Le Monde a consacré une page remarquable à "la Sécurité" en considérant que "le modèle créé par M.Sarkozy s'essouffle", sous la signature de deux journalistes que j'apprécie tout particulièrement : Luc Bronner et Franck Johannès.
La conclusion que l'on tire de leur analyse - à la fois factuelle et interprétative - est la nécessité pour tout pouvoir d'être infiniment modeste en face des réalités de l'insécurité et des possibilités d'action. En ce sens, c'est moins le bilan gouvernemental qui mérite d'être mis en cause que la confiance abusive que ce pouvoir pourrait manifester envers son propre volontarisme ainsi que le discrédit qu'il pourrait jeter sur les pratiques antérieures à la sienne.
Manque de moyens, réduction des effectifs malgré un effort récent annoncé par le ministre, notamment pour la Seine-Saint-Denis (Le Figaro), fronde des policiers : autant de données qui sont imposées par les contraintes budgétaires et de critiques suscitées directement par celles-ci. Il y a une série de limites objectives, matérielles et psychologiques, avec lesquelles le ministère de Brice Hortefeux doit composer et qu'il ne peut manquer de prendre en compte, même en élaborant avec un optimisme raisonné des perspectives d'avenir rassurantes. Cette masse négative qui existe, inaltérable quelle que soit la qualité de la politique mise en oeuvre, vient signifier aux gouvernants que rien ne serait pire que d'abuser l'opinion publique en lui chantant des victoires aussi bien prématurées qu'inconcevables.
En effet, on ne gagne jamais contre les remous de la réalité sociale et les comportements singuliers et/ou collectifs qu'elle laisse sortir d'elle-même. Qu'un Etat évoque ne serait-ce qu'un succès dans sa lutte contre l'insécurité ne semble pertinent ni à moyen ni à long terme. A court terme, il y a parfois des miracles, des épisodes spectaculaires. Le contraste est inévitable entre la fixité d'un programme et la dangereuse instabilité d'une vie sociale erratique, inventive pour le pire. En effet, on constate que les agressions contre les personnes augmentent et que les policiers dans les cités sont en butte, chaque jour davantage, à de véritables attaques. Ce n'est évidemment pas la faute de ce gouvernement. Cette absence de responsabilité se doit d'avoir pour contrepartie une humilité républicaine devant l'imprévisible qui déferle quotidiennement. Il déstabilise même les plans les plus cohérents et une bonne volonté - qui n'a rien à voir avec le volontarisme qui prend trop souvent des allures absurdes de Matamore - aspirant à faire au mieux, tentant la synthèse la moins maladroite possible entre l'action de la politique, la politique de l'action et ce qui échappe évidemment à l'une comme à l'autre. En tout cas, la frénésie législative, qui chercherait sans cesse à se tenir à hauteur des innovations délictuelles et criminelles, n'est pas une solution. Elle créerait une agitation qui ne serait même pas compensée par une efficacité correspondante.
L'intelligence et le pragmatisme apparaissent comme les qualités fondamentales d'un Etat soucieux de la sécurité de tous. Donc non pas d'immenses constructions abstraites croyant diffuser de l'ordre et de l'autorité mais une adaptation fine à la quotidienneté violente proposée par une société qui marque peu de temps d'arrêt dans le développement de ses dérives. L'inspiration n'est pas tout, pas plus qu'une philosophie de rigueur et de fermeté. Ces valeurs ne sont pas contagieuses. Elles n'irriguent pas le réel par un mouvement naturel, comme s'il était un élève obéissant à des concepts. La différence entre le principe juste mais nu et le concret mobile, c'est précisément ce qui permet à une politique d'être évaluée dans ses relatives avancées ou ses tristes déboires. L'empirisme donc, comme langage d'un pouvoir prudent et avisé qui refuse d'apposer de la rigidité sur ce qui bouge, de l'artificiel sur ce qui transgresse, de l'idéologique ou des pétitions de principe sur ce qui ne se laisse pas capter.
Et du stoïcisme. Une manière patiente de supporter les déceptions constantes causées par le présent à la foi, à la confiance gouvernementales. Il n'est pas une journée, pas un moment où l'actualité ne vienne inscrire au fer rouge, au coeur du Pouvoir, les limites de ce qu'il est et de ce qu'il fait, l'insupportable leçon d'une vie collective qui se plaît dans le désordre et l'improvisation à montrer sa force brute contre tous les espoirs. Sans cesse et forcément dépassé, l'Etat n'a la ressource que d'endurer ce sur quoi il n'a pas de prise possible.
Ce n'est pas "le modèle créé par M.Sarkozy qui s'essouffle", c'est l'insécurité qui va trop vite.
Ce n'est pas "le modèle créé par M.Sarkozy qui s'essouffle", c'est l'insécurité qui va trop vite.
_____________________________
L'insécurité ne va pas trop vite, ce sont les plaintes qui ont augmenté, les victimes osent davantage porter plainte même si c'est un parcours du combattant pour faire reconnaître son droit.
Même les plaintes pour violences policières ont vu leur nombre augmenté parce qu'enfin les citoyens revendiquent le droit d'être traité humainement. Les conditions de garde à vue sont dénoncées régulièrement et une simple visite dans les cellules de certains commissariats vous fera très vite comprendre qu'il faut changer cela. La présomption d'innocence n'est pas respectée et certains avoueraient n'importe quoi pour sortir de ces cellules puantes et crasseuses.
Le modèle crée par Nicolas Sarkozy a montré ses faiblesses, des innocents accusés à tort et les contrôles au faciès qui se sont amplifiés ce qui explique que les bancs de votre tribunal soient très colorés. Il faudrait un jour que vous assistiez à cela pour comprendre pourquoi parfois cela dérape entre fonctionnaires et jeunes.
La manière est vraiment à changer car elle est indigne d'un pays comme la France et de ses valeurs.
Rédigé par : Sophia Ammad | 30 mars 2010 à 12:16
Cher Philippe,
Votre analyse est sûrement juste et raisonnable, mais la chute qui semble excuser Sarkozy, ou tempérer l'opinion négative qu'on peut avoir de l'échec de sa politique sur ce sujet particulier me surprend.
"La nécessité pour tout pouvoir d'être infiniment modeste en face des réalités de l'insécurité et des possibilités d'action", nous aurions aimé que le ministre, puis candidat, puis Président Sarkozy s'en convainque depuis dix ans et change en conséquence son discours. "Le volontarisme qui prend trop souvent des allures absurdes de Matamore" est une trop belle définition de l'attitude constante de notre Président (surnommé "je n'accepterai pas !!!!!") pour que je ne retienne pas l'hypothèse d'un subtil second degré dans votre texte.
Si tant de promesses mirobolantes n'avaient pas été avancées, l'abstention et le score du FN n'en seraient pas là où ils en sont. Vous nous dites que ce n'est pas le Kärcher qui toussote mais la délinquance qui est indestructible au Kärcher.
Certes.
Mais qui a fait croire qu'il réussirait avec un Kärcher ?
Rédigé par : Jiel | 30 mars 2010 à 06:48
La sécurité est une des libertés fondamentales. Alors effectivement il ne faut pas s'emballer et savoir rester de marbre à certains moments. Toutefois délinquance rime avec souffrance et il ne faut tout de même pas faire preuve de stoïcisme trop longtemps. Le gouvernement avait annoncé des mesures pour endiguer la montée de la délinquance, le président poussé à bout par les voyous de banlieue avait parlé de "Kärcher". Or entre les effets d'annonces, et la réalité du terrain, il y a toujours un certain décalage. M. Bilger, je ne vous apprends pas que la délinquance évolue et le pragmatisme est effectivement nécessaire. Alors quand on entend l'annonce du recrutement d'adjoints de sécurité (emplois de jeunes sans aucune expérience) après des affrontements violents entre bandes des banlieues sur fond de trafic de stupéfiants et après la mort d'un policier tombé sous les balles de terroristes, on se pose quand même des questions sur la réponse apportée à la problématique. Quand on voit les moyens limités mis à la disposition des services spécialisés dans la lutte contre la délinquance et l'économie souterraine des quartiers sensibles et que dans le même temps on investit toujours plus dans la traque de l'automobiliste lambda qui dépasse de quelques kms/h la vitesse autorisée je suis dubitatif (question de rendement financier sans doute). Comment dire que l'on va punir les délinquants, comment rendre la police et la justice crédibles quand on sait qu'avant de prendre deux ans de prison de nos jours, il faut déjà avoir commis pas mal de mauvais coups et que dans le même temps des instructions sont données pour proposer des "peines" alternatives à la prison de type bracelet électronique, pour des peines allant jusqu'à deux ans de prison... (en gros, je vole, je deale, je parasite la société et si je suis pris quelquefois... je resterai chez moi avec un bracelet). Belle fable !
Quand on voit le nombre de peines non appliquées, le nombre des victimes non indemnisées, on a du mal à comprendre la politique pénale de notre pays et indirectement la politique (tout court) de notre gouvernement.
On en vient à se demander si des gens ne veulent pas l'abolition de la prison, la fin de la sanction. La fin de la morale, la fin des règles. Le retour du chaos.
Sous une gouvernance de droite c'est tout de même inquiétant.
Rédigé par : Christophe J | 30 mars 2010 à 01:47
@Bernard27400
La peine de mort et les dures peines du bagne aux temps où cela existait n'ont jamais freiné les meurtriers !
Si c'était efficace, les pays où la charia est appliquée avec rigueur seraient des paradis. Est-ce le cas ? Loin s'en faut !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @Bernard27400 | 29 mars 2010 à 17:20
Véronique Raffeneau,
Je vous avais répondu ceci :
"172. Le Mercredi 9 avril 2008 à 10:48 par Laurent Dingli
Véronique,
Vous écrivez : "Je ne suis pas opposée à des objectifs chiffrés. Je pense seulement que dans des organisations administratives, on veut passer d'un extrême à un autre sans réellement mesurer et maîtriser toutes les phases d'une transformation dans les façons de travailler".
Je ne partage pas votre point de vue. Il s'agit moins, selon moi, d'un problème administratif que d'un problème d'orientation politique. La mise en place de quotas pour l'immigration ne me choque nullement, en revanche, je considère que cette manière d'édicter des quotas rigides d'expulsion est à la fois inutile et inacceptable sur le plan humain car elle entretient les décisions consternantes comme celle qu'évoque notre hôte dans ce billet. Je ne veux certes pas tomber dans la caricature qui fait de l'administration un monstre froid, une sorte de reptile lent et glacé, bien qu'il y ait un fond de vérité dans cette caricature-là, mais j'estime qu'il ne faut pas confondre les responsabilités ni prendre les conséquences pour les causes. Comme l'a dit ou suggéré Eolas avec lequel je suis d'accord pour une fois, il y a beaucoup d'hypocrisie à se désolidariser d'un préfet qui ne fait en somme qu'appliquer la loi et, j'ajouterai aussi, qui ne fait que suivre l'esprit plein de zèle avec lequel on demande aux fonctionnaires de l'appliquer.
Je ne veux pas ici entrer dans le fond du débat sur l'immigration. C'est une question complexe qui mérite mieux qu'un petit commentaire. Elle soulève des questions de souffrance individuelle, mais aussi de démographie, d'identité collective, d'économie... Il serait en effet "dégueulasse" de l'instrumentaliser, dans un sens ou dans l'autre, comme l'avait rappelé l'une de nos secrétaires d'Etat avec son franc-parler habituel.
Vous m’aviez répondu ailleurs, et à propos de Chantal Sébire que mes propos n’étaient pas assez mesurés et qu’il fallait davantage faire appel à la raison qu’à la passion. Dans bien des cas, vous avez sans doute raison, mais à être trop raisonnable on en perd aussi parfois la chaleur que procure la prise en compte de l’homme dans son individualité".
Lien : http://www.maitre-eolas.fr/post/2008/04/07/918-toutes-mes-condoleances-couloir-ou-fenetre
En ce qui concerne le préfet dont il s'agit aujourd'hui, à sa place j'aurais démissionné AVANT d'appliquer une telle mesure inique.
Mais revenons à la loi et au pouvoir politique. A titre de comparaison, je vous signale que la loi américaine (Violence against women act) interdit l'expulsion de migrantes victimes de sévices, ce qui me paraît constituer le minimum de protection pour des êtres humains qui se trouvent dans des conditions de grande fragilité.
Rédigé par : Laurent Dingli | 29 mars 2010 à 16:34
M. Bilger,
Je trouve terrifiant que quelqu'un d'aussi partial que vous soit chargé d'incarner professionnellement la défense des libertés.
Rédigé par : Schnorchel | 29 mars 2010 à 13:29
Les "allures absurdes de Matamore" semblent inefficaces.
Et le mot est désobligeant. Issu de l'espagnol 'matar' tuer, et 'Moros' maures, il signifie littéralement 'tueur de Maures'.
Ce ne peut être une attitude moderne et, en cette présente ère de paranoïa, il faudrait même chasser le mot du vocabulaire.
Rédigé par : yves | 29 mars 2010 à 13:23
L'insécurité existe : je l'ai rencontrée.
On m'explique que face à cette menace, il est préférable de ne rien faire : la belle histoire !
Ah, si Sarkozy n'existait pas, la France serait un havre de paix !
Soyons stoïques et laissons-nous rançonner, attaquer, insulter.
Eh bien, c'est tout le contraire qui s'est passé à New York où j'ai résidé durant les années des crimes, délits et incivilités les plus nombreux.
La ville est maintenant "safe" et propre.
Prenons exemple et ne nous couchons pas !
Rédigé par : mike | 29 mars 2010 à 09:39
@ Laurent Dingli
Juste un mot.
Au regard de la démission du préfet Bernard Fragneau, j'ai eu tort d'écrire dans la discussion que nous avons eue - dont je ne me rappelle pas mais je fais confiance à votre souvenir - d'écrire que l'Administration était fautive.
Je tiens à dire mon respect à ce préfet pour la décision qu'il a prise. A savoir refuser que ses collaborateurs, ses agents et lui soient les jouets de consignes contradictoires de la part de l'Etat et les figurants désavoués des réjouissements médiatico-institutionnels type "Journée de la femme".
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 29 mars 2010 à 08:39
@Pierre-Antoine, @Baal
Si je partage l'avis de Monsieur Bilger sur la peine de mort, je me dis aussi qu'il faudrait un épouvantail pour freiner l'insécurité. A l'heure actuelle dans la pensée du citoyen lambda, la pire des crapules si elle a un bon avocat et avec le jeu des remises de peine fera au plus la moitié de sa condamnation (ce ne sont peut être que des "on dit").
A défaut de châtiment suprême et irréversible, il me semble que Saint-Laurent-du-Moroni et l'Ile du Diable sont toujours français et le spectre de ces lieux du temps de leur grandeur assez dissuasif pour freiner les ardeurs des plus endurcis.
Rédigé par : Bernard27400 | 29 mars 2010 à 06:44
@Baal
Non ils ne se sentent pas concernés... mais ils auraient pu l'être en amont bien avant de commettre l'acte de violence.
La violence est un raccourci à la frustration. La frustration est la conséquence d'un manque... de considération, de confiance, de respect, d'amour !
Et en amont cela s'appelle bien plus que de la prévention, c'est de l'éducation par l'exemple, le don de soi.
Oui je sais... j'ai toujours le droit de rêver. Mais l'éducation donnée à mes fils ne fut pas onirique.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @ Baal | 28 mars 2010 à 22:26
@Achille
"Ce qui est curieux c'est que maintenant mes commentaires sont toujours en italiques, même si je ne mets pas de balise "i"...."
plus maintenant PB a fermé la balise pour vous.
Faut lui dire merci de veiller ainsi sur vous comme un "webpater" :-)
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @ Achille | 28 mars 2010 à 20:11
En matière de sécurité, il y a une alternative au stoïcisme intelligent : la répression féroce.
La sécurité est un besoin élémentaire et, comme tel, extrêmement puissant.
C'est, à bien des égards, le premier devoir de l'Etat.
Si, à force de raffinements et d'états d'âme excessifs, tous plus ou moins induits par l'idée que le criminel est une victime sociale et que cela mérite l'indulgence, l'Etat en vient à négliger son devoir de sécurité, avec l'implacable rigueur qui doit l'accompagner, nous nous préparons un avenir terrible.
En effet, une fois qu'il s'est convaincu de la carence de l'Etat à le protéger, l'homme se sent à peu près tous les droits, soit de se protéger lui-même ou par l'intermédiaire de milices, soit de remplacer le pouvoir qui a failli par un pouvoir plus fort, et qui pourrait bien être plus arbitraire et plus injuste.
C'est pourquoi il y a un risque d'abuser du stoïcisme intelligent et de se retrouver avec une répression féroce.
Rédigé par : Franck Boizard | 28 mars 2010 à 19:32
@ Jean Reffait
"Convaincre" ? je ne sais pas. Mais "dire", oui, dire et redire, encore et toujours, avec autant d'objectivité que possible, sans montrer du doigt quiconque de préférence...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 28 mars 2010 à 17:53
"Désolé pour les pisse-froid de l'athéisme humaniste, mais tant qu'on n'élèvera pas "l'amour du prochain" au-dessus des considérations matérialistes, il fera de plus en plus froid.
Oui, je sais... j'ai le droit de rêver !"
Je ne pense pas que ceux qui agressent leur prochain, violent ou vendent de la drogue, se sente concernés par les notions de religion et d'amour. Il est là le problème : chercher à améliorer la sensibilité de monsieur tout le monde n'aura aucun impact sur les délinquants. Mais c'est sûr que ça peut rendre la société un peu moins individualiste et ça ne peut pas faire de mal.
Rédigé par : Baal | 28 mars 2010 à 17:22
Avant de dire il faut faire si, il fait faire ça (qu'on soit Président, membre de l'opposition, gendarme, ou simple citoyen), demandons-nous si les actions proposées ne sont pas déjà pratiquées dans d'autres pays. Et le constat qui s'impose c'est qu'à ce jour, aucun pays n'est épargné par la délinquance, malgré un vaste panel de prévention/répression un peu partout dans le monde. La prudence s'impose dans un domaine aussi complexe, que personne ne maîtrise vraiment, et dont les tenants et aboutissants sont quand même un peu plus complexes que les simples chiffres. C'est sûr qu'avec un policier derrière chaque citoyen on aurait d'excellents résultats...
Rédigé par : Baal | 28 mars 2010 à 17:15
Laurent Dingli
Vous essayez de brosser un bilan de l'activité (l'agitation ?) de ce gouvernement qui va bien plus loin que le seul sujet de la "sécurité" et je vous en sais gré.
Vous regrettez le manque de solutions face au déficit endémique de la sécu. Je crois comme Aïssa qu'au moins il y a un retour sous forme de soins, et que ce domaine est encore celui où la solidarité ne fait pas débat en France. Il faut nous en féliciter, tout en luttant contre les abus et les gaspillages, bien sûr.
Vous oubliez un double sujet bien plus important encore: la dette endémique que la France accumule, et la retraite française à pseudo-répartition qui est une dette cachée au moins aussi importante.
En effet on a déjà saboté la retraite du secteur privé en utilisant les 25 ans pour l'estimation mais surtout en réévaluant les plafonds des tranches a posteriori.
Pour rester concret, cela signifie que si vous avez payé le max toute votre vie active et que vous espérez une retraite du même ordre de grandeur que le salaire de vos 25 dernières années, vous apprenez à la liquidation de votre retraite que niet:
vous avez cotisé 100% des tranches à l'époque mais ces tranches ont été réévaluées et le système considère aujourd'hui que vous n'avez pas cotisé à plein.
Concrètement vous vous retrouvez avec une retraite de misère par rapport aux revenus que vous aviez.
Dans le public pas du tout, et les syndicats ont averti que ce serait la guerre sociale si le système s'alignait sur le privé.
En faisant l'évaluation de cette charge non provisionnée on s'aperçoit qu'elle est du même ordre que la dette nationale. Cet argent, il faudra bien le sortir d'une manière ou d'une autre: soit s'attaquer aux retraites des fonctionnaires soit encore piquer sur le privé.
Dans les deux cas on commencera à atteindre des montants absolus de retraite qui ne permettront pas de vivre convenablement.
Quand tout un peuple sera dans la misère et que l'on déplorera le manque de sécurité en stigmatisant des "coupables"... il fera vraiment bon vivre en France.
La gauche et la droite auront plongé le pays dans la pauvreté et la haine, chacun à sa manière.
Rédigé par : Alex paulista | 28 mars 2010 à 16:51
Entre stoïcisme et épicurisme, mon choix est fait !
Rédigé par : Achille | 28 mars 2010 à 16:25
Monsieur Denis Monod-Broca.
Voici un texte que j'applaudis des deux mains. (Et j'espère n'insulter personne !).
-Si j'ai récusé le terme "stoïcisme", ce n'est pas pour combattre l'idée de Pouvoirs Publics "stoïques", mais pour échapper à la définition du Stoïcisme de Zénon, tout en sachant bien que le terme a pris une signification d'impavidité, qui me semble convenir à ce que vous dessinez comme ligne thérapeutique. L'exemple de Caton et de sa rigidité me servait à illustrer la césure entre la signification courante et celle, "scolastique", que j'estimais débordée.
- la notion sous-jacente de "respect de tous par chacun et de chacun par tous" que vous introduisez
plairait aux François d'Assise de tous bords. Et rendrait inutiles, autrement que pour s'en distraire, les contorsions de Matamore.
Mais comment faire entrer dans la conscience de nos contemporains cette belle idée que vous exposez très bien ?
Convaincre, convaincre, convaincre...
Rédigé par : Jean Reffait | 28 mars 2010 à 15:44
« Qu'un Etat évoque ne serait-ce qu'un succès dans sa lutte contre l'insécurité ne semble pertinent ni à moyen ni à long terme…. on constate que les agressions contre les personnes augmentent…. Ce n'est évidemment pas la faute de ce gouvernement….Ce n'est pas "le modèle créé par M.Sarkozy qui s'essouffle", c'est l'insécurité qui va trop vite. »
Ben voyons ; l’insécurité n’est pas affaire de gouvernement. C’est un mal endémique que le système en place tente d’endiguer avec ses petites mains et qui déborde malgré lui. Ce gouvernement ne fait pourtant pas montre de modestie en annonçant sa volonté sécuritaire à pleins micros et en agitant de terrifiants moulinets législatifs à tours de bras.
Et si comme le suggère plus haut Pierre-Antoine, la répression à tout va n’était pas la seule réponse à la violence ? C’est également faire acte de gouvernement que de mettre en œuvre d’autres approches. Lesquelles ? Je ne suis pas assez féru pour asséner des certitudes mais il me semble que l’éducation aurait sa part en ouvrant les esprits et en formant , l’économie également en répartissant mieux les richesses, la sociologie peut-être en ne dressant pas les français les uns contre les autres,… Ce n’est pas de la politique cela ?
Allons donc cher M. Bilger, le stoïcisme tel que vous le présentez sous la forme d’un repli sous l’orage n’est pas une attitude stoïcienne. Cette philosophie recommande au contraire de s’ouvrir à son prochain en essayant de voir les choses telles qu’elles sont, en ne désirant pas plus que l’on peut avoir et en agissant pour le bien d’autrui. Un véritable programme de gouvernement.
Rédigé par : citoyendebase | 28 mars 2010 à 15:37
Achille @ Pierre-Antoine,
Bonjour Pierre-Antoine,
Oui, j’ai vu l’erreur. En fait j’ai fermé la balise par au lieu de . Ça ne pardonne pas !
Ce qui est curieux c'est que maintenant mes commentaires sont toujours en italiques, même si je ne mets pas de balise "i"....
Rédigé par : Achille | 28 mars 2010 à 15:25
Les chiffres de la délinquance sont mauvais, alors les pouvoirs publics annoncent des mesures pour la combattre. Mais les chiffres de la délinquance empirent, alors les pouvoirs publics annoncent de nouvelles mesures anti-délinquance. Il convient de s’interroger. N’y aurait-il pas relation de cause à effet ? Ne sommes-nous pas engagés dans une véritable escalade réciproque, la délinquance justifiant les rodomontades anti-délinquance et ces rodomontades stimulant en retour la délinquance. Ah, tu nous traites de racaille ? eh bien, tu sais ce qu’elle te dit la racaille ! Ah, tu veux nous nettoyer au Kärcher ? eh bien, tu vas voir ce qu’on en fait de ton Kärcher ! Ah tu demandes à tes policiers, à tes juges, à tes préfets de se mobiliser contre nous ? eh bien, on les attend de pied ferme tous tes sbires !... Il se pourrait bien que les mesures contre la délinquance n’améliorent pas ses chiffres mais les aggravent. Et ce ne serait pas tellement étonnant. Si, au lieu d’opposer à la violence l’objectivité, la passivité, l’impassibilité, la sérénité de la justice on lui oppose une contre-violence, les conditions de l’escalade sont réunies. Si on fait de la lutte contre la délinquance une sorte de vengeance contre les délinquants, il ne faut pas s’étonner que la vengeance réponde à la vengeance. Annoncer des mesures contre la délinquance, c’est jouer le jeu de la délinquance. C’est tout le contraire de ce qu’il conviendrait de faire et de dire. Nous ne sommes pas une armée en guerre. La seule mesure à prendre contre la délinquance, c’est de ne prendre aucune mesure spécifique contre elle. Pour, autant que faire se peut, maintenir l’ordre dans la cité, protéger la paix sociale, défendre l’Etat de droit, les pouvoirs publics n’ont pas le choix : ils doivent, imperturbablement, stoïquement, silencieusement, contre vents et marées, indépendamment des circonstances (en premier lieu des chiffres de la délinquance), assurer le meilleur fonctionnement possible de la police, de la justice, et des autres services de l’Etat, dans le respect strict de la loi, des procédures judiciaires, et des principes qui les fondent. Ils n’ont pas le choix. Ne serait-il pas temps qu’ils s’en avisent, avant que les chiffres de la délinquance ne s’aggravent encore ? Si nous voulons vraiment ce que nous disons vouloir, la baisse de la violence, cessons de l’alimenter par notre propre violence.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 28 mars 2010 à 14:46
@Achille
Achille, Achille, Achille... petit garnement...
Vous avez oublié de fermer la balise qui met le texte en italique... vous l'ouvrez avec < i > et on la ferme avec < /i >
Sinon tous les commentaires qui suivent le votre (inversion chronologique du blog) sont en italiques.
Ah la balise... c'est votre talon Achille !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine @ Achille | 28 mars 2010 à 13:51
Votre discours n'est pas complet, cher PB de même que celui de ces deux journalistes du Monde auxquels vous vous référez. Ainsi, de quelle insécurité traitez-vous? Il y en a plusieurs, vous ne l'ignorez pas … L'insécurité professionnelle, ouvrière, agricole, autre? L'insécurité sociale en corrélation directe aux précédentes? La petite et moyenne délinquance quotidienne aux trois quarts elle aussi induite par les précédentes? Le criminalité (femmes battues, tuées, au sein de couples que les premières insécurités ont fini par mettre à plat, en opposition d'incompréhension voire d'ennemis …) de même que l'autre criminalité (oserais-je la lier elle aussi aux premières ci-dessus (vols avec armes, réactions meurtrières aux interventions policières …)? Puis la criminalité comme une fatalité que je ne lierai à rien sinon à la singulière nature humaine (assassinat d'enfants, viols …) ... J'ajouterai l'insécurité du racisme franc et violent ou qui ne dit pas son nom qu'on pourra par maints endroits relier à l'insécurité sociale … De nombreuses variations d'insécurité donc. Il ne suffit pas de s'écrier «Insécurité! Insécurité!» pour prétendre à en cerner les motifs et les contours en réduisant ce tout à la naïve «opposition» entre elle et un Etat qui la combattrait. Ce serait par trop aisé que de simplifier ainsi ces choses … Du stoïcisme? Non. Du sophisme plutôt. L'Etat n'a pas pour rôle premier de combattre par tous moyens légaux ou moins avouables des insécurités qui «iraient trop vite» et j'ajouterais «trop loin». Car ces insécurisants qui sont plus que souvent d'abord des insécurisés, n'en sont pas moins et au même titre que tous, vous, moi, le ministre de l'Intérieur, qui vous voulez, des justiciables, ils appartiennent à la population … Or le rôle premier de l'Etat est d'assurer les conditions politiques et sociales de la sécurité de tous ou à tout le moins du plus grand nombre. Qu'en est-il de cela à ce jour et depuis hier? Voilà la vraie question. Un Etat républicain et démocratique sécuritaire qui élèverait une partie de la population contre une autre? Permettez qu'on rie … Qu'est-ce qui est insécurité pour vous? Voyons … Je ne l'ignore pas, vous l'avez suffisamment explicité: le dealer de shit du quartier (c'est un exemple) est absolument insécuritaire à vos yeux. Pour moi, il n'en est rien; je relativise absolument ce délit ... Par contre, ce poux énorme de la société qu'est Antoine Zaccharias est l'insécurité. L'insécurité incarnée même, l'insécurité totale! Il vient d'être relaxé par votre tribunal … Certes, l'Etat sécuritaire fait appel de cette décision par son Parquet … Mais enfin …
Bon dimanche!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 mars 2010 à 13:27
Jean Reffait,
L'écologie de l'Etre, cela consiste aussi à ne pas insulter ses adversaires...
Signé : un Ecolo à majuscule.
@ Bob,
Au lieu de vous demander si Philippe Bilger blogue ou déblogue, apprenez déjà qu'il n'y a pas de "droit", mais un "devoir" de réserve.
Rédigé par : Laurent Dingli | 28 mars 2010 à 12:03
"Ce n'est pas "le modèle créé par M.Sarkozy qui s'essouffle", c'est l'insécurité qui va trop vite".
Oui, en grande partie. A ce propos, je me méfie de la versatilité de certains électeurs, qui se pâmaient il y a trois ans au seul nom de Sarkozy et qui désormais jouent les républicains indignés. On peut être déçu d'un certain nombre de choses, mais les revirements aussi excessifs me paraissent suspects. Certains de nos amis de gauche ont ici le triomphe assez sobre, et ils ont raison. On disait que le PS n'était plus rien hier, on pourrait aujourd'hui le penser du président de la République, plus encore que de l'UMP, mais tout peut se renverser une nouvelle fois, d'un moment à l'autre. Sachons donc garder la tête froide.
Pour ma part donc, je ne vais pas conspuer le président de la République après l'avoir si chaleureusement soutenu. Certaines idées force de son action étaient loin d'être absurdes contrairement à ce que certains se sont tués à nous répéter. Il y avait quelque chose de très enthousiasmant dans la volonté de mieux représenter nos concitoyens d'origine africaine dans le gouvernement de la République française. Je n'ai jamais cru et ne crois pas encore un seul instant qu'il s'agisse d'un simple "gadget" comme les mêmes mauvais coucheurs nous l'ont répété abondamment, dénigrant tout, ne proposant rien. Dans cette logique, il n'était donc pas absurde de vouloir lutter contre l'immigration clandestine tout en s'efforçant de mieux représenter la diversité française et de tenter d'améliorer la vie de certains "quartiers" : entrée de plusieurs personnalités représentant cette diversité au sein du gouvernement, nouvelle politique de la ville complétant les dispositifs mis en place par les gouvernements précédents, appel aux lumières de Yazid Sabeg pour tenter de réformer ce qui devait l'être. Malheureusement, il y a eu, dès le départ, parallèlement à cette volonté normale de vouloir lutter contre l'immigration clandestine, un état d'esprit détestable communiqué par le pouvoir à l'administration française. Je me souviens à ce propos d'un échange que j'avais eu, il y a deux ans, sur le blog d'Eolas avec Véronique Raffeneau. Cette dernière estimait qu'il s'agissait davantage d'un problème propre à l'administration, et je lui avais répondu qu'il s'agissait au contraire d'un problème politique et que l'administration ne faisait que suivre le ton donné par le pouvoir. Il y avait donc un équilibre à trouver et rien n'était joué d’avance. Mais le pouvoir n'a pas su corriger assez tôt ses errances en matière de nationalité et de quotas. Je veux dire qu'on peut lutter contre l'immigration clandestine sans faire une politique du chiffre rigide, car cette course au résultat ne convient pas à l'esprit d'humanité qui doit, selon moi, régir une question de cette nature. Le fait que dans le pays des droits de l'homme, une jeune fille battue ait pu être expulsée alors qu'elle venait porter plainte au commissariat est une honte pour la France. Et le fait que, devant l'émotion légitime suscitée par cette énième affaire, Nicolas Sarkozy ait daigné faire grâce à Najlae, ne change rien au fond du problème. Pour autant, je ne voudrais pas tomber dans l'angélisme. Il y a une cohésion sociale à maintenir et, encore une fois, il n'était pas illogique de vouloir mieux contrôler l'immigration clandestine afin de se concentrer parallèlement sur les réformes nécessaires au mieux vivre ensemble. Il ne faut pas avoir peur de parler d'immigration et d'identité nationale, à moins que l'on estime que ce sujet n'appartient qu'au Front National. Nous devrions avoir encore le droit de parler et de penser dans notre pays sans se faire accuser de racisme à tout bout de champ par les vertueux de service et autres bienfaiteurs autoproclamés. On ne peut pas résoudre une question que l’on n’a même pas le droit de nommer.
Sur le plan environnemental, un certain nombre de choses ont été faites et le Grenelle a constitué un précédent et une avancée indéniable dans notre pays. Pour autant, le revirement sur la taxe carbone marque selon moi un désaveu cinglant et une reculade en rase campagne (je salue au passage la réaction de Chantal Jouanno qui contraste tant avec le manque de courage de Borloo). La phrase du président Sarkozy "l'environnement, ça commence à bien faire", prononcée pour flatter l'électorat paysan, est autant démagogique que stupide.
Au niveau institutionnel, ce fut une bonne chose de donner plus de pouvoir au parlement. Malheureusement l'attitude personnelle de Nicolas Sarkozy, le choix du prince, trop visible, est venu ruiner en partie ce progrès démocratique, du moins au niveau de l'image.
L'ouverture politique n'était pas non plus un simple gadget, même si une part de calcul semble évidente et que les maladresses ont été nombreuses.
Au plan judiciaire encore, de très bonnes mesures ont été parfois gâchées par trop d'empressement ou trop d'effet d'annonce. Pour autant, je n'ai jamais cru, dans les limites de mes capacités à en juger, que le pouvoir portait atteinte à nos institutions même si l'on peut discuter des modalités d'application de la rétention de sûreté ou de la suppression du juge d'instruction.
En matière sociale, répéter comme beaucoup que le pouvoir serait une sorte de Robin des bois à l'envers, parce qu'il prendrait aux pauvres ce qu’il donne aux riches (je caricature à peine) est du dernier ridicule. Le RSA était une très bonne initiative, même si elle paraît insatisfaisante à certains. De même, j'attends encore que l'on m'explique comment résorber le déficit de la sécurité sociale. Ce cher Aïssa, qui n'est pas plus économiste que moi, disait un peu légèrement qu'il y avait l'argent des banques, mais je dois lui rappeler que le déficit de la sécurité sociale est un problème structurel et non pas conjoncturel. Il ne suffit pas, en d'autres termes, de sortir ici ou là quelques millions ou quelques milliards, mais de supprimer ou plus modestement d'atténuer les causes d'un déficit chronique.
Rédigé par : Laurent Dingli | 28 mars 2010 à 11:52
Effectivement l'insécurité finit par nous rattraper, même au fond des provinces. Et nos enfants peuvent en être les victimes au nom par exemple d'une certaine omerta.
Un exemple dont je suis hélas le principal témoin. En prenant des raccourcis je m'explique. Mon dernier fils, 14 ans, était dans un collège dans lequel la "racaille" s'est installée doucement et devint majoritaire. Lui, élève normal, devient suspect aux yeux de celle-ci... Puis le scénario classique, brimades, vexation, humiliation... coups ?
Pour l'instant les psychiatres estiment à au moins 4 ans de traitement pour le rétablir.
Mais comme le disait une chanson : "Ne sortez pas vos mouchoirs vous pleurerez plus tard".
Côté Education nationale : "Notre collège envahi par la racaille et autres dealers, vous devez faire erreur"...
Coté psychiatrie : "Il faut minimiser les faits, cela n'a pu être qu'un facteur déclenchant sur un terrain favorable"...
Pour le citoyen Lambda : "C'est comme ça, on n'y peut rien"...
Pour conclure, l'insécurité fait partie de ces phénomènes qu'on justifie à coup de belles phrases, de théories "sociologiques" voire politiques, ou de négations. On la justifie comme faisant partie intégrante de notre société, une sorte d'évolution darwinienne, à défaut de pouvoir y remédier. En viendra-t-on avec ce principe à minimiser pénalement les auteurs d'insécurités, n'ai-je pas entendu que c'était dans les us et coutumes de certains donc normal (sic) ? A quand l'excuse génétique ?
Vous pouvez sortir vos mouchoirs, c'est le moment de pleurer.
Rédigé par : Bernard27400 | 28 mars 2010 à 10:07
@Madame Catherine Jacob,
Vous me confondez avec un autre. Je n'ai que des petits-enfants et non plus des enfants encore petits. Et c'est pour eux, car ils sont ma lignée, que je me tourmente. Mais aussi pour tous ceux qui poussent dans cette ambiance délétère, nuage dont on ne sait quand il va crever et qu'à mon âge, on ne craint plus trop pour soi-même, mais pour ceux qui viennent. C'est en ce sens que j'écris qu'il y a une sorte d'écologie de l'Etre, qui ne vit pas que de pain, et qui m'apparaît comme peu attirante pour les Ecolos à majuscule. Hommages.
Rédigé par : Jean Reffait | 28 mars 2010 à 09:40
Bonjour Philippe Bilger,
Vous nous dites : « La conclusion que l'on tire de leur analyse - à la fois factuelle et interprétative - est la nécessité pour tout pouvoir d'être infiniment modeste en face des réalités de l'insécurité et des possibilités d'action. En ce sens, c'est moins le bilan gouvernemental qui mérite d'être mis en cause que la confiance abusive que ce pouvoir pourrait manifester envers son propre volontarisme ainsi que le discrédit qu'il pourrait jeter sur les pratiques antérieures à la sienne »
En fait le problème du pouvoir en place, et plus exactement de Nicolas Sarkozy, c’est qu’il a toujours établi sa crédibilité sur sa capacité affichée (mais pas vraiment démontrée) à mettre fin à l’insécurité, que ce soit dans les banlieues (avec le fameux kärcher), dans les transports, dans les écoles, sur la voie publique, bref partout.
Alors dès qu’un événement vient jeter le discrédit sur ce qui fut toujours la pierre angulaire d’une politique axée d’abord sur la sécurité, au point d’ailleurs de ressembler étrangement à celle du FN, cela est bien sûr ressenti comme un camouflet.
La preuve en a été donnée dernièrement avec la mort de ce gendarme tombé sous les balles d’un commando de l’ETA en pleine campagne des régionales. La réaction a été immédiate, peut-être même trop d’ailleurs : il fallait absolument convaincre que le pouvoir en place était le meilleur rempart contre l’insécurité.
Résultat : deux bourdes en deux jours : l’une par le Premier Ministre qui annonce la mort d’un policier qui ne l’était pas et l’autre par les services de police qui ont pris de pacifiques pompiers catalans pour le redoutable commando de l’ETA.
Les faits sont là et les chiffres rassurants régulièrement donnés par le ministère de l’Intérieur n’y changeront rien : la réforme de la Justice, la réforme pénitentiaire, le rapprochement police-gendarmerie, la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration n’ont pas apporté la moindre amélioration sur le plan sécuritaire.
Le bilan à mi-mandat est loin d’atteindre les objectifs annoncés et les discours empreints d’autosatisfaction ne suffisent plus pour convaincre les citoyens qui jugeront en connaissance de cause en 2012.
Rédigé par : Achille | 28 mars 2010 à 08:03
Le modèle de Nicolas Sarkozy n'existe pas. Ce n'est pas un modèle, il n'y a aucune modélisation, analyse et projet d'envergure.
Il n'y a que des réactions épidermiques. Rien sur le long terme, rien sur la durée. Les policiers en Seine Saint Denis ne passent plus d'habilitation au lanceur de balles de défense pour faire plaisir aux élus de la première ville du département. Les policiers en Seine Saint Denis roulent avec des véhicules ayant 5 ans et plus de 120000 bornes au compteur (ce qui est énorme pour un véhicule d'urgence). Tout ceci découle de réactions spontanées à court terme.
Il n'y a aucun programme à long terme, aucune stratégie. Aucun discours clair. Et la remontée du FN en est la conséquence inéluctable.
Rédigé par : Marcel Enclume | 27 mars 2010 à 22:56
La sécurité prend une place de plus en plus importante dans le discours politique en France.
Est-ce le seul problème ?
Est-il la cause ou la conséquence des autres problèmes ?
Tout ce battage sert juste à récupérer les votes des vieux en jouant sur la peur.
Parlons aussi d'autres choses.
Rédigé par : Alex paulista | 27 mars 2010 à 22:47
@Jean Reffait | 27 mars 2010 à 17:32
"Et je pense à mes petits-enfants dans cette gabegie."
Si vous aviez dit : "Et je pense à mes enfants, encore petits"
On aurait compris qu'il s'agissait de ceux âgés de trois ou quatre ans que vous avez déjà évoqués. En revanche, dans votre formulation présente on hésite entre un lointain futur et des enfants champignons, hier au biberon, aujourd'hui, parents déjà...
Rédigé par : Catherine JACOB@Jean Reffait encore un peut-être? | 27 mars 2010 à 21:25
Bonjour M. Bilger,
J'ai bien fait d'attendre car au fil du jour j'ai vu votre billet initial se compléter de nouveaux paragraphes.
Je suis bien d'accord avec vous, la montée de l'insécurité n'est pas de la faute de ce gouvernement, pas plus que des précédents.
Encore qu'il ne faille pas confondre l'insécurité, qui me paraît être un sentiment au sens d'un ressenti, avec la montée de la violence et de la délinquance, statistiquement mesurables quand on ne cherche pas à tricher avec les chiffres.
L'augmentation de la précarité et de la pauvreté n'est sans doute pas pour rien dans ce phénomène au moins pour certains crimes ou délits comme par exemple les braquages de petits commerçants, les agressions pour extorquer des codes de cartes bancaires, les vols à l'arraché.
La perte des valeurs, des repères me semble aussi une cause évidente de la flambée de la criminalité et de la délinquance, l'absence de morale ou du moins d'éthique, l'ignorance du respect d'autrui, tout particulièrement chez les mineurs.
Ce ne sont pas de nouvelles lois toujours plus répressives annoncées dans la précipitation et sans la moindre réflexion qui y changeront quoi que ce soit.
Le problème est à traiter en amont et on ne peut pas dire que le gouvernement s'y emploie.
Si le gouvernement, ou plutôt le président de la République sont montrés du doigt sur ce sujet c'est justement pour avoir manqué "d'intelligence et de pragmatisme" en abusant "l'opinion publique en lui chantant des victoires aussi bien prématurées qu'inconcevables".
Car tout de même, qui a depuis 2002 tenu un discours sécuritaire? Qui a fait de l'insécurité un argument électoral y compris aux dernières régionales alors même que les régions n'ont aucune compétence en la matière? Qui a promis de nettoyer les cités au kärcher? Qui a démantelé la police de proximité? Qui a fait voter de nouvelles lois sécuritaires aussi inefficaces qu'inapplicables?
Alors effectivement Sarkozy n'est responsable de rien. Quelqu'un peut-il me rappeler qui était donc ministre de l'Intérieur de 2002 à 2007?
Rédigé par : Ludovic | 27 mars 2010 à 19:49
Votre constat, Monsieur l'avocat général, me semble empreint d'un désespoir qui ne vous ressemble pas.
L'intelligence et le pragmatisme apparaissent comme les qualités fondamentales d'un Etat soucieux de la sécurité de tous. Je vous rejoins totalement sur ce point. Mais ces qualités font apparemment cruellement défaut à la politique mise en oeuvre par ce gouvernement.
Peut-être n'est-il pas trop tard pour y remédier?
Rédigé par : Christian C | 27 mars 2010 à 19:00
Monsieur,
Votre invocation au stoïcisme me semble périmée, comme elle le semblait déjà lors des plus illustres exemples issus de notre Histoire, celle qui est réellement notre source de civilisation. Ainsi de Caton l'Ancien, qui persistait à parler le langage des Stoïciens alors que lui-même était déjà raillé, jusque par Cicéron, pourtant peu enclin à prêcher des comportements révolutionnaires, dans ses plaidoyers les plus célèbres, pour son dogmatisme raidement répressif. Il agissait dans la période la plus trouble de l'agonie de la République Romaine. Il agissait ? Ceci nous ramène à notre époque...
Mais je pense que votre billet comporte deux maîtres-mots avec lesquels on ne joue pas à saute-mouton. On passe une fois, deux fois, trois fois, avant de chuter en se faisant très mal. Ces expressions sont "Réalité sociale, et Matamore".
Vous résumez ainsi les premiers rôles de la tragédie insécuritaire dont chacun est conscient, même ceux qui affirment, avec une part de raison, qu'il s'agit moins d'insécurité que de sentiment d'insécurité.
Mais il est à craindre que la réalité sociale nous entraîne, parce que la dénier n'est pas la ranger à ses côtés, vers des voies que nous ne discernons pas encore et que Matamore au petit ou au grand pied, ne provoque plus de réactions dramatiques que d'apaisement. Lois, décrets, circulaires, se pressent aux portes des officines gouvernementales. Les sous-Matamore en font un concours d'idées auxquelles répond le "bon sens" populaire, citant le cri éhonté de Charles IX lors du massacre des Protestants de la Saint-Barthélémy : "Tuez-les, tuez-les tous ! Qu'il n'en reste pas un pour me le reprocher !"
Je lis avec une mélancolie ce que je trouve sur certains forums, et jusque dans les commentaires de votre blog.
Et je pense à mes petits-enfants dans cette gabegie. Il y a là une pressante écologie de l'Espèce, dont on semble se soucier assez peu.
C'est tout un système de pensée qui est à refondre. Oserai-je dire que la réalité sociale exige surtout des François d'Assise ? Et non point des Matamore. Utopie, rêve fou et démesuré ?
Au point où nous en sommes...
Merci d'avoir souligné ce bel article qui vous a inspiré. Je m'inquiète, comme une précédente correspondante, de savoir si vous avez rencontré François d'Assise. Entre lui et Matamore, il y a quand même un large espace !
Rédigé par : Jean Reffait | 27 mars 2010 à 17:32
@PB
"le modèle créé par M.Sarkozy s'essoufle" dit le Monde,
et vous répondez "c'est l'insécurité qui va trop vite."
je pense que vous n'êtes pas allé assez loin dans votre analyse.
J'image ma réflexion :
"ça chauffe moins, la chaudière s'essouffle," aurait pu dire le Monde.
"Non c'est le froid qui augmente trop vite" auriez-vous pu répondre.
Une analyse approfondie dirait que c'est parce que le soleil n'est pas à son zénith qu'il y a moins de chaleur. C'est pour cela que le froid augmente et que la chaudière a du mal à suivre !
Ce n'est pas l'insécurité qui va trop vite, c'est ce qui génère de la sécurité qui n'est pas à son zénith !
Désolé pour les pisse-froid de l'athéisme humaniste, mais tant qu'on n'élèvera pas "l'amour du prochain" au-dessus des considérations matérialistes, il fera de plus en plus froid.
"Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira."(St. Matthieu 24:10,11)
Et jusqu'à preuve du contraire, l'amour génère de la sécurité dans les relations.
Oui, je sais... j'ai le droit de rêver !
Cordialement
Rédigé par : Pierre-Antoine @ ceux que ça intéresse | 27 mars 2010 à 16:43
"En ce sens, c'est moins le bilan gouvernemental qui mérite d'être mis en cause que la confiance abusive que ce pouvoir pourrait manifester à l'égard de son volontarisme et le discrédit qu'il prétendrait attacher aux pratiques antérieures à la sienne."
Après les limites du droit de réserve, il semble que vous piétiniez les limites de la séparation des pouvoirs.
La théorie de la séparation des pouvoirs a pris, en France, une signification particulière, que le Conseil constitutionnel a qualifiée, dans une décision du 23 janvier 1987, de "conception française de la séparation des pouvoirs".
Celle-ci se distingue de la théorie classique, puisqu’elle trouve son origine dans les lois des 16 et 24 août 1790 et du décret du 16 fructidor an III qui interdisent aux tribunaux de l’ordre judiciaire de connaître des litiges intéressant l’administration.
Par ces textes, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ont été soustraits au contrôle des juridictions judiciaires, au motif que celles-ci ne disposaient pas d’une légitimité suffisante pour juger des actes émanant d’autorités procédant du suffrage universel.
Ah oui, mais c'est Philippe Bilger, citoyen, personne privée qui blogue et déblogue et non l'institution judiciaire...
Ah, oui mais il étale à loisir, sa qualité de "haut magistrat", les titres de ses ouvrages en font foi et ils figurent sur son blog et dans sa biographie, entretenant la confusion.
Ah, oui mais il semble se réfugier depuis un récent entretien dans le "nébuleux" attristé conforté par le conditionnel à foison dont la nuisance est moindre.
J'en suis heureux.
Rédigé par : Bob le flambeur | 27 mars 2010 à 16:01
Beau billet.
Avec ça, le Pouvoir devrait vous laisser tranquille maintenant.
Rédigé par : Spinach | 27 mars 2010 à 15:10
Ce n'est pas "le modèle créé par M.Sarkozy qui s'essouffle", c'est l'insécurité qui va trop vite.
Et le modèle du nouveau droit de réserve créé par M. Sarkozy, il dit quoi ?
Rédigé par : Bob | 27 mars 2010 à 14:49