Alain Finkielkraut peut agacer à plus d'un titre.
Dans les entretiens, il parle longtemps, en tout cas plus longtemps que ses contradicteurs.
Il ne regarde jamais ceux-ci quand il leur répond mais penché sur soi développe sa pensée comme s'il était seul au monde.
Il ne donne jamais signe de vie quand on lui adresse un courrier ou qu'on le lui fait transmettre.
Ces comportements, aussi gênants qu'ils soient, constituent sans doute la rançon d'une personnalité qui prêche pour la politesse à l'école mais s'en estime parfois déliée pour elle-même.
Mais il y a plus grave. Alain Finkielkraut est un plaintif qui a du succès. Le succès, l'écoute, l'aura ne l'empêchent pas de se plaindre. Cette attitude contradictoire est, elle, réellement agaçante. J'en veux pour preuve un entretien qu'il a accordé au Figaro et où, au milieu de pertinentes et lucides analyses, il gémit sans raison.
En effet il souligne finement que "le rire contemporain est une forme d'incivilité" et plaide pour que "les élus du peuple réagissent et par exemple qu'ils boycottent les émissions où on les outrage". Pourquoi pas ? A mon sens, une telle politique de fuite et de désertion serait infiniment moins efficace qu'une réplique vigoureuse apportée dans le face à face. Il ne faut pas se laisser faire et, pour cela, ne pas quitter le champ de bataille sauf circonstances exceptionnelles.
Alain Finkielkraut est souvent invité par les médias, la promotion de ses livres qui en valent toujours la peine est supérieurement assurée. Il est en charge d'une émission hebdomadaire sur France Culture : "Répliques". Il y convie des interlocuteurs souvent passionnants mais dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne sont pas aux antipodes de lui. La contradiction, soit, mais tempérée. Quel bonheur d'être le maître, sur une radio de grand niveau, d'un moment qui ne dépend que de vous et de vos choix ! Et il ne perçoit pas à quel point son statut est celui d'un privilégié de l'intelligence et de l'influence !
Il se vante aussi d'avoir accepté de venir au "Grand journal" pour signifier leur fait aux bien-pensants et aux ricaneurs mais déplore en même temps d'avoir été "raillé" par Guy Bedos et "violemment attaqué" par Eric Naulleau dont la spécialité n'est pas l'eau bénite. Quelle étrange conception du dialogue que celle qui lui permet d'inviter qui il veut sur France Culture, d'attaquer qui il veut ailleurs mais de n'être jamais, lui, soumis à une riposte vive parce qu'elle serait qualifiée immédiatement de "combat de catch" !
Ce comportement général est d'autant plus surprenant que, pour louer "Répliques" et son esprit, il cite une magnifique pensée de Montaigne :" Quand on me contrarie, on éveille mon attention et non pas ma colère.Je m'avance vers celui qui me contredit, qui m'instruit. La cause de la vérité devrait être la cause commune à l'un et à l'autre". Faites ce que je lis, pas ce que je fais !
J'aimerais être maltraité comme Alain Finkielkraut !
Oui, superbe pensée de Montaigne : "Quand on me contrarie, on éveille mon attention et non pas ma colère. Je m'avance vers celui qui me contredit, qui m'instruit. La cause de la vérité devrait être la cause commune à l'un et à l'autre".
Espérons qu'il la fera sienne en ce moment, depuis son coming out d'afioc. Peut-être va-t-il se ressaisir.
Rédigé par : jo benchetrit | 27 novembre 2012 à 08:50
Réfléchissez un peu dans votre tête, ma petite Marie sympathique … Ce panneau dans cette classe de Finkielkraut aurait existé au temps où celui-ci y était écolier, sa photo aurait été collée où? A l'endroit exact de cette Pologne, à l'endroit même de ces ghettos, peut-être même à l'endroit d'Auschwitz non loin où l'on venait de faire périr ses grands-parents et que ses parents venaient de fuir, où Vichy a renvoyé son père s'y faire assassiner … Et juste en dessous, cette légende en lettres énormes autant qu'en stupidité, qu'on aurait fait réciter au petit écolier Alain Finkielkraut (né à Paris pourtant, lui, comme la plupart de ces enfants): «Je suis fier de venir de … là» … Ah ça oui, il y aurait de quoi être fier d'être venu d'un pays qu'on a fui pour sauver sa peau d'un pogrom et d'un génocide programmés!... C'est fameux d'inculquer ça même de cette façon en apparence innocente, ludique et didactique à de si jeunes enfants ... C'est pourquoi on l'entend dire que ça n'existait pas, ça, en son temps, non, ça n'existait pas ... Finkielkraut n'a pas eu besoin, enfant et même plus tard, de cette chose infecte en mappemonde illustrée de sa photo pour connaître son histoire. Il en sera de même pour tous ces petits enfants. On l'a tellement senti gêné et sidéré au moment qu'il vit cette carte que c'en était pitié … Il n'a rien osé dire. Moi à sa place, j'en aurais fait des confettis sous leurs yeux, cette institutrice ainsi que ce directeur, de leur mappemonde immonde … Et je leur aurais rappelé ce qu'est le principe républicain et l'école de la République car manifestement ils sont complètement à la ramasse les responsables pédagogiques de cette école! Je suis allé ainsi que ma soeur voir à l'école primaire de mes nièces et neveux s'il n'y avait pas là aussi cette vacherie accrochée à un mur … Il n'y avait rien, heureusement, sinon des enfants leur propres peintures et dessins bariolés sur les murs, les vitres et même la porte … N'insistez pas; quoi que vous écririez sur ce sujet, vous auriez tort … C'est une cause indéfendable, une position intenable. Le débat est clos.
Sans transition
Pierre-Antoine, ne faites pas le malin et soyez moins égoïste … Voyez, en un seul billet je réponds à Marie ainsi qu'à vous et cela ne gêne personne ni ne remet en cause ma politesse à l'égard de mes locuteurs. Prenez exemple, ce n'est pas bien compliqué et ça simplifie les choses pour tout le monde … Tiens, j'ajoute même un soutien franc à ce cher Laurent Dingli: Je soussigné Aïssa Lacheb-Boukachache apporte son entière, ferme et sincère contribution morale et intellectuelle à la journée consacrée à la protection des grenouilles et autres tritons, salamandres ... Ainsi que les crapauds, évidemment!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 07 mai 2010 à 00:02
@Aïssa,
Monsieur Ledun a raison.
Vous soulevez un côté négatif de la vie sans positiver la phase "éducation".
Tout d'abord, un enfant qui est en possession de toute sa vision, voit bien que dans sa classe, autour de lui, il y a un enfant à la peau noir, et/ou à la peau jaune, et/ou aux yeux bridés, et/ou aux cheveux crépus... etc... Si de surcroît, le petit a la peau "blanche", il se posera ou posera des questions à son entourage.
Alors, sans aller chercher le racisme, dans un procédé éducatif, l'enseignant profite d'une opportunité qui lui est présentée, pour éduquer sa classe quant aux origines géographiques d'un ou plusieurs élèves !
Dans cette façon d'agir, il n'y a rien de répréhensible. L'enfant retient beaucoup mieux le visuel. Une carte du monde, pour la localisation, est un atout. Et, si l'un des pays est celui d'origine de l'un de ses copains, il retiendra bien davantage l'emplacement géographique sur la carte.
Par ailleurs, cela peut être aussi une opportunité pour l'enseignant d'étudier un pays et pourquoi pas, faire connaître aux élèves la manière de vivre de personnes qui peuvent avoir encore des liens de parenté ou de coeur avec ceux qui vivent en Europe...
Lorsque Kadhafi est venu en voyage officiel en France, il n'est pas arrivé en costume 3 pièces et il a installé sa tente et tout ce qu'il voulait avec.... Un enfant, qui regarde parfois les informations avec ses parents, le soir au moment du repas, n'est pas aveugle. Et n'est pas toujours avare de questions ! Alors, il y a des explications que des enseignants peuvent donner sans heurter quiconque.
On ne pourra jamais empêcher quelqu'un d'avoir la peau noire ou jaune, ou basanée... C'est ainsi, c'est un fait. Mais, à entendre certains depuis quelque temps, on croirait que pour eux, la "porter", est un complexe, un mal... Et qu'ils reprochent "aux blancs" leur peau blanche, et plus particulièrement, d'être nés ainsi en Europe... !
Mais je suis certaine que vous aviez parfaitement compris...
Maintenant, ce qui, à mon sens, peut paraître "raciste" de nos jours est le questionnaire que tout enfant doit remplir à la rentrée dans chaque classe. En particulier, mais en dehors de l'identité de l'enfant, la profession des parents, leur manière de vivre (s'ils sont mariés, divorcés, s'ils vivent en concubinage, avec quelqu'un ?) ; ce qui fut dénoncé par un enseignant il y a deux ans environ, car ce questionnaire devait passer outre les parents et être adressé, via l'enseignant, au ministère... !!!
Rédigé par : Marie@Aïssa | 06 mai 2010 à 12:30
Bon d'abord, ce n'est pas le panneau de ma femme mais celui de son école. Ensuite c'est vrai, elle est une excellente institutrice (sauf avec moi...).
Comme vous l'expliquez, évidemment c'est infâme. Comme moi je le comprends, c'est une richesse qui est mise en valeur.
Je crois que cela ne va pas plus loin.
Mais bon il y a d'autres moyens de les mettre en valeur ces p'tiots.
Sur l'incident du canal, vous en avez des certitudes (vous et les autres) ! Ce sont des choses qui arrivent, surtout quand il n’y a pas de caméra...
Je rentre de Kaposvar (Hongrie) oú j'ai pu observer quelque chose d'étrange : pratiquement dans chaque vitrine de commerçants, les photos de promotion des élèves figurent en bonne place.
Que faut-il en penser ? C'est grave docteur ?
Rédigé par : jpledun@Aïssa | 05 mai 2010 à 23:17
Complément d'infos:
1°J'aime la pluie et si je n'ai pas de raison particulière de sauvegarder ma tenue du jour, je ne m'en protège généralement pas vu que j'ai appris de ma grand-mère autrefois que "Les beaux oiseaux ne mouillent pas." Une fine allusion au fait que les plumes des oiseaux et autres pelages des animaux en bonne santé ne risquent rien sous la pluie vis-à-vis de laquelle ils sont comme imperméabilisés. En revanche et hélas, ce n'est pas le cas vis-à-vis du mazout auquel les espèces n'ont pas encore eu le temps d'adapter leurs stratégies de survie. Autrement dit on peut faire son affaire d'un nombre d'ennuis occasionnels limités, en revanche quand ils tombent comme le mazout sur le pauvre, ça commence à devenir très difficile de s'en tirer sans dommage sans aide céleste !
2° J'oublie régulièrement mon sac d'où quand je fais mes courses, je porte la plupart du temps le tout en vrac dans mes bras, à moins de courses vraiment importantes auquel cas, je fais l'emplète supplémentaire d'un énième sac/cabas dans le magasin même.
D'où extrêmement peu de chances de me confondre avec l'une de vos silhouettes fantasmatiques.
3°Comment les relations, parfois compliquées et certes pleines d'exceptions, entre la phonétique et l'orthographe peuvent-elles susciter de l'incompréhension chez qui se proclame 'écrivain'?? Hum?
Rédigé par : Catherine JACOB@Aïssa+ | 04 mai 2010 à 11:06
"Elle s'est tournée un moment vers moi et a dû se demander ce que je lui voulais. Je ne lui voulais rien, j'étais juste fasciné par ce plastique transparent sur sa tête et tenu par des ficelles sous le menton..."
Santé ! Et arrêtez d'imaginer les intentions d'autrui sur le base de comptes rendus mal faits par d'autres qu'eux-mêmes, vous dormirez mieux et ne serez plus en dette de sommeil.
Rédigé par : Catherine JACOB@Aïssa | 04 mai 2010 à 10:14
Philippe, au sujet des lettres ensevelies dans le chagrin.
A l'automne, j'ai écrit en vain à un destinataire pour qu'un deuil soit conforme à la volonté d'un mourant.
Ce qui était alors en jeu était la fidélité à une amitié de cinquante ans et les ultimes désirs sont sacrés.
Nous sommes en mai. Le destinataire de cette lettre que j'ai écrite dévastée ne m'a pas répondu.
Même quand il est question de mort, il y en a quelques-uns qui ne se donnent même plus la peine de simplement accuser réception d'un message qui touche l'au-delà de la vie et le repos en paix.
Alors, pour vos lettres adressées à un tel ou à un tel et restées sans réponse, ne soyez jamais étonné.
Il y a un sens commun des choses les plus évidentes et les plus précieuses que nous avons irrémédiablement perdu.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 mai 2010 à 08:30
Ma chère Catherine Jacob, pardonnez-moi mais je n'ai rien compris à ce que m'avez écrit ... Par contre et je ne sais pourquoi, en vous lisant à l'instant je n'ai pu m'empêcher de vous imaginer telle ces femmes qu'on voyait souvent jadis sous la pluie, en caban et cabas, un sac plastique transparent sur la tête d'où ruisselaient les gouttes de pluie ... Je croyais que cela n'existait plus mais je vous jure que j'en ai encore vu une cet après-midi; je n'ai pu m'empêcher de m'arrêter pour l'observer longuement passer ... Elle s'est tournée un moment vers moi et a du se demander ce que je lui voulais. Je ne lui voulais rien, j'étais juste fasciné par ce plastique transparent sur sa tête et tenu par des ficelles sous le menton ...
Bonne nuit ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 04 mai 2010 à 00:21
@Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 mai 2010 à 01:45
Voilà bien en effet, les conséquences d'une absence de connaissance des relations entre la phonétique et l'orthographe.
En français, la syllabe « aut » n'est la syllabe « otte ».
Ex. « Autrement » qui ne se prononcerait pas de la même manière si ce mot s'écrivait « ottrement ». A cet égard, il est indifférent que Kraut - « herbe, plante ( comme dans « herb-oriser », « traité de botanique »), ou encore « chou » (comme dans « les petits garçons naissent dans les choux », « mon pt'it chou »), ou au figuré « affaire » comme dans « Das ist ein böses Kraut : C'est une mauvaise affaire », enfin « Gentilhomme » comme dans « Kraut-Junker »), que Kraut donc, se prononce originellement « Cra-ôte » selon une phonétique allemande, ou « ??? » selon la phonétique polonaise.
Donc s'amuser bêtement sur la base de « Hé Finkiel! Crotte!! » C'est faire preuve à la fois d'une ignorance 'grass' et d'une bêtise 'crottissime'!!
Allez! P'tites boulotteuses de « crottes de nez » et autres p'tits scarabées rachitiques, si vous vous repentez il vous sera peut-être pardonné!
Ceci étant, je crois me souvenir que mon fils avait autrefois dans sa classe d'école primaire au Japon, une jolie et intelligente petite YOSHI-KO, doté donc d'un prénom dans lequel on écrit « YOSHI » comme on veut , par ex. « Bien » et où « KO » est un suffixe souvent accolé aux prénoms féminins dans le Japon contemporain. Mais certaines petites filles jalouses avaient trouvé amusant de harceler cette pauvre enfant en l'appelant « O-Shikko-Chan » où « Chan » est un suffixe qui sert de diminutif et où « O-Shikko »est le mot dont se servent les enfants pour dire: « Pipi », autrement dit « Pissou, pissou »... Honni soit celui qui entendrait dans cette anecdote parfaitement authentique, bien évidemment, un jeu de mots franco-japonais, ce qu'il ne saurait être que par raccroc.
Rédigé par : Catherine JACOB@Aïssa | 03 mai 2010 à 10:33
J'ai vu moi aussi le documentaire "Empreintes" consacré à Finkielkraut.
Cette histoire d'insultes scénarisée me semble relever du pur fantasme.
Par contre, il faut réinterpréter la main de Thierry Henry lors de France-Irlande. Elle a été imaginée et scénarisée pour le même reportage pour mettre en valeur le côté éthique de Finkielkraut lors de sa scène avec Dussolier, l'autre acteur engagé par la prod. C'est évident, d'ailleurs Thierry Henry a doublé cette main car il avait peur que la première ne se voie pas assez à l'image !!!
Rédigé par : Francois F. | 03 mai 2010 à 10:19
Comprenez, si je haïssais à ce point Finkielkraut et que le reconnaissant ainsi depuis l'autre rive d'un canal, je décidais de le prendre de la sorte à partie, je ne hurlerais pas "Jette-toi dans le canal, Finkel", mais plutôt "Jette-toi dans le canal, FinkielCROOOOOOTE" en insistant bien sur cette particularité phonétique de son patronyme. D'autant que cette personne hurle "merde" ensuite, sans s'arrêter de marcher ... Quand on possède un patronyme tel qu'il vous situe d'emblée (depuis l'enfance même, il l'a rappelé; d'où qu'on l'appelait administrativement en cette école primaire Fink plutôt que Finkielkraut et il a expliqué lui-même pourquoi ...), qu'il vous situe d'emblée donc comme une cible potentielle et facile à toutes les invectives, les ami(es) le savent qui au mieux le prononcent en l'abrégeant familièrement en Fink, Finkie ou Finkel; au pire, en ne prononçant pas le "t" qui le termine; ce qui alors donne Finkielkrau. Il faut être bien naïf de croire que des ennemis qui vous souhaitent de vous noyer dans un canal s'embarrasseraient pour vous le hurler de ces manières et à la menace directe et explicite ajouteraient la prévention d'une prononciation de votre nom qui ne vous blesserait pas; ainsi le Finkel familier, quasi amical par lequel cette personne lui souhaitant la mort finit sa phrase.
Cette mise en scène est un peu nulle, je trouve ... Ca gâche tout. C'est pas digne d'un penseur qui s'affiche intègre en ces choses ...
Bonne nuit ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 mai 2010 à 01:45
1949. Paris. Deux couples dont le père est un juif polonais émigré attendent un enfant.
Le premier naît le 15 avril 1949 et son père dentiste le prénomme Alain.
Le second naît le 30 juin 1949 et son père artisan maroquinier le prénomme aussi Alain.
Les parents du second trouvant leur nom trop compliqué ont obtenu qu'il se fasse appeler Fink pendant toute sa scolarité.
Les parents du premier ont sans doute déjà raccourci le leur (Minkovski peut-être ?? ) et il s'appelle Minc.
C'est par ces troublantes ressemblances que débutent la vie des deux Alain.
Alain Minc et Alain Fink seront d'excellents élèves et feront de brillantes études mais leurs routes vont sensiblement diverger.
L'un a récupéré son nom complet, s'est orienté vers la philosophie et reste torturé par ses origines et la tragédie de sa communauté. Il promène un regard désolé sur un monde moderne qu'il n'aime pas et se réfugie dans les livres de penseurs souvent désabusés et pessimistes. Il se plaît à livrer des combats qu'il sait perdus.
L'autre, au contraire, semble assez indifférent à ses origines, il devient incontournable dans le petit monde français des affaires, conseillant officieusement politiques et financiers, surfant entre les conflits d'intérêt, il est de toutes les coteries et s'enivre de puissance occulte. Il aime à se placer du côté des puissants et voit en la France un gigantesque Monopoly : il lui plaît de penser qu'il est le meilleur à ce jeu.
2010. Paris. 60 ans ont passé. Les deux Alain sont parfaitement assimilés et célébrés, manient le français oral avec une dextérité rare, ont écrit des livres appréciés et reçu honneurs et gloire et les voilà de nouveau réunis sur le blog de Philippe Bilger, à quelques semaines d'intervalle. Si l'un suscite considération et respect, l'autre provoque antipathie et exaspération comme si pour ce magistrat, la Vie avait rendu son verdict.
Rédigé par : Francois F. | 02 mai 2010 à 20:25
Précisément, Jean-Paul, qu'ils viennent d'ailleurs ou qu'ils soient nés ici n'importe pas heureusement. Ce qui importe est en retour leur très jeune âge d'où à travers ce genre de tableau et mappemonde, on les renvoie contre leur gré à leurs origines étrangères. C'est très pernicieux. On ne peut prôner dans le lieu même dévolu à cela par excellence, avant tous les autres, une égalité et une citoyenneté dans la République en renvoyant immédiatement et constamment (cette mappemonde singulière reste accrochée à l'année) à un ailleurs absolument inconnu d'eux, qui ne leur parle d'aucune manière et qui les stigmatise d'une façon certaine et les désigne de fait comme hors le champ où ils devraient être inscrits de fait; ce champ étant l'égalité républicaine et la citoyenneté française. Cette mappemonde s'inscrivant inconsciemment dans leur jeune cerveau, les instruisant qu'ils ne sont pas d'ici, qu'ils sont importés en quelque sorte et de ce fait tolérés, quand tout crie le contraire; comment voulez-vous que plus tard ils n'aient pas de problème douloureux d'identité? Le problème -et il est grave- n'est pas de savoir si oui ou non ils sont nés ici; le problème est leur très jeune âge et que dès cet âge on leur inculque de cette façon ludique mais en réalité pourrie, qu'ils ne sont pas comme les autres puisqu'ils ne viennent pas d'ici … De plus, fiers de quoi? de ce qu'ils n'ont jamais connu et ne connaitrons certainement jamais? Le petit enfant Tutsi de cette classe sera-t-il fier de ce Rwanda d'où ses parents se sont échappés d'une mort certaine et atroce pour trouver asile et vie en France? Le petit Soudanais que son gouvernement (si tant est que l'on puisse nommer cela un gouvernement) faisait crever de famine là-bas, est-il fier de ce là-bas d'où il vient si tant est qu'il y soit né? Et ainsi de suite … C'est pour l'instant de leur classe qu'ils doivent être fiers, de la France où désormais ils s'inscrivent dans l'Histoire et l'avenir. Plus tard, au lycée, à l'université, alors ils auront toute l'intelligence et, je l'espère, la maturité pour appréhender ces choses de leur pays, la France et du monde et dire alors éventuellement: J'aime mon pays et j'aime aussi celui de mes parents que je connais mieux maintenant … Cette mappemonde infecte en vérité me fait penser que dès cette classe on fabrique de citoyens sans identité, c'est à dire des sortes singulières d'apatrides français … Plus tard et des discriminations autres se greffant là-dessus, ils cracheront sur cette France qui dès leur plus jeune âge leur a inscrit dans le crâne qu'ils n'avaient rien à faire ni à voir avec elle; qui aura justifié de façon si tôt anticipatrice ces rejets et ces discriminations. Il y avait de petits français dits de souche dans cette classe … Leur photo était collée où à l'endroit de ce panneau? Sur la partie France de cette mappemonde, peut-être même sur la toute petite partie de Gascogne ou de Provence … Forcément. Vous imaginez l'horreur, les hiatus et les incompréhensions dans ces jeunes cerveaux en pleine intégration et formation à l'appréhension dès cet âge et l'accomplissement d'un présent et d'un destin collectif … Je ne doute pas que votre épouse soit une excellente institutrice mais, croyez-moi, elle devrait ôter ce panneau infâme. Si, visitant une classe de primaire où mes enfants (je n'en ai pas), ou mes nièces et neveux (j'en ai), se trouvent, je voyais accroché au mur ce renvoi ignoble à des origines hypothétiques et inconnues, ça se passerait très mal pour tous les responsables de cette école… Sur ce coup, Finkielkraut en ne prenant pas à partie immédiatement et l'institutrice de cette classe et le directeur de cette école au sujet de ce panneau , a été pris en flagrant délit de pusillanimité, mais, plus grave, en contradiction totale avec tout ce qu'il prône et défend … Il a merdé total quand il avait pourtant là l'occasion incroyable et d'autant plus extraordinaire car filmée et rendue publique de mettre ses actes en accord avec sa pensée. Comment se plaindrait-il encore de n'être jamais entendu ni crédible ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 mai 2010 à 13:07
Non non Aïssa, vous vous méprenez.
Ce genre de tableau existe dans chaque école qui se respecte (celle de ma femme par exemple). Ses enfants viennent vraiment de "là-bas". Ils ne sont pas nés par "chez nous".
Un jeune Afghan, arrivé il y a 6 mois, a été admis, hors cursus légal, dans l'école de mon épouse. Pour ne citer qu'un exemple.
Je l'impression que l'on réduit trop vite et trop souvent le cosmopolitisme à un petit problème franco-maghrébin.
Enfin c'est ce que j'en pense.
Rédigé par : jpledun@Aïssa | 02 mai 2010 à 11:17
@ Aïssa Lacheb-Boukachache | 01 mai 2010 à 19:27
«je le comprends désormais davantage en ce mot que je lui dédie: Il cherche la France et ne la trouve pas. »
Réécoutez-le.
@ jpledun@Philippe | 30 avril 2010 à 23:58
Merci pour avoir communiqué ce lien vers la Vidéo intégrale de l'émission « Empreintes » disponible jusqu'au 07mai 2010 sur le site de France 5.
J'en ai retenu un certain nombre de choses dont ce propos sur l'amitié qu'il définit ainsi: « L'amitié c'est aller trop loin dans ce qu'on pense de façon à pouvoir ensuite nuancer et approfondir votre propos. L'amitié c'est la merveille d'une exigence. » Vers 13'20 J'approuve tout à fait avec toutefois cette réserve que cela n'est possible que dans certaines circonstances qui ne sont pas réunies lorsque le citoyen est abusivement sur écoute, ou encore que l' « ami » va faire son rapport au sortir de chez vous, ce qui est trop souvent le cas dans les fausses démocraties dont vous apprenez dès lors la solitude... accompagnée, la violence inquisitrice de petits m.....x arrogants qui vous privent ainsi du bien le plus précieux.
Il s'inscrit en faux contre ce qu'il appelle 'Idéologie progressiste': « On est installé dans l'idée d'une France qui doit expier ses forfaits. L'hostilité dont la France est l'objet d'une partie importante de ces nouvelles populations, n'est pas le résultat de son colonialisme d'autrefois ou de sa xénophobie d'aujourd'hui. Il s'agit d'autre chose que je ne sais pas caractériser mais dès lors pour le manichéisme aujourd'hui dominant je suis coupable de racisme. Je suis celui qui justifie la stigmatisation et quand je dis la prétendue stigmatisation alors là mon compte est bon. » Il déclare protester, essayer de démystifier ce discours là ( 'démystifier', voilà bien en effet la tâche essentielle de la philosophie qui est de penser contre, entre autres et, notamment, contre les mensonges et les apparences), mais je sais que c'est une tâche herculéenne. »
Bref, ce que moi je comprends c'est que le crétinisme ambiant est abyssal et qui donc pourrait en effet, démontrer le contraire.
Il dit que sa langue maternelle (le français) n'est pas la langue de sa mère ( le polonais ) et que « Pour être citoyen il faut être responsable ce qui ne se peut que dans un territoire déterminé. », ce que n'est pas « le monde » - vers 20' -
Il explique que l'ingratitude règne à laquelle une mauvaise conscience donne droit de cité au nom du passé criminel de la France. C'est face à cet accord là qu'il souhaite apporter son témoignage qu'il existe pour celui qui arrive (et donc demande l'hospitalité), un autre rapport avec l'identité française que de critiquer une France qui serait inhospitalière.
A l'occasion de la visite de son ancienne école primaire, il explique par le biais d'un Camus sensible à l'exotisme d'une France qui lui était, petit, totalement étrangère, « qu'il y a un vrai plaisir à ne plus être soi et à sortir de l'enfermement en soi, et que l'école ne devrait pas refuser ce plaisir aux enfants. »
Il consulte les appréciations émises à propos du petit écolier qu'il était alors: "Admis en sixième sans examen, accepte mal la défaite (personnellement j'ai été admise en septième sur examen puis je suis passée en sixième en conservant mon année d'avance, et ma préoccupation était plutôt l'armistice qui me parlait d'une possible réactivation d'un conflit dont le fantôme menaçant planait encore sur ma famille ), mais il poursuit manifestement mieux que moi.
Il dit avoir vécu dans l'abstraction (=coupure, je pense) d'avec la Pologne et l'image qui lui en a été transmise frappée d'un interdit, ce qui me donne à penser que ce qui m'a été transmis, à moi, vis-à-vis de l'origine et de la tradition est tout autre, bien que sans doute en réponse à un même souci...!
Sur le reste, je ne m'exprimerais pas parce que, ce que je pourrais avoir à commenter relativement à l'abstraction du juif imaginaire et de la tentation qu'il a représenté pour le Finkielkraut a peu de chances d'être reçu dans la mesure où je n'appartiens pas à cette « communauté » même si je me sens proche parfois de l'abstraction en tant que telle et aussi dans sa forme de double discontinuité et coupure épistémologique qui implique également un double renversement.
Eu égard à une certaine « sophistication française », je pense qu'il est prisonnier quelque part et Milan Kundera son interlocuteur également, d'une sorte de parisianisme rendant en effet le gens « un peu bêtes» par « l'absence d'écoute » contre laquelle se bat aussi quelque part et souvent en vain vu qu'il sévit en particulier également dans les concours, l'ensemble de la Province française.
J'ai également écouté ce qu'il disait de la différence entre l'exercice du dialogue – qui est quelque part également le fondement de l'exercice philosophique qui ne réside pas en effet dans l'approche d'un « grand sujet » ou d'un autre, mais avant tout dans le cheminement de concert vers ce qui deviendra, ou pas, une grande question – et la solitude du cabinet de travail, et j'ai bien aimé la façon dont il explique qu'un public de polytechniciens dont la culture littéraire et philosophique représente, a priori, le cadet de leurs soucis, contraint à la clarté, vu que j'ai cette même expérience de devoir parler depuis un autre monde de, par ex., la problématique du sujet, à un public dont la langue maternelle se passe généralement au quotidien de l'expression même du sujet. Autrement dit d'une expérience de parole et de dialogue qui ne contraint pas seulement à la clarté mais à un repositionnement et une adaptation permanente. Ce que Finkielkraut dit lui souhaiter faire passer pour sa part, c'est que « le vrai de la Science n'est pas le seul vrai du réel », mais un point de vue sur le réel, position et tâche platonicienne donc, par excellence et qui en effet est seule susceptible de « délivrer des automatismes de pensée. »
Ceci étant, j'ai apprécié de revoir Anne Sinclair, vision qui m'a rappelé que mon père ne ratait jamais une émission de cette journaliste qui, disait-il, avait de si beaux yeux si intelligents, mais dont l'un de ses gendres lui faisait remarquer qu'en réalité c'était une « petite grosse. »...!
Rédigé par : Catherine JACOB@Aïssa&jeledun | 02 mai 2010 à 11:08
@ Aïssa, sur Finkielkraut vu par France 5
Bien vu. Je vais un pas plus loin que vous.
FIER de... On n'a pas à être FIER de venir de tel ou tel endroit, c'est comme si l'on était fier d'être né. Toute être vivant est forcément né, et né forcément quelque part. Mais on est dans la valorisation systématique et obligatoire de l'autre, a fortiori quand il est minoritaire. C'est comme la Gay Pride, devenue la Marche des Fiertés... (s'ensuit tout un chapelet de qualificatifs visant à n'oublier absolument personne, de crainte de vexer ceux qu'on aurait omis de mentionner). Pourquoi diable être FIER d'être homosexuel? Ou hétérosexuel d'ailleurs... C'est quand plus personne ne s'offusque que les mots soient utilisés indépendamment de leur sens que la langue devient "fasciste" (poésie mise à part, bien sûr).
L'épisode de l'algarade venant de l'autre côté du canal : cela sent le fabriqué à plein nez. Comment deux quidams auraient-ils pu reconnaître Finkielkraut depuis l'autre rive? Et d'ailleurs, avez vous remarqué comme Finkie (qui doit être un peu dur d'oreille, ou feint de l'être) demande avec un ton insistant s'il n'y a pas eu d'injures antisémites, histoire de renforcer le côté victimaire?
Enfin, à propos de fabriqué, le match de foot. J'ai du mal à croire que la caméra se soit trouvée là par hasard pour filmer Finkie et Dussolier regardant justement LE match de foot qui permet à Finkie de prendre une position morale. D'ailleurs j'ai trouvé leurs attitudes assez peu naturelles. Tout cela n'a-t-il pas été rejoué a posteriori?
Mais ce n'est ni le lieu ni le moment pour expliquer ma détestation du média télévision qui prétend être un reflet du monde alors qu'il présente pour une bonne part des artefacts (Régis Debray reprend de très bonnes choses là-dessus dans Dégagements), et qui nécessite une débauche de moyens hors de proportion avec avec la densité du "produit" obtenu.
Rédigé par : Jean-Benoît Henriet | 02 mai 2010 à 09:52
Deux rapides choses avant d'y aller. C'est du portrait fait de cet homme par cette télé. La première : quelque chose était vraiment gênant lorsqu'il entra dans cette classe élémentaire de son ex école ; ce grand panneau accroché à l'endroit du tableau, cette mappemonde avec toutes ces photos de ces élèves collées dessus chacune à l'endroit d'un pays, avec pour tous cette grosse légende en dessous JE SUIS FIER DE VENIR DE... C'était gênant, oui et profondément inexact. Chacun de ces enfants ne vient de nulle part sinon d'ici, France, sauf exception extraordinaire étant donné leur très jeune âge, France où il est né. Il ne vient pas de... Il est d'ici !... Ces instituteurs et ce directeur qui ont inventé ça devraient être gravement repris, sans contredit... La seconde sont ces cris jetés par ceux-là qu'on voit passer de l'autre côté du canal "Jette-toi dans le canal, Finkel..." J'ai l'impression désagréable que cela a été surfait, joué pour quelqu'un qui se plairait dans cette situation artificielle d'éternel détesté, de victime, qu'il susciterait et entretiendrait pour on ne sait quelle obscure et pour tout dire sotte raison...
Show must go on, Finkel...
Voilà...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 mai 2010 à 00:30
J'allais éteindre l'ordinateur et dodo, ayant trop lu, trop écrit, trop travaillé en somme pour un 1er mai, quand la page d'accueil d'Orange m'annonce qu'un auteur anglais sérieux ainsi qu'un éditeur anglais sérieux viennent d'écrire et de publier une vie sexuelle du Mahatma Gandhi... Cette énième américonnerie (je reprends un terme que je viens de découvrir grâce à ce cher sbriglia) ou plutôt angliconnerie, trouve déjà un grand succès, sera bientôt traduite, paraît-il, en Inde, sic, puis évidemment chez nous, comment en serait-il autrement... La vie sexuelle du Mahatma Gandhi surclassant Un coeur intelligent aux rayons des librairies et dans l'esprit du lecteur français... hum... C'est Finkielkraut qui risque de se fracturer quelque chose en tombant de sa chaise quand il apprendra ça... Vous comprenez, cher PB, qu'il ne veuille plus répondre à personne et se tienne verrouillé à l'abri chez lui... C'est qu'il est effrayé, cet homme.
Allez, bonne nuit... Gandhi... la vie sexuelle... Oups !... Zzzzzzzzz...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 mai 2010 à 00:03
6 chaînes hertziennes...
C'est quatre de trop !
Vraiment.
Rédigé par : jpledun | 01 mai 2010 à 23:05
Je lui écris de ce pas pour lui demander d'écrire une suite á "Un cœur intelligent" ou un ouvrage du même style.
"Il cherche la France et ne la trouve pas" dites-vous.
Bien dit.
C'est également mon sentiment.
Rédigé par : jpledun@Aissa | 01 mai 2010 à 23:03
Merci Jean-Paul Ledun pour cette référence ... J'ai eu grand plaisir à regarder ce portrait que j'ignorais passant à la télévision. Il faut dire, je n'ai que les 6 chaines hertziennes et trouve même que cela fait beaucoup ...
Finkielkraut que ce portrait intelligent et sincère découvre le temps d'une petite heure, je le comprends désormais davantage en ce mot que je lui dédie: Il cherche la France et ne la trouve pas.
C'est ça qui le rend pathétique et par endroits, je l'avoue, attachant ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 01 mai 2010 à 19:27
Excellent portrait.
Finkielkraut méprise les débats télévisuels mais est toujours très flatté d'y être invité, car il espère y jouer le rôle du maître ...
Il semble avoir terriblement de mal à résister à l'appel de la télévision.
Lorsqu'il fait partie d'un groupe d'invités sur un plateau, il s'imagine que les autres invités vont accepter de jouer le rôle d'élève et de faire-valoir, et tente systématiquement de leur dispenser un cours magistral.
Finkielkraut est tout ce que ses admirateurs disent qu'il est mais aussi, un prof "déformé" et un narcissique ... , défaut gravissime chez "un moraliste".
Finkielkraut ne se rend pas compte que ce ne sont pas du tout ses idées qui suscitent l'hostilité, mais son attitude. Il exprime là un manque de sensibilité terrible à tout ce qui n'est pas lui et à la situation réelle dans laquelle il se trouve, et c'est devenu, chez lui, aussi habituel qu'inconscient.
Rédigé par : BBS | 01 mai 2010 à 19:04
Cher Philippe,
Est-ce que l'émission "Empreintes" de ce soir atténue votre jugement sur "Fink" ?
Pour moi, elle augmente ma sympathie et ma compréhension de cet homme.
Au cas où vous n'auriez pas pu voir l'émission (valable jusqu'au 7 mai) :
http://documentaires.france5.fr/documentaires/alain-finkielkraut-limparfait-du-present
Rédigé par : jpledun@Philippe | 30 avril 2010 à 23:58
@Alex Paulista,
"Doit-on en déduire que les amours saphiques s'accordent au masculin ?"
Je ne vous cache pas que j'ai eu cette pensée en lisant la réflexion de Laveaux. Mais étaient-elles seulement autorisées en 1835 ???
Néanmoins, je reconnais aisément que vous avez parfaitement raison, lorsque vous regrettez la non utilisation, dans l'expression de monsieur sbriglia : "amours déçus", du féminin pluriel dans la mesure où notre grammaire l'autorise et la recommande selon ce qu'indiquent certains recueils de français et/ou dictionnaires. Ce vieux français a tellement de charme !
Rédigé par : Marie @ Alex Paulista | 28 avril 2010 à 23:11
Merci Marie pour tant de précisions. Vous citez :
« Laissons les poètes violer les règles qui les gênent ; et si nous voulons écrire purement en prose, imitons les bons auteurs en ce genre, qui font toujours « amour » masculin au singulier, et féminin au pluriel, toutes les fois qu’il se dit du sentiment particulier qui attache l’un à l’autre deux êtres de sexe différent.»
Doit-on en déduire que les amours saphiques s'accordent au masculin ?
Vous m'en voyez ravi.
Rédigé par : Alex paulista | 28 avril 2010 à 19:11
@Alex Paulista,
« Cruauté des amours déçus...
sbriglia | 24 avril 2010 à 19:42 »
« @ sbriglia
"amours déçus..."
Après vos dernières saillies en faveur du français d'antan et le billet récent sur Rimbaud (que d'amours splendides j'ai rêvées ), je suis déçu de ne pas vous voir employer le féminin pluriel.
Alex paulista | 24 avril 2010 à 22:24 »
Ces quatre mots n’étant pas de la poésie, et comme le relevait dernièrement si justement Pierre-Antoine, le sieur sbriglia est un « assez rusé renard » pour ne pas avoir utilisé le féminin dans ce morceau de phrase, même si cela vous messied et que le style féminin eût été pour vous, plus langage recherché… Mais, notre « grammaire » étant imparfaite, elle nous joue parfois des tours, plus souvent qu’on ne l’imagine, c’est pourquoi certains grammairiens et autres frustrés de la plume cherchent à la réformer, et tout particulièrement cette règle du mot « amour » qui les dérange par ces mélanges « masculin singulier, féminin singulier, masculin pluriel, féminin pluriel » ; ce qui fait pourtant chez elle, son charme et la sublime aux yeux des amoureux de la littérature des grands auteurs français ; même si parfois, on peut relever dans le dictionnaire littré « L'amour obsessionnel existe pourtant. » !
Dans la préface d’une Grammaire nationale à l’intitulé suivant :
« Grammaire Nationale »
ou Grammaire
de Voltaire, de Racine, de Fénelon, de J.-J. Rousseau, de Buffon, de Bernardin de St-Pierre, de Chateaubriand, de Lamartine
et de tous les écrivains les plus distingués de la France renfermant plus de
Cent mille exemples,
qui servent à fonder les règles et constituent
le code de la langue française.
Ouvrage éminemment classique,
Publié sous les auspices
De MM. Casimir Delavigne, de Jouy, Villemain, Tissot, Nodier, de Gérando,
E. Johanneau, Boniface, Lévi et Sabatier ;
Par MM.Bescherelle,Aîné
De la Bibliothèque du Louvre,
Bescherelle Jeune,
Attaché au Conseil – d’Etat,
Et Litais de Gaux
Professeur de Langues et de Littérature, membre de la Société grammaticale de Paris.
datant de : Paris, 1835-1836, se lit en Préface :
« Dans un état libre, c’est une obligation pour tous les citoyens de connaître leur propre langue, de savoir la parler et l’écrire correctement. La carrière des emplois est ouverte à tous ; qui sait ce que la fortune réserve au plus humble des membres de la grande famille ?..
La base de la connaissance de toute langue est la Grammaire… et, en fait de grammaire, ce sont les bons écrivains qui font autorité. »
(Tissot)
« Le meilleur code grammatical se trouve dans les grands écrivains d’une nation. C’est dans leurs immortels ouvrages qu’une langue brille de tout son éclat. Tout, jusqu’à leurs fautes même, y sert d’instruction. C’est dans Pascal, Corneille, Racine, Despréaux, Bossuet, Fléchier, Fénelon, madame de Sévigné, Lafontaine, les deux Rousseau, Voltaire, Buffon, l’abbé Delille, etc., qu’on doit étudier la langue française, si l’on veut en connaître à fond toutes les beautés et toutes les ressources. » (Lévizac.)
Alors chez ces écrivains qui « jouaient » peut-être avec la grammaire, nous pouvons trouver dans leurs œuvres, les phrases citées :
« L’amour immodéré de la vérité n’est pas moins dangereux que tous les autres amours. (La Rochefoucauld) »
Je connais deux sortes d’amours très distincts, très réels, quoique très vifs l’un et l’autre, et tous deux différents de la tendre amitié. (J.-J. Rousseau)
Un amour vrai, sans feinte et sans caprice,
Est en effet le plus grand frein du vice (Voltaire)
Un véritable amour n’est point intéressé (Corneille)
Mais également :
Et soudain renonçant à l’amour maternelle (Racine)
Le malheureux objet d’une si tendre amour (Racine)
Et cependant viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle (Lafontaine)
Puis :
Les premières amours tiennent terriblement (Quinault)
Je demandai qui étaient ces dames. Comment, me dit mon père, le cœur ne te le dit-il pas ? Ce sont tes anciennes amours ? (J.-J. Rousseau)
Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours ? (Racine)
Le passé n’a point vu d’éternelles amours,
Et les siècles futurs n’en doivent point attendre (St Evremont)
Et encore :
Fuis sans moi ; tes amours sont ici superflus. (Corneille)
Ces Dieux justes, vengeurs des malheureux amours (Delille)
Oui, voilà les rives de France…
Là furent mes premiers amours (Beranger)
Les solides vertus furent ses seuls amours (Voltaire)
Je vais loin des cités, rêveur et solitaire,
De nos amours furtifs épier le mystère ! (Soumet.)
Il n’est rien de plus doux, comme vous avez dit,
Que ces vœux épurés qui ne vont qu’à l’esprit ;
Ces unions des cœurs et ces tendres pensées :
Mais ces amours pour moi sont trop subtilisés,
Je suis un peu grossier comme vous m’accusez (Molière)
Dans cette grammaire Laveaux précisait : « Laissons les poètes violer les règles qui les gênent ; et si nous voulons écrire purement en prose, imitons les bons auteurs en ce genre, qui font toujours « amour » masculin au singulier, et féminin au pluriel, toutes les fois qu’il se dit du sentiment particulier qui attache l’un à l’autre deux êtres de sexe différent.»
La grammaire Grévisse précise :
« Amour passion » est parfois féminin au singulier dans une langue assez recherchée. Inversement il est tout à fait correct de l’employer au masculin pluriel.
N'est-elle pas magnifique notre langue ?
Rédigé par : Marie @ Alex Paulista | 28 avril 2010 à 10:14
Je recommande à tous de regarder le portrait consacré à Alain Finkielkraut par Ilana Cicurel et Catherine Levy dans le cadre de la série Empreintes sur France 5, vendredi 30 avril à 20h35 (rediffusion le 2 mai à 7h55). Un portrait enlevé et surprenant qui relancera le débat.
Rédigé par : Clara | 28 avril 2010 à 09:37
Je partage la critique que fait J. S. de votre article.
Rédigé par : Laurent Dingli | 27 avril 2010 à 09:07
@Jean-Benoît Henriet
Oui, j'aime beaucoup votre façon de dire, et caressante comme il faudrait toujours.
L'empathie est la nouvelle sympathie.
Est-ce juste ?
-Pourquoi la sympathie serait-elle a priori entachée, par "mé-contemporanéité" ?
-A quoi sert, sinon en agacements, de fustiger un monde qui se démontre, par là jeter bébé et eau du bain ?
Restent les attachements, et là...
Comment ne pas, reconnaissant toujours, reconnaissant forcément, les admettre absolument ?
Cela défie la raison, celle de celui-là même, comme un autre il serait.
Rédigé par : zenblabla | 26 avril 2010 à 21:23
En lisant votre billet ce matin, cher P.Bilger je me suis demandé si votre blog n'avait pas été piraté.
Vous qui êtes en général si soigneux des détails, vous comparez insidieusement le climat du grand journal de C+ où il est tout simplement impossible de penser plus de 20 secondes de suite et où Bedos s'est montré odieux de morgue et Naulleau simpliste comme jamais avec les 55 minutes de Répliques où A.F, contrairement à ce que vous dites, invite pour chaque sujet où il sait qu'il a une thèse (l'école, l'intégration, le tout culturel...) un contradicteur, en général massif.
Dans le cas du Grand journal, Bedos a tourné le dos à F. en se bouchant les oreilles et Naulleau a répondu à côté, il ne s'agit pas là de contradicteurs mais de personnes venus vendre leur soupe (en l'occurrence leur positionnement si confortable et soi-disant rebelle dans le joli camp du bien). Aucun de ces deux là n'avait lu le livre de Finkielkraut ou fait l'effort de comprendre sa distinction entre les rires.
A Répliques Finkielkraut alterne les exercices d'admiration (ce samedi Muray avec Luchini ou récemment Bossuet) avec les sujets plus polémiques où il est heureux de pouvoir exposer ses thèses à des gens qui ne pensent pas comme lui. Récemment d'ailleurs, sur un récent sujet sur l'école, AF s'est excusé que R.Descoings, avec lequel il est en désaccord, ait annulé le débat... et du coup la contradiction était un peu moins forte.
Alors oui il parle beaucoup (mais bon...c'est son émission), oui il se répète, oui il est pessimiste... mais il est d'une honnêteté intellectuelle qui mérite mieux que ce billet.
Avec toute mon admiration.
JS
Merci à JBH pour son beau "post" . Vous avez très bien "mis en perspective" les préoccupations d' A.F.
Rédigé par : J.S | 26 avril 2010 à 16:27
Personnage attachant, Alain Finkielkraut oscille entre Alceste et le Des Esseintes de Huysmans.
Il est fâché avec son époque, et il ne "prend pas bien la lumière" sur les plateaux, comme dit E. Zemmour.
Chaque apparition est un désastre dans ce vaste lupanar qu'est devenu la télévision ou il faut faire court et flasher les idées avant la page publicitaire.
Il aurait dû s'abstenir d'aller au Grand Journal : face à deux pétomanes de foire, il n'avait aucune chance.
Ses livres sont consternants d'innocence : c'est Candide qui voudrait écrire un livre sur Voltaire...
Il ne restera rien de cette génération de "nouveaux philosophes", si ce n'est d'y avoir vu clair sur le maoïsme et le communisme, mais bon sang... il leur en aura fallu du temps...
Ils sont agréables à écouter, comme lorsqu'on tombe par hasard sur Radio Nostalgie.
Rédigé par : savonarole | 26 avril 2010 à 10:47
Oui, cher Philippe, Alain Finkielkraut est bien agaçant, et je serais tentée de dire qu'il s'enferme parfois dans une posture plutôt qu'il n'affirme une conviction. Mais c'est rare.
Au demeurant, je le ressens comme quelqu'un de constamment angoissé, et effectivement, son comportement lors de discussions avec des contradicteurs le dessert considérablement.
Je crois qu'il n'y a rien en lui de délibérément impoli ; c'est un cerveau occupé en permanence de ses sujets de réflexion.
Rédigé par : Olympe | 25 avril 2010 à 18:48
C'est normal que vous n'aimiez pas Alain Finkielkraut, car il refuse d'être un traître à sa culture, à ses origines, à son pays, à la société qui lui a tant donné. Or, par les temps qui courent et au sein de la classe dominante idéologiquement, je veux dire la petite bourgeoisie bien-pensante et PC, la trahison est un art de vivre, un idéal à cultiver.
Rédigé par : Victor l'incontrôlable | 25 avril 2010 à 18:12
"Sauf que vous approuviez il y a peu, et avec raison, le trait de lucidité d'Alain Minc quand il a répliqué à N. Demorand que les politiques et les journalistes animateurs (pléonasme) font le même métier." @Véronique Raffeneau.
Pléonasme ? Vous dites vraiment n'importe quoi !
Rédigé par : Herman | 25 avril 2010 à 16:19
"...et plaide pour que "les élus du peuple réagissent et par exemple qu'ils boycottent les émissions où on les outrage". Pourquoi pas ? A mon sens, une telle politique de fuite et de désertion serait infiniment moins efficace qu'une réplique vigoureuse apportée dans le face à face."
Sauf que vous approuviez il y a peu, et avec raison, le trait de lucidité d'Alain Minc quand il a répliqué à N. Demorand que les politiques et les journalistes animateurs (pléonasme) font le même métier.
Alors je pense qu'il est vain d'espérer des élus qu'ils soient suffisamment différents de la sphère médiatique pour être capables de répliquer avec crédibilité et vigueur quand ils sont malmenés ou outragés dans les médias.
Ils ne sont que chez eux. En famille.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 avril 2010 à 14:51
Encore un mot, mon cher Philippe, je partage assez le beau portrait que vient de nous livrer Jean-Benoît Henriet sur Alain Finkielkraut.
Rédigé par : Laurent Dingli | 25 avril 2010 à 12:54
J'accomplissais mes études d'infirmier à Montpellier pendant que lui accomplissait les siennes qui devaient le mener à devenir l'un des meilleurs médecins anesthésistes du CHU de Montpellier... Que de privations et de sacrifices il s'est fait, que de travail titanesque il a abattu pour réussir ses études... Les rires aussi, les déconnades, les "fume pas ici, c'est interdit..." Sa générosité, sa disponibilité, ses conseils, ses encouragements... Un homme rare et formidable. Puis une erreur d'anesthésie, un enfant brisé, une hiérarchie administrative hospitalière qui l'a méprisé et ne lui a été d'aucun secours... Il vient de se donner la mort. Il avait 31 ans... Adieu Eric.
Quel rapport avec Finkielkraut ? Aucun. Mais je voulais mettre aussi ce lien ici de ses amis de l'Internat...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 25 avril 2010 à 12:31
"…il ne parvient pas à se défaire de cet académisme intellectuel qui bride les plus beaux esprits".
@JDR
Je vois bien ce que vous voulez dire, pas ce que ça veut dire.
L’académisme inclut dans sa définition une certaine étroitesse, au sens où il ne se répand pas, ne se lâche pas ("Etre un homme, c’est s’empêcher", disait A. Camus), ne se débride pas.
Il n’est pas pour autant un champ bordé, encore moins borné. Il est une somme, une addition vers le haut.
Le plus bel esprit, le plus moderne, ne peut rien produire ex nihilo. Il ne peut que s’inscrire dans une filiation, une tradition. Quelle que soit sa branche, c’est sur des racines millénaires qu’il vient ajouter un pétale, au mieux un bourgeon. Hors académisme, toute prétention est celle de la rupture, c’est-à-dire de la feuille morte.
Pour en revenir à Finkielkraut, le billet de Philippe Bilger me paraît trop parcellaire pour n'être pas un peu injuste.
Rédigé par : MS | 25 avril 2010 à 12:28
Cher Philippe Bilger,
Voici quelques morceaux choisis de vérités assenées par Alain Finkielkraut lors de son passage du 9 octobre 2009 au micro de Nicolas Demorand, au sujet des poursuites dont Roman Polanski était l’objet de la part de la justice américaine :
« sa qualité (celle de Roman Polanski) d’artiste, depuis le début, n’est pas un privilège, c’est un handicap. C’est parce qu’il est un artiste que les juges mégalomanes américains refusent de lâcher l’affaire, et c’est parce qu’il est un artiste que la foule des internautes se déchaîne contre lui ; dans une société démocratique, l’art est comme un outrage à l’égalité. Alors, on adore voir les artistes tomber, et c’est exactement ce qui se passe avec Polanski. »
« Tout le monde fait fi avec une cruauté extrême, une cruauté épidémique, de l’histoire de Roman Polanski ; souvenons-nous quand-même de ce qu’il a vécu, il est un enfant du ghetto de Cracovie, sa mère a été déportée et assassinée par les nazis, il a vécu le cauchemar du communisme, il a vécu le cauchemar de la tragédie américaine, l’assassinat de Sharon Tate,… »
« Les anonymes délirent, mais précisément, ils peuvent ainsi régler leurs comptes avec une élite, précisément, qui les énerve, parce que c’est énervant, l’élite, qu’il y ait une élite, c’est comme une inégalité, et on ne veut plus d’inégalité, sauf quand il s’agit de Michael Jackson,… »
Les citations suivantes remontent, elles, au passage de M. Finkielkraut dans le « Grand Journal » en compagnie de Guy Bedos, à propos de la chronique qu’avait consacrée Stéphane Guillon à Eric Besson:
« on ne peut pas traiter de nazi n’importe qui »… « est-il normal de cracher sur celui qu’on invite ? »… « on traite un homme politique de nazi, »…
« l’antiracisme est même devenu le communisme du 21ème siècle ; comme le communisme, l’antiracisme veut plier la réalité à sa loi »…
« les humoristes raniment le spectre de la dictature »… « je m’insurge contre ce conformisme du sarcasme quand il y avait autrefois un conformisme de l’obséquiosité »
Quiconque s’est tenu informé de ces deux sujets en leur temps appréciera la sobriété et surtout la mesure des analyses de M. Finkielkraut.
Ces propos sont des phrases de haine absolue. Il ne s’agit plus de critiquer les idées, mais de fustiger, en vrac, les juges américains, la « foule éructante des anonymes », les « amuseurs », bref tous ces sous-développés qui ont l’outrecuidance de penser différemment de M. Finkielkraut.
On peut très bien vivre sans le « cœur intelligent » de M. Finkielkraut, qui en la circonstance profère beaucoup d'âneries.
Rédigé par : Christian C | 25 avril 2010 à 12:18
J'ai un reproche beaucoup plus fondamental à faire à Alain Finkielkraut.
Dans sa jeunesse, il a défendu le droit du sol contre les lois Pasqua, et il a gagné.
Or, le droit du sol est totalement inadapté à notre époque de moyens de communication et de voyages de masse, où l'immigration massive est devenue physiquement possible à une échelle jusqu'alors inconnue.
La phrase de Montesquieu souvent citée («On n'appelle pas vache un cheval né dans une étable»), de bon mot plaisant, se transforme, par les moyens démesurés qu'offre l'époque moderne, en drame planétaire pour des millions d'hommes.
Je reproche à Alain Finkielkraut de ne pas l'avoir compris et ainsi d'avoir préparé cette société communautariste, éclatée, en voie de dissolution, qui le chagrine tant aujourd'hui.
Vous comprendrez donc que je considère avec la plus grande circonspection ce monsieur, qu'il m'arrive cependant d'approuver.
Rédigé par : Franck Boizard | 25 avril 2010 à 12:09
Vous savez, mon cher Philippe, que dans ma modeste carrière, des personnalités n'ont jamais répondu à mes envois de livres, livres sur lesquels j'aurais aimé avoir leurs commentaires. Je cite de mémoire : Alain Finkielkraut, Serge, Beate et Arnaud Klarsfeld, Simone Veil, Claude Lanzmann.
Personne n'est obligé de répondre à l'envoi d'un livre, d'autant plus lorsqu'on en reçoit beaucoup. Moi-même il a pu m'arriver de ne pas répondre, enfin au moins une fois, enfin peut-être...
Et puis il y a ceux qui m'ont répondu, parfois un mot particulièrement aimable comme Claude Lévi-Strauss que j'admire comme vous le savez, parfois même une chaleureuse et longue lettre comme celle que Maurice Schumann m'a fait l'honneur de m'adresser, il y a plus de dix ans maintenant. Ce sont souvent ces géants-là qui se montrent chaleureux et simples avec d'illustres inconnus qu'ils pourraient pourtant si facilement écraser de toute leur notoriété. La politesse et l'humilité. Quelle leçon !
Rédigé par : Laurent Dingli | 25 avril 2010 à 11:56
Bilger et Finkie - 25 avril 2010
Cher Monsieur,
Vous excellez dans le portrait à charge, ce qui est bien le moins qu’on puisse attendre d’un Avocat Général.
Je dois avouer que, bien souvent, je me suis régalé de ces «caractères » dont, tel un moderne La Bruyère, vous nous faites cadeau. Il est vrai que vos cibles coïncident fréquemment avec les miennes et qu’il est agréable de voir sa propre opinion confortée par celle d’autrui, surtout lorsqu’autrui se nomme Philippe Bilger. Agréable, mais dangereux, car on est tenté de prendre pour de l’objectivité ce qui n’est que convergence de subjectivités. Mais bon, on se laisse aller... Cela fait plus de bien que de mal, surtout quand on n’est pas dupe !
Aujourd’hui, vous m’avez piqué au vif ! Philippe Bilger m’a agacé. C’est suffisamment rare pour être relevé.
Ici, une précision est nécessaire : je ne suis pas adepte de la télévision. Je ne connais d’Alain Finkielkraut que ses écrits, livres et articles, et son émission de France Culture. Ma vision directe est donc partielle, les autres aspects de la vie de l’homme public ne me sont connus que par le truchement d’amis ou de membres de ma famille.
Alain Finkielkraut n’a besoin de personne pour le défendre : il s’est bien tiré des diverses cabales dirigées contre lui comme des piques dont il est continuellement lardé. On peut même soupçonner qu’il trouve une justification, voire un plaisir doloriste, à être attaqué par certains adversaires. Oui, certaines de ses postures, intellectuelles ou physiques, peuvent s’apparenter à du cabotinage. Oui, les débats qu’il dirige dans « Répliques » ne sont pas toujours contradictoires. Et je pourrais continuer, tant la plupart de vos remarques sont justes. Deux objections toutefois. Seule la forme doit-elle être retenue ? Ce qui nous rend « Finkie » indispensable, et l’excuse largement, n’est-ce pas qu’il soit réellement écorché vif, même s’il lui arrive d’en jouer ?
Les débats ne sont pas contradictoires, cela est fréquent. Et alors ? Pourquoi les exercices d’admiration ne seraient-ils pas intéressants ? Faire découvrir une œuvre ne va pas sans une bonne dose d’empathie, surtout quand elle est sincère. "Répliques" n’est pas une émission d’information et ce qui est difficile à supporter, voire condamnable, dans ces émissions (parti pris idéologique, copinage, encensement systématique, complaisance...) me paraît soit absent, soit dosé de façon tout à fait admissible le samedi matin. Et puis les réserves sont fréquentes (« je n’ai pas bien compris... », « vous n’abordez pas un autre aspect... ») même si elles prennent la forme d’un questionnement poli.
Quant aux débats contradictoires, combien sont réellement réussis ? Combien arrivent, quel que soit le talent du (des) meneur(s)de jeu, à dépasser la stérile opposition des thèses et conclusions pour remonter jusqu’au point où l’on peut mettre en évidence les raisons de fond qui expliquent les divergences des opinions ? A l’inverse, combien (à la télévision surtout, probablement, si j’en crois les quelques rattrapages auxquels je me suis livré sur Internet) visent essentiellement à « donner du spectacle », tels les jeux du cirque ? Combien sont terriblement réducteurs, opposant deux thèses voisines pour mieux ignorer une troisième thèse radicalement différente ? Le blog de Brice Couturier, sur le site de France Culture, montre très honnêtement les limites de ce genre d’émissions.
Egocentrisme, négligence ou mépris des autres, dites-vous en substance. Mais n’est-ce pas un reproche que l’on peut faire à beaucoup d’écrivains ? Avoir fait de sa désespérance un fonds de commerce, quitte à la mettre en scène ? Mais pourquoi exclure que Finkielkraut soit réellement désespéré ? L’avez-vous entendu hier matin, dans son émission sur Philippe Muray, avec Fabrice Luchini (qui, lui, en fait trop à mon goût) ? A Luchini qui lui dit, après une demi-heure d’échanges (je cite de mémoire) « Je viens de découvrir qu’au fond, vous êtes un optimiste », Finkielkraut répond, après un silence « Non, je n’ai plus d’espoir. Mais j’ai un enfant ». Pardonnez-moi si la mise en scène ne m’a pas sauté aux yeux.
Finkielkraut, désespéré, a choisi de se battre par la plume et dans les médias audiovisuels. Qu’à cette occasion ses travers (qui n’en a pas ?) puissent agacer, c’est normal. Mais pourquoi ignorer la valeur de son combat ? Pourquoi ignorer la valeur de la cause qu’il défend (sinon en trois mots, au détour d’une phrase ) ? Pour paraphraser le poète, les combats désespérés ne sont-ils pas les plus beaux ?
Chaque génération, ou presque, a cru vivre sinon la fin du monde, tout du moins la fin d’un monde (Zweig, « Le monde d’hier », George Steiner...). Reconnaissons que Finkielkraut a passionnément aimé un certain monde. Compte tenu de sa vie personnelle, de celle de ses parents, cet attachement est méritoire et d’autant plus touchant. Or des siècles entiers de peinture, de musique, de littérature sont en train de mourir, non pas qu’ils disparaissent, mais simplement parce qu’ils n’évoquent plus rien, ils ne font plus référence à du connu : mythologie, culture biblique, culture historique, tout cet humus sur lequel ont poussé tant d’œuvres est devenu stérile. Sans lui, impossible de les comprendre. Les quelques efforts que nous faisons pour transmettre sont vains, ou presque. Ce qui n’empêche que nous continuons, mais plus pour le principe qu’avec un réel espoir. Des « valeurs » indispensables à la vie en société sont en train de disparaître. Faut-il s’en féliciter ?
Moi aussi, il m’arrive d’être agacé par Alain Finkielkraut. Beaucoup plus souvent, il m’émeut, car, moi aussi je n’ai plus guère d’espoir. Mais j’ai quatre enfants...
Bref, il me semble qu'Alain Finkielkraut méritait plus qu’une critique d’humeur, de surface, aussi largement juste soit-elle.
Rédigé par : Jean-Benoît Henriet | 25 avril 2010 à 11:07
L'abbé Pierre nous rappelait inlassablement que pour parler des Hommes, il faut "vivre" parmi eux ! On ne peut mieux ressentir le vécu des citoyens.
Vivre dans un "cocon doré" et évoquer les misères du monde de la ville et des banlieues sans les vivre soi-même ! Hum ! N'est-ce pas se moquer du peuple? Je ne pense pas que Montaigne eut une telle pensée.
Alain Finkielkrault, écrivain intelligent et passionnant, devrait plus écouter et dialoguer avec ses invités et ne pas s'enfermer dans sa bulle ! Tout simplement.
Rédigé par : Jose Scandella | 25 avril 2010 à 11:06
Bonjour à toutes et à tous !
Extrait du billet de Monsieur Bilger en janvier 2008 :
J’ai eu du mal à le retrouver mais cette recherche a été récompensée car elle m’a permis d'en relire bien d’autres tout à fait excellents.
Il ne faut pas en vouloir à Finkie il est très timide… nous avons tous nos petits tics !
Alors voici l'extrait de "France Finkielkraut" :
« Une formidable bouffée d'air pur, d'intelligence libre, ce matin, sur France Inter. Nicolas Demorand, qu'un auditeur imbécile s'est permis d'insulter, recevait le philosophe Alain Finkielkraut (AF).
Mon enthousiasme pour ce dernier ne s'accompagne pas, je l'espère, d'une inconditionnalité sotte. J'ai conscience aussi que sa stature est d'autant plus remarquée qu'elle s'impose dans un désert français. Certes, il y a des penseurs, des essayistes, des analystes ou des polémistes mais aucun ne sait mêler comme lui, aussi intimement, la profondeur de la réflexion, le courage et l'indépendance de la parole avec la vigueur fine du langage. Sa grande force, et j'en ai souvent profité sur ce blog, c'est qu'il stimule, réveille et suscite la réplique. Il va brillamment au coeur de l'ordinaire pour en tirer des leçons essentielles. Il rayonne à part.
………..
Puisque je viens d'évoquer la hiérarchie, l'honneur, la dignité, la tenue de soi et de ses idées, c'est avec un infini bonheur que je m'abandonne à cette volupté si rare d'estimer sans réserve, de louer sans retenue et de remercier sans parcimonie : Alain Finkielkraut, ce matin, sur France Inter m'a donné envie - et Nicolas Demorand ne m'en aurait pas voulu - de l'appeler France Finkielkraut, tant elle et lui m'ont semblé indissociables. Si elle c'est lui, si lui c'est elle, s'il met sa puissance d'être et de convaincre au service de l'action et de la politique, le pessimisme n'est plus sûr.
Il y a encore un peu de civilisation. »
10 janvier 2008 dans Médias, Société | Lien permanent
DUVAL UZAN
Rédigé par : Duval Uzan | 25 avril 2010 à 10:33
"Il ne regarde jamais ceux-ci quand il leur répond mais penché sur soi développe sa pensée comme s'il était seul au monde."
cf. http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/4/1/0/9782917617014.jpg
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 avril 2010 à 10:30
Ah ! l'ego, des uns et des autres !
Rédigé par : mike | 25 avril 2010 à 09:56
Vous y allez peut-être un peu fort avec Alain Finkielkraut. Je le vois plutôt comme un Péguy qui a du mal à se réconcilier avec un pays (le nôtre, le sien) qui l'énerve. Un "mécontemporain" ainsi qu'il l'a surnommé dans un de ses livres. S'indigner par exemple des dérives d'internet, du rôle perdu de l'enseignement ou de la sur-représentation des people dans certains débats de société est justifié à plus d'un titre. Je suis coutumier de son émission "Répliques" de France Culture dont l'objet est d'y convier deux personnes dont la vue sur un sujet donné est différente voire opposée d'où le titre de son émission. Il relance ou recadre la discussion ou la disputation quand la confrontation perd pied dans l'emportement des invités. Mais il a le tort d'être parfois plus brillant que les protagonistes qu'il y met en lumière. C'est peut-être agaçant mais c'est pour ça qu'on en redemande chaque samedi matin. Cela vous donne "un coeur intelligent".
Rédigé par : Dioscure | 25 avril 2010 à 07:33
Oui, bon d'accord, il peut être parfois agaçant. Et puis ?
Je comprends bien son attitude défensive.
Demandez-vous, cher Philippe, combien d'années, combien d'émissions où il a servi de bouffon, où il a été tourné en dérision ? Il organise son propre plateau et se défend ainsi des moqueurs. Moi je ne lui jetterai pas la pierre aussi facilement.
En plus il fait œuvre d'utilité publique. Grâce á lui, j'ai pratiquement lu tous les ouvrages qu'il conseille dans "Un cœur intelligent".
C’est un brave.
Rédigé par : jpledun | 25 avril 2010 à 02:51
J'aime plus rien... Même plus Finkielkraut... C'est grave, docteur ?
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 24 avril 2010 à 23:56
Son besoin de Maîtrise est important.
C'est plus ou moins concernant !
Pensées:
A.Finkelkraut & P.Sloterdijk
sur
http://zenblabla.canalblog.com/archive/p10-10.html
5 février 2010.
5/6 Comment être réactionnaire si la mort de nos attachements supplante religieusement notre simple mort.
Rédigé par : zenblabla | 24 avril 2010 à 22:49