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05 avril 2010

Commentaires

Savonarole

On tombe des nues à la lecture de ce qui suit et on s'inquiète de penser que Régis Debray était prêt à se livrer à cette pantalonnade...

( Arrêt sur images - Blog D. Schneidermann =

"Relaxé en première instance, Michel Drucker a été condamné en appel, mercredi 12 janvier, pour ne pas avoir rémunéré un auteur chargé d'écrire pour lui. "La Cour d'appel de Paris a condamné Michel Drucker à verser 40 000 euros à son ancienne compagne Calixthe Beyala. Cette écrivaine française d'origine camerounaise accusait l'animateur et producteur de télévision de ne pas l'avoir rémunérée après avoir écrit un livre à sa place".

L'affaire débute en février 2005. A l'époque, Michel Drucker et les éditions Albin Michel ont signé un contrat d'édition pour un livre d'entretiens entre Régis Debray et l'animateur de télévision. Si le projet n'a jamais abouti, Calixthe Beyala assure avoir travaillé sur le manuscrit, en répondant à la place de Drucker à toutes les questions posées par Debray. Pour ce travail, elle aurait eu la promesse de recevoir 200 000 euros, somme dont elle n'a jamais vu la couleur.

En l'absence de contrat écrit, Drucker et Albin Michel avaient d'abord démenti ces accusations, avant que l'animateur ne reconnaisse un peu plus tard une "collaboration spontanée". Hier, la cour d'appel a donc donné raison à Beyala : l'écrivaine a bien "œuvré à la composition du manuscrit". Et si elle n'avait pas signé de contrat écrit, c'est parce qu'elle se trouvait, selon les juges, "dans l'impossibilité morale" d'exiger quoi que ce soit de la part de l'animateur en raison de la "relation intime établie depuis plus de deux années" avec lui."

laure

Régis Debray fait ce constat pessimiste lorsqu'il analyse la politique spectacle sur France 3, dans l'émission "Ce soir ou jamais" : "Aujourd'hui je crains que les volontés de puissance, qui sont de toujours, ne soient plus qu'au service d'elles-mêmes".
Pourtant, combien d'entre nous espèrent toujours que les grandes heures de l'humanité sont dues au courage des gouvernants, capables de déplaire à l'occasion pour privilégier l'intérêt général ?
Les personnes qui votent, assurément.

L.D.T.

Je ne sais pas si ce commentaire passera, le dernier m'a été refusé...?

Mais monsieur Bilger, il y a une petite URL où vous pourrez retrouver du bon Debray, quoique pas très bien questionné:
http://www.arretsurimages.net/
Bon il faut raquer, d'accord. Mais ça vaut le coup.
J'espère vous retrouver dans le forum du site.

Savonarole

"Les Défroqués", une encyclopédie franco-française reste à écrire !
Quelle plume s'y attèlera ?

Des anciens du Bureau Politique du PCF, devenus anti-communistes primaires aux anciens trotskos devenus sénateurs ou joailliers, en passant par Serge July chroniqueur d'extrême centre sur une radio d'extrême nulle part... quel chemin parsemé de culottes et pantalons !
Que de vestes éreintées ! Que de gants retournés !

Marie @ Catherine A.

@Catherine A.

Votre vision du pois - telle qu'elle fut décrite également par notre hôte -, n'a pas encore ses entrées dans l'encyclopédie ! (pois = magistrat !)

Alors, mangerai-je des pois chauds ? Que nenni !

Mais, comme vous et moi ne pouvons lui adresser : "Vous ai-je vendu des pois qui n'ont pas voulu cuire ?"

Je me demandais alors si vous eussiez fait allusion à la "robe" de notre hôte qui normalement est "rouge" ?

Ou encore à son teint ?

Noir ? selon le dictionnaire : couleur d'un bleu, brun ou gris très foncé ??

Mais là encore, après des événements récents, nous avons pu constater qu'il n'y avait pas transformation !

Alors me suis-je dit, Catherine A, tout comme Dame Véronique voient dans ce pois "noir", toujours selon le dictionnaire ! "un corps idéal qui absorbe intégralement tous les rayonnements qu'il reçoit, sans aucune réflexion ni diffusion" !!!

Autrement comment auriez-vous su que "noir" est la manière dont je cuisine les petits pois... lorsqu'ils ne sont pas flétris... !!! :o)

Pierre-Antoine

@Catherine A

Noir ? Impossible !
Car les petits pois sont rouges ! :-)

Cordialement

Pierre-Antoine

Ighil

"Ayant oublié l'imparfait du subjonctif, on s'est condamné à un monde politique imparfait.".
Mon rapport à la langue française, apprise à l'école, dans les livres, bien avant d'être l'instrument quasi-unique de mes échanges quotidiens, me rend particulièrement sensible à l'écart entre ses formes parlée et écrite. Je me délecte de la lecture de Crébillon fils et admire le sens de la formule ciselée de R. Debray.
Mais qui a oublié l'imparfait du subjonctif, dont l'utilisation a toujours signalé le "niveau soutenu" de l'usage de la langue par des locuteurs jouissant d'une certaine position sociale ? Quand l'imparfait du subjonctif a-t-il coulé de source dans l'expression orale quotidienne des Français ? Et faut-il s'adresser à ceux-ci en les éblouissant par le recours à une langue qu'ils ne comprennent quasiment plus ?
Enfin, le monde politique était-il à ce point parfait avant l'oubli de l'imparfait du subjonctif ? Infiniment plus grave me semble l'ignorance grandissante des règles de l'argumentation (laquelle suppose effectivement une bonne maîtrise de la langue) qui transforme nos débats en soliloques et chacun de nous en autiste.

Catherine A, mouton et petit pois noirs, même combat

Marie, le petit pois noir comme le mouton de la même couleur n'est pas dans la norme ; il se remarque, il dérange, il agace. Aussi ai-je pensé que si nôtre hôte devait être absolument un petit pois (cf vision présidentielle des magistrats), il ne pouvait qu'être le noir, celui qui est parfois rétif à la règle et qui est prêt souvent à sortir de la boîte ; comme un petit pois sauteur, ces petits pois que Pif le Chien offrit une fois à ses jeunes lecteurs mais j'ai pensé que Pif n'était sans doute pas la lecture préférée des habitués de ce blog. Je me demande même s'il n'a pas passé l'arme à gauche. Aussi ai-je bricolé ma petite métaphore à partir du mouton noir... Visiblement j'aurais dû la peaufiner ;-)

Laurent Dingli @ Marie

Non, Marie, j'ai trop le nez plongé dans mon manuscrit ces temps-ci même si je tente de suivre tout ce qui se dit sur la question. En tout cas, merci à vous pour l'info, c'est vraiment gentil d'y avoir pensé.

Marie

Il fut un temps où l'utilisation de l'imparfait du subjonctif - auquel était associé une manière de parler qui donnait alors un, le, style vieille France - vous classifiait dans la catégorie "pédanterie" !


@ Catherine A.

Pourquoi "noir" ?


@ Laurent Dingli,

Je suppose que vous avez entendu parler de ce documentaire réalisé par Coline Serreau qui sort demain : "Solutions locales pour un désordre global"

Bande annonce :

http://www.solutionslocales-lefilm.com/

Philippe

Si les mots de Regis Debray sur la politique sont assez vrais, force est de constater que la politique de ces dernières années s'occupe de problèmes assez médiocres. J'ai 30 ans et la politique ne s'est jamais présentée à moi autrement que sous la forme de débats futiles sur les impôts, les subventions, les cotisations sociales. Pour quelqu'un d'une autre génération, ou pour les rares personnes qui s'intéressent à l'histoire, la politique est aussi une question de vie ou de mort. Celles des communautés, des nations.

Il me semble exagéré de dire que la politique a décroché de l'Histoire. Il se trouve juste que l'Histoire avance à un rythme assez nonchalant dans notre coin du monde. Profitons de ces instants peut-être comptés !

On tremble à l'idée que nos "dirigeants" actuels aient à faire face à une crise majeure de l'ampleur de la Seconde Guerre mondiale. Ces gens que nous soupçonnons de dilapider nos impôts, leurs confierions-nous sereinement nos vies et nos destins ?

Robert

Sans doute n'y a-t-il pas lieu d"exiger que tout un chacun utilise (utilisât ?) l'imparfait du subjonctif. Le Français a toujours eu une tolérance pour la langue parlée qui n'exige pas la même rigueur d'expression que l'écrit. A tout le moins, l'on pourrait attendre que nos politiques (politiciens, voire "politichiens") parlent un français certes simple, mais au minimum respectueux de ses règles de base, comme d'une concordance minimum des temps, ne serait-ce qu'à l'indicatif, qui obéisse à la logique de l'exposé.

J'avoue ne pas supporter de constater combien notre actuel président de la République martyrise notre langue, singulièrement quand il s'adresse à des étrangers, récemment encore devant un parterre d'étudiants américains parlant notre langue. C'est pour le moins désolant. Ne peut-on craindre qu'une telle approximation du langage ne soit la traduction d'approximations dans d'autres domaines (idées, économie, politique, etc.) ?

Au-delà de lui-même, il convient aussi de constater ces défauts langagiers de la part de beaucoup de nos élus nationaux, souvent énarques...

Achille

"La dignité du politique et l'imparfait du subjonctif font naufrage de concert, main dans la main". Le langage de la politique et la politique du langage liés pour le meilleur et pour le pire. Aujourd'hui, pour le pire. La dignité réside en effet aussi bien dans les mots qu'on prononce, le style que dans les comportements, les tactiques et les orientations. Ayant oublié l'imparfait du subjonctif, on s'est condamné à un monde politique imparfait. La décontraction obligatoire a chassé le grave et l'important. Clairement, ce n'est pas un progrès. »

Personnellement j’aime bien l’imparfait du subjonctif que je trouve délicieusement désuet. C’est vrai que maintenant il ne s’emploie plus dans le langage parlé.

Pour en savourer toute la subtilité il faut se tourner vers les ouvrages des auteurs du XVIII et du XIX ème siècle. Dommage !

C’est d’ailleurs assez curieux car à partir du moment où l’on parle d’un fait passé que l’on l’associe à une autre action qui se déroule également dans le passé, l’imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif devraient tout naturellement être appliqués.


De la à faire un parallèle avec le manque de dignité des politiques, pourquoi pas. A mon avis je ferais plutôt le lien avec leur manque de culture. Encore que quelques-uns soient quand même d’excellents lettrés.

Laurent Dingli

Aïssa :

«Li fèt mèt» disent les Arabes; ils ont bien raison: le passé est mort! C'est aujourd'hui qu'on est vivant et c'est vivant et présent qu'on lutte; pas nostalgique et tourné sur des choses inertes et figées dans la mémoire de quelques pourrissants ...

Tout cela est bien beau, mais en vérité nul n'est plus englué dans le passé... que les Arabes. Disons pour être plus nuancé que beaucoup d'entre eux devraient méditer leurs propres dictons.

Zenblabla

Las,
Ne peut-on apprécier
Qu'en formes distanciées.

Elles, sitôt exposées,
Font suspicions d'amour.
Enroulent en commentaires
Torrents de jalousies...
Qui les montrent en baudruches
Pour les voir entraînées...

Je ne vois pas assez
Quelques tufs étagés,
Ou géantes marmites,
Qui seraient distingués
Avant qu'eaux ne se troublent,
Quand déjà se troublassent.

Car construire quelque forme
Est tâche difficile,
Quand juger les sculpteurs
En montrant le sculpteur
Engage au moins les juges
En adoucies manières !

Merci, votre procès à décharge.

Catherine A de conserve et de concert mais pas avec Bob

@ Bob

Cher Monsieur, désolée de vous décevoir mais voyez-vous, je ne l'ignorais pas ; c'était un clin d'oeil. Le "de conserve" m'aurait juste plus amusée, compte tenu de la personnalité de notre hôte, petit pois "noir" (comme il y a des moutons "noirs", ceux qui dérangent)...
Dans la foulée je vous précise que l'on peut être furieuse (x) et avoir de l'humour. Mais je n'ose pas penser que ça vous ait échappé..........

Jean Reffait

Monsieur,
Je ne pense pas qu'il faille se mettre en fureur pour une expression quelle qu'elle fût. C'est toujours à peu près la même chose, sur ces forums ou ces blogs. Encore ne devez-vous pas vous plaindre de la tenue que vous parvenez à maintenir sur le vôtre.

Il est de bon ton de piétiner rageusement tout ce qui a pu valoir symbole, dans un passé même récent, d'intellectualité. Même moi qui écris en ce moment, je me rends compte qu'avec cette "intellectualité"-là, je vais être classé dans les "intellos" et, pourquoi pas? dans les "politiques". Car les mêmes manifestations d'aversion peuvent servir, en utilisant leur français basique (je devrais peut-être pour être plus "tendance" écrire "basic french") afin de vilipender ou canoniser les mêmes idées suivant qu'elles sont proférées par quelqu'un qu'on aime ou quelqu'un qu'on abhorre. Tel qui reprochera à un adversaire ou supposé tel de baragouiner un patahouète "dégueulasse", ne trouvera plus rien à redire, sauf à l'encenser, si tout cela provient d'une source - généralement "politique" - adorée.

Ainsi, un clou chasse l'autre. Et je ne suis pas choqué, parce que l'imparfait du subjonctif me vient naturellement sous la plume, de m'en servir pour telle cause ou telle autre. Nous cassons nos jouets et l'on s'étonne de notre triste figure.

C'est la même horreur qui frappe les politiques et les avatars des conjugaisons françaises, tout aussi françaises que l'actuel passé composé de l'indicatif qui est devenu incontournable. Je viens d'en commettre un et n'en éprouve aucune contrition. Il aurait fallu, pour en éprouver une, que je disse que le signal donné par la fureur contre l'imparfait du subjonctif me paraît effectivement comparable à l'effondrement simultané de la tenue des "politiques". Tout est dans tout (et réciproquement, allez-vous me dire,
ce qui est exact). L'art oratoire est passé de mode et c'est bien ennuyeux dans les meetings ou les prétoires. Il faut parler "pauvre" désormais. Que fait-on en faveur de celles et de ceux qui n'ont que leur pensée et leur expression comme richesse ? Cela n'empêche pas d'aimer l'argot et si l'on a l'occasion de mêler, comme le faisait si bien Audiard, le subjonctif et la "langue verte", pourquoi s'en priver ?

Je trouve également excellente cette idée qui a été émise ici d'appeler les
"politiques" par le véritable substantif qui les vise : politiciens .
"Politique" est devenu un qualificatif lorsqu'il s'est agi de globaliser ceux qui s'adonnaient à des carrières dans la politique, pour leur conférer le sens le plus péjoratif possible. Ainsi tord-on une langue.

La politique est l'affaire de tous, dans ce qu'on persiste à appeler une démocratie. Nous serions bien embarrassés qu'on nous en débarrassât. Les empoignades que Monsieur Philippe Bilger a la longanimité de tolérer, si elles sont sans commune mesure avec ce qui se barbouille ailleurs, deviendraient aussi fades que les discours, surtout non "oratoires", de nos politiciens, qui font "peuple" à bon compte en éliminant ce qui n'est pas trivial dans notre si belle langue française.

Symmaque, rhéteur et orateur du IVè siècle, le seul qui eut de l'audience populaire, alors qu'attaché aux Dieux traditionnels il se voyait recouvert par l'Empire Romain christianisé, s'inspirait d'Ennius, sept cents ans avant lui. La tradition d'une Langue et de tout ce qu'elle porte est un trésor précieux. Enrichi chaque jour certes, mais, comme dans le cochon, y a rien à
jeter !

Alex paulista

Cher bob

Les deux s'utilisent, mais en l'occurrence "de conserve" est une expression plus adaptée car il s'agit d'un naufrage...

Puisque le déclin de la langue française est le sujet, j'en profite pour m'insurger contre la prolifération dans les commentaires des "quoique" à la place des "quoi que", comme dans "quoiqu'il en pense". Ça fait pédant tout en laissant des verbes transitifs abandonnés sans complément. Certes, on peut enlever les sujets et les compléments et appeler ça des ellipses.

Un peu comme le bout de plastique dans les rayons du vélo de Jean-Claude Tergal adolescent.
Il croit que ça fait motard...

bob

A Catherine A plus que furieuse !
Si vous vous calmiez, vous pourriez prendre le temps de vérifier avant de donner des leçons incorrectes, pour apprendre que "de concert" s'use autant que "de conserve".

Aïssa Lacheb-Boukachache

J'ai une vraie estime pour Régis Debray, l'homme ainsi que l'intellectuel et je comprends bien qu'au-delà de toute considération strictement politique, il ait une dette pour de Gaulle, celui-là qui lui sauva la vie quand il fut pris en Bolivie … Pas de de Gaulle alors, pas de Debray aujourd'hui, c'est aussi tristement simple que cela. Cette préface s'inscrit aussi dans cette reconnaissance d'un homme pour un autre et cela seul est déjà respectable

Il n'y a pas plus de meilleur hier qu'il n'y en a aujourd'hui; c'est une erreur de croire cela … Ce qui était celé hier l'est moins aujourd'hui et cependant l'impression naît, même chez un Debray, que le mieux part à vau-l'eau pour un médiocre et plus encore, qui s'étale et s'installe … Ainsi de même quant à cette autre et quelle Institution! l'Eglise catholique. On oublie de croire qu'au long les siècles, elle accomplit millions de fois de par ses membres même les plus influents les pires ignominies sur les enfants. Comme si durant ces deux millénaires, des nonnes innombrables n'avaient pas accouché des curés et autres papes et évêques puis n'avaient détruit leurs enfants dans quelque puit ou autre fosse … On s'aveugle et on est aveuglé et pour finir l'on soupire que c'était mieux avant. En toutes choses: politiques, religieuses, économiques … De même une certaine Ecole républicaine qui tyrannisait les élèves hier et qui s'étonne et étonne d'être tyrannisée à son tour par ceux-là-même qu'elle a éduqués dans d'autres conditions et d'autres relations à soi et à l'autre … De même ces vieillards militaires et autres politicards de la troisième République qui sans vergogne ni scrupule envoyèrent durant quatre années et demi toute la jeunesse de France se faire déchiqueter dans le fracas de cette guerre immonde, pour leur plaisir, pour leur misérable gloire … Aujourd'hui la vieillesse, c'est politiquement comme institutionnellement un déchet et l'on soupire avec des regrets dans la voix que les vieux, c'étaient mieux avant … (Debray lui aussi a écrit un petit ouvrage sur ce sujet des vieux aujourd'hui …). On n'en finirait plus de ces sinistres yoyo comparatifs temporels … Mon époque, c'est aujourd'hui, ce sera toujours aujourd'hui et vous seriez bien avisé de penser toute chose ainsi … «Li fèt mèt» disent les Arabes; ils ont bien raison: le passé est mort! C'est aujourd'hui qu'on est vivant et c'est vivant et présent qu'on lutte; pas nostalgique et tourné sur des choses inertes et figées dans la mémoire de quelques pourrissants ...

Quand je lis ça, je vous vois un homme dans une grande solitude et un désarroi certain … Soyez votre propre force, enfin! et votre refuge. Nulle autre aile que la vôtre!...


(Un peu de musique que j'aime, en lien … Claire Uzan que j'ai eu l'heur de connaître un peu il y a quelques jours au Salon du livre et pas le temps (on n'a jamais le temps, c'est dégueulasse et révoltant …) de converser plus longuement avec elle …)


Aïssa.

SR

Après Yann Moix, vous prenez de la hauteur avec Régis Debray. Il était plaisant de vous lire en dépit de vos digressions droitières décomplexées, mais là intellectuellement vous touchez semble-t-il le fond, ou vous êtes à cran.

Ludovic

@Catherine A plus que furieuse !

Calmez-vous, attention à l'hypertension artérielle, j'en sais quelque chose depuis que mon cardiologue m'a prescrit à vie une association trimoléculaire, pour m'éviter une attaque, mais moi c'est lié à un stress professionnel.
D'accord, l'imparfait du subjonctif est plus que désuet et source de confusion qui plus est. Imaginez un enseignant s'adressant à une classe agitée en ces termes "il me plairait assez que vous vous tussiez !". Si les élèves concernés ont un peu d'humour (ce qui est fréquent) et une maîtrise suffisante du français (là c'est plus rare), ils se devraient de répliquer en choeur "encore eût-il fallu que nous le sussions".
Bah, oublions ce temps suranné : "pourquoi tant eût-il fallu que je vous aimasse pour que vous me dédaigniassiez à ce point", je ne sais plus de qui c'est.

Catherine A plus que furieuse !

J'aurais préféré qu'il usât du "de conserve" même si hélas l'expression renvoie aux petits pois ; aurait-il songé à vous en lui préférant le "de concert" ?
Cela dit, j'aime la langue française même si je ne suis pas sûre de la servir comme il faudrait mais lier la disparition de la dignité de la politique avec celle de l'imparfait du subjonctif me paraît - excusez-moi - d'une arrogance incommensurable. Je connais bien des hommes et femmes qui ignorent jusqu'à l'existence de cet imparfait du subjonctif mais qui peuvent en remontrer, côté dignité, à bien des germanopratins biberonnés à l'ENA ou à Normale sup.
Si quelque chose est indigne et choquant c'est bien cette comparaison. Il ne suffit pas de parler un français exemplaire pour l'être. La preuve !

Alex paulista

Cher PB, méfiez-vous quand même, car comme dirait Brassens :

s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente.

Je n'ai pas aimé comment l'idéologie universaliste avait fait fermer les yeux à Mitterrand et à certains intellectuels lors des massacres d'ex-Yougoslavie. Ceux qui revendiquaient leur liberté étaient taxés de "nationalistes". Le nationalisme c'était caca, et puis le Kosovo enclave au milieu du centre historique de la Serbie ce n'est objectivement pas pratique.

C´était plus compliqué.

mike

Le Che c'était l'Histoire ?
OH !

Achille

Achille @ Catherine JACOB | 05 avril 2010 à 13:59

« Vous êtes décidément étonnant ! »

Vu la concision exceptionnelle de votre commentaire : pas de référence à une citation d’un grand penseur (de préférence chinois), pas de renvoi vers un ouvrage historique via internet, pas de circonlocutions alambiquées pour nous transmettre votre perception du sujet proposé par Philippe Bilger, on mesure toute l’ampleur de votre stupéfaction...

Catherine JACOB

Vous êtes décidément étonnant !

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

J’ai toujours eu du mal avec la pensée de Régis Debray. Pour moi il rentre dans la catégorie des intellectuels mystiques particulièrement abscons.

Mais le regard qu’il porte sur la politique ou plus exactement sur les politiciens actuels me convient bien.

Il est clair qu’aujourd’hui la politique n’est plus un support destiné à proposer des idées visant à harmoniser la vie en communauté et à guider les hommes vers un monde dans lequel ils peuvent vraiment s’épanouir.

La politique est devenue un métier dans toute l’acception du terme. D’ailleurs il y a même des écoles pour s’y préparer. La notion de droite et de gauche n’est là que pour entretenir un débat sur des thèmes sociétaux de plus en plus imbriqués les uns dans les autres pour la simple raison que la gestion d’un pays n’est pas vraiment éloignée de la gestion d’une entreprise.

L’éloquence des grands orateurs du début du siècle dernier a totalement disparu pour faire place à un langage stéréotypé sans aucune consistance.

Il suffit d’avoir entendu les discours de la campagne des régionales pour s’en convaincre. Les « personnalités » politiques se sont appliquées à respecter soigneusement la trame qui avait été définie par le service com. du parti (voire de l’Elysée).

Plus aucune spontanéité, on aurait dit des collégiens de CM2 ânonnant docilement leur leçon. C’en était pathétique.

La politique suit exactement la même démarche marketing que les produits publicitaires de grandes surfaces. Nous sommes dans une société consumériste et les hommes et femmes politiques sont des produits façonnés à partir des mêmes ingrédients. Seule l'étiquette change mais à l'intérieur le produit est le même.

Pierre-Antoine

@PB
Je ne sais pas si les victimes des guérillas sud-américaines se sentent bien à l'ombre des pierre tombales.

Soutiendriez-vous avec la même verve sa théorie du foquisme (Révolution dans la révolution) ?

Comme quoi on peut être intellectuellement apte à séduire et pratiquement complice d'un "presque" génocide. Combien de victimes a-t-il ainsi justifiées ?

Toute médaille à son revers !

Pour moi Régis Debray est l'exemple d'un très bon cerveau très mal employé !

Plus le cerveau est bon, moins la cause paraît mauvaise... presque bonne... presque juste...
L'histoire nous dit que si la cause était bonne, lutter contre l'impérialisme américain, l'idéologie motrice, l'impérialisme communiste, portait en elle-même sa propre défaite.

Y a-t-il encore des communistes en ce bas monde ?
Oui ! en Corée du Nord !

Je préfère marcher au soleil de la vérité qu'à l'ombre de sa philosophie.

Cordialement

Pierre-Antoine

Robert

Combien avez-vous raison. Régis Debray est sans doute l'un des plus grands esprits de notre temps. Analyste extraordinaire, son propos heurte souvent la bien-pensance. Et pourtant, républicain convaincu, il reste l'un des rares vrais défenseurs de l'esprit et de l'âme français. Sans nationalisme, simplement esprit typiquement français dont beaucoup devraient intellectuellement se nourrir !

Véronique Raffeneau

"Formidable article de Régis Debray qui exprime, au fond, si peu de la réalité mais tellement de lui-même. Pleurant sur notre médiocrité, il s'enivre d'une grandeur passée, qu'il a connue. Dénigrant le présent et sa politique, il nous chante les mythes, la politique d'hier. Les orages désirés se sont couchés et roupillent. Furieux contre ce temps mort, il s'enchante de souvenirs où la révolution était possible et les médiocrités impossibles. Il nous insulte avec talent, avec vigueur parce qu'il n'a plus rien ni personne à glorifier."

Billet: Régis Debray ou Monsieur Ronchon - 23-02-2007

Et pourtant, Philippe, dans cette tribune du Monde "La Coupe de l'Elysée" écrite par Régis Debray en février 2007 (accessible sur son site) tout était déjà si justement dit.

J'ai retenu pour toujours de cette tribune une phrase qui m'avait alors profondément impressionnée :

"(...) Rappelons-leur cependant, avant de leur dire bonsoir, cette évidence première : nous ne faisons partie d'une nation, comme les êtres humains font partie de l'humanité, qu'en mémoire et en espérance. L'union des grains de poussière n'existe que par et dans une verticale. Supprimez la profondeur de temps, et les séparatismes vous sauteront à la gorge (...)"

J'aime bien la désespérance lucide de Régis Debray qui est devenue aujourd'hui la vôtre.

Et puis une écriture comme la sienne, comme elle peut avoir le pouvoir de nous rendre sereins.

bob

Si, déjà, on pouvait ne plus utiliser le mot "politique" pour désigner les hommes (ou les femmes), comme il est désormais de coutume, mais bien pour l'action, l'engagement, et retrouver le "politicien"... la clarté du discours y gagnerait souvent.
C'est juste, la langue de nos représentants est quasi déplorable, à la hauteur de leur "grandeur" présupposée, à commencer sans doute par le premier d'entre eux.
"Casse-toi pauv' con !". Tout est dit en si peu de mots.
Joyeuses Pâques !

Laurent Dingli

Vous déclinez sur tous les tons, mon cher Philippe, ce que vous vous refusez de nommer du déclinisme, ressortant périodiquement du placard poussiéreux la figure mythique du Généraaaal, référence incontournable de ce "bon vieux temps" imaginaire. Je ne crois pas un seul instant que ce que vous affirmiez soit vrai dans le domaine politique car, contrairement à ce que tout le monde, ou presque, répète à l'envi, un certain nombre de politiques n'ont pas perdu cette vision qui fait la noblesse de leur engagement. J'ose même dire ici que Nicolas Sarkozy, qui est aujourd'hui au plus bas dans les sondages et que l'on dénigre sur toutes les gammes, n'est nullement le co-fossoyeur que l'on fait de lui et que, bien au contraire, il possède cet enthousiasme dont vous parlez et qui n'existerait plus selon vous (et selon ledit Debray). Et puis, au lieu de nous lamenter en permanence sur la prétendue résignation ou sur l'incapacité des politiques, nous devrions nous demander ce que nous faisons nous, chacun à notre niveau, pour recréer cet enthousiasme, pour lui redonner du souffle. La nation est aussi la somme des citoyens et non pas seulement ce troupeau de geignards qu'on mène à la férule.
Quant à l'inénarrable Debray que je n'apprécie guère, je dirai seulement que le caractère prétendu iconoclaste de sa pensée cache le plus souvent un grande pauvreté d'analyse. Enfin je ne saurais dire mieux que Julliard dans cet extrait d'article du Nouvel Obs publié en 2001 :
"Régis Debray n’aime pas le monde, mais le monde adore Régis Debray, et chacun de ses libelles est accueilli dans l’enthousiasme par la plupart de ses victimes. C’est un privilégié : il est l’un des rares intellectuels à ne pas être soumis à une obligation de résultats. Au contraire : chacune de ses bévues ajoute encore à son autorité. Procommuniste au bon vieux temps, castriste ensuite, proserbe au moment du Kosovo, tout cela lui donne un crédit grandissant pour dénoncer les errances des intellectuels. Depuis la Bosnie et surtout le Kosovo - tristes pizzerias ! - j’ai perdu mon estime intellectuelle pour ces contempteurs récidivistes de la démocratie. C’est plus fort que lui : à chaque fois, et pour d’excellentes raisons, il tombe du côté de ses adversaires. Ce cynique appliqué aura toujours été victime de ses bons sentiments. Cela l’a fâché avec la liberté.
Je ne vous raconterai pas "I. F." (c’est le titre). Sur le fond, c’est du Bourdieu. En moins systématique mais en mieux écrit. Sur la psychologie des intellectuels, leurs murs, leurs dévoiements, cet essai pamphlétaire n’ajoute guère à la montagne de livres sur le sujet, qui oscillent entre le narcissisme et la haine de soi. Le ressort caché de ce livre, c’est le Kosovo. La plaie inavouée. Même si tout n’était pas faux dans le reportage de Régis Debray, la façon dont il fut effectué, son indifférence face aux victimes kosovares, sa myopie sur les enjeux, son retentissement médiatique, tout cela fit de lui un allié de poids pour Milosevic. On aurait compris qu’au lendemain de cette équipée et de l’élimination de Milosevic par le peuple serbe Régis Debray fît le point, dressât le bilan. Mais non : il préfère s’en prendre aux intellectuels. Le sketch répétitif et autodestructeur de Régis Debray ne nous offre plus aucune surprise. L’anti-intellectualisme quinteux de cet intellectuel raffiné respire la résignation politique et la hargne sociale. Le voilà qui prétend quitter la scène avec l’élégance de l’Auvergnat qui, en partant pour la retraite, crache dans la limonade".

Isabelle Rambaud

L'art de la langue française, la hauteur de vue, la dignité de l’engagement politique, il aurait bien fallu qu’ils se prolongeassent...
Hélas !

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