Ce n'est pas la première fois qu'un prévenu ou un accusé se sert des médias en même temps qu'il les sert, pour créer le contexte le plus favorable possible pour son procès. Je continue à être choqué par cette dérive qui pollue le débat judiciaire à venir et donne l'impression que l'essentiel ne serait que l'accessoire de l'effervescence médiatique.
A partir du 8 juin, le tribunal correctionnel de Paris jugera Jérôme Kerviel, qui avait heureusement disparu de l'actualité, sans doute à la suite des conseils judicieux de ses avocats. Alors qu'on pouvait espérer un débat de qualité, Kerviel a décidé - et le processus est évidemment organisé tant il est multiplié - de revenir en pleine lumière. Le Journal du Dimanche lui consacre deux pages, dont un entretien avec Michel Deléan, et Laurent Delahousse s'entretiendra avec lui dans le Journal de 20 heures de France 2. Ainsi, la promotion de son livre "L'engrenage-Mémoires d'un trader", en vente le 5 juin, pourra être assurée.
La première page du JDD nous annonce que "Kerviel accuse". Quelle mouche a donc piqué ce prévenu pour que, plus d'un mois avant l'audience le concernant, il décide non seulement de réapparaître mais de publier un ouvrage ? Faut-il y voir la démarche classique qui croit pouvoir faire pression avant l'heure sur les magistrats, en tentant de gagner les faveurs de l'opinion publique - et donc de jouer subtilement de celle-ci contre ceux-là ? Quelle étrange idée qui consiste à cultiver une stratégie de défense d'abord grâce aux médias puis, contraint et forcé, devant l'obligatoire justice ?
Michel Deléan fournit à Jérôme Kerviel l'opportunité de se présenter sous un jour tranquille, qui ne lui interdit cependant pas de dénoncer le comportement des magistrats instructeurs. Ils sont, manque de chance pour lui, d'incontestables et loyaux professionnels. Kerviel pointe également des anomalies et des dysfonctionnements dont il aurait été victime et n'hésite pas à mettre en cause ses anciens collègues (nouvelobs.com)... Ainsi, un paysage est créé, un climat diffusé, qui visent à rien de moins qu'à imposer médiatiquement sinon une innocence du moins une culpabilité largement atténuée. Parce qu'il serait si peu sûr de pouvoir plaider efficacement sa cause à partir du 8 juin ou au contraire parce qu'assuré de son succès, il prend toutes les précautions pour qu'il soit amplifié ?
Les médias profitent donc de Kerviel qui en retour profite d'eux. Je ne parviens pas à accepter ces attitudes qui, sous prétexte d'information, mettent sur le devant de la scène quelqu'un qui devrait être laissé dans l'ombre jusqu'à sa comparution. Le récent débat sur les Infiltrés a montré comme certains journalistes avaient enfin pris conscience du fait que dans leur activité professionnelle ils n'avaient pas à éluder leur responsabilité de citoyens. Un jour, aura-t-on le bonheur démocratique de féliciter des médias parce qu'ils auront su s'abstenir de toute promotion, de toute exploitation, de toute manipulation avant que les juges aient tranché ?
L'Etat de droit ne concerne pas que les juges et les avocats. Il devrait être sensible aux journalistes. Pourquoi pas une Société de droit qui rappellerait le bon tempo aux prévenus et aux accusés ?
En relisant, il faut bien une intime conviction !
Elle m'est confortée, par la tenue des propos de Véronique Raffeneau, grâce même.
Évidemment que l'odieux, cela ne relève pas de l'appréciation professionnelle !
En confraternité, nul besoin à l'odieux d'émerger.
Je reste toujours contre la suppression des jurys d'assises, leurs désignations, et tout le pathos...
C'est vrai aussi que le texte en origine de l'intime conviction, tout historique qu'il soit, demeure beau et en active beauté, et que ce n'est pas un genre de monument considérable, mais quelque chose encore incontournable.
Rédigé par : zenblabla | 12 juin 2010 à 01:15
Je suis parfaitement d'accord avec Alex Paulista qui fait une bonne analyse des événements. Je sais qu'il travaille dans la finance et j'y ai moi-même travaillé de nombreuses années. Quand on connaît les choses de l'intérieur, on sait de quoi on parle. Quand on connaît la finance et la banque, on sait que les patrons de Kerviel ne savaient pas qu'il jouait sur 50 milliards. C'est une évidence. C'est justement quand les patrons de Kerviel ont appris la vérité qu'ils se sont empressés de liquider la position. Je peux même me mettre à leur place et imaginer leur effroi quand ils ont su que Kerviel avait une position de 50 milliards ! Il fallait couper cela immédiatement, quitte à perdre 4.9 milliards. Ils ont dû passer un très mauvais moment. Et si Daniel Bouton n'a pas vu Kerviel au moment de la découverte des faits, c'est sûrement pour éviter de lui casser la gueule, ce que j'aurais fait à sa place !
Kerviel se targue d'avoir fait gagner un argent fou à sa banque. Il se la joue génie de la finance alors que ce n'est qu'un tocard : 50 milliards placés à 2%, cela rapporte 1 milliard sans le moindre risque. Un enfant de dix ans peut le faire.
En revanche, la Société Générale a beaucoup à se reprocher quant à la qualité de son contrôle et à son laxisme.
Rédigé par : Florence | 09 juin 2010 à 09:46
@eric
Le travail d'un trader consiste au contraire à compenser les risques entre les différents produits achetés et vendus pour le compte de la banque.
Rédigé par : Alex paulista | 09 juin 2010 à 04:06
Le travail d’un trader consisterait-il à prendre des risques mais risques qui doivent impérativement aboutir sur des profits ?
Daniel Bouton savait très bien ce qui se passait dans sa banque tout simplement parce qu’il est celui qui donnait les consignes pour faire toujours plus de profit. Mais voilà le pot aux roses est découvert alors il faut un lampiste.
Daniel Bouton n’est qu’un Madoff francais parmi tant d’autres.
Bizarre quand même que tous ces patrons de grandes entreprises soient tous des responsables quand il s’agit d’encaisser un gros, très gros salaire mais jamais coupable quand il y a un problème. Et là on voit cette bande de lâches fuir leurs responsabilités.
Rédigé par : eric | 08 juin 2010 à 22:30
Votre billet date du 2 mai, avant la sortie du livre de Jérôme Kerviel. Avez-vous lu son livre depuis ? Il m'a convaincu de la responsabilité de sa hiérarchie... et de la faiblesse de l'instruction. Le fameux juge Van Ruymbeke n'en sort pas grandi, pas plus que certains journalistes (entre autres Airy Routier).
Rédigé par : gerard poirot | 21 mai 2010 à 13:28
@M. Leroy
"Une simple règle de trois, (maîtrisée je pense par ces polytechniciens, centraliens et autres diplômés de mathématiques financières) leur permettait de savoir que les sommes engagées par M.Kerviel avoisinaient les 30 milliards d'euros et mettaient donc en danger la banque elle-même."
C'est justement cette règle de trois qui les a poussés à liquider la position, et donc à perdre l'essentiel des milliards d'euros.
Il n'est pas réaliste de supposer comme vous le faites que la banque connaissait la réalité des sommes engagées, vu que cela la rendait toute entière vulnérable.
Et si cela avait été le cas, pourquoi une telle panique au dernier moment ?
La réalité est bien plus triste: ils fermaient habituellement les yeux à tous les niveaux sur les prises de risques contrôlées des traders compétents, ce qui a laissé la voie libre au délire exponentiel de Kerviel.
C'est un peu comme si la Police désactivait tous les radars de France pour laisser passer les voitures de leurs amis à 160 en ligne droite sur autoroute, et qu'ils se rendaient compte un jour qu'une des personnes dans le secret en a profité pour passer devant les sorties d'écoles à 300 à l'heure sans freins (et sans plaque).
En résumé la Sogé est coupable de laxisme et d'inconséquence, mais cela n'exonère pas Jérôme Kerviel de son comportement fou et dissimulateur...
Rédigé par : Alex paulista | 18 mai 2010 à 21:26
Monsieur,
Vous êtes un professionnel de la justice et vous allez certainement pouvoir m'éclairer.
Je crois qu'il existe un délit d'incitation au meurtre ou à tout autre délit...
Comment peut-on qualifier l'attitude des supérieurs de M. Kerviel qui couvrent les opérations fictives de contrepartie et qui ferment les yeux sur les montants astronomiques engagés par M. Kerviel. Une simple règle de trois, (maîtrisée je pense par ces polytechniciens, centraliens et autres diplômés de mathématiques financières) leur permettait de savoir que les sommes engagées par M.Kerviel avoisinaient les 30 milliards d'euros et mettaient donc en danger la banque elle-même.
N'est-ce pas pousser au crime que de laisser un jeune homme s'engager dans une telle voie sans jamais le rappeler à l'ordre, jeune homme qui avait tout à prouver et qui perdait peu à peu le contact avec le réel dans ce milieu fantasmagorique...
N'y a-t-il pas un délit d'incitation au délit (délire) financier ?
Rédigé par : Leroy | 18 mai 2010 à 18:23
@Alex Paulista
C'est bien ce qu'il me semblait...
Si, fait, qui sauve alternativement les banques puis les Etats ?
Je crois, à la manière quantique, que c'est le courant alternatif, l'ondulatoire qui se démontre fifty/moitié, ainsi en autres sciences qu'économiques avec le chat de Schroedinger, démonstration autant pertinente que laissant pour compte qui n'y pense !
Rédigé par : Zenblabla | 14 mai 2010 à 21:26
A Zenblabla
Il y a une limite simple au gonflement de la valeur de l'immobilier pour créer virtuellement de la richesse:
cela ne marche que si l'on pense pouvoir expulser les gens qui ne payent pas. Or c'est l'État qui doit mettre en oeuvre la force publique. Le même État aussi qui doit prendre en charge socialement les gens qui se retrouvent à la rue.
Il se trouve que si le nombre des gens jetés à la rue dépasse un certain seuil l'État n'a plus les moyens de ne pas laisser les gens chez eux (ou chez la banque, mais sous un toit)...
Quand les marchés le comprennent, la cote des banques qui ont prêté chute vertigineusement.
Rédigé par : Alex paulista | 13 mai 2010 à 21:50
Toujours la même question, lancinante à force de se révéler toujours plus dangereuse, à force de vouloir être occultée, exposant les regards d'un côté avec les tenants d'une évidence, de l'autre avec les tenants de sa contre-évidence en sorte de plénitude comptable.
D'un côté, l'argent ne représente guère plus que l'ensemble des valeurs qui ont une contre-valeur en argent.
Cette évidence là, elle conforte la plénitude comptable, leurs défendeurs qui sont aussi, mais paradoxalement pas toujours tellement l'argent attire, les détenteurs de cet argent.
De l'autre côté, toutes les valeurs n'ont pas de contre-valeurs en argent, il en va même d'une bonne moitié bien plus qu'incantatoire, avec le goût voire la nécessité de l'agitation de ces valeurs pour elles-mêmes.
Mais l'argent, alors de l'extérieur, emporte dans ce second monde, en deuxième paradoxe, son obligation.
De cela, s'observe la nécessité des états, et bien sûr des droits, ainsi que des écots.
Cette récupération par l'impôt, fera évidemment s'écharper les comptables qui sont des êtres vivants, et les non comptables, qui sont des êtres vivants.
Alors un retraité de la police sera mieux placé qu'un agent privé de sécurité pour assurer ladite sécurité dans les tribunaux par exemple.
Ce sera une question d'argent, mais cela se révèlera être une question de personnes.
Ainsi le retraité trouvera double intérêt avec double paiement, tandis que l'agent privé aura à prouver sa capacité à faire par ailleurs, de l'argent !
La plénitude comptable sort grand vainqueur dans la démonstration des faits. Et devient autorisé dresser le tableau d'honneur parmi l'agitation des valeurs qui n'ont pas de contre-valeur en argent, avec la recommandation d'une victoire mécaniquement toujours avérée, tautologique et faite par avance.
Pour faire bonne mesure quant à cette abjection, la solution consiste ici à gonfler la valeur des hypothèques avec création d'illusoires richesses, et là-bas, comme aux Etats-Unis, à introduire contre-valeur en argent parmi toutes les valeurs qui n'en ont encore pas - par exemple le vivant, qu'il s'agirait de breveter !
Et pour maintenir l'illusion générale, mais le sérieux incontournable du côté comptable, toute sorte de procédés, de panachage entre les deux manières et les deux endroits apparaissent.
Par exemple, entre autres illusions au royaume de la règle de trois donc du pourcentage, quand s'agitent de simples additions et soustractions en fait,
apparaissent les algorithmes, magnifiques ustensiles de magie.
Il y a aussi le jeu, qui fait venir sur scène le spectateur, ou la régulation qui fait venir le magicien dans les rangs du public.
Mais les deux mondes doivent s'accorder, et les comptables admettre que leur action ne peut pas déborder trop longtemps ni trop loin là où ils n'ont aucune légitimité sinon idéologiquement, fusse-t-elle écrite en quelques conventions... jusqu'à s'élancer en triple-A.
Rédigé par : Zenblabla | 13 mai 2010 à 08:04
Ah ! ce n’est pas le procureur Marin, à la veille du procès Clearstream, qui se serait permis une chose pareille !
Kerviel rappelle simplement une chose évidente : il ne pouvait pas prendre des positions en salle de trading jusqu’à 50 milliard de dollars sans que la chaîne hiérarchique le sache. A ce petit jeu la banque a sifflé la fin de la récré en perdant 5 milliard. Bon ratio.
Quant à la façon dont le droit a été piétiné, rappelons le rejet de demandes d’enquête complémentaire. Quel impartial ce Van Ruymbeke. Le Financial Times du 5 Mai nous dit dans une indifférence générale, que la SG est exposée à hauteur de 3 milliard $ dans la crise grecque, et à hauteur de 10 milliards de $ en créances douteuses. La faute à Kerviel ?
Ou Van Ruymbeke a-t-il eu peur des Veil fils et mère ?
Votre papier fleure bon le corporatisme. Un commentaire nous dit qu'un enquêteur, magistrat en tête, n'a aucune compétence pour comprendre les mécanismes des salles de trading d'aujourd'hui; c'est l'évidence même. Lu dans le New York Times: Wall Street a paniqué la semaine dernière avec 1.000 milliard $ d'échanges en deux heures. Enquête en cours, on ne sait toujours pas ce qui s'est passé !
Rédigé par : FAURE | 09 mai 2010 à 16:02
Bonjour M. Bilger,
Je ne partage pas tout à fait votre avis. Je fais confiance aux magistrats qui sauront séparer le vrai et le faux. D'autre part, s'il veut écrire un bouquin pour raconter son histoire et s'il a quelque chose à dire, pourquoi pas ??? On a le droit de pouvoir l'écouter. S'il dit quelque chose d'illégal il pourra être poursuivi. Peut-être même que ce sera un livre plus intéressant à lire que beaucoup d'autres disponibles à la FNAC.
Rédigé par : jmarcio | 06 mai 2010 à 18:02
La Justice peut-elle jouer un rôle utile dans cette affaire ?
Les deux parties qui s'opposent sont un trader qui a agi sans scrupules ni moralité, et une banque qui cautionne ce système.
Au final les vraies victimes sont vous et moi, la société, l'économie du pays.
Quelle condamnation peut avoir du sens, excepté que les deux parties soient condamnées à rendre un service d'utilité publique ?
Rédigé par : X | 04 mai 2010 à 15:00
Préalablement à M. Kerviel, l'exemple édifiant de la médiatisation orchestrée d'un citoyen ayant affaire à la loi n'est-elle pas la conférence de presse organisée par et pour la contrevenante intégralement voilée de Nantes, puis celle de son "époux" M. Hebbaj, soupçonné de polygamie et de fraude aux allocations familiales ?... Mais cela s'est un peu retourné contre les intéressés, il faut bien le dire. Aussi la prudence conseille-t-elle à ceux qui doivent répondre de certaines choses de rester dans l'ombre. Nous verrons pour M. Kerviel si le fait de promouvoir son livre aura des retombées positives sur sa comparution en justice... Il est permis d'en douter.
Rédigé par : MARIANNE | 04 mai 2010 à 12:25
@Catherine Jacob
"La vérité judiciaire et la parole de l'inconscient ne sont peut-être pas si radicalement différentes qu'on pourrait le penser"
Ce que je vais vous répondre va peut-être titiller notre hôte :-)
S'il y a rapprochement possible il n'est ni dans le fonctionnement, ni dans les objectifs, mais dans les méandres de l'âme des protagonistes.
Quel que soit leur rôle et la place qu'ils occupent dans le déroulement d'une affaire judiciaire (concernés, impliqués ou spectateurs), ils doivent avoir des raisons de craindre cette catharsis qu'est la tragédie d'une affaire.
Dans cette catharsis "aristotélicienne" doit se dessiner les méandres des transferts et contretransferts dont sont friands nos chers (très chers) psychanalystes !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 04 mai 2010 à 11:49
On retrouve ici l'orchestration méthodique et systématique par les médias du procès de toutes les institutions et leurs représentants, en canonisant partout et toujours, dans tous les domaines, le point de vue individuel contre le point de vue institutionnel. Les institutions ont toujours tort, les individus toujours raison... tel est le credo des médias.
Rédigé par : Guzet | 04 mai 2010 à 00:23
@ Pierre-Antoine | 03 mai 2010 à 10:55
"La justice tout comme la psychanalyse n'est pas une science."
Oui, certes, à la seule différence que la justice "veut" dire le droit et la psychanalyse "croit" dire la vérité intérieure du psychanalysé !
C'est donc difficile à mon sens de les comparer.
La vérité judiciaire et la parole de l'inconscient ne sont peut-être pas si radicalement différentes qu'on pourrait le penser de prime abord, vu que le juge n'est pas dépourvu d'inconscient et que parfois sans doute, ce dernier parle au lieu des faits objectifs. Ex. probable: Outreau!
Ceci étant, la Justice ne « veut » pas dire le droit, elle le dit purement et simplement, bien que sous l'épée de Damoclès du contredit, lequel peut exiger que le dit du droit soit infirmé ou confirmé après réexamen du fond et/ou de la forme par une juridiction supérieure. Du moins si je commence à y comprendre quelque chose grâce aux nombreux contributeurs spécialisés qui se rencontrent dans ces parages...
Quant à la psychanalyse, elle ne croit rien du tout, elle pratique l'écoute flottante de la parole du sujet via le phénomène de transfert et de contretransfert, et la lui renvoie. Du moins, s'il faut résumer les choses en deux mots et choisir une école d'analyse pour les dire.
Rédigé par : Catherine JACOB@Pierre-Antoine | 03 mai 2010 à 21:06
Je travaille aussi dans ce domaine (je pars faire une démo dans 10mn sur un desk juste après ce commentaire), et je suis bien d'accord avec Florence: Kerviel est un irresponsable et la Sogé une bande de rigolos (je ne dis pas clowns pour ne pas vexer le vrai qui lit ce blog).
En revanche, le lynchage médiatique du trader de G&S est incroyable !
C'est le seul qui a eu la prudence de ne pas faire prendre de risque à sa banque en fabriquant et vendant l'inverse en termes de risque de ce que tout le monde demandait.
Ainsi il a pu vendre des dérivés de crédit (que le marché demandait, encore une fois) et d'autres qui pariaient sur la baisse des premiers.
Il a bien fait son métier, une banque n'étant pas là pour spéculer mais pour transférer des produits et le risque associé entre le client A qui veut acheter et B qui veut vendre.
On lui reproche d'avoir créé des produits pour parier sur la baisse, alors que c'est justement son métier de ne pas parier que sur la hausse. Il a maintenu une position équilibrée quand tous les autres prenaient un risque.
C'est le seul, en fait, qui ne spéculait pas !!
Mais je ne m'en fais pas pour lui: on lui reprochera son mail pas très pro en terme de communication, mais il fera carrière. C'est un bon.
Rédigé par : Alex paulista | 03 mai 2010 à 21:02
Pour avoir été au contrôle interne d'un grand groupe bancaire, je peux affirmer que les juges ne connaissent rien aux habitudes (mauvaises) des finances et que les pièces à décharge n'ont pas (volontairement ?) été versées au dossier.
L'appel à témoins peut réserver des surprises car des acteurs maintenant hors circuit (qu'ils aient changé de job ou soient à la retraite), auraient bien des choses à dire...
Monsieur Bilger, s'il vous plaît, laissez le droit à ce pauvre trader pris au piège de sa hiérarchie et des objectifs fixés, de se défendre. La presse et l'appel à témoins sont ses seules chances face à des juges qui n'ont pas tous les éléments, le supplément d'information demandé ayant été curieusement refusé (sans doute parce qu'il aurait compliqué la tâche en obligeant à poursuivre d'autres acteurs, dont ceux chargés de contrôler et qui n'ont pas agi, tant au sein de la banque que dans les organes officiels de contrôle).
Il faut attendre que le NPA soit au pouvoir pour que la justice Française devienne efficace pour appréhender la délinquance financière...
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 03 mai 2010 à 19:55
C'est vrai !
Quand l'injonction de se cacher pointe son nez, on ne peut pas ne pas penser à l'interdiction de se cacher.
Un enfant n'y reconnaîtrait pas ses parents, dans cet emmêlement juridique et médiatique... en quête de législatif.
Peut-être que :
à gros lampistes, puissants sunlight ?
Rédigé par : Zenblabla | 03 mai 2010 à 19:52
On ne peut s'empêcher de songer qu'il y a quelque chose de foncièrement ridicule et vain dans ce procès à venir. Jérôme Kerviel n'a volé personne, ne s'est pas enrichi, n'a ruiné personne … La Société générale n'a pas mis trois mois pour se remettre de cet aléa spéculatif kervielien; six mois plus tard, elle tournait à nouveau à plein régime et aujourd'hui, elle distribue à tour de bras, comme au bon vieux temps, des milliards d'euros à ses meilleurs Kerviel nouveaux et anciens … Aujourd'hui et associés à d'autres de par le monde, ils sont en train de dépecer un pays entier, la Grèce, une Nation millénaire comme on ferait d'un vulgaire subprime titritisé en populace (dixit Imbert) grecque … Demain, qu'écris-je demain?! aujourd'hui déjà, ils nous arrachent de grands morceaux de chairs sur nos carcasses fatiguées … Le léviathan de la Finance veut sa ration d'Humanité à bouffer chaque jour, à digérer … Jusqu'aux enfants, tout le monde y passe, il faut gaver la panse des Bouton, des Zacharias et j'en passe … Jérôme, pauvre Jérôme, traître à la «famille» des anthropophages insatiables, renégat à la corporation des ogres infâmes, saint Jérôme, bon et martyr …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 mai 2010 à 19:48
Kerviel idiot mais innocent.
Ce n'est pas aux traders de se fixer des limites !!!
Quand on dépasse son découvert autorisé de quelques euros, que se passe-t-il ?
La Société Générale ne regarderait-elle pas où sont ses billes ?
L'argent offert aux banques, qui va payer ? durant combien de temps ?
Posez-vous les bonnes questions !
Rédigé par : adnkano | 03 mai 2010 à 19:45
Pourquoi certains journalistes s’arrogeraient-ils le droit de bafouer le droit ? Ne devraient-ils pas bien au contraire se faire un point d’honneur, eu égard à leurs pouvoirs réels, d’informer sans déformer et de garder en toutes circonstances rigueur et objectivité ?
Mettre en garde ou s’insurger contre la justice-spectacle, rappeler aux journalistes que leur souci d’informer ne doit pas leur faire perdre de vue les règles élémentaires de leur déontologie professionnelle (charte de Madrid etc.), quoi de plus naturel, que ce rappel soit fait d’ailleurs par un professionnel du droit ou un simple citoyen. Ces mêmes journalistes qui seraient d’ailleurs les premiers à dénoncer les dérives ou les abus d’un policier ou d’un magistrat qui aurait manqué à ses devoirs élémentaires, violé le secret de l’instruction ou agi sans commission rogatoire ou réquisition en bonne et due forme.
Il n’est que de voir le nombre d’affaires qui ont capoté, ces trente dernières années et même parfois viré au drame familial en raison d’investigations maladroites de la part de journalistes peu scrupuleux ou peu avertis de la chose judiciaire, qui jouent au détective privé et n’hésitent pas, pour vendre leur papier, à répandre rumeurs et calomnies qui salissent non seulement le prévenu, mais également, pour longtemps, son entourage. Quand des journalistes en mal de sensationnalisme à bas prix ne poussent pas l’outrecuidance et la perversion jusqu’à faire croire à un public de naïfs, qu’à eux seuls ils seraient plus capables qu’une armada de policiers et de magistrats de haut vol, spécialisés en la matière, de démasquer des criminels et de les livrer bruts de décoffrage à une opinion publique avide d’informations bien croustillantes, laquelle ignore en fait tout des réseaux de la grande délinquance criminelle ou financière, de leur complexité, de leur dangerosité et de la somme de travail que représente le démantèlement d’une seule de ces filières criminelles et plus encore du grand banditisme. Car les multiples business que l’on nous montre complaisamment (escroquerie en tous genres, trafics de drogue, pédophilie, proxénétisme) et qui forment le terreau des économies parallèles ne sont souvent hélas que l’arbre qui cache la forêt d’une réalité autrement inquiétante, la mondialisation de la criminalité et du grand banditisme. Se faire par conséquent les complices dûment médiatisés de ces gens là pour soi-disant infiltrer des milieux qui ne sont certainement pas dupes, c‘est d’une certaine façon leur faire de la pub tout en dénaturant, discréditant et parfois mettant à mal le patient travail des policiers et des magistrats qui eux n’enquêtent pas pour la frime et font un métier dont le public ignore le b a ba si l‘on en croit les sottises qui se propagent ici ou là. Car il n’y a que les gogos pour gober ce genre de feuilletons à quatre sous, cette pêche miraculeuse de délinquants de tout poils livrés sur un plateau télé. De pseudo enquêtes ou reportages qui ne seraient pas en eux-mêmes bien méchants s’ils n’avaient justement pour résultat de donner par ce biais une audience à des voyous et de tromper un public peu averti concernant les véritables implications de la lutte contre la grande délinquance. Quand les allégations de ces "Hercule Poirot" ne jettent pas carrément la suspicion, voire l’opprobre sur le travail ardu et dangereux des policiers, gendarmes et magistrats.
Eh oui les journalistes détiennent un pouvoir, le quatrième dit-on. Ce qui leur confère certes des droits mais aussi des devoirs, faute de quoi ledit pouvoir devient rapidement une arme redoutable à même de condamner ou de tuer sans le commencement d’un jugement un présumé coupable, voire de le fabriquer de toutes pièces. Et pendant ce temps, le ou les vrais coupables ou complices peuvent continuer de dormir sur leurs deux oreilles, voire aller reprendre ailleurs leurs sales trafics !
Evidemment tout le monde ne s’appelle pas Frédéric Pottecher, mais quand même pourquoi ne pas exiger des journalistes d'aujourd'hui qui entendent se spécialiser dans le judiciaire un minimum de connaissances du droit qui serait au moins équivalent à celui d’un officier de police judiciaire, ce qui est loin d’être le cas à en juger par les âneries qu’ils nous pondent sans vergogne à longueur de temps !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 03 mai 2010 à 19:38
C'est bien beau tout ça, mais quand il faut sanctionner ce genre de délit, les magistrats ont les mains moites.
Tout se termine en brouet imbuvable, on se congratule : "vous avez été formidable Durand ! " ... "Votre plaidoirie restera dans l'histoire Dugenoux !"...
Sans compter les mille émissions d' Yves Calvi ou les magistrats s'enorguellissent de ne pas avoir une "justice à l'américaine" !
Ben voyons !
Et les 150 ans de Maddof ?
Et les 25 ans ferme du PDG d' ENRON ?
Quand a-t-on vu de semblables peines en France ?
Rabâcher que lorsqu'un procès foire c'est la faute des "politiques", et anticiper que Kerviel "sera donc un lampiste qui paiera pour les autres"...c'est un motif suffisant pour changer de métier !
Rédigé par : Savonarole | 03 mai 2010 à 11:37
Tout ce qu'il a fait est archivé/sauvegardé et validé par des responsables informatiques/sg où la sécurité info est paranoïaque...
Rédigé par : adnkano | 03 mai 2010 à 11:19
Cher Philippe Bilger,
Je partage assez souvent vos opinions, mais en l'occurrence, je crois qu'il faut prendre beaucoup de distance.
A l'évidence, Jérôme Kerviel est le lampiste que l'on a réussi à épingler en raison des fautes réelles qu'il a commises, pour éviter de dénoncer le système qui l'a entraîné dans cette chute.
En réalité c'est tout le système financier qui est à mettre en accusation car il permet d'organiser légalement des détournements de fonds qui ruinent l'économie réelle et conduisent le monde aux pires désordres.
Une société qui n'a aucune prise sur ce scandale et ne peut tenter de sauver la face qu'en faisant passer en justice des boucs émissaires, se prépare un avenir bien incertain.
Il est urgent qu'une remise en ordre générale se fasse, car rien ne peut justifier un système financier qui étrangle ceux qui produisent : notamment agriculteurs et industriels au profit de spéculateurs qui parasitent l'économie.
Je souhaite donc bonne chance à Jérôme Kerviel pour échapper à cette loi de la jungle qui semble peu à peu se substituer à celle d'une société harmonieusement organisée.
Rédigé par : Alain Debayle | 03 mai 2010 à 11:11
@Duval Uzan
"La justice tout comme la psychanalyse n'est pas une science."
Oui, certes, à la seule différence que la justice "veut" dire le droit et la psychanalyse "croit" dire la vérité intérieure du psychanalysé !
C'est donc difficile à mon sens de les comparer.
Je dis cela en relation avec JK qui ne se présente pas comme innocent, mais reconnaissant sa part de responsabilité aimerait bien ne pas être le seul à se voir dire le droit.
http://www.latribune.fr/entreprises/banques-finance/banque/20100503trib000504911/jerome-kerviel-contre-attaque-et-accuse-avant-son-proces.html
Une des réformes de la justice, serait aussi de pouvoir exiger les expertises psy d'un PDG accusateur.
Houlala qu'est-ce que tu demandes là PA, on y découvrirait peut-être une "mégalopente descendante". :-)
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 mai 2010 à 10:55
Je n'imagine pas que Jérôme Kerviel veuille sauver sa peau par voie de presse. D'ailleurs dans ses interventions il ne nie pas sa responsabilité.
Le problème est donc ailleurs. Comme beaucoup de fautifs il a horreur de payer seul pour les autres. Je ne trouve pas indécent alors qu'il remue ciel et terre pour tenter de montrer qu'il est surprenant, et au moins significatif d'une mauvaise gestion répréhensible, que les dirigeants de la Société Générale n'aient pas été informés des engagements pris par un de leurs traders ; il est significatif de l'aveuglement de cette banque que Monsieur Bouton n'ait même pas rencontré Jérôme Kerviel au moment de la découverte (?) des faits. La "gagneuse" tente peut-être simplement de se venger de son maquereau.
Rédigé par : olivier seutet | 03 mai 2010 à 10:19
Au contraire de beaucoup, je connais bien le milieu des marchés financiers pour y avoir travaillé de nombreuses années. L'idée que Kerviel aurait été félicité s'il avait gagné son pari, est à mon avis fausse. Ce type est malhonnête, fêlé, mégalomane, un point c'est tout. En faire un héros ou une victime montre à quel point la France est tombée bas.
La Société Générale a certes commis plusieurs erreurs :
1) Erreur sur la solidité mentale de l'homme. Jouer sur 50 milliards d'euros prouve que Kerviel vit dans un monde centré sur lui et pas dans le monde réel. Faire une chose pareille est tout simplement insensé. On ne joue pas sur 50 milliards. Personne n'a pu autoriser cela à la SG. Vouloir le faire croire est soit un mensonge délibéré, soit une preuve de plus que le monde de Kerviel est en dehors de la réalité.
2) Erreur dans le management direct qui a été trop laxiste. On l'a laissé trop tranquille. Une équipe de trading, cela se gère en équipe : chacun doit savoir ce que fait l'autre, chacun doit avoir confiance en l'autre. Pas de petits trafics tout seul dans son coin. Du reste, les managers de Kerviel ont été tous virés en ligne directe jusque haut dans la hiérarchie.
3) Erreur de contrôle, qui a mon sens est la plus grave et dont on ne parle pas. A la limite, le bruit autour de Kerviel est le bienvenu. Pendant ce temps, on ne parle pas du problème des failles dans le contrôle.
Jérôme Kerviel n'a rien d'un lampiste. C'est un type malhonnête et irresponsable.
Des personnes comme lui, j'en ai connues même si les conséquences ont été moins spectaculaires. Ces gens-là n'ont jamais compris la gravité de ce qu'ils avaient fait. Ils sont toujours au fond d'eux-mêmes persuadés qu'ils avaient raison et que si on les avait laissé faire jusqu'au bout, le monde entier aurait reconnu leur immense talent. Des mégalomanes malhonnêtes.
On a les héros ou les victimes que l'on mérite.
Jérôme Kerviel n'est pour moi ni un héros, ni une victime. C'est un type dangereux et il l'a prouvé.
Rédigé par : Florence | 03 mai 2010 à 09:50
L'autocensure n'est pas affaire de droit mais de bon sens.
Monsieur Jérôme Kerviel n'en est plus là.
Rédigé par : mike | 03 mai 2010 à 09:32
Cher Philippe,
Six points d'interrogation dans ce billet. Une tentative de réponse.
Si Kerviel et Polanski (après tant d'autres), en deux jours, tentent la voie médiatique pour plaider leur cause, c'est qu'ils ne font pas confiance à la Justice et qu'ils ont pesé les avantages et les inconvénients de la doubler et de la vexer.
Chacun sait que la Justice, moins on la fréquente mieux on se porte, la seule différence avec Polanski et Kerviel est que pour le commun des mortels l'accès aux médias est inimaginable.
Je chéris l'idée (c'est un rêve personnel que je ne demande à personne de partager) que je serais arrivé serein devant le chêne de Saint Louis.
Rédigé par : Jiel | 03 mai 2010 à 09:29
Je lis avec stupéfaction ce que vous pensez de Jérôme, je ne peux que rire de la stupidité de ces commentaires et descriptions. Moi-même employé de banque ou plutôt sous-employé, vous voyez où les banquiers et les assureurs mènent le monde et l'Europe, j'oubliais, les patrons également.
Jérôme est le seul responsable... évidemment.
Aujourd'hui la Grèce et ses 14% de déficit ou 130 000 000 000 milliards, rien n'est-ce pas ? A qui la faute ? aux mêmes personnes : banques et assurances.
Attention demain à la contagion qui se propage. Mais qui va prêter à la France ? les même banques qui ont en moins d'un an amassé ce qu'elles ont volé aux peuples grec, portugais, espagnol ou irlandais.
Attention danger, moi aussi j'aimerais écrire un livre sur le système bancaire français et mondial...
En attendant, la crise de 1929 était moins grave, celle de l'Allemagne en 1937/1938 de la rigolade à côté.
Je pense que le pire est à craindre.
Je pense que je ne serai pas publié, qu'importe... je serai jugé comme Jérôme.
Merci de la part de REBELLE 83.
Rédigé par : REBELLE83 | 03 mai 2010 à 09:18
Monsieur l’Avocat général,
L’indignation exprimée dans votre billet souligne le parti que vous avez pris vis-à-vis de Jérôme Kerviel : les magistrats ont instruit, selon vous, à charge et à décharge ; tout point de vue divergent exprimé médiatiquement serait donc censé créer un déséquilibre dans l’expression de la réalité des faits avant les débats.
Jérôme Kerviel n’aurait donc pas le droit de mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour faire valoir sa thèse, selon laquelle la Société Générale ne saurait se présenter en victime innocente et ignorante des irrégularités commises par son salarié ?
J’ignore si Jérôme Kerviel est aussi coupable que l’en accuse la Société Générale, ou aussi innocent qu’il tente de le proclamer, mais il ne me semble pas indécent, en démocratie, que des organes de presse lui offrent, par leurs colonnes ou micros interposés, l’opportunité de faire savoir publiquement son point de vue, ce que peut-être il ne pourrait faire aussi efficacement au sein du prétoire.
Rédigé par : Christian C | 03 mai 2010 à 08:25
Mais Philippe, qui est en mesure de faire de vous une valeur boursière que l'on s'arrachera à Frankfort ou Wall Street ? Qui spécule pour spéculer sur le taux de l'indice, l'indice du taux, qui vous revend du Bilger à 30 % couplé aux taux de vessies dans les lanternes sur le marché de Hong Kong ? Kerviel !
Il spécule le petit gars et comme on l'a privé de son joujou à milliards, il spécule sur les juges, il vend de l'interview pour acheter du verdict à bon rendement. Il s'est longtemps tu, dites-vous : vous n'y connaissez rien, il a réduit l'offre et maintenant il vend.
Il sait aussi que l'audience le concernant ne sera pas publique : elle sera médiatique. Le public d'un procès voit et entend ce qu'il y a à voir et à entendre. Le client du média voit et entend ce qu'on lui colle sous les yeux et lui hurle dans les oreilles. Il sait aussi que ce qu'on a instruit comme ce qu'on va juger, nonobstant l'éventuelle qualité des juges, n'est pas le principe du manquement mais son échelle : s'il avait gagné 5 milliards, il aurait été le héros de sa hiérarchie, s'il avait perdu 200 euros, aucun juge n'aurait été saisi. Tout dans son affaire est amplifié : les milliards, la Société Générale en vierge effarouchée, les médias. Tout fait tapage, c'est la chaude ambiance des salles de marchés avec lui, Kerviel, dans le rôle du subprime dont il faut se débarrasser.
Il est possible de regretter cette parade de cirque avant le spectacle mais puisque ce procès, quelle que soit la qualité des juges par ailleurs, sera d'abord un spectacle, je comprends Kerviel qui tient à faire une bonne parade avant l'entée des artistes !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 mai 2010 à 00:12
Lynchage par précaution :
Extrait du billet de Monsieur Bilger en janvier 2008 :
..."Plus tard, bien plus tard, une décision sera rendue pour clôturer une affaire dont on ne savait même pas qu'elle continuait son cours. Comme ces anciennes célébrités qu'on croit mortes alors qu'elles sont encore vivantes.
C'est toujours pareil. Cette litanie monotone est d'autant plus choquante que peu, au fond, peuvent se dire véritablement informés et que ceux-ci se taisent. Alors, tout le reste, c'est du vent, de la parole, du lynchage par précaution.
..
De peur de sembler marquer un temps d'hésitation, un instant de scrupule, pour ne pas laisser la moindre place au doute et à l'enquête, pour dégainer plus vite que les autres en condamnant à tout hasard, on est au premier rang des péremptoires et des justiciers."
Beau billet à relire.
Je pense que Jérôme Kiervel est un joueur comme tous les traders. Je le crois quand il dit qu'il aurait réussi si on l'avait laissé continuer. Mais peut-être qu'il ignorait le temps qu'il lui fallait pour pouvoir continuer ! En tout cas il le pensait sincèrement. Sinon aurait-il continué et jusqu'à quand ?
C'est tout de même une AFER qui mérite d'être médiatisée. Cela pouvait-il se faire autrement ??
Enfin Jérôme Kiervel peut aussi se présenter à la Présidence de la République Il sera encore mieux médiatisé.
Quel que soit le juge, quel que soit l'avocat, il n'en demeure pas moins qu'une décision de justice est d'une certaine façon une loterie. Il y a deux points de vue jamais une folie. Autrement on ne se rendrait même pas au tribunal.
Il suffit qu'une feuille tombe par mégarde du dossier qu'une autre la rattrape, etc...
La justice tout comme la psychanalyse n'est pas une science.
Peut-on seulement juger cette affaire si on ne sait pas ce que c'est qu'un trader ??
Je vais essayer d'assister à un procès pour voir comment cela se passe.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 02 mai 2010 à 22:41
Vous opposez le comportement des "Infiltrés" et celui des journalistes qui invitent des prévenus (si c'est le mot) à se défendre devant eux.
Je pense au contraire que c'est le même vice qui pousse les Infiltrés à aller chercher le pire et balancer tout cru l'info, aussi laid soit ce qu'ils montrent et ce qu'ils font, pour créer le "buzz".
Les journalistes qui jouent au gendarme sont les mêmes que ceux qui jouent au juge.
Ils vont là où on ne les a pas invités, sur un terrain qui n'est pas le leur, quand bien même puissent-ils être utile.
Rédigé par : Cyril | 02 mai 2010 à 22:20
Allons, vous êtes trop averti de la chose judiciaire pour vous étonner de ce qui est somme toute normal dans notre société médiatique. Kerviel est présumé innocent, il a droit comme tout citoyen à s'exprimer et à trouver, pour lui faire écho, des journalistes bienveillants. Que je sache, aucun contrôle judiciaire ante comparution ne le lui interdit ?
(drôle : en première page du JDD, en dessous du "J'accuse", un titre "Manque de crédit"...)
On a vingt-quatre heures pour "maudire ses juges" dit-on.On a tout loisir avant l'audience de se répandre. L'avenir dira si cela était de bonne stratégie.
Je ne suis pas choqué, simplement dubitatif sur le profit ou la perte futurs.
@Georges Simon
L'Etat de droit, qui autorise les magistrats à se syndiquer, devrait donc museler toute expression de l'un des leurs ?... Curieuse conception de la liberté d'expression !
Rédigé par : sbriglia | 02 mai 2010 à 21:07
Bonsoir M. Bilger,
Depuis quelques billets je ne vous comprends plus et je ne vous suis plus. Je viens d'entendre Jérôme Kerviel au journal de France 2. Il ne s'exonère pas de sa responsabilité dans l'affaire de la Société Générale mais ne veut plus être présenté comme le seul responsable de ce désastre financier.
J'avoue une méconnaissance abyssale du fonctionnement des marchés financiers, mais tout de même, on ne me fera pas croire qu'il est seul responsable et que la banque et ses dirigeants n'ont rien à se reprocher.
Rien n'a changé depuis 2008, les traders ne sont pas davantage contrôlés, ils continuent à spéculer et à être encouragés à réaliser davantage de profits, quels qu'en soient les risques encourus.
Ce système absurde, ce dévoiement du capitalisme déconnecté de l'économie réelle reste d'actualité, aucune leçon n'a été tirée de ce fiasco.
Alors, que Jérôme Kerviel, traîné seul dans la boue, seul mis en cause et qui sera seul devant ses juges, souhaite expliquer à l'opinion publique sa version des faits, me semble être son droit le plus absolu.
Pourquoi devrait-il se taire ? Ce ne sont pas les magistrats que son livre et ses interventions médiatiques cherchent à convaincre. Seul coupable désigné et largement médiatisé à l'époque des faits, il se doit de défendre son honneur auprès de l'opinion devant laquelle il a été largement mis en cause.
Les spéculateurs de tout poil ont entraîné la quasi-faillite de la Grèce avant celle probable du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande. La crise financière qui depuis 2008 a mis en péril l'économie mondiale, trouve pour une large part son explication dans ces pratiques dignes du casino plutôt que d'une réflexion économique réelle.
Obama et Sarkozy ont eu beau dénoncer ces pratiques, promettre de réguler le capitalisme, rien n'y aura fait.
Alors Kerviel peut bien user de sa liberté d'expression pour défendre son honneur sans pour autant s'exonérer de toute responsabilité, il ne mérite pas un traitement plus sévère que ce vieux brigand de Pasqua, pour lequel une justice d'exception a eu les yeux de Chimène.
Rédigé par : Ludovic | 02 mai 2010 à 20:57
Charles Pasqua a squatté littéralement tous les plateaux télés pour hurler son innocence jouissant de sa proximité avec Nicolas Sarkozy, j'ai le souvenir vivace d'avoir croisé à plusieurs reprises Pasqua tenant le petit Nicolas par les épaules l'appelant "Fils".
Rédigé par : SR | 02 mai 2010 à 20:43
"Ce n'est pas la première fois qu'un prévenu ou un accusé se sert des médias en même temps qu'il les sert, pour créer le contexte le plus favorable possible pour son procès. Je continue à être choqué par cette dérive qui pollue le débat judiciaire à venir et donne l'impression que l'essentiel ne serait que l'accessoire de l'effervescence médiatique."
En fait, dans ce cas précis j'ai le sentiment qu'il s'agit d'une situation un peu particulière qui est celle d'un appel à témoins, lequel appel a en effet plus de chance d'être entendu grâce au haut-parleur médiatique sans compter qu'il est plus judicieux à tous égards de lancer de tels appels avant plutôt qu'après, le procès.
D'autre part lorsqu'il dit qu'il n'est pas juste qu'il soit le seul à payer les pots cassés, cela me paraît tout à fait vrai; la personne morale qu'est la Banque et qui est susceptible en tant que telle de faire l'objet d'une procédure pénale, ne doit pas se défiler à l'abri du bouclier Kerviel, passant inaperçue des pouvoirs du Tribunal en matière de compléments d'enquête et, fonction de leurs résultats, de jonction des dossiers!
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 mai 2010 à 20:39
@PB
"Ce n'est pas la première fois qu'un prévenu ou un accusé se sert des médias en même temps qu'il les sert, pour créer le contexte le plus favorable possible pour son procès."
Mais c'est à double sens, les juges et policiers ne se gênent pas eux non plus. C'est juste un renvoi de balle dans la cours (des miracles).
"Je continue à être choqué par cette dérive qui pollue le débat judiciaire à venir et donne l'impression que l'essentiel ne serait que l'accessoire de l'effervescence médiatique."
Si le secret de l'instruction était la règle, la justice y gagnerait en sérénité ! Et l'argument qui consiste à dire que cela permettrait d'étouffer des affaires, est un argument de média pour favoriser leur vente...
Mais comme cet argument est repris par l'opinion publique friande "d'affaires", alors pourquoi ne pas laisser les deux parties s'exprimer ?
Ainsi les médias ont de quoi vendre et l'opinion publique de quoi satisfaire son désir "d'affaires".
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 02 mai 2010 à 19:50
C'est délicat car d'un extrême l'autre, on irait vite à une Justice secrète et des médias zélés délateurs. Cette société que vous appelez là de vos voeux est effrayante, cher PB; je ne comprends pas que de telles idées vous viennent à l'esprit … Si donc une presse saurait influencer un tribunal, quel tribunal serait-ce donc que celui-là et quels juges aussi? Je ne comprends d'autant moins votre conception de ces choses qu'à ce nous sachions tous, Jérôme Kerviel est innocent présumé. Ainsi, vous prôneriez l'interdiction préventive de la liberté d'expression à celui-là comme aux autres tels lui … Tout présumé innocent sera condamné à se taire, sous peine de condamnation à (ce que vous imaginerez comme peine); que voilà un bel article pour une prochaine loi qui vous satisferait il semble … Ce sera l'article 1. Quant à l'article 2, le voici: Tout média qui s'ouvrira à un présumé innocent sera non moins condamné à la même peine. C'est d'un journalisme drôlement policé que vous rêvez et auquel vous nous invitez; c'est tout de même hallucinant! Avez-vous donc si peu foi en la maturité intellectuelle et morale de vos confrères les juges du Siège ainsi que ceux du Parquet, qu'il faudrait absolument les protéger par un silence imposé à quiconque serait tenté de les troubler voire les perturber en usant, lui, de sa liberté? En somme, la liberté du présumé innocent et la liberté de la presse (les deux sont admises et liées en l'espèce, vous serez d'accord avec moi ...) gravement attaquées et obérées au profit de la faiblesse psychique de la magistrature que vous laissez accroire … Il faut vous ressaisir; la liberté de la presse ne se négocie pas! même pour un soi-disant mieux public judiciaire ou autre! Le journalisme est pluriel autant que libre. Ce n'est ni à vous ni à moi de dire à un journaliste comment il doit concevoir et exercer sa profession … On peut apprécier tel article, détester tel autre; c'est la règle; il faut l'accepter … Parfois c'est pourri et parfois c'est bien et quand c'est bien, alors on apprécie. Souvent c'est insipide, neutre, mais pas moins que le quotidien dont il s'agit … Jérôme Kerviel est un héros populaire et il le restera longtemps, que vous le vouliez ou non. Sans lui, que saurions-nous de ce monde là qui dicte même aux démocraties sa sinistre et meurtrière loi et les fait plier de son joug empreint de pourriture? La Société générale … La belle affaire! La Société générale au service de quelques particuliers … Sacré Jérôme! qui nous aurait donné une telle leçon d'économie particulière et globale si tu n'avais été là?... Vive la Bretagne et les Bretons, sans contredit! Voilà des gens altruistes et intelligents … Franchement, cher PB, je vous l'écris comme je le pense: Vous auriez dû plutôt vous attarder sur Paris-match et nous entretenir tout aussi gravement de Zahia la douceureuse … Huit pleines pages ainsi que la couverture, non mais! Je l'imagine bien, cette adorable jeune femme: «Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant? Snif … J'ai plus de travail ...» … Et la Rédaction de se précipiter: «Mais non, chère Zahia, nous t'embauchons … au secrétariat … Sais-tu taper à la machine et manipuler Word? Et puis répondre au téléphone, évidemment ...» … Zahia essuie ses larmes; elle est sauvée … Je ne savais pas (mais je le sais grâce à Zahia et à la presse désormais) que ce foireux footballeur millionnaire nul à fesser sur un terrain, Ribéry, l'était aussi au lit en sus d'être radin … Ca alors! Il chicanait ces malheureux 2000 euros à cette pauvre petite Zahia qui fit pourtant le déplacement jusque Munich pour son anniversaire … Jérôme Kerviel a raison: plus ils sont riches, plus ils sont avares et cupides.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 mai 2010 à 19:36
En ce qui me concerne j'en reste sur des fondamentaux. Le prévenu sera jugé par des magistrats par définition libres et indépendants. Ils apprécieront en conséquence le dossier en fonction des faits avérés et des pièces au dossier et appliquerons le "tarif" conformément aux dispositions du code pénal.
Alors finalement, face à des juges rigoureux, je pense que le battage médiatique n'est pas forcément la meilleure défense.
Affaire à suivre.
Rédigé par : Jabiru | 02 mai 2010 à 18:38
Achille @ Georges Simon
Je ne vois pas en quoi un représentant du ministère public ne pourrait pas avoir son propre blog pour débattre de ses opinions avec d’autres internautes.
On est d’accord ou on ne l’est pas, mais on peut le dire sans agressivité.
Si ce blog ne vous intéresse pas vous n’êtes pas obligé d’y venir. On se passera aisément de vos commentaires aigres-doux.
Rédigé par : Achille | 02 mai 2010 à 18:25
Désolé de le dire ainsi monsieur Bilger, mais entre le criminel (même si j'estime Kerviel innocent de tout, ou tout du moins pas plus coupable que ses collègues) qui cherche à se défendre et le journaleux qui cherche à vendre son papier, il n'y a aucune différence, tant que c'est agressif, violent et efficace, ça marche et c'est ce que les deux veulent.
Rédigé par : LD.T | 02 mai 2010 à 18:23
Hors sujet ?
http://fboizard.blogspot.com/2010/05/le-juridisme-peut-il-detruire-une.html
Rédigé par : Franck Boizard | 02 mai 2010 à 18:14
@ Georges Simon
L'état de droit et le droit de l'Etat garantissent la liberté d'expression, ne vous en déplaise même si ce qui est dit vous déplaît.
Je suis quant à moi bien content qu'un membre du personnel judiciaire de notre pays puisse prendre la parole et soit capable, en mesure, de défendre ses idées publiquement.
Kerviel se sert de la presse comme elle se sert de lui. J'espère qu'il se fait rémunérer pour ses articles. Cela l'aidera à payer la note qui l'attend.
Rédigé par : Surcouf | 02 mai 2010 à 18:08
J'avoue ne pas comprendre où vous voulez en venir. Les accusations portées contre Kerviel par la Société générale ont été largement médiatisées, et l'instruction aussi, notamment par mes soins dans le JDD. Kerviel a le droit de s'exprimer aujourd'hui. Son interview dans le JDD n'est pas complaisante, elle est en outre accompagnée d'articles dont vous ne parlez pas ici mais qui remettent les choses en perspective et relativisent ses déclarations. Il s'agit de journalisme, et je ne vois pas en quoi cela peut gêner la justice ou les magistrats.
Michel Deléan
Rédigé par : Michel Deléan | 02 mai 2010 à 18:07
Les journalistes, pour reprendre une expression qui vous est chère, ont "le droit de tout dire": pas plus, pas moins qu'Eric Zemmour. Kerviel intéresse le public, ne vous en déplaise.
Quant à vos leçons de démocratie on s'en passe. L'Etat de droit et le droit de l'Etat intègrent la liberté de la presse, pas votre morale à géométrie variable selon qui prend la parole.
Moi ce que j'ai du mal à accepter, c'est qu'un représentant du ministère public étale ses opinions sur un blog. Voyez. Ça fait longtemps que je voulais réagir à l'une de vos saillies, c'est chose faite.
Rédigé par : Georges Simon | 02 mai 2010 à 16:58
Bonjour Philippe Bilger,
Vous nous dites : « Un jour, aura-t-on le bonheur démocratique de féliciter des médias parce qu'ils auront su s'abstenir de toute promotion, de toute exploitation, de toute manipulation avant que les juges aient tranché ? L'Etat de droit ne concerne pas que les juges et les avocats. Il devrait être sensible aux journalistes.
Pourquoi pas une Société de droit qui rappellerait le bon tempo aux prévenus et aux accusés ? »
Je pense qu’à partir du moment où l’on a défrayé la chronique, ainsi que l’a fait Jérôme Kerviel avec l’affaire des fameux 5 milliards partis en fumée en deux ou trois jours, on dispose d’une notoriété qui vous ouvre les portes des médias à tout moment.
Certes tout a été dit ou presque sur cette affaire lors de son apparition en janvier 2008. Mais le public est friand de ce genre d’histoire croquignolesque.
Avec la série des banques qui ont fait faillite au cours de ces deux dernières années, l’affaire Madoff, la banque Goldman Sachs qui défraye la chronique actuellement, les traders sont devenus un peu les cow-boys des temps modernes.
Jusqu’en 2007, on devait se contenter de séries américaines genre Dallas, Dynastie ou Falcon Crest, des roman de Paul-Loup Sulitzer ou des BD de Largo Winch.
Mais depuis la crise on assiste à du vrai, du vécu. Et il faut dire que la réalité dépasse la fiction au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer.
Un filon comme celui là, on ne peut le laisser à l’abandon.
D’ailleurs on a même eu droit à une pièce de théâtre avec l’excellent Lorànt Deutsch dans le rôle du trader en octobre 2009.
Alors un livre de Jérôme Kerviel, quoi de plus normal en somme. Et le fait que son livre sorte juste avant son procès, voilà une bonne idée de marketing.
Qui sait si bientôt nous n’aurons pas également un film avec un acteur de premier plan... Depardieu par exemple ?
Oui, je sais tout ceci n’est pas très moral. Mais les médias nous ont appris, surtout depuis ces trois dernières années (est-ce un hasard ?) que la morale ça ne fait pas bouillir la marmite. Les affaires sont les affaires. Et là c’est une sacrée affaire de gros sous.
La Justice encore une fois devra passer au second plan.
Rédigé par : Achille | 02 mai 2010 à 16:12