Histoire de France que vous mettez en accusation ici, cher PB… Et Luc Ferry le sait bien qui se contente de se tenir à distance pour l'étudier telle qu'elle s'écrit encore aujourd'hui. Cette distance que vous confondez certainement avec de l'ironie, de la condescendance. Baboeuf lutta aussi pour qu'elle existât, cette Idée qui fit la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen… L'autre idéologie française, celle d'extrême droite, qui n'en cèle pas moins autant de cadavres dans ses placards (pour reprendre votre expression) continue également de nos jours d'avoir droit de cité, participant aux débats médiatiques, etc. Lorsque je vous lis comme aujourd'hui, j'ai l'impression vague que ce n'est pas un Français qui écrit cela mais un de ces Américains de la middle class jamais sorti de son trou perdu du Middle West et qui découvre notre pays avec cet air ahuri de ceux qui ignorent qu'une autre Histoire tout aussi valable et légitime que la leur puisse exister… Ce sont les extrêmes qui sont chez nous comme le coeur qui bat de la politique ; l'extrême gauche est le principe vivant et agissant de la gauche, ainsi que l'extrême droite est celui de la droite. On pourrait dire la même chose d'une grande partie de ces pays qui forment aujourd'hui l'Europe qui s'unit. Tout se tient en vérité et se complète admirablement. Ce qui ne veut nullement dire qu'un équilibre heureux est toujours trouvé et maintenu. Le capitalisme c'est le diable. On doit en prendre acte; il est consubstantiel à l'Homme, on ne fera pas sans lui, on n'a jamais fait sans lui... Qu'il sorte des limites qui lui sont assignées par l'Homme et l'équilibre est rompu ; un extrême surgit (voire les deux en même temps) pour l'écraser et le remettre dans sa cage, le réassigner dans ces limites protectrices et salvatrices de l'humain. Cela est féroce et sanguinaire souvent, d'un extrême l'autre, des deux à la fois… C'est ainsi. En 1945, ces extrémistes de gauche que vous décriez et dont vous vous défiez auraient aisément pu prendre le pouvoir dans notre pays ; ils avaient la légitimité du combat, de la victoire, l'affection et la confiance du peuple majoritaire… Ils y renoncèrent, on connaît la suite, de Gaulle, la IV° République mais aussi et avant toute chose l'essentiel, les grandes réformes et avancées sociales qui jusqu'aujourd'hui encore demeurent quand bien même gravement menacées (d'où cette résurgence des extrêmes). Cet extrême de gauche a-t-il été mortel pour le pays à ce moment ? Non. De même, Thiers massacrant la Commune, quelle tyrannie de droite en naquit ? La III° République et tout son heureux (même si pas suffisant à ce moment) cortège d'avancées et de réformes sociales, un Ferry même en sortit, mais pas le même ; Jules celui-là…


Aïssa.


NB/ N'eut été un blog et les les limites qui sont les siennes, j'aurais développé sur des centaines de pages ce grand sujet, cher PB et vous aurais démontré que si vos craintes sont justifiées, vous avez néanmoins tort, absolument tort. Ce qui est paradoxal et difficilement compréhensible et admissible, j'en conviens...

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

Vous nous dites : « On risque de ne rien percevoir de la gravité de ces discours d'un autre âge, qu'on espérait vraiment révolu tant il a trop massacré, si on n'accepte pas cette donnée que le pire facile et triste à constater sert de nourriture à ces élucubrations que notre démocratie récuse. De grâce, ne prenons pas la substance actuellement chaotique du monde pour une preuve de la validité de cet extrémisme que Luc Ferry a dénoncé à si juste titre. Il exploite ce qu'il ne saurait résoudre mais seulement pousser au paroxysme.
Il faut les prendre au sérieux, ces révolutionnaires, aujourd'hui du verbe. Demain ? »


C’est Voltaire qui a dit un jour cette phrase que je trouve magnifique : « Je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je me battrai jusqu’au bout afin que vous puissiez les défendre ».

Je pense que Luc Ferry devrait s’inspirer de cette pensée très pertinente de notre génial Voltaire. Les Français sont des citoyens responsables. D’ailleurs le fait que les partis politiques d’extrême gauche ou d’extrême droite ne dépassent jamais quelques % de voix lors des élections, est là pour le démontrer, s’il en était besoin.

Ceci étant, ne nous voilons pas pudiquement la face. Il est vrai que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres depuis quelques temps. La crise a même, semble-t-il, encore accentué ce phénomène. J’ai lu un article très édifiant dans Le Monde à ce sujet dernièrement.

Je pense qu’une société humaine « saine » doit tenir compte de la cohésion de toutes les couches sociales qui la composent. A partir du moment où les inégalités sociales sont trop fortes, il se produit, je dirais naturellement, un effet de régulation qui tend à corriger cette dérive. Il faut croire que c’est inscrit dans les profondeurs de la nature humaine, au-delà de toutes les idéologies politiques, philosophiques et même religieuses.

L’idéal bien sûr est que cette correction se produise en respectant les principes sacro-saints de la démocratie, ce qui n’est généralement pas l’approche des partis extrêmes pour qui ce mot n’a aucun sens.

Mais ces derniers, malgré leur forme d’expression souvent excessive, ont le mérite de servir d’indicateurs. Quand ils « montent » dans les sondages c’est qu’il y a un malaise grave généralement social ou pire, identitaire.

Ne pas en tenir compte peut conduire à des réactions violentes, parfois mêmes imprévisibles. Nous avons connu un de ces phénomènes sociaux en 1968. A noter qu’il peut se réveiller à tout moment.

Peut-être dans un mois, peut-être dans un an, peut-être aussi demain...

sbriglia

Ce n'est certes pas de vous, Philippe, que je dirais que "la permanence du sérieux est la triste nécessité du médiocre"... mais enfin, cette trop longue sortie de l'hiver aurait-elle ankylosé votre esprit et le fait devenir tant chagrin ? Vos sujets, depuis quelque temps, sont dans la morosité de l'air du temps : à tout prendre je préfère la légèreté distanciée de Ferry pour évoquer ces troglodytes de la pensée, ces fossiles de l'évolution : que représentent les Badiou et consorts dans le paysage politique d'aujourd'hui ?... rien, que des marronniers pour journalistes nécessiteux, incapables de déclencher chez le bourgeois autre chose qu'un sourire amusé...

Allez, un peu de solaire, cher Philippe, un peu d'air frais : tenez, parlez-nous de votre dernier livre, de votre dernière expo, souriez, le printemps arrive !

Pensez à changer de couleur de cravate : on va sortir bientôt du carême...

Merci à JDR pour ces fleurs, tape amicale sur le museau de votre labrador, cher Laurent et mes respectueux, déférents et humbles hommages aux pieds de Madame de S., toute testostérone abolie dans les rivages andropausiques.

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