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18 mai 2010

Commentaires

jf

Bonjour, ça fait quoi de se tromper, c'est si dur que ça ? Merci de me répondre.

Jean-Yves Bouchicot

Petit témoignage vécu, avec un autre éclairage : il y a trois ans, j'étais employé par une entreprise qui s'occupait de transports urbains alternatifs à l'automobile, et je gérais entre autres une centrale de réservations pour "Transports A la Demande". Nous étions reliés par CB aux chauffeurs en cas de retards, d'incidents, d'absences, etc. Un soir, vers 22h, une conductrice de Navette TAD appelle, affolée : dans un quartier un peu chaud de la périphérie toulousaine, deux jeunes gens manifestement en état d'ébriété avancée exigent de monter dans son minibus, sans avoir réservé, refusent de payer et l'agressent physiquement . La communication est coupée au milieu des cris et de bruits inquiétants. J'appelle le 17 : quatorze coups de fil (14 !) et quarante minutes (40 !) seront nécessaires avant que quelqu'un ne réponde, pour dire d'un ton ennuyé que le lieu de l'agression, distant de moins d'un kilomètre, n'est pas de leur juridiction et qu'il faut essayer la Gendarmerie ou la Police Municipale. Quand la Gendarmerie arrive (environ 50 minutes après l'agression), la navette est abandonnée, vide et pillée. La conductrice est à l'hôpital, conduite par des voisins, avec plusieurs plaies faites au couteau au visage et aux avant-bras, six mois d'incapacité de travail. Mon rapport a été transmis à une unité de surveillance mobile, mais, malgré les témoignages des autres passagers, l'affaire a été classée. Je précise (je ne sais pourquoi, ce doit être la contagion) que les agresseurs étaient Français, blancs et supporters de football. Et je n'en conclus rien. Je vous en laisse le soin.

Jiel

Et une prime exceptionnelle est offerte à celui qui trouve un article un peu substantiel dans la presse nationale sur les dégâts occasionnés dans le 13° arrondissement de Paris par les "supporteurs" algériens (auxquels était ouvert le stade Charléty mercredi soir), après la défaite de leur équipe de foutebale.
La presse en niqab.

Jiel

Pas de jaloux, c'est la même chose dans l'Huma.
Plus hypocrite comme d'habitude, Le Nouvel Obs mentionne en passant l'assassinat dans un article consacré à la visite du Pape. Mais l'information ne mérite pas un article en soi.

Jiel

Le journalisme qui cache.
Allez sur le site de Libé et tapez dans la zone de recherche : Padovese.
Réponse : "Nous sommes désolés, il n'y a aucun résultat pour votre requête". Qui laisserait croire que les prélats catholiques se font assassiner chez les intégristes musulmans ?

Jean-Benoît Henriet

Un journalisme qui voile ? Ou un journalisme qui gauchit ?

Allez (ré)écouter le journal de France Culture du vendredi 21 mai, 12 h 30. Notez le petit reportage de Tara Schlegel sur les instituteurs désobéissants. Appréciez ensuite la complaisance avec laquelle Antoine Mercier interroge Elisabeth Weissman :
http://www.franceculture.com/emission-d-autres-regards-sur-l-actualite-l-essayiste-elisabeth-weissman-2010-05-21.html
(il y a deux versions de cet entretien, une courte, intégrée au journal et une longue; le lien ci-dessus correspond à la longue, disponible uniquement sur le site de France Culture, via « information », mais difficile à trouver -Ah! le nouveau site de FC!)

Exception non significative, ou échantillon représentatif de ce que nous offre quotidiennement la rédaction de France Culture ?

NB : France Culture nous présente Elisabeth Weissman comme essayiste, également journaliste. Une recherche sur Internet apprend qu’elle est en effet journaliste à l’Humanité (on s’était douté, en l’écoutant, que ce n’était pas au Figaro).

Alex paulista

Qui roulait sans permis en burqa, chère SR.

jpledun@JDR

"Mon dieu, que tout cela est bête !"

Mais plaisant á lire !

Pierre-Antoine

@Aïssa
"Ma pensée est qu'en toute chose, il nous sera toujours temps de savoir que nous mourrons."


Il est temps de le savoir. Et de vous y préparer !

Comme le disait Frédéric Dard :
"Mourir ? mais votre tour viendra, que dis-je, vous êtes né ? Alors votre tour est déjà venu !"

Je vous le souhaite le plus tard possible et de la meilleure manière qui soit !

Cordialement

Pierre-Antoine

zenblabla

Ben,
passionné de lecture de journaux, cela m'a quitté, imperceptiblement, presque totalement.
Y'a presque dix ans...

Depuis, si je lis des journaux, j'ai l'impression de relire, alors autant lire Dante comme il faudrait que je le fasse sérieusement, et même lire la bible dont (Sauf Meschonnick) ses pages m'engluent.

Le Monde sûrement ne m'englue plus!
Je n'ai pas entendu parler plus loin qu'en ondes des drames que vous évoquez, autrement que généralement, sans pouvoir y trouver quelconque passion, comme j'apprécie la vôtre qui vous fait dire, plus loin que j'inventerais, saurais.

Les homosexuels, pour moi ce sont les homosexuelles surtout, qui m'attirent plus, et qui impossibles à aimer restent pas moins aimables, tandis que leurs amours, autant que ceux de tellement d'autres (combien sommes-nous sur terre (?), je ne saurais généralement bannir).

Quant aux sauvageonnes, il y en aura tellement d'autres, que seulement le problème de la violence, de sa considération et de la preuve de son inutilité s'attendent être contre-partie lumineuse!
C'est pas explicite dans le Monde, ni même au Parisien il me semble...
Puisse encore la Justice faire preuve en ses jugements, comme, combien encore de temps, il lui revient.

Polochon

Beaucoup de journalistes se sentent investis d'une mission divine et de ce fait se transforment en prédicateurs.
Est-ce cela qu'on leur demande ?
Il semble que non car leurs ouailles ont tendance à se raréfier et à se faire leur opinion par elles-mêmes.

MS

Aïssa,

Les journalistes le sont, eux, officiels, avec carte de Presse et charte de déontologie. Leur rôle est d'abord de rendre compte des faits, ceci le plus objectivement possible. Les faits, rien que les faits.
Libre ensuite - seulement ensuite -, à eux et à chacun, d'interpréter plus ou moins subjectivement ces données de terrain.
Ici commence le débat démocratique.
Il ne consiste pas à orienter peu ou prou une réalité à des fins partisanes mais à rechercher, à partir du réel et de manière possiblement et légitimement contradictoire, les modalités d'un plus grand bien commun.
Ça passe par des hommes de bonne volonté plus que de chapelle.

Aïssa Lacheb-Boukachache

C'est un vaste débat que celui-là, Pierre-Antoine... Ma pensée est qu'en toute chose, il nous sera toujours temps de savoir que nous mourrons.


Aïssa.

SR

Je maintiens, demain une autre "réalité des banlieues" avec le témoignage émouvant du vieux monsieur dont le chien a été écrasé par un chauffard qui roulait sans permis.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Marc Serverat, Libération, le Monde, le Parisien et j'en passe ne sont pas des journaux officiels, il faut bien vous mettre ça dans la tête ... Chacun à sa manière traite du monde et de notre société, c'est ainsi et c'est tant mieux. L'esprit démocratique passe nécessairement par là … L'interprétation finale d'une situation de notre corps social, pour reprendre votre mot, c'est vous qui in fine serait ou non capable de la faire SEUL. Personne n'a ni en cette chose ni en aucune autre l'intention ni la prétention de vous mâcher la pensée et la réflexion, de vous servir l'intelligence toute cuite en somme … Vous êtes grand, n'est-ce pas?


Aïssa.

Pierre-Antoine

@PB
Il serait peut-être intéressant que les journaux mettent (peu importe où dans l'édition) à disposition des lecteurs leur projet de société.
Je vois mal qu'un journaliste qui ne serait pas en accord avec ce projet de société soit embauché, ni que le journal passerait un de ses articles.

Cela me rappelle un article paru dans "l'Humanité" lors des JO de 1976 et qui traitait de l'échec de deux sauteurs à la perche. L'un était américain et l'autre russe. Ce qui était drôle c'était le commentaire, l'un avait lamentablement échoué en n'obtenant que la médaille de bronze, l'autre malgré ses efforts émérites n'avaient pu accéder aux 8 places de finale.

Depuis ce jour là je n'ai plus lu les articles de journaux avec le même regard.

Alors l'intelligence et l'objectivité des journalistes.... bof... ça me laisse froid.

Cordialement

Pierre-Antoine

Jean-Dominique Reffait

J'ignore si la gauche en est à son degré zéro de l'évolution, les preuves scientifiques m'en sont apportées avec tellement de constance que j'incline à le croire, mais il se confirme que le phasme est un insecte primitif et largement antédiluvien dont les trois neurones n'ont guère vibré depuis le jurassique.
La liberté d'expression est parfois un martyr !

Pierre-Antoine

@Aïssa
"On a simplement dit … on n'a rien dit. C'était, oui, une médecine qui voile et c'était le meilleur choix que nous avions fait ..."

Peut-être aurait-elle préféré l'entendre et vivre ces dix ans avec une intensité que votre silence lui a interdit...

Ne pas dire la vérité, avec sagesse et compassion bien sur, s'apparente à mes yeux à du vol.

Pire, dans votre silence elle a peut-être transmis ce gène à sa descendance, alors que librement (si, si, on peut être femme de vingt ans et libre), choisir de ne pas avoir d'enfant pour stopper cette spirale infernale.

Mais c'est un simple avis d'homme ordinaire qui a vu des hommes vivre et mourir libres (tout comme vous je pense). Et qui n'accepterait pas qu'on lui vole ses dernières années de vie au nom d'une considération personnelle (même passée au vote) qui ne le concerne pas.

Ma vie et ma mort m'appartiennent et personne n'a le droit d'y toucher.

Cordialement

Pierre-Antoine

phasme

J'aime beaucoup vos textes Philippe Bilger mais l'analyse concernant Le Monde et surtout Libération ne devrait pas étonner un magistrat comme vous.

N'oubliez pas que depuis de nombreuses années des "journaux" tels Libération ont toujours eu tendance à défendre l'indéfendable. Leurs plumes, trempées dans l'idéologie de gauche, reflète à elle seule la mentalité et le parti pris de ce journal lorsqu'il s'agit de traiter des affaires de société telle la violence.

La gauche a toujours dit que les délinquants et les criminels ne l'étaient qu'à cause de la société, à savoir vous, moi et tant d'autres.

De fait, ils pardonnent par avance, tout du moins essayent d'expliquer à leur manière que le délinquant qui agresse et vole n'est pas coupable de son acte.

Libération est à sa manière le miroir de toute cette clique de gauche qui a tant fait de mal à ce pays.

Jospin disant qu'il croyait faire baisser la violence en faisant baisser le chômage.

On brûle des voitures parce qu'on s'ennuie.

Il ne vous arrive jamais de vous ennuyer Philippe Bilger ? Quel est votre passe-temps favori quand cela vous arrive ?

Pour la gauche les brûleurs de voitures le font par désoeuvrement, alors il faut aider les pauvres petits, on leur construit des terrains de foot, des locaux pour jouer au baby foot... les voitures ont-elles cessé de brûler ?

L'attitude de la gauche, et Libération a souvent été leur porte-voix, est de faire croire à la population, qu'ils détestent par ailleurs, que tout s'explique, et tout s'explique par le social.

Dans 20 ans ils en seront encore à ça, c'est-à-dire le point zéro de l'évolution dans leur idéologie. Alors, que Libération prenne gants et plumeaux pour faire passer cette agression pour un acte somme toute assez banal, insignifiant, depuis le temps M.Bilger, cela ne devrait pas vous étonner.

La gauche n'aime pas le peuple, elle en a peur, alors elle se permet de réfléchir à sa place.

Concernant le Front National, ce n'est pas en censurant des propos, des gens, qu'on combat des idées, mais on les combat par des arguments.

Quand la gauche, et toutes les associations bien-pensantes, MRAP, LICRA, SOS Racisme, bâillonnent toute parole dans l'espace public, il ne faut pas s'étonner que les gens s'expriment dans les urnes.

Démocratie post 1789.

Achille

Loin de moi l’idée d’être homophobe bien sûr. Après tout dame nature a des caprices assez curieux et il faut bien s’en accommoder. Mais franchement je trouve que l’on en fait beaucoup avec les homos. Il n’y a pratiquement plus un film, un feuilleton sans que l’on ait droit à une séquence où deux homosexuels font une partie de jambes en l’air.

Bon on a compris qu’il ne faut pas dire du mal des homos, mais maintenant ça commence à bien faire !

LD.T

L'essentiel était d'éviter, d'empêcher, d'interdire. Mais quoi exactement ?
http://ldtsocioblogue.over-blog.fr/article-soraliens-zemmouriens-et-tisserandiens-48838590.html
Ca!

Et c'est pour ça qu'ils le font !
http://ldtsocioblogue.over-blog.fr/article-un-journaliste-a-fait-quoi-49943996.html

Il n'y a plus que dans les journaux "populaires" que l'on arrive à parfois trouver des informations pas trop biaisées. Le 20 minutes a aujourd'hui plus de valeur que le Monde, Libé ou Le Figaro, beaucoup plus, étant donné que ces trois-là sont totalement soumis à la Bien-pensance.

MS

Aïssa,

Médecins et journalistes ont en commun, avec d’autres, le devoir premier d’un examen exhaustif aux fins d’un diagnostic exact, le plus exact possible.
Ce diagnostic dûment établi, une équipe soignante peut dans certains cas juger préférable de n’en rendre compte que partiellement. Cela peut se comprendre, cela peut se discuter.
Mais ici s’arrête me semble-t-il le bien-fondé de votre comparaison.
Que le pronostic vital de notre corps social soit engagé ou pas, il encourt un péril toujours plus grand à dissimuler ou minimiser la réalité d’une situation. On n’évacue pas un problème en biaisant son énoncé, on ne fait qu’occulter et reporter, en amont comme en aval, les éléments d’une juste solution.
C’est ce genre de naïveté, d’aveuglement partisan pour ne pas faire le jeu de l’adversaire, qui a déjà largement contribué à faire basculer un grand cadavre à la renverse. Manifestement, il a la nuque raide.

Jiel

Bien entendu, votre titre se lit au deuxième sens du verbe "voiler" : "déformer un objet qui devrait être plan, tordre légèrement. Voir "gauchir"".
On ne saurait mieux dire.

Guzet

Signe des temps. Jusqu'ici le journaliste J.M Aphatie était un défenseur inconditionnel du journalisme et des journalistes, qui montait sur ses grands chevaux à la moindre mise en cause des journalistes... Or voici que son blog de ce jour se met à distinguer un bon et un mauvais journalisme et à évoquer, illustrations à l'appui, les dérives du journalisme... Quant au Monde, la même opération d'euphémisation était aussi intervenue la veille de l'article cité à propos de l'affaire du polygame du Mans... comme si les "honnêtes passeurs" du Monde (dixit la "médiatrice") appliquaient une consigne...

Karim

Saviez-vous que même en banlieue la plupart des délinquants ont des noms bien français ?

que 25% des détenus sont d'origine maghrébine ?

http://www.lepost.fr/article/2010/05/13/2072274_halte-au-racisme.html

Aïssa Lacheb-Boukachache

Votre propos et sa conclusion ne tiennent pas la route sauf à considérer que le journalisme n'est qu'une somme d'entretiens, d'interview si vous préférez puisque vous avez employé ce terme … Or, le journalisme, ce n'est pas ça et vous le savez bien. Vous n'avez pas été satisfait du Monde, eh bien vous êtes allé jeter un oeil à Libé; Libé vous a laissé sur votre faim, vous avez plongé dans le Parisien qui vous a rassasié … Et voilà, c'est aussi simple que cela. Vous avez cet art extraordinaire de vous compliquer l'existence, cher PB; vous réussissez cet exploit d'être le seul auteur qui me fait sourire voire rire avec une prose aussi sérieuse, grave et austère … Un rien vous émeut et souvent vous vous retrouvez à côté de la plaque. C'est de l'euphémisme dans la presse écrite dont vous traitez à cet endroit … Qu'est-ce qu'il faudrait dire alors de l'information télévisée, les 13 et 20 heures … Puis, qu'est-ce que cela change à la réalité du fond? Cette femme a été agressée sauvagement et pour rien par des adolescentes; c'est le lot quotidien de certaines banlieues, c'est ainsi, hélas ainsi et c'est davantage les solutions à apporter à des situations sociales et éducatives globales profondément délétères qu'il faut imaginer, penser, valider et mettre en oeuvre, que la manière dont tel et tel journal traitent de ces faits. A vous lire, on jurerait que c'est la façon dont écrivent ces journalistes notamment de Libération et du Monde qui vous inquiète plutôt que le sort de cette femme conductrice d'autobus ainsi que celui de ces trois jeunes filles paumées qui se sont tournées contre elle … Ce serait un comble, avouez-le, pour un défenseur public ou accusateur public, comme vous préférerez. Si je ne me retenais pas, je vous écrirais ceci: Mon cher, redescendez donc un peu sur terre, il s'y passe des choses … Mais je ne vous l'écris pas car je vous estime et puis, pardonnez-moi, je suis en train de pouffer de fou-rire devant mon écran au moment exact que je mets le point là.

Il faut que je me ressaisisse ... Je ne suis pas d'accord avec vous et pour vous exposez mon idée qui vous convaincra, je l'espère, je vais prendre un autre exemple que je connais encore mieux que celui de la presse. Il s'agit du domaine hospitalier. Je puis vous assurer qu'il y a d'innombrables gens (le Peuple) malades qui préfèrent qu'on écrive à leur place, qui ne veulent rien dire, rien entendre, surtout pas aucune vérité qui leur montrerait ces choses qui les concernent dans leur nudité, leur crudité, leur cruauté … Dans ces cas très nombreux voire largement majoritaires, nous autres soignants médicaux et paramédicaux sommes effectivement, oui, le Monde et Libération de l'hôpital, de la maladie, du handicap, du soin, de la souffrance, de l'agonie, de la mort … Ceci n'empêche pas ni n'interdit que pour ceux qui le souhaitent, l'exigent même, que nous considérons aptes et forts à entendre et comprendre, nous soyons également leur Parisien. Vous comprenez mieux maintenant? Il n'y a pas lieu, comme vous le faites, d'accuser sans le dire de mollesse et de douce hypocrisie le Monde et Libé en opposition à un Parisien qui serait plus franc, mâle et viril, lui, plus crédible et légitime en somme …

Je vous soumets un exemple qui m'avait profondément marqué et bouleversé et auquel je songe encore aujourd'hui … Dans un service de médecine neurologique, en staff nous examinions sur dossier le cas d'un homme d'une quarantaine d'années atteint d'une maladie rare, génétique, incurable et dont les premières manifestations gravement invalidantes puis qui l'entraîneraient ensuite rapidement à la mort se manifestaient déjà ... D'abord, devions-nous lui dire tout ça ou pas, puisqu'il était à ce moment en mesure encore, malgré qu'il était déjà bien emporté par la maladie, de l'entendre? Nous avions adopté l'attitude du Monde, pour rester dans le ton de votre billet; c'est-à-dire qu'on lui dirait seulement que sa maladie est particulière (particulière et non grave; voyez la nuance nullement antagoniste ni mensongère pourtant puisque la gravité, c'est aussi une particularité ...), que les traitements seront longs mais supportables et quant au pronostic, nous ne pourrons nous prononcer maintenant ... Voilà. Mais ce n'était pas terminé; le plus terrible (si tant est qu'il pouvait y avoir alors un plus terrible en ce drame commun) arrivait: il nous fallait maintenant décider de dire ou non à sa fille unique, une jeune femme âgée d'une vingtaine d'années, pleine de vie et de force, qui venait voir son père presque chaque jour, qu'elle était elle aussi porteuse de ce gène et qu'il y avait un risque sur deux (ou une chance sur deux, c'est selon, réellement, strictement mathématiquement une sur deux …) qu'il devienne ou non d'ici à une dizaine d'années au plus tard défectueux ainsi que celui de son père et qu'alors elle subirait ou non son sort. Là encore, nous avons voté le Monde et Libération … Et c'est normal, naturel. Pourquoi obliger cette fille à vivre avec ce cauchemar, cette hantise, ce doute, cet aléa, ce terrible, inconnu et cruel pari sur son présent et son avenir … On ne pouvait même pas lui conseiller une surveillance médicale particulière; c'était inutile; rien ni personne ni aucune médecine prophylactique ou autre ne pouvait le contraindre ni prévoir le comportement de ce gène et si celui-ci mutait, elle tombait malade et si elle tombait malade, aucune solution n'existait … On a simplement dit … on n'a rien dit. C'était, oui, une médecine qui voile et c'était le meilleur choix que nous avions fait ...


Aïssa.

Jean-Dominique Reffait

J'entendais hier que la Journée mondiale contre l'homophobie concernait aussi la transphobie. Soudain, je défaillis. A peine me suis-je convaincu de n'être pas homophobe qu'il me faut me lancer dans un gigantesque chantier : mon éventuelle transphobie dont je ne devinais pas l'existence jusqu'alors. On n'arrête pas le progrès.

Je vous prie, Philippe, de ne pas oublier de célébrer demain 19 mai la Journée Mondiale du Pied, oui oui, que vous aurez soin de partager avec l'hommage mondial à la santé bucco-dentaire qui se tient le même jour, occasion inespérée de vous brosser les dents avec vos pieds. Je vous laisse souffler deux jours avant de vous jeter avec enthousiasme dans la journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement le 21 mai, avant le week-end que vous consacrerez sans faillir à la journée mondiale de la biodiversité. Quelques 8 journées mondiales plus tard, vous terminerez le mois de mai épuisé mais réjoui avec la journée mondiale sans tabac, le 31 mai, chique à la bouche.
Mon dieu, que tout cela est bête !

Jean-Dominique Reffait

Il y a quelques semaines en province, j'étais dans un bus. Le chauffeur était sans doute sympathique mais un peu rude. Refusant une priorité, il a pilé et envoyé au plancher plusieurs passagers dont un monsieur qui a fracassé ses lunettes contre une barre. Un peu plus loin, il emboutit le rétroviseur d'une voiture en stationnement et ne s'arrête pas. Les protestations semblant inutiles, un homme lui dit de s'arrêter immédiatement, il refuse. A l'arrêt suivant, l'homme se met en travers de la porte d'accès, empêchant ainsi qu'elle se referme, le chauffeur tente de forcer le passager à lâcher prise. Le soir, sur France 3, l'incident était transformé en agression odieuse : un pauvre chauffeur avait été insulté et bousculé par un voyou.

J'ai lu le témoignage de cette conductrice, rien d'autre. Et tout y invite à la prudence : elle-même admet fort peu de bobos, bien plus une altercation désagréable qu'une agression. Le déroulé de l'incident est assez clair, tel que raconté par la conductrice.
1. Des jeunes filles demandent à aller plus loin que le terminus.
2. La conductrice refuse.
3. Les jeunes filles arguent que ses collègues acceptent de le faire.
4. Elle ne leur fera pas cette faveur.
5. Les filles se retirent au fond du bus.
6. La conductrice appelle la sécurité au terminus.
7. Au terminus, une fille demande des explications et crache sur la conductrice.
8. La conductrice retient la jeune fille pour la faire coffrer par la sécurité.
9. D'où bagarre.

Ce simple déroulé issu de ce que raconte la conductrice montre que nous sommes là en présence d'un contentieux où chacun a des responsabilités : nous ne sommes pas là en présence d'une agression gratuite hors de tout contexte. Il y a des causes objectives à cette altercation.

Revenons-en au coeur de votre billet : le traitement journalistique. Dans un contexte plus nuancé qu'il n'y paraît, n'y a-t-il pas urgence à mettre de la perspective, non pour minimiser le réel mais uniquement pour ne pas majorer une indignation facile. Un bon connaisseur du terrain des banlieues comme Luc Bronner est sans doute plus à même de déceler ce qui relève de l'amplification.

L'article du Parisien, représentant selon vous l'expression d'une vérité toute nue, celle du témoignage direct, démarre sur une contre-vérité : la conductrice aurait été agressée par trois jeunes filles, ce qui est faux. C'est-à-dire que le Parisien met en scène le témoignage "poignant" (sic), il installe un décor en toc. Dans ce faux-semblant journalistique, la parole de la conductrice, qui dit visiblement la vérité de son point de vue, est travestie par ce décor. Le Parisien a remplacé le contexte réel par un contexte suggéré, on vous livre la vérité, certes, mais avec des lunettes déformantes, vous vous y laissez prendre.

D'un voile à l'autre, d'une mise en perspective consciente à la manipulation du contexte, la vérité journalistique est toujours habillée chaudement, avec plus ou moins d'élégance.

sbriglia

Un post de comptoir.

Rédigé par: SR | 18 mai 2010 à 07:54

Il me serait agréable de connaître le comptoir que vous fréquentez, SR : ma soif, qui n'est assurément pas la même que la vôtre, m'y conduira derechef, tant je serai heureux d'écouter des "brèves" de cette qualité...

La permanence de la critique est la triste nécessité du médiocre...

Achille

Bonjour Philippe Bilger,


Vous nous parlez de journalisme pour journalistes et de journalisme pour lecteurs en les présentant de façon antinomique.

Personnellement je pense qu’une information présentée au lecteur en s’appuyant seulement sur les éléments factuels me paraît être un peu abrupt comme méthode car selon la sensibilité du lecteur celui-ci en tirera les conclusions qu’il veut bien, et selon les situations personnelles de chacun elles seront totalement opposées.

On a pu constater ces divergences avec de nombreuses affaires récentes (la femme en burqa qui a été interpellé par la police, Zahia et les footballeurs, voire même la ou les affaires Polanski).

Plus que l’information, il me semble que ce qui est important est ce que l’on veut en faire.

Et là manifestement, il me semble que, depuis quelque temps, on nous présente à la une des journaux des affaires qui normalement devraient figurer à la rubrique des « chiens écrasés ».

Pourquoi ce soudain engouement de la part des médias pour ces faits sans grand intérêt au détriment d’événements bien plus préoccupants, qui menacent notre avenir et celui de nos enfants.

En fait le problème est là : plus dans le contenu de l’information que dans la forme dans laquelle elle nous est présentée par tel ou tel quotidien.

J’ai le sentiment que depuis quelque temps les médias nous « baladent », pas vous ?

Unraleurdeplus.blogspot.com

Bonjour, c'est très exactement la raison pour laquelle je lis Le Parisien quotidiennement et non Libération, Le Monde...

Francois F.

Votre précédent billet sur l'affaire Polanski me semble un bon exemple de ce que vous dénoncez dans celui-ci.

SR

Un post de comptoir.

Jiel

Cher Philippe,
Comme c'est aimable à vous, après nous avoir régalé de vos fines et feintes interrogations sur les motivations des étranges pudeurs de Libé et sur le Monde qui tourne sa plume dans sa bouche pour enjoliver un fait divers inquiétant, de nous laisser le plaisir à nous les commentateurs de mettre joyeusement les pieds dans le plat pour bien commencer la journée!
Eh oui, ce sujet est majeur ; il y a bien en France, comme ailleurs sans doute, avec des nuances entre les deux, une presse de désinformation et une presse d'information. Je concède que "désinformation" est provocateur et qu'on pourrait substituer : presse militante ; bref une presse qui fait mine d'informer mais qui fait passer au premier plan la nécessité (morale à ses yeux) de nous seriner, quel que soit le sujet et quelles que soient les contorsions et les arrangements avec la réalité que cela suppose, le message de la bien-pensance.
Une émission récente et tout à fait passionnante d'Arrêt sur images (gazette 118. Noirs, arabes, trafic, polygamie : y a-t-il des autocensures nécessaires ?) traitait de ce sujet (pas dans mes termes !). Luc Bronner, justement y participait. Dans son texte de présentation, D. Schneidermann, qui n'est pas un réac, écrit : "je sors du plateau avec une certitude très nette : non, sur la délinquance, sur la polygamie, sur le trafic de drogue, les journaux ne disent pas tout. Avant qu'il décide finalement d'écrire que les agresseurs récents d'un policier étaient de jeunes noirs, il faut entendre notre confrère du Monde (Bronner donc) raconter sa longue hésitation. Quant au sociologue, en relisant son livre, il a barré plusieurs détails sur les pratiques sexuelles des jeunes étudiés".

En mettant une deuxième fois les pieds dans le plat, ce que disaient ce sociologue et ce journaliste c'est qu'ils censuraient systématiquement tout ce qui pourrait servir d'arme au Front National... La vérité du journaliste d'information, mais seulement celle qui ne les dérange pas trop dans leur mission d'entraînement des masses vers le paradis de la bien-pensance (allez j'écris "de gauche" même si c'est un pléonasme mais tant qu'à mettre les pieds dans le plat...).
Après on s'étonne du succès d'un site comme F. Desouche qui épingle à bras raccourci toutes ces cachotteries de journalistes.
Et quand on pense que c'était Arlette qui s'écriait "on nous ment !"
Plus trivialement, on nous prend pour des cons.
Libé et le Monde pensent que nous tirerions éventuellement de mauvaises conclusions de la vérité exposée sans être prémâchée. Pendant ce temps, le gouvernement nous fait croire que la rigueur ne s'appelle pas la rigueur et que les échanges de prisonniers avec l'Iran sont une coïncidence.
Pour des cons, je vous dis.
Mais après un petit café, tout ira pour le mieux !

Alex paulista

Cher Philippe Bilger

L'excellente émission belge Strip Tease montre très bien que même une présentation factuelle sans commentaire est toujours la présentation d'un point de vue.

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