Je ne regrette pas d'avoir été dithyrambique sur "le procès fictif de Jacques Chirac" dans le Monde. Je ne sais toujours pas qui est Cassiopée, si ce déguisement cache un ou plusieurs auteurs. J'avoue tout de même ma déception pour le dernier épisode qui aurait dû concerner les plaidoiries en faveur de Jacques Chirac. Force est d'admettre que la fin n'a pas été à la hauteur de ce qui précédait et notamment de l'éblouissante intervention prêtée à Me Jean-Pierre Mignard, le conseil de la ville de Paris. En effet, aussi bien sur le fond que pour la psychologie, ce qui aurait pu être le feu d'artifice intellectuel d'une série exceptionnelle a marqué ses limites.
Pour qui connaît le talent et la personnalité de Me Georges Kiejman et de Me Jean Veil, il est totalement utopique de laisser croire qu'au moment capital - celui où ils tiendraient le destin de Jacques Chirac entre leurs mains et leur esprit, où le combat de tout un procès trouverait sa conclusion intense -, ces deux avocats auraient pu décider de s'abstenir, de se taire pour laisser parler à leur place Me Marie Burguburu. Tout au plus, elle aurait eu droit à un strapontin de la parole. C'est une faute psychologique qui altère la vérité saisissante des séquences antérieures.
Quant au fond, je suis persuadé que, dans la réalité, Me Kiejman, s'il avait voulu seulement conseiller, aurait su trouver une argumentation plus fine, plus singulière, plus percutante, moins ordinaire pour soutenir la cause de Jacques Chirac. Le contraste entre l'étincelant Me Mignard et le retrait certes plein de bon sens de Me Kiejman pèse trop lourd et ne permet pas une adhésion sans faille à ce qui demeure pour l'essentiel un tour de force !
Mais aussi quelle tristesse politique de devoir constater que cette fiction a visé juste pour l'indemnisation de la ville de Paris ! Les lecteurs du Monde se souviennent que Cassiopée nous fait pénétrer dans une réunion de l'UMP où en définitive est votée une participation financière à hauteur de 2 millions d'euros pour défrayer la Mairie de Paris.
L'actualité récente nous laisse entendre que Jacques Chirac aurait accepté le principe d'un tel accord entre lui-même, l'UMP et la Mairie de Paris - accord dont le président de la République et lui-même auraient discuté les modalités au cours d'un déjeuner. Deux millions, nous dit Le Monde, 2,2 millions, nous dit la réalité. Si ces arrangements se confirment, il n'y aura plus de partie civile au procès. Comme le ministère public a l'intention de requérir une relaxe et avec ce probable désistement, tout ce qui aurait pu donner aux citoyens l'apparence d'une justice exemplaire est jeté à bas. Il y avait eu pourtant une remarquable juge d'instruction. Elle avait rendu une ordonnance de renvoi argumentée, dense et équilibrée. Jacques Chirac ,digne et serein, avait affirmé attendre le procès avec impatience pour pouvoir s'expliquer (Le Figaro, Le Parisien, Marianne 2, nouvelobs.com, Libération, le Canard enchaîné). Que reste-t-il de ces excellentes intentions ?
Qu'on ne s'y trompe pas: ce qui se produit ces derniers jours satisfera peut-être beaucoup de nos concitoyens qui voudraient à la fois que la justice passe pour tous mais qu'elle épargne cet ancien président si chaleureux et sympathique.Mais il n'empêche qu'un goût amer en restera dans la bouche d'or de la République ! Jacques Chirac lui-même va en être atteint car, en dépit de ce qu'il allègue parce que sa défense a senti le grand risque, cette indemnisation pas encore votée et qui suscite le courroux juridique et politique d'Eva Joly et du Syndicat de la magistrature - ont-ils totalement tort en l'occurrence ?- ne pourra qu'être perçue comme un aveu de culpabilité,alors qu'il invoquait d'autant plus sûrement son innocence que l'accusation ne la mettait pas en cause. Pour le moins, il y a, dans les coulisses, des tractations sujettes à caution qui engendrent du trouble, de la déception, voire de l'indignation.
Un ancien président de la République devant un tribunal correctionnel pour des agissements antérieurs à ses mandats : la démocratie aurait pu y gagner. Elle est en train de perdre.
Bonsoir,
Vous qui voyez défiler les justiciables, pouvez-vous nous éclairer sur le profil des gens qui provoquent la plupart des plus gros préjudices ? caucasien, noir, jaune, vert, bleu phosphorescent ?
Cordialement...
Rédigé par : rekta | 03 septembre 2010 à 22:46
Effectivement !
Depuis le temps que cette affaire rebondit, alors que le moelleux du gâteaux est consommé et qu'il ne reste plus que la cerise en ressort de gourmandise juridique, c'est triste de voir tellement de convives s'entendre pour finalement se la partager, la cerise.
La justice, par delà celle des hommes, aura toutefois fait cette cerise être rance.
Alors, une statue en pied du grand homme serait érigée, et l'arrière-goût sera définitivement du passé !
La mairie de Paris osera-t-elle financer une telle œuvre, pour un budget d'environ 2M€, le restant des sommes alloué aux études ?
En autre cas, alors privé de statue durant toute la durée de sa peine, le justiciable connaitra son purgatoire en simple glyptothèque. Amère potion !
La main est donc à la Mairie de Paris.
Ce que cela révèle, c'est que l'habitude prise aux États-Unis d'aboutir avec la transaction en soupe procédurale, elle s'installe ici depuis longtemps mais s'y démontre aujourd'hui passant la grande porte.
Rédigé par : zenblabla | 01 septembre 2010 à 05:35
La république apaisée que monsieur Bilger appelle de ses voeux s'éloigne plus encore avec cette annonce d'arrangement entre amis. Si vraiment la chose a été discutée entre messieurs Chirac et Sarkozy, alors ce dernier ne fait que confirmer qu'il a tout du chef de bande et bien peu du chef d'Etat, comme si, par défi peut-être, il souhaitait coller au plus près au personnage de "voyou" que certains on reconnu.
Les sommes que l'UMP consent à verser à la mairie de Paris devraient être identifiables euro par euro, afin que le contribuable français ne soit pas le dindon de cette triste bouffonnerie, et ne vienne pas de ses propres deniers indemniser le contribuable parisien.
Le parti de la majorité présidentielle consentira-t-il à pareil effort ?
J'en doute.
Qu'attendre en effet d'une structure qui s'affiche comme le "parti frère" du Parti Communiste chinois ? Qu'espérer d'une organisation politique tenant plus du chenil que d'autre chose, où chacun essaie de se faire la voix de son maître, où l'on rivalise d'ingéniosité pour porter la laisse avec le plus d'ostentation possible ?
Rédigé par : Epaminondas | 31 août 2010 à 22:26
Qu'en pense Alain Juppé ?
Rédigé par : Jabiru | 31 août 2010 à 16:20
@ Denis Monod-Broca
Désolée de cette « réaction » tardive…
« Le meilleur des jugements c’est « va et ne pèche plus », les mots de Jésus à la femme adultère ».
C’est beau comme l’évangile ;-) ;-)
Plus sérieusement, c’est, à l’évidence, LE meilleur des jugements, à condition que les « juges » fassent leur examen de conscience ET que le pécheur manifeste un réel repentir…
Rédigé par : Eugénie | 31 août 2010 à 13:23
Philippe Bilger : "Elle (la République) est en train de perdre."
Oui, hélas !
J'ai mal à ma France !
Cordialement
Un Citoyen lambda
Rédigé par : Oscar | 30 août 2010 à 17:33
@ Véronique Raffeneau
Merci de m’avoir signalé mon erreur de « lecture » des événements !
Rédigé par : Eugénie | 30 août 2010 à 13:22
Hep, il ne faudrait tout de même pas faire porter à la partie civile le sombrero du parquet ! Que la partie civile se désintéresse financièrement plus rapidement et plus sûrement qu'à l'occasion de procédures judiciaires longues et hasardeuses, ce n'est que bonne gestion des intérêts. Que le parquet choisisse de ne pas poursuivre ce que cette transaction-même désigne comme ayant été un délit, il est là le problème et uniquement là. Une partie civile n'a pas à se substituer à un parquet défaillant et aux ordres. La Mairie de Paris a tiré les conséquences de l'alignement du parquet et le risque d'une relaxe au moins partielle de Jacques Chirac laissait planer une incertitude sur le recouvrement total des sommes. La Mairie de Paris n'est pas la Place Vendôme.
Bon courage pour nous vanter les mérites d'indépendance du Parquet lors de la réforme pénale !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 30 août 2010 à 13:12
@PB
"Qu'on ne s'y trompe pas: ce qui se produit ces derniers jours satisfera peut-être beaucoup de nos concitoyens qui voudraient à la fois que la justice passe pour tous mais qu'elle épargne cet ancien président si chaleureux et sympathique.
Sympathique donc forcément innocent...
Antipathique donc forcément coupable...
Sympathique donc forcément efficace...
Antipathique donc forcément inefficace...
Deux hommes, deux politiques nationales, deux traitements dans les médias, deux compréhensions dans l'opinion.
Ah... la politique du paraître, où nous mènera-t-elle ? Droit dans le mur de l'illusion !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 30 août 2010 à 11:35
La tournure que prend le procès de Jacques Chirac, depuis sa transaction avec la Mairie de Paris, me rappelle une phrase qui m'avait frappé lors de sa triomphale réélection de 2002. Il aurait réuni ses lieutenants avant son discours, dès les résultats évalués, et aurait déclaré : "On n'a plus de raisons de s'emmerder". Outre la verdeur du langage, qui m'a souvent fait rire, cette phrase a eu un retentissement incalculable. Il est vrai que sur fond de sarkozysme, Jacques Chirac nous apparaît maintenant comme un sympathique gaulliste de gauche, surtout depuis la parution de ses mémoires et son hommage à Mitterrand.
Je me souviens qu'un de mes amis assistait à une des garden-parties de l'Elysée. Il m'a raconté que le Président se faisait attendre pour ses invités, près de deux heures ce jour-là. Madame Chirac allait de groupe en groupe, triturant son célèbre sac à main, en rassurant les gens de "Il arrive, Il arrive" de plus en plus embarrassés... Au bout des deux heures, le Président apparut sur le perron, précédé par un bruit tony-truand : la sono diffusait à plein volume la musique d'Indiana Jones. Desproges disait : "Au fond, Pinochet est un grand enfant. D'ailleurs, dans Pinochet, il y a Hochet."
Si de telles petites faiblesses peuvent faire sourire, il n'en va pas de même avec son successeur. Celui-ci a bien entendu le message : "Pas de raison de s'emmerder". Sauf que lui n'a pas de surmoi, il a été élevé comme un gosse trop gâté qui ne pense qu'à surcompenser quelque chose, et peu importe que ce soit sa petite taille ou une blessure secrète, ce n'est pas le problème. Gardons-nous de céder trop facilement à l"Ad Hominem" comme Eminem, même si lui ne se gêne pas.
Le problème c'est que, comme l'a dit Shakespeare, que cite Mark Twain dans Tom Sawyer :" Crim will out". Tout finit toujours par se savoir. Mais même si le pot de confiture délictueux tombe par terre et éclate sur le sol de l'évidence, nous n'avons pas fini de ramasser les morceaux et de nettoyer. Que Martine Aubry et Eva Joly préparent leurs serpillères. Et balayent chez elles, tant qu'on y est.
Reste la tâche immense de recyclage de tous les pitbulls du sarkozysme : les grandes entreprises du Caca-rente auront-elles assez de place de pantouflage pour absorber tous les Frédéric Lefebvre, les Estrosi, les Ciotti et Hortefeux ? Je serais Paul Emploi, je m'inquièterais, au lieu de radier de chômeurs à tours de bras.
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 30 août 2010 à 11:24
@ Eugénie
Je ne pense que la demande de relaxe de la part du parquet soit consécutive à l'accord J. Chirac / Mairie de Paris.
Quand il s'est agi de renvoyer ou non M. Chirac devant un tribunal, le parquet avait requis le non lieu.
A mon avis, la position du parquet qui demande la relaxe au moment du procès est très simplement cohérente et sans surprise par rapport à l'analyse qu'il défend dans ce dossier.
Maintenant, rien n'indique qu'à l'audience le parquet maintiendra cette position.
La position de l'avocat général peut évoluer, voire se transformer au cours des débats.
Je ne parviens pas à comprendre cette idée selon laquelle la position de l'accusation devrait être totalement arrêtée et figée avant un procès - c'est-à-dire avant que n'ait eu lieu ce qu'il est convenu d'appeler des débats en vue d'établir la vérité - pour ne plus évoluer, dans un sens ou dans une autre, en cours de procès.
Par exemple, le président du tribunal va poser des questions à M. Chirac.
Par ailleurs, je lis dans la presse comme dans le billet de Philippe Bilger qui s'en fait l'écho, que suite à la transaction l'horizon judiciaire de M. Chirac serait de cette façon à coup sûr dégagé.
Ce n'est pas parce qu'il y a un désistement de la partie civile qu'il y a abandon du procès.
Je peux comprendre qu'en l'absence d'accusation (le parquet) et de partie civile, les choses soient beaucoup plus aisées pour la défense de M. Chirac, mais il n'en demeure pas moins que dans le dossier dont disposent les juges, il y a aussi les éléments qui indiquent pourquoi le juge d'instruction a décidé un renvoi devant un tribunal.
Au fond, ce que je ne comprends pas dans le raisonnement de Philippe Bilger est pourquoi le procès est maintenu.
Si la relaxe est de toutes façons acquise du fait de la position initiale du parquet et du désistement de la partie civile, pourquoi maintenir la tenue d'un procès ?
Si quelqu'un peut expliquer.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 30 août 2010 à 09:24
Le meilleur des jugements c’est « va et ne pèche plus », les mots de Jésus à la femme adultère. Ce sont ces mots-là qui au fond sont adressés aujourd’hui à Jacques Chirac. Plus de plainte, plus de poursuites, le coupable (réel ou supposé) passe son chemin, quoi rêver de mieux ? Dans une société idéale les différends se règlent à l’amiable. C’est peut-être pour cela qu’établir une justice idéale est si difficile : une justice idéale c’est une justice qui n’a plus lieu d’être. Que ceux qui regrettent que Chirac ne passe pas en jugement lisent honnêtement en eux-mêmes, ils attendaient de ce jugement autre chose que la justice : un moment de délectation personnelle, une occasion de catharsis collective, une leçon pour l’avenir… Qu’ils se résignent car ils faisaient fausse route, la justice ce n’est pas cela. Et puis, oui, pour se consoler, s’ils ne l’ont pas déjà fait, qu’ils lisent Cassiopée. La fiction est plus belle que la réalité.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 30 août 2010 à 09:08
Je ne vois pas le problème à faire payer l'UMP : ils ont récupéré tous les actifs et le fonds de commerce du RPR.
Or la plupart des emplois fictifs étaient détournés pour fournir des administratifs au RPR.
Rédigé par : Alex paulista | 30 août 2010 à 02:22
Que valait-il mieux ?
* Faire comparaître, un ancien Président (âgé, certes !), pour des faits antérieurs à ses 2 mandats de président (re certes !), et pourquoi pas, lui faire goûter les joies de la détention en quartier V.I.P. ?
* Ou bien accepter, comme issue, des « arrangements » concoctés de façon douteuse, conduisant au désistement de la partie civile :
- Un « remboursement » de 550 000 €, par
Monsieur Chirac lui-même (ce qui, de mon
point de vue, constitue une
reconnaissance de culpabilité…). Puisque
l’accusé nie toute infraction et qu'il
est envisagé une relaxe… pourquoi
accepte-t-il de payer ?
- Un règlement de 1,65 million d’€ par
l’UMP… d’où vient l’argent ? En échange
de quoi ??? Là… je suis curieuse de
connaître l’enjeu du « deal » ! Le
silence est vraiment d’or ;-)
La demande de relaxe de la part du Ministère Public, consécutive à cet « accord » entre partie civile et accusé, représente pour moi une faute et une « complaisance » malsaines. Cette décision nous prive de la vérité ! Naïvement je pensais que le Ministère Public poursuivait même en cas de désistement de la partie civile…
Quant à l’actuel Maire de Paris, accepter ce genre de « réparation » est bien loin de la recherche de la vérité qu’il revendiquait !
Quel déni de justice pour les citoyens que nous sommes !
Pauvre Charles-Louis de Secondat !
Pauvre justice française !
Rédigé par : Eugénie | 29 août 2010 à 15:49
Ha oui quand même !!
Bon, c'est mon jour de bonté :
"Tournée générale de neurones...!!!"
Nestor, servez le mieux possible les "ceusses" qui semblent les plus nécessiteux...
Rédigé par : Sylvain | 29 août 2010 à 11:51
Catherine JACOB@Christian C
Il y a aussi très sobrement : "TDC"...
Mais à n'utiliser qu'en SMS.
Rédigé par : Savonarole | 29 août 2010 à 09:54
@Christian C | 27 août 2010 à 20:10
"j'en viens à me demander si, de temps à autres, nous ne nous montrons pas un peu trop gentils face à leur façon de nous prendre pour des... comment dit-on, déjà ?"
Mais couillons, du moins il me semble, à savoir des ballots, des benêts, des bêtas, des bêtes, couilles, idiots, imbéciles, manches, niais, sots, arriérés, cancres, crétins, nigauds, sots, ânes, baudets , bec-jaunes, béjaunes, cloches, corniauds, cornichons, cruches, grands dépendeurs d'andouilles, twit... Autrement dit les destinataires privilégiés de leurs attrape-couillons !
Rédigé par : Catherine JACOB@Christian C | 29 août 2010 à 09:05
@Eric
« Une remarque en passant : ces 2,2 millions d'euros payés par l'UMP proviennent des cotisations et du financement public des partis politiques. Les adhérents et les contribuables apprécieront. »
Il semble, si l’on en croit les médias, mais bien sûr (pour l’instant) nous n’avons aucune preuve, qu’une bonne partie des fonds de l’UMP provient également de fonds privés remis à ce parti (via des micro-partis) par de généreux donateurs sous la forme d’enveloppes kraft.
Alors que cet argent privé non déclaré qui provient des paradis fiscaux retourne à la mairie de Paris est plutôt salutaire et même moral. Celle-ci saura, j’en suis sûr, l’utiliser pour satisfaire des travaux et actions d’utilité publique ce qui finalement est plutôt une bonne chose.
Rédigé par : Achille | 29 août 2010 à 08:14
@ Christian C
Que nous ne soyons d’accord sur rien n’a pas beaucoup d’importance en soi. Vous avez vos opinions et moi j’ai les miennes. La diversité de chacun fait la richesse de tous, n’est-il pas ?
Je ne sais pas pour qui vous votez et cela d’ailleurs importe peu, mais je crains que vous ne vous fassiez de grandes illusions quand vous mettez votre bulletin dans l’urne. Cela fait déjà bien longtemps que les promesses électorales ne correspondent pas avec les actes de celui qui a été élu.
Il est vrai que c’est Jacques Chirac (encore lui) qui a dit une phrase du genre « les promesses n’engagent que ceux qui les croient ». Il semble d’ailleurs que son successeur ait très bien retenu cette leçon...
Rédigé par : Achille | 29 août 2010 à 07:33
Vous avez raison Jean-Yves Bouchicot et même un citoyen Français contribuable puisque l'UMP est financée par des fonds publics, voire un adhérent UMP - l'ami Amine d'Hortefeux - auraient intérêt à agir.
Ils peuvent d'ailleurs toujours porter plainte pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux... après les effets de l'accord et contre la mairie de Paris pour avoir couvert un délit. Un volé qui serait indemnisé par un voleur dans le but de lui éviter des poursuites ne se rend-il pas complice...
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 28 août 2010 à 17:16
M. Bilger,
Ce personnage si chaleureux, si sympathique, décrié par le passé par feu M. Mitterrand comme un "chef de gang", en fin connaisseur de la roublardise, me fait penser à une blague sur l'obtention d'un appartement public de Paris. Une file abondante pour le tout venant ; une file clairsemée pour les encartés du RPR.
En bref, la justice pour le tout venant, la renonciation pour vos employeurs.
Rédigé par : frédéric | 28 août 2010 à 15:30
Pour moi Chirac restera le président qui détiendra pour longtemps le record de tapotage de culs de vache.
Pour le reste, ce qu'il a fait, pas fait, défait, refait, je m'en moque comme de ma première vidange...
Rédigé par : Sylvain | 28 août 2010 à 13:36
Une remarque en passant : ces 2,2 millions d'euros payés par l'UMP proviennent des cotisations et du financement public des partis politiques. Les adhérents et les contribuables apprécieront.
Rédigé par : Eric | 28 août 2010 à 13:20
"Si ces arrangements se confirment, il n'y aura plus de partie civile au procès. Comme le ministère public a l'intention de requérir une relaxe et avec ce probable désistement, tout ce qui aurait pu donner aux citoyens l'apparence d'une justice exemplaire est jetée à bas."
Ce que je ne comprends pas dans votre raisonnement est l'idée selon laquelle, le ministère public ayant l'intention de requérir une relaxe, compte tenu de l'arrangement J. Chirac / Mairie de Paris, il serait quasiment automatique que le tribunal ne condamne pas.
C'est peut-être de ma part une réflexion absurde et sommaire.
Mais je pense que l'accord conclu avec la Mairie de Paris ne peut être compris par les juges - y compris par le ministère public - que comme un aveu de culpabilité.
Donc je ne vois pas bien pourquoi vous écrivez que "l'apparence d'une justice exemplaire est jetée à bas."
Après tout, l'avocat général, à l'audience, n'est pas obligé de suivre à la lettre et strictement les conclusions du dossier de l'accusation.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 28 août 2010 à 11:42
@ Achille,
Ce qui, de mon point de vue, constitue une tache, ce n’est pas l’éventuelle condamnation, c’est la faute commise qui a entraîné cette condamnation.
Une condamnation ne peut en aucun cas être considérée comme un acte vertueux quelque peu ridicule, mais comme une décision de justice.
Je fais une différence entre un détournement de fonds publics et un petit arrangement entre amis.
Jacques Chirac n’est et ne sera pas une figure emblématique de notre histoire de France.
A titre personnel, lorsque je dépose mon bulletin de vote dans l’urne, j’attends autre chose du président élu qu’un parcours plutôt honorable.
Vous pouvez le constater : nous ne sommes d’accord sur rien.
Rédigé par : Christian C | 28 août 2010 à 09:21
Voilà une nouvelle qu'elle est bonne !
Woerth a quitté le gouvernement. Non ?
Aïe, va falloir en demander plus pour
les affaires le liant à fortunes et champs
de course...
Rédigé par : calamity jane | 28 août 2010 à 09:03
Bonjour Philippe Bilger,
Qu’on le regrette ou non, un président de la République est et demeure une figure emblématique de notre Histoire de France.
Le condamner à une peine, fût-elle minime, même pour des faits antérieurs qui sont finalement d’ordre mineur car portant sur quelques millions d’€ et n’ayant en aucun cas mis en péril la nation, risque plus de paraître comme un acte vertueux quelque peu ridicule que véritablement un rappel à la morale que se doit de respecter toute personne élue par le peuple et qui est comptable de la confiance qu’il lui a apportée (ainsi bien sûr que de ses deniers).
Cela n’aura pour effet que de laisser une tache sur un parcours au demeurant plutôt honorable, sans pour autant changer l’ordre des choses dans le monde politique, ainsi qu’on peut le constater avec les affaires politico-financières qui font la une des médias en ce moment.
Certes l’affaire des emplois fictifs ressemble à "un petit arrangement entre amis" et Jacques Chirac a bel et bien fauté. Alors que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.
Rédigé par : Achille | 28 août 2010 à 08:24
Le sort de Chirac m'indiffère mais compte tenu de sa popularité, le message envoyé à l'opinion trouvera un large écho en un sens qui me semble désolant : les puissants échappent à la justice commune.
Je rapprocherai ça de deux autres infos qui touchent le foot, domaine qui m'indiffère également mais qui a toujours un grand retentissement dans l'opinion populaire :
- Dans l'affaire Domenech, on s'acheminerait vers une transaction de 2 millions d'euros (plus que ce qu'une majorité de Français gagne en 40 ans de labeur !). Voilà comment on récompense le talent, la compétence et les résultats chez les élites, se dira le Café du Commerce...
- Dans l'affaire des joueurs sanctionnés de l'Equipe de France, Hidalgo et Jacquet demandent la levée des sanctions au nom de l'intérêt supérieur du foot national. Je me félicite contrairement à beaucoup d'autres de n avoir jamais sous-estimé la médiocrité de ces personnages et de leur triste hiérarchie des valeurs mais le mal est fait : la fin justifie les moyens même dans les domaines les plus futiles et tout doit aussitôt être pardonné à certains... alors pourquoi pas aux autres ?
Et après on ira s'étonner qu'une ambiance délétère semble gagner "la France d'en bas".
Rédigé par : Francois F. | 28 août 2010 à 08:20
"Le retour à l'essentiel"
Philippe Bilger -1er novembre 2006.
"Eric Halphen a décidé de revenir dans la magistrature. Il a mis fin à sa période de disponibilité pour devenir l'un des vice-présidents du tribunal de grande instance de Paris... Il faut du courage pour se remettre dans ses pas anciens et à ce titre, déjà, je félicite Eric Halphen de ne pas s'être laissé dominer par la peur du ridicule."
Rédigé par : Savonarole | 28 août 2010 à 07:08
Eh oui on ressent tous une espèce de piété filiale... bien qu'amère.
Qui de nous supporterait Chirac en prison ??
Ah ! le Père le Père !
Jacques Lacan a pourtant dit que le sort de tous les pères c'est d'être châtrés !
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 28 août 2010 à 00:15
C'est triste pour la justice ! Le citoyen lambda peut ressentir l'amertume d'un procès jeté à la trappe, parce que puissants sont ceux qui nous gouvernent !
Rédigé par : marc-étienne Faguer | 27 août 2010 à 21:42
Cher Philippe Bilger,
Je ne nourrissais hélas plus guère d'illusions sur la grandeur et la hauteur de vue de nos dirigeants politiques.
Mais j'avoue que, de l'"arrangement" entre l'UMP (dont les dirigeants ne sont, semble-t-il, pas informés), Bertrand Delanoë et Jacques Chirac, à la "liste noire" que Nicolas Sarkozy aurait dressée (selon Emmanuel Berretta dans lepoint.fr de ce jour) auprès de Patrick de Carolis en juin dernier, j'en viens à me demander si, de temps à autres, nous ne nous montrons pas un peu trop gentils face à leur façon de nous prendre pour des... comment dit-on, déjà ?
Rédigé par : Christian C | 27 août 2010 à 20:10
"Un ancien président de la République devant un tribunal correctionnel pour des agissements antérieurs à ses mandats : la démocratie aurait pu y gagner". Et pourquoi cela ? si je vous suis bien, au final, le président Chirac eût été relaxé alors quel intérêt ? Flatter le syllogisme judiciaire, monde clos qui a une fascination pour son nombril ? Toute cette affaire était éminemment politicienne et n'avait d'intérêt que lorsqu'il s'agissait d'abattre Chirac ou de battre la Droite; l'élection de N. Sarkozy en 2007 a rendu ces manoeuvres dérisoires, d'autant que l'ancien président et l'actuel ne sont pas proches, c'est le moins que l'on puisse dire. Que le syndicat de la magistrature s'en plaigne, qu'importe, on l'a connu moins pointilleux quand les affaires touchaient la Gauche. Quant à Mme Eva Joly, sa posture de "mère la vertu" tient de la propagande qui marche fort bien ma foi, ce qui n'est pas à mettre à l'actif de notre démocratie.
Rédigé par : thierry bruno | 27 août 2010 à 20:04
Bonjour,
Je suis toujours perplexe face à ces trois éléments que sont la loi, la justice et l'émotion.
J'ajoute que chacun de ces éléments se décline individuellement et collectivement.
C'est dire que les combinaisons intellectuelles et émotionnelles possibles sont innombrables.
L'émotion c'est le piment, l'accélérateur ou le frein.
La justice c'est un souhait.
La loi est le seul élément réaliste.
De ce fait sa création et son application doivent: être foncièrement honnêtes, scrupuleusement rigoureux, sages mais fermes, respecter les individus et le groupe.
Malheureusement la loi, aujourd'hui, est lâche, opportuniste, donc injuste, dans sa conception et dans son application.
Tout est mélangé sans restriction, quel dommage pour nos enfants.
Cordialement. H. Dumas
Rédigé par : Henri Dumas | 27 août 2010 à 19:26
"persuadé de faire pièce à ce que l'accusation pourrait développer à son encontre" à supposer qu'elle le fit... ce que la demande de relaxe annoncée rendait douteux. Pour le reste, Cassiopée était (étaient ?) devin(s) ! Même si je trouve qu'une seule plaidoirie de Marie B. (elle n'est pas la fille de son père pour rien et bon sang ne peut mentir) aurait eu du panache... Vous avez sans doute raison : les egos sont trop ancrés chez ces deux-là. Dommage pour ce pays qui jugea un Roi... Autre temps ! Nous ne sommes pas le pays des devoirs de l'homme... les droits nous suffisent.
Rédigé par : sbriglia | 27 août 2010 à 19:12
En tant que magistrat, je vous comprends Monsieur Bilger, et je ne dirais rien à ce sujet, mais je préciserais que Jacques Chirac était lieutenant dans la pacification algérienne, comme l'on disait à l'époque et je lui sais gré de ne pas avoir mis le pas dans le bourbier irakien. Combien valent les vies gardées à notre jeunesse ?
Rédigé par : J.A | 27 août 2010 à 18:54
Je ne partage pas votre point de vue. Je trouve au contraire que pour ce type d'affaire la conclusion judiciaire est toujours décevante.
En général tout le monde connaît les pratiques mais le faisceau cohérent d'éléments se heurte à des arguties d'immunité ou de prescription, de disparition de LA preuve absolue, de retournement de témoignages vingt ans après les faits. Et le politique (souvent proche du pouvoir) qui s'en sort sans vraiment combattre se drape d'un manteau de vertu, disant qu'il avait confiance en la justice du pays et déclare avoir été blanchi quand le gros de l'affaire n'a pas pu être examiné.
Ou bien le juge est un vrai bouledogue en mode transmission, pour abattre un opposant possible. On se rappelle de l'affaire Noir. Là, étrangement, ce qui est toléré pour les autres est pointé du doigt et la personne est mise à terre puis abattue politiquement.
Elle ne nuira plus.
Entre ces deux excès qui laissent un goût amer de déséquilibre, la solution de dédommager la Ville de Paris a le mérite de remettre les compteurs à zéro, de signaler que ces pratiques ne sont pas tolérées, sans salir particulièrement un homme politique qui a vécu avec son temps.
500 000 euros, ce n'est pas rien quand même, et je pense qu'au fond Jacques Chirac n'est pas déçu que son argent aille au budget de la Mairie de Paris. Le prix de la bonne conscience, peut-être.
J'ai eu en 2007 la surprise de rencontrer Jacques Chirac à l'anniversaire d'une connaissance franco-polynésienne. C'est un homme très agréable. Il est diamétralement opposé au culte de l'entre-soi de Neuilly ou Chantilly, discute de tout avec tout le monde, est sympathique avec les employés, les invités, insiste pour aller saluer tout le monde. C'est visiblement dans sa nature.
Même Didier Wampas ne souhaite pas voir Chirac en prison.
Rédigé par : Alex paulista | 27 août 2010 à 17:51
PS : vous qui êtes juriste, dites-moi : si un citoyen lambda, disons un contribuable parisien comme je le fus à l'époque, se portait partie civile à la place de la Mairie de Paris, cela changerait-il quelque chose ? Est-ce encore possible ?
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 27 août 2010 à 17:40
Mais en vérité, Philippe, vous évoquez l'innocence de Jacques Chirac comme si vous y aviez cru !? Les bras m'en tombent, comme dirait la Vénus de Milo.
Même si Jacques Chirac, sur fond de sarkozysme, apparaît avec le recul comme un sympathique gaulliste de gauche, il reste que les pratiques occultes du RPR ont longtemps été à la limite... Sans parler de financement, rappelez-vous le SAC de sinistre mémoire, et la continuation de la Françafrique...
Bien sûr que la transaction en coulisses est amère, mais elle était prévisible dès que les députés socialistes, malgré la proposition d'Arnaud Montebourg, ont refusé de voter pour sa mise en examen. Et croyez que ce n'est pas pour protéger la fonction présidentielle : ils ont autant de cadavres dans leurs placards et de linge sale à laver en famille, en tout cas la génération des éléphants, disons les sexagénaires et au-dessus...
Des responsables socialistes m'écrivent pour me dire qu'une profonde rénovation des moeurs et de l'éthique est en cours au PS.
On peut toujours rêver...
Mais enfin ce goût d'amertume dans la bouche de la République, que je ne vois pas Chrysostome, mais avec une bien mauvaise haleine, ne passera qu'avec un solide brossage dedans. Et dehors.
Rédigé par : Jean-Yves Bouchicot | 27 août 2010 à 17:38
La justice en France est-elle la même - ce qui la légitime - pour les faibles et les puissants ?
A l'évidence, non.
Rédigé par : bob | 27 août 2010 à 17:35