Durant plusieurs jours on n'a parlé que de l'entretien accordé par Brice Hortefeux au Figaro Magazine. Si le ministre de l'Intérieur n'avait pour but que de mettre en rage les magistrats et de formuler des propositions décapantes, son entreprise est réussie.
Je ne crois pas que son objectif fondamental était de retenir l'attention avec le discours volontairement provocateur qui a été le sien.
A mon sens il ne pouvait pas supposer un seul instant qu'en reprenant l'idée de citoyens dans les tribunaux correctionnels aux côtés des magistrats, il allait susciter plus d'adhésion que précédemment. Elle demeure en effet techniquement et judiciairement impraticable et sur le plan politique, elle vient contredire la volonté de rendre moins présent le peuple au sein des cours d'assises. On prétend vouloir instaurer un lien entre la société et les juges en matière correctionnelle mais on le brise par ailleurs. En dépit de l'élégante attitude du Premier ministre qui suggère "une réflexion", j'espère qu'on en restera là et qu'on n'amoindrira pas surtout le poids populaire dans le débat criminel.
Faire élire les juges de l'application des peines et les magistrats des juridictions pénales constitue un projet qui ne convainc pas davantage tant le hiatus est grand entre la réalité judiciaire d'aujourd'hui et cette subite intuition qui relève d'un pur débat théorique.
Tout, selon moi, ne serait pas à rejeter dans ce que le ministre a formulé, notamment pour ce qui se rapporte à une exécution des peines qu'il souhaiterait moins laxiste et à la rétention de sûreté dont l'application devrait être facilitée. Ce qui représente un problème tout de même, c'est la manière à la fois impérieuse et désinvolte dont Brice Hortefeux aborde des sujets et évoque des modifications dans des domaines qui sont encore de fraîche date. On a l'impression qu'avec volupté il s'empare de territoires qui ne sont pas naturellement de son ressort et qu'il jouit d'une liberté d'expression dont il sent qu'elle va choquer.
Brice Hortefeux n'est pas non plus sans pertinence quand il fait allusion à une part de la magistrature qui serait désaccordée avec le sentiment populaire.
Il me semble toutefois que l'essentiel n'est pas là. Devant ces déclarations, comme il était prévisible, le Syndicat de la magistrature, l'Union syndicale des magistrats, Serge Portelli ont élevé de très vives protestations. L'USM, notamment, les a estimées "affligeantes" et a invité le garde des Sceaux à intervenir (nouvelobs.com, JDD.fr). Rien que de très banal dans ces répliques et ces ripostes. Pourquoi, cependant, le ministre, en pleine connaissance de cause, a-t-il mis en branle un processus d'hostilité et d'intimidation à l'égard des magistrats, en étant assuré qu'ils réagiraient de cette manière ? Le candidat Sarkozy n'avait pas hésité à dénoncer certaines pratiques judiciaires en effet sujettes à caution et, devenu président, s'était certes moqué des "petits pois" mais, depuis, une sorte d'accalmie avait été instaurée qui laissait apparaître plus de retenue de l'Etat à l'égard de l'institution judiciaire. Je suis surpris qu'un politique avisé comme le ministre de l'Intérieur, très proche du président, ait décidé de rompre, et avec quel éclat, ce fragile compromis. Comme s'il convenait de passer à la guerre ouverte et de manifester que la magistrature ne faisait plus peur ? Je ne suis pas sûr qu'une telle démarche, qui va agiter - et c'est peu dire - un monde déjà effervescent ne soit pas en définitive un coup de force à la fois dangereux et maladroit.
Ne faut-il pas s'interroger plus avant et accepter que le garde des Sceaux soit la cible quasi exclusive de cette échappée impressionnante de Brice Hortefeux ? Ne serait-ce pas la continuation, sur un autre registre, de sa mise en cause récente par le Premier ministre pour les "fuites" à son cabinet ?
En tout cas, on n'a jamais vu ni entendu un ministre de l'Intérieur prendre avec tant d'aplomb et de tranquillité la place du ministre de la Justice avec, suprême paradoxe, l'aval de cette dernière qui concède à Brice Hortefeux "le droit d'avoir ses propres idées" sans se soucier de l'effacement que cela induit à son détriment et à celui de la magistrature. Dans le passé, l'histoire gouvernementale avait mis en évidence des oppositions fréquentes entre l'Intérieur et la Justice et, souvent, on n'avait qu'un ministre fort sur deux. Mais il y avait combat, lutte, tension, révolte. Aujourd'hui, Brice Hortefeux a gagné, occupe tout le terrain et Michèle Alliot-Marie est mise K0, quasiment avec son consentement. Son chemin de croix avait commencé, dès son arrivée Place Vendôme, avec l'appel imposé sous influence dans l'affaire Fofana, et apparemment finit avec le triomphe de Brice Hortefeux qui, à l'évidence, se mêle de la Justice comme s'il était titulaire d'une double charge.
Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit.
@Alex Paulista
Ma famille du Brésil, elle est unanime sur la majesté du réseau routier français.
Mais elle spécule chaque matin avec l'Euro!
Le salaire de nos élites, il est triplé si elles s'emploient dans la finance...
C'est entendu.
Toutefois, il est constant que les occupations foncières bâties, elles sont l'expression exacte et très peu variable par l'architecture, des mécanismes de financement qui les ont initiées, les montages juridiques qui leurs sont attachés aussi.
La validité des retombées en terme d'emplois, je ne l'observe pas autant que celle du patrimoine construit, et ses qualités sur notre territoire.
Revenant à nos ronds-points, la multiplication des financements qui les produit, c'est une manière en haute finance où les X-Ponts n'ont pas rien à voir.
Par exemple, je pense à la naissance de la banque Dexia, pour le financement des collectivités locales.
Les courts-circuits, c'est pour les petits brins dans la pelote, mais l'organisme il se développe dans le parcours de longues ficelles !
Il ne suffit pas, en manière d'avocat, de pointer des vérités en pelote métaphorique pour régler un dossier !
Merci votre lecture.
Rédigé par : zenblabla | 26 septembre 2010 à 11:45
@ M. Jiel
Merci votre réponse, de votre souci d'édification.
Je ne peux suivre votre raisonnement, avec la mise en perspective des trois pouvoirs.
Le troisième pouvoir, dans la trilogie que vous présentez pour la démocratie, il n'a pas la même nature que les deux autres, c'est effectivement un contre-pouvoir.
Il vérifie la conformité des actes du premier, suivant les inscriptions à la loi du second.
Qu'il le fasse bien ou mal, l'avis populaire existe avec toutes sortes de médiations, cantonne toutefois à l'observation des fautes professionnelles, sinon rappelle en élection pour changer les représentants de l'exécutif et du législatif.
Et s'il était envisageable de prendre l'édifice démocratique à revers, comme vous le suggérez, il faudrait au moins un référendum..., pourquoi n'est-il pas initié ?
Quand au regard des autres dans lequel chacun habite, le mépris ou la connivence qui lie chacun à l'autre imaginé comme absolu généraliste, comme absolu spécialiste, comme nécessairement confit en corporation, il faudrait mener un procès à "toutes" les corporations pour en rendre compte, observer comment la pelote est intriquée de différents brins, voire du même brin.
Dans l'impossibilité et en attendant que la prédiction de Durkheim qui pense l'autonomie croissante de l'individu dans l'histoire soit sanctifiée pour notre époque, si le contemporain mieux qu'un consommateur prouvait être très en avance dans ce processus historique, la législation serait alors écrite et bien adaptée, mais préalablement les choses se passent aux mœurs dans leur évolution.
Comment tout cela se discute et comment il ne suffit pas d'évacuer la pensée non conforme, c'est le processus démocratique. Plus loin que ce processus, s'entend trop souvent l'idée suivant laquelle, plus que la pensée non conforme, c'est l'individu porteur de cette pensée qu'il faut éliminer.
C'est le mal de l'époque, penser que l'universalisme est à la définition de la forme universelle habitable pour tout le monde, faute faisant preuve étant sanctionnée par l'exclusion.
Cela ne marche pas, quand se démontre à l'inverse la restriction de cette forme universelle si cela semble légitime ! C'est la gageure du luxe étendu, et la distinction qui serait...
Mais vaut véritablement la définition de la "forme inhabitable", une fois constaté là où on ne peut pas aller, où on ne peut pas être exilé. C'est le sens des droits de l'homme, il ne peut être fustigé avec l'ignorance, je défends l'éducation pour la construction autre que l'emploi mieux réservé.
Dans cette forme inhabitable, avec le progrès démocratique, il faut l'apparition de nouvelles formes habitables, pour cela il faut des experts. Ce n'est pas l'envahissement de celle-ci ou de celle-là existante. Ce n'est pas la réservation de l'une ou l'autre privilégiée. Ce n'est pas habiller Paul en déshabillant Pierre. Nous ne sommes pas des Bernard l'ermite au marché des coquilles, seraient-ils plaqués d'or.
C'est donc pour l'apparition de financements opérationnels qu'il faut agir et penser, d'où ma manière qui condamne la répétition manifestement abusive, celle aussi qui défend la consolidation des frontières à condition que toute l'énergie ne soit pas allouée à leur épaississement, comme avec la finance. Il y a péril avec la sclérose.
Ainsi, le peuple "pouah" n'existe pas, mais existe le peuple qui dit "pouah", qui recherche son émancipation dignement financée en nouvelles formes, pas celles qui se développent par reconduction en pays émergents. C'est l'urgence...
Pour mieux "piger", il faudrait que vous vous mettiez d'accord avec Alex Paulista quant au statut et au rôle des élites.
Merci encore votre réponse.
Rédigé par : zenblabla | 26 septembre 2010 à 11:44
"La justice est laxiste dites-vous. J'en conclus que les prisons devraient être vides et que les peines et les temps de détention devraient être à la baisse. Est-ce cela que l'on constate ?" (At the mercy)
Oui. Les prisons sont vides en France, pour la bonne raison qu'elles n'existent pas. Il y a très peu de places de prison disponibles par rapport aux autres pays. Le nombre absolu de prisonniers est très faible.
Ce n'est évidemment pas le taux de remplissage des prisons qui est significatif. C'est le fait de savoir si les criminels sont punis comme ils le devraient.
S'il y a beaucoup de criminels, le nombre important de gens en prison n'est pas une preuve de sévérité. C'est juste une preuve de justice.
La logique pervertie sur laquelle vous basez votre remarque est la logique gauchiste : la prison, c'est mal ; les gens sont gentils ; moins on les met en prison, mieux c'est.
Ca, c'est la conception Degauche de la justice. La vraie justice, c'est d'être juste, pas d'être gentil. C'est assez différent.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 24 septembre 2010 à 15:24
"Vous voulez certainement parler de ce qu'on vous montre tous les jours à la télévision"
Non, non c'est dans les minutes du greffe. C'est marqué dedans !
C'est comme les discours de Sarko en déplacement (qui ne font jamais la une du 20h), c'est noir sur blanc, suffit de lire pour pouvoir argumenter.
Rédigé par : jpledun@Alex paulista | 24 septembre 2010 à 07:57
"ce que je vois tous les jours"
Vous voulez certainement parler de ce qu'on vous montre tous les jours à la télévision. (Alex Paulista)
***
Bien sûr ! Vu que c'est montré à la télévision, ça n'existe pas ! Les policiers ne sont pas vraiment victimes de tentatives d'assassinat, les femmes ne sont ni violées ni brûlées vives, tout cela c'est pour rire.
Ce sont des mannequins recrutés par les services de Sarkozy qui se font brûler vifs contre un peu d'argent, ce sont de faux juges qui prononcent de faux jugements dans des palais de justice en carton-pâte, ce sont des comédiens déguisés en flics qui remettent en liberté des mineurs à peine arrêtés, lesquels s'empressent ensuite de provoquer des "sentiments d'agression" chez des vieux qui ont "l'impression" qu'on leur donne des coups de poing au visage pour leur piquer leur sac, etc.
Tout ça est un vaste complot gouvernemental, ça n'existe pas.
Cela dit, pour votre information, on aurait du mal à "me montrer quelque chose à la télévision", vu que je n'ai pas la télévision.
D'ailleurs, ce n'est justement pas la télévision qui parle de tout cela, en général. Ce sont des blogs, des sites de réinformation qui font la synthèse des quotidiens régionaux, d'informations disséminées un peu partout, mais étouffées en général par les médias traditionnels qui ne les donnent qu'en catimini.
Vu le travail de réinformation fait par Internet, les grands médias commencent à se réveiller, mais c'est une vaste blague que de prétendre qu'ils donnent de près ou de loin un visage fidèle de l'étendue de la criminalité et de l'impunité des délinquants.
Y compris les médias prétendus "de droite" comme Le Figaro, d'ailleurs.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 24 septembre 2010 à 01:48
@Robert Marchenoir
Il est facile d'induire des conclusions générales à partir de quelques cas particuliers soigneusement sélectionnés. Il s'agit pourtant d'une hérésie logique. Elle préside à la politique du "un fait divers, une loi".
La justice est laxiste dites-vous. J'en conclus que les prisons devraient être vides et que les peines et les temps de détention devraient être à la baisse. Est-ce cela que l'on constate ?
A crime égal est-on moins condamné en France que dans les pays voisins ? Est-on moins condamné aujourd’hui qu’il y a quinze ans ? Les libérations conditionnelles sont-elles si faciles à obtenir ?
Mas je crains que tant que des têtes ne rouleront pas, pour certains la justice sera toujours trop douce.
Rédigé par : at the mercy | 23 septembre 2010 à 23:52
@ Robert Marchenoir
"ce que je vois tous les jours"
Vous voulez certainement parler de ce qu'on vous montre tous les jours à la télévision.
Cette même lucarne qui vous a sensibilisé aux problèmes ultra-prioritaires que sont les minarets et la conduite en burqa.
Rédigé par : Alex paulista | 23 septembre 2010 à 14:08
Agression de policiers par dix personnes : une seule condamnation, à… 1 mois de prison
Publié le 19 septembre 2010
Laissé libre malgré une condamnation à 15 ans pour barbarie sur enfant, il violente une femme
Publié le 17 septembre 2010
La Justice persiste et signe : le braqueur présumé d’Uriage est remis en liberté
Publié le 16 septembre 2010
La Justice remet en liberté un homme dangereux suspecté de plusieurs viols
Publié le 16 septembre 2010
La juge contraint les enquêteurs à rendre les bijoux volés aux voleurs
Publié le 16 septembre 2010
Tout ça en quatre jours. A part ça, "les statistiques montrent" que la justice n'est pas laxiste. Ah oui, c'est vrai, j'oubliais. Ca dépend pour qui :
Le septuagénaire René Galinier maintenu en prison
Publié le 15 septembre 2010
http://www.justice-securite.fr/
Rédigé par : Robert Marchenoir | 23 septembre 2010 à 12:39
Toutes ces mesures partent d’un étrange présupposé, démenti par toutes les statistiques, celui du laxisme de la justice. (At the mercy)
Bizarrement, vous ne citez aucune de ces fameuses "statistiques", que pour ma part je n'ai jamais vues (peut-être parce qu'elles n'existent pas ?).
En revanche, ce que je vois tous les jours, ce sont des jugements réels, réellement prononcés, des auteurs de crimes et délits graves qui subissent réellement des peines ridiculement faibles, ou pas de peine du tout.
Tout récemment, un groupe de malfaiteurs tend un piège à des policiers. Un membre du groupe ceinture l'un des policiers. Un autre lui enlève son casque. Quelqu'un lui frappe la tête à coups de marteau.
Les coupables sont arrêtés et jugés. La peine ? Nada. Nix. Que dalle. Ils sortent triomphants du tribunal, en lançant "Merci, la France" à la cantonade. (Ils étaient évidemment "issus de l"immigration".)
Le plus "sévèrement" condamné a reçu quelques mois de prison ferme. Pas de mandat de dépôt à l'audience. Tous sont sortis libres du tribunal. Libres de s'évanouir dans la nature avec une peine ridicule qui ne sera jamais effectuée. Libres de tenter à nouveau d'assassiner un policier.
Dans un pays avec une justice digne de ce nom, un tel acte, c'est entre quinze ans de prison réels et la peine de mort.
Des exemples comme ça, il y en a des centaines. Des milliers.
Nous attendons vos statistiques avec curiosité.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 23 septembre 2010 à 12:10
Rédigé par : Robert Marchenoir | 22 septembre 2010 à 18:29
"Faut-il mettre des parents d'élèves dans les classes ?"
.....................................
J'ai mieux comme suggestion :
moi j’dis qu’on devrait mettre les écoles dans les commissariats, les parents à l’école et les instits à la grève...
Rédigé par : sylvain | 23 septembre 2010 à 12:05
M. Hortefeux propose la suppression de l’aménagement des peines de moins de deux ans.
Précision utile : l'article 84 de la loi 2009-1436 traitant précisément de ces aménagements date du 24 novembre 2009 ; à cette période M. Hortefeux était, déjà, membre du gouvernement et ministre de l'Intérieur !?!
Rédigé par : Mécékilui | 23 septembre 2010 à 07:59
@At the Mercy | 22 septembre 2010 à 09:54
Vous avez tout à fait raison. La pratique est à craindre si la théorie est à louer !
Rédigé par : Catherine JACOB | 22 septembre 2010 à 19:51
"Faut-il mettre des parents d'élèves dans les classes ?" (Catherine)
Oui. Bien évidemment. Le fait même que l'on puisse poser la question en sous-entendant que ce serait absurde montre à quel point le sens commun a déserté la France.
D'ailleurs, de plus en plus de parents d'élèves rentrent dans les classes, pour la simple et bonne raison qu'ils décident de faire l'école eux-mêmes.
Ce qui est parfaitement légal.
Ce mouvement est en plein essor, en France comme aux Etats-Unis. Evidemment, tout ce que la France compte de fonctionnaires est horrifié à cette perspective, puisqu'elle prouve qu'ils ont échoué, et qu'on n'a pas besoin d'eux.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 22 septembre 2010 à 18:29
@ At the Mercy
Pour les politiques ce qui compte n'est pas la réalité des choses mais le ressenti de la population.
Quand ils parlent de "résultats", il faut comprendre cela en termes de sondages.
Rédigé par : Alex paulista | 22 septembre 2010 à 13:00
Toutes ces mesures partent d’un étrange présupposé, démenti par toutes les statistiques, celui du laxisme de la justice. Le ministre espère qu'en ajoutant un jury populaire les peines seront plus lourdes et les libérations plus tardives. Ces mesures sont bien entendu inapplicables et il le sait.
Rédigé par : At the Mercy | 22 septembre 2010 à 09:54
Mais oui il y a des choses trop techniques pour ne pas les mettre entre toutes les mains. Faut-il au nom du peuple mettre des citoyens dans les salles d'opération pour vérifier que tout s'y déroule en bon ordre ? faut-il mettre des parents d'élèves dans les classes ? Comparaison absurde diront certains. Pas tout à fait faux mais elle montre jusqu'où peut aller cette idée démagogique de mettre ce fameux "citoyen" (un mot dont tout le monde se gargarise désormais) partout, comme une garantie de démocratie. Dans ma campagne natale on dit volontiers "chacun chez soi et les vaches seront bien gardées" et je trouve ça frappé au coin du bon sens. Il me paraît plus sain pour une démocratie que les décisions de ceux qui dirigent puissent être contestées plutôt qu'elles soient prises collégialement avec des gens comme vous et moi (moi en tout cas) qui effectivement n'auront pas les éléments pour comprendre et ne serviront que de prête-noms, d'alibis. L'exemple du jury populaire aux assises est assez parlant : les mêmes qui étaient - et sont - favorables à ce jury ont trouvé formidable l'idée de faire appel des décisions de ce dernier ; et tant pis pour le paradoxe.
Cela dit M. Bilger vous pourriez écrire LA garde des Sceaux... Oui je connais la distinction entre la fonction et blablabli et blablabla mais quand on a voulu parler des sages-femmes hommes, nos académiciens très frileux sur LE Secrétaire perpétuel (même en jupons) et sur LA secrétaire qui fait le café, sont allés pourtant dénicher le maïeuticien.
Je vous le dis tout net M.Bilger, votre "Le" garde des Sceaux fait mauvais genre !
Rédigé par : catherine A Mauvais genre ! | 21 septembre 2010 à 19:15
Penser que les X-Ponts ont quelque chose à voir avec le nombre de ronds-points... Encore un court-circuit mental. La plupart d'entre eux font de la finance. Ils ne voient la DDE que pendant leur premier stage en sortie d'école. Et la DDE est juste un conseiller technique, pour les zones inondables par exemple.
Cela se décide au niveau des mairies. Il faut bien faire travailler les entreprises locales...
@Robert Marchenoir
La France est engagée par des traités, dans un monde complexe qui a besoin de réciprocité. Renier ces traités, c'est justement renier la parole de la France.
Si Sarkozy veut faire sortir la France des accords européens, pourquoi pas après tout. Mais ce n'est pas son mandat, et ce n'était pas dans son programme.
Mais peut-être pensez-vous que la parole de la France est à géométrie variable suivant qu'elle s'accorde ou non à vos idées politiques.
Rédigé par : Alex paulista | 21 septembre 2010 à 13:15
@ Zenblabla
Cher Monsieur Zenblabla,
Vos deux premiers paragraphes montrent que vous étiez à deux doigts de comprendre mon idée. Deux doigts, ce n’est pas beaucoup, sauf quand on souhaite refuser l’obstacle. Votre troisième paragraphe est le refrain de tous les ennemis du suffrage universel et la suite est la partie « blabla » qui doit se vouloir désagréable mais qui est par bonheur confuse.
Donc, comme vous l’écrivez « la population n'est pas sans pouvoir en matière de ronds-points », (c’est vous qui avez choisi cet exemple exaltant)… eh bien vous avez compris ! Que vous ne souhaitiez pas exercer ce pouvoir est votre affaire, mais si vous en faites un cheval de bataille, vous pouvez intervenir de mille façons pour influencer cette politique qui me déplaît autant qu’à vous : écrivez au Maire, au Préfet, à la commission des Sites, à la DDE, menacez le Conseiller Général de voter pour un autre…Vos chances de succès sont faibles ? Sans doute ! Mais ce qui compte est qu’elles ne sont pas nulles parce qu’il existe un lien institutionnel vous permettant d’avoir une fraction d’influence sur ce sujet (que vous pouvez démultiplier en créant une association…)
Reprenons : il existe trois pouvoirs dans une république démocratique du type de la France :
1- le pouvoir exécutif (Président, Maire, etc..) est soumis au suffrage universel
2- le pouvoir législatif est soumis au suffrage universel
3- le pouvoir judiciaire est soumis….. ? je souhaite juste que la réponse soit autre chose que : au caprice d’une caste autonome, corporatiste et qui n’a de comptes à rendre à personne. L’élection n’est pas l’unique solution.
Pigé ?
Dans votre troisième paragraphe vous écrivez « sauriez-vous en outre quelque(s ?) moyens d'éducation permettant à ce peuple (de ?) tenir un rang et une place adaptée pour la chose publique en structures de l'Etat? ». Cette phrase est terrible ; c’est la rengaine de tous ceux qui contestent au peuple le droit d’avoir un avis sur les affaires de l’Etat ! Trop techniques ! Trop savantes ! A ne pas mettre entre toutes les mains ! Les régimes totalitaires adorent cet argument. Vive l’oligarchie ou l’aristocratie !
Faire élire un Maire qui va délivrer des permis de construire par un électeur qui ne sait pas ce qu’est un COS et se trompe dans ses règles de trois ? Faire élire un député par un misérable qui ne sait pas la différence entre une loi et un décret ? Pouah !
Je ne vous suis pas sur cette piste.
Rédigé par : Jiel | 21 septembre 2010 à 10:25
"Bon, ce n'est pas nouveau : la gauche, c'est quand ça l'arrange. La contradiction ne lui fait pas peur." Robert Marchenoir.
Voici un extrait d'un papier de Jérôme Leroy, sur le site "Causeur.fr":
"Ce qu’il y a de bien avec le souverainisme, justement, c’est qu’il permet d’aimer sa nation sans être nationaliste. Le souverainiste, et notamment le souverainiste français, pense que la nation, c’est encore pour l’instant le seul cadre qui protège, qui permette d’assurer un minimum de cohésion sociale en résistant à la mondialisation. Seulement, quand on est souverainiste, il faut aller jusqu’au bout de sa logique.
Et les postures adoptées par le pouvoir actuellement face à la question rom, c’est tout de même du souverainisme à la très petite semaine. On dit merde à l’ONU, au Pape, aux Roumains, à la Commission Européenne et au Luxembourg via cette même Commission Européenne. Il faut la voir, rouler des mécaniques, cette droite de gouvernement qui bande ses petits muscles en disant : « On fait ce qu’on veut, on est chez nous, non mais… »
Il y a juste un petit problème. C’est que c’est la même droite qui a fait voter en catimini parlementaire le traité de Lisbonne malgré le référendum de 2005 et la même qui ne cesse aujourd’hui de nous citer le monde entier en exemple sur les retraites pour nous faire honte devant notre archaïque feignasserie de Gaulois qui refusent d’admettre que l’allongement de l’espérance de vie suppose l’allongement de la durée de travail."
Rédigé par : Herman | 21 septembre 2010 à 09:39
@ Pierre-Antoine : J'abonde, j'abonde (sans aller jusqu'au "comité de salut public" : il y a mille nuances) !
Les magistrats nous remercieront... plus tard !
Car je m'amuse, je m'amuse de la décision n° 2010-10 du CC (du début du mois de juillet, concernant les TMC).
Ils sont désormais considérés comme anti-constitutionnels, pour cause d'échevinage.
Pensez ! Des "fonctionnaires" y étaient chargés de rendre la justice pénale maritime !
Quand le même principe sera appliqué à toutes les juridictions, qui seront de fait considérées comme anti-constitutionnelles pour n'agréger que des fonctionnaires assermentés, il faudra bien que les citoyens y reprennent leur rôle premier (comme dans les CPH, les tribunaux de commerce, les juges de proximité, etc, etc.).
Vraiment trop drôle le traitement de cette juridiction d'exception (bon, qui a aussi ses travers procéduraux, faut reconnaître) présidée quand même par un magistrat du TGI local...
Et qui remonte jusqu'au temps de la flibuste royale, après avoir été abolie par la Révolution, puis restaurée à la demande des marins eux-mêmes !
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 21 septembre 2010 à 09:34
Je lis ceci dans les commentaires :
"Peu importe que l'étranger, que l'ONU, les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie et le Pape protestent ou s'indignent (tous de dangereux gauchistes comme dirait l'impayable Sylvain), du moment que l'on plaît à l'électorat UMP."
Oui, quel scandale que ce soient les Français qui décident des affaires de la France, et non l'étranger, l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie ou le Pape !
Comme c'est bizarre, comme c'est fâcheux et que c'est incongru...
En général, d'ailleurs, ce sont les mêmes qui vont accuser le gouvernement d'être à la solde de Washington et de Bruxelles - et qui hurlent au pétainisme à la moindre occasion.
Mais là, non : les Français devraient obéir à l'étranger, puisqu'ils ont le tort de n'être pas de gauche. Suivant la même logique, n'oublions pas que c'est la gauche française qui a élu Obama à la présidence des Etats-Unis.
Bon, ce n'est pas nouveau : la gauche, c'est quand ça l'arrange. La contradiction ne lui fait pas peur.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 21 septembre 2010 à 01:25
@Surcouf-Lucullus | 20 septembre 2010 à 18:30
En attendant je suis dans ma cuisine j'ai un risotto à préparer.
Si c'est un Risotto al amarone della valpolichinella (risotto au vin rouge) que vous avez en vue, attention à ne rien renverser sur votre clavier, ni bouillon de poulet, ni vin rouge, vous seriez obligé d'en changer. Et ne goûtez pas trop non plus avant ce servir le nectar à consommer avec modération!
Rédigé par : Catherine JACOB | 21 septembre 2010 à 00:23
Strasbourg, le 20/09/10
Objet: La volonté du peuple/Justice @Jiel
Bonjour Monsieur,
Voyez-vous monsieur Jiel,
ce n'est pas parce que les X-ponts ont la maîtrise intellectuelle de l'aménagement du territoire, et une fois constaté que ledit territoire se couvre de ronds-points comme le visage d'un adolescent de boutons, qu'il faut pour autant faire intervenir toute la population pour décider de l'allure de chaque rond-point, ou virer les X-ponts.
A ce sujet métaphorique, avec l'enquête publique, la population n'est pas sans pouvoir en matière de ronds-points... mais elle n'exerce pas ce pouvoir, et pour cause, sans doute présente-t-il quelques difficultés pour l'appréciation.
Veuillez méditer, monsieur, ce que la volonté du peuple qu'il nous faut supposer autant que vous l'exprimeriez, pourrait nécessiter comme formation au droit, codes et diverses procédures, afin qu'elle ne s'y désorganise pas.
Dans l'attente de savoir la volonté du peuple, ainsi que vous semblez la connaître, sauriez-vous en outre quelque moyens d'éducation permettant à ce peuple tenir un rang et une place adaptée pour la chose publique en structures de l'Etat?
Assurément, ce qu'il manque suivant votre communication, et que peut-être vous brigueriez, ce serait un ministère de la volonté du peuple, pourquoi pas étendu avec un cabinet des corporations en vigueur.
Quelle apparition exaltante, et quel confort ce serait!
Splendide imago, une journée d'éphémère suivant une pleine saison de traine-bûche, alors ne plus penser aux effets de nos causes!
Nul doute que ce manque, vous sauriez l'exprimer, œuvrer qu'il soit comblé, d'avance je m'en réjouis.
Il fut une révolution quand l'aristocratie ne sut se lier ni au peuple, ni à la bourgeoisie. Notre nouvelle "aristocratie" hésiterait-elle entre le peuple et les nouveaux riches?
Ou bien, un minimum de dignité n'est-il pas requis, toute noblesses d'Etat confondues?
Dans l'impatience, etc...
Rédigé par : zenblabla | 20 septembre 2010 à 22:58
Si le prochain remaniement ministériel, tant attendu, plaçait Michèle Alliot-Marie à Matignon et faisait de Brice Hortefeux le nouveau garde des Sceaux, le knock-out décrit par Philippe Bilger n'aurait plus qu'un aspect purement technique.
Nicolas Sarkozy reste immensément redevable à MAM, qui fut la première à le prévenir, alors qu'elle dirigeait le ministère de la Défense en novembre 2003, que ses patronymes inusités figuraient sur les listings de la banque de compensation luxembourgeoise Clearstream, tandis qu'elle s'apprêtait à les transmettre au palais de l'Elysée.
Rédigé par : Djinn | 20 septembre 2010 à 20:41
Depuis le malheureux dérapage des "petits pois" jusqu'aux propositions hallucinantes de M. Hortefeux, l'histoire judiciaire de ce quinquennat se résumera à une seule chose : réduire la marge d'action du judiciaire au profit du politique en considérant que le Juge n'est qu'un appendice du gouvernant. Fort heureusement, les magistrats du siège réagissent souvent courageusement lorsque l'on tente de leur rogner les ailes. Les dernières propositions "judiciaires" du ministre de l'intérieur interpellent : croit-il sincèrement à la faisabilité de pareilles sottises ou bien s'agit-il de simples propositions destinées à chasser sur les terres populistes ? Dans les deux cas, la justice et plus généralement la préservation de l'état de droit sont des choses bien trop sérieuses pour faire l'objet de schémas aussi ridicules. Fort heureusement, le grotesque ne tue pas.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 20 septembre 2010 à 20:35
Bonjour M. Bilger,
Je savais déjà que vous ne manquiez pas de courage mais là je vous tire mon chapeau. On va encore vous renvoyer à votre devoir de réserve et M. Falletti va finir par se lasser, attaquer deux ministres régaliens à la fois, ça ne manque pas d'audace.
Pour en venir au coeur de la polémique, je crois que si Hortefeux s'est permis de rompre l'équilibre précaire entre l'exécutif et le judiciaire, c'est qu'il savait pouvoir se le permettre, à moins qu'il n'ait agi en service commandé.
C'est que l'ami de Nicolas s'inspire de son modèle sur le thème classique "la police fait son travail avec efficacité mais les magistrats ne suivent pas", une vieille antienne usée jusqu'à la corde, mais elle marche toujours. Par ailleurs, l'ami Brice ne se retient plus depuis le Conseil des Ministres du 1er septembre dernier au cours duquel, si on en croit le Canard du 15 septembre, il a fait l'objet d'un vibrant éloge présidentiel : "Il a beaucoup de courage. Il a le sens de l'Etat, une énergie extraordinaire. C'est un ministre formidable. Je pense que tous, ici, vous en êtes conscients. Et je ne dis pas ça parce que c'est mon ami, mais parce que c'est vrai."
Dans la course ouverte à l'éventuelle succession de Fillon à Matignon, Hortefeux joue les outsiders et tacle MAM. Enfin c'est une hypothèse, et comme les Français se méfient de leur justice, quelle meilleure cible que les magistrats. Les syndicats de la magistrature sont ulcérés, et alors, les syndicats de police eux sont ravis, et puis combien de magistrats en France déjà ? Moins de 8000 ? On peut se passer de leur opinion et de leurs voix, ils ne risquent pas de paralyser le pays.
Nicolas Sarkozy a ouvert la boîte de pandore (c'est le cas de le dire) à Grenoble, il n'est plus question de reculer, toutes les provocations sont désormais permises, et peu importe que l'étranger, que l'ONU, les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie et le Pape protestent ou s'indignent (tous de dangereux gauchistes comme dirait l'impayable Sylvain), du moment que l'on plaît à l'électorat UMP.
Que le système judiciaire ait besoin d'une réforme, personne ne le nie, ne serait-ce que pour faire face à son actuel engorgement, mais ce n'est pas au ministre de l'intérieur d'être une force de proposition en la matière. Je ne vois là que démagogie et basse politique, populisme et médiocrité.
"Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit" en effet, et pas seulement en ce qui concerne la Justice.
Rédigé par : Ludovic | 20 septembre 2010 à 19:31
Avant de mettre MAM KO, Hortefeux devra se lever tôt, très tôt. La dame a de la ressource et de l'opiniâtreté.
Elle sait très bien qu'il ne sert à rien de prendre de face l'homme lige du président.
Elle a d'ailleurs reconnu, et je trouve cela normal, que chacun a le droit d'exposer ses idées, rajoutant plus tard que les changements de loi n'étaient pas d'actualité.
Moi j'aime bien quand tout le monde peut s'exprimer. Si on veut en finir avec l'hypocrisie, il faut reconnaître à chacun le droit de s'exprimer même, et surtout, s'il n'est pas d'accord.
Cela n'enlève rien au jeu démocratique voulu par nos représentants tant au sommet de l'Etat que dans les assemblées.
Je sais bien que ce n'est pas politiquement correct et bien tant mieux. Ça nous pourrit la vie depuis 30 ans cette manière de faire.
Qui pourrait croire que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil et que tout le monde est d'accord ?
De qui se moque-t-on ?
De tous temps, à toutes les époques, les différends ont existé, même au sein des équipes gouvernementales.
En quoi serait-ce une atteinte à la démocratie que de le reconnaître et que de laisser libre cours à ses idées?
De la discussion et même de la polémique naît l'émulation nécessaire à la vie politique. Il en est de même dans tous les camps politiques.
Clemenceau se battait en duel, cela avait au moins l'avantage de l'honnêteté car tuer son adversaire par petites phrases et coups fourrés c'est comme pour les poseurs de bombes, de la lâcheté au dernier degré et j'exècre au plus au point cette manière de faire.
Maintenant vous n'êtes pas obligé d'être d'accord avec moi, vous pouvez le dire. ;)
En attendant je suis dans ma cuisine j'ai un risotto à préparer.
Rédigé par : Surcouf-Lucullus | 20 septembre 2010 à 18:30
En gros, vous nous expliquez que toutes ces déclarations fracassantes ont moins pour objet leur effective application que l'affirmation de la domination du ministre de la répression sur celui de la justice.
La médiocrité au pouvoir est chaque jour plus pitoyable et inquiétante.
Rédigé par : Alex paulista | 20 septembre 2010 à 12:16
Personnellement, je suis "scotché"...
"Protéger" l'institution judiciaire (et ses juges) derrière un minimum de démocratie en en élisant au suffrage universel ses "patrons", c'est justement une de mes propositions.
Et pourquoi pas une participation active des citoyens au-delà des seules assises ?
A chacun de voir.
Ce que je note, c'est que même au ministère, non seulement ils lisent mon "piti-blog" sans ambition (ce qui est curieux, mais bon, depuis la mise en ligne de "l'Opération Juliette-Siéra" reprise jusque sur Mediapart [un peu à mon corps défendant], je me sais "surveillé" par les "grandes oreilles".)
Mais tout autant en retiennent le meilleur (même si c'est pour le déformer et le cuisiner à la sauce du moment).
Quand même assez curieux, ça, non ?
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 20 septembre 2010 à 11:12
Cher Philippe,
Après une très longue trêve estivale, je reviens vers votre blog, une de mes lectures préférées, et quelle n’est pas ma déception ! Je ne peux guère vous dire que je partage sans réserves, comme si souvent, vos avis. Sur ce sujet, je vous sens mal à l’aise, en retrait, marchant sur des œufs. Certes, il s’agit de la corporation des juges…
Que MAM aille soutenir hors gouvernement la proposition de faire entrer le plus vite possible l’avocat dans les GAV, afin de garantir que la police fait vraiment la course en sac contre les voleurs me paraît plutôt une bonne chose. Les péripéties politiciennes du remaniement sont des broutilles. Mais dans les propos de Brice Hortefeux, qui dit parfois des bêtises, il y a une idée de fond (sinon le détail des propositions) très intéressante, tout à fait majeure même et dont on se demandait si un homme politique aurait un jour le courage de s’emparer : on ne peut plus dire, sauf à cultiver la galéjade, que la « justice est rendue au nom du peuple français ».
C’est pourquoi votre conclusion « Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit », si elle s’applique à la démarche de BH et non au climat général de notre pays, me laisse sans voix !
J’ai été plus que réconforté par la lecture des commentaires de Robert Marchenoir, Mary Preud’homme et Pierre-Antoine.
Ce qui me crève les yeux (c’est douloureux, croyez-moi !), c’est que dans nos institutions, le pouvoir judiciaire est hors de tout contrôle, une sorte de caste aristocratique cooptée qui n’a de comptes à rendre à personne. Eh bien en appelant un chat un chat, on dira que ceci n’est pas démocratique, et que poser ce problème est une obligation urgente. Alors les beaux parleurs qui palabrent au nom de ce clan nous embrouillent : l’indépendance de la justice !!! Montesquieu !!!!, Certes mais l’indépendance n’a été voulue que par rapport aux pouvoirs exécutif et législatif, pas par rapport au peuple ; dans ce dernier cas il y a abus de langage, on n’est même pas dans une situation d’indépendance mais de totale autonomie, qui, en démocratie, est un scandale. Un pouvoir quel qu’il soit, qui n’a aucun compte à rendre au peuple, ça s’appelle une…aidez-moi, blogueurs, je ne trouve pas d’autre mot que « dictature ».
Quel moyen a le peuple d’infléchir si peu que ce soit la pratique judiciaire s’il la trouve défaillante sur tel ou tel point ? Où est le moyen institutionnel d’obtenir une justice qui traduise la volonté « du peuple français ». Je dis tout de suite aux « bien-pensants », car il y en a sur ce blog, que l’invective caricaturale n’a pas sa place dans un sujet aussi fondamental : il ne s’agit pas de décider de la libération anticipée d’un violeur récidiviste en envoyant 1 ou 2 par SMS.
Si on ne veut pas que l’exécration (car, en toute lucidité, il faut voir que cela va maintenant jusque là) du laxisme des juges-de-gauche, qui progresse dans la population, finisse mal (ne serait-ce que par des règlements de compte en privé, ou la loi de la jungle puisqu’on ne peut plus compter systématiquement sur l’ « Etat de droit ») pour le plus grand malheur de notre civilisation, il faut se saisir de cette question.
Aujourd’hui, la justice rendue au nom du peuple français est un leurre ; comment faire en sorte que cela devienne une réalité, c'est-à-dire que la majorité des citoyens se reconnaisse dans la façon dont la justice est rendue ?
Rédigé par : Jiel | 20 septembre 2010 à 10:54
@ Pierre-Antoine,
Cher Pierre-Antoine, vous ne voulez quand même pas mettre en place un Comité de Salut Public quand même, comme au bon vieux temps des sans-culottes...
Rédigé par : Achille | 20 septembre 2010 à 09:27
Pendant ce temps... Pendant ce temps, le cher Brice est frappé d'un mutisme sélectif lorsque sept policiers de Seine-Saint-Denis, pas un, pas deux, sept d'un coup, inventent de toutes pièces une agression pour justifier leurs propres violences gratuites. Sept, c'est pas rien, ce n'est plus une brebis galeuse, c'est un troupeau. Pas un mot du ministre. Rien à dire, tout est normal.
Pas davantage sur la tolérance 0,1 de Frédéric Péchenard, patron de la DGPN, qui évapore une procédure visant son fils. Je vous avoue que mes enfants n'ont pas de scooter, qu'ils n'en auront jamais, qu'ils ne circulent pas ivres à 16 ans dans la nuit et qu'ils n'insultent pas les policiers, mais je suis ignorant en matière d'éducation des enfants. J'admire comment ce grand flic pourfendeur de l'incivilité sait faire régner l'ordre à la maison et je comprends mieux pourquoi ces gens-là sont hostiles à la police de proximité.
Que ce haut fonctionnaire fasse le nécessaire pour écraser une affaire gênante concernant son sale gosse, c'est humain, cela s'est toujours fait, ce sont les privilèges de la fonction. Je ne m'en offusque pas. Ce qui est très très fort de café, c'est que ledit Péchenard, non content d'être pris en flag de corruption de fonctionnaires, n'a d'autre priorité que de lancer une enquête... sur les fuites de ce dossier ! C'est du cynisme ou je ne m'y connais pas ! De tout cet épisode navrant, M. Péchenard ne retient qu'un seul crime punissable : qui a parlé à la presse ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 septembre 2010 à 09:12
Pauvre MAM, c'est ce qui s'appelle se faire taser comme une vulgaire auvergnate ! Voilà ce qui arrive aux dames de la haute qui traînent dans les bas-fonds avec les marlous. Sur ce sujet, Boutefeu vise bien davantage Copé que MAM, même si un coup de pied dans le ventre de celle-ci ne se refuse pas. Pas question de revoir le scénario de la burqa. Toujours être en avance d'une incongruité, couper la démagogie sous la patte de la Buse de Meaux. Déballer tout ce qui traîne dans les caniveaux : l'interview du ministre de l'intérieur se déroule dorénavant à la machine à café, toute ineptie est bonne à dire.
En commentant savamment ce déluge d'aberrations, vous me faites l'effet d'un psychiatre inquiet tentant le dialogue avec un demeuré pris de délires subits. Oui, oui, c'est bien, continue de parler, Brice, c'est ça, tu y es, couper la tête des moustiques qui donnent la dengue ? Biieeen ! Continue, non, ne griffe pas, enlève ta main, parachuter des policiers dans les cités ? Avec des lance-flammes ? oui, et quoi d'autre ?
"Brice Hortefeux n'est pas non plus sans pertinence quand il fait allusion à une part de la magistrature qui serait désaccordée avec le sentiment populaire."
Ce n'est pas la magistrature qui serait désaccordée avec le sentiment populaire, mais l'état de droit que l'on s'efforce de rendre insupportable à ce sentiment. Dans la stratégie de citadelle assiégée qui prévaut désormais, tous les corps intermédiaires représentent une menace, Bruxelles, l'ONU, les magistrats, le grand duché de Luxembourg y compris sont autant d'obstacles à la réussite des projets réformateurs. L'état de droit lui-même est une menace, il convient de s'en débarrasser, avec des cours spéciales et des lois spéciales. Le peuple, croit-on peut-être à raison, n'a cure de cet état de droit, il s'en passe fort bien, il rechigne lorsque le voisin dispose d'un privilège mais contemple avec gourmandise tous les passe-droits qu'il pourra s'octroyer. Ce sentiment commun, dont l'expression est ordinairement réduite par un discours institutionnel vantant les mérites de la mesure collective et de l'intérêt général, est désormais partagé par ceux-là mêmes qui devraient garantir l'état de droit. L'état de droit est une gêne institutionnelle, il attribue des droits aux délinquants qui ne devaient en avoir aucun, il prétend à un équilibre qui répugne au sentiment populaire supputé.
C'est le substrat du fascisme. Ne nous cachons pas derrière l'horreur suggérée des mots pour refuser l'analyse du concept politique. La philosophie politique fasciste dépasse dans le temps et dans les circonstances les événements meurtriers de la Seconde Guerre mondiale. C'est une véritable philosophie politique qui transforme un ressentiment individuel en idéologie collective. La France de Sarkozy comme l'Italie de Berlusconi sont pré-fascistes, sans que cette qualification n'induise un quelconque holocauste, ni le cortège d'horreur connu. Mais si nous sommes dans une position d'avant-garde caricaturale à cet égard, les autres pays européens son bel et bien entraînés vers cette tentation de s'exonérer de l'état de droit au profit des émotions individuelles. L'Angleterre de Blair et Brown a donné de nombreux gages à cette pré-fascisation de la pensée politique. Marine Le Pen ne s'y trompe pas qui estime désormais que le fruit est mûr.
Il serait absurde d'accuser l'actuel pouvoir d'être à l'origine de cette évolution qui se nourrit à de nombreuses sources anciennes et profondes. Pêle-mêle, la mondialisation, la crise financière, l'Islam, le sentiment d'insécurité, l'identité introuvable, la technocratie européenne et le CAC 40 sont autant d'éléments désordonnés qui conduisent les peuples à renoncer à un état de droit qui ne remplit plus les maigres promesses qui furent les siennes.
En revanche, qu'un pouvoir accentue ce renoncement et barricade le pays à l'abri de menaces illusoires, dans le but de se maintenir en place, voilà le vrai coup de poignard dans le dos du pacte démocratique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 septembre 2010 à 08:51
Vous nous dites qu'il y a des fessées qui se perdent?
Et que le rôle de l'homme c'est de répondre à l'injonction féminine,... administrer la fessée?
Heureusement que reste la justice "sacrée", et une cause juste de l'éducation est d'éviter que l'on se présente devant son édifice.
Pourquoi la justice devrait-elle rattraper ce que l'éducation n'a pas réussi?
L'encombrement de la justice est garanti avec une telle pensée, ainsi que l'effondrement de sa sacralité, mais pas encore l'éducation, ni la juste place pour beaucoup d'éduqués.
"Perpète" pour tout le monde?
Rédigé par : zenblabla | 20 septembre 2010 à 07:54
Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit. Oui c’est vrai.
MAM n'aime pas Sarko. Sarko a besoin de MAM...
Ce n'est pas drôle la politique quand les ego prennent le pas sur les fonctions qui sont, elles, normalement au service du public.
Autre chose :
Je n'arrive pas á me faire á l'idée qu'il y ait des syndicats dans la magistrature et chez les avocats.
Syndicat, cela veut dire politique.
Cela veut-t-il dire une justice politique ou politisée ?
Je n’en sais rien.
Je n’ai pas trop de connaissances dans la maison « Justice »
Magistrature syndicalisée, pour moi c'est cela le sale temps.
Mais celui-ci dure déjà depuis un moment.
Rédigé par : jpledun | 20 septembre 2010 à 00:01
@PB
On élit nos députés, on pourrait bien élire les représentants de la justice, garde des Sceaux, procureurs de la République et surtout une régionalisation du CSM avec un président élu et des citoyens ordinaires siégeant pour trois ans, non renouvelable.
Là il y aurait une réforme qui tiendrait la route... surtout si les inutiles conseils généraux disparaissent par la même occasion.
Mais qui osera, devrons-nous attendre 2089, le tricentenaire ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 19 septembre 2010 à 23:45
En France, la justice est une "chasse gardée" avec ses codes et ses rituels immuables. Remettre en cause si peu que ce soit son fonctionnement s’apparente donc à un crime de lèse-majesté, à une incursion dans le "sacré", à une atteinte insupportable à son indépendance. Toutes notions qui donnent à beaucoup de juges la grosse tête, y compris s’ils sont complètement novices et prétendent savoir tout sur tout. Des hommes et femmes (ces dernières désormais très majoritaires dans la magistrature, 4 fois plus de candidates à l‘ENM que de candidats) qui s’estimeraient déshonorés et spoliés d’une partie de leur pouvoir quasi divin s’ils consentaient à le partager si peu que ce soit. On peut donc raisonnablement s’étonner que de plus en plus d’hommes désertent les métiers de la justice et de la sécurité publique. Quand on pense aussi que la plupart des juges et procureurs dédaignent les remarques ou les avertissements éclairés de professionnels de terrain, dont certains tels que les commissaires ont un niveau d’études et de formation quasi identique au leur et qui en outre jouissent d’une expérience de terrain que n’auront jamais les magistrats.
Impossible donc de se satisfaire d’une telle situation et s’il est un domaine qu’il convient de réformer de fond en comble, c’est bien celui de la justice dont l’action ou au contraire l’inertie conditionne tout le reste. Et aux premières loges de ceux qui subissent les errements et les carences de plus en plus graves de la justice, il semble bien que ce soient les policiers et gendarmes de tous grades qui paient actuellement le prix fort et servent de tampon ou de défouloir à chaque dérive (même s‘ils en sont rarement les responsables), tandis que l'on exige de plus en plus d'eux en terme de formation, d'efforts et de résultats. Une situation qui ne peut perdurer de crainte de décourager et de voir quitter le métier de plus en plus de policiers et non des moindres, excédés de jouer à tout propos les boucs émissaires. Ce dont Brice Hortefeux est bien conscient et semble vouloir corriger afin de sauver à la fois son propre ministère, mais aussi celui de la justice (qui a partie liée avec lui) et dont la gîte à bâbord s’est considérablement aggravée ces dernières années, au point de mettre en péril toute l’institution. Une justice gauchisée et féminisée de façon outrancière et qui au lieu de continuer à brandir le chiffon rouge de la rébellion à chaque tentative de réforme, si timide soit-elle, ferait bien de faire son auto critique et de redresser la barre avant que le bateau qui penche dangereusement à gauche ne prenne eau de toutes parts et ne soit submergé.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 19 septembre 2010 à 23:19
J'adore M. Hortefeux : son allure, son flegme et son charisme, sa façon de renvoyer dans les cordes les socialos à l'Assemblée ; ses phrases claires nettes et précises ; ses arguments étayés et concrets, sa manière de balayer d'un revers de main toutes les attaques dont il fait l'objet de la part de toute la clique bobo démago de gauche et de leur confirmer en réponse que son action continuera...
Ca fait du bien de voir qu'il y a encore de vrais hommes droits dans leurs bottes, inébranlables et stoïques qui savent redorer le blason de la police et redonner un sens à sa mission, à l'inverse de cette magistrature socialo bobo aplaventriste qui ternit régulièrement l'image de la France...
Rédigé par : sylvain | 19 septembre 2010 à 19:57
Monsieur l’Avocat général,
Qu’ « une part de la magistrature » soit « désaccordée avec le sentiment populaire » est certainement une réalité ; ce hiatus est-il pour autant à déplorer ? Il me semble que non, car la sérénité qui doit accompagner l’exercice de la justice est incompatible avec la violence et l’exacerbation des passions qui accompagnent, d’une part l’expression politique actuelle, d’autre part l’ouverture de vannes que suscite cette parole politique irresponsable.
Si le rétablissement de la peine capitale était aujourd’hui soumis au parlement, je ne suis pas certain que, face à l’état de l’opinion et dans un contexte de surenchères sécuritaires métastasantes, nos représentants ne désavoueraient pas le texte proposé par Robert Badinter en 1981.
A cet égard, l’arrêt rendu par la cour d’appel de Grenoble confirmant la non-mise en détention de M. Ghabbour me semble assez exemplaire.
Si des réformes doivent intervenir dans l’exécution des peines ou la rétention de sûreté, il n’y a rien là qui exige précipitation, médiatisation, déclarations fracassantes comme nous y sommes confrontés depuis trois ans maintenant dès lors qu’il est question du couple sécurité/justice. Etes-vous sûr, Monsieur l’avocat général, que tout justiciable est aujourd’hui traité de façon équitable de Brest à Strasbourg et de Lille à Perpignan ? Pour autant, ce sujet est-il du ressort du Ministre de l’Intérieur ?
L’empilement de situations ridicules intervenues depuis quelques semaines au sein des cabinets ministériels, de la DCRI, de la DGPN, dans l’entourage immédiat du président de la République, dans les cabinets feutrés de certains procureurs, ne constitue pas, pour le moins, un bon signe de cette sérénité si indispensable.
Je partage sans réserve votre conclusion : « Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit. »
Rédigé par : Christian C | 19 septembre 2010 à 19:13
Bah, à l'horizon, il y a un remaniement ministériel annoncé à dessein trop tôt avec peut-être un gouvernement "très" resserré (?), c'est donc à celui qui se fera remarquer pour soit garder sa place, soit prendre celle d'un collègue moins chanceux, plus en cour, devenu le concurrent à abattre.
Mais force est de constater qu'à trop vouloir la sécurité et la Liberté, nous n'aurons plus de Liberté, puis plus... de sécurité.
J'ose espérer que nos "élites" de tous poils se rappelleront que "rien ne menace plus un pouvoir que l'arrogance qui l'accompagne".
Oh oui, parlez-nous de la Nouvelle-Calédonie, du droit coutumier et de sa cohabitation avec le droit français...
Rédigé par : Domi | 19 septembre 2010 à 18:54
"Jamais vu un ministre de l'Intérieur prendre avec tant d'aplomb la place du ministre de la Justice"
Vous oubliez l'époque où un certain Nicolas Sarkozy marchait allègrement sur les plate-bandes de son collègue Dominique Perben.
Rédigé par : gery | 19 septembre 2010 à 16:09
Bonjour,
Je me suis toujours demandé quel ressort pouvait pousser des hommes à en juger d'autres. Lorsque j'étais jeune, je pensais que c'était la prétention, la vanité.
En vieillissant, j'ai compris qu'il faut bien qu'il y en ait qui s'y collent. Qu'une société ne peut se passer d'arbitres. Je suis devenu compréhensif, j'ai pardonné aux juges de juger. Puis, j'ai eu besoin de "faire juger" et là, patatras, ce fût le néant. Je n'ose vous dire d'aller voir mon blog, je sais que vous le connaissez.
Alors, où est le problème ? Comment relier la loi à la justice ? Comment faire en sorte que l'absolu ne se dilue pas dans le quotidien ? Comment faire pour que tous les juges soient sincères et clairvoyants ?
Hélas, l'expérience a redonné corps à mes jugements juvéniles.
Il y a autour de la justice trop d'intrigues de pouvoir, de vanité, de prétention, ces qualificatifs discourtois s'abattraient sans retenue sur des jurés populaires naïfs ou inexpérimentés.
La solution ne peut passer que par la liberté et l'humilité de la justice, donc de ceux qui la prennent en charge.
Mais pourquoi des êtres libres et modestes s'engageraient dans ce dédale... nous revenons à la case départ.
Cordialement. H. Dumas
Rédigé par : Henri Dumas | 19 septembre 2010 à 15:47
"Sale temps pour la démocratie et l'Etat de droit" (PB)
Etrange réflexion. Un ministre évoque l'idée d'élire les juges, d'élargir le champ d'action des jurys populaires, et cela devient un recul de la démocratie ? Un recul de l'Etat de droit ?
C'est exactement le contraire : le ministre a proposé davantage de démocratie.
L'Etat de droit, ce n'est pas l'Etat dirigé par des fonctionnaires professionnels du droit, inamovibles et indépendants du peuple.
L'Etat est au service des citoyens. Les fonctionnaires sont aux ordres des citoyens. Pas l'inverse. Ca vaut aussi pour les juges.
Mais cette notion est incompréhensible aux chefs français, qui sont accoutumés à un exercice du pouvoir de nature totalitaire. La France n'est pas une démocratie. C'est une "République" avec des guillemets, c'est-à-dire un régime où une caste d'oligarques prétend savoir, mieux que le peuple, ce qui est bon pour le peuple.
Après, on organise des élections pour faire semblant. Mais le vote n'est pris en compte que lorsqu'il correspond aux inclinations et aux intérêts des oligarques, munis d'une carte tricolore marquée "République française". Dans le cas contraire, on invoque les "valeurs républicaines", et on met la volonté populaire à la poubelle.
L'escroquerie morale et politique est à couper le souffle.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 19 septembre 2010 à 13:41
Ce qui me choque dans les propos de M. Hortefeux est d'une autre nature, c'est la confusion qu'il fait entre châtiment et élimination ("mise hors d'état de nuire"). C'est bien dans la logique de guerre contre la délinquance voulue par M. Sarkozy mais c'est très inquiétant. Au-delà de l'erreur intellectuelle (un châtiment n'est pas une élimination, il en est plutôt le contraire, puisqu'il vise à la réintégration du coupable) on se dit que cette "guerre" est perdue d'avance. Les armées régulières perdent quand elles sont confrontées à une guérilla. Et il s'agit bien de cela : la police de la République confrontée à des ennemis insaisissables. MM. Hortefeux et Sarkozy font fausse route.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 19 septembre 2010 à 13:28
Les Français n'aimeraient pas leur justice à qui ils reprocheraient son inefficacité, sa lenteur, sa "complaisance" avec les criminels...
Normal, la justice française se place au 20ème rang sur 27 parmi les pays européens, pour les moyens consacrés par habitant. Et, parallèlement, la police et la gendarmerie française sont dans le peloton de tête de l'argent consacré par habitant en Europe.
Ceci explique cela.
Il est urgent de redonner à la justice des moyens d'investigation en les retirant à la police et de supprimer notre stupide système accusatoire à sens unique.
Tous les pays modernes de l'Europe l'ont fait, hormis la Belgique dont on connaît les problèmes. A voir leurs résultats dans la lutte contre les crimes et délits, ils n'ont pas à se plaindre de ces choix.
Malgré ses moyens de police gigantesques, la France, elle, n'est pas un pays sûr. Alors, après la suppression de la GAV à la française, héritière de la question, oeuvre de "basse police" du Moyen Age, à quand l'indépendance du procureur et la refonte du code de procédure pénale ?
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 19 septembre 2010 à 13:22
"...mais, depuis, une sorte d'accalmie avait été instaurée qui laissait apparaître plus de retenue de l'Etat à l'égard de l'institution judiciaire."
Vous n'oubliez pas un peu facilement l'attaque de M.Sarkozy contre la décision du JLD de Grenoble de laisser en liberté un mis en examen? (Décision d'ailleurs confirmée par la chambre d'appel, dommage pour la cohérence de la chaîne pénale, j'en ai le sang tout réchauffé !)
M. Hortefeux a bien compris ce jour-là que son maître à penser avait de nouveau déclaré la chasse aux magistrats ouverte. Je crois que l'objectif de MM. Sarkozy et Hortefeux est de trouver un bouc émissaire à l'échec de la politique sécuritaire menée depuis 8 ans. Quels meilleurs lampistes que 8000 magistrats dont la principale qualité est la retenue polie voire le mutisme ?
Rédigé par : Mussipont | 19 septembre 2010 à 13:13
Certains portent en écharpe leurs inquiétudes pour l'Etat de droit.
Peut-être ceux-là devraient-ils se demander si la principale menace pour l'Etat de droit n'est pas, «alternance» après «alternance», son inaptitude à remplir son rôle de protecteur de la société, bien plus que les sorties éphémères de tel ou tel saltimbanque politique.
Rédigé par : Franck Boizard | 19 septembre 2010 à 11:40
Monsieur l'avocat général, connaissez-vous l'expression proverbiale qu'est : «Jamais deux sans trois »? Un proverbe étrange dont l'origine reste dit-on mystérieuse. On trouvera ainsi l'explication suivante : « Au XIIIe siècle, on utilisait tierce fois, c'est droit pour signifier, entre autres, qu'une action ne pouvait être correctement réussie que si elle était exécutée trois fois, ce qui impose qu'après la deuxième fois, il y en avait nécessairement une troisième pour arriver à ses fins.
On disait aussi de deux en trois », ce qui est donné comme un équivalent de notre en moins de deux d'aujourd'hui, mais où l'on peut voir aussi une sorte de loi de la continuité, dans, notamment, le changement.
Pour en revenir au proverbe, la signification en est grosso modo : « Une chose qui s'est produite deux fois se produira une troisième. »
C'est là par ex. un résumé pertinent de la philosophie du public de « Ça va se savoir », l'émission de télévision franco-belge adaptée de l'émission télévisée américaine « The Jerry Springer Show », émission de témoignages arrangés traitant des situations de façon volontairement exagérée, présentée par Simon Monceau et dont la réponse du public à « Faut-il lui donner une 2de chance » est invariablement : « Il (ou elle) l'a fait une fois, il (ou elle) le refera. ». Ceci vous donne par ex. une petite idée du résultat prévisible de l'introduction de jury populaires peuples, choisis sans - ou au contraire, selon les points de vue, beaucoup de - discernement, en correctionnelle.
« Le sens du proverbe s'est ensuite étendu pour indiquer que des bonnes ou des mauvaises nouvelles n'arrivent en général pas seules », mais dont cependant seul le mauvais côté se retrouve par ex. dans la LEM, la fameuse loi de l'emmerdement maximum qui lorsqu'un diablotin la supervise, devient par ex. ce qu'on appelle aussi du 'harcèlement'.
Les Wallons disent dit-on: I n' tome mâie in pire tot seul : Soit Il ne tombe jamais une pierre toute seule (= LEM pensée sur la base d'une pluie de météorites dont la chute était la seule chose crainte de nos ancêtres les gaulois.) Mais en Angleterre on pense au contraire:Third time lucky : Troisième fois chanceuse, pour signifier qu'il faut s'accrocher et ne pas se laisser démoraliser par un premier ou même un second échec.
Enfin, d'autres encore y voient un principe d'évolution de l'univers qu'ils définissent ainsi: «De deux choses, l'univers en tire une troisième qui lui est supérieure. De l'hydrogène et de l'oxygène, l'univers fabrique un troisième être : l'eau. L'eau est un être qui possède une plus grande complexité, une plus grande information d'où sa plus grande perfection. » Je ne sais pas si la perfection appartient au seul jugement subjectif, mais en tout cas, on obtient effectivement autre chose d'achevé en soi.
C'est donc là également le processus d'évolution de la cellule ou encore du langage, à savoir et celui de la parole et celui du signe sur la base de souches ou encore de matrices.
S'agissant du gouvernement des hommes, « jamais deux sans trois » appliqué aux trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire peut se comprendre du point de vue d'une LEM belge, comme « l'exécutif dans la main droite, le législatif dans la main gauche, ne peut que conduire au judiciaire entre les Zoreilles » Soit dit sous cette forme, histoire de faire un petit clin d'œil à la Nouvelle-Calédonie. Mais cela peut également se comprendre à la fois du point de vue de la culture britannique comme Third power lucky, conjugué à la loi de la complexité croissante qui veut que le saut qualitatif appartienne finalement au judiciaire. Or donc, que pourrais-je vous dire d'autre que : « Ne vous laissez pas entraîner dans la spirale de la LEM, mais retroussez vos grandes manches pour être le feu par lequel l'argile -un des plus anciens matériaux utilisés par l’homme- et l'eau -d'un grand seau destiné à faire revenir de son KO votre garde-, mélangées deviennent résistantes, imperméables, utiles, sous quelque forme qu'il vous plaira. »
Rédigé par : Catherine JACOB | 19 septembre 2010 à 11:33
" Son chemin de croix avait commencé, dès son arrivée Place Vendôme, avec l'appel imposé sous influence dans l'affaire Fofana, et apparemment finit avec le triomphe de Brice Hortefeux qui, à l'évidence, se mêle de la Justice comme s'il était titulaire d'une double charge."
Comment Mme Alliot-Marie pouvait-elle espérer que ses positions seraient prises en considération et respectées en qualité de GDS, à partir du moment où elle ne s'est pas opposée à l'appel du verdict Fofana voulu et imposé par la présidence de la République ?
Elle pouvait parfaitement opposer, sans le moins du monde se déconsidérer, que l'opportunité d'un appel du verdict à l'initiative du Parquet était exclusivement l'affaire, et relevait de la seule responsabilité du Parquet de Paris.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 19 septembre 2010 à 11:12
Bonjour Philippe Bilger,
Vous nous dites : « On a l'impression qu'avec volupté il s'empare de territoires qui ne sont pas naturellement de son ressort et qu'il jouit d'une liberté d'expression dont il sent qu'elle va choquer. »
Eh oui, ça ce passe comme ça au gouvernement. Un ministre lance une idée dans la presse, sans même prendre la précaution d’en discuter avec son Premier Ministre et encore moins d’ailleurs avec le ministre concerné par la mesure qu’il souhaite prendre, en l’occurrence ici, la garde des Sceaux.
Concernant l’élection des juges, Hortefeux s’est fait recadrer par François Fillon et c’est bien normal. On a assez d’élection à se « taper » - pratiquement au moins une chaque année - sans encore en rajouter une autre.
Mais cette façon d’aller marcher sur les plates-bandes du collègue n’est pas vraiment nouveau dans ce gouvernement. Peu de temps auparavant on avait entendu le ministre de l’Industrie Estrosi proposer des mesures pour assurer la sécurité dans les villes. Travail qui incombe, en principe au ministre de l’Intérieur et aux maires eux-mêmes. Lui aussi s’est fait tacler par le ministre de l’Intérieur, mais aussi par ses propres collègues maires des grandes villes.
Bref, chacun y va de son petit délire pour montrer au patron, au vrai, le Président, qu’il a de bonnes idées, à savoir en conformité avec les siennes.
Résultat : il se ramasse un râteau. Jamais on n’a vu une telle cacophonie dans un gouvernement. Les couacs se succèdent aux bourdes et ensuite viennent les démentis. Tout ça ne fait pas très « professionnel ».
Rédigé par : Achille | 19 septembre 2010 à 10:25