Jacques Brel avait raison : un enfant, ça tue vos amants, nos maîtresses ! J'adore que la fragilité et la grâce puissent l'emporter, quelquefois, sur la puissance du désir. J'aime aussi cette idée, précisément, que les idées peuvent être vaincues par le coeur et dominées par le sentiment. J'ai fait cette découverte vieille comme le monde à propos de mon blog en étant obligé de constater comme certaines censures douces s'exerçaient sur moi et me désarmaient. Il n'est pas de jour où je ne remarque que les concepts, l'hostilité intellectuelle à l'égard de certaines personnalités, la détestation de certaines attitudes, l'envie d'en découdre sont très largement entamés par une sorte de carte du tendre que les hasards de l'existence sont susceptibles d'offrir. Enfermé dans un subjectivisme forcené, ivre d'une liberté dont l'abus ne fait pas de mal, pourtant je renâcle, je freine, je m'abstiens. Parfois.
Depuis que j'ai rencontré le fils de Bernard-Henri Lévy, Antonin qui est avocat et infiniment discret et sympathique, j'éprouve comme une retenue dans la critique que son père pourrait susciter. Il y a quelque chose en moi qui répugne à blesser même celui qui probablement ne me lira jamais. Alain Minc est quasiment devenu intouchable - depuis peu ! - depuis qu'à l'occasion d'une visite du château de Vincennes, j'ai eu la chance de pouvoir échanger avec l'un de ses fils qui rend inconcevable, tant il est aimable et délicat, toute attaque contre son père. Les pères sont protégés par ceux qu'ils ont engendrés. J'aime ce barrage de l'humain vivant et chaud qui vous détourne de la froideur et de la sécheresse de l'intellect.
Il est vrai que cela fonctionne à double sens. J'ai l'image indélébile de Charles Beigbeder, dans un Salon du livre, juste à côté de moi, et me considérant comme un manant auquel on ne doit pas rendre son salut. Depuis, quand je l'entends vanter par Le Figaro, j'ai tort mais je tourne la page. Un jour, chez Lipp, à la table à côté de la mienne, je suis contraint d'entendre Jean-Paul Enthoven qui durant deux heures saoule sans discontinuer une jeune femme sur ses propres mérites. C'est dérisoire mais cela reste. Une aiguille dans une botte d'intelligence mais elle pique et agace. En revanche, je me suis pris d'une affection abstraite pour son fils Raphaël parce qu'il a été infiniment courtois et attentif, un soir, avec mon fils Jean-Baptiste.
Nos analyses sortent de nos tripes, nos idéologies de nos forces ou faiblesses intimes, les convictions rassurent mais d'où viennent-elles profondément ? Les humeurs sont plus fortes que tout et nous cherchons à faire accroire que nous sommes de purs esprits alors que nous portons des corps trop présents et sommes victimes de sensibilités trop vives.
Quel cauchemar si je me mettais à aimer l'humanité tout entière ! Je serais obligé de fermer ce blog. Que mes adversaires ne rêvent pas : ce n'est pas pour tout de suite !
Rédigé par Monsieur Raphaël Zacharie de IZARRA le 24 juin 2010 à 14:00
"Thought-provoking" est l'expression qui m'est venue immediatement a l'esprit apres la lecture de votre commentaire.
La curiosite m'a fait parcourir votre blog.
J'ai trouve votre texte "l'or des geignards" particulierement percutant...
et assez juste ! Surtout vu d'Angleterre !
On ne pourra toutefois pas dire que votre blog, tres bien ecrit, soit fait de "douceurs" !!!
Je vous envie d'avoir le loisir de vous exprimer ainsi en toute franchise et liberte... pas de prix a payer ?
Sur ce, je m'en retourne, magie de l'Internet, lire ce qui se dit a propos du texte publie dans "l'Aberration"...
Bon week-end a tous/toutes.
Rédigé par : Valerie | 25 juin 2010 à 13:40
La bonté, le sens de la justice revendiqués par certains peuvent être involontairement -pour ne pas dire artificiellement- façonnés par le contexte politique, historique, culturel dans lequel ils vivent, ou plus généralement par les moeurs de la civilisation, au lieu d'être le résultat de choix personnels. Ainsi certains s'enorgueillissent de ne pas manger de chiens comme le font les asiatiques... Mais ils mangent des vaches, des lapins, des cochons, confondant qualités personnelles, voire grandeur d'âme avec simple conditionnement culturel.
Quel mérite y-t-il à ne pas manger de chiens quand on est né en Europe ?
Entraînés par le fleuve de l'Histoire, beaucoup d'individus se laissent emporter par le courant dominant, quelle que soit sa direction, plus sensible à la brutale autorité des éléments en action qu'à la subtile musique de leur conscience. Pour leur bonheur il se trouve que le courant dominant corresponde assez souvent à la voix -muselée- de leur conscience. Bonne pioche ! Mais nul sur le plan moral.
Si un chemin est plus souvent emprunté que les autres par des hommes que l'on pense foncièrement justes, ce n'est pas parce que ce chemin est droit mais parce qu'il est facile.
Les chemins justes ne sont pas nécessairement pénibles à emprunter, contrairement aux idées reçues. Ainsi, déduire que l'occidental est bon, civilisé parce qu'ils ne mange pas de chien est une ineptie : s'il ne mange pas de chien c'est parce qu'il préfère manger du boeuf. Les héros le sont assez fréquemment malgré eux, c'est bien connu. Rares sont les vrais braves ayant choisi le sacrifice, plus répandus sont les "courageux par défaut".
Si les Français avaient été plongés dans le même contexte que les allemands dans les années trente, ils se seraient comportés de la même façon qu'eux. Et inversement : si les Allemands de cette époque avaient été du bon côté de la frontière, ils auraient tous été de farouches anti-nazis. Et ce, dans les mêmes proportions historiques déjà connues, indépendamment des vertus, vices, lâchetés ou courage des individus composant les nations, chaque peuple étant respectivement influencé par ses valeurs, quasiment à son insu.
Qu'est-ce qu'un traître ? Le traître est tout bêtement celui qui n'adhère pas aux valeurs de son camp, de sa terre natale, de sa patrie mais à celles du camp adverse. Ce qui n'a évidemment strictement rien à voir avec la morale ou le sens de la justice.
Selon cette définition, je suis un très grand traître à bien des égards de la même manière que les rares courageux allemands opposés au nazisme furent des traîtres aux yeux de leur concitoyens.
On peut être traître à des valeurs temporelles, à des vertus étriquées, à des intérêts locaux, à des préférences nationales pour vouloir rester fidèle à des causes plus universelles.
Quand je tiens un discours déplaisant -mais courageux- que j'estime juste, seul contre tous, indifférent à la pression des "légalistes", à la moralité de l'époque, aux susceptibilités de la société, je suis considéré comme un traître, un lâche, un ennemi.
C'est pourtant avec ce même courage dont je fais preuve aujourd'hui face à mes détracteurs que certains allemands inflexibles se sont opposés au régime nazi (et de manière plus générale la civilisation à la barbarie, le sage à la bêtise populaire), c'est avec la même véhémence avec laquelle on me répond ici qu'ils se firent appeler traîtres par les leurs en ces temps troublés !
L'Histoire les a réhabilités, la vérité me réhabilitera. L'indépendance d'esprit est souvent reprochée aux "traîtres" qui pactisent avec la liberté de pensée.
Le tort de mes détracteurs est de manquer de recul : empêtrés dans leurs mesquines passions patriotiques, conflits intellectuels masturbatoires et drames personnels dont la portée est limitée à eux-mêmes, ils jugent mes propos depuis leur fosse socio-culturelle, leurs conformations génétiques (les sanguins réagissent avec plus de virulence à l'éclat izarrien), sentiments populistes et autres "formatages civilisationnels" et non depuis les hauteurs sereines, détachées, objectives, illimitées du ciel et de sa lumière.
Raphaël Zacharie de IZARRA
Rédigé par : Raphaël Zacharie de IZARRA | 24 juin 2010 à 14:00
Magnifique... Un chrétien revendiqué, ou un défenseur des chrétiens, qui craint de finir par aimer toute l'humanité ?... Ai-je bien lu ? Oui, je crois. Pourquoi cela me donne-t-il envie de relire "L'enfance des chefs" ?
Je suis sûr que le petit Bernard-Henri, débutant, pas encore héritier de l'empire du papier détenu par son père, et donc ne pouvant pas exercer de dictature sur le monde de l'édition, était un jeune homme charmant...
Ce serait perdre de vue à bon compte que c'est aussi la "réussite", le pouvoir et l'argent qui corrompent, et que cela se fait progressivement... Je revoyais l'autre jour la dernière d'Apostrophes, où Pivot ironisa gentiment, en rediffusant le premier passage de BHL, sur son célèbre décolleté. Celui-ci, après la séquence, expliqua qu'il avait tout simplement trop chaud ce jour-là. Et, fit-il remarquer, sa chemise était aujourd'hui fermée. -"Oui, vous venez de la refermer pendant la rediffusion, dit Pivot". -Heu, alors c'est machinalement, dit BHL. Tout rouge.
No comment.
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 21 juin 2010 à 17:35
Rédigé par Madame Mary Preud'homme le 19 juin 2010 à 19:49
Merci de votre reponse et excellent dimanche.
Rédigé par : Valerie | 20 juin 2010 à 12:16
@Valérie
Pas de temps de pose interminable pour les petits ou les grands sujets, la plupart des photos d'Anne Geddes étant réalisées par photos montages ou trucages, souvent de très mauvais goût, voire obscènes.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 19 juin 2010 à 19:49
Rédigé par Monsieur Pierre-Antoine le 17 juin 2010 à 18:18
Merci de votre reponse.
Etrange ; ainsi l'une a eu la meme idee douteuse que l'autre... laquelle des deux ? !
Desolee, mais j'ai horreur (c'est visceral !) des photographies realisees par Anne Geddes tres commercialisees egalement ici.
Quid des petits sujets qui doivent, sans doute, poser pendant des temps indeterminables et dans quelles conditions ? !
Je trouve ca atrocement mievre... peut-etre mon petit cote protestant qui ressort.
A vous lire prochainement,
Rédigé par : Valerie | 18 juin 2010 à 10:01
Les voleurs de patate, comme les eut croqués Gruno Bacio, NOS voleurs de patate, sont passés à la casserole !
Et sans beurre !
:o))
Marlon, avec nous, Marlon, avec nous.
:o)))
AO
Rédigé par : oursivi | 17 juin 2010 à 23:01
Il a juste manqué une troisième douceur à ce match pour m'envoyer au paradis ; mais, bon, ne gâchons pas notre bonheur, deux c'est déjà une bonne raclée.
Avec un peu de chance, les Sud Africains nous (m', ok) offriront une sortie digne de la glorieuse qualification...
Avec beaucoup, quelque politique d'influence mettra son nez dans les primes de qualif et les 800.000 euros touchés par la cartomancienne...
On peut toujours rêver.
AO :o) d'excellente humeur ce soir !!!
Rédigé par : oursivi | 17 juin 2010 à 22:47
@Valérie
La première, comme la seconde sont l'oeuvre de la photographe Anne Geddes http://www.annegeddes.com/
vous en verrez beaucoup d'autres comme celle-là que je trouve sublime...

Il a bien raison de pas se presser pour sortir de sa coquille :-)
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 17 juin 2010 à 18:18
"L'humeur est physiologique, le caractère est psychologique, le tempérament est sociologique, la personnalité est morale" disait Alain dans "Eléments de Philosophie".
Merci pour le témoignage d'un certain renversement de cet ordre que vous nous donnez, et qui nous invite à considérer ces élans avec plus de prudence, mais aussi d'indulgence.
Rédigé par : Gilles | 17 juin 2010 à 16:32
Vous savez, cher PB, si vous vous mettiez à aimer l'humanité tout entière - et cela vaut pour chacun -, comme vous l'écrivez, ce serait, oui, fort probablement un cauchemar mais qui finirait en crucifixion. C'est une histoire bien connue dont on parle encore... C'est pourquoi il est bon de garder par-devers soi et de s'en servir souvent, ses poisons. Tiens, je songe soudain à Sainte-Beuve... Sainte-bave disait Hugo quand l'autre ne l'encensait plus.
Allez, bonne nuit...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 17 juin 2010 à 01:13
Eh oui !
Il faut considérer, si on considère l'homme, "Ses Attachements".
Jamais les Attachements de l'autre ne sont les nôtres !
Il n'empêche qu'ils font totales intellectualités en intimités définitives, et que si le champ de l'intellectualité s'estomperait, ferait cause autant des conforts que des préjugés, cela démontre que jeter ainsi qu'aujourd'hui les motifs de l'intellectualité avec quelconque eau du bain, cet apanage de la politique, il faut des circonstances historiques encore pas réunies, pour le permettre...
Les attachements, c'est un principe refusé avec l'élaboration de la pensée moderne, voilà un siècle...
Cette même pensée moderne, injonction lui est faite de s'en saisir, sans être dénaturée, comme j'y crois, ne le constate guère à l'œuvre au travers les raidissements.
Vous peut-être, comme vous questionnez, cette injonction se prolonge !
Alors, comment refuser ?
Rédigé par : zenblabla | 17 juin 2010 à 00:28
Se peut-il que l'enfant renie le père au point d'en devenir l'exact contraire ? Se peut-il que l'enfant, sympathique, affable et même aimable refuse l'héritage familial afin de ne pas endosser une responsabilité qui n'est pas la sienne !
Je trouve votre propos assez faible au regard de la pertinence qui peut être la vôtre, souvent ! J'ai lu une circonvolution vaguement littéraire plus qu'un propos de bon sens...
Rédigé par : Juliette Benedetti | 17 juin 2010 à 00:03
On remarquera cette chose : on entend les vuvuzelas que si on y pense... Autrement, le jeu se déroule sans gêne pour le spectateur et j'imagine aussi, le joueur...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 16 juin 2010 à 22:21
M. Bilger,
Ah ! comme une bonne éducation permet d'estomper la laideur de certains crimes. "Les noirs et les arabes" que vous voyez passer au tribunal, j'en suis certain, n'ont pas même cette circonstance atténuante-là. A quoi bon la raison, la justice quand il y a l'entre-soi ?
D'ailleurs je vous estime.
Rédigé par : Franck | 16 juin 2010 à 21:23
Un blog de douceurs ! Je me suis dit, tiens monsieur Bilger distribue des bonbons. Ben non, il rêve tout debout !
"Je viens rechercher mes bonbons
Maintenant je suis un autre garçon
J'habite à l'Hôtel Georges Vé
J'ai perdu l'accent bruxellois
D'ailleurs plus personne n’a c’t accent-là
Sauf Brel à la télévision
Je viens rechercher mes bonbons
Quand père m'agace, moi j'lui fais : "Zop !"
Je traite ma mère de névropathe
Faut dire que père est vachement bath
Alors que mère est un peu snob
Mais enfin tout ça, hein, c'est l'conflit des générations
Je viens rechercher mes bonbons
Et tous les samedis soir que j'peux
Germaine, j'écoute pousser mes ch'veux
Je fais "glou glou", je fais "miam miam"
J'défile criant : "Paix au Vietnam !"
Parce que enfin, enfin, j'ai mes opinions"
Les bonbons (version 67)
Jacques Brel
C'est décidé, à compter d'aujourd'hui, je deviens buticulamicrophile ou schoïnopentaxophile ou molubdotémophile ou cervalobélophile mais peut-être tégestophile ou vexillologiste ou fabophile... mais plus sûrement arctophile.... alors, bonne nuit !
Rédigé par : Marie | 16 juin 2010 à 21:19
Cela écrit, cela peut se lire dans bien des sens, votre affective remarque, cher hôte.
Imaginez que l'on peut aussi tourner cela en,
'à bien considérer ses fils, Sarkozy finirait par nous être sympathique...'
mais le raisonnement sous-jacent est tout ce qu'il y a de plus orthogonal...
AO
Rédigé par : oursivi | 16 juin 2010 à 20:00
"Fils de bourgeois Ou fils d'apôtres
Tous les enfants Sont comme les vôtres
Fils de César Ou fils de rien
Tous les enfants Sont comme le tien
Le même sourire Les mêmes larmes
Les mêmes alarmes Les mêmes soupirs
Fils de César Ou fils de rien
Tous les enfants Sont comme le tien
Ce n'est qu'après Longtemps après...)
« Fils de... ». Jacques Brel
Je vous engage á lire ou écouter la chanson en intégrale :
http://fr.lyrics-copy.com/jacques-brel/fils-de.htm
http://www.dailymotion.com/video/x337u0_jacques-brel-fils-de
Philippe, c’est très joli ce que vous dites là. Vraiment.
Quand même, je ne crois pas que vous allez pouvoir retenir votre plume parce que les fils de… sont comme vous dites qu’ils sont. Je n’y crois pas une seconde.
Mais je peux me tromper.
Rédigé par : [email protected] | 16 juin 2010 à 18:24
Monsieur l'Avocat général Bilger, comme vous avez appris récemment à aimer BHL, Minc et d'autres au travers de leur gentille progéniture, demanderiez-vous, lors d'un procès, leur acquittement même en présence de nombreuses preuves les accablant ?
Les Français devraient peut-être se rapprocher de la progéniture des ministres et des dirigeants de l'UMP pour se convertir au projet de réforme sur les retraites !
Rédigé par : LABOCA | 16 juin 2010 à 17:00
Rédigé par Monsieur Pierre-Antoine le 16 juin 2010 à 00:32
Est-ce une photo extraite de la serie des "oeuvres" d'"une artiste" danoise que vous faites apparaitre en deuxieme ?
Voila le lien que j'ai trouve
Danish artist dresses up her baby as Hitler, Stalin and Saddam to show 'the evil inside all of us'
http://www.dailymail.co.uk/news/worldnews/article-1258654/Danish-artist-dresses-baby-Hitler-Stalin-Saddamn-evil-inside-us.html
Bonne journee
Rédigé par : Valerie | 16 juin 2010 à 16:43
Collectif des enfants de pipoles (JDR)8:04
Junior, est ce que votre papa vous a autorisé à bloguer de si bon matin ?
JR ?
Le réquisitoire de Philippe sera sans appel, une fessée et au lit !
Pour une fois que justifierez par deux preuves chauffées à la main votre positionnement politique...
AO
Rédigé par : [email protected] | 16 juin 2010 à 16:07
"Les humeurs sont plus fortes que tout et nous cherchons à faire accroire que nous sommes de purs esprits alors que nous portons des corps trop présents et sommes victimes de sensibilités trop vives."
PB
Oui, on se croit rationnel alors que la plupart du temps sommes une somme d'instincts assez mal embouchés, moi le premier, et on se croit éveillé là où souvent ne sommes que dans un état de conscience peu éloigné du rêve.
Ceux qui savent faire le pont sont probablement les plus créatifs et transcendants d'entre nous.
Charles Beig est à peu près ce qui se fait de plus sinistrement suffisant, de plus méprisable, de plus factice, de plus tout ce qui insulte le plus à mes yeux*. Il suffit de taper son nom sur Google pour tomber sur des photos qui donnent déjà envie de gifler l'écran.
Par contre...
Raphael est à peu près ce qui se fait de plus intelligent, et de plus aimable sur les ondes françaises.
Il avait commencé par m'énerver sans même avoir montré le bout de son nez, quand un jour j'ouïs, chez Lapouge ou plutôt Antoine Perraud, cet écrivain travaillant au Sénat et dont le nom m'échappe, dire tout le bien qu'il en pensait dans le même temps qu'il disait pis que pendre de ce cher Guy Debord.
Plus tard - deux ans ? - je vis la trombine du beau Raphaël chez le ronflant Durand
dézinguer mon Guytou avant de se faire rattraper par la manche par Mâme Savigneau qui lui fit comprendre qu'il était encore un peu jeune pour donner son avis sur ce genre de mythe. Ensuite il alla crescendo dans la pertinence sur France Cul et commença à pleinement justifier les attentes qu'il avait suscitées chez, zut, comment s'appelle-t-il ce touche à tout poétique, notamment lors d'une interview toute en douceur mais sans concession du père Barre, de son prénom Raymond qui eut enchanté l'ami PB.
Depuis qu'il a lancé "ses nouveaux chemins"
disons-le sans ambages et sans précaution, c'est un feu d'artifice, Proust Sartre Freud Aron Socrate Platon pour ne citer que les plus récentes thématiques abordées, ont été magnifiées par la qualité des intervenants superbement mis en valeur par son intelligente bienveillance.
Comme quoi, les gens, nos a priori à leur endroit, pas besoin d'en avoir eu un contact concret pour se laisser infléchir, l'esprit le sait faire aussi**.
Mais... il y a forcément un peu d'affect là-dessous, on ne les détache jamais tout à fait, comme l'inné et l'acquis. Les bonnes notions qui voudraient mettre tout cela à plat, restent à inventer.
AO
* je suis complétement j'en peux plus, mais c'est absolument ça ne fait rien, comme disait l'ami Serge...
** j'aime ces tournures singulières
Rédigé par : oursivi | 16 juin 2010 à 14:10
Soyez certain que Bernard-Henry Lévy vous lit, cher PB … Sur le fond, je ne suis pas d'accord avec vous; on peut porter une contradiction intellectuelle ferme à une personne sans l'offenser ni encore moins offenser ses enfants. Au contraire, c'est de la saine bagarre … Puis, ce serait trop facile; ainsi on taperait sans scrupule sur Nicolas Sarkozy parce que son fils Jean ne serait pas très sympathique … Partant, on oublierait que son autre fils (j'ai oublié son prénom) l'est davantage, lui, qui ne se prend pas la grosse tête et fait et produit du rap même à Genevilliers. Ce que je ne comprendrais pas, par exemple, c'est si Antonin vous haïssait et méprisait parce que vous portez justement cette contradiction sans concession aux idées de son père. De même pour le fils de Minc … Je songerais davantage que les rencontrant suite à un différend intellectuel, une confrontation même violente, ces deux-là, impartiaux, vous diraient peut-être, au moins une fois voire deux même: «Bravo, monsieur, c'est vous qui avez raison à cet endroit; papa a tort ...» … Ce serait moins difficile qu'Albert Camus qui dans d'autres situations autrement tragiques fut mis dans ce dilemme qu'il résolut en choisissant sa mère plutôt que la Justice, en tout cas cette Justice soutenue par ces moyens aveugles et impitoyables. Antonin peut tout à fait aimer son père et lui donner tort avec vous; il n'y a là rien d'aberrant … L'inverse vaut naturellement également.
Sans transition
Le quidam dit à la quidam que même étant piètre mathématicien, il réussit à connaître approximativement son âge en posant l'équation selon les données qu'elle a fournies publiquement … Ainsi, si elle avait «un peu moins de vingt ans» début années soixante, il se dit que de soixante à dix aujourd'hui, il y a cinquante et que cinquante plus «un peu moins de vingt», mettons dix huit, cela fait soixante et huit … La quidam frôle donc aux 70 ans. C'est excellent et qu'elle n'en doute pas, ce n'est pas rien que le quidam vous dise félicitations! l'esprit aussi nerveux, tenace et combatif ne peut susciter chez lui que l'admiration. Il vous conseille donc de poursuivre dans cette voie de l'acharnement, de la baston des idées; on ne connaît rien de plus efficace pour demeurer entière et de ne pas, citant le poète, se contenter lamentablement «d'exister sans vivre» …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 16 juin 2010 à 11:53
Monsieur,
Etrange billet que celui-ci. On le penserait ambigu mais relu à la lumière de ce que avez laissé apparaître d'autres fois, il devient limpide. Côte ascendante ou descendante, c'est selon. Et c'est surtout selon l'humeur. Comme c'est toujours selon l'humeur que naissent les grandes amours ou les haines inexpiables. Je vais plus loin que vous dans la physiologie : je pense la vésicule biliaire responsable de bien des comportements.
Mais vous semblez dire, vous défiant de vos meilleurs penchants, qu'il vous faut réagir contre cette carte du Tendre dont vous suivez peut-être les tracés mieux que ne le font, envers vous ou entre eux, les d'Urfé et les Scudéry qui apparaissent parmi vos commentateurs.
Je ne vous suivrai pas sur ce chemin. Vous exercez une profession qui exclut tout recours à la sensiblerie. Moi qui ne suis pas entravé par les mêmes impératifs, je suis totalement pour la bénignité des discussions, même si elles s'animent comme pôles d'un aimant (ah, le verbe "aimer" !...) sans porter atteinte à la tenacité qu'on peut démontrer lors d'elles. Mais vous opposez avec justesse "idées" et "sentiments" qui ne sont pas antinomiques. Nous voici revenus à la dualité humaine, dont votre billet rend bien compte : le corps, la chair, supportent les variations de la sensibilité, affaire d'hypophyse sans doute. Le monde des idées nous est mécaniquement lui, inaccessible. Nous appréhendons ou non, c'est tout. Mais pourquoi s'opposer entre êtres faits de "leur" chair et de "leur" sensibilité ? Je choisis délibérément la primauté de la sensibilité sur la rudesse de l'idée brute.
Après tout, c'est cela le "menu" de la vie,que nous pouvons transformer en "carte" si nous en sommes capables.
J'apprécie tellement les instants de paix et de douceur: celui qui me permet de remercier Monsieur Savonarole pour cette belle citation de Céline.
Nous sommes dans un "huis clos" post-sartrien. Nous attendons qu'il s'achève. Nous pouvons "passer le temps" en attendant. Pour l'Amour de qui vous voudrez, qu'au moins cette attente ne soit pas trop indigne de ce que nous portons de meilleur en nous. Déposons les armes et pensons à la supplication de Péguy :"Mère, voici vos fils qui se sont tant battus..."
Rédigé par : Jean Reffait | 16 juin 2010 à 11:25
- Installez-vous, je vous en prie... Que puis-je pour vous ?
- J'aime trop les gens, je n'arrive plus à requérir de peine... Tenez, l'autre jour, j'ai croisé dans la salle d'audience le regard de la fille de l'assassin... j'avais les larmes aux yeux en voyant son regard mouillé !
- Et alors ?
- Eh bien, pour ce "serial killer", j'ai demandé son élargissement immédiat pour lui permettre de retrouver son enfant !..
- Vous êtes loin de la retraite ?
- Pas vraiment...
- Bon ! je pense que vous devriez tenir un blog, vous y défouler de toutes vos pulsions d'humanité, déverser tout le lait de la bonté humaine, et ainsi "jekyllisé", redevenir mister "Hyde" dans votre activité...
Ce sera 150 euros...
- Merci, Docteur, je me sens déjà soulagé !
(Sortant, apercevant le fils de Claire Chazal, change de trottoir...)
Rédigé par : sbriglia : chez le psy | 16 juin 2010 à 11:00
Cher Philippe Bilger,
Etes-vous certain qu'au salon du livre, il s'agissait de Charles Beigbeder, qui est un patron ? Ne serait-ce pas son frère Frédéric, l'écrivain ? La description que vous en faites me paraît mieux convenir.
Rédigé par : Florence | 16 juin 2010 à 09:54
"J'aime aussi cette idée, précisément, que les idées peuvent être vaincues par le coeur et dominées par le sentiment."
Si, de la victoire du coeur et des sentiments sur les idées, naît une idée, c'est que cette défaite des idées est au fond une victoire.
Et c'est tant mieux.
Car si le coeur et les sentiments peuvent être bons, ils peuvent aussi être mauvais, et heureusement que les idées sont là pour, tant bien que mal, les contrôler.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 16 juin 2010 à 08:27
Bonjour Philippe Bilger,
Il est vrai que nous n’existons qu’à travers le regard des autres. C’est ce regard qui nous guide, nous situe dans ce monde complexe où l’on a un peu tendance à se prendre pour le centre.
De même que nous ne considérons les autres qu’à travers le prisme de nos convictions, pour ne pas dire nos certitudes.
Mais au-delà des idées, parfois il nous arrive d’avoir de l’amitié ou à défaut de l’intérêt pour une personne que rien pourtant ne destinait à recevoir notre sympathie. Que ce soient ses idées bien sûr très différentes des nôtres, son attitude qui souvent nous agace... mais curieusement ces défauts qui nous insupportent chez les autres, nous les acceptons chez lui... ainsi en est-il de la nature humaine et de ses contradictions.
Rédigé par : Achille | 16 juin 2010 à 08:05
Petit papa Bilger,
Nous aussi on est gentils. Est-ce que tu veux bien venir jouer au Luxembourg avec moi, Zohra, je t'apprendrai à faire flotter ce satané voilier qui va toujours se coincer contre le bord du bassin. Maman ne sera pas là parce qu'elle souffre tellement à Strasbourg, pas une boutique Dior, que le H&M du centre commercial Carrefour, tu verras que bientôt tu en auras pitié.
Je vous soutiens à mort, Philippe, ne parlons pas de Papa, mais de moi tellement je suis jeune, tellement je suis humble, tellement j'ai tant à apprendre pour niaquer les blaireaux. Non, non, ce n'est pas Papa qui m'envoie pour que vous lui lâchiez la grappe sur ses mauvaises manières, vous pensez bien que c'est pas son genre de suborner le monde, non, vous êtes très sympathique, comme moi.
Je ne suis pas encore née mais je sens qu'on va très bien s'entendre vous et moi. Qu'est ce qu'il faisait chaud sous le voile de Maman à Téhéran ! Rien que pour cela, elle aurait dû s'abstenir. Je dois vous faire une confidence : si Maman n'a pas été très offensive avec le président iranien, c'est que la veille elle avait rencontré son grand fils charmant avec qui elle a passé une soirée formidable dans la version clandestine de chez Maxim's. Elle ne pouvait pas matraquer le père ensuite, vous comprenez ?
On ne se connaît pas encore mais je sens que c'est urgent. Je suis un veau. Pas français, non, espagnol. Je suis le fils du taureau que vous avez vu mourir dans les arènes de Nîmes. Moi c'est l'année prochaine. Mais d'ici là, on peut déjeuner chez Lipp, histoire de se détendre...
Vous faites comme vous voulez Philippe mais Papa m'a dit que copain ou non avec moi, ça ne l'empêchera pas, lui, de vous tacler sans scrupule, parce que c'est son métier de philosophe post-sartrien et qu'il ne sait faire que cela.
Rédigé par : Collectif des enfants de pipoles (JDR) | 16 juin 2010 à 08:04
"Ce matin-là, j'ai rencontré Bebert sur le trottoir... tant qu'il faut aimer quelque chose, on risque moins avec les enfants qu'avec les hommes, on a au moins l'excuse d'espérer qu'ils seront moins carnes que nous autres plus tard. On ne savait pas.
Sur sa face livide dansottait cet infini petit sourire d'affection pure que je n'ai jamais pu oublier. Une gaieté pour l'univers.
Peu d'êtres en ont encore un petit peu après les vingt ans passés de cette affection facile, celle des bêtes. Le monde n'est pas ce qu'on croyait ! Voilà tout !"...
( LFC - "Le Voyage")
Rédigé par : Savonarole | 16 juin 2010 à 07:45
Cher Philippe,
Beau billet, un peu de tendresse dans un monde de brutes, c'est beau un fils :
Parfois on aimerait qu'il ne grandisse pas.

Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 16 juin 2010 à 00:32
Comme disait Alain, et Platon avant lui, on ne pense correctement qu'avec son corps.
"S'asseoir, se lever, écrire, cela change les pensées. (...)
Apprendre à ne plus penser, c'est une partie, et non la moindre, de l'art de penser."
Rédigé par : Alex paulista | 16 juin 2010 à 00:17
Cher Philippe,
Ah... les ambivalences...
C'est de la faiblesse ou de la finesse ?
C'est un peu de régression, mais cela est tellement délicieux. C'est être humain et c'est aussi cela qui fait grandir... l'âme.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 15 juin 2010 à 22:57
C'est un bel aveu, M'sieur le Proc', que vous avez réussi à vous soutirer là. Mais vous en avez oublié quelques-uns. Il y a aussi vous-enfant, vous-adolescent, vous-jeune adulte... la chair dans votre chair. Je m'étais fait la réflexion à l'occasion de la polémique sur la mise en examen de Tintin. Que de dettes, vous devez être riche. Ça fait plaisir à entendre.
Rédigé par : Eric | 15 juin 2010 à 22:07
Et si vous pouviez aussi aimer Arsène Wenger, je vous assure que dans sa partie, c'est une sommité mondiale !!!!
Franchement, Minc, Beigbeder, Lévy, Enthoven, ça ne fera jamais valser Billancourt !!
Rédigé par : bruno | 15 juin 2010 à 21:36