En Italie, sous le soleil, lisant irrégulièrement Le Monde, j'avais fini par me persuader que le procureur Courroye ayant pris quelques jours de repos, la France était prête à s'assoupir au mois d'août et que le Pouvoir allait enfin trouver un repos qu'en général on qualifie de "bien mérité".
Pourtant, sur le site du Nouvel Observateur consulté presque par une sorte de réflexe, j'apprends que le compagnon de notre ministre Christine Lagarde serait soupçonné d'une fraude, qu'Eric Woerth aurait écrit un courrier en 2008 pour qu'Alain-Dominique Perrin, généreux donateur de l'UMP, bénéficie d'un important dégrèvement fiscal, qu'une manifestation contre les privilèges est organisée au Cap Nègre, lieu de vacances du président de la République et de son épouse, et enfin qu'un pacte secret lierait le président Sarkozy à Jacques Chirac à propos de l'indemnisation de la mairie de Paris, avant le procès de celui-ci (Le Canard enchaîné).
Pour le problème fiscal évoqué par Libération, Perrin parle de "bidouillage" mais le quotidien confirme.
On est tout de même bien obligé de se poser la question : les médias ont-ils décidé d'empêcher le Pouvoir de faire la sieste ? Cette succession de soupçons, de supputations, d'insinuations, d'accusations, d'indélicatesses, de maladresses, d'indécences et de légèretés - chaque jour en appelant d'autres - a-t-elle commencé en 2007 ou bien la période que nous vivons ne représente-t-elle que le paroxysme de ce que le Pouvoir dans son essence sécrète naturellement ? Peut-on faire un sort particulier au sarkozysme et à son influence ou la focalisation incessante d'aujourd'hui sur les turpitudes réelles ou alléguées des gouvernants, des ministres, de leur environnement provient-elle seulement de l'obsession de médias - "chiens de race et de chasse" - acharnés à débusquer tout ce que ce pouvoir cache obstinément dans ses recoins ? Ce ne serait pas ce dernier qui serait plus à blâmer que les précédents mais l'investigation médiatique qui prendrait des proportions hallucinantes, choquantes.
Je constate seulement que, de même qu'une exemplarité perdue ne se rattrape jamais, le président de la République semble "payer" depuis plusieurs mois, à cause de certains ministres, une atmosphère de facilité et de désinvolture qui s'était installée au moins durant la première année de la présidence. Le processus est d'autant plus regrettable, et ces dérives préjudiciables à l'image républicaine, que l'effort d'éthique et de tenue que le président s'est imposé et les règles qu'il a rappelées récemment semblent n'avoir eu aucun effet positif, comme si une mécanique vicieusement mise en branle ne pouvait plus jamais être rectifiée.
Depuis les écoutes clandestines révélées par Mediapart, tout est venu sur le tapis démocratique mais tout n'a pas la même portée. Même s'il n'est pas évident que dans cette trouble effervescence, certains comportements puissent être régis un jour par une qualification pénale, il n'en demeure pas moins que l'ensemble divers, contrasté, martelé quotidiennement, de la faute dérisoire à la transgression grave si elle est démontrée, du citoyen étonné au citoyen indigné, ne donne pas de notre pays et de la manière dont il traite ses principes de base une belle image. Il n'y a pas forcément des cadavres dans les placards mais une mauvaise odeur dans les couloirs.
Ce qui a commencé avec Mediapart et la mise à nu des secrets de cette étrange famille Bettencourt s'est poursuivi. C'est sans doute là, dans ce pluralisme médiatique - aussi bien de la presse écrite que d'internet - et la recherche de tout ce qui peut venir éclairer la République sur elle-même, les gouvernés sur leurs gouvernants, le peuple sur ses représentants, que réside la singularité la plus éclatante de ces dernières semaines. Auparavant, un "scoop" pouvait être repris et une enquête exploitée par d'autres mais cela ne durait que quelques jours. Cela n'ouvrait surtout pas le champ à une investigation déchaînée et curieuse de tout, comme si l'audace initiale avait donné un signal collectif d'intrépidité et le droit à une investigation illimitée. Force est de constater que les quotidiens, les hebdomadaires et les sites d'information ne ménagent pas leur peine. Comme si tant de servitude, tant de mollesse et de conformisme étaient à rattraper ! Il n'y a que Le Figaro, au reste, sous la férule complaisante d'Etienne Mougeotte, pour demeurer impavide au milieu des tempêtes et s'obstiner à colmater des brèches même légitimement ouvertes ! Je me demande si ce déferlement n'est pas la manifestation d'une volonté forcenée de voir jusqu'où les médias peuvent aller trop loin, jusqu'où un Pouvoir peut résister trop longtemps.
Mais une double conclusion s'impose. D'abord, quel triste constat : pour peu qu'on fouille, on trouve forcément, dans les charges publiques et leurs titulaires, quelque chose de douteux, de malsain et de soupçonnable... Enfin, qu'on ne dise plus que les médias, sous Nicolas Sarkozy, sont dépendants et soumis ! Il faut accepter ce paradoxe - que les esprits simples me pardonnent - qu'ils sont à la fois totalement indépendants dans leur fonctionnement mais inféodés à leur tête !
Tant pis, on ne fera pas la sieste.
La sieste, cela devrait être un acquis sur lequel revenir serait illégal !
D'abord un bon droit, puis un droit tout court...
Alors déroger à la sieste, une affaire personnelle, un cas de moisson ou de vendanges, et que sais-je encore !
L'art de la sieste,c'est de ne pas se laisser déranger durant icelle !
Rédigé par : zenblabla | 11 août 2010 à 19:33
Rédigé par : Judith le 07 août 2010 à 13:54
Avec un peu de retard, merci de votre judicieux conseil... Toutefois, je ne possede pas de smartphone et je doute que mon petit Sagem (Made in France s'il vous plait...ce qui devient rarissime !), datant de presque 10 ans puisse faire l'affaire. ☺
Bonne journee a tous/toutes.
Rédigé par : Valerie | 09 août 2010 à 15:45
@ Valérie
Internet sans frais supplémentaires ?
Mettre la puce de son smartphone dans une clé 3G.
On pirate sa propre ligne internet en somme : rien que du très légal.
Rédigé par : Judith | 07 août 2010 à 13:54
Oui, Ludovic. Tout ceci n'est qu'une diversion.
L'attaque de Certains Roms d'une gendarmerie a été commandée par M'sieur Hortefeux lui-même.
Quant á Grenoble, le braquage émane d'une commande présidentielle directe !
Les échanges de coups de feu, les balles étaient fausses, ce sont les cascadeurs du parc Jean Richard (paix á son âme) qui se sont chargés de réaliser « cette diversion »…
Tout va très bien Ludovic. Votre camp tient sa revanche. Yes !
Je suis content de voir que vous nous revenez en forme.
Rédigé par : jpledun@Ludovic | 07 août 2010 à 02:15
Je ne suis pas ma "Tribu" en vacances pour me coltiner internet en permanence.
Non. Merci. Tant pis pour les accents.
A propos M'ame Jacob, si vous aviez 10 jours á passer au Japon, qu'est-ce que vous feriez absolument ? (entre Tokyo et Kyoto par exemple)
Aidez-moi, je n'y connais rien. Et comme j'ai une petite troupe avec moi, un minimum d'organisation s'impose.
Sinon moi tout seul...
Excusez Philippe de cette digression touristique.
Rédigé par : jpledun@Alex P. - M'ame Jacob | 07 août 2010 à 02:02
@ jpledun
Un smartphone, c'est très bien. L'abonnement internet illimité me coûte 50 reais (22 euros) par mois.
Le gros avantage, c'est qu'avec un peu de patience on trouve tous les accents mais que le clavier pousse à la concision dans les commentaires.
Un peu comme le portable, cela se démocratise. Et ça a l'avantage d'occuper les gens en silence, un peu comme un bouquin.
Rédigé par : Alex paulista | 06 août 2010 à 21:58
@Valérie
« Certes, mais emmener son ordinateur a la piscine, c'est peut-etre un peu risque ?!
De plus, comment se connecter aisement et a peu de frais ; cela m'interesserait de le savoir ? »
Pas besoin d’emporter son PC à la piscine, d’autant qu’il y a peu de chance de disposer d’une liaison wimax sur ce genre de site, contrairement aux gares et aux aéroports.
Mais il existe maintenant des connexions internet dans toutes les chambres d’hôtel et le coût de la connexion est fonction de la durée du séjour.
Rédigé par : Achille | 06 août 2010 à 20:42
Bonjour à tous,
Et tout d'abord merci pour vos marques de sympathie. Pour en venir au sujet du billet de notre hôte, je dirais que la presse reprend ses droits et n'hésite plus à s'en prendre au pouvoir dans une atmosphère de fin de règne. J.D. Reffait, comme toujours, nous a livré une brillante analyse de cette réappropriation de leur "agenda" par les médias.
Si l'on excepte Le Figaro et les journaux télévisés, qui ne se déparent pas de leur habituelle servilité à l'égard de la sarkozye, on ne peut que se réjouir de retrouver une presse qui renoue avec l'investigation pour servir l'information.
N.Sarkozy, ses collaborateurs et son gouvernement ne parviennent plus, devant le flot des révélations, à faire croire à la République irréprochable, et le discours officiel est chaque jour plus suspect.
Dans ce contexte, on ressort l'attirail sécuritaire qui reste un bon fonds de commerce. Le discours du président à Grenoble est un modèle du genre, il faut bien détourner l'attention de l'opinion, même au prix du mensonge et des propositions bidons. On nous ressert la soupe rance du Front sur le thème de l'origine étrangère et de l'échec de l'intégration (comme si cet échec concernait l'ensemble des personnes issues de l'immigration), le retrait de la nationalité pour les tueurs de policiers et de gendarmes (peu importe que ce soit contraire à la Constitution et au droit européen, les Roms menacés d'expulsion (là encore contre le principe de libre circulation des ressortissants de l'Union Européenne) alors qu'ils ne sont pour rien dans les affrontements avec les gendarmes en Isère, enfin l'idée de sanctionner les parents de mineurs fauteurs de trouble, j'en passe. Difficile de faire plus racoleur mais ça ne suffit plus, la ficelle est désormais usée.
Parmi sa foultitude de conseillers, il serait bon que l'un au moins rappelle au président Sarkozy qu'il est garant de la cohésion nationale et que son rôle est de prôner l'apaisement et non pas de d'attiser les braises par des rodomontades sécuritaires.
La presse a raison de ne pas laisser le pouvoir faire la sieste, "la liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas" (devise du Canard Enchaîné).
Rédigé par : Ludovic | 06 août 2010 à 19:43
"En définitive l'information des Français se fait essentiellement par la télévision ; ils en retiennent quelques têtes de chapitres, quelques slogans et peu d'arguments véritables."
Mike
TRES JUSTE ! Et c'est cette clé-ci que le PS emploie pour polémiquer.
M.Hamon (ah, bon ?) en est un spécialiste.
Rédigé par : jpledun@Mike | 06 août 2010 à 18:04
M. Reffait,
La première partie de votre réaction est juste.
Dans la deuxième partie, sans vouloir distribuer les bons points, vous me lassez.
Fouquet's, Fouquet's, Fouquet's, Fouquet's...
Prononcez rapidement, cela ressemble á un perroquet…
Rédigé par : jpledun@M. Reffait | 06 août 2010 à 17:57
Lire "Le Monde" sur son laptop á la plage c'est super pratique et cela ne fait pas snob du tout...
Avez-vous déjà essayé de faire un chapeau de soleil avec un portable ?
Rédigé par : jpledun@achille | 06 août 2010 à 17:42
Rédigé par Monsieur Ludovic le 05 août 2010 à 19:25
Surtout courage a vous. Bon et prompt retablissement, si possible.
Rédigé par Monsieur Ledun le 06 août 2010 à 00:2
Pensez a vous faire offrir un abonnement si le journal n'est pas en ligne ; c'est une excellente idee de cadeau a suggerer a vos proches !
Rédigé par Monsieur Achille le 06 août 2010 à 09:34
Certes, mais emmener son ordinateur a la piscine, c'est peut-etre un peu risque ?!
De plus, comment se connecter aisement et a peu de frais ; cela m'interesserait de le savoir ?
A Madame Jacob et Monsieur Pierre-Antoine, Merci de vos reponses (sur un precedent billet) bien lues en leur temps.
Enfin, bonne journee a tous/toutes et surtout un excellent week-end.
Pour l'instant, je continue ma lecture...
Rédigé par : Valerie | 06 août 2010 à 15:00
Les grands "ténors" du barreau, dit Achille.
Ils m'insupportent au plus haut point !!
Ils ne soignent que leur propre ego, leur clientèle, leur image et leur portefeuille.
Quand j'entends l'un se vanter de n'avoir perdu aucune des 60 affaires criminelles qu'il a eu a traiter...
Quand j'en vois un autre défendre avec impudence une secte responsable de la ruine ou de la mort de pauvres incrédules...
Quand je vois cet autre avocat "spécialiste"
de la pègre et portant plainte à titre personnel contre la police...
Quand je les vois tous devant les micros, pleins de morgue, défendant avec une mauvaise foi supérieure n'importe qu'elle contrevérité...
Quand je les lis dans les gazettes économiques (Capital, Challenges), posant pour la photo devant leur bureau de belle facture et laissant dire leur "chiffre d'affaire"...
Quand un autre à TF1 ou à "C dans l'air" encourage systématiquement à contester les pv et les amendes (il s'en charge, pour 3 000 euros), et cela devant les responsables d'associations de parents dont les enfants sont morts sous les roues de chauffards...
Quand enfin j'en vois certains co-animer des émissions de radio sur le foot ou sur la vie des people...
Alors oui j'ai vraiment envie de laisser tomber.
Et je ne crois plus en rien depuis longtemps.
Quand je vois la morgue de ces avocats devant les micros piétiner la vérité et le "bon" droit...
Rédigé par : Thalie | 06 août 2010 à 12:21
Les turpitudes et autres bidouillages ont malheureusement toujours existé, mais aujourd'hui tout se sait à la vitesse de l'éclair. Et plus la soupe quotidienne comportera de grimaces, plus d'autres affaires sortiront au fil de confidences et de révélations de la part de ceux qui auront des aigreurs d'estomac.
Quand une assiette est vide, on a toujours tendance à regarder dans celle de son voisin ! Restons zen et évitons la soupe.
Rédigé par : Jabiru | 06 août 2010 à 11:44
Rédigé par : Achille | 06 août 2010 à 09:34
Un diplomate célèbre racontait dans ses mémoires qu'il recevait la presse par la valise diplomatique, qui arrivait par bateau.
De retour au pays, 5 ans plus tard, il constata qu'il en savait autant que ses homologues restés au Ministère et qu'il était parfaitement à jour de ses connaissances sur l'évolution de la planète.
Rédigé par : Savonarole | 06 août 2010 à 11:17
@jpledun
« Trouver "Le Monde" ou un autre journal français en Italie ou en Autriche relève souvent du tour de force »
Mais avec internet on peut lire son journal favori partout... même en Italie.
Rédigé par : Achille | 06 août 2010 à 09:34
En vérité, je vous le dis !
Rien, rien, rien, rien ne se passera...!
C'est ainsi, depuis la télévision et l'utilisation de cet média... Même Debord est débordé...
Rédigé par : Herman | 06 août 2010 à 03:06
Trouver "Le Monde" ou un autre journal français en Italie ou en Autriche relève souvent du tour de force.
« Pas livré ». « Ah pas aujourd'hui ». « Grève des pilotes... ». « Grève des imprimeurs »… Bref il faut en vouloir pour obtenir sa Gazette favorite.
Parfois il y a un miracle et entre 20 journaux turcs apparaît celui qui va vous sauver votre journée á la piscine… : votre sacré journal.
Rédigé par : jpledun | 06 août 2010 à 00:27
Welcome back, Monsieur Ludovic !
Rédigé par : jpledun@ludovic | 06 août 2010 à 00:11
Cher Monsieur Bilger,
Décidément vous êtes incorrigible, non seulement vous refusez de lire notre Jean Toussaint, malgré vos promesses, mais vous lisez la presse française en Italie... Parenu fole ! L'Italie n'est pas jacobine au sens où vous l'entendez, mais ce pays a fait du "bon boulot" récemment contre les trois mafias. Il n'y existe pas une police jacobine comme en France mais des polices régionales qui font du bon travail. Je ne vous ferai pas l'offense de vous dire que vous ne lisez pas La Stampa d'Italia, mais quand même... Le Monde en Italie !!!
Au fait Jean Toussaint, what's new ? VI LICE ?
Cordialement.
Rédigé par : routa villanova | 05 août 2010 à 22:16
Je ne crois pas une seconde au mythe du journaliste fureteur.
Bien au contraire.
Son rôle, éminemment passif, ne consiste plus aujourd'hui qu'à sélectionner parmi toutes les délations qu'il reçoit celle qui sera la mieux à même de piquer la curiosité collective.
Or le plus sûr moyen d'y parvenir est de trier selon l'identité de la source et non selon la nature de l'information.
Plus crédible est la source, plus le journaliste se dispensera de procéder aux vérifications (souvent impossibles) nécessaires.
L'acharnement auquel nous assistons actuellement est ainsi selon moi beaucoup plus l'oeuvre de sources crédibles particulièrement motivées que le reflet d'une volonté médiatique acharnée de discréditer le gouvernement.
En matière de scoop, les médias ne discriminent pas.
Naturellement, ce n'est pas un hasard si Marianne et le Nouvel Obs, le rose aux joues, dédient la quasi intégralité de leurs colonnes aux scandales politico-financiers.
Ils auraient d'ailleurs tort de s'en priver puisqu'en même temps qu'ils vendent (la saleté de l'argent...), ils confortent leurs lecteurs dans leurs opinions et les fidélisent.
Mais je suis convaincue que n'importe quel média s'approprie n'importe quel scoop, quelle que soit sa cible et quels que soient les dommages collatéraux.
Seule la fréquence de l'emploi du conditionnel déterminera la couleur politique du quotidien.
Quelqu'un ici a laissé un lien sur la déclaration de la journaliste du Monde qui se justifiait (il était très clair qu'elle se justifiait) d'avoir refusé les enregistrements que lui proposait Me Metzner.
De mémoire et au risque de transformer quelque peu ses propos, la journaliste expliquait qu'elle n'avait pas voulu s'engager immédiatement, de peur de décrédibiliser sa rédaction sans avoir eu le temps de procéder aux investigations (?) nécessaires, s'agissant d'enregistrements illégaux.
Elle poursuivait, sur un ton dépité, qu'elle regrettait la précipitation avec laquelle l'avocat s'en était allé présenter ses offrandes à Mediapart, compte tenu de la haute valeur collective des informations contenues dans ces enregistrements.
Cette anecdote révèle assez bien selon moi, outre l'obsession du scoop et la hantise de se faire voler la vedette, l'importance pour un journaliste de la crédibilité de la source.
Les enregistrements avaient certes été remis par un avocat renommé mais ils avaient été recueillis illégalement, de surcroît par un simple majordome.
Même si le développement d'internet et cette mode de vouloir faire parler les Emeline et autres auditrices chaque matin sur n'importe quel sujet d'actualité favorisent la surenchère, je pense vraiment que l'audace se débride au niveau des sources, davantage qu'au niveau des médias.
Et ces sources, si l'on en croit la nature des informations divulguées, ne peuvent qu'être des sources autorisées.
Rédigé par : Judith | 05 août 2010 à 22:15
Bonjour M.Bilger,
Me voici de retour après une assez longue absence bien involontaire. Enfin sorti de l'hôpital après trois pénibles semaines, je me réjouis de pouvoir de nouveau vous lire.
J'ai un peu perdu le fil de l'actualité, mais je compte reprendre les billets que j'ai manqués ainsi que les commentaires qui m'auront eux aussi beaucoup manqué.
Rédigé par : Ludovic | 05 août 2010 à 19:25
Comme toujours, Philippe Bilger dont je suis un lecteur assidu, manie, avec beaucoup de talent, l'art de souligner d'un trait acide les perversions, les fautes, les erreurs du Pouvoir en place, avec un souci d'équilibre et de modération qui font l'intérêt de son blog.
Sans être prophète, on peut imaginer - et même pour certains, espérer - que 2012 sera l'année d'une alternance qui mettra fin à un quinquennat qui semble s'étirer et durer trop longtemps.
Ceci dit, on peut s'interroger sur ce qui attend les "bénéficiaires" de cette alternance.
Tout d'abord, ils ne pourront esquiver les obstacles et les difficultés, les réformes que cette majorité, peu à peu décrédibilisée par ses écarts et par les assauts incessants qu'elle a subis, a dû affronter depuis 2007.
Ensuite, et surtout, elle devra faire face à la situation nouvelle créée par l'ouverture de la "boîte de pandore médiatique", et par la nouvelle liberté de ton qu'internet aura contribué à populariser.
En d'autres termes, on est déjà curieux et excités à l'idée d'assister à la nouvelle curée médiatique dont les "heureux élus" de la Gauche seront l'objet.
Car si la Droite nous a offert un spectacle de triste divertissement depuis l'arrivée au pouvoir de Sarkozy,on sait déjà que la Gauche ne manque pas de "bouffons" pour animer la scène médiatique et alimenter l'usine à buzz sur internet...
Rédigé par : berdepas | 05 août 2010 à 17:54
Comment peut-on consulter le site du Nouvel Obs quand on a le bonheur de pouvoir passer ses vacances en Italie !?
Rédigé par : bruno | 05 août 2010 à 17:01
Bonjour,
La démocratie bute sans doute sur son propre principe de Peter.
Le vote n'a de signification que s'il s'exprime en toute connaissance de cause.
Il y a longtemps que la publicité sert de programme aux différents candidats qui nous sont proposés.
D'où l'introduction massive du mensonge, mais aussi de la tolérance, dans notre société.
Faute de marche arrière, difficile à concevoir (l'intolérance nous étant viscéralement odieuse, et c'est bien normal), la barbarie est notre avenir.
Pour l'éviter nous n'avons que deux leviers:
-1°- La transmission des principes de base, donc l'éducation (nationale ?)
-2°- Un arbitrage clair et fort sifflant les fautes de jeu (la justice ?).
Il n'est pas certain que le problème soit soluble, car il n'est pas certain que les solutions aient une adhésion majoritaire.
Ce ne sont peut-être pas les responsables politiques qui dictent la politique du pays, ce ne sont peut-être pas les journalistes qui dictent l'information retenue, il est possible que ce soit à l'inverse le peuple qui se donne la politique qu'il veut et l'information qu'il veut.
Bien présomptueux est celui qui croit savoir qui, de la poule ou de l'oeuf, est l'initiateur des gallinacés.
Cordialement. H. Dumas
Rédigé par : Henri Dumas | 05 août 2010 à 13:12
Bonjour Philippe Bilger,
Vous nous dites : »Mais une double conclusion s'impose. D'abord, quel triste constat : pour peu qu'on fouille, on trouve forcément, dans les charges publiques et leurs titulaires, quelque chose de douteux, de malsain et de soupçonnable... Enfin, qu'on ne dise plus que les médias, sous Nicolas Sarkozy, sont dépendants et soumis ! Il faut accepter ce paradoxe - que les esprits simples me pardonnent - qu'ils sont à la fois totalement indépendants dans leur fonctionnement mais inféodés à leur tête !
Tant pis, on ne fera pas la sieste. »
En fait tout semble indiquer que la corporation des journalistes (et pas seulement ceux de la presse d’opposition) n’ait pas du tout apprécié les petites flèches assassines envoyées par notre Président et par ses principaux « porte-flingues » tels que F. Lefebvre, Dominique Paillé ou encore Nadine Morano pour ne citer que ceux-là.
Nous assistons en fait à une petite guéguerre entre le pouvoir et les médias. Chacun ne faisant aucun cadeau à l’autre, la Justice étant là pour jouer les arbitres bien malgré elle. Mais quelle aubaine pour les grands ténors du barreau qui peuvent enfin parader devant les micros et caméras et faire leurs grands effets de manche.
Quant aux citoyens que nous sommes, nous assistons, assez incrédules (du moins en ce qui me concerne), à ce pitoyable spectacle.
Rédigé par : Achille | 05 août 2010 à 13:12
Comment sortir de l'engrenage ?
Plus le président s'expose, confondant sa personne et sa fonction, plus l'opinion par médias interposée l'accuse et se délecte.
Plus elle l'accuse et se délecte, plus il réagit et, pour se défendre, accentue son exposition, confondant de plus belle sa personne et sa fonction.
Et ainsi de suite.
Bien sûr c'est toujours l'autre qui a commencé, comme toujours. Lui par sa nuit au Fouquet's, elle par son éternelle propension à accuser.
Comment en sortir ?
En retrouvant le sens des institutions, et celui du bien commun...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 05 août 2010 à 12:17
Le Canard Enchaîné est le seul journal à vivre depuis la Libération sans publicité ni site internet : il y a là une permanence de la révélation croustillante ou scandaleuse qui se nourrit chaque semaine sans jamais tarir.
Internet crée un continuum d'informations et de commentaires, avec des sources bien plus diversifiées et l'anonymat qui y règne favorise les vocations d'informateurs et le plus modeste préposé à la photocopieuse peut ainsi se transformer en justicier masqué.
Si ce phénomène est nouveau, il est malgré tout antérieur à 2007 et le régime actuel n'est pas victime de cette évolution mais de son propre comportement.
Tout d'abord, bien avant la présidentielle, N. Sarkozy avait théorisé un plan d'occupation des médias. Une provocation par jour, une loi par jour, un cortège de déclarations et d'actions de communication imprimant un rythme infernal à l'information pour occuper la Une jour et nuit. Cette noria alimentée en permanence a permis à N. Sarkozy de focaliser l'attention sur lui, y compris s'agissant de détails insignifiants artificiellement grossis.
Le pli est pris.
N. Sarkozy avait cependant prévu de toujours maîtriser l'agenda des médias en en étant le principal fournisseur. Ce n'est, hélas pour lui, plus le cas. La presse semble conserver le même rythme initial mais a repris le contrôle de son agenda. Ainsi les révélations qui devaient attendre le mercredi pour être connues se bousculent désormais au portillon et sortent avec la même fréquence que naguère les grands et petits événements de la geste sarkozienne. Comme il le souhaitait, la presse continue de ne parler que de lui à la seule différence qu'il ne parvient plus à tenir la plume.
Deuxième aspect, l'autisme du pouvoir face aux dossiers qui sortent. Une forme de suicide politique à force de mépriser les impacts désastreux de ces affaires. Deux secrétaires d'Etat ont été débarqués pour des broutilles comme s'il manquait quelques zéros à la note de leurs petites turpitudes. Pour mériter du régime, il faut aligner les millions bien ou mal gagnés. Les amis du Fouquet's sont devenus les prêtres inexpugnables du temple dont on ne saurait se séparer à aucun prix. Tel ministre chéri est convaincu de conflit d'intérêt : il démissionne de son poste de trésorier du parti et surtout pas de son ministère, alors qu'en bonne démocratie l'inverse s'imposait. Tel autre profite d'une mission officielle à l'étranger pour ramasser du fric à titre personnel, c'est déjà noyé dans l'océan des affaires. "C'est légal" devient l'argument décisif faisant fi des exigences éthiques de la démocratie. Et pourvu que l'habillage conserve toutes les apparences de la légalité, l'impunité morale est garantie. Définition du berlusconisme, dont la comparaison s'impose aujourd'hui, y compris dans les rangs de députés UMP.
Cette double faute présidentielle confirme le sentiment qu'une bande d'aigrefins a fait main basse sur la République pour le seul profit des copains et des coquins. Elle se rebiffe. Mieux vaut tard que jamais.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 août 2010 à 11:56
Alex Paulista voit juste.
Les journaux français perdent de l'argent et ont besoin tous les quatre cinq ans de mécènes pour les renflouer, temporairement tout au plus. Ils essayent d'attirer le chaland en soulevant des "affaires" qui, en définitive, me semble-t-il, n'excitent guère l'opinion, laquelle est plus intéressée par son emploi, son pouvoir d'achat, ses vacances et les dernières "incivilités" commises à proximité.
Internet vient chasser sur leurs terres mais je n'ai pas l'impression que Mediapart, par exemple, gagne tellement sa vie.
Les blogs, de qualité inégale, et qui servent souvent d'exutoire - comme je le fais en ce moment - à des commentateurs zélés ne "couvrent" qu'une partie très faible de l'opinion.
En définitive l'information des Français se fait essentiellement par la télévision ; ils en retiennent quelques têtes de chapitres, quelques slogans et peu d'arguments véritables.
Qu'on ne vienne pas nous dire que tout cela fait une démocratie.
Bonne sieste tout de même !
Rédigé par : mike | 05 août 2010 à 10:41
Cher Philippe Bilger,
Si vous pensez réellement que le président s’est imposé un effort d’éthique, cela ne s’est pas traduit dans les faits par un quelconque impact vivifiant.
En droit du travail, le phénomène que vous mettez en exergue se nommerait « perte de confiance », et lorsqu’un collaborateur perd la confiance de son employeur, ce dernier peut légitimement mettre un terme à toute collaboration sous ce motif considéré comme réel et sérieux.
Celui qui s’est présenté en 2007 comme le futur président du pouvoir d’achat n’a certes pas été servi par la chance. Pour le reste, le retour de la valeur travail, le retour de la « transparence », l’équilibre des pouvoirs exécutif et législatif par la réforme de la Constitution de la Vème république, se sont surtout traduits dans les faits par une concentration de tous les pouvoirs de décision en une seule paire de mains, ce qui - de mon point de vue - constitue une menace pour la démocratie.
La faute la plus grave dans tous les manquements récents réside, toujours de mon point de vue, incontestablement dans la non nomination d’un juge d’instruction dans l’affaire Bettencourt/Woerth, compte tenu en particulier de la mise en cause du procureur Courroye dans les écoutes du majordome. Comment ne pas douter de ce régime s’il ne garantit même pas l’indépendance de la justice ?
Si les médias semblent ne pas se préparer à une trêve estivale, c’est probablement qu’ils s’estiment, eux aussi, un peu « cocus ».
A la seule et unique conférence de presse concédée par Nicolas Sarkozy en janvier 2008, ce malheureux Laurent Joffrin s’est vu publiquement humilié par un Sarkozy confondant monarchie et royauté sans qu’aucun représentant de la presse n’ait eu l’élégance de faire preuve de solidarité. Cela a laissé des traces.
Les seuls entretiens accordés par Nicolas Sarkozy aux télévisions l’ont été aux chaînes qu’il avait lui-même choisies, sous la forme de réponses aux questions posées par les journalistes qu’il avait lui-même sélectionnés, et toujours en son palais.
A chaque événement susceptible de brouiller quelque peu l’image présidentielle, l’Elysée a toujours délégué auprès des médias les membres de son équipe de choc : Bertrand, Morano, Lefebvre, Paillé, tous munis des mêmes fameux « éléments de langage » calibrés et pesés par les communicants maison.
Quand on se montre incapable de s’adresser « d’égal à égal » à la presse et aux médias de son pays, il ne faut pas s’étonner de voir ces derniers se demander où est caché le loup.
Alors, les médias ont peut-être envie de se rattraper vis-à-vis de l’opinion, titillés qu’ils sont de surcroît par la presse internet - Mediapart, Rue 89, Arrêt sur images, Slate.fr- et quelques blogs dont le vôtre.
Pour ce qui me concerne, je ne serai pas mécontent de rester en éveil.
Rédigé par : Christian C | 05 août 2010 à 09:18
Avec internet, les journaux ont peur pour leur bifteck.
Rédigé par : Alex paulista | 05 août 2010 à 00:57