Une question liminaire, par pure curiosité : pour l’affaire Woerth-Bettencourt largement entendue, devant les péripéties à la fois judiciaires et mélodramatiques qui nous sont chaque jour ostensiblement offertes, un dépaysement n’aurait-il pas été immédiatement et techniquement envisagé s’il ne s’était pas agi de ce procureur à Nanterre et de ce procureur général à Versailles ?
C’est dans la foulée d’un entretien avec un journaliste de l’AFP que cette interrogation m’est venue alors que mon sujet essentiel se veut tout autre.
Le combat des mots. Des mots de combat.
L’autorité de l’Etat ne s’use pas si l’on s’en sert. L’exercice effectif d’un pouvoir au quotidien non seulement ne dévalorise pas sa qualité mais lui donne, avec la patine du temps, une légitimité et une force qui rassurent le citoyen et représentent le visage expressif d’une République sûre d’elle.
En revanche – et ce sont évidemment les suites politiques des drames de Grenoble et du Loir-et-Cher qui permettent la meilleure analyse -, l’affirmation répétitive d’exigences, l’invocation fréquente de menaces, des poses affichées autoritaires, des coups de menton résolus mais auxquels on a fini par s’habituer, l’emploi d’un certain vocabulaire guerrier, l’espoir martelé d’un avenir forcément radieux, tout l’attirail d’un volontarisme perçu comme creux puisqu’il ne peut créer à lui seul ce que la réalité défait, ne font que proclamer une apparence : celle que le langage autorise. Ils mettent en œuvre, pour la forme, un simulacre d’action et espèrent persuader les citoyens qu’en nommant ce qui manque, on le fera advenir. Ainsi de l’autorité trop souvent bafouée de l’Etat, de la restauration trop souvent remise de l’ordre public, de la lutte contre la criminalité et les violences et de la mise au pas des communautarismes agressifs.
Les politiques, les ministres, par impuissance devant les imprévisibles et redoutables aléas de la vie collective et du creuset social, ne peuvent qu’en prendre acte, tenter au coup par coup d’en limiter les effets dévastateurs avant d’apaiser l’angoisse par des mots et de fabriquer une détermination par les injonctions qu’ils adressent, au nom de tous, à personne. A cette abstraction diffuse qui a causé le mal et qui est censée trembler devant la terrible férocité du langage !
Là où l’autorité de l’Etat gagne quand elle est prise au sérieux parce qu’elle appose sa marque à chaque fois que cela est opportun, elle perd, au contraire, quand, à force d’être exploitée sans s’incarner, elle devient une sorte d’épée de Damoclès qui non seulement ne fait plus peur mais est tournée en dérision tant elle pèse peu en face de qui s’en moque vraiment.
Il y a des périodes de l’Histoire où le langage, le style, les mots de la victoire quand la réalité, pourtant, n’est que désastre, ont du sens. Quand l’expression, étant la seule arme disponible, devient tout puisque l’adversaire dispose de la puissance et qu’on ne peut rien faire d’autre contre elle que la détruire par le verbe. Chacun, sans doute, a son exemple privilégié. D’Alexandre le Grand à Charles de Gaulle, en passant par Louis XI. Il y en aurait tant d’autres.
Aujourd’hui, ce qui offre son immense champ à l’action politique appelle, plutôt que le culte du verbe et des pétitions de principe, les entreprises d’une démocratie qui saurait se défendre vigoureusement sans se renier et pacifier une société bouleversée sans se compromettre. Pourquoi pas des mots, ensuite, pour nommer la réussite et qualifier les avancées ?
Mais une autorité de l’Etat qu’on invoque sans cesse pour consoler du réel est le signe clair d’une autorité défaillante et d’un Etat à la peine.
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Cher Philippe,
D'abord je veux dire que j'apprécie beaucoup votre blog, et je vous en remercie chaleureusement.
Cependant, l'autre jour vous vous êtes lamenté sur ce sondage au sujet des personnes les plus populaires en France. J'ai, comme vous, déploré les résultats, mais entretemps j'ai lu que ces 50 "personnalités" (ah les mots !) venaient d'une liste de 50 personnes prédéterminées par les sondeurs.
Alors ne désespérez pas.
Rédigé par : zed | 12 août 2010 à 05:05
Avez-vous remarqué combien ceux qui écrivent les discours sont désormais démunis ? Ils n'insistent plus depuis longtemps sur l'importance de faire.
Ils n'insistent même plus sur l'importance de promettre de faire.
Ils insistent désormais sur l'importance d'être crédible quand on promet de faire : http://blog.pnk.fr/post/2010/07/05/Pas-cr%C3%A9dible
Dans ces conditions, il est difficile de ne pas s'en tenir à ce qu'on dit.
Evidemment, on ne résout plus aucun problème, on ne fait plus rien qui ait un effet sur le monde physique, mais c'est électoralement secondaire.
Rédigé par : Atv' | 26 juillet 2010 à 15:52
@ Magic
Merci pour votre commentaire fort sympathique.
J'y suis d'autant plus sensible que je ne risque pas de prendre la grosse tête sur ce site, tant je suis surpassée par bon nombre d'intervenants dont la lecture est un véritable régal.
Je me pose ici parce que pour le coup, je ne suis pas totalement d'accord avec vous.
Les mots ont une efficacité redoutable en ce qu'ils préparent la psyché.
Une action est d'autant mieux acceptée qu'elle a été précédée d'intimidations ou d'avertissements.
À défaut, elle serait incomprise et perçue comme une injustice génératrice de ressentiment.
Je me rappelle qu'en 2005, M. Sarkozy ne cessait d'affirmer qu'il n'y aurait pas de morts au sein des rebelles de banlieue.
Ce discours avait l'avantage d'inciter la police à une extrême retenue mais également à préparer les esprits - pour le cas où il y aurait effectivement un mort - à la conclusion d'une simple bavure.
Compte tenu de l'ampleur et de l'ancrage des rebuffades - elles-mêmes précédées d'un conditionnement par les mots -, une minutieuse préparation s'impose.
Simple et stérile intimidation ou préalable nécessaire à tout passage à l'acte ?
Je n'en ai aucune idée mais je préfère que les esprits y soient préparés.
Rédigé par : Judith | 25 juillet 2010 à 15:00
Bonjour Philippe Bilger,
Vous nous parlez de combat des mots et des mots de combat. Or il semble que depuis quelque temps nous assistions surtout au combat des petites phrases assassines et des petites phrases qui alimentent la ou les rumeurs.
Ambiance délétère et même malsaine qui entretient un état d’esprit de plus en plus désastreux au sein de la population qui, en pleine période de crise économique, sociale et même morale, aurait besoin d’entendre des propos constructifs axés résolument vers un avenir en reconstruction avec des solutions fiables et non des propositions qui pêchent par leur fragilité.
Hélas les discours d’aujourd’hui ne sauraient être comparés avec les beaux discours des tribuns d’antan comme par exemple ceux de Mirabeau, Hugo ou bien sûr Jaurès.
Ce n’en sont que de pâles copies.
A noter que Jaurès est très en vogue en ce moment et tout le monde s’empresse de le citer à plus ou moins bon escient. Mais on se demande si ceux qui le citent comprennent vraiment le sens de ses messages.
Le marketing politique a définitivement tué le combat d’idées.
En fait la politique est devenue un métier et non plus une vocation.
Rédigé par : Achille | 25 juillet 2010 à 10:46
"Les politiques, les ministres, par impuissance devant les imprévisibles et redoutables aléas de la vie collective et du creuset social, ne peuvent qu’en prendre acte(...)"
Voilà, je crois que j'ai mis le doigt dessus, cette petite chose, ce détail qui nous met en désaccord, même si j'approuve tout le reste. C'est surtout le mot "aléa" qui me choque, parce que pour moi les poussées de violence de ces derniers jours ne doivent rien au hasard : elles sont le produit d'un mécanisme de violence sociale. Je ne sais plus qui a écrit que la tricherie du Capitalisme, c'est d'essayer de nous faire croire que la violence et la domination des faibles par les puissants est un état de Nature. Eh bien non, c'est une culture, et soigneusement entretenue, et elle ne doit rien au hasard, même si elle n'est pas encore une science exacte dans ses applications.
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 25 juillet 2010 à 10:13
Tout ce que vous dites est exact mais, hélas, s'applique à toutes les autorités : professorale, judiciaire, policière, religieuse... etc.
Rédigé par : mike | 25 juillet 2010 à 08:36
Monsieur Bilger,
Vous avez évidemment raison, et j’admire une fois de plus votre aptitude à dénoncer courageusement les graves travers de notre société avec une langue et un style qui feraient pâlir d’envie bien des écrivains.
Cependant, et au risque de me faire encore critiquer face à ce concert d’approbations, je me permettrai de poser quelques questions portant sur le plus important c’est-à-dire les raisons d’un tel état de fait.
- Ce problème des rodomontades n’est-il pas un problème général des responsables politiques, plutôt qu’un problème spécifique au pouvoir actuel ? J’ai le souvenir de quelques remarquables rodomontades de Présidents, Premiers ministres ou ministres de l’Intérieur du passé, de droite comme de gauche, qui ne dépareraient pas dans le tableau actuel.
- La mode est actuellement à l’expression de la détestation du pouvoir en place, lequel, c’est vrai, est loin d’être exempt de toutes critiques. Mais on verse dans la paranoïa, avec tous ses excès, quand je vois certains termes utilisés parfois dans les commentaires. Ne craignez-vous pas une telle dérive dans votre blog, dont une qualité essentielle jusqu’à présent était la modération ?
- Peut-être que, lors de leur expression, les rodomontades n’en étaient pas. Je m’explique: au départ, le responsable politique concerné désirait peut-être effectivement mettre en place avec fermeté les actions qu’il jugeait efficaces. Mais par la suite il n’a pas pu. Pourquoi ? Parce que, dans ce pays devenu quasiment ingouvernable, le pouvoir est de toute façon critiqué et barré dans son action quoi qu’il fasse. Ne pensez-vous pas que les acteurs principaux de ce frein sont les médias, qui amplifient à plaisir pour vendre du papier ou de l’audience ?
Hors sujet : pour ceux qui ne seraient pas allés récemment sur les commentaires du billet « Ironiques inégalités », je remercie ceux qui ont fait une réponse à mon commentaire et je viens de publier un nouveau commentaire en retour.
Rédigé par : Magic | 25 juillet 2010 à 01:58
Retiré de la lecture.
Un de mes derniers commentaires relatif à ce à quoi il faut penser toujours mais ne jamais en parler, comme la ligne bleue des Vosges avant 1914, a figuré sur ce blog puis a été retiré. J'écrivais que la chose me paraissait HELAS inéluctable. Il s'agissait de la guillotine. Au sens figuré.
Remplaçons-la si vous le voulez par la violence.
Elle est présente, de plus en plus présente, et la colère rentrée des gens (au sens que l'on entend en droit dans l'expression "le droit des gens") peut exploser à tout moment.
Serais-je donc "censuré" ?
Si oui, en quoi un tel propos viole-t-il la charte de bonne conduite sur le net ?
Ai-je effectué un appel à la révolte ?
Monsieur Bilger va certainement m'expliquer de quoi il retourne, car je voudrais bien en toute hypothèse ne pas être exclu de l'accès aux commentaires.
J'ai tant de bien à dire de ses propos, et un tel désir de louer encore la qualité de "l'oxygène cardio-cervical" qu'il apporte aux lecteurs.
En tout cas, si on vous dit que la route du fer est coupée et que nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts, comme nos politiciens en 1940, n'en croyez rien.
J'ai vécu la suite et pris les bombes allemandes sur la figure.
Les faits qui ont suivi ont ridiculisé
les coups de menton en politique.
Les "golden funambules " ne feront rien de mieux.
Rédigé par : Le coquillard | 25 juillet 2010 à 00:37
"un dépaysement n’aurait-il pas été immédiatement et techniquement envisagé s’il ne s’était pas agi de ce procureur à Nanterre et de ce procureur général à Versailles ?"
Là ou je me trouve je peux vous dire qu'on est drôlement "dépaysé" quand on apprend ce qui se passe en France....
C'est tout juste si j'ose dire que je suis français, je rase les murs et ne sors mon passeport qu'avec discrétion...
Si vous saviez ce qu'on pense de nous... de Nanterre ou de Versailles...
Rédigé par : Savonarole | 25 juillet 2010 à 00:29
@Philippe
La France (et les Français) se cherche un tribun.
Un tribun qui sache lui redonner le souffle qu'un Churchill sut insuffler à l'Angleterre. D'un de Gaulle qui... ça j'ose pas trop m'avancer sur ce terrain, il me sembla plus opportuniste que tribun dans ses discours.
Il faudrait à la France un tribun qui en ait... et je ne parle pas que des mots cette fois-ci...
En 2007, il m'a semblé qu'il y en avait un qui émergeait... mais il a eu raison de se référer à de Gaulle.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 24 juillet 2010 à 18:02
Merci de vos billets !
C'est incroyable qu'un magistrat aussi important que vous ait cette lucidité et liberté de ton.
Permettez-moi une remarque, vous écrivez de Gaulle avec un de sans majuscule, alors qu'il ne s'agit pas d'une particule, il faut écrire De Gaulle, il n'était pas noble.
L'histoire a transformé son De en de...
C'est tout à fait anecdotique quoique...
Continuez, surtout continuez !
Rédigé par : Abel Ambre | 24 juillet 2010 à 16:25
Nicolas et Marianne, 2012
-Une parole encore.
-Parole, parole, parole
-Ecoute-moi.
-Parole, parole, parole
-Je t'en prie.
-Parole, parole, parole
-Je te jure.
-Parole, parole, parole, parole, parole
encore des paroles que tu sèmes au vent
-Voilà mon destin te parler....
te parler comme la première fois.
-Encore des mots toujours des mots
les mêmes mots
-Comme j'aimerais que tu me comprennes.
-Rien que des mots
-Que tu m'écoutes au moins une fois.
-Des mots magiques des mots tactiques
qui sonnent faux
-Tu es mon rêve défendu.
-Oui, tellement faux
-Mon seul tourment et mon unique espérance.
-Rien ne t'arrête quand tu commences
Si tu savais comme j'ai envie
d'un peu de silence
-Tu es pour moi la seule musique...
qui fit danser les étoiles sur les dunes
-Caramels, bonbons et chocolats
...
Rédigé par : Alex paulista | 24 juillet 2010 à 15:27
Comment ? Dépayser une affaire qui se trouve entre les mains du si intègre Ingall-Montagnier ? Lui qui si longtemps a oeuvré à sa propre gloire en servant sur un plateau les meilleures affaires politiques controuvées pour nourrir les parfums de scandales aux basques des opposants du régime, laissant à d'autres, une fois parti vers d'autres sommets, le soin de conclure aux non-lieux discrets et indispensables ? Avec l'affaire Woerth-Bettencourt, il dispose d'un terrain d'exception dont vous voudriez priver le cher homme ? C'est vous qu'on va dépayser ! A moins que nous soyons tous dépaysés dans un pays qui ressemble de moins en moins au nôtre...
Une incantation ne fait pas une politique. Les rodomontades inlassablement répétées sur la sécurité, sur l'état de droit qui va revenir dans les quartiers, les Kärcher qui sont à sec ne constituent pas un projet politique cohérent. Il y a pourtant fort à faire pour renforcer la crédibilité de la force publique : l'autorité retrouvée doit exclure toute complaisance à l'égard de bavures ou de comportements incompatibles avec la mission d'ordre public. C'est une refonte de la formation mais aussi des rémunérations. Non, nous n'entendons que des coups de gueule, des menaces de cour d'école. L'administration est laissée à elle-même, sans projet véritable d'une politique de sécurité qui inclurait toutes les composantes sociales et associatives. Le discours se réduit à des slogans.
Dernièrement, nous avons atteint le degré zéro avec la stigmatisation des gitans. Un fait divers, une population désignée. Cela me rappelle les sorties télévisées de feu Omar Bongo, président du Gabon, qui, lors d'interventions interminables quand il avait trop bu, s'en prenait aux Français, aux commerçants libanais. Le lendemain, c'était pillage, justifié par le propos présidentiel.
C'est tout bonnement irresponsable.
La question n'est plus de savoir s'il y a un capitaine à la barre. Le capitaine continue de crier des ordres, mais il n'y a plus de gouvernail. Vendu, sans doute, à quelques amis.
Il faut noter l'absence depuis fort longtemps de discours programmatiques. Tout le discours gouvernemental est réduit à des réactions compulsives sans queue ni tête. Le pouvoir ne prend plus la peine de réfléchir, de construire des stratégies à long terme, de mettre en oeuvre des mécanismes complexes. Nous sommes en roue libre, les outils de l'autorité ne sont plus régis que par un unique objectif : RGPP. Les mots s'entrechoquent, se combattent eux-mêmes au lieu de faire sens dans un combat cohérent.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 24 juillet 2010 à 14:39
D'accord sur le dépaysement dans l'affaire Bettencourt-Woerth. Il est insensé qu'il n'ait pas été décidé.
Et d'accord sur le mauvais usage des mots fait par le pouvoir.
Cela avait mal commencé. On se rappelle les tirades du candidat sur le thème "je ne vous mentirai pas !". Dans le célèbre "paradoxe crétois", un Crétois affirme "tous les Crétois sont des menteurs", et la conclusion c'est qu'on ne peut donner aucun sens à ce qu'il dit. Quand un menteur, et nous sommes tous menteurs à des degrés divers pas seulement notre cher président, quand un menteur dit "je ne mens jamais", c'est comme s'il disait "je mens toujours", on ne peut donner aucun sens à ce qu'il dit.
Le reste est malheureusement à l'avenant.
Les mots sont trop souvent utilisés comme des armes. Ils ne sont alors plus là pour avoir un sens, pour chercher la vérité, aller vers elle, ils sont là pour occuper le terrain, pour s'imposer. C'est tout à fait inquiétant. Car en l'absence de sens il ne reste que le rapport de force
Ce qui manque, et encore une fois pas seulement au président de la République, c'est la foi, foi dans les mots, foi dans la parole, foi dans la vérité...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 24 juillet 2010 à 13:12
Hélas, excellente analyse.
J'ai longtemps cru que cette préférence pour les rodomontades, en remplacement de l'action, était due à la lâcheté de nos politiciens.
J'aurais maintenant tendance à l'attribuer à la bêtise : pour surmonter les désagréments immédiats de l'action, il faut être capable de la concevoir et d'en imaginer les bénéfices futurs. Je crois que cette capacité à se projeter au-delà du prochain journal de vingt heures pour autre chose que des manœuvres d'appareil est quasi-inexistante chez nos politiciens.
Cela vient de notre mode de sélection des dirigeants : notre système promeut les habiles, les renards, ceux qui sont doués pour la flatterie et pour repousser les problèmes afin de les laisser toujours plus gros à leurs successeurs.
Les lions, ceux qui prennent les problèmes à bras-le-corps, sont impitoyablement éliminés bien avant que d'arriver au pouvoir : trop rugueux, trop exigeants, trop emmerdants, on n'en veut pas. Regardez la carrière d'un Raymond Barre : gros succès d'estime mais jamais élu.
C'est pourquoi les principes importent : il faut que les principes d'une société soient suffisamment forts pour que les renards puissent s'appuyer dessus sans avoir à faire montre d'une force de caractère exceptionnelle.
Mais quand on a sapé par tous les moyens l'autorité et les règles (interdit d'interdire, CRS SS, l'enfant au centre du système, le délinquant victime de la société, etc.), il ne faut pas s'étonner que le renard refuse de faire usage de l'autorité, c'est bien trop dangereux.
Rédigé par : Franck Boizard | 24 juillet 2010 à 12:39
En somme, à force de crier au loup...
Rédigé par : bob | 24 juillet 2010 à 12:14