Ayant la passion du cinéma, j'ai toujours éprouvé une sainte horreur pour le Festival de Cannes tout en étant incapable d'en détacher ma curiosité de lecteur, de citoyen. Je ne sais pourquoi, j'ai trouvé souvent ridicules ces pompes et gravités qui cherchaient à donner l'impression que pendant deux semaines le sort du monde allait se jouer là-bas et que le destin de la France dépendait des films médiocres ou non qui y seraient présentés. Il est clair que plus il y a du ludique et de la gratuité, plus il convient d'en faire accroire !
Je n'ai évidemment pas pu voir encore le film de Xavier Beauvois, "Des hommes et des dieux", sur les moines de Tibérine qui ont été assassinés en Algérie. Quand il sera offert aux amateurs insouciants et libres, que j'oppose aux professionnels dogmatiques et prévisibles, je me réjouirai. Ce n'est pas d'aujourd'hui que Xavier Beauvois fait partie à mon sens, en France, des tout meilleurs cinéastes, scénaristes et metteurs en scène. Il est d'ailleurs peut-être déjà le meilleur dans ces deux genres. Etonnant de constater comme on oublie systématiquement, en évoquant son passé artistique, sans doute son plus grand film, "Selon Matthieu" en citant en revanche "Nord" et "Le petit lieutenant" qui sont, il est vrai, également remarquables (Le Monde, Le Figaro).
Ce qui m'a amusé, c'est le chemin de Damas de tous ceux qui ont fait de Cannes leur but de l'année. Dans ce monde d'argent, de vulgarité, de frime, de paillettes, de gabegie, de snobisme, de télé, de Canal +, de producteurs, de conférences de presse, de marches à monter, de fêtes et de provocations en pleine crise, dans cet univers où l'élégance des apparences, souvent, est inversement proportionnelle à l'élégance tout court, on a découvert, ébahis, éblouis, fascinés, la vie monastique dans le film de Beauvois. Le silence, la courage, la rigueur, la transcendance, l'appel de Dieu contre celui du siècle, le véritable éclat contre la poudre aux yeux. A lire les commentaires et les critiques, on aurait presque pu se dire que le religieux venait d'éclore et que le divin était né avec le festival. Les mêmes qui probablement ailleurs crachaient sur le pape, se moquaient des croyants, tournaient en dérision les convictions religieuses, jugeaient grotesques les pratiques régulières ou séculières, les mêmes qui persiflaient dans les dîners, dans les articles, dans les conversations, sans l'esprit de Voltaire malheureusement, sont tombés dans un ravissement extatique. Parce que ces valeurs, ces principes, cette richesse n'étaient rien auparavant mais qu'ils étaient devenus tout en passant au travers d'un film qui les aurait transfigurés. Rien ne m'énerve plus que ces beaux esprits conquis d'un soir et qui la salle rallumée oublient l'émotion et la profondeur qu'artificiellement un immense talent leur a octroyées. Que ces consciences et ces intelligences par procuration. Que ces commentateurs d'existences acceptables seulement parce qu'elles sont devenues un spectacle et qu'un grand écran les a projetées dans l'obscurité d'une salle plus religieuse qu'une cathédrale.
Cannes n'aurait pas été Cannes sans ce formidable hiatus entre la frivolité au quotidien et les intermittences de l'art. Une brassée de vérité dans un océan où l'authentique est noyé. Une comédie avec soudain un rayon de lumière.
Cela n'empêche pas les incongruités dérisoires qui viennent ajouter leur touche clownesque à ce tableau déjà contrasté. Lambert Wilson qui est, paraît-il, exceptionnel acteur dans ce film éprouve le besoin, pour se faire remarquer ?, pour demeurer dans l'esprit de Cannes ?, pour plaire à ceux qui le connaissent ?, par ennui et pour s'amuser ?, parce qu'on n'est jamais trop bête ?, parce qu'il est Lambert Wilson et que cela se prouve en tout instant ?, parce que rien et que c'est la futilité grandiose même après le grandiose d'une histoire hors du commun ?, d'embrasser sur la bouche Xavier Beauvois et l'actrice Sabrina Ouazani (Le Parisien). Pourquoi, pourquoi pas ?
Je comprends, à force, pourquoi ce Festival donne des envies contradictoires : le faire exploser puisqu'il est une caricature qui offense la vraie vie, le conserver pour les quelques rares actions de grâce dont il est le prétexte ?
Quel regard lucide et désabusé sur le Festival de Connes !... Ca fait plaisir. Le geste de Lambert Wilson ? Rien n'interdit de le lire comme un signe, envoyé avec le langage de l'acteur, le corps, au sein du débat sur le célibat ou l'abstinence forcée des prêtres catholiques, pour répondre à l'immonde émission récente d'Alain Finkielkraut ("Répliques") où il a carrément offert une tribune à l'évêque de Clermont-Ferrand qui veut remettre des aumôniers dans les collèges, afin de recruter fidèles et séminaristes... Le thème de la pédophilie liée au célibat forcé a été effleuré à moins d'une minute de la fin, évacué d'une réflexion du genre "oh, mais chez les instituteurs aussi..."
Comme le disait Umberto Eco, frustration et promiscuité sont des ferments dangereux... "Amour Viril, Légion thébaine".
Oh, c'est sale, ce que j'écris dans cette chronique si bien tenue...
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 21 juin 2010 à 17:00
A part la sagesse de Monsieur Bilger, j'ai beaucoup admiré la prose de Jean-Michel. Il a un grand talent d'écrivain et la même sagesse. Je vais imprimer son commentaire et le garder. Niçois d'adoption, j'y ai passé en tout 25 ans, j'ai constaté les mêmes démolitions. J'ai passé récemment cinq ans à Cannes, ville où habitèrent Prosper Mérimée et Guy de Maupassant. Durant ces cinq ans je cherchais toujours un café qui fut à l'abri du trafic automobile. En vain. Peut-être la place de l'Etang mais c'est loin du centre. J'ai trouvé Cannes une ville inodore et incolore, bruyante et où les bétonneuses suppriment tous les beaux jardins. Parlons du Festival. Quand j'habitais Nice, c'était une expédition de venir à Cannes mais au moment du Festival on se distrayait. Moi et ma compagne (qui était d'une grande beauté et plus belles que les starlettes marie-couche-toi-là) on s'invitait à des projections, à des cocktails et vu notre bonne mine on ne nous disait rien. Je me souviens d'excellentes coupes de champagne et de fabuleuses tartes aux fraises. Oui tout était faux, mais bon enfant. Essayez aujourd'hui de vous inviter à des cocktails et à des projections. Vous vous faites repousser par des dizaines de gardes. Chaque pavillon est un camp retranché.
Maintenant j'habite Anvers et les jolies filles et notre beau jardin des Collines de Nice me manquent.
Pour moi le Festival est fini. Il a sombré dans l'ennui et dans l'obsession sécuritaire.
Amicalement,
Macgregor
Anvers
Rédigé par : Macgregor | 23 mai 2010 à 23:56
So here, we can't... or Badiou... ou encore mieux... Finkielkraut !
En tout cas pour moi, pas besoin de me promener sur la Croisette pour etouffer sous une chaleur caniculaire !
Bonne semaine a tous et toutes.
Rédigé par : Valerie | 23 mai 2010 à 17:07
«de marches à monter»,
«A lire les commentaires et les critiques, on aurait presque pu se dire que le religieux venait d'éclore et que le divin était né avec le festival.»
Mais vous avez parfaitement bien cerné le problème!
Dans notre monde désinvesti par la spiritualité, semble se produire en effet un réinvestissement du sacré par le biais de la Fête (de diēs fēstus -jour de fête- et fānum, espace où règne la loi des dieux, et qui repose sur *fasnom-, se rattachent à *fēs/*fas pour l'italique, soit à *dhē-, *dhə- (sanscrit dhama, grec Thémis)) qui va 'poser', 'instituer' avec une valeur donc religieuse, un espace consacré et inaccessible au commun des mortels, le fascinant tapis rouge que ceux-là ne peuvent contempler (theaomai) que de loin.
Lequel rouge tapis mène à une « montée de marches » qui seront gravies par tout un peuple d'élus, acteurs et actrices du monde de la re-présentation (thea – action de contempler, objet de contemplation, spectacle, lieu du théâtre occupé par oi théômenoi, les spectateurs), autrement dit un monde de personnages inspirés des dieux et honorés comme tels (theiadzô), parés telles les victimes que l'on mène à l'autel et que l'on couronne de plantes odorantes au moment du sacrifice, lequel cependant n'aura pas lieu sinon sous la forme d'une élection, oracle (thespis) qui focalisera tous les feux du merveilleux et du prodigieux sur l'un ou l'autre d'entre eux couronné d'or et de cristal et objets dès lors de toutes les louanges et de l'identification de la foule, mais qui du même mouvement rejettera les autres, les 'sacrifiés' en somme, dans les ténèbres, emportant avec eux tous les désirs et les espoirs déçus, faisant place nette pour une renaissance...!
Je pense donc que vous avez bien, bien, bien cerné le problème!
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 mai 2010 à 10:30
Merci pour la description.
Pour moi, l'allusion au grand Jacques, c'est comme un compliment.
Sans comprendre la langue de la chanson y sentir quand même une profondeur.
Merci encore.
Rédigé par : jpledun@Aïssa | 22 mai 2010 à 14:30
Un festival de cannes permanent, c’est ce qui nous pend au nez dans moins de trente ans avec l’espérance de vie qui ne cesse d’augmenter…
Rédigé par : Mary Preud'homme | 22 mai 2010 à 13:02
Cette fois-ci je ne repousse pas à je ne sais quand. Merci pour cet n'ième billet lumineux. Je suis expatrié en Angola, en brousse. Isolé... de Cannes, des turpitudes de l'actualité "en direct", des complexités de "ce qui arrive"... De loin, je suis cela. De loin j'essaie de comprendre ou de penser tout cela. Merci pour ces fenêtres ouvertes : j'aime la plume et l'itinéraire proposé.
Rédigé par : Hervé Goarant | 22 mai 2010 à 10:54
Très belle description de Jean-Michel, pleine d'une colère et d'un dégoût justifiés. Les couleurs et les parfums de mon enfance n'existent plus, ou peut-être pourrais-je les retrouver avec beaucoup d'imagination, par temps de mistral. Heureusement qu'en Bretagne - ma terre d'adoption - nous bottons régulièrement le derrière de nos bétonneurs. Et puis si les socialistes ont fait quelque chose d'essentiel, c'est bien la Loi Littoral de Louis Le Pensec. J'aime le cinéma, mais pas cette débauche de vulgarité qu'est devenu le Festival.

Ci-joint, une photo que j'ai prise, il y a une quinzaine d'années à laquelle m'a fait songer le commentaire de Jean-Michel:
Très beau diaporama, en effet, cher Aïssa. Je ne partage pas cependant ce que vous aviez écrit il y a quelque temps sur le film de Bouchareb. On ne peut pas révendiquer en même temps la liberté du créateur et prétendre rétablir une vérité historique. Mais attendons plutôt de le voir...
Rédigé par : Laurent-Dingli | 22 mai 2010 à 10:08
Cher Philippe,
Mon chou, où allons-nous...
Pourquoi une critique si sévère du patrimoine culturel !
Le festival est une vitrine mondiale de l'expression qui mérite le soutien de tous.
C'est une reconnaissance de nombreux métiers et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Si la justice savait mieux communiquer, au lieu de pratiquer ses pince-fesses en douce,
Les toasts Lenôtre qui sont délicieux d'ailleurs, les buffets des greffiers, les cérémonies d'ouverture, chacun pourrait apprécier l'éloquence des juristes.
Les cérémonies transparentes ont des qualités d'ouverture et de partage avec le public.
Si le bal des pompiers existe, le bal des magistrats en kilt n'est pas encore pour demain.
La modernisation est en marche...
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 22 mai 2010 à 01:31
"Je réside aujourd’hui dans le Var, dans une anse protégée de la folie destructrice des maires et des bétonneurs"
Nous sommes donc voisins, cher Jean- Michel...
Un dîner à l'Estagnol ?...
Rédigé par : sbriglia@Jean-Michel | 21 mai 2010 à 21:21
Jean-Paul, la chanson raconte Alger et ses environs, sans fioriture mais avec un amour infini, ses différents quartiers, sa vie au quotidien, ses mystères et son ouverture au monde, ses saints et ses truands, ses femmes, ce rien faire lascif qui passe la vie ... Alger de cette proche époque si proche qui semble si lointaine ... Elle n'est comparable à aucune chanson de Brel ... Les Marquises peut-être mais celle-ci n'entre pas dans autant de détails ... Le chaabi raconte souvent de véritables histoires, fouillant dans des profondeurs humaines insoupçonnées; vingt, parfois trente minutes une seule chanson ... C'est trop différent de Brel. Cependant, sûr que certains morceaux de Jacques mis en chaabi, ça doit être aussi inoubliable ...
J'aimerais -je ne serais pas étonné- que Rachid Bouchareb dans son Hors-la-loi diffusé aujourd'hui à Cannes ait choisi cette musique pour soutenir et accompagner son film. De même, il est impossible que les moines d'Algérie, ceux de Tibéhirine comme ceux qui demeurent, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui, ne fassent pas corps avec elle ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 mai 2010 à 20:04
De quoi parle la chanson ?
On dirait qu'il y a du Brel caché dans le texte...
Rédigé par : jpledun@ Aïssa | 21 mai 2010 à 15:50
Et revoilà le festival de Cannes !
Cannes, ville chérie de mon enfance, ses allées fleuries, son casino d’hiver et ses petits jardins, son ancien palais des Festival !
Qu’en ont fait, Messieurs Mouillot, Delaunay, Brochant ?
Petit port de pêche qui s’érigea en élégante station balnéaire au cœur des années trente, Cannes est devenu une hydre informe.
Les maires, festivaliers et congressistes de tous poils se sont accaparé ce joyau incomparable en massacrant à la dégauchisseuse tout ce qui en faisait le charme, le raffinement, la singularité et la douceur de vivre.
Je réside aujourd’hui dans le Var, dans une anse protégée de la folie destructrice des maires et des bétonneurs. J’en tairai prudemment le nom de peur qu’ils y viennent voir.
La veille de l'ouverture, j’avais décidé de faire un tour de Croisette histoire d’y retrouver mes impressions d’enfance.
Le Boulevard Carnot débouche à proximité du palais des festivals, enfin si l’on peut qualifier de « palais » cette immonde masse bulbeuse, sorte Eyjafjöll local qui, hier encore, éructait dans une ultime flatulence de béton, de quoi le surélever davantage. Quelle horreur !
Les ruines des jardins du casino d’hiver, ou ce qui l’en reste, sont colonisées par les « mécanos de la générale » qui érigent en terrain conquis, mas, podiums, murs d’enceintes, barrières de contention et semis remorques.
Depuis la Croisette, la Méditerranée n’est presque plus visible, les tipis blancs colonisent les plages. Les annexes du palais gagnées sur la mer occultent dorénavant l’une des plus belle baie du monde et ses perspectives sur le vieux port et le Suquet.
L’élégant petit bassin qui hébergeait nos bateaux enfantins s’est transformé en foire du trône avec d’hideuses baraques à frites.
Un papy en lavallière, agacé par sa vieille qui lambine en vison blanc est bientôt bousculé par un skateur sans vergogne. Un couple les croise, deux gravures de magazine cherchant fortune à Cannes, insolents d’indifférence et de certitude. Deux mondes se croisent et s’ignorent.
Des bataillons d’obèses dégoulinant de tatouages et de glace italienne s’agglutinent déjà pour tenter d’apercevoir leurs stars de pacotille. Cannes est devenu un désert affectif ou le pathétique côtoie l’insupportable.
Quinze jours par an depuis un demi-siècle auront donc suffi pour massacrer cette ville.
Il fallait des infrastructures ! La ville a tout lâché, tout concédé même au prix de son âme.
Tout est donc prêt pour la grande messe cinématographique.
Et pour célébrer quoi ?
Dérisoire remise des prix qui va consacrer un film au cahier des charges déjà convenu et formaté épousant les exigences de nos manipulateurs médiatiques.
Un film, par exemple, qui stigmatiserait une fois de plus le passé de la France et sa période coloniale. Bref un film accusateur qui neutraliserait toute velléité à ceux et celles qui pourraient avoir envie, d’adopter et d’aimer enfin ce pays.
Je fais confiance à nos jurés pour tomber à nouveau dans ce piège là, mais c’est à leur cahier des charges, ils connaissent les conventions. Après tout, si l’on veut être invité dans les talk show, il faut connaître les règles instituées par les petits commissaires politiques qui les présentent.
Le massacre de cette ville pour cette contrepartie là !
La nausée.
Rédigé par : Jean-Michel | 21 mai 2010 à 13:49
Pour Cactus, qui se fait rare, hélas : "ils ont des yeux et ils ne savent pas voir : rassemblement d'aveugles, festival de cannes..."
Rédigé par : sbriglia | 21 mai 2010 à 10:24
Sainte colère, Quichotte moulinant les marchands du Palais, nous ramenant aux Charensol/Bory/Sandier des années Bastide, enfin on retrouve le bretteur d'exception !
Il ne faut pas chercher à comprendre le geste de Lambert Wilson : c'est un seigneur, et le baiser à la russe n'est pas réservé qu'aux cosaques.
Rédigé par : sbriglia | 21 mai 2010 à 09:53
Mais Cannes, c'est ontologiquement magique ! Cannes, c'est le début de l'été, les gamines du 16ème qui font la manche rue de France, cet immonde palais des Festivals qu'on ne montre jamais, ces marches que j'ai dix fois montées moi-même (Salon de la chaussette en papier, salon des lecteurs de blogs de magistrats génétiques, etc.), c'est le soleil télévisuel qui vous bronze avant l'heure et qui annonce le grand prix de Monaco et Roland Garros, c'est l'année scolaire qui se tire, les jupes qui recommencent à se soulever, c'est le cinéma qui fait irruption dans la vraie vie, le dos d'Isabelle Huppert, les facéties de Juliette Binoche.
N'ayez pas honte, Philippe, je suis comme vous et comme tant d'autres. Vous voudriez ne pas être sensible à cette futilité, à cette immense séance de pose où les objectifs suspendent le temps vulgaire. Vous voudriez ne pas être sensible à cette parenthèse stupide comme tant d'autres voudraient ne pas sourire en tombant par hasard sur les Grosses Têtes de RTL. Mais la gravité s'arrange fort bien de ces accessoires, et c'est ainsi qu'elle est pleinement la gravité. Ne craignons pas nos petites et attendrissantes vulgarités.
Les moines de Tibéhirine et Sétif, deux films graves et compliqués : l'Algérie comme un mythe, notre Andalousie.
Je suis un véritable athée. Il y en a beaucoup de faux, qui jouent avec le feu mais qui transigent le moment venu. Etre athée c'est d'abord être incapable de juger le sentiment de la foi religieuse. Alors que tout me démontre l'inexistence de Dieu et la merveille spirituelle d'un monde sans dieu, je suis bien amené à constater que des personnes au moins aussi capables intellectuellement que moi ressentent cette foi. Je ne raille pas ce que je ne comprends pas et ce qui m'est inaccessible. J'admire les comportements que cette foi induit chez certains. Les moines de Tibéhirine avaient refusé une protection policière, s'estimant protégés par un meilleur bouclier : l'amour partagé avec la population. Celle-ci ne les ont pas trompés. Ces gens remarquables étaient sans doute des phares pour les villageois, des sages en sandales en en bure, rieurs comme souvent les moines le sont. J'irai voir ce film. Lambert Wilson doit y exceller. Il fait le pitre à Cannes et l'acteur à Tibéhirine. Que savons-nous des pitreries des moines lorsqu'ils quittaient un temps la méditation et le travail pour se distraire ? Les moines ou religieuses que j'ai croisés étaient souvent très drôles.
Sur la Croisette, on croise des moines avec des clowns, yes, we Cannes.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 mai 2010 à 09:39
Aïssa, un beau prénom pour l'auteur d'un beau commentaire d'un texte qui inspire !
Rédigé par : mike | 21 mai 2010 à 08:30
@Aïssa
Merci pour le lien!
L'andalousia-arabe a été pour moi à Marseille.
C'était il y a longtemps, mais cela ressurgit facilement, en Alsace, pourvu de le comprendre !
Rédigé par : Zenblabla | 21 mai 2010 à 01:04
C'est étonnant... Depuis tout à l'heure j'écoute cette chanson (cf lien) dont je recherchais depuis longtemps l'auteur véritable (Abdelmajid Meskoud) et qui m'avait accompagné sur une vieille cassette anonyme durant tant d'années. C'est un chef d'oeuvre de chaabi arabo-andalou. Dommage qu'ici personne ne comprenne ce grandiose arabe populaire chanté... La personne qui a posté cette vidéo a eu l'idée formidable d'en faire un montage magnifique. Faut voir, faut écouter ça, on y entend même jusqu'aux choeurs de ces moines, on les voit au coeur de cette Algérie... C'est celle de Meskoud, celle de mes parents, mes ancêtres, celle de Tibéhirine, la leur, d'Abdelkader, de Saint-Augustin, celle des juifs, des berbères... Tant d'êtres et de choses...
Bonne nuit là-dessus...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 mai 2010 à 00:26
Exploser le festival de Cannes !!!
Pourquoi tant de terrorisme...
Dans la vraie vie, il y a tellement de postures qui ne tiennent qu'à un film, que ce serait dommage d'en concevoir la fin.
Elle viendra toute seule, cette drôle de fin, this is the end at every time, et je la regretterais, comme se font des regrets avec quoi disparaît.
Par exemple, tout morceau de Bergman, s'il ne peut re-concourir, il peut au moins se revoir, dire pesanteurs des âmes, autant qu'aujourd'hui elles se devraient démonter, comme emberlificotées.
Rédigé par : Zenblabla | 21 mai 2010 à 00:23