Les écoutes clandestines du clan Bettencourt avaient révélé le rôle de Patrick Ouart dont l'entremise avait bénéficié à une partie contre l'autre.
Elles mettaient également en évidence qu'on pouvait compter sur le procureur général de Versailles (Mediapart, Marianne 2, nouvelobs.com).
Une note préparant de manière anticipée une argumentation à apprendre par coeur par Liliane Bettencourt évoquait le soutien d'un directeur adjoint de cabinet du garde des Sceaux, alors Rachida Dati (lepoint.fr).
On apprend que sur une lettre adressée par Michèle Alliot-Marie ministre de l'Intérieur à sa collègue de la Justice au sujet de l'affaire Visionnex, Rachida Dati avait apposé une mention manuscrite demandant "de clôturer le dossier dans le cadre de la commission rogatoire" (Le Canard enchaîné). C'était une absurdité juridique et une forfanterie politique. En dépit de la protestation indignée de l'ancienne garde des Sceaux, qui peut penser que sur un tel courrier officiel, une personne, carrément suicidaire, se serait ingéniée à imiter l'écriture de Rachida Dati ?
C'est le règne de la justice en douce, qui n'est plus la justice puisque ses coulisses sont interdites au regard citoyen, au débat public et contradictoire. C'est le triomphe de l'officieux qui crée la plus intolérable de toutes les offenses judiciaires : celle qui porte atteinte à l'égalité des justiciables. C'est le culte du silence et des manoeuvres qui sont perçus malheureusement souvent comme la marque traditionnelle et fatale du pouvoir. Ce n'est pas de la naïveté de ma part. Je sais bien qu'étant humaine, l'institution ne peut pas offrir seulement le meilleur. Mais elle devrait à toute force récuser la tricherie et assurer l'équité. C'est l'essentiel, en réalité facile à sauvegarder pour peu qu'on admette l'indécence démocratique du favoritisme judiciaire.
Pour bien faire comprendre mon point de vue, je voudrais distinguer cette justice en douce d'une justice soupçonnée mais qui laisse toutes ses chances à la vérité. Le Syndicat de la magistrature a écrit au garde des Sceaux pour lui demander si Philippe Courroye avait respecté la déontologie du Parquet en ayant dîné avec Jacques Chirac et François Pinault puis en requérant, bien plus tard, un non-lieu en faveur du premier dans le dossier des emplois fictifs instruit à Nanterrre.
Je ne peux pas concevoir que le procureur Courroye, magistrat intelligent s'il en est, aurait violé de manière aussi ostensible - c'est encore le Canard enchaîné qui avait révélé le dîner - les règles qu'il connaît mieux que personne, s'il avait eu véritablement l'intention de trahir sa mission judiciaire.
Plus sérieusement, ses réquisitions de non-lieu, qu'on les trouve pertinentes avec l'utilisation du bouclier "Juppé" ou trop prévisibles, ne mettent fin à rien. Elles sont connues, elles sont discutées. Le magistrat instructeur pourra, à leur suite, statuer en toute indépendance : rendre une ordonnance conforme ou non. Dans ce dernier cas, le procureur décidera ou non d'interjeter appel et la Chambre de l'instruction de Versailles aura à se prononcer. Ce sera le contraire d'une justice en douce. Qui prétendrait vouloir l'orienter dans un sens unilatéral - par des instructions choquantes en catimini - serait contraint tôt ou tard d'accepter la lumière et la transparence, le contrôle médiatique. Ce qui sera mis en oeuvre à Nanterre puis éventuellement à Versailles n'aura qu'à prendre en exemple ce qui, dans une autre affaire d'emplois fictifs, a été accompli à Paris, notamment avec une remarquable ordonnance de Xavière Simeoni venant contredire, sans que le parquet fasse appel, déjà des réquisitions de non-lieu.
Ce sera une justice en vrai. On ne peut étouffer celle-ci. Quand les mille interventions de la justice de l'ombre, au contraire, déséquilibrent, lèsent, retardent, entravent, ordonnent et trop souvent gagnent.
Il faut refuser cette vieille et triste sagesse qui cherche à persuader que cette justice en douce, ce pouvoir en majesté impérieuse et secrète, sont inéluctables.
Le jour où la Cour constitutionnelle a étonnement validé les comptes de Chirac, Balladur... est le même jour où la Cour constitutionnelle n'a pas validé les comptes de campagne de Jacques Cheminade !
http://www.cheminade2012.fr/Quinze-ans-apres-la-verite-s-invite-dans-la-presidentielle
...
Mobilisons-nous pour connaître la vérité !
Rédigé par : David CABAS | 20 octobre 2010 à 03:56
A réécouter l'interview de Dominique de Talancé sur RTL le 13/02/2008
"La magistrate Dominique de Talancé, qui vient de quitter le pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris, parle sur RTL : le bilan de son action, la corruption en France, la délinquance en col blanc, les rapports avec les politiques ou encore, le projet de dépénaliser le monde des affaires."
http://www.rtl.fr/actualites/article/dominique-de-talance-attention-a-la-de-judiciarisation-45016
Rédigé par : Choubidou | 13 octobre 2010 à 10:20
Bonjour Monsieur Bilger,
Vous avez raison la Justice en douce est en train de prendre le dessus sur la véritable Justice impartiale et équitable.
Mais comment s'y opposer aujourd'hui ? En se révoltant et se faisant alors traiter de terroriste par le Système ?
Le Parquet de Paris et plus particulièrement la Section financière sont un bel exemple du dysfonctionnement de la Justice. Ce service passe son temps à bloquer l'ouverture d'informations judiciaires en ouvrant systématiquement des enquêtes préliminaires bidon qui finissent tous en classement sans suite surtout lorsque des oligarques financiers sont mis en cause.
J'en sais quelque chose et j'ai des exemples précis.
Aujourd'hui la Justice de notre pays est comme un bateau ivre qui fonctionne avec la règle suivante : tolérance zéro pour les petits délits ou pour les personnes vulnérables et sans défense et impunité totale pour les grands délinquants financiers (personnes physiques ou morales d'ailleurs).
Nous venons d'en avoir un bel exemple avec l'Affaire Kerviel.
La Société Générale a engagé 5 fois ses fonds propres mais n'a rien vu et rien entendu !!!!!!!!!! C'était la position du Parquet et c'est devenue la position de la Justice. C'est ça la Justice en douce !!!!!!!!!!! M. Bouton la remercie beaucoup.
Rédigé par : noured92 | 12 octobre 2010 à 21:52
Je connais la justice en vrai !
La justice arbitraire de la 3ème Chambre civile de la Cour de cassation.
Celle qui conforte les magistrats du fond dans leur décision de ne pas respecter le principe sacré du contradictoire, portant atteinte au procès équitable.
Jugez vous-mêmes :
La cour d'appel n'a pas répondu à nos conclusions, ni aux preuves présentées à l'appui de notre demande.
La 3ème Chambre civile, dont l'avocat général nous a refusé la communication de ses conclusions, en violation de l'article 6.1 de la CEDH, rejette le pourvoi aux motifs "de son pouvoir souverain d'appréciation sur la cour d'appel (...) ni de s'expliquer sur les éléments de preuve qu'elle écartait."
Comme décision arbitraire on ne fait pas mieux !
Où est le débat contradictoire, lorsqu'on écarte les preuves, alors que dans le procès civil les parties ont la libre administration de la preuve ?
Où est le procès équitable selon lequel chacun a droit à ce que sa cause soit entendue ? Comment dire avoir entendu la cause si l'on écarte les preuves sans dire pourquoi !
Gérard G. Cornevin
Rédigé par : CORNEVIN GERARD | 11 octobre 2010 à 08:50
Justice trop lente = justice absente ou inefficace dès lors que les procès sont trop éloignés des événements, si bien que l’œuvre de justice perd tout ou partie de son sens à la fois pour la victime et l’auteur du crime ou délit.
On a trop souvent l'impression que certains juges laissent - à dessein - pourrir certains affaires, y compris criminelles, pour s'éviter tout risque de se tromper sur une affaire qui les dépasse, à moins que ce ne soit pour ne pas approuver la version et les conclusions d'un enquêteur "coupable selon eux" d'avoir vu clair en tout premier, ce que d'aucuns considèrent comme un crime de lèse-majesté (d'autant plus s'ils sont à la fois inexpérimentés et infatués de leur petite personne.)
Rédigé par : Mary Preud'homme | 10 octobre 2010 à 15:05
@Pierre-Antoine | 09 octobre 2010 à 11:18
« La la la la
La la la la la la la la...
Consuela disait :
Reviens donc ici Speedy Gonzales
C'est maman qui te dit ça
Sinon tu connais Papa,
Crois-moi il n'insistera pas
Si tu n'as pas fini tes leçons,
Ça f'ra du bruit à la maison
Tes devoirs sont très mal tu sais,
Il te faut les recommencer...! »
Excellent !
@sylvain | 09 octobre 2010 à 09:26
« Ah oui, y a aussi mes affaires volées dans les consignes de la gare de Lyon l'année dernière... »
Y a encore des consignes de gare à Lyon ? Je croyais que Vigipirate les avait supprimées partout !
Rédigé par : Catherine JACOB@Pierre-Antoine&sylvain | 09 octobre 2010 à 13:33
J'admire votre constance, Philippe, vous y croyez encore. Je vous avoue que j'ai vraiment du mal. On gouverne aujourd'hui comme jadis je rangeais ma chambre d'adolescent : on brasse de l'air et on cache les saletés sous le tapis. Tout heureux lorsque d'aventure on parvient à faire voter et exécuter un projet de loi en cinq ans. J'observe la Belgique : pas de gouvernement pendant des mois et le pays tourne quand même, les administrations fonctionnent, les gens bossent et l'ordre public n'est pas plus menacé qu'ailleurs en Europe. N'accordons-nous pas une importance bien excessive à ce qui en a finalement si peu dans notre vie ? La politique occupe l'essentiel de notre actualité quotidienne alors qu'elle intervient à la marge de nos existences, sauf en quelques occasions plutôt rares, comme aujourd'hui avec le débat sur les retraites. L'oisiveté ordinaire d'un gouvernant se comble alors par les grenouillages, on s'affaire sur des dossiers troubles. Très peu de ministres travaillent effectivement beaucoup, les administrations le font pour eux, certains disposant même du temps pour diriger une commune ou présider une collectivité territoriale démontrant ainsi que le job n'est pas si harassant que cela. L'oisiveté est la mère de tous les vices, l'ennui d'un ministre le conduit aux turpitudes. Il faut bien s'occuper.
Je suis également frappé par ce qui m'apparaît comme un fossé considérable entre le Parquet et le Siège. Il faut presque, en tant que démocrate, se féliciter de l'arrogance stupide du Parquet dans sa forme actuelle, car c'est grâce à des réquisitions si clairement partisanes que l'on peut s'assurer d'une décision inverse des juges. Avec une régularité qui force l'admiration, le Parquet se tire des balles dans le pied en se faisant l'exécuteur des desseins politiques. La chambre de l'instruction donnera immanquablement tort à P. Courroye parce qu'elle ne peut que donner tort à la démesure.
Ce divorce n'est pas nuisible, au contraire. Tout d'abord, il fusille la réforme annoncée de la suppression du juge d'instruction. Il revient de loin, celui-là : Outreau l'avait enterré, Sarkozy le ressuscite dans toute sa gloire !
En outre l'hostilité du Siège à l'égard du Parquet impose au Siège une plus grande exigence en terme d'équité et de respect des procédures. La guerre suppose une discipline accrue. C'est sans doute ce qu'ont compris certains procureurs comme M. Nadal en recommandant une instruction dans l'affaire Woerth : à quoi bon passer outre les juges puisqu'ils sont en mesure, en intervenant ou en étant écartés, de discréditer le Parquet ?
De cette crise judiciaire sortira donc peut-être une nouvelle pratique, à l'inverse de ce qu'aura souhaité N. Sarkozy. C'est le label d'une bonne pratique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 octobre 2010 à 13:02
On parle toujours des "écoutés" et jamais des écouteurs", c'est une injustice, ça rend service.
Voyez ce "trailer" (bande annonce de 1975)
Film : "The Conversation"- 1er film de Francis Ford Coppola (1975)
http://www.youtube.com/watch?v=vrhRsZ56b4g
Rédigé par : Savonarole | 09 octobre 2010 à 12:49
Bonjour, la justice en douce a toujours existé... mais en réalité tout arrive à se savoir et c'est là que les affaires commencent... Pour Kerviel, il devient un héros, Banier un horrible personnage, Villepin un idiot personnage, affaire Karachi on n'y comprend pas grand-chose, bref, ne pas tomber dans les mains de la justice car on ne sait jamais où cela peut mener... mais ceci est un lieu commun...
Bravo pour vos articles sur l'actualité,
Bonne journée...
Rédigé par : JA | 09 octobre 2010 à 11:23
La Télévision Suisse Romande fait fort sur ce coup-là... Elle en dit plus sur Dédé, Lili, Riri et Floflo que tous les médias français réunis.
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=9070
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 09 octobre 2010 à 11:18
@Achille
Les exemples que vous citez concernent les puissants qui n'ont à subir que quelques "accidents de parcours". Ils ont la capacité et le pouvoir de rebondir, même de traverser un désert sans mourir de soif.
Mais que dire des "petites gens" qui ont à subir les égarements d'une institution qui est censée être "juste" pour tous.
Concernant l'affaire JK/SG, je me pose la question de savoir, sachant que JK ferait obligatoirement appel, si les magistrats ayant à statuer sur son sort judiciaire ne l'ont pas fait exprès pour, par outrance, mettre la SG en face de sa véritable nature de prédatrice.
Son geste "magnanime" à son égard semble me donner raison de penser ainsi.
Si cela était, il y aurait donc des magistrats, certes un peu retors mais "justes".
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 09 octobre 2010 à 10:17
Rédigé par : Achille | 08 octobre 2010 à 05:06
Bonjour
Affaires, affaires... de ceci, de cela...
Vous oubliez :
l'affaire Dominici
l'affaire du courrier de Lyon
l'affaire Callas
l'affaire Tournesol... etc.
Les affaires ont commencé dans les premières grottes de la préhistoire, jusqu'à nos jours.
Ce n'est que la respiration normale de l'humanité.
Je m'étonne toujours de l'étonnement des gens qui découvrent ce qui existe sous différentes formes depuis que le monde est monde.
Ah oui, y a aussi mes affaires volées dans les consignes de la gare de Lyon l'année dernière...
Rédigé par : sylvain | 09 octobre 2010 à 09:26
"Il faut refuser cette vieille et triste sagesse qui cherche à persuader que cette justice en douce, ce pouvoir en majesté impérieuse et secrète, sont inéluctables."
Ne s'agit-il pas de cette figure de style qu'on appelle une antiphrase et qui consiste à écrire, ici avec une grande lassitude et un profond découragement, le contraire de ce qu'on pense ?
Sur la forme vous avez évidemment raison.
Requérir un non-lieu est un acte juridictionnel qui ne plombe pas d'entrée et de façon certaine l'avenir d'un dossier,
et qui a le mérite, accompli au grand jour judiciaire, de pouvoir être contesté de la même façon. Au grand jour judiciaire.
Mais bon, la vieille et triste sagesse ne peut pas m’empêcher de penser que cette réquisition de non-lieu, même si elle est forcément finement et subtilement argumentée juridiquement - au reste, on imagine sans peine les armadas de juristes mis à contribution -, m'apparaît n'être qu'une sorte de dernier rempart - genre baroud d’honneur, jusqu’au-boutiste, illusoire - contre l'inéluctable.
Après et parce que toutes les digues de protection échafaudées dans les ombres, les plis et les replis de la procédure, en douce, en amont, ont finalement fini par céder les unes après les autres.
"Je sais bien qu'étant humaine, l'institution ne peut pas offrir seulement le meilleur."
La constance du procureur Courroye à agir ces derniers temps dans le même sens, quand il s'agit d'affaires dites sensibles, me laisse penser qu'une des clés décisives de ce qui l'anime, une sorte d'orgueil irrationnel qui confine jusqu’à l’absurde, somme toute, ne se situe qu'entre lui et lui. Contre lui.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 09 octobre 2010 à 06:48
Bientôt septuagénaire, Philippe Bilger prend du recul avec l'administration en place et dénonce, non sans une juste délectation, les récents abus des gouvernants.
La France n'est pas en fait une vraie démocratie moderne. Elle demeure une monarchie cachée, puisque la constitution de la Cinquième république offre au Président un pouvoir plus étendu que celui dont disposait le Roi-Soleil lui-même.
Le verdict populaire sacre désormais nos faux monarques. L'électorat reste aux deux tiers entièrement fidèle à la religion catholique. Les cathédrales se vident, mais les sacrements religieux (baptême, communion solennelle, mariage, extrême-onction) constituent toujours des motifs traditionnels de réunion dans la plupart des familles.
Quand l'actuel chef de l'Etat, soudain animé de sentiments xénophobes mais prometteurs d'une ample moisson de suffrages en vue du renouvellement du bail élyséen, froisse la susceptibilité vaticane, il s'empresse de se rendre à Rome, pour se livrer à quelque contrition publique et obtenir l'indispensable bénédiction papale.
Comment voulez-vous alors, cher Monsieur Bilger, que les gens qui dirigent aujourd'hui le pays, dans la mesure où ils se sentent assurés de l'impunité, ne soient pas tentés par des comportements jugés illégaux dans les véritables démocraties modernes ?
Votre article va probablement déplaire à d'aucuns et vous valoir une nouvelle convocation à la Chancellerie.
Rédigé par : Stenaisien | 09 octobre 2010 à 03:23
Paradoxalement, "la justice en douce" c'est aussi "la justice en force", c'est-à-dire la justice telle que la conçoivent, comme une arme à leur service, les insensés !, ceux qui disposent du pouvoir.
Soyez naïf ! Monsieur Bilger, soyez naïf ! c'est une grande qualité, si c'est elle qui permet de continuer à croire aux grands principes, malgré tout,... soyez naïf ! ayez la foi ! c'est ce qui manque le plus.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 08 octobre 2010 à 21:19
"Selon que vous serez puissant ou misérable..." ; avant ou après 1789, peu de choses ont changé car la nature humaine reste ce qu'elle est. Quand il s'agit de défendre leurs petits intérêts minables et mesquins au détriment du Droit, de l'Autre, les quidams de toute espèce sont atteints d'interventionnite aiguë et trouvent sans difficultés majeures les aides complaisantes, les connivences furtives, les complicités... des carnets d'adresses ou des réseaux. Il n'empêche qu'il y a toujours à espérer, tout ne semble pas irrémédiablement perdu... Et lire votre billet, c'est comme un grand bol d'air, merci !
Rédigé par : Domi | 08 octobre 2010 à 20:21
M. Bilger, je salue ce post.
Je me pose - et vous pose - la question suivante : la séparation des pouvoirs et la justice qui est la même pour le faible ou le puissant, en France, ne croyez-vous pas que ce ne soit qu'une vue de l'esprit ?
Rédigé par : bob | 08 octobre 2010 à 19:27
Bonjour,
La France est une dictature intellectuelle. J'en sais quelque chose : je suis écrivain. J'ai été publié par des maisons d'édition prestigieuses, je connais donc bien le milieu artistico-intellectuel parisien et je puis vous affirmer qu'il y règne une pensée unique à la limite du bolchévisme. C'est pourquoi nous avons besoin de gens comme vous, M. Bilger. Chacune de vos interventions dans les médias ou sur votre blog me ravit. Ah, si seulement nous étions quelques milliers en France comme vous et moi...
Bien à vous.
Rédigé par : BL | 08 octobre 2010 à 14:11
Comment peut-on croire ces balivernes
alors que des personnes en droit de réclamer
leurs droits subissent le bon choix de certains avocats nommés d'office et qui
décident eux-mêmes de défendre ou pas ?
Comment peut-on croire à ces balivernes
alors qu'un commandant de gendarmerie se
permet d'aller virer des employées sans
être au courant du dossier ?
Le justiciable est las et j'espère qu'il
reprendra l'histoire là où le mammouth bis
l'a laissée...
Rédigé par : calamity jane | 08 octobre 2010 à 13:01
Justice de l'ombre et sac de noeuds de conflits d'intérêts...
Pour aider anticor à établir une « liste d’incompatibilités entre fonction politique, publique et autres », j'ai proposé d'étudier le cas de ce juge défendant les intérêts économiques d’un certain journal que vous lisez tous les jours, instruisant une affaire impliquant le patron d’un autre journal que vous lisez également tous les jours, alors que les deux journaux se rapprochent, et produisant un non-lieu comportant 3 erreurs grossières en 8 lignes.
Côté politique, et pour compléter le tableau il convient d’ajouter que
- les deux journaux sont du même bord
- le miraculé judiciaire a été directeur de campagne d’un certain candidat d'un certain parti pour une certaine élection
- le juge a été candidat aux législatives 1997 et 2002 et membre de la commission de contrôle financier de ce même parti en 2003
Cette affaire est suffisamment sérieuse pour être « un élément d’information et de réflexion pour la commission des lois » de l’Assemblée.
Journaux, Sm et Usm, commission des lois de l'Assemblée et du Sénat disposent des pièces.
On pourrait s'attendre à un déluge d'articles et communiqués de presse !
Au lieu de cela, quel silence...
Rédigé par : Choubidou | 08 octobre 2010 à 12:13
On se rassure comme on peut... Le jugement de nos voisins européens est, lui, déjà tombé sur la France qui va reculer de quelques places dans le classement des vrais pays de liberté et de transparence.
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 08 octobre 2010 à 11:18
Monsieur l’Avocat général,
Votre tentative de distinction d’une justice « en douce » par opposition à une justice « soupçonnée mais qui laisse toutes ses chances à la vérité » est fondée mais ne satisfait ni l’intellect ni la morale.
L’actuelle opposition entre le juge van Ruymbeke et le parquet de Paris sur l’opportunité d’enquêter dans l’affaire Karachi/financement de la campagne d’Edouard Balladur place sans doute cette affaire sous le sceau de la justice qui « laisse toutes ses chances à la vérité ».
S’il ne paraît pas malsain que l’équilibre de nos institutions soit garanti par la lumière d’une part, et l’existence de contre-pouvoirs d’autre part, le fonctionnement actuel de la justice reste, aux yeux du profane que je suis, suspect.
Les réquisitions du procureur Courroye seront, pertinentes ou prévisibles, pour le moins entachées de soupçon. Pourquoi d’ailleurs ne le seraient-elles pas ? Le nom de ce procureur a été cité dans les enregistrements téléphoniques réalisés par la majordome de Mme Bettencourt dans des circonstances qui laissent la place au doute. Le même juge Courroye a été cité en mai 2009 (dépêche AFP) sur les faits suivants : « En janvier, Philippe Courroye, dont l'épouse est chargée de mission à la Fondation Casino, avait invité à déjeuner à son domicile Jean-Charles Naouri, patron de Casino, son avocat, Me Paul Lombard, et Patrick Hefner, patron de la brigade financière alors chargée de l'enquête. A la suite d'une révélation du Canard enchaîné, la juge d'instruction Xavière Simeoni, chargée de l'enquête, a dessaisi la brigade financière de cette information judiciaire ouverte à la suite de plaintes déposées par M. Naouri pour "abus de biens sociaux" contre la famille Baud avec laquelle il est en conflit. »
Mais ce qui est peut-être le plus révélateur, dans le fonctionnement de nos institutions, est ce fait, cité dans plusieurs médias, dont lepoint.fr, au sujet de l’affaire Karachi : « Les rapporteurs du Conseil constitutionnel avaient ainsi "proposé le rejet des comptes de campagne" de M. Balladur, selon un extrait du rapport consulté par l'AFP. Les comptes avaient finalement été validés par le Conseil en octobre 1995. Les rapporteurs avaient notamment noté "des dons en espèces sans justificatifs enregistrés comme des dons de personnes physiques". » Le montant du « don » suspect, remis en un seul versement en banque, s’élevait à plus de 10 millions de francs.
Aurions-nous eu connaissance de cet incident si le juge van Ruymbeke n’avait pris une posture d’opposition à sa hiérarchie ?
Quelles garanties pouvez-vous nous apporter que la justice « soupçonnée mais qui laisse toutes ses chances à la vérité » est toujours placée sous la lumière des projecteurs plutôt que de se transformer en justice « en douce » ?
Rédigé par : Christian C | 08 octobre 2010 à 09:49
Là, impossible d'aider, choisir entre l'ombre et la douceur.
S"il se pensait l'été de la démocratie peut-être..., mais vous dites bien que la démocratie ne connaît pas de saison, et suivant un principe vertueux la loi s'affranchit du temps.
A l'automne, on observe la récolte, on considère l'hiver alors, et on pense le renouvellement. Le temps aussi déroule sa loi d'airain!
La démocratie, c'est chacun son entendement souvent, pourvu que des voix parviennent et existent les tribunes assez universelles.
Rédigé par : zenblabla | 08 octobre 2010 à 08:38
Il vous faut bien du courage, cher Philippe, pour écrire ce que beaucoup de vos concitoyens pensent tout bas de l'Institution à laquelle vous appartenez.
Remettre en cause pendant qu'il en est temps encore les pratiques qui sont certes "dans l'air du temps", mais parfaitement délétères est bien salutaire.
Vos prises de positions répétées permettent de garder l'espoir d'une réforme en profondeur de l'organisation de la justice corrigeant les dérives actuelles.
Merci de vos efforts pour provoquer un sursaut salvateur.
Christian Dulcy
Rédigé par : christian dulcy | 08 octobre 2010 à 08:28
Aux yeux du profane que je suis, la distinction que vous faites entre une justice secrète, suspecte par la complexité de ses rouages et une justice corrompue est difficile à bien concevoir. La frontière entre les deux, en effet, semble parfois indécise.
Mais je suis enclin à vous suivre, parce que je constate qu'il en va de même, mutatis mutandis, pour d'autres grands organismes de l'Etat.
Vous n'imaginez pas, par exemple, le nombre de fois où, dans ma carrière d'enseignant, j'ai dû affronter la suspicion voire la franche hostilité de parents d'élèves persuadés que la complexité du système scolaire, l'anonymat des examens et concours, etc, cachaient de fort vilaines compromissions et d'insupportables injustices.
Le secret auquel les fonctionnaires de l'Etat sont soumis (et auquel un nombre croissant de collègues a de plus en plus de mal à se tenir), alimente tous les fantasmes.
Et les médias se font un plaisir - et plus encore un moyen de subsistance - de l'entretenir.
Rédigé par : Frank THOMAS | 08 octobre 2010 à 07:01
Bonjour Philippe Bilger,
« C'est le règne de la justice en douce, qui n'est plus la justice puisque ses coulisses sont interdites au regard citoyen, au débat public et contradictoire. C'est le triomphe de l'officieux qui crée la plus intolérable de toutes les offenses judiciaires : celle qui porte atteinte à l'égalité des justiciables. C'est le culte du silence et des manœuvres qui sont perçus malheureusement souvent comme la marque traditionnelle et fatale du pouvoir. »
Il est vrai que depuis quelque temps, disons trois ans et demi, on peut raisonnablement émettre quelques doutes sur l’objectivité et même l’impartialité de la Justice.
Citons en exemple quelques affaires qui ont « défrayé la chronique » dernièrement.
- Affaire Clearstream : les « coupables doivent être punis » et notamment un en particulier...
- Affaire Bettencourt – Woerth : circulez y’ a rien à voir. Pas vu pas pris, ou encore pas de preuves donc pas de coupables, ce qui revient à peu près au même.
- Affaire des emplois fictifs de Paris : petits arrangements entre amis ou un bon arrangement vaut mieux qu’un mauvais procès.
- Affaire de Karachi et rétro commissions : secret défense. Vu la « qualité » des personnes impliquées, on peut le concevoir...
- Affaire Kerviel : les banques sont irréprochables et font correctement leur travail. C’est surtout ça qu’il fallait démontrer pour rassurer les actionnaires et les marchés boursiers.
Ça commence à faire beaucoup, au point même qu’on est en droit de se demander si la France n’est pas devenue une république bananière.
La Fontaine dans sa fable Les animaux malades de la peste avait assez bien évoqué cette situation, mais c’était au temps de la monarchie, on en est maintenant à la Cinquième République.
Je pense que ce genre de « relations particulières » entre le pouvoir exécutif et la Justice est particulièrement malsain et qu’il est urgent d’assainir la situation.
Il en va de la crédibilité du pouvoir en place bien sûr, mais aussi de la Justice. La séparation des pouvoirs est la garantie d’une véritable démocratie.
Rédigé par : Achille | 08 octobre 2010 à 05:06
Cher monsieur Bilger, plus je vous lis, moins je parviens à comprendre, du haut de mon peu d'années au compteur et de mon inexpérience, si c'est vous qui êtes vraiment naïf, si ce sont les autres qui sont blasés ou si vous tenez pour vital de garder une foi indéfectible en la Justice. Quoique j'ai mon idée sur la question.
Par ailleurs, j'espère sincèrement que vous aviez écrit ce billet à l'avance car sinon, vous seriez un véritable bourreau de travail qui ne dort jamais (ou qui écrit ses billets de blogs pendant les audiences, mais je ne penserai jamais cela de vous !)
Rédigé par : Natoussia | 08 octobre 2010 à 00:53
Cher Philippe,
Seriez-vous en train de vous poser des questions sur notre démocratie « indiscutable et indiscutée » ?
Rédigé par : Claude L | 07 octobre 2010 à 23:13