Laurent Terzieff, avec l'éclat médiatisé de sa mort, devient une "vedette" (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, nouvelobs.com, Marianne 2, Le Journal du Dimanche) alors qu'il aura su, de son vivant, résister à tout.
Contre l'éparpillement mondain de l'amour, une passion sans ostentation pour une femme morte avant lui et compagne de toutes ses aventures de scène.
Contre les afféteries de l'âge tentant de se masquer, la passion de s'en tenir à un visage traversé, labouré, éprouvé et exalté.
Contre les impudeurs de l'exhibition, la vanité des lumières faciles, la passion pour le silence et la discrétion seulement quittés pour les hommages publics au théâtre et à la vraie vie.
Contre le débraillé et la dégradation du langage, une passion pour la beauté et la précision des mots, une volonté d'aller au plus juste, au plus près, au plus profond.
Contre le culte de la dérision et de l'humour qui n'est qu'une déchéance commode du véritable esprit, une passion pour la gravité et le sérieux seulement illuminés par un splendide sourire intérieur.
Contre la course professionnelle éperdue dans tous les sens, une passion vive, nue, pure et intense pour l'essentiel qui était d'offrir à l'humanité, grâce aux grandes oeuvres et aux textes universels, une meilleure compréhension d'elle-même.
Contre la frénésie de l'argent et du gain, une passion pour l'austérité et la simplicité qui n'auraient toléré la richesse que partagée par tous dans l'immense lieu commun du théâtre.
Contre l'égarement de la "foule solitaire" et l'illisibilité d'un monde de plus en plus erratique, la passion pour ce qui unit, rassemble et révèle la fragilité et la splendeur de ce que nous sommes, aussi ballottés et imparfaits que nous nous découvrions à chaque seconde de notre existence.
Contre la surface des choses et des êtres, la passion pour la vérité.
Contre les regards distraits et négligents, la passion d'un regard brûlant affamé d'autrui.
Contre les simulacres et la tricherie, la passion pour une sincérité prête à payer toutes les rançons.
Contre les miasmes d'un univers où l'éthique fuit par le haut, qui ne sait plus donner de réponse claire et lucide à l'interrogation angoissée des citoyens, qui désespère parce que la saveur des festins a remplacé la recherche d'un destin, un seul remède, un désodorisant suprême et raffiné : une bouffée d'air Terzieff.
"Le paquet de pieds-paquets",
cela m'intrigue !
Bon c'est, c'est sûr !
Mais c'est quoi ?
Rédigé par : zenblabla | 11 août 2010 à 17:51
Merci à clafoutis qui résout sans parler, conseille sans magistère et désigne sans objet. Il était évident que ma phrase comportait sa solution, l'opposition entre aristocrate et exhibition, hilarité et carogne renseignait, du moins les humbles.
Rédigé par : JMT | 08 juillet 2010 à 11:26
Bel hommage á M. Terzieff ce soir sur France2 avec "L'habilleur".
C'est ce genre de soirée qui me fait regretter, parfois, de ne pas habiter á Paris.
Rédigé par : jpledun | 08 juillet 2010 à 03:17
@Savonarole | 06 juillet 2010 à 20:56
«Elle est servie Catherine !
Combien de temps mettra-t-elle à déchiffrer vos "brouettes chinoises ou moldaves" avec son logiciel de traduction ? »
Pas besoin de logiciel de traduction pour déchiffrer le Kamasutra personnel du commissaire... dans sa syntaxe énigmatique...
«Enfin on rigole ici !»
Mais bon, la blagounette à Mézigue reste décidément le genre d'E.T téléphone maison... à ce que j'vois!
@zenblablaglia@Catherine Jacob | 06 juillet 2010 à 17:38
« le tohu-bohu slovène, la souricière astringente, le pas de vis à l’envers, typhon sur la Jamaïque, »
Ce n'est pas Typhon sur la Jamaïque mais Typhon sur Hong Kong de l'ancien avocat John Burdett :
« Dans deux mois, la Grande-Bretagne restitue Hong Kong à la Chine, et l'abandon de cet ancien îlot misérable, devenu l'une des places économiques les plus riches du monde, exacerbe la haine que se vouent ces deux puissances depuis cent cinquante ans. Alors qu'un typhon menace, une vedette rapide britannique de la police royale se rapproche dangereusement des eaux territoriales chinoises. Un sac flotte sur les eaux grises de la mer. A l'intérieur, trois têtes imbibées d'eau. Tranchées nettes. Deux visages de Chinois et les traits d'une femme blanche. Une enquête rapide révélera qu'ils ont été passés vivants dans un hachoir industriel. S'il n'est pas rare de trouver des Cantonais en morceaux, le meurtre d'Occidentaux reste une exception. Que savait cette femme pour avoir été ainsi torturée ? Déjà une vedette de la République populaire s'approche et réclame le sac... »
«la fuite en Égypte, le sac de noix rotatif, la fumée ne me dérange pas, le presse-purée bulgare, la mousse de pied de veau, le postulat d’Euclide, la pieuvre en folie, le poinçonneur des Lilas. »
« près le départ des Mages, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit :
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte : Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant.»
«Par un point on ne peut mener qu'une parallèle à une droite donnée. »
«Pàur tuer l'ennui, j'ai dans ma veste / Les extraits du Reader's Digest / Et dans ce bouquin y a écrit / Que des gars se la coulent douce à Miami /Pendant ce temps que je fais le zouave /Au fond de la cave... »
Pour le reste j'en reviens à ma première idée : Demander la mise en examen de votre mère et de votre grand-mère pour vice... de forme. Voyez un peu :
« Les personnages récurrents apparaissent, notamment Béru en 1953 dans Des clientes pour la morgue (n° 7) et Pinuche en 1954 dans Deuil express (n° 13). Ces deux acolytes affirment peu à peu leur personnalité. S’il se plaît à les dénigrer et à les rudoyer cruellement, le commissaire ne cache pas sa tendresse, dans les moments dramatiques, pour « la gonfle » et « le débris ». Il gagne ainsi en humanité.
Dans Bas les pattes (n° 12, 1954), une nouvelle plaisanterie apparaît. Elle va devenir récurrente, et connaître beaucoup de succès. Il s'agit d'un Kama-sutra très personnel, feu d’artifice de plus d’un millier de dénominations saugrenues : le tohu-bohu slovène, la souricière astringente, le pas de vis à l’envers, typhon sur la Jamaïque, l’éventail indonésien, poussez plus, c’est complet, l’ouvre-boîte à manivelle, le vélocipède smyrniote, la brouette thaïlandaise, le tourbillon cosaque, le pivert en folie, la charge du duc d’Aumale contre la smala d’Abd el-Kader en 1843, le velouté chinois, la tabatière à ressort, le parapluie retroussé, le tire-bouchon moldave, le paquet de pieds paquets, le clapier en folie, la bouillabaisse hongroise, le papillon soudanais, le frisson papou, la pompe à vélo investigatrice, le nénuphar hindou, le grelot indonésien, le meunier, son fils et l’âne, le hanneton téméraire, le lustre à pendeloques, la fuite en Égypte, le sac de noix rotatif, la fumée ne me dérange pas, le presse-purée bulgare, la mousse de pied de veau, le postulat d’Euclide, la pieuvre en folie, le poinçonneur des Lilas, la savonnette bondissante, le pipe-line enchanté, etc. »
Rédigé par : Catherine JACOB@Savonarole&zenblablaglia | 07 juillet 2010 à 07:45
@Catherine Jacob
Je n'ose pas ne pas répondre
même si pour vous
d'autres répondent pour moi !
J'ai raté aimer Terzieff...
Je ne le savais même pas, même depuis le regard des autres.
Je suis désolé, quant à lui, ceux qui l'aimaient.
Rédigé par : zenblabla | 07 juillet 2010 à 03:16
Ah ! "Zenblablaglia", c'est excellent !
Enfin on rigole ici !
Elle est servie Catherine !
Combien de temps mettra-t-elle à déchiffrer vos "brouettes chinoises ou moldaves" avec son logiciel de traduction ?
( "Le clapier en folie", ça plaira à L. Dingli...)
Rédigé par : Savonarole | 06 juillet 2010 à 20:56
"De temps en temps votre français est très poétique et de temps en temps il demande un autre type d'imagination pour l'investir d'un sens."
Ma maman, en me bordant dans mon lit le soir quand j'étais petit, me parlait des prouesses de grand-mère et utilisait toutes sortes de dénominations saugrenues : le tohu-bohu slovène, la souricière astringente, le pas de vis à l’envers, typhon sur la Jamaïque, l’éventail indonésien, poussez plus, c’est complet, l’ouvre-boîte à manivelle, le vélocipède smyrniote, la brouette thaïlandaise, le tourbillon cosaque, le pivert en folie, la charge du duc d’Aumale contre la smala d’Abd el-Kader en 1843, le velouté chinois, la tabatière à ressort, le parapluie retroussé, le tire-bouchon moldave, le paquet de pieds-paquets, le clapier en folie, la bouillabaisse hongroise, le papillon soudanais, le frisson papou, la pompe à vélo investigatrice, le nénuphar hindou, le grelot indonésien, le meunier, son fils et l’âne, le hanneton téméraire, le lustre à pendeloques, la fuite en Égypte, le sac de noix rotatif, la fumée ne me dérange pas, le presse-purée bulgare, la mousse de pied de veau, le postulat d’Euclide, la pieuvre en folie, le poinçonneur des Lilas, la savonnette bondissante, le pipe-line enchanté, etc.
Je reconnais que ça m'a un peu marqué... C'est sans doute ce que vous appelez, fort aimablement, ma licence poétique : elle est libre de tout logiciel de traduction...
Rédigé par : zenblablaglia@Catherine Jacob | 06 juillet 2010 à 17:38
@Zenblabla | 05 juillet 2010 à 08:06
De temps en temps votre français est très poétique et de temps en temps il demande un autre type d'imagination pour l'investir d'un sens. N'y voyez pas malice, mais si vous le permettez j'aimerais bien vous demander si vous utilisez un logiciel de traduction et lequel, et aussi quelle est la langue initiale ? Ceci dit si vous ne voulez pas répondre, ne répondez pas.
Rédigé par : Catherine JACOB@Zenblabla | 06 juillet 2010 à 14:29
Oui, Philippe, vraiment oui, et pourtant...
Cette alliance de l'exigence et de l'élégance, moteur principal de la civilisation, se délite sous le gouvernement d'une génération, la nôtre, sûre d'elle-même et de son organisation décérébrante. Il faudra bien qu'un jour nous fassions l'inventaire des ratages de cette époque, des facilités dans lesquelles, dans tous les domaines y compris scientifiques, elle a plongé, renonçant à l'exigence et à l'élégance. Aurai-je le goût et le temps d'écrire un jour combien ce que le public mondial considère comme une technologie époustouflante - le Web - n'est en réalité qu'une régression technologique incompréhensible, une apologie de la facilité qui use de concepts techniques vieux de plus 40 ans. Tout est ainsi.
Il en est de l'innovation comme de la réforme, on réforme et on innove sans rien inventer ni faire du neuf. L'art contemporain se répète désormais depuis la seconde moitié du 20ème siècle. Les Beatles ne démodent pas, tandis que Beethoven a démodé Bach, au moins le temps de la surprise.
L'exigence et l'élégance de Terzieff ne signe pas un ancien monde, non : Terzieff appartenait bien à cette génération élargie qui nous a menés là où nous sommes, à nous débattre dans la facilité. Terzieff fut une individualité qui rejetait les facilités de sa propre génération. Les rejetait-il d'ailleurs ? Etait-il à contre-courant de ce que vous évoquez ? Pas sûr qu'il en fut seulement conscient, il a construit son chemin comme s'il avait ignoré jusqu'à l'existence d'autres plus faciles. Il ne combattait pas la facilité, il ignorait son existence. Son chemin naturel était, sans souffrance, celui de l'exigence. La grâce de l'effort. Cela s'appelle la civilisation.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 juillet 2010 à 10:42
@ Clafoutis
Je ne vois pas comme vous d'incompatibilité entre les deux utilisations de cette expression.
Tout au plus une pointe d'ironie de la part du Président.
Rédigé par : Alex paulista | 05 juillet 2010 à 22:21
Terzieff disparu... Adieu alors à ces moments intemporels. Ce soir il y avait Daniel Mesguich sur France Inter pour lire Borgès... un petit moment intemporel pour se consoler.
Rédigé par : Epaminondas | 05 juillet 2010 à 19:20
Sarkozy : " On ne va se laisser donner des leçons de morale par des parangons de vertu."[http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/30/sarkozy-ne-veut-pas-reagir-a-chaud-mais-donne-rendez-vous-a-l-automne_1381257_823448.html]
Alex Paulista : " il est de bon ton de conserver des artistes intègres, sortes de parangons de vertus que l'on poste dans un Parthénon sur la colline hors de la cité."[ici même]
Apparemment, l'expression "parangons de vertus" n'a pas le même sens dans les deux citations.
Concours de l'été : qui fait un contresens ?
Un café gratuit au Fouquet's pour le gagnant (au sprint, bien sûr).
@ JMT : "J'ai entendu L.Terzieff et D.Seyrig lire des passages de M.Duras, "La mousson", au festival de La Roque d'Anthéron. L'érotisme des lignes avait entraîné mon hilarité car je n'arrivais pas à associer ces deux aristocrates à la carogne en exhibition."
Que les deux aristocrates aient choisi de lire un texte de M. Duras devrait vous faire vous interroger sur le bien-fondé de votre hilarité.
Rédigé par : Clafoutis | 05 juillet 2010 à 17:09
Ah, moi, j'aime beaucoup le commentaire d'Aïssa. On sent une révolte intérieure qui traduit en une pointe acérée les
subtilités critiques du billet de PB.
Comme vous avez raison, ce débraillé qui nous habille, au physique comme au moral, et qu'on a envie de moquer par une mise en retrait de soi-même aux côtés d'esprits insoucieux de la renommée.
Toute époque a connu ses aristocrates anarchistes, la nôtre n'a rien d'original si ce n'est le nombre croissant d'individus subjugués par l'apparence et dont le seul poids démographique ne laisse aux esprits indépendants qu'un choix féroce entre la corde et l'érémitisme hautain.
J'ai entendu L.Terzieff et D.Seyrig lire des passages de M.Duras, "La mousson", au festival de La Roque d'Anthéron. L'érotisme des lignes avait entraîné mon hilarité car je n'arrivais pas à associer ces deux aristocrates à la carogne en exhibition. Mais les voix, les voix, j'eusse aimé qu'il ne s'agît que de mudique.
Rédigé par : JMT | 05 juillet 2010 à 14:38
Très joli billet, qui en même temps fait ressentir un petit malaise, un grand écart préoccupant.
Pendant qu'un niveau inédit de vulgarité et d'inculture se pavane et devient la nouvelle norme, il est de bon ton de conserver des artistes intègres, sortes de parangons de vertus que l'on poste dans un Parthénon sur la colline hors de la cité.
Dans un endroit bien visible où plus personne ne va.
Cette culture pour "avoir l'air" ne me manque pas trop. Ici je vis au milieu des petits théâtres de Bela Vista.
Sinon, faire passer du Terzieff à la télévision publique est une bonne initiative. De manière générale le théâtre à la télévision sur les chaînes publiques est une très bonne idée, quoi qu'en pensent les puristes.
Rédigé par : Alex paulista | 05 juillet 2010 à 14:21
Monsieur Bilger,
J'ai découvert votre blog (et à travers lui votre pensée et oserais-je dire votre âme ?), voici un peu plus d'un an. La logique implacable de vos argumentaires où la lucidité et la sensibilité s'unissent sans craindre la mésalliance, la richesse de votre verbe, l'audace parfois de vos engagements, cela (et tout le reste - je veux parler du style) fait que je suis à tous les coups d'accord avec vous. Il m'arrive parfois de m'en désoler car cette sorte d'adhésion un brin abusive finit par ressembler à de l'inconditionnalité.
Avec cet hommage au grand - et donc humble - Terzieff, vous me laissez une fois de plus sans voix. Ou plutôt non, puisque vous me laissez avec la vôtre.
Merci, Monsieur Bilger, pour votre irréductibilité. J'en ai personnellement besoin, mais je ne suis pas la seule : le monde aussi.
Rédigé par : Liliane Guisset | 05 juillet 2010 à 08:49
C'est si vrai, cher Philippe, qu'à ma connaissance Laurent Terzieff est un des seuls metteurs en scène à avoir obtenu deux "Molière" à peu de distance, l'un pour le Théâtre privé et l'autre pour le Théâtre subventionné, qui d'habitude se répartissent d'une année sur l'autre les trophées, comme font les éditeurs pour les prix littéraires... Faire l'unanimité demande à la fois un talent, une honnêteté et une intelligence relationnelle qui est la marque des très grands artistes, qui font taire toute querelle de territoire...
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 05 juillet 2010 à 08:44
Merci, cher Philippe, de ce bel hommage honorant avec talent la mémoire d'un grand Monsieur du théâtre.
Rédigé par : Christian Dulcy | 05 juillet 2010 à 08:39
Merci M. Philippe Bilger. Selon votre "habitude", vous traitez le sujet
par le haut. Terzieff était un vrai.
Que les gens de "l'artistocratie médiateuse" lisent et méditent votre billet.
Une prise par jour pendant trois semaines. La durée d'une cure d'oxygène "terzieffin".
Rédigé par : Le coquillard | 04 juillet 2010 à 22:36
"L'habilleur" sera diffusé cette semaine sur le service public.
A vos programmes...
Pourquoi votre admiration, qui est aussi la mienne, porte en contrepoint tout ce que vous détestez, cher Philippe?
"L'admiration est la lumière de l'esprit" disait Alain. Auriez-vous l’esprit contrarié ?
Rédigé par : jpledun | 04 juillet 2010 à 22:31
J'attendais, vous connaissant...
Magnifique hommage, à hauteur de l'homme qui nous plongea en catharsis !
Merci.
Rédigé par : sbriglia | 04 juillet 2010 à 21:12
Rédigé par : Savonarole | 04 juillet 2010 à 16:43
Finney, BRAVO, Savo !
Avez-vous vu son Charlie Bubbles ?
Un des films les plus littéraires de l'histoire du ciné, on se croirait dans un opus des Editions de Minuit ; à penser que Finney a voulu faire du "nouveau roman" mais... en moins ennuyeux.
Quant à Terzieff, yes, this man was like unreal.
AO
Rédigé par : oursivi | 04 juillet 2010 à 20:55
La première version de cet hommage à Terzieff faisait en introduction référence à ce snobisme qui serait vôtre si vous vous en absteniez comme tant d'autres … Je ne suis pas d'accord avec vous; je crois plutôt -et tant de choses le démontrent en ce monde mondain du spectacle- que le snobisme se trouve précisément là qui se précipite pour y aller de son choeur hypocrite en somme … Aujourd'hui, sur TF1 et France2 au même moment des journaux de 20 heures c'est dire l'ubiquité, Fabrice Luchini pour réciter (car c'était manifestement une récitation; il s'écoutait parler, c'en était affligeant de mauvais goût …) la quasi oraison funèbre de cet homme de théâtre disparu … Ca durait, ça durait, il faisait ses effets connus et archi connus avec sa voix, fatigants à force d'être identiques, répétés; avec ses mains; c'en était affligeant et pour tout dire j'ai éclaté de rire sur la fin, c'était plus fort que moi et nom d'une pipe! quand je mourrai, j'aimerais tant qu'on me fasse à la télé une tartine pareille pour faire s'écrouler de rire le plus de gens possible … «Les grandes joies comme les grandes douleurs sont muettes»; c'est Lamartine, je crois, qui a écrit ça et c'est vrai … Quand on a tant et vraiment aimé, il faut se taire à ce moment. L'avenir dure longtemps et c'est lui qui dira les choses ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 04 juillet 2010 à 20:02
«Contre l'égarement de la "foule solitaire" et l'illisibilité d'un monde de plus en plus erratique, la passion pour ce qui unit, rassemble et révèle la fragilité et la splendeur de ce que nous sommes, aussi ballottés et imparfaits que nous nous découvrions à chaque seconde de notre existence.»
Belle oraison funèbre !
Laurent Terzieff s'exprimant à propos de 'Philoctète' la tragédie de Sophocle présentée par le TNP de Villeurbanne et dont il assumait à 75 ans le rôle principal, pourrait être cité en commentaire à votre billet précédent.
Dans cette pièce qui conte les préparatifs de la guerre de Troie en vue de laquelle il faut s'emparer par la ruse de l'arc d'Héraclès (de fait ses flèches dit le mythe lui-même), en possession duquel se trouve l'ancien argonaute et très puissant guerrier Philoctète, la tragédie fait dire à Ulysse s'adressant au fils d'Achille auquel il confie la mission de s'emparer des armes du guerrier en gagnant sa confiance : «C'est la parole qui mène le monde, la parole, pas l'action. ». Mission réussie pour Néoptolème qui pris cependant de remords avoue la ruse.
C'est donc Héraclès lui-même qui devra intervenir pour convaincre le Vieil Argonaute de se rendre à Troie avec ses armes dont l'oracle a dit qu'elles seules peuvent donner aux Grecs la victoire sur les Troyens.
« Sophocle livre un message très fort avec cette pièce » dit en effet le grand acteur: L'homme est responsable de lui-même et tributaire de l'époque dans laquelle il vit. L'homme est mis en situation et la situation qu'évoque Sophocle a une très grande correspondance avec la nôtre. » Et comme en écho, l'extrait audio choisi sur http://www.lemonde.fr/carnet/article/2010/07/03/l-acteur-et-realisateur-laurent-terzieff-est-mort_1382532_3382.html en illustration du rôle et des mœurs de référence fait dire à un Terzieff doué de ce masque de mort qui semble avoir servi de modèle parfait à l'idéogramme pour 'l'Ancien' : « Tu oses m'attacher, moi le désarmé, boiteux, demi-mort?!».
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 juillet 2010 à 19:38
Bonjour M. Bilger,
J'avais lu ce matin une autre version inachevée de l'hommage que vous rendez à Laurent Terzieff, une version que vous avez supprimée (et vous avez fort bien fait) au profit de ce magnifique éloge.
Comment ne pas rendre hommage à un acteur d'un immense talent, mais surtout et c'est si rare, un homme désintéressé qui a toujours fui les feux de la rampe et renoncé à une carrière au cinéma pour se consacrer aux grands auteurs et à sa passion du théâtre.
Comme le souligne Savonarole, Terzieff n'était pas un homme de son époque, tant il nous propose un modèle de vie et de savoir être si éloigné de l'hédonisme égocentrique et du culte de l'argent.
En revanche l'interprétation que fait Aïssa
de votre formule "éparpillement mondain de l'amour" me paraît assez éloignée de ce que vous vouliez exprimer, enfin je le suppose.
En tout cas votre billet est splendide et nous propose à la fois une éthique et une belle leçon de vie au travers de l'exemple de Laurent Terzieff.
Rédigé par : Ludovic | 04 juillet 2010 à 18:49
Quel acteur ! Quelle classe ! So British !
S'il avait été anglais il aurait eu une carrière internationale, aux côtés de Peter O'Toole, Lawrence Olivier, Albert Finney, Alec Guinness ou James Fox.
Cet enfant d'émigrés russes avait l'élégance d'un "Old Etonian" ou d'un "Cambridge fellow".
On peut déplorer que sa passion pour le théâtre l'ait trop souvent poussé à des créations où l'on s'ennuyait ferme.
Mais bah ! Aujourd'hui, oublions cela !
Il restera l'homme et tous les refus que P. Bilger énumère. Il n'était pas de son époque, vous avez raison !
(Pour les amateurs : Sa pièce "L'Habilleur" est une adaptation du film anglais "The Dresser" (avec Albert Finney & Tom Courtenay), que l'on trouve en dvd.)
Rédigé par : Savonarole | 04 juillet 2010 à 16:43
"Contre l'éparpillement mondain de l'amour"... Autrement dit : "Contre les orgies, les partouzes et le polygamisme français, des riches et des politicards..." Pardonnez-moi ce "débraillé" et cette "dégradation" du langage, cher PB, mais je ne pouvais m'en empêcher...
Bon dimanche toutes tous...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 04 juillet 2010 à 12:41