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10 mai 2010

Commentaires

ROUTA VILLANOVA

Monsieur Bilger,

Arditi, comme Jouvet, Jules Muraire et les autres est un comédien, un bon, qui nous apporte du plaisir, de la culture et qui, lorsqu'il aura disparu continuera à faire son métier (ce dont vous serez privé Monsieur le Procureur, la lampe magique ne sera pas pour vous).

Je suis attristé toutefois par les commentaires de tous ces bavards pompeux, pseudo intellos se disant philosophes qui interviennent sur votre blog et que d'ailleurs personne ne connaît (heureusement). Arditi, lui on le connaît, et pour cause. Parenu fole !

En somme il suffit de dire : Merci Monsieur Arditi. Pas besoin d'en faire un pavé.

Pierre-Antoine

@JDR
"Et Dieu sait qu'on devait s'emm... ferme à Königsberg dans les années 1700 !"

Pas tant que ça, même au Königsberg au XVIIIème il y avait du vin, des femmes, la chasse et des chansons pour distraire le philosophe téléologue le plus éclairé.

Et peut-on s'ennuyer quand on s'intéresse à la révolution française ? ça a dû l'occuper pas mal de temps à chercher à comprendre ce qui s'est réellement passé :-)

Cordialement

Pierre-Antoine

Jean-Dominique Reffait

Non, je ne commenterai pas la glose de Cousin sur Kant parce que c'est hors sujet, quelque gratouillis que j'aie. Kant est à mon chevet depuis 30 ans. J'avoue n'y avoir encore jamais saisi ce que Cousin exprime assez platement : il doit donc s'agir d'un homonyme, un autre Kant, auteur de polar sans doute ou chroniqueur chez Ruquier.

Je ne retiendrai de ce hors sujet sur Kant que ce qui se rapporte au sujet du billet : Kant prônait une sorte d'ennui pour goûter la plénitude de la vie. La routine pour se sentir vivre et penser. L'ataraxie comme accès au bonheur et au savoir. Et Dieu sait qu'on devait s'emm... ferme à Königsberg dans les années 1700 !

Surcouf

"Je travaille donc je ne meurs pas ?"
"Quand j'exerce mon métier je suis vivant"
Je trouve cela d'une tristesse absolue. Un vide immense intérieur ou alors un cabotinage exécrable.

Faut-il travailler pour se sentir vivre ?
Que nenni.

J'aime beaucoup mon travail, je m'y investis énormément et j'en retire de profondes satisfactions, mais j'aime encore mieux pouvoir vivre en dehors et m'accorder toute liberté pour satisfaire désirs et passions.

Heureux homme qui peut faire de sa passion un travail, et qui peut vivre de sa passion.

Allez je retourne à ma cuisine c'est une de mes passions.

Savonarole

@jpledun "Mourir, cela n'est rien. Mourir, la belle affaire !
Mais vieillir, ô vieillir..."

Oh que oui !
Un comique anglais en avait décrit les étapes : "On commence par oublier les noms, puis les prénoms... puis on oublie de refermer sa braguette, et un jour fatalement, on oublie de l'ouvrir."


Catherine A à Catherine J : fallait commencer par là !

Ben voilà Catherine, quand vous voulez... Fallait commencer par là, tout le monde aurait compris !
Votre inspiration vous égare parfois. Et nous avec. Mais elle m'a fait rudement sourire. Et pour ça il vous sera beaucoup pardonné ;-)

jpledun

"Mourir, cela n'est rien. Mourir, la belle affaire !
Mais vieillir, ô vieillir..."

Bien le bonjour de Jacques...

Catherine JACOB@Achille&sbriglia&Savonarole(2)

Post scriptum : Que l'on ne s'inquiète pas, c'était juste un petit accès isolé, je vais en revenir aux copié-collés de wikipedia, c'est moins risqué sans doute.

Catherine JACOB@Achille&sbriglia&Savonarole

@sbriglia | 11 mai 2010 à 16:27
Achille | 11 mai 2010 à 16:10
Savonarole | 11 mai 2010 à 17:26

«"Est-ce qu’il y en a ici, qui arrivent à comprendre ce que raconte Catherine Jacob ?"

Cactus y parvenait... hélas il est aujourd'hui en maison de repos ! »

«Moi oui, mais je prends 400 euros la consultation. Comme Sigmund.»
_________________

Je vous accorde que le style ci-dessous est un peu vaticinant.

«La première frontière/distinction fondatrice de la philosophie est celle entre le non savoir et le savoir, lequel savoir est en priorité savoir du premier.  Quelqu'un sait en revanche, que le « Je » n'est pas, et ce quelqu'un c'est la divinité dans le temple de laquelle « Je » m'apprête à entrer. » ais-je pondu sous le coup de l'inspiration.

Explication: La formule socratique bien connue : «Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. » établie une distinction entre savoir et ne pas savoir en professant que lui-même, Socrate, ne sait rien mais que cela au moins, il le sait.
A partir de là, ne sachant rien, nécessairement, il ne va pas professer mais interroger.
C'est la célèbre eirwneia méthode qui consiste à faire le naïf et par une série de questions-réponses nouer/entrelacer/tresser (eirw) savoir et non savoir, jusqu'à ce que l'interlocuteur reconnaisse et convienne (eirw) qu'au fond ce qu'il croyait savoir n'était qu'une opinion infondée et ce qu'il croyait ne pas savoir n'était que savoir encrypté à exhumer.
Cette mise à distance, réinterrogation et ré-élaboration du savoir se retrouvera notamment avec la fameuse Tabula rasa cartésienne.
D'où cette idée que la philosophie commence à partir du moment où l'on met le savoir présumé en examen et qu'on tend vers sa résolution en savoir véritable ou opinion infondée, ce qui nous meut, motive, est tension vers vers à partir d'une mise à zéro des compteurs, c'est cela le philo, de philo-sophie.

Si « Je » ( le Sujet, Socrate, son interlocuteur), ne sait pas, quelqu'un en revanche sait et il va falloir lui faire cracher le morceau.
Celui qui sait c'est, le côté obscur du Sujet, celui qui n'est pas encore conscient de ce qu'il sait dirait un discours moderne, autrement dit c'est le dieu des oracles, Apollon dans le temple duquel les gens se rendaient pour passer une nuit au cours de laquelle la divinité leur apparaissait en rêve et résolvait leur problème (je schématise). Comme il avait coutume de parler par énigmes, il fallait soumettre ensuite le rêve à un interprète du langage du dieu. Le rêve et son interprétation c'est un peu comme « la forme » et le modèle du processus socratique.
A l'entrée du temple se donnait à lire la formule célèbre : «  Toi qui entres dans mon temple, prends conscience de ce que tu es devant la divinité. »
Autrement dit, commence donc par la mettre en veilleuse et sache, que ce que très profondément tu désires savoir et ce pourquoi tu es là, ce que et qui tu es et ce qui te meut vers moi, à la vérité tu n'en sais rien.
Ce qui implique que le savoir n'est qu'en tant que conscience de ce qu'il est. Admettre que l'on ne sait pas est en effet la seule porte ouverte vers la vérité/le savoir. Comme on dit de nos jours, la résolution d'un problème commence par la connaissance/reconnaissance de son existence et passe par le fait de laisser parler, cela qui parle (eirw) *wer-dire, latin: verbum, le Verbe, de quelque nature et sur quelque mode qu'on le pense. Ce qui implique de faire silence pour que le Sujet émerge.

Quelqu'un sait en revanche, que le « Je » n'est pas s'entend donc à double sens comme, celui qui sait n'est pas le Sujet (Je, avec une majuscule à l'initiale), mais celui là sait que le Sujet n'est pas, autrement dit, n'est pas... encore, mais à émerger, restaurer etc... tout dépend du contexte. Prendre conscience de soi, se poser comme Sujet, c'est ne plus se situer dans une relation fusionnelle avec le monde, d'où l'instauration d'un seuil/limite etc... Se prendre pour Dieu, croire tout savoir dans une démesure sans bornes, et s'imaginer n'avoir rien à apprendre de quiconque et professer la vérité comme une logorrhée, c'est tout le contraire!

Une dactylographie erronée ayant frappé deux négations au lieu d'une le « Je » n'est pas pas au lieu de le « Je » n'est pas, j'admets que la difficulté de lecture est en partie de ma faute.

Le texte de Cousin lui ne devrait pas souffrir de difficulté je pense.

Achille

Achille @ Savonarole

« Moi oui, mais je prends 400 euros la consultation. Comme Sigmund. »

Normal, compte tenu de l’effort intellectuel que ça représente, ça justifie de tels honoraires.

Jean Reffait@MM.Sbriglia et Achille

A Messieurs Sbriglia et Achille :

Cherchez-vous à comprendre qui exhume, ici, Victor Cousin ?

"Abry, Audic et Crouzet : Littérature, 1942 : A propos de Victor Cousin :"Cousin est résolument l'adversaire de la philosophie du XVIIIè siècle".
A nous Diderot !

Victor Cousin lui-même : "(La philosophie) montre un Dieu auteur et type de l'humanité, qui, après l'avoir faite évidemment pour une fin excellente, ne l'abandonnera pas dans le développement mystérieux de sa destinée ("Du vrai, du beau, et du bien" 1853)

Abry, Audic et Crouzet - tous trois Agrégés et Inspecteurs Généraux de l'Instruction Publique, commentent ainsi : "C'est de ces généralités nobles mais un peu vagues, que Cousin nourrit la jeunesse" et, concluant sur l'"école" de Victor Cousin" :"Tout autant que les "philosophes" morts qu'on prétend tuer, on raisonne et on construit dans l'abstrait, en vertu de principes élevés sans doute, mais insuffisamment fondés sur les données de la réalité."

Qu'y a-t-il à comprendre ?

Il n'y aurait même pas, pour Pierre Arditi, matière à un éclat de voix ni à un regard attirant, dans de tels propos.

A nous, les Lumières !

P.S. : L'apostrophe s'adressait à Jean-Dominique.
Reconnaisant peut-être à Victor Cousin d'avoir fait connaître Kant en France, il trouvera dans votre interrogation simultanée de quoi méditer utilement... (sur l'"argument d'autorité" peut-être). S'il y est disposé, bien sûr !

Savonarole

ACHILLE :"Est-ce qu’il y en a ici, qui arrivent à comprendre ce que raconte Catherine Jacob ?"

Rédigé par: Achille | 11 mai 2010 à 16:10
__________________________________________

Moi oui, mais je prends 400 euros la consultation. Comme Sigmund.

sbriglia

"Est-ce qu’il y en a ici, qui arrivent à comprendre ce que raconte Catherine Jacob ?"

Cactus y parvenait... hélas il est aujourd'hui en maison de repos !

Achille

Est-ce qu’il y en a ici, qui arrivent à comprendre ce que raconte Catherine Jacob ?

Catherine A on se calme !

"Je travaille donc je vis" parfois aussi, hélas, "je travaille donc je meurs". L'alternative est-elle forcément de "s'épuiser en vivant" ou de "vivre au ralenti", je n'en suis pas sûre. Je me souviens d'un homme très, très célèbre qui m'avait avoué un jour, à la fin d'un long entretien, qu'il était dans la course perpétuelle sans doute parce qu'il craignait de devoir se demander, si un jour il faisait la moindre pause, derrière quoi il avait couru ; et sans doute aussi pourquoi. Pour échapper sans doute, entre autres, à cette peur de l'inutilité, de la mort contre laquelle aucun barrage n'est efficace.
Est-ce parce que je suis une grande paresseuse mais j'ai plus d'affection pour celui qui sait prendre le temps de ne rien faire que pour celui qui est dans la perpétuelle agitation et qui mourra de toute façon mais épuisé...
Les vacances ne sont pas forcément le vide que le mot implique et la retraite pas forcément celle de Russie...
Alors si au lieu de courir on se calmait un peu ?

michel v

Bonjour à tous

Pierre Arditi c’est un peu l’anti Firs, le vieux domestique de « La cerisaie » d’ Anton Tchekhov qui s’exclamait à la fin de la pièce :

“Tiens... c’est fermé... Ivan est parti... ils sont tous partis... ils m’ont oublié... ça ne fait rien... je resterai ici un moment... Léonid Andreïtch est sûrement parti sans sa pelisse, avec son pardessus... la vie a filé et on dirait qu’elle n’a pas encore commencé.” (La Cerisaie, acte 4. Tchekhov)

Catherine JACOB

Jean-Dominique Reffait | 11 mai 2010 à 09:37
« Il n'y a pas de frontières philosophiques, il ne devrait y en avoir nulle part. »

La première frontière/distinction fondatrice de la philosophie est celle entre le non savoir et le savoir, lequel savoir est en priorité savoir du premier.
Quelqu'un sait en revanche, que le « Je » n'est pas pas et ce quelqu'un c'est la divinité dans le temple de laquelle « Je » m'apprête à entrer.
D'où la seconde distinction/frontière éminemment importante car elle recoupe un autre partage, celui entre raison et folie, mais comme toute frontière, perméable, et c'est la frontière entre le divin et l'humain, soit notamment entre mes limites et ce qui me dépasse!

Il y a une grande philosophie des bornes et des limites et en voici une tentative d'approche par Victor Cousin.

« La première distinction qui, pour n'être jamais nettement dégagée et exprimée dans l'introduction, la domine et sert de fondement à la Critique de la Raison pure.

Dans toute connaissance réelle, il y a deux points de vue qu'on ne peut pas confondre. Par exemple, prenez cette proposition : ce meurtre qui vient d'avoir lieu suppose un meurtrier; quels sont les éléments dont se compose cette proposition évidente par elle-même? Il y a d'abord l'idée particulière d'un certain meurtre commis dans telle ou telle circonstance, avec tel ou tel instrument déterminé; il y a aussi l'idée non pas d'un meurtrier en général, mais de tel ou tel meurtrier, qu'il s'agit de découvrir. Voilà des éléments incontestables, et qui cependant peuvent varier à l'infini, car il y a un grand nombre d'assassinats qui tous se distinguent les uns des autres par mille circonstances diverses.

Mais n'y a-t-il pas autre chose dans cette proposition : ce meurtre suppose un meurtrier? Il n'est pas difficile d'y discerner encore ce principe général que couvrent les éléments particuliers, mais qu'ils ne contiennent pas, à savoir, tout meurtre suppose un meurtrier, principe qui lui-même se rapporte à ce principe plus général encore, et au-delà duquel il n'est plus possible de remonter : tout accident suppose une cause de cet accident. C'est là le fond même de la proposition en question. Niez ce principe, et vous pourrez consentir à ne point rechercher un meurtrier lorsqu'aura lieu un meurtre. Mais cela n'est pas possible. Le caractère de cet élément nouveau est de ne pas varier avec la foule des circonstances qui font varier sans cesse les autres éléments ; celui-là est invariable et toujours le même.

Cette distinction est réelle. Kant, dans sa passion pour la rigueur et l'exactitude de l'expression comme des idées, l'a marquée par deux mots bizarres, mais énergiques, renouvelés du péripatétisme et de la scholastique. Dans la proposition en question, et dans toute proposition semblable, il appelle les éléments particuliers variables et accidentels, la matière (materie) de la connaissance, et il donne le nom de forme (forme) à l'élément général et logique. - Kant et sa philosophie
Victor Cousin - Revue des Deux Mondes T.21, 1840

René Nantua

Merci Monsieur Bilger pour cet excellente note sur Arditi ! Je ne puis que proposer cette brève mais ô combien forte citation de Senèque :
"Le dernier des malheurs, c'est de sortir du monde des vivants avant de mourir".
Comme ça fait du bien de se replonger dans ces intemporelles écritures.
Bien cordialement
René Nantua

Dioscure

Sans vouloir enlever de la profondeur et de la poésie aux propos de Pierre Arditi, j'espère simplement que Nathalie Saint-Cricq ne questionnait pas cet acteur au sujet de la réforme des retraites concernant les artistes, car au fond, sa réponse serait assez raccord avec cette problématique actuelle mais nous éloignerait des rivages du lac de Lamartine.

Véronique Raffeneau

"Dans le Femina qui accompagne Le Journal du Dimanche, Arditi est interviewé par Nathalie Saint-Cricq et son intelligence, sa vivacité et sa profondeur donnent à ses réponses une tonalité qui devrait rassurer les plus inquiets de mes commentateurs devant mes enthousiasmes médiatiques."

Le souci, pardon de le dire brutalement, c'est que parfois, vous lisant, nous pouvons avoir nettement le sentiment que vos enthousiasmes - comme vos détestations - ne sont que de nature médiatiques.

Jean-Dominique Reffait

O comme je suis d'accord avec vous et je n'aime rien tant que les artistes en possession de leur art qui savent me parler des profondeurs de l'âme humaine mieux qu'un spécialiste de la chose. Pierre Arditi est un artiste intense dont la force parfois outrée des interprétations révèle une recherche permanente sur les causalités. Avec lui, j'aime entendre Luchini, Mesguich, Terzieff, Caubère ou Catherine Frot, ils sont lumineux, ils ont l'évidence des grands savants. Je me souviens avoir lu il y a longtemps un texte de Firmin Gémier sur son interprétation de Shylock : il y dissèque la modernité médiatique, l'abolition des frontières entre la scène et le public, la réalité et la fiction, le particulier (un juif) et le général (les Juifs). Je me souviens avoir vu une mise en scène de Phèdre par Jean-Luc Jeener : une Oenone étourdissante, nouvelle et, surtout, évidente. Les acteurs ne nous parlent que de nous avec un temps d'avance : ils connaissent les causes qui nous font agir. Les comédiens maîtrisent une part de cette réalité : eux seuls sont pénétrés du criminel que leur personnage deviendra à la fin de la pièce. Le temps de l'acteur n'est pas linéaire, il n'est pas une succession d'instants, c'est une permanence. Je ne reviendrai pas sur les textes de Diderot ou Artaud à ce sujet.

Il n'y a pas de frontières philosophiques, il ne devrait y en avoir nulle part. Lorsque Laurent Dingli s'agace des erreurs historiques de Mary Preud'homme, il omet d'intégrer l'erreur comme un élément constitutif de la réalité historique : l'erreur, le pas de côté, le manquement révèlent des perceptions vraies. La vérité est multiforme, le temps historique, le temps personnel sont tantôt encombrés, si l'on considère ce qui s'accumule dans le passé, tantôt vierges de tout quand on contemple devant nous. Toute perception, apparemment erronée, est source de connaissance pourvu qu'il s'établisse, comme vous le suggérez, une connivence, une complicité des évidences secrètes partagée par delà les mots et les instants.

Catherine JACOB

Juste un tout petit hors sujet pour dire que Metz est à l'honneur aujourd'hui avec l'inauguration de l'antenne messine, payée par les collectivités locales, du Centre Pompidou qui sera dirigé par un non-messin, par Nicolas SARKOZY soi-même (Il n'avait en effet été question que de Carla.)

Je me demande toutefois ce qu'il pensera du fait qu'on a cherché à donner une image branchée de la Ville en expurgeant les listes de personnalités invitées de leurs plus vieux serviteurs en présumant abusivement de leur incapacité à tenir le crachoir aux sommités de l'art. Enfin, ainsi va le monde.

Savonarole

@Aïssa : "On pourrait même la compléter heureusement ainsi : «Je travaille, donc je suis»…

Il y a aussi : "Je travaille donc j'essuie".

Savonarole

Michel Audiard l'a dit plus crûment, mais quand on n'a rien à dire il vaut mieux se taire.
Évoquer Nietzsche pour parler d'Arditi, c'est la fin des haricots !
Le jeu d'Arditi date terriblement. En le regardant on revisite les années 50, le Cours Simon ou la "Rue Blanche".
Faire du mauvais François Périer en 2010 évoque les copistes du Louvre qui reproduisent des Caravage devant les touristes japonais esbaudis.
Quant à la pensée profonde d'Arditi, son humanisme, son idéal politique, se situent à gauche, tendance Sarkozy.
Et là, c'est une vraie performance, un vrai rôle de composition pour Arditi. Faut le faire ! Bravo l'artiste !

Alex paulista

Pierre Arditi est sympathique, mais je trouve sa façon de jouer toujours un peu la même: il roule des yeux fous, nous fait le syndrome du passionné.

Au propre comme au figuré, changer de registre est aussi une marque de jeunesse d'esprit.

Noiret, lui, avait un peu levé le pied et s'occupait de ses chevaux.

On peut faire le même parallèle entre Brigitte Fossey et Nathalie Baye, sauf que cette dernière est en pleine forme, et c'est heureux.

MS

Pascal disait que "Le grand malheur des hommes est ne pas savoir être au repos dans leur chambre et de s'y trouver bien". Il ne voulait certes pas dire que nos activités n'ont pas de sens, seulement qu'elles ne sont pas LE sens.
Aussi remplissante soit-elle, nous ne sommes pas vivants d'abord dans l'action. Si tel est le cas, nos activités confinent rapidement à l'activisme, à une échappatoire qui nous conduit un jour à dire "j'ai besoin d'échapper à la mort", quand c'est le sens de la vie que l'on a peut-être alors laissé un peu s'échapper.

jmarcio

Cher M. Bilger,

Entre "Je travaille donc je ne meurs pas" et "Le temps n'est pas ce qui passe mais ce qui vient" je préfère, de loin, la deuxième phrase.

Je doute que vous serez encore avocat général à 80 ans... Et pourtant vous arriverez, je l'espère.

Mon père disait quelque chose comme ceci : "quand on n'a plus rien à apprendre, il faut mourir". En fait, il aimait apprendre et c'était ça son projet : juste apprendre plus sur tout. Je me rappelle qu'il lui arrivait même de lire des pages d'un dictionnaire, quand il n'avait rien d'autre à lire.

Je me rappelle d'avoir discuté avec lui, quand il avait déjà ses 80-90 ans, des projets qu'il ne pouvait plus réaliser : je pourrais faire comme ceci ou comme cela. Ce n'était pas de la sénilité, c'était juste le besoin de continuer à rêver et à avoir des projets. Sa santé a commencé à décliner avec sa vue et il est décédé trois mois après ses 100 ans.

Mourir n'est pas "arrêter de travailler" mais commencer à donner plus d'importance à ses souvenirs du passé que ses envies pour l'avenir.

@Alex, merci pour le lien.

JM

Catherine JACOB

Je n'aurais pas autant été attentif à cette intervention de Pierre Arditi si son registre ne m'avait rappelé une très belle maxime d'Olivier Py adorée par Patricia Petibon et souvent citée par elle : « Le temps n'est pas ce qui passe mais ce qui vient. » Le Figaro).

Cité par une musicienne, le mot de Nietzsche à la sauce Py acquiert d'autant plus de résonance que pour la musique, art du temps, rien n'est qui ne soit appelé par la note à venir..!

« Pierre Arditi dit son texte et il a du talent même quand il est son propre auteur. »

Comme vous, j'aime le jeu de cet acteur si différent pourtant de Fabrice Luchini, même quand il en fait trop. Le générique où il figure est un élément souvent déterminant de mon choix.

«Pierre Arditi questionné sur "son envie de ralentir pour profiter de la vie" réplique, et c'est tellement juste et stimulant ! : "Quand j'exerce mon métier, je suis vivant. Je n'ai pas besoin de me reposer de la vie, j'ai besoin d'échapper à la mort". »

Que voilà la parfaite réplique à cet « avoir travaillé quarante ans pour rien » que l'on entend actuellement de toutes parts, comme si la seule justification de ces quarante ans devait être la retraite qui les couronne.
Mais, comme vous le savez, le travail d'Ève déchue du paradis doit être dans la douleur et avec lui tout travail désormais conçu sur le mode expiatoire qui n'autorise à vivre que dès lors qu'il cesse. Mais pourquoi chercher à échapper à quelque chose, la mort ou autre chose plutôt que de se contenter d'être tout simplement là...

Ceci étant, je viens d'écouter plusieurs « Reine de la nuit » et ma préférée est Diana Damrau, qui a à peu près le même âge que Patricia Petitbon mais est d'une intensité dramatique, à mon sens bien sûr, ce n'est pas là une critique musicale autorisée, infiniment supérieure et, peut-être ai-je tort mais dans le classique, je préfère les voix qui ne sont pas râpeuses, comme l'est un peu, à mon oreille du moins, celle de Patricia Petitbon.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Lu comme vous le décrivez, on ne peut qu'être d'accord avec vous… «Je travaille, donc je ne meurs pas» est une formule excellente. On pourrait même la compléter heureusement ainsi : «Je travaille, donc je suis» … Je suis qui, quoi ? Un être vivant. Vivant et… digne. Cette vie d'une allégresse en pleine mer, vue depuis le ponton où vous vous êtes amarré un instant pour la décrire, ne peut qu'être acceptée en réaction et opposition à tous les délitements de la vie et de l'âge que vous évoquez… Votre bonheur est d'avoir une vie professionnelle que vous avez choisie et que vous aimez, qui vous le rend généralement bien ; de même ces artistes que vous citez… Plutôt que d'une vaine autosatisfaction égoïste, je lis en ces lignes que vous avez rédigées le constat que le bonheur est possible, en tout cas un bonheur à chacun, mais, n'étant ni borné ni naïf et même si vous ne l'écrivez pas, vous n'ignorez pas que de pair avec l'allégresse la détresse vogue aussi loin en cette pleine mer qui est la Vie… Le bonheur est possible à chacun à condition que chacun agisse pour le bonheur de l'autre. C'est difficile ; les conditions de la vie sociale et professionnelle sont depuis toujours celles d'une lutte permanente. Or, être heureux, ce n'est pas soumettre. Ce n'est pas se soumettre non plus. Comment concilier l'allégresse et la détresse au sein d'un océan si instable et incertain malgré ses apparences de calme et de tranquillité ? Un coup de vent, une tempête, une lutte en somme ou un funeste sort de la nature et tout est perdu, tout est différent, tout est fini… L'allégresse périt et la détresse pourtant non loin reste en vie mais n'en est pas plus heureuse pour autant, jusqu'au prochain tourbillon qui l'emportera à son tour… Il faut vieillir, c'est inéluctable. Mais vieillir, oui ; pourrir, non. C'est là qu'il faut se garder de l'euphorie comme de la mélancolie ; relativiser toute peine ainsi que toute joie… Celui qui meurt naturellement en regrettant quelqu'un ou quelque chose signe l'échec de sa vie. A quoi est-ce qu'il s'accroche ? qu'est-ce qu'il veut encore ? qu'est-ce qu'il n'a pas dit ? pas fait ? C'est celui-là qui fait naufrage et se fracasse plus que tout autre à ce terme inévitable… Celui qui meurt heureux, c'est celui qui en partant ne souhaite rien que le bonheur à ceux qui restent ou de devenir heureux.


Aïssa.

Fleuryval

Vous auriez été (aussi) un magnifique jardinier de maisons de retraite.

Jean Reffait

Monsieur,
Lorsque je suis allé, il y a presqu'un demi- siècle, déclarer à la Mairie de Dinan (Bretagne), la naissance de mon fils, j'ai laissé échapper une incidente qui m'a beaucoup été reprochée. J'ai dit à l'employé de l'Etat-Civil, parlant du nouveau-né qui braillait dans son berceau, près de sa Maman, comme il n'a plus jamais braillé et comme il ne le fait pas sur les feuillets de votre blog : "Il a commencé son chemin vers la mort".

L'employé, qui avait pour habitude de recevoir des déclarants scandalisés parce que, sous l'indication de la naissance de chaque enfant, il y avait, prête à accueillir la déclaration de décès du même, la place réservée à cet effet, l'employé donc, manifesta sa réprobation quant à mon propos.

Je pensais, durant qu'il m'assénait sa tirade, qu'il trichait avec tous ses visiteurs et qu'il trichait avec lui-même, en considérant qu'en ce lieu et à cet instant il enregistrait le point origine d'une demi-droite, alors qu'inéluctablement, il rendait seulement officiel le point de départ d'un segment dont il était naturel qu'un jour quelqu'un notât l'instant du point final.

Bien entendu, je souhaitais que mon fils se trouve en posture de vivre très longtemps et heureux, ne serait-ce que pour orner à sa manière, Monsieur, votre blog, face à des contradicteurs parfois peu amènes.

Vous semblez ressentir le besoin d'exorciser la mort. Si je vous dis que cela est le lot de beaucoup et non de tous, et qu'il y a des façons de vivre avec la mort assise à ses côtés, sans la considérer comme incongrue et sans vouloir la repeindre sans cesse aux couleurs de la vie, vous en conviendrez sans doute.

Le travail qu'on aime permet certainement d'effacer pour peu de temps l'idée de cette mort qui attend l'instant du point final. Vous semblez penser que l'angoisse dissipée est, en quelque sorte, transférée (excusez ce terme freudien, que je n'aime pas du tout, lorsqu'il a le sens freudien) sur votre prochain. Laissons à chacun le soin de se satisfaire de voir les autres , dans l'exercice des fonctions remplies par l'un de nous, s'arranger d'être les réceptacles de ce qui entravait la sérénité ainsi retrouvée. Je ne suis pas certain que "ça marche" à tous les coups...

Pour moi, le temps n'est pas ce qui vient. Le temps est un élément neutre et insignifiant dans l'annulation qu'il assigne au ridicule segment qu'est notre vie depuis son apparition jusqu'à sa fin. Le temps qui passe, c'est, fatalité! la mort.
Toujours.

Avec Pierre Arditi et son grand talent, "gaudeamus igitur !"


J.A

L'actualité, celle des sens et des âmes, est dans votre billet ce matin ! Elle fera plaisir à Pierre Arditi, à moi et à bien d'autres. Il mérite cet hommage face aux imposteurs à la langue de bois ! Vive les aurores inventées et les crépuscules flamboyants. Merci Monsieur Bilger.

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

Vous nous dites : « Quelle sagacité de nous offrir le temps non plus comme tombeau mais comme espérance ! Notre existence n'est plus un naufrage, un délitement mais, toutes voiles dehors, la montée d'une allégresse en pleine mer ! Ce changement de regard sur le temps, c'est presque rien mais, d'un coup, on passe d'une nostalgie à la longue fatigante pour les autres, d'un déclinisme répétitif à des aurores inventées chaque matin. Ce pouvoir des mots, de la singularité d'une approche capables de métamorphoser une mélancolie objective en enthousiasme vital ! »

Cette réflexion me fait penser à la magnifique citation de Sénèque : « Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie ».

A notre époque où tout va de plus en plus vite, il est clair que l’on ne peut s’attarder à regarder en arrière.

Encore faut-il prendre le temps de goûter aux bons moments qui passent. Ces quelques instants intenses où comme Lamartine nous voudrions alors que le temps s’arrête...

Alex paulista

Je ne peux m'empêcher de penser à cette très belle chanson de Nana Caymmi, qui répond au temps qui passe sur ses amours.
Une sorte d'Avec le temps, en plus positif, à laquelle, à mon avis, Philippe Bilger serait sensible s'il était lusophone.

Traduite littéralement du portugais, cela donne à peu près:

On tape à la porte de devant
C'est le temps
Je bois un petit peu
Pour la répartie

Mais je reste impuissant
Muet, il en rit
Il se moque
de comment j'ai pleuré
Parce qu'il sait passer
Et je ne sais

Un jour bleu d'été
Je sens le vent
Il y a des feuilles dans mon cœur
C'est le temps

Je me souviens d'un amour que je perdis
Il en rit
Il dit que nous sommes pareils
Remarque qu'il ne sait pas rester
et moi non plus

Il tourne tout autour de moi
Susurre qu'il efface les traces
Que les amours terminent dans le noir
Solitaires

Je réponds qu'il emprisonne
Je libère
Qu'il endort les passions
Je les réveille

Et le temps se morfond
Jaloux de moi
Il m'observe pour apprendre
Comment je meurs d'amour
Pour tenter de revivre

Au fond c'est un enfant éternel
Qui n'a jamais su évoluer
Je peux, lui ne pourra jamais,
M'oublier

C'est bien sûr beaucoup plus profond en portugais et en chanson.
Nana Caymmi s'est mariée plusieurs fois.
http://letras.terra.com.br/nana-caymmi/47557/

D'avance pardon à ceux qui détestent la MPB.

zenblabla

Enfin le temps proposé comme valeur !
Lorsque l'on interroge les économistes, ils avouent que la moitié des valeurs ne trouvent pas contre-valeurs en argent.
Par delà, je les soupçonne de se vanter !

Je ne nie pas leurs injonctions, elles font absolues contingences encore, malgré la demi-proposition qu'elles revendiquent.
Attendons donc...

Reste que la façon dont s'intiment les extériorités avec les médias, cela ne fait encore pas inter-subjectivités sinon en séductions, tandis que se fait le temps être entier, fusse avec l'ennui, tellement provocateur !

La mort là, de suite, c'est l'aube de la vie, et l'oublier c'est juste se lever tard, et le goût du sommeil s'installe en juste oubli !

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