L'incendie est nourri chaque jour davantage. On se lève et on est à peu près persuadé qu'une nouvelle inconnue hier va défrayer la chronique d'aujourd'hui. Ainsi, 100 000 euros ont-ils été retirés de la banque Dexia au mois de décembre 2006, sans être mentionnés sur les carnets Bettencourt (Marianne 2, nouvelobs.com) ! On ne peut plus suivre. Ce qui est sûr, c'est que sur les plans judiciaire et politique, l'échauffement incroyable de ces dernières semaines appelle des interrogations, des craintes et des mises en garde.
D'abord la justice. Y a-t-il encore un pilote dans l'avion judiciaire ? Pour l'instant, il vole à mi-hauteur : on ne sait s'il va s'écraser ou rejoindre l'éther radieux ! Comment ne pas être frappé par cette tempête à l'infinie résonance médiatique qui met les problèmes procéduraux en première place dans le débat et fait s'affronter magistrats et anciens magistrats avec une violence jamais atteinte ?
Le procureur Philippe Courroye a ordonné trois enquêtes diligentées à bride abattue avec, il est vrai, les limites de ce type de procédure tant pour les perquisitions et d'éventuelles écoutes que pour opérer sur le plan international. A priori, "saucissonner" ainsi les vérifications peut ne pas apparaître techniquement comme la meilleure des méthodes mais Philippe Courroye nous a indiqué que pour l'instant il n'y avait aucune raison de saisir un juge d'instruction.
Je n'établis pas à son encontre une présomption d'étouffement programmé mais je ne suis pas naïf. Il me semble évident que si tout ou partie de ces enquêtes, à leur retour au bercail du parquet de Nanterre, n'aboutissait pas à l'ouverture d'une information, nous pourrions alors légitimement soupçonner Philippe Courroye de vouloir limiter, voire classer des investigations que l'instruction amplifierait dangereusement sur le plan politique. Vers Eric Woerth, voire le président de la République ? A condition qu'un juge d'instruction à la fois compétent et réellement indépendant soit désigné.
Pour l'instant, nous n'en sommes pas là. Les revendications très fortement connotées idéologiquement d'une "justice indépendante" (Mediapart) m'apparaissent actuellement trop pessimistes et partisanes. Je préfère m'en tenir à un combat solitaire qui se donne le droit d'être près du réel. Je comprends bien comment Philippe Courroye peut être tenté, entre sa relation privilégiée avec le président et sa détestation réciproque avec Isabelle Prevost-Desprez, de "garder la main" et de ne rien faire qui puisse être préjudiciable au premier. Je relève aussi que ce magistrat a protesté récemment avec hauteur contre les accusations de dépendance formulées à son encontre et je constate que son action, au vu et au su de tout le monde, ne pourrait plus se permettre d'être ostensiblement soumise.
Il est clair que l'ébullition hostile d'aujourd'hui est dangereuse pour la justice, parce qu'on peut craindre que les inimitiés personnelles fassent ou défassent les procédures plus que leur fiabilité technique et judiciaire. Les dossiers sont confisqués ou partagés selon des humeurs qui n'ont pas l'objectivité pour ressort. Quand Gérard Davet, dans Le Monde, permet à Philippe Courroye de plaider sa cause, ce dernier ne dissimule pas comme les antagonismes ont quitté le terrain judiciaire pour s'attacher aux personnes. A ce sujet - pour mettre un peu d'ironie dans ce sérieux -, je me suis amusé à voir cité le seul Yves Bot, haut magistrat et ami de Nicolas Sarkozy, comme garant de l'indépendance de Philippe Courroye !
Toujours dans Le Monde, le même Gérard Davet, dans un exercice d'équilibre, donne la parole à Eva Joly qui, libre de s'exprimer sans nuance et brutalement, traite Courroye de manière insultante, en donnant par ailleurs un point de vue technique pertinent. Présentée comme le magistrat ayant "sorti" l'affaire Elf alors que celle-ci n'a pu être terminée et jugée que grâce à l'action de Renaud Van Ruymbeke, Eva Joly met en cause l'orgueil puis la vanité de Philippe Courroye. Si notre "écologiste" est apte à débattre des modalités procédurales, je ne suis pas sûr que son comportement personnel, hier comme aujourd'hui, l'autorise à donner des leçons de morale et à critiquer des intimités. Courroye, orgueilleux de sa fonction, est-il par ailleurs vaniteux ? Je ne sais pas. De quel côté va-t-il tomber ? Du côté de ses intérêts ou de celui de nos attentes ? Attendons qu'il ait choisi sa pente avant de l'accabler. Je ne doute pas en tout cas que l'alternative soit claire dans son esprit.
Mais aussi la politique. Si on veut bien examiner la source de tout, à l'origine il y a une configuration où Eric Woerth est ministre du Budget et son épouse employée par la première contribuable de France. Cette situation en elle-même est inacceptable, que le ministre soit vertueux ou non. L'honnêteté n'oppose pas seulement le noir et le blanc, les attitudes limpides aux comportements délictuels. Elle refuse l'instauration de ces zones grises qui, même si on se croit plus fort qu'elles avec un sens moral développé, créent dans la réalité des mécanismes virtuellement menaçants et en tout cas peu compatibles avec la transparence et la rectitude de conditions professionnelles soumises à l'exemplarité. La conséquence en est que depuis des semaines, chacun y va de son couplet sur l'intégrité d'Eric Woerth, à commencer par lui-même. Il n'est pas un ministre qui ne "s'y colle"! D'abord c'est lassant. Ensuite l'affirmation tactiquement répétée d'une moralité, d'une intégrité a pour conséquence inévitable de semer le doute sur leur authenticité. A force de le défendre, ils l'enfoncent parce que, structurellement, dédaignant le poids démocratique des apparences, le ministre a manqué de prudence : ce constat, d'ailleurs, commence à être partagé par tous. Cette obligation de netteté n'est pas incompatible avec une véritable honnêteté. Elle permet seulement d'éviter que celle-ci puisse être tentée ou soupçonnée. Elle empêche la fonction politique, même confiante dans sa clarté, de sombrer dans une confusion qui en elle-même est scandaleuse. Il ne me viendrait pas à l'esprit de ne pas me déporter demain des assises, en dépit de ma certitude d'accomplir en conscience mon métier, si je connaissais si peu que ce soit l'accusé. J'entends la cohorte de ceux qui protestent contre la violation de la présomption d'innocence. Contre eux j'invoquerais d'abord, à la charge des politiques, l'obligation de respecter décence et prudence, quelle que soit la qualité de leur éthique. On ne joue pas avec la réalité. Elle vous rattrape si on la complique. Elle vous laisse sauf si on ne la trouble pas.
Mais quelle pétaudière, vraiment !
M. Banier n'est plus légataire universel de Mme Bettencourt.
Liliane Bettencourt, qui avait fait du photographe François-Marie Banier son légataire universel, a mis fin à cette disposition, a déclaré au "Monde" son avocat, Me Georges Kiejman.
"SON AVOCAT" ! SON TUTEUR PLUTOT !
ALLONS MADAME BETTENCOURT MERE, IL EST TEMPS QUE VOUS REJOIGNIEZ VOTRE FILLE ET LAISSEZ TOMBER TOUT CE MONDE !
Comme dit la chanson tant aimée de le première dame de France :
"Si je t'ai blessée si j'ai noirci ton passé viens pleurer au creux de mon épaule..."
Oui c'est ce que vous devez faire mais n'oubliez pas de dessaisir Maître Kiejman pendant qu'il est encore temps, avant qu'il ne déclare que vous avez perdu la raison !
Oui montrez-lui que vous l'avez toute entière votre raison avant qu'il ne soit trop tard.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 28 août 2010 à 23:30
@Véronique Raffeneau
"Ne pas punir ou faire semblant, je pense que nous savons aussi où cela nous a conduit."
En matière de sanction pénale nous avons trois possibilités : punir, ne pas punir ou punir pour l'exemple.
L'équité en matière de Justice exige que seule la première forme de sanction pénale soit personnalisée et appliquée proportionnellement au regard du délit.
Toute forme de résistance aux deux autres ne peut que renforcer ce sentiment indispensable à une justice à dimension humaine.
Dimension humaine qui prévaut (à mon humble avis) sur les procédures, les points, les virgules du Code Pénal, qui au-delà de la forme "légaliste et procédurale" doit s'appuyer sur l'esprit de la Loi.
Esprit de la Loi que le Conseil Constitutionnel a su rappeler vendredi 30/07 dans sa réponse sur la GàV.
Mais je suis sans illusion, le prochain texte sur la GàV sera, lui aussi, habilement détourné de son esprit par d'excellents procéduriers et enterré dans la forêt des jurisprudences.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 août 2010 à 21:39
Dans "l'affaire", l'assourdissant silence du Conseil Supérieur de la Magistrature me fait mal aux oreilles.
Rédigé par : freechandra | 01 août 2010 à 09:26
@ Pierre-Antoine
Euh, vous savez, il y a une phrase de Max Jacob que j'aime beaucoup à propos de son ami, grand maudit s'il en fut, Maurice Sachs :
"Mon Dieu, faites en sorte que je ne l'aime pas DE TROP" (c'est moi qui souligne de trop)
Dans le très général je pense que le code pénal, les procédures, les points, les virgules sont aussi faits pour rationaliser et mettre de la distance.
Par ailleurs, le texte fondateur qui structure dans ses lignes de force notre code pénal - "Des délits et des peines" de Cesare Beccaria - est précisément le texte qui a "inventé" la notion de proportion de la peine au regard du délit.
"Quand on punit un jeune pour l'exemple je frémis... Punir pour l'exemple ça me fait penser aux fusillés pour l'exemple de 14/18. Et on sait où cela a conduit."
Ne pas punir ou faire semblant, je pense que nous savons aussi où cela nous a conduit.
Le souci c'est quand le judiciaire ne se shoote qu’au juridisme, impression que me donne le procureur Courroye dont les analyses, dans leur forme, ne semblent être soutenues que par la logique et l'impératif du "juridiquement irréprochable".
C'est peut-être erroné de ma part, mais en gros je pense qu'il y a toujours dans les codes un paragraphe qui, d'une manière ou d'une autre, est susceptible de temporiser pour la forme une procédure discutable.
Exemple:
A lire le procureur Courroye une enquête très approfondie l'a amené a déclarer irrecevable la plainte de Françoise Bettencourt.
Mais au moment de motiver sa décision d'irrecevabilité, plutôt que de développer les éléments de son enquête qui le conduisent à cette décision, le procureur Courroye sort de son chapeau un argument de droit qui dit qu'une plainte pour abus de faiblesse ne peut pas être à l'initiative d'un tiers.
L’argument juridique est tellement convaincant qu’aussitôt fait aussitôt dit, nous voilà embarqués dans... une affaire d'Etat !
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 juillet 2010 à 10:10
@Véronique Raffeneau
Je parlais en général et non en particulier de l'absence de dimension humaine dans le code pénal.
Il traite de l'humain, mais on n'en tient pas compte, quand je lis des acharnements de procédure en dépit de toute considération humaine je m'inquiète. Quand j'entends qu'il y a des dossiers vides aux assises, je m'inquiète. Quand il y a condamnation sans preuve ni aveu je m'inquiète et je me dis, il n'y a pas de dimension humaine dans le code pénal.
Quand on punit un jeune pour l'exemple je frémis...
Punir pour l'exemple ça me fait penser aux fusillés pour l'exemple de 14/18. Et on sait où cela a conduit.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 24 juillet 2010 à 17:51
Je suis étonné que le procureur Courroye se refuse à saisir un juge des tutelles dans l'affaire Bettencourt, comme la loi le lui permet et compte tenu des doutes sur la capacité juridique de madame Liliane Bettencourt. Il s'agit de sa part d'une véritable obstruction au bon déroulement de la justice.
Rédigé par : Robert | 23 juillet 2010 à 23:05
@ Pierre-Antoine
En réalité mon intention n'était pas de dire, selon votre lecture, que le procureur Courroye n'a pas de coeur.
Ce qui m'animait était une réflexion plus générale au sujet du rôle et de la place d'un magistrat du Parquet.
Structurer l'action publique avec comme seul horizon la seule logique juridique et avec comme unique objectif que les initiatives, les actions et les procédures soient juridiquement inattaquables, m'apparaît insuffisant. Cela me fait l’impression d’une action publique retranchée et confinée dans une logique qui n’est que défensive.
Cette énergie essentiellement déployée sur le défensif, pourrait, en autres, expliquer pour moi la très étrange cécité du procureur Courroye qui lui fait considérer qu'être mentionné dans les enregistrements publiés est somme toute sans importance, sans incidence et sans conséquence pour l'action publique qu'il est censé conduire dans Bettencourt-Woerth.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 juillet 2010 à 07:44
@Véronique Raffeneau
Un ami magistrat (non issu de l'ENM) m'a demandé un jour pourquoi le CPP était rouge ?
Comme je l'ignorais, il me répondit "pour que les magistrats ne s'aperçoivent pas qu'on le leur a greffé à la place du coeur à l'ENM !"
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 22 juillet 2010 à 10:52
Bonjour M. Bilger,
Quelle modération, quelle pondération dans vos écrits !!! Ce qui n'empêche pas la justesse de vos propos et de votre analyse que je partage.
Pétaudière dites-vous ; encore et toujours cette modération...
Rédigé par : jean dominique alfonsi | 22 juillet 2010 à 10:19
Si vous le permettez, juste une réaction à l’entretien du procureur Courroye avec Le Figaro.
Extrait :
"Si le rôle d'un magistrat du parquet n'est pas d'abord de faire respecter le droit, alors quel est-il ?"
"On voudrait faire passer le parquet pour une institution servile qui n'appliquerait pas le droit mais des instructions aux mobiles politiques ou inavouables."
Ces phrases, bizarrement, me font une drôle d'impression.
Au-delà de "l'affaire".
Je pense qu'une fragilité du procureur Courroye tient dans sa vénération du droit comme seule théorie.
Celle qui fait du professionnel, sans aucun doute, un très bon juriste.
Mais lisant dans Le Figaro le procureur Courroye, je crains qu'il ne soit que cela : un fondamentaliste du droit.
Très honnêtement, je ne pense pas que cela soit suffisant pour faire de lui un bon magistrat de Parquet.
Tant mon impression est que le procureur Courroye avec sa seule obsession du juridiquement pur ne me semble pas être réellement à sa place dans le rôle d'un magistrat chargé de mettre en œuvre l'action publique. Tant son idéal professionnel m’apparaît être enclavé dans une sorte de désir de perfection théorique, à des années lumière de ce qui travaille et déchire en profondeur la société.
J'avais été très perplexe quand j'avais lu dans Le Monde concernant la transmission de ses rapports à "sa hiérarchie" sa seule réponse : "Juridiquement inattaquable".
Je peux comprendre que l'obsession du juridiquement pur anime les professionnels judiciaires.
Ma question est de me demander si cette obsession froide peut suffire quand il s'agit de mettre en œuvre et de conduire l'action publique.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 juillet 2010 à 08:20
Bonjour monsieur Bilger, pouvez-vous me dire s'il est possible, s'il me serait possible, en tant que citoyen simple moujik, de porter plainte contre Woerth en tant que ministre du budget pour négligence (ne pas avoir fait contrôler bettencourt et co.) et injustice fiscale illégale (remboursement de 30 M. à une fraudeuse). Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me répondre.
Rédigé par : gaspadyin | 20 juillet 2010 à 14:19
@ Irfan
10000 euros pour nous (en tout cas pour moi) c'est bien plus que 30 millions pour Mme Bettencourt.
Et comprenez-moi bien: je ne dis pas que ce n'est pas choquant, je suis profondément dégoûté par le gouvernement en place.
Je dis juste qu'une partie du pays, celle qui fascine notre président, vit dans la culture de l'entre-soi.
Dans ce contexte, les petits arrangements entre amis sont sincèrement appréhendés comme du "win-win" que tout le monde pratique, pas de la corruption.
Pourquoi, à votre avis, tant de gens payent pour mettre leur enfant en prépa à Ginette quand les prépas publiques sont équivalentes en résultats et en renommée ?
Pourquoi les membres du golf de Chantilly se cooptent ?
Principalement pour côtoyer un certain monde. Parce que la cooptation est, pour eux, la norme.
Comme peut l'être, pour d'autres, le fait de faire des ménages ou de payer le maçon au black.
Une petite vidéo amusante:
http://www.dailymotion.com/video/xcaq7j_tavais-qua-etre-dans-la-mafia_people
Rédigé par : Alex paulista | 19 juillet 2010 à 18:17
@Alex Paulista : "Je suis bien d'accord avec la phrase de conclusion de Surcouf: dès que nous pouvons, nous payons un petit travail ou quelques heures de ménage au black, enregistrons la radio ou regardons sur YouTube un clip au lieu d'acheter le disque...
Pourquoi nos représentants seraient-ils fondamentalement différents ?"
Êtes-vous sérieux ?! Je trouve cet argumentaire, repris régulièrement dans les commentaires du Figaro par exemple, assez hallucinant.
D'abord : enregistrer la radio ou regarder un clip sur Youtube n'est pas illégal. Et le travail au noir répond à des modalités souvent très différentes, par exemple en Lorraine à la mise en retraite anticipée des mineurs ; en région parisienne parfois au travail d'immigrés qui ont été faits illégaux par des lois durcies, etc.
Ensuite, vous ne voyez pas une différence entre un travail au noir, même jusqu'à 10 000€, et un échange de mauvais procédés qui pousse manifestement une partie de la classe politique à prendre la défense des intérêts de classe d'une portion très privilégiée des Français ? Un chèque de 30M à une vieille dame richissime qui ne s'acquitte même pas normalement de ses impôts, ce n'est pas choquant ?!
D'autant que dans l'affaire Woerth-Bettencourt, on ne reproche pas seulement le "coup de pouce" de monsieur à madame, mais un faisceau de preuves (haras, cession de domaine à des prix ridicules, dîners, maison en Suisse malgré les dénégations (http://www.tsr.ch/video/info/journal-19h30/#id=2259438), enregistrement, pressions policières sur la comptable, aide de l'Élysée à l'obtention de PV tronqués, rétention d'information par le procureur cité dans les écoutes et proche des personnes mises en cause...) de la concussion. On reproche aussi les mensonges répétés. On reproche aussi les attaques contre la démocratie, presse et justice. On reproche aussi l'impudeur de ces dirigeants. On reproche enfin la politique antisociale menée. Et je pourrais continuer longuement.
Enfin oui, nos représentants doivent être plus vertueux que nous, en théorie. Si ce n'est pas le cas, des textes de loi, et des textes de morale, nous disent que faire.
Vous pensez qu'au Royaume-Uni, en Suède, en Norvège, les citoyens ne téléchargent pas de musique piratée, ne font jamais appel à des personnes qu'ils rémunèrent "au noir" ?! Pourtant, dans ces pays, des dirigeants dans la situation des nôtres (sans même discuter du cas Hortefeux) auraient démissionné avec excuses publiques aux citoyens. Dans notre pays, ils qualifient la presse de "fasciste" !!! Ces mêmes dirigeants qui ont financé Minute, qui ont été formés par Occident, qui veulent des quotas d'arrestation et de reconduites à la frontière !!!
Je suis choqué que mes concitoyens ne le soient pas.
Rédigé par : Irfan | 19 juillet 2010 à 13:01
Comment qualifier un Etat, en période de crise, dirigé par un microcosme politique qui barbote jusqu'à la nausée dans une pétaudière ?
En tant que magistrat, ne pensez-vous pas que le pouvoir judiciaire devrait s'exprimer et agir enfin d'une manière claire et forte, afin de mettre fin à cette situation ?
Rédigé par : jean | 19 juillet 2010 à 08:29
@ Alex
"Et, non, je ne crois pas qu'on puisse demander aux citoyens de changer leur manière de penser le jour où ils acquièrent des responsabilités électives."
Il y a un moment, Alex, où le citoyen, celui qui fraude, celui qui ne fraude pas, a tout de même besoin de trouver un minimum de sens et de cohérence dans le discours politique.
Sans cela c'est à coup sûr un désintérêt et un mépris sans bornes qu'il finit par nourrir à l'encontre de la chose publique.
Une classe politique qui ne peut être selon vous qu’un miroir grossissant, qui de cette façon, par fatalité, ne pourrait que dupliquer de son plus bas niveau au plus haut, les mille et une malfaisances de la société, serait selon moi l'illustration d'un degré zéro meurtrier de toute volonté d'organisation sociale respirable.
Par ailleurs, dites-vous bien que la puissance publique quand elle poursuit des citoyens du quotidien ne prend JAMAIS les les détours et les contournements procéduraux que le procureur Courroye s'autorise à prendre dans le traitement judiciaire de cette affaire.
Pour reprendre le billet.
Ce que je déteste dans l'article du Monde donnant la parole au procureur Courroye est par exemple quand il se contente de dire que le fait de devoir informer sa (ses) hiérarchie(s) est juridiquement inattaquable.
Je pense que le procureur Courroye sait pertinemment la vraie destination de ses rapports qui détaillent ses enquêtes et qui développent sa stratégie judiciaire.
En tant que représentant de l'intérêt général qu'il ne manque pas de rappeler dans l'interview, il me semble qu'à ce titre il doit à la société la vérité et qu'il se doit de lui tenir un langage de vérité.
En sa qualité de procureur le fait d'informer sa hiérarchie est bien entendu juridiquement inattaquable.
Mais le procureur Courroye ne serait pas mort s'il avait fiabilisé son propos en faisant observer le fait que le conseiller à la Justice de l'Elysée était en réalité le leader de cette étrange patrouille aérienne chargée de traiter la plainte de Françoise Bettencourt.
Il ne serait pas mort en se démarquant quelque peu et en rappelant à ses concitoyens, dont il se définit comme l'avocat, que cette réalité s'oppose avec la défense de l’intérêt social qu'il se croit obligé de rappeler dans Le Monde.
Ce qui me déplaît fortement est le fait que le procureur Courroye ne sache pas dire publiquement que non, la défense de l'intérêt social ne se confond pas avec la défense des intérêts de l'exécutif.
Enfin, ce qui me heurte c'est aussi le fait qu'un procureur de la République reprenne à son compte dans une interview le discours du niveau des communicants à la Morano, Wauquiez, etc. en faisant valoir l'affaire Alègre à Toulouse.
Comme si la parole publique d’un procureur de la République devait, elle, se plomber dans des éléments de langage de ce si piètre niveau.
Sans compter l’insondable médiocrité si dangereuse qui a caractérisé le Parquet de Toulouse dans cette affaire que le procureur Courroye, par souci de loyauté intellectuelle, aurait dû rappeler.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 19 juillet 2010 à 07:24
@ Alex paulista
Vous m'avez mal compris je pense. Je ne demande pas aux citoyens de changer leur comportement une fois élus : chassez le naturel il revient au galop.
Je pense juste que l'exemple vient fortement de ceux qui nous représentent ; ainsi, le jour où la France d'en bas (comme disait Raffarin) aura le sentiment que les représentants de la nation sont irréprochables - "pour de vrai" hein... - et s'appliqueront à eux-mêmes les lois qu'ils font voter pour le tout-venant, alors peut-être ce jour-là les resquilleurs du dimanche s'inspireront-ils de ceux qui seront effectivement des modèles (nos politiciens actuels sont le contraire même de modèles) et amélioreront leurs pratiques quotidiennes (mais je rêve sans doute).
Aujourd'hui (en fait depuis quelques décades), quand on voit les pratiques de notre classe politique (tous partis confondus), on a tendance à penser qu'être honnête et vertueux, c'est être le dernier des idiots (naïfs?). Et c'est bien là où le bât blesse.
Rédigé par : bob | 18 juillet 2010 à 23:08
@ bob
Vous y allez un peu fort. L'optimisation fiscale n'est pas la spécialité de Mme Woerth, qui s'occupe d'optimisation financière tout court. Je doute que PdM prenne le risque de la mettre au courant des fraudes en cours.
Et, non, je ne crois pas qu'on puisse demander aux citoyens de changer leur manière de penser le jour où ils acquièrent des responsabilités électives.
Je le vis au quotidien au Brésil: certaines connaissances qui vivent d'agiotage non déclaré par échange de chèques antidatés sont les premiers à se lamenter de la corruption des élites. Je leur fais remarquer gentiment, et ils me disent comme vous que c'est différent bien sûr...
Je ne le crois pas.
Rédigé par : Alex paulista | 18 juillet 2010 à 22:46
@ Alex paulista,
Si pistonner sa femme - et le nier ensuite alors que l'évidence s'impose - à un poste dont l'objectif est la fraude fiscale ou, pour être gentil, l"optimisation fiscale" (i.e. respecter formellement la loi en en détournant l'esprit) fait de quelqu'un un "honnête homme", la définition d'honnêteté de notre président m'intéresse.
Et si, justement, le fait d'avoir des représentants - enfin - vertueux, probes et respectueux des lois (ce qui, convenons-en, est le minimum à attendre de qui représente le peuple) changeait le comportement de tout un chacun ? car, évidemment, quand le citoyen lambda voit les magouilles et autres arrangements avec la loi pour des dizaines de milliers d'euros que la "nomenklatura" s'autorise, ne se dit-il pas que lui, à sa petite échelle, aurait bien tort d'être plus royaliste que le roi ?
Pour faire bref, l'exemplarité doit, d'abord, venir des représentants du peuple.
Las, il y a belle lurette qu'en France nos élus ont perdu toute crédibilité en la matière. Qu'on ne s'étonne pas ensuite d'un taux d'abstention aux élections toujours plus fort.
Rédigé par : bob | 18 juillet 2010 à 20:55
Je suis bien d'accord avec la phrase de conclusion de Surcouf: dès que nous pouvons, nous payons un petit travail ou quelques heures de ménage au black, enregistrons la radio ou regardons sur YouTube un clip au lieu d'acheter le disque...
Pourquoi nos représentants seraient-ils fondamentalement différents ?
Éric Woerth a vraisemblablement placé sa femme à un poste juteux à 200000 euros par an. C'est moche.
Mais cette dernière a exactement la compétence requise et le salaire est similaire aux salaires pratiqués par Clymène.
C'est je crois cette nuance de taille qui fait dire au Président que son ministre est un honnête homme.
C'est pas comme confier une mission fictive à Boutin !
Rédigé par : Alex paulista | 18 juillet 2010 à 17:12
Après la "presse traditionnelle", prochaine victime collatérale de l'affaire Bettencourt/Woerth, la justice ? La pétaudière c'est peut-être ce qu'est en train de devenir devant nos yeux notre pays, non ?
Rédigé par : markhos | 18 juillet 2010 à 02:59
Félicitations M. Bilger.
J'attendais votre réaction sur cette "affaire"
Votre billet courageux ne m'a pas déçu.
J'apprécie particulièrement la pertinence de votre analyse "enveloppée" de toute la modération qu'exige votre fonction.
Exercice de style particulièrement difficile et réussi.
Rédigé par : Jacques BRAY | 18 juillet 2010 à 01:00
Une pétaudière? Certes, mais depuis déjà de trop nombreuses années!
Et au Budget, on n'en est pas au premier dérapage...
Qui se souvient d'un certain Pierre-Mathieu Duhamel, qui, de DG des douanes, partit pantoufler chez LVMH avant de revenir comme directeur du Budget à Bercy d'où il réorienta l'action de la Douane française pour lutter contre les contrefacteurs...
Rédigé par : Marc Fievet | 17 juillet 2010 à 22:30
Mais qu'on arrête de prendre les Français pour des idiots, cela devient franchement pénible.
Les juges et autres personnels de justice sont, pour l'immense majorité, totalement politisés et cela depuis des lustres, que ce soit avec ce président comme avec les autres. Les syndicats de la magistrature n'étant pas indépendant vis-à-vis de leurs idéologies sont pour moi totalement non crédibles.
Aussi, venir jouer les vierges effarouchées comme la dame Joly me semble d'un ridicule des plus énorme, une incongruité pour tout dire.
A lire les commentaires ici ou ailleurs tout irait pour le mieux si le juge était de gauche donc forcément indépendant du pouvoir.
Encore une fois arrêtez, messieurs et mesdames les donneurs de leçons, de prendre la population française pour ce qu'elle n'est pas.
En 2012 et dans les années qui suivront, la droite si elle perd se fera un malin plaisir de ressortir les affaires de la gauche, car forcément il y en a ou il y en aura comme à l'accoutumée.
On ne changera pas nos politiques car ils ne sont que ce que nous sommes, des Français avec le comportement qui va avec et qui nous colle à la peau.
Rédigé par : Surcouf | 17 juillet 2010 à 21:20
Chère CJ
Après le redressement, je pense qu'elle nous appartiendra à 55%.
Après avoir garé ma voiture ce matin dans la rue, j'ai vu comme souvent ici au Brésil un pauvre s'approcher et me proposer de "surveiller" ma voiture. J'ai accepté à contrecœur, comme tout le monde, par crainte de voir ma voiture rayée en représailles.
En lui donnant la pièce de 1 R$, je l'ai trouvé honnête finalement: il ne m'a pas demandé de caser sa compagne, ni de faire des chèques à des assoces bidons.
Rédigé par : Alex paulista | 17 juillet 2010 à 21:15
Encore bravo, Monsieur Bilger !
Considérant tout cela, on sent la clique présidentielle si proche du Berlusconisme. Si l'on mettait en évidence cette connivence franco-italienne, on verrait plus clair dans la pétaudière que vous évoquez si bien.
JM
Rédigé par : JM | 17 juillet 2010 à 18:41
@Choubidou
"produit par un juge d'instruction qui parallèlement, défendait les intérêts du Monde.
Oui, vraiment quelle pétaudière, chacun y va de son influence sur les indépendances.
Il y aurait donc des JI avec laisse et collier ?
La mainmise que l'on reproche aux politiques, les journalistes le font ? Ouille... Aïe... Quelle pétaudière !
Alors tant qu'à faire laissons instruire le Proc de Nanterre ; au moins on aura des raisons de soupçonner la mainmise de NS, après tout, il ne fait que ce que fait (tout) le Monde.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 17 juillet 2010 à 15:19
Pétaudière partout et tout le monde s'en fout !
15 ans d'impunité ça vaut combien ?
Mam vient de renouveler l'impunité à une personnalité que l'on retrouve dans la reprise du journal Le Monde, prise la main dans le sac dans une affaire financière qui lui a rapporté 30 MF au détriment d'une société du CAC40, mais qui avait échappé aux poursuites grâce à un non lieu de 8 lignes contenant 3 erreurs grossières, produit par un juge d'instruction qui parallèlement, défendait les intérêts du Monde.
IMPUNITE contre QUOI ou pour financer QUI ?
Sm, Usm, commission des lois de l'assemblée et du sénat, députés de l'opposition que l'on entend dans la presse en ce moment ont reçu les pièces.
Personne n’a demandé ni la démission de Mam ni la saisine du Csm
Pourquoi ?
Cette affaire est l'occasion UNIQUE de dénoncer
- l’instrumentalisation de la Justice par le pouvoir pour garantir l'impunité à une personnalité dans le but de sauver la presse et de manipuler l'opinion(?)
- l’existence au sein du pouvoir judiciaire d’une machine à enterrer prête à être utilisée, et que les gardes des sceaux entretiennent consciencieusement
Comme dirait Cohn-Bendit « C’est à la justice et aux journalistes de faire leur métier !"
J'attends, mais en vain !
Rédigé par : Choubidou | 17 juillet 2010 à 14:47
Imprudence de Woerth ? Personne ne lui avait dit qu'il ne fallait pas se faire prendre lorsqu'on commet un acte de corruption ? Quand le procureur fera-t-il mettre en garde à vue les présumés coupables, Mme et M. Woerth ? Il en va de sa crédibilité. Non ?
Une nuit de Chine, Nuit câline en GAV pour savoir si la fameuse "muraille de Chine" entre M. et Mme existait vraiment, comme l'affirme M. Woerth...
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 17 juillet 2010 à 14:44
Et que fait la police pendant ce temps ?
Elle prend exemple sur ceux qui jouent dans la cours des grands !
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/16/01016-20100716ARTFIG00562-plus-de-3100-policiers-sanctionnes-en-2009.php
Ce ne sont pas tous les policiers qui sont comme ça me direz-vous ?
Ce ne sont pas tous les riches et les politiques qui sont comme ça vous répondrai-je !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 17 juillet 2010 à 11:39
"A condition qu'un juge d'instruction à la fois compétent et réellement indépendant soit désigné" écrivez-vous et cette formulation donnerait à penser que vous doutez que l'on puisse en trouver dans la France d'aujourd'hui.
Cela est inquiétant car si la compétence de la grande majorité des juges serait difficilement à mettre en cause, c'est bien l'indépendance "réelle" qui vous tracasse ; je pense qu'elle pose question à tout le monde. Voyez nos aimables parlementaires qui préfèreraient une commission d'enquête pluraliste, pour être certains qu'un homme de Sarkozy ne viendrait pas tout masquer (car il est au départ évident que le coupable c'est lui).
Voilà longtemps que je m'interroge sur l'indépendance (ainsi d'ailleurs que sur la démocratie) et si j'ai l'espérance qu'elles puissent exister un jour, je n'ai pas la foi qu'elles soient réellement représentées aujourd'hui sauf par quelques saints.
Nous vivons à l'époque du soupçon permanent envers tout le monde : les politiques, les journalistes, les juges, les flics, les profs...
En revanche nous ne vivons pas à l'ère du doute, je parle du doute scientifique, du doute du journaliste qui s'assure par différentes sources de ses découvertes, du doute du juge d'instruction face aux déclarations, du doute du professeur sur la vérité des copies copiées-collées ou rédigées par un travail réel etc.
Pétaudière ou fausse route, pétaudière ou manque d'éducation ?
Inquiétant !
Et qu'importent les détails quand les fondamentaux font défaut.
Rédigé par : mike | 17 juillet 2010 à 11:05
Bravo pour votre prise de position courageuse autant que mesurée et donc nécessairement intelligente.
J'y ajouterai modestement que cette pétaudière, au-delà de l'attrait médiatique et "mondain" qu'elle peut présenter pour certains, doit nous attrister : elle induit une image lamentable du monde politique ("tous pourris") et judiciaire (les véritables rouages de cet univers qui effraie les justiciables seraient finalement les relations personnelles (Sarkozy/Courroye par exemple), les haines et les inimitiés (Courroye/Prévost-Desprez) plutôt que la recherche de la justice...?).
Nous n'en avions pas besoin...
Pour l'avocat que je suis, cette pétaudière m'attriste peut-être plus encore car j'y découvre que certains jettent en pâture sans retenue les conversations que leurs pairs ont pu avoir avec leurs clients... Le barreau de Paris réagit ; il a mis du temps à le faire et cela n'enlève rien à la gravité et à la dangerosité de ces comportements car le secret professionnel nous protège tous, tant avocat que citoyen...
Au-delà de ces quelques états d'âme, je me permets de vous réitérer mes plus vifs remerciements pour ce blog toujours enrichissant et réjouissant.
Rédigé par : Béatrice DUPUY | 17 juillet 2010 à 09:23
Je n'ai pas très bien compris l'éventail de possibilités qui s'ouvre à monsieur le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, à l'issue de la garde à vue de 36 heures des quatre proches de Liliane Bettencourt cités dans les enregistrements illégaux et que sont M. Banier, le gestionnaire de la fortune de la milliardaire Patrice de Maistre, ainsi que l’avocat Me Fabrice Goguel et le gérant de l’îlot d’Arros (Seychelles), Carlos Vejarano, qui étaient entendus depuis jeudi matin par les policiers de la Brigade financière (BF). Mais j'ai noté qu' une porte-parole du parquet, citée par Reuters, a simplement indiqué en soirée que « l'enquête se poursuivait ». Ils ne sont donc pas encore blanchis par cette garde à vue.
J'ai toutefois était étonnée d'entendre que :
1° L'Île d'Arros, cette caye de la république des Seychelles, aurait d'ores et déjà été cédée à François-Marie Banier. Ce qui m'étonne c'est ce conditionnel : 'aurait'. Comment, à l'issue des trente-six heures de garde à vue de ces quatre personnes, peut-on encore en être à employer le conditionnel à l'égard de ce simple fait : ce territoire est-il encore la propriété de Mme Bettencourt ou ce territoire est-il désormais la propriété de F-M Banier ??? C'est hallucinant. Il suffit simplement de demander la communication des titres de propriété aux uns et aux autres et de vérifier. La brigade financière doit tout de même avoir des possibilités à cet égard qui sont plus importantes que celle d'un notaire ou d'un particulier tout de même. Ce conditionnel est assez ahurissant !
2° L'avocat de l'un des gardés à vue a indiqué avoir pu s'entretenir ½ heure avec son client au début de la garde à vue mais qu'il s'agissait d'une simple visite de courtoisie ????
J'ai consulté les informations publiées par le Président de l’Association des Avocats pénalistes (cf. http://kridavocat.com.free.fr/association.htm ) qui explique ceci :
« vous avez la possibilité, dès le début de la garde à vue, de vous entretenir avec un Avocat.
Dès l’arrivée de votre Avocat, celui-ci est informé uniquement du motif de votre présence dans ces locaux. Il ne peut accéder à votre dossier, puisque la procédure n’en est qu’au stade de l’enquête ; il n’a aucun pouvoir de vous sortir de la garde à vue ; il ne doit rien vous remettre, ni n'a le droit de rentrer en contact avec vos proches. Il ne peut vous fournir aucune information relative à votre affaire, provenant de l’extérieur. Il ne peut faire état de l’entretien que vous avez eu avec lui à quiconque pendant la durée de la garde à vue.
Alors, à quoi sert-il, cet Avocat ?
A première vue, on pourrait croire en effet qu’il ne sert à rien, mais je peux vous prouver le contraire…
Pendant votre entretien d’une durée de 30 minutes, votre Avocat procède à ce qui suit :
Il vous informe du cadre juridique de votre garde à vue et :
- De vos droits en s'assurant auprès de vous si ceux-ci ont été respectés, notamment l’avis à la famille et l’examen par un médecin, (la fouille intra corporelle des parties intimes de l'individu ne peut en effet être pratiquée que par un médecin : art. 63-5 du Code de procédure pénale : « Article 63-5 Créé par Loi n°2000-516 du 15 juin 2000 - art. 6 JORF 16 juin 2000 en vigueur le 1er janvier 2001 : Lorsqu'il est indispensable pour les nécessités de l'enquête de procéder à des investigations corporelles internes sur une personne gardée à vue, celles-ci ne peuvent être réalisées que par un médecin requis à cet effet. », et contrairement donc à tous les fantasmes mis en scène par les séries policières des deux côtés de l'Atlantique). Accessoirement, si ce médecin est un gynécologue ou un proctologue l'examen clinique peut servir à déceler quelque éventuel problème de santé et en informer la personne (mais pas la police !! A moins que des précautions s'imposent dans le cas d'une femme enceinte et avec son accord.) Du moins j'imagine (??!).
- De la date, du lieu et des conditions de votre interpellation
- Si vous avez été avisé des faits qui vous sont reprochés
- Il vous informe de la nature juridique de l‘infraction reprochée
- De la durée maximum de votre garde à vue
- Des techniques de réponses lors des interrogatoires
- Vérifie que vous avez bénéficié d'un temps de repos entre les interrogatoires
- Vous explique comment lire et signer les procès-verbaux d’interrogatoires vous concernant
- Que l'avocat peut faire des observations écrites qui seront jointes à votre procédure
- Vous fournir toute explication sur les suites qui peuvent être données à la mesure de garde à vue
La Présentation à l’issue de la garde à vue au procureur de la République :
Cette présentation pourra aboutir à trois solutions :
Soit remise en liberté avec convocation ultérieure
Soit comparution immédiate devant le Tribunal correctionnel, présentation devant le juge de la liberté et de la détention
Soit ouverture d’une information et présentation devant un juge d’instruction pour une mise en examen et devant le JLD pour un éventuel placement en détention provisoire.
Contrairement à certaines idées reçues, l’Avocat est indispensable pendant la garde à vue. (Extrait de :
http://kridavocat.com.free.fr/avocat%20et%20garde%20a%20vue.htm
Rédigé par : Catherine JACOB | 17 juillet 2010 à 09:21
Pour cette affaire, je me range depuis le début du côté de ceux qui pensent qu'il est indispensable qu'un juge d'instruction soit très rapidement nommé.
A mon avis l'enjeu primordial se situait bien plus dans cette exigence que dans les imprécations de toutes sortes réclamant à tort et à travers la démission du ministre du Travail.
Mais si je dis ma vérité en entier, il ne faut surtout pas que ce juge d'instruction soit dans le genre d'Eva Joly, inutilement violente dans l'entretien du Monde.
Parce qu'alors là, nous aurions un des pires juges imaginables en matière d'instruction. Et à lire Eva Joly on se surprend soudainement à penser que, ben finalement, le projet de suppression du juge d'instruction est peut-être bien fondé...
Nous - la société - avons besoin de juges suffisamment construits, solides, fiables et sereins pour mettre à jour l'ensemble des éléments en vue d'établir la vérité et les vérités.
A mon avis une tonalité genre Renaud Van Ruymbeke serait de nature à apaiser les choses.
Et l'idée que je me fais de l'administration de la justice serait de cette façon au moins préservée et sauve.
Ce qui est très loin d'être négligeable si j'en crois l'épuisement de l'institution judiciaire que cette affaire, avec d'autres, donne à voir.
Vous avez totalement raison d'insister dans ce billet sur le ressort humain qui, à mon avis, concernant le procureur Courroye, sera déterminant pour la suite de ce grand roman de l'été.
D'un point de vue procédural je pense que dans la configuration actuelle des pratiques pénales habituelles, la nomination d'un juge d'instruction permettrait de "régulariser" une situation qui apparaît de plus en plus anormale.
Et d'un point de vue politique cela me semble totalement nécessaire.
Je crois qu'au delà de l'homme privé Philippe Courroye, la situation actuelle n'est simplement plus tenable pour le magistrat Philippe Courroye.
Je ne suis pas du tout gênée par les relations d'amitié que le procureur Courroye entretient avec le président de la République.
Mais je pense profondément que l'intérêt général et social qu'il a l'obligation de défendre avant et à l'exclusion de toute autre forme de considération lui commande de passer la main.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 17 juillet 2010 à 06:12
Eva Joly a été invitée par @SI dans une émission au cours de laquelle je l'ai trouvée brillante, pédagogue, patiente : parfaite. Pourtant le peu que je connaissais d'elle ne me la rendait pas particulièrement sympathique de prime abord (c'est l'avantage et l'inconvénient de la jeunesse peut-être). Ses arguments font mouche, et notamment le meilleur en faveur d'un juge d'instruction me semble-t-il : il peut enquêter ailleurs qu'en France, donc sur la fraude fiscale. Elle est aussi très critique des chefs d'accusation (pas sûr du terme) du procureur Courroye.
Vous pouvez voir l'émission, accessible même aux non-abonnés, ici : http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3201. Mais je suppose que vous qui avez été invité êtes abonné !
D'ailleurs j'ai beaucoup apprécié votre passage dans l'émission avec Pascale Robert-Diard et Eolas, vous écouter est un délice.
Pour le reste, les preuves s'accumulent :
- Mme Woerth démissionne
- M. Woerth démissionne d'un de ses postes
- l'affaire des haras de Mme Woerth
- la cession d'un domaine à un ami pour un prix ridicule par rapport au marché
- la décoration de Banier
- les Français exilés en Suisse pour raison fiscale qui ont financé l'UMP, photos avec immenses sourires de Woerth et Devedjian, et qui se sont sentis lâchés par elle et maintenant balancent tout
- le micro-parti de Woerth et les financiers de la City
(même mon maire Gilles Carrez a un micro-parti, je suis déçu, je ne l'appréciais pas mais le pensais intègre et honnête, bref, "bonne droite" - un peu comme vous - et maintenant je n'ai plus que vous comme exemple connu de "type de droite mais bien")
L'UMP et le gouvernement de leur côté ont comme réponses :
- tout ça c'est que des menteries (calomnie, ou bien "c'est faux" répété 4 fois sans argumentation, etc.)
- il y a des officines trotsko-fascistes qui tirent les fils !
- franchement, on a des têtes de méchants nous ? Et Woerth, regardez, on dirait un bête comptable !
- oui bon, on fait des trucs crades, mais pour certains d'entre eux ils sont légaux !
- tiens, les gens qu'on nomme, si on leur pose des questions simplistes et qu'on leur donne 10 jours pour enquêter avant d'y répondre, ils disent qu'on ne semble pas si malhonnêtes, c'est la preuve qu'on n'a rien fait du tout !
- en plus c'est pas des sommes tellement énormes !
- et puis dans le privé on pourrait palper plus !! (un classique celui-là, défendu par Sarko et Morano par exemple)
- ouais bah Mitterrand il faisait des trucs pas bien, d'abord
- arrêtez de nous parler de tout cela, en parler fait le jeu du FN !
Et, tout en haut, le grand chef ment effrontément : Woerth est "blanchi" et "l'honnêteté même" ; Courroye est un "juge indépendant" ; les faits avérés sont des "calomnies" ; etc. Enfin ce ne sont pas les seuls mensonges, puisque les Allemands seront heureux d'apprendre l'existence de leur bouclier fiscal en écoutant notre Président, et les Suédois la faiblesse de leurs impôts, et tous les économistes la logique de l'automaticité du relèvement de l'âge légal de départ à la retraite (les annuités, ça ne lui dit rien ?). Et la liste pourrait continuer... Je ne mentionne pas le peu de cas que l'homme a pour la fonction présidentielle, parfois "métier", parfois "travail", parfois même "job". Marianne !!
On est quand même tombés bien bas... enfin sans vouloir faire le malin, "je le savais" et j'ai pleuré le 6 mai 2007, puis régulièrement depuis.
Il y aurait tant à dire... il n'y a plus qu'à se taire. Ce gouvernement est haïssable, et son appétence particulière pour le mensonge est un de ses pires traits. Et c'est contagieux... (voir Le Figaro -qui refuse des commentaires pourtant respectant totalement sa charte, mais critiquant nettement l'UMP ; Europe 1, TF1, LCI qui mentent régulièrement ou oublient de nombreuses avancées sur cette affaire...).
Rédigé par : Irfan | 17 juillet 2010 à 04:08
Vous avez dit "pétaudière" ? Quelle indulgence, Monsieur Bilger ! Cela me rappelle un film dont les dialogues étaient signés Audiard et dans lequel un politique qualifiait de "souciant" des circonstances identiques (j'ai oublié le titre du film). Ce dont je me souviens, c'est que l'acteur répondant au ministre, incarné je crois par Robert Dalban, disait : "souciant, monsieur le Ministre ? non, c'est la merde !"
Le Général aurait parlé de chienlit, à présent c'est carrément le bordel !
Mais vous êtes trop poli pour parler ainsi, et vous avez raison, si vous ne le dites point il faut quand même que des représentants de la société civile le disent.
Vous avez dit l'équivalent de façon philosophique, merci encore.
Rédigé par : ROUTA VILLANOVA | 17 juillet 2010 à 02:51
Pétaudière peut-être, mais pétaudière cinq étoiles. On attend la suite avec gourmandise. M. Philippe Courroye enquête sur des soupçons de fraude fiscale. Connaît-il seulement le B.A. BA du droit fiscal ? Mme Bettencourt a déclaré, bien avant que ce procureur ne se rue sur l'affaire, qu'elle se mettait en conformité avec les impôts. Tout contribuable a trois ans pour faire une déclaration rectificative de son plein gré, c'est-à-dire avant que les services fiscaux ou judiciaires ne s'aperçoivent d'une fraude. M. Courroye enquête donc sur un délit qui n'existe plus et nous aurons donc bientôt un joli non-lieu.
Il a bien raison de ne pas déranger un juge d'instruction pour si peu, il connaît le résultat inéluctable, en l'état du droit, il n'y a pas de fraude fiscale. Agitation stérile.
Nous sommes visiblement moins pressés pour le financement politique. Où l'on apprend qu'une galaxie de micro-partis abondent l'UMP en pépettes, en toute légalité, Monsieur, hé, ho, nous sommes honorables ! Qui va chercher ses enveloppes chez L'Oréal, qui va à Londres, qui en Suisse, ah, on sait où le trouver le pognon.
Je crée illico l'UFCPB (Union pour le Financement des Commentateurs de Philippe Bilger), oui désolé Philippe, je vais d'abord penser à moi, j'ai des échéances. J'invite mes collègues à créer sans tarder les partis nécessaires à cette noble cause républicaine que constitue notre enrichissement, l'Union Dingligli, le Parti Aïsso-Ledunien (je vous fusionne, les gars, ne m'en veuillez pas), le Mouvement des Brèves de Catherine Jacob et autres Fondation Sbriglia indispensables. Et on ratisse. Je pars demain en Bretagne, je vais commencer par plumer le Bolloré local de Pornic, trois chèques s'il vous plaît, un à l'ordre de qui vous savez, le deuxième pour qui vous imaginez, le troisième à l'ordre d'une banque suisse, le tout encaissé au Honduras et viré pour moitié au Liechtenstein, l'autre moitié sur une banque portugaise à Tanger. En insistant bien, nous pourrions être mis en garde à vue dans la même cellule que MM. de Maistre ou Banier, il n'y a pas de raison que ce soit toujours les mêmes qui en profitent.
Il y a des choses qui nous échappaient. Tenez, je ne me représentais pas à quel point l'amélioration de la race chevaline était devenue une cause prioritaire pour le pays au point que la désignation d'un Ministre des Courses Hippiques en la personne d'Eric Woerth était devenue nécessaire. Nous, on pense encore au chômage, à la crise économique et autres billevesées de ce genre, sommes-nous sots ! Le turf, bon sang, le turf ! Rien ne semble plus important que d'acheter des bourrins, de vendre à vil prix des hippodromes dans une forêt classée, elle est là l'urgence ! Comment ? Faire démissionner un ministre avant le Prix de Diane ? Vous n'y pensez pas, mauvais Français !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 juillet 2010 à 01:03
@ bob
Et le siège de l'ONF va être délocalisé à... Compiègne.
Rédigé par : Alex paulista | 17 juillet 2010 à 00:09
Jean T. et Charlie P. menaçaient de "faire sauter la République" si on fouinait trop dans leurs (sales) affaires, celle-ci, d'affaire - "pétaudière" lui convient parfaitement -, est en train de s'en charger.
Tant mieux. Il était temps ! tant notre République est malade.
Cette année, c'est deux mois de feu d'artifice. Chouette.
Rédigé par : bob | 16 juillet 2010 à 23:23
En complément du commentaire d'Alex paulista, savez-vous qui est à la tête de l'ONF, depuis janvier 2010, en tant que président du Conseil d’administration ?
Indice 1 : en plus d'être député, il est aussi (en plus) président du conseil général de Savoie (où il faut croire qu'il s'ennuyait).
Indice 2 : ce poste est une nomination, par décret du roi... euh, du président de la République.
Hervé Gaymard. Vous vous souvenez, celui du scandale du duplex aménagé à grand frais par la République, si généreuse envers ses puissants enfants.
Décidément, le tableau de la République irréprochable est ébouriffant de cynisme.
Rédigé par : bob | 16 juillet 2010 à 22:37
Depuis quelques semaines, on ne regarde plus de la même manière les chauves à lunettes à la gueule premier de la classe. Il y aura un avant et après Eric Woerth et sa tronche de propre sur lui. On nous a bassiné avec son image d'honnête homme avec le sentiment malaisé si on réfléchissait un peu que la société française est construite sur des images symboliques. Donc Eric Woerth avait le faciès d'honnête homme, toujours sérieux, vous savez une caricature qui sert les politiques. Puis on creuse un peu et on se risque à l'imaginer chez Liliane Bettencourt recevant une enveloppe en kraft bourrée de billets. On regardera autrement Eric Woerth et les autres en décidant une bonne fois pour toutes de ne plus s'attacher aux images. Alors peut-être la chose politique prendra le chemin de la maturité. Et demain on pourra désigner des élus différents éloignés de ce cliché "homme blanc 50 ans chauve à lunettes".
Rédigé par : SR | 16 juillet 2010 à 22:21
Tout devient effectivement affaire et affrontement d'ego débridés, à partir du moment où s'effondrent les régulations et les normalisations institutionnelles des comportements au nom du droit de chacun à exprimer "librement" sa subjectivité, en faisant fi de toute discipline collective... Problème : le billet précédent justifiait le "droit" du membre d'une institution à s'abstraire de toute discipline institutionnelle, en illustrant la difficulté que rencontrent aujourd'hui toutes les institutions à socialiser leurs membres, et ce au moment où l'on parle de plus en plus et un peu partout de déontologie... sans doute parce que l'on parle d'autant plus d'une chose lorsqu'elle a moins d'existence...
Rédigé par : Guzet | 16 juillet 2010 à 21:57
Encore une pique contre Eva Joly ?
Faites une psychanalyse, il n'est pas trop tard !
De plus, le juge Courroye ne tombera ni du côté de sa vanité, ni de ce que vous nommez "nos" ou "vos" attentes. Mais du côté de la loi, de la justice. Rien de plus.
Rédigé par : patrons-voyous | 16 juillet 2010 à 21:49
Il n'est plus possible de rétablir l'ordre au TGI de Nanterre puisque Nicolas Sarkozy a fait le choix de s'opposer à l'ordre recherché par le conseil supérieur de la magistrature lorsque celui-ci fit part de son avis défavorable à la désignation de Philippe Courroye comme procureur à Nanterre.
Si Sarkozy avait privilégié l'intérêt général défendu par ledit conseil, on n'en serait pas là.
Monsieur l'Avocat général Bilger est naïf pour penser que Courroye répondra aux attentes de tous ceux qui ont soif de justice des hommes. Si Sarkozy est au nombre de ses amis, Courroye privilégiera les intérêts de Sarkozy.
Courroye sait bien qu'il a été nommé à Nanterre contre l'avis du conseil supérieur de la magistrature. Il doit donc quelque chose à Sarkozy.
Ce que Courroye va faire, c'est donner l'impression qu'il est indépendant, qu'il n'écoute que sa conscience. Les investigations qu'il a ordonnées ces trois ou derniers jours sont destinées à faire croire aux observateurs qu'il travaille. Mais, ensuite, il cherchera à tout bloquer.
Courroye en tant qu'être humain est libre de faire ce qu'il veut. Ce qu’on redoute, c'est que ce qu'il fait fasse tâche d'huile, et qu'il serve de référence à ceux qui, demain, vont embrasser le métier de procureur.
Il faut songer qu'actuellement il y a probablement des stagiaires au parquet de Nanterre. Comment travailleront demain ces stagiaires, aujourd'hui à l'école Courroye?
Des gens comme Courroye sont-ils entrés dans la magistrature parce que les magistrats sont bien payés et jouissent d'un prestige important au sein de la société ou parce qu'il voulait vivre la magistrature comme un sacerdoce?
Permettez-moi de douter que Courroye soit un magistrat passionné. Ce que j'apprends de lui en regardant la télé ou en lisant la presse m'amène à penser qu'il n'est pas digne de confiance.
Actuellement, il y a beaucoup trop d'usurpateurs en France.
En disant cela, je ne vise nullement Courroye.
Je veux seulement marquer que, dans tous les domaines de la vie sociale (politique, administration, affaires, magistrature, barreau, prêtrise, sports, presse, etc.), on trouve de plus en plus des usurpateurs, c'est-à-dire des gens indignes des fonctions que la société leur a confiées.
Je suis assez d'accord avec Monsieur l'Avocat général Bilger pour dire que c'est à tort que les gens de l'UMP croient rendre service à Eric Woerth en ne lui trouvant que des qualités.
Je suis de ceux qui pensent au contraire que Woerth n'a pas de qualités, sinon il se serait vite rendu compte de la situation de conflit d'intérêt où il s'était mis à l'époque où il était ministre du budget. Un jeune étudiant sorti fraîchement d'une faculté de droit ou d'une école de commerce et de gestion aurait facilement évité cette situation. Qu'un type ayant antérieurement exercé le métier d'auditeur ou de contrôleur de gestion ait commis une erreur de cette importance est la preuve qu'il ne possède pas les qualités qu'on veut lui trouver.
Je ne veux vraiment pas faire de fixation sur Woerth. Simplement, j'ai mal au ventre chaque fois que j'entends des gens le vanter, il est vrai complaisamment.
L'UMP, Sarkozy et Fillon ne doivent jamais penser que Woerth est la personne la plus intéressante au sein de la droite pour faire cette réforme, si nécessaire, des retraites. Ils doivent au contraire le mettre au placard ou le renvoyer pour mieux préparer la présidentielle de 2012.
Rédigé par : LABOCA | 16 juillet 2010 à 21:19
Oui c'est la pétaudière.
Une surenchère permanente dont l'aboutissement probable ne me dit rien qui vaille.
Demandez à un huissier l'état d'esprit actuel des gens qu'il poursuit, demandez à un Administrateur ou à un liquidateur le comportement de ses débiteurs, cela se résume un mot et une image: la déresponsabilisation pour le premier, un majeur insolent pour la seconde.
Comment voulez-vous qu'une personne (physique ou morale) qui rencontre actuellement des difficultés financières ne se sente pas elle-même autorisée à abuser, à frauder, à mettre ses actifs à l'abri ?
Comment voulez-vous que cette même personne accepte sans sourciller d'être réprimandée ?
Et cette fichue notion de justice qui nous appelle une fois de plus à niveler vers le bas. Tout comme dans l'affaire Kerviel, "faites tomber celui qui est au-dessus de moi et j'apprécierai ensuite si je vous autorise à balayer devant ma porte".
Cette chienlit vomit de la frustration et, en exutoire, légitime l'illégitimité.
Le financement occulte des partis et les accointances entre le monde et l'argent sont des secrets de polichinelle.
Polichinelle vient d'être érigé en martyr et nous voici subitement devenus un peuple d'opprimés.
Les symboles mêmes de l'autorité que sont le Pouvoir et la Justice sont décrédibilisés.
Or je pense vraiment que ce n'était pas le bon moment.
Ce n'était pas le bon moment parce que le monde entier nous regarde, nous qui nous grattons encore la tête pour résoudre l'équation démographique alors que tous les autres élèves ont déjà remis leur copie.
Même en Grèce où un scandale digne de ce nom a éclaté, le peuple a bon gré mal gré accepté la rigueur.
Nous donnons à notre peuple une raison légitime de la refuser.
Si tel devait être le cas, je ne donne pas cher de la peau française.
Les procédures collectives sont mon quotidien.
Autant dire que la peau française, je m'en nourris (aïe, ça me rend moins candide d'un coup).
Tout cela pour un secret de Polichinelle ?
Il faut bien purger me direz-vous (les vices hein, pas les entreprises).
Certes, mais on a découvert que la saignée pratiquée sur un corps trop faible achevait plus qu'elle ne guérissait.
Rédigé par : Judith | 16 juillet 2010 à 20:57
Bonjour Monsieur Bilger,
Quelle pondération, quelle modération dans votre billet ! Modération et pondération qui pourtant n'empêchent pas la précision de l'analyse, que je partage.
Vous avez dit pétaudière. Toujours cette pondération...
Rédigé par : Jean-Dominique Alfonsi | 16 juillet 2010 à 20:45
Entre la hauteur de vue des billets du blogmaster, la faconde d'une Catherine, d'un Aïssa, la candeur des Eugénie et Judith, la concision des Pierre-Antoine et Achille, sans oublier les passes au sabre d'abordage des bretteurs de service comme Laurent, Jean-Do, Alex, j'en oublie et des non des moindres, je trouve ce blog rafraîchissant en cette période de canicule médiatique.
Rédigé par : David | 16 juillet 2010 à 19:17
Le moindre fait divers à connotation d'émotion (cf la disparition récente d'un enfant en vacances chez ses grands-parents) nous vaut désormais des apparitions télévisées longues, circonstanciées et commentées de procureurs ou de leurs substituts pour nous tenir informés de l'évolution et des résultats de l'enquête.
Dans l'affaire Bettencourt/Banier, ce supplice de l'information distillée par l'autorité judiciaire nous est heureusement épargné.
Quoi de plus naturel d'ailleurs, puisqu'il ne s'agit que d'une affaire strictement privée? Au nom de quelle malsaine curiosité les manants que nous sommes pourraient-ils estimer légitime de recevoir quelque information que ce soit ? Cette curiosité n'a été suscitée, d'ailleurs, que sous la déplorable influence de quelques "officines" de journalistes inspirés par d'inavouables desseins de vengeance bassement politique.
Que l'autorité judiciaire continue donc à nous laisser dormir tranquilles. Elle veille avec le plus grand soin à ce que surtout, notre sommeil ne soit pas perturbé.
Rédigé par : Christian C | 16 juillet 2010 à 18:55
Bonjour Philippe Bilger,
Et moi qui pensais, un peu naïvement sans doute, que le financement des partis politiques avait été clairement défini par une loi et qu’il n’y avait plus de problème de financements occultes.
Quelle désillusion ! En fait les lois du 11 mars 1988, du 15 janvier 1990, du 19 janvier 1995 et du 11 avril 2003 sont allègrement contournées et tout continue comme avant... enfin presque.
« On » touche des enveloppes kraft garnies d’argent liquide, « on » crée des micro-partis qui permettent de cumuler les dons de 7500 €, bien insuffisants il est vrai pour financer une campagne électorale.
Et puis surtout on se drape derrière une respectabilité de bon aloi pour donner le change.
En effet, Philippe Bilger, quelle pétaudière !
Rédigé par : Achille | 16 juillet 2010 à 18:17
Bravo !
Votre prise de position courageuse, ici et sur iTélé, est exemplaire !
Du fond du coeur... MERCI !
Rédigé par : Eugénie | 16 juillet 2010 à 18:12
"L'incendie est nourri chaque jour davantage. On se lève et on est à peu près persuadé qu'une nouvelle inconnue hier va défrayer la chronique d'aujourd'hui."
Vous ne croyez pas si bien dire...
Le Barreau de Paris s’est enfin décidé à intervenir sur la violation du secret professionnel dans l’affaire Bettencourt.
http://avocatparis.org/Actualite/Communiques/Communique.aspx?p=20100716100140
“L’affaire Bettencourt a mis en lumière divers enregistrements dont certains font état de conversations entre un avocat et son client.
Le secret professionnel étant d’ordre public, le Bâtonnier de Paris a saisi les autorités judiciaires de cette atteinte au secret professionnel avec la fermeté qui s’impose, mais avec le souci que ce rappel d’un principe fondamental ne puisse être assimilé à une intervention de l’Ordre dans un dossier en cours.”
Si on rapproche ce Communiqué des faits que révèle le récent post de Pascale Robert-Diard, à savoir que ces enregistrements auraient été proposés à la presse par un avocat bien connu, de nouveaux développements devraient intervenir :
http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2010/07/13/laffaire-bettencourt-le-monde-olivier-metzner-et-moi/#comments
Rédigé par : Tendance | 16 juillet 2010 à 17:12