Je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais été un inconditionnel d'Eva Joly. L'expression de cette opinion somme toute admissible va déclencher, j'en suis persuadé, de nombreuses protestations sur ce blog comme si marquer de la distance à son égard revenait à ne plus croire en la morale publique, à douter de la vertu et à dénigrer la justice. C'est le tour de force qu'a réussi cette femme. Instiller dans les têtes qu'elle absente, la justice française a forcément sombré. Qu'elle présente, le combat éthique est gagné et que ses simplismes parfois fulgurants vont faire gagner la République. En effet, il s'agit d'un véritable exploit car à analyser le fond de ses interventions et de ses déclarations, il est facile d'en faire le tour et personne n'a mal à la tête en cherchant à les retenir. C'est fait d'une démagogie subtile où les puissants et les riches ont toujours tort, où leur corruption est évidemment présumée et où la justicière flamboyante qu'elle rêve d'être s'appuie sur son existence contrastée pour tenter de nous démontrer qu'elle a plus de légitimité que tout autre pour gouverner la France.
Parce que le comble, c'est qu'on en est là. Il paraît, selon Daniel Cohn-Bendit, que c'est pratiquement fait pour "Eva" en ce qui concerne l'élection présidentielle de 2012. Elle sera la candidate des Verts et d'Europe Ecologie puisque Cécile Duflot - que j'apprécie mais je n'ai rien à dire dans ce débat - semble accepter une distribution des rôles qui laisserait à notre ancienne collègue la place prédominante (Le Monde, jdd.fr). Quel immense bonheur sans doute pour Eva Joly dont la modestie ostensible et toute récente cache mal le regard flatteur qu'elle porte sur elle !
Je n'aurais pas éprouvé le besoin de mettre un peu d'acidité dans l'eau bénite qui ces dernières semaines, est déversée par les médias en général les plus lucides sur la personnalité d'Eva Joly, si un portrait d'elle par Sylvia Zappi dans le Monde 2 n'avait pas attiré mon attention. Techniquement bien fait par une journaliste de talent, il n'était pourtant qu'un hymne sans aucune fausse note à la gloire d'Eva, parée de qualités dont à l'évidence, pour certaines, elle était dépourvue quand elle foulait le terrain judiciaire. Pour quel motif était-il nécessaire de brosser une image aussi superbement sulpicienne et humainement invraisemblable ? Mon interrogation était d'autant plus vive qu'un petit texte complémentaire de Jacques Follorou - un heureux syndrome de l'investigation sur la "Brise de mer" ? - lui prêtait tout de même des failles minimes mais il allait de soi, au regard de l'esprit de la page, que l'idole n'avait pas à être écornée. Un autre exemple, plus ancien, confirme cette intuition. L'excellent Jean-Michel Thénard nous a offert dans Le Canard enchaîné, pourtant dans "Prise de bec", un portrait à l'eau de rose d'Eva !
Il me semble que trois raisons sont susceptibles d'expliquer ces hyperboles constantes sur Eva Joly "la politique".
La première tient au fait - outre que sa personnalité véritable n'est pas appréhendée, dissimulée qu'elle est par son armure publique - qu'un hiatus a été décrété entre son activité judiciaire et son rôle politique. Les ombres d'hier ont été occultées au profit des superficialités brillantes d'aujourd'hui. On a décidé de nous offrir une Eva Joly qui serait née avec l'écologie, délestée de ce qu'elle était et qui pesait !
La deuxième, c'est que les médias ont une verve, une intelligence et une objectivité sans pareilles quand il s'agit de plonger dans l'anti sarkozysme et de vilipender les ministres qui, il faut l'admettre, pour la plupart, y mettent du leur ! Un millième de cet esprit lucidement critique appliqué à l'opposition et à ses représentants emblématiques rétablirait l'équilibre et Eva Joly, comme d'autres, aurait droit à des éloges plus nuancés et à des descriptions plus plausibles. On porte aux nues ce qui fait feu sur Sarko et au nu ce qui le soutient. La lutte est inégale entre une inconditionnalité de principe et une démolition confortable. Personne ne la voit président de la République mais on fait comme si. On joue avec elle. On lui permet de s'idolâtrer.
La dernière consiste à nous "vendre" Eva Joly. Comme si avant l'heure il fallait nous intoxiquer et nous persuader que la France n'attend qu'elle. Autant la morale publique constitue le point terriblement faible de ces trois années de présidence, autant le recours à Eva Joly comme redresseuse de torts et dispensatrice de bienfaits républicains me paraît aléatoire au regard de sa personnalité. La présidence bling-bling d'hier ne mérite pas d'être remplacée demain par une démocratie tristement puritaine. Je préfère les impurs de bonne foi et de bonne volonté aux purs corsetés, tout armés et autoproclamés (car je n'ose penser que la mise en examen et la mise en détention puissent être une preuve de cette intégrité !).
J'ose à peine soutenir qu'Eva Joly a des défauts. Qui se donne le droit de le dire ?
Vous avez le droit (pauvre petit bonhomme...!) de critiquer Mme Joly, et je parie que vous ne resterez pas seul longtemps .Vous avez peut-être aussi le devoir de ne pas aligner les sous-entendus calomnieux à son égard. On cède à la facilité ?
Peu importe la petite personne de M. Sarkozy ou de Mme Joly. Le poste que l'un occupe et auquel l'autre semble prétendre est lesté d'une telle charge symbolique que de voir remplacé notre Prince, si vilainement décrié, par une femme affirmant la primauté du droit et l'importance de la morale publique serait pour me réjouir. Je ne crois pas que la vertu réside dans la corruption générale assumée crânement; va pour le "puritanisme" "khmer". On ne ferait plus rire et s'indigner à la fois (belle prouesse) le monde entier... on s'en remettra.
Rédigé par : franck | 16 août 2010 à 18:02
Sans Sarkozy, point d'Eva Joly.
N.Sarkozy n'est guère victime que de lui-même et ses turpitudes ne lui valent aujourd'hui pas plus d'articles dans la presse qu'hier ses rodomontades d'homme providentiel. Il a voulu que les médias ne parlent que de lui, c'est réussi. Hier, relisez les articles, Philippe, Sarkozy n'avait pas de défaut, il était alors en capacité de changer le plomb en or. Combien s'y sont laissés prendre, y compris l'esprit subtil de certain avocat général ?
Les Verts nous sortent Eva Joly. Elle incarne effectivement cette pureté virginale nordique face aux exhalaisons faisandés du régime. Je ne prise pas plus que vous les Torquemadas et je n'ai, par exemple, toujours pas la réponse à ma question : dans l'affaire Elf, où est la victime ? Tout le monde, y compris la collectivité, a gagné quelque chose dans les manipulations d'Elf et si tout n'était pas très orthodoxe, personne ne peut affirmer de bonne foi qu'il a été lésé, même l'Etat qui a récupéré les justes impôts de ces contrats mal acquis.
Mais Eva Joly a de la justice une conception vengeresse, rédemptrice et métaphysique. Et elle continue puisqu'à ce jour, elle assiste le procureur spécial islandais chargé de faire la lumière sur la faillite du système bancaire de ce pays. Des arrestations viennent d'avoir lieu, avec une base juridique contestable, mais Eva Joly en défend le principe. Elle partage avec N. Sarkozy l'idée que l'on peut allègrement s'assoir sur le droit quand le but le justifie à ses yeux.
C'est auréolée de cette image d'experte de la délinquance financière, dans un contexte très porteur, qu'elle progresse en politique. Nul doute que cette candidature portera ses fruits électoraux quand viendra le moment de rappeler au gouvernement tous les manquements moraux entassés en un petit quinquennat. Ce ne sera ni plus ni moins qu'un populisme de plus quand elle laissera comprendre que tous les problèmes ordinaires de la population proviennent des pratiques corrompues des puissants liés aux financiers.
Mais il est bon qu'un archange descende du ciel pour apporter la rédemption, armé du glaive de la Walkyrie, parfaite puisque d'origine mythique et éloignée. La Royale poitevine a échoué à installer ce personnage purificateur, trop tôt, trop française. La Joly blonde venue du froid y parviendra-t-elle ?
En vérité, ce ne sont ni Sarkozy ni Joly qui opposent l'imperfection absolue et la perfection immaculée, ils ne sont que les métonymies de leurs vices ou vertus supposés. Il n'y a pas lieu à nuancer ces emblèmes.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 août 2010 à 18:00
Merci , Catherine Jacob . Vous faites le travail que beaucoup de journalistes devraient faire avant d'émettre des opinions sur une personnalité médiatisée. Je ne sais pas ce qu'a fait Eva Joly à Ph. Bilger, ils ont peut-être des contentieux professionnels, le monde des magistrats est rude, me suis-je laissé dire. C'est l'accusation de "toujours soupçonner les riches a priori" qui m'énerve. Les riches en France sont souvent soupçonnables. Cela ne veut pas dire coupables. Il y a aussi des patrons du CAC 40 qui sont honnêtes, comme celui qui a quitté la direction d'Alstom en refusant un "parachute doré". Je tairai son nom par pudeur pour notre hôte. Il y en a, mais c'est rare. Faire fortune en régime capitaliste sans écraser ou spolier des gens, c'est rare et difficile.
La France ne manque pas de richesse, elle manque de riches.
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 16 août 2010 à 17:52
Elle aura quel âge en 2012 ? Pas loin de 70 ans ! Faut arrêter le délire avec ces aspirants candidats à la présidentielle qui tapent d'un doigt sur le clavier d'un ordi' et vous racontent leur combat pour une retraite à 60 ans.
Rédigé par : SR | 16 août 2010 à 17:44
A madame Jacob, je pose la question : pourquoi le mari de la si parfaite Eva Joly s'est-il suicidé ?
Rédigé par : BRUNO | 16 août 2010 à 17:40
@j cohen sabban | 16 août 2010 à 00:56
«qui confondait, présomptions, charge et preuve... Cette femme me fait peur alors qu'elle semble enchanter tout le monde avec ses lunettes rouges sur le bout du nez...»
Cette femme, comme vous dites, cousine par alliance d'une ex-avocate reconvertie dans le show biz mais ne figurant pas sur la liste des cinquante célébrités préférées des français, a, contrairement à par ex. Mme Guigou, Dati et autres, fait des études de droit dans une langue étrangère acquise tardivement et les ayant menées à terme a passé un concours réputé difficile. Ce qui dénote à la fois de courage, d'une bonne estimation de ses propres capacités, contrairement à ceux qui ignorent leur seuil d'incompétence, et nous en connaissons, d'une bonne entente conjugale, car il est impossible à une femme de mener de front de telles études, qui plus est dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle, qui n'a pas été acquise dès l'enfance, et de tenir un ménage en s'occupant de ses enfants, sans un mari qui la comprenne, la soutienne et l'aide, ce dont on trouve peu d'exemples parmi les confrères masculins en général, du Dr Pascal Joly, du moins ceux que j'ai pu observer, qui quand ils en ont terminé avec leurs patients paraissent souvent préoccupés avant tout d'eux-mêmes et de la marche de leur carrière/cabinet, s'appuyant davantage sur leurs épouses qu'ils ne les soutiennent. On déchiffrera sans doute derrière ces lignes une certaine expérience de ce type de situation et on n'aura pas tout à fait tort, mais ce n'est pas la question.
Un tel dévouement conjugal ne saurait s'exercer qu'à l'égard d'une personnalité d'exception me suis-je dit, et je me suis donc intéressée d'un peu plus près à la biographie de Mme Eva, son 2ème prénom, Joly.
J'ai donc découvert une histoire tout à fait romantique. Et bon, véritable cœur de midinette, je fonds régulièrement devant les histoires romantiques.
En effet, « dès qu’elle atteint l’âge de 21 ans, elle décide de quitter son pays pour la France afin de suivre des cours de droit. Pour financer ses études, elle devient jeune fille au pair dans une famille bourgeoise, particulièrement aisée, du VIème arrondissement de Paris. »
On imagine donc, à une époque où, pour ma part, j'accédais à peine au lycée et où mes parents venaient d'envisager de me scolariser dans un pensionnat pour jeunes filles, à Duisburg, qu'ils avaient visité en ma compagnie, non pas pour se débarrasser de moi disaient-ils, mais pour rentabiliser mon année et demi d'avance en me permettant d'acquérir un bon bagage linguistique avant d'entrer dans le sérieux des études (ce que je n'avais pas tout à fait compris et ce qui a fait que je me suis mise à mal travailler, pour ne pas passer loin de ma famille, en compagnie de bonnes sœurs allemandes à l'allure revêche, revêtue du sombre uniforme de la pension, un temps qui, à cet âge tendre, me paraissait une éternité, dans l'idée qu'il suffisait largement d'en être éloignée dans le laps de temps des vacances), voici qu'une jeune et blonde norvégienne, de 21 ans toutefois, décide d'elle-même de tout quitter pour la France, pour le pays des droits de l'homme et de la liberté, le pays de Jean-Jacques Rousseau et de Voltaire, le pays de la Résistance etc..., en se payant ses études par le biais de petits boulots et qui, jeune fille au pair, rencontre...l'Amour avec un grand A.
Cerise sur le gâteau, c'est un amour contrarié.
Mais, « en juillet 1967, Pascal Joly et Gro Farseth (c'est le nom d'Éva Joly, à l'époque) se marient, en grande pompe, à Oslo. »
L'opposition ne venait pas en effet, de la famille Farseth, mais de la famille Joly.
Mais le prince (fils de la grande bourgeoisie parisienne qui gravite autour du mandarinat médical) a bel et bien fini par épouser sa bergère, fille d'un employé d'une fabrique d'uniformes militaires issu d'une famille d'agriculteurs norvégiens spécialisée dans la culture des framboisiers.
En passant quelque générations, je peux me dire moi-même issue d'une famille de vignerons reconvertie dans la culture de la fraise après que le phylloxera se soit abattu sur la vigne à une époque où les aides aux agriculteurs victimes de calamités naturelles n'existaient pas, et fraise victime ensuite d'un re découpage de frontières puis du bas coût de la fraise espagnole, pour s'en tenir à ce qui est publiable. Je ressens donc quelque part, il faut l'avouer, une certaine proximité avec Mme Joly.
Ceci étant, «Pascal Joly ayant obtenu son diplôme de docteur en médecine, le couple quitte Paris pour s’installer dans une maison, dans le village de Bouray dans l’Essonne. De son côté, Eva Joly, qui, - après un petit passage par le stylisme (hommage au père?)-, a également fini ses études de droit, est engagée en tant que conseillère juridique par l’hôpital psychiatrique d'Étampes. Elle est chargée de défendre les droits des malades, de les conseiller dans leurs démarches juridiques. » Les époux amoureux et fidèles, qui se sont trouvés à travers un idéal commun, travaillent donc dans le même milieu, loin du luxe et des futilités et pour aider les gens au mieux de leurs compétences à tous deux.
Puis la carrière de Mme Joly évolue. « Après avoir été conseillère juridique pendant six ans, Elle décide de passer le concours de la magistrature. Elle réussit et obtient en 1981 un poste de procureur à Orléans. » - 1981, année charnière en ce qui me concerne également, mais tandis que la carrière du nouveau magistrat décolle, la mienne, elle, rencontre les quarantièmes rugissants, pour, y ayant survécu, aller de Charybde en Scylla et tomber sur les cinquantièmes hurlants, victime de divers événements sur lesquels il n'y a pas lieu de s'étendre ici même si je ne peux pas ne pas me dire, qu'il aurait fallu sur ma route un magistrat de la trempe de Mme Joly, exclusivement dévouée à la vérité et qui, ne se laissant pas impressionner, préféra même l'exil à céder au chantage, pour qu'elle revête de nos jours un tout autre visage.
« Eva Joly devient donc juge d’instruction au pôle financier du palais de justice de Paris.[...] Elle s’attaque donc avec pugnacité aux affaires politico-financières comme Elf ou Dumas. [...] Très vite, ses agissements agacent ses confrères. » C'est donc là où, du moins il me semble, l'écart culturel dû à l'éducation initiale a sans doute commencé à se faire douloureusement sentir, non plus en blessant le plus faible, mais permettant que se heurtent sur un pied d'égalité la belle arrogance de certains de nos petits juges et le « statut très particulier accordé par les peuples nordiques à la nature, à la femme, à certains animaux, comme l'ours, le cheval, le sanglier et le corbeau, qui se voyaient attribuer des pouvoirs fabuleux et possédaient une place importante dans les rituels et les traditions où la femme viking tenait un rôle très important vis-à-vis de ces croyances qui jusque vers l'an 1000, s'étaient passées de prêtres, de dogmes et de lieux de cultes.» Donc, aisément transportables, j'imagine. Cette descendante des grands voyageurs Viking justifiait donc d'un background propre à lui permettre de tenir la dragée haute à tout le parquet du haut en bas de la hiérarchie et...voici que l'opportunité lui en était donnée...!
« Elle applique donc une méthode toute personnelle de mener ses dossiers qui tranche avec celle pratiquée jusque-là : une méthode agressive, peu bienveillante à l’égard des puissants qui détournent ou blanchissent l’argent de leur société. Ses interrogatoires sont réputés pour être sans concession. Au cours de ces dix années en tant que juge d’instruction, Eva Joly est une sorte d’icône de la justice auprès de l’opinion, femme prête à tout pour conduire en prison les puissants magouilleurs et défendre les plus faibles. En revanche, du côté des politiques comme des avocats, la juge est redoutée. Elle est l’objet de menaces diverses - Ce qui pourtant devait conduire à la protéger à l'égal d'un juge italien anti mafia, mais bon. - . De nombreuses rumeurs courent sur elle : elle serait à la tête d’une internationale de juges, ou soumise à une puissance étrangère., sans doute est-il fait là allusion au fait que «elle est l'une des initiatrices de la Déclaration de Paris avec l'ancien procureur de Genève Bernard Bertossa, le juge espagnol Baltasar Garzón, le juge italien Antonio Di Pietro (à l'origine de l'opération Mains propres), ou le Chilien Juan Guzmán, qui a inculpé Augusto Pinochet. Comme le disent certains membres du réseau, cette initiative unique et salutaire ne pourra réellement avoir un impact significatif que si une cour internationale est créée afin de poursuivre les criminels financiers, seule façon de faire appliquer les lois communes en vigueur. ».
On peut donc observer qu'on aura manifestement préférer stigmatiser son origine. Bref, certains veulent la déstabiliser et attendent sa chute.[...] Ainsi, on lui reproche de ne pas respecter les devoirs de réserve et de discrétion auxquels tout juge est soumis. En effet, Eva Joly ne s’encombre pas de ces impératifs : elle se rend à la télévision pour évoquer des affaires en cours, participe à des débats, donne son point de vue.
Ses façons agressives et ses sous-entendus à l’égard d’avocats rémunérés par le blanchiment d'argent agacent fortement et soulèvent la colère des avocats… »
Si je comprends bien, disons pour faire court, qu'elle a peut-être mal évalué l'équilibre des forces qui, ensemble, concourent à la manifestation de la vérité et à l'avènement de la justice et négligé également de parfaire sa formation professionnelle continue avec quelques notions d'économie et de diplomatie.
« Daniel Cohn-Bendit l’a alors contactée pour connaître ses motivations.[…] Tous deux partagent un même intérêt pour la planète et la lutte contre la corruption. Eva Joly dénonce notamment le pillage par les multinationales des richesses naturelles. Son engagement pour la protection de l’environnement et ses chances d’être élue expliquent donc son ralliement à Daniel Cohn-Bendit.[...] En octobre 2008, elle rejoint le rassemblement Europe Écologie [...] et elle est élue députée européenne, le 7 juin 2009. et, pour ce qu'on en sait, sans doute ce député y est-il parfaitement à sa place.
« Son nom a été choisi par la promotion 2007 de l'École nationale de la magistrature. » Il serait donc intéressant de la voir occuper la fonction de Garde de Sceaux après Mme Dati et MAM. Je gage que PB ne saurait plus où donner de la tête pour commenter l'actualité d'une Chancellerie qui l'aurait aux commandes, mais je ne sais pas si ce serait amusant pour tout le monde...!
« Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet de Nicolas Sarkozy visant à dépénaliser le droit des affaires. » Même si on peut regretter son approche assez peu affinée de beaucoup de chose, mais peut-être qu'en norvégien ce n'est pas la même chose, on doit lui laisser que c'est une sacré bonne femme!
Le tout est donc de savoir si son combat est exactement le nôtre et sur quels points....!
- NB: les passages entre parenthèses sont tirés de l'article que lui a consacré Politique.net à l'occasion des Européennes 2009 -
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 août 2010 à 16:39
Elle n'a pas su quitter sa robe.
D'évidence elle ferait un ministre de la Justice particulièrement interventionniste, donnant ça et là des instructions au Parquet pour telle ou telle enquête sur tel ou tel soupçon.
Rédigé par : Judith | 16 août 2010 à 16:10
Personnellement, je ne la trouve pas sensationnelle. Elle ne m'a pas particulièrement marquée en tout cas.
Rédigé par : Caroline | 16 août 2010 à 15:32
Bonjour M Bilger,
Pourquoi suis-je une fois de plus de votre avis en partageant aussi le sentiment de J Cohen Sabban...
et comme c'est triste que trop d'humains confondent ressenti et opinion avec vérité.
Le constat d'un fait dans n'importe quel jugement n'est pas la vérité du fait.
Le constat du malaise provoqué par Eva Joly chez Philippe Bilger n'est pas La Vérité mais l'expression de son ressenti (et non de son courroux non plus, n'en déplaise à "JK" ou à "Patrons-voyous"). Ne pourrons-nous plus émettre notre opinion sans être taxé de tout et son contraire ?
Rédigé par : Attila | 16 août 2010 à 15:05
J'aimerais deux précisions : l'une pour
la personne intervenant au sujet de
"sulpicienne" et l'autre concernant le
candidat du "ps, qu'ils n'arrivent pas à
choisir" .
a) quelle définition de "sulpicienne" vous
conviendrait ?
b) de combien de candidats républicains
dispose le "ps" ?
Rédigé par : calamity jane | 16 août 2010 à 14:24
@ Jean-Yves
Mais enfin vous n'avez aucunement besoin de moi pour vous expliquer !
Lisez simplement l'article 144 du Code de procédure pénale:
"Article 144
La détention provisoire ne peut être ordonnée ou prolongée que s'il est démontré, au regard des éléments précis et circonstanciés résultant de la procédure, qu'elle constitue l'unique moyen de parvenir à l'un ou plusieurs des objectifs suivants et que ceux-ci ne sauraient être atteints en cas de placement sous contrôle judiciaire ou d'assignation à résidence avec surveillance électronique :
1° Conserver les preuves ou les indices matériels qui sont nécessaires à la manifestation de la vérité ;
2° Empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille ;
3° Empêcher une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs ou complices ;
4° Protéger la personne mise en examen ;
5° Garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice ;
6° Mettre fin à l'infraction ou prévenir son renouvellement ;
7° Mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public provoqué par la gravité de l'infraction, les circonstances de sa commission ou l'importance du préjudice qu'elle a causé. Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l'affaire. Toutefois, le présent alinéa n'est pas applicable en matière correctionnelle."
Où lisez-vous dans cette grammaire que la détention provisoire peut être autorisée pour servir de pression et/ou de chantage à l'encontre de la personne poursuivie ?
Vous voyez, c'est on ne peut plus aisé à comprendre.
Un juge qui exerce une pression avec un chantage à la détention est très simplement un magistrat qui abuse de son pouvoir. Une caricature de magistrat.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 16 août 2010 à 12:59
@PB
Parions que les amis de Roland Dumas doivent avoir gardé bien au chaud quelques "chiens de leur chienne" pour les lâcher sur elle au moment voulu et lui trouver les défauts nécessaires à alimenter les médias pour le moment encenseurs.
Attendons, attendons, le dossier se construit à charge soyez-en sûr...
PS : j'aime bien ses lunettes couleur "framboise", ça lui donne un côté attachement aux racines...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 16 août 2010 à 12:49
A l'évidence, vous avez, Monsieur l'Avocat général Bilger, un problème avec Eva Joly.
On a l'impression que vous aviez eu professionnellement un accrochage avec Eva Joly, qui vous a décidé à la détester définitivement.
Dommage que vous vous plaisiez à attaquer systématiquement une femme aussi jolie !
Rédigé par : LABOCA | 16 août 2010 à 11:50
@ Véronique Raffeneau : ça alors ! User de la menace de détention vous paraît indigne d'un magistrat ? Avec un coco du calibre de Tapie, par exemple ? Et de quelle pression faut-il user quand on a affaire à un margoulin qui s'est glissé jusque dans l'entourage d'un président et se moque ouvertement de la justice depuis des années ? Vous préférez la méthode d'Eric de Montgolfier ? Qui, à peine arrivé à Nice, a fait fuir en quelques rafles tous les petits truands de la ville, privant la police d'indicateurs pendant des mois ? J'avoue que je ne vous suis plus... Expliquez-moi, je ne suis ni juriste ni magistrat...
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 16 août 2010 à 10:55
@bruno morin | 16 août 2010 à 08:23
ou la famille royale payer scrupuleusement ses PV de stationnement depuis que la presse avait signalé des PV laissés impayés par un membre de la famille royale...
Mais l'a-t-on vue ne plus mal se garer ?
Rédigé par : Catherine [email protected] morin | 16 août 2010 à 10:40
Une fois de plus, cher Philippe, vous invitez les lecteurs attentifs de votre blog à garder raison.
Cette ancienne magistrate, dont le moins que l'on puisse dire, est que sa qualité première n'est pas l'objectivité, se donne une allure de moraliste exemplaire, donneuse de leçon, et chevalier blanc de la politique.
Je la trouve moi aussi fort inquiétante et son image publique ne me semble pas correspondre du tout au véritable personnage.
Elle ne mérite pas en tout cas cet enthousiasme un peu délirant qu'elle inspire aux médias.
Rédigé par : christian dulcy | 16 août 2010 à 10:31
Tudieu, Monsieur, quelle découverte : un être humain a des défauts !
Willy Bilger nous l'affirme : nobody's perfect !
En général, on s'en accommode.
Parfois la permanence et l'intensité de ces défauts poussent à vouloir en expérimenter d'autres.
Ne serait-ce que pour varier les déplaisirs.
Actuellement la coupe est pleine : trop d'Indulgences monnayées sans appel d'offres, trop se sermons hypocrites, trop de copinages éhontés, trop de... trop de trop.
Alors on choisit l'antipode (si l'on marche sur la tête ici, ce doit aller mieux là-bas).
Après les Borgia, et avec Savonarole aux aguets, on peut préférer Luther.
Rédigé par : Clafoutis | 16 août 2010 à 10:10
Un juge qui a usé de la détention comme moyen de chantage et de pression sur "ses" mis en examen est une caricature de magistrat.
Avec par dessus le marché des compétences en la matière très surestimées.
Je suis totalement d'accord avec l'ensemble des développements de votre billet.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 16 août 2010 à 10:01
Un très bel article, mon cher Philippe. Ce qui est amusant, c'est que certaines phrases pourraient très bien convenir à quelques-uns de nos cher blogueurs, ainsi lorsque vous évoquez les discours d'Eva Joly : "C'est fait d'une démagogie subtile où les puissants et les riches ont toujours tort, où leur corruption est évidemment présumée" ou encore "les médias ont une verve, une intelligence et une objectivité sans pareilles quand il s'agit de plonger dans l'anti sarkozysme et de vilipender les ministres qui, il faut l'admettre, pour la plupart, y mettent du leur ! Un millième de cet esprit lucidement critique appliqué à l'opposition et à ses représentants emblématiques rétablirait l'équilibre..." Ah ! si nos amis Ludovic, Jean-Dominique Reffait et Oursivi pouvaient vous entendre !
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 août 2010 à 09:11
Cher Philippe, j'ai lu moi aussi le dossier du Monde-magazine, qui ne manque pas de signaler les maladresses d'Eva Joly, notamment sur la longueur et le côté brouillon de ses procédures, et sa conversion tardive à l'écologie politique. Elle se qualifie elle-même de "Late bloomer" (fleur tardive).
Ce qui me frappe c'est que nous sommes arrivés à un tel point de déliquescence dans les "élites" politiques, juridiques et médiatiques en France, que nous avons du mal à croire à un parcours "sans faute" , au moins depuis Pierre Mendès-France...
Même mon camarade Arnaud Montebourg, qui se présente en tant que Chevalier Blanc de la politique depuis des années, n'a pu résister à la pression électorale et cumule deux mandats électifs.
Sur ce fond grisâtre, rien d'étonnant à ce qu'Eva Joly paraisse plus blanche... Nous verrons ce que la pratique politique fera d'elle. Cela dit, avec Daniel Cohn-Bendit comme Mentor, elle eût pu tomber plus mal, au moins au niveau de l'accord entre le discours et les actes, quoi qu'on pense du contenu...
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 16 août 2010 à 08:58
Bonjour Monsieur Bilger !
Merci pour ce sourire matinal que vous m'avez provoqué et certes si la Madame
Joly a quelques défauts (facilement estompés) en tant qu'anonyme je deviens "infaillible".
Rédigé par : calamity jane | 16 août 2010 à 08:42
Bonjour Philippe Bilger,
Il est clair que les Verts et notamment Eva Joly sont, sans doute malgré eux, les meilleurs alliés de l’UMP.
Vendre Eva Joly est une façon comme une autre d’affaiblir le PS qui se cherche encore un candidat et a bien du mal à se décider. Les voix qui se porteront sur Eva Joly seront essentiellement des voix de gauche, la droite en matière d’écologie ayant ses propres militants sarkozistes rassemblés sous la bannière de J-L Borloo, Chantal Jouanno ou encore NKM.
Cette opération ne peut donc que satisfaire la stratégie de l’UMP pour qui tout est déjà finalisé et verrouillé pour les prochaines élections présidentielles de 2012.
Le PS devrait méditer le dicton « protège-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge ».
Rédigé par : Achille | 16 août 2010 à 08:38
«Lécher, lâcher, lyncher» est un grand classique des médias. Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal ont illustré chacun à leur tour cette formule un peu vulgaire. Eva Joly en est au premier stade.
La question que l'on pourrait se poser est aussi : qu'est-ce qui fait qu'à un moment ou un autre se produise ce phénomène de cristallisation (dans l'acception stendhalienne du terme) autour d'une personnalité d'un coup portée aux nues ?
L'hypothèse d'une opération médiatique avec un Daniel Cohn-Bendit à la manœuvre activant ses réseaux a le mérite de la simplicité. Elle n'explique pas pourquoi, à intervalles réguliers, la presse tombe la tête la première dans le panneau promotionnel du héros (ou de l'héroïne édifiante).
L'antisarkozisme en la matière n'est qu'un prétexte. Une partie de l'explication est probablement la suivante : face au président sortant, quel qu'il soit, les médias, et singulièrement la presse écrite, ont besoin de susciter une icône qui en soit l'exact opposé. DSK? trop loin; Martine Aubry? trop ringarde; Eva Joly, en revanche, juge et justicière, est parfaite pour incarner la lumière face à l'ombre élyséenne. Une histoire idéale à vendre au public avec des personnages bien manichéens. Il n'est pas dit encore, pourtant, que les Français suivront.
Avant 2007, c'était Nicolas Sarkozy qui tenait ce rôle d'antimodèle face au chef d'Etat sortant : l'homme de mouvement et d'action opposé au représentant de l'immobilisme et de l'impuissance... l'homme nouveau face au syndic de la faillite d'une manière archaïque de faire de la politique.
Ce qui est tout de même rassurant, c'est que, passé ce phénomène de cristallisation et de sidération, le vrai journalisme devrait reprendre ces droits, décortiquer la fabrication de l'icône Eva Joly et enquêter, enfin !
Rédigé par : lacy&daun | 16 août 2010 à 08:29
Eva Joly guerrière de l'éthique et de la transparence en France, égérie médiatique, est la même qui nommée conseillère du gouvernement norvégien, son pays de naissance, pour l'analyse de la transparence des flux financiers, a dû rembourser ses notes de frais et de taxi (alors que le Premier ministre norvégien prend le métro) à la suite d'une campagne de presse virulente ; elle a reconnu les faits et les a expliqués... en indiquant qu'elle avait adopté les mauvaises habitudes françaises !!!! Gageons qu'il y aura bien un Franco-Norvégien (je suis innocent par avance !) qui ressortira la presse norvégienne si la dame Joly se présente à la présidentielle en guerrière éthique !!
Plus généralement quand on connaît les conceptions et comportements norvégiens en termes d'éthique politique, la France est bien pire qu'une république bananière.
Par exemple, on a vu l'état-major de l'armée norvégienne démissionner en bloc pour avoir dîné avec un postulant à un gros marché d'armement, ou la famille royale payer scrupuleusement ses PV de stationnement depuis que la presse avait signalé des PV laissés impayés par un membre de la famille royale...
Rédigé par : bruno morin | 16 août 2010 à 08:23
Bonjour
Votre commentaire est très triste ! Non construit ni argumenté.
On le dirait fait par un remplaçant stagiaire à qui on n'a pas parlé du sujet !!
Cordialement
j k
Rédigé par : j.k | 16 août 2010 à 08:22
Quelle monomanie !
Quand ce n'est pas elle, c'est BHL qui se prend votre courroux !
Rédigé par : patrons-voyous | 16 août 2010 à 07:51
"sulpicienne"
Vous avez encore réussi à le placer !
Je partage votre préférence pour Mme Duflot.
Rédigé par : Alex paulista | 16 août 2010 à 07:26
Nous n'avons surtout pas besoin des khmers verts. Ceux-ci étaient déjà une composante du régime sarkozyste.
Rédigé par : DominiqueRabeuf | 16 août 2010 à 05:20
Mais comme tout le monde elle a des défauts, sinon ce serait une extraterrestre.
Quoi qu'il en soit, inféodée à un parti dont les membres se permettent de saccager les cultures expérimentales de l'INRA, elle n'est pas crédible et ne passera pas le premier tour.
Rédigé par : Patrick Pike | 16 août 2010 à 01:07
Mais oui, la juge Eva Joly était truffée des défauts propres aux juges convaincus de détenir, seuls, la vérité ; persuadés d'incarner seuls la vertu ; de ces juges pour lesquels la relaxe d'un mis en cause détenu pendant des mois (souvent pour obtenir des déclarations conformes aux attentes de "vérité du juge"), même confirmée en appel, n'était qu'une erreur judiciaire...
qui confondait, présomptions, charge et preuve... Cette femme me fait peur alors qu'elle semble enchanter tout le monde avec ses lunettes rouges sur le bout du nez... Les réveils post-démagos sont souvent pénibles ; espérons que nous ne subirons pas celui-là...
Rédigé par : j cohen sabban | 16 août 2010 à 00:56