Cela faisait longtemps qu'on ne s'en était pas pris à François Mitterrand, à sa personnalité, son passé, sa politique, à ses secrets et à ses lumières ! Jacques Attali nous a rappelé que F.M. n'avait rien de commun avec notre actuel président. Sinon peut-être qu'ils suscitent, l'un mort et l'autre vivant, la même hostilité, voire la même haine ?
La recherche historique - surtout, par pitié, pas de Maison de l'histoire de France ! - n'est pas à blâmer qui maintenant se penche sur l'action de François Mitterrand garde des Sceaux sous la IVe République. On sait que lors de ce qu'on appelait pudiquement "les événements d'Algérie", il y eut 45 guillotinés dont la grâce fut refusée par ce ministre de la Justice (Nouvel Observateur, le Monde, Marianne 2).
François Mitterrand, sur le plateau de l'émission Cartes sur table, déclarait, le 16 mars 1981 : "dans ma conscience profonde... je suis contre la peine de mort". Alain Duhamel, comme c'était la fin de l'émission, n'a pas pu le confronter à sa pratique ministérielle ancienne (lefigaro.fr, TVmag.com). L'aurait-il fait que François Mitterrand aurait su, je n'en doute pas, comment lui répondre.
Libre à chacun de comparer ce passé lié à la guerre d'Algérie avec cette protestation courageuse d'humanisme dans un moment où les sondages établissaient qu'une majorité de Français était favorable au maintien de la peine de mort. Son attitude a démontré que l'audace de la vérité vaut toujours mieux que l'opportunisme de la prudence. Libre à chacun de tirer les conclusions que son adhésion ou non à cette figure éclatante de notre vie nationale autorisera.
Ce qui me choque en revanche, c'est la manière condescendante et, pour tout dire, indigne avec laquelle les serviteurs du présent viennent offenser un combattant d'hier. On n'est pas loin de mettre en cause la sincérité de l'itinéraire moral et intellectuel de Mitterrand, qui l'a fait passer d'une approbation de la peine de mort au nom de l'Etat, de ses nécessités et de sa raison - je ne discute pas la validité de ces justifications, je constate leur existence - à une détestation absolue et argumentée de celle-ci. Sa "conscience abolitionniste" serait "un mythe" et le paradoxe revient à lui imputer, dans l'expression de cette dénonciation éthique personnelle, la faute d'un opportunisme politique qu'il a précisément mis à mal.
Derrière ce procès qui porte au paroxysme la commodité des jugements rétrospectifs et des condamnations faciles, il me semble que deux idées fausses égarent.
D'une part, je ne suis pas persuadé que François Mitterrand, contrairement à ce que soutient François Malye, co-auteur de l'enquête : François Mitterrand et la guerre d'Algérie, "ne pouvait pas devenir socialiste sans être abolitionniste parce que cela fait partie du costume". Pour qui s'est intéressé au parcours de nombre de personnalités socialistes, derrière les abstractions et les idéaux affichés (et encore !), le réalisme n'a pas toujours fait défaut. Sans être obligé d'évoquer le sentiment populaire qui est un puissant stimulant pour l'oubli de ses convictions partisanes ou philosophiques, je n'ai jamais perçu qu'avant Robert Badinter et l'obligation faite à la gauche de sanctifier l'abolition, socialisme et peine de mort étaient forcément contradictoires. On aurait pu le souhaiter au nom de l'humanisme généreux dont cette famille politique s'estimait propriétaire mais rien ne le garantissait, ni que la contradiction soit préjudiciable à qui aurait manifesté une ambition politique prête à tout. Rien donc ne contraignait François Mitterrand à cette importante évolution, que lui-même. Le refus de la mort institutionnalisée d'autrui ne ressortit pas de l'idéologie mais des "tripes", de "la conscience profonde" qui n'a rien à voir avec le socialisme mais tout avec soi.
D'autre part, je n'ai jamais cru aux vertus intangibles, jamais secouées par les événements, le poids des choses et la dureté de l'Histoire. Une morale, cela s'invente, se construit, se forge son histoire. Cela part souvent du pire pour découvrir, longtemps après parfois, les terres du meilleur. Je trouve plus riche une démarche qui erre puis retrouve son chemin que l'airain moral immuable, imperméable à ce qui bouge et vit autour de lui. J'ajoute qu'il y a infiniment plus de portée dans une arrivée qui a connu tous les affres d'un voyage et qui par conséquent sait en parler, en décrire les embûches et en glorifier l'aboutissement que dans un surplace incapable de voir plus loin que lui-même et confit dans son assurance immobile et autarcique. J'aime que François Mitterrand, sur beaucoup de plans et notamment celui de la peine de mort, n'ait pas été un être quiet et exemplaire de toute éternité mais qu'il ait proposé aux Français, en même temps que porté en soi, une intelligence et une sensibilité en mouvement, une histoire. La nôtre sans doute aussi, accordée à beaucoup de nos nuances et variations.
Au fond, François Mitterrand n'a pas cessé d'effectuer des voyages intimes. Si sa fin a pactisé avec son origine, il s'est, entre-temps, quitté, rejoint, il a rompu avec lui-même mais a gardé des fidélités essentielles. Son passé, il n'a pas cherché à l'oublier mais à le dépasser. Quel dommage qu'on ne l'ait pas interrogé sur ce qu'il avait été et ce qu'il était devenu ! Il aurait été éblouissant. Rien de son destin multiple, de son être riche et ambigu ne lui était étranger.
Il aurait eu réponse à tout.
"Quel dommage qu'on ne l'ait pas interrogé sur ce qu'il avait été et ce qu'il était devenu ! Il aurait été éblouissant."
PB
D'ailleurs à ce propos, dans le registre mémoires d'outre tombe, JP Elkabbach - l'introducteur de Sénèque auprès de Tonton - fit nombre d'interviews, en 93 et 94, de FM, heures d'entretien filmé qui ne devraient être diffusées que post mortem, ce que furent, vers 2004, je crois. Ils y abordaient aussi de ce qui vous intéresserait tant, à en croire les deux lignes qu'ai extraites de votre billet.
Facile à trouver. Je dois en avoir une heure ou deux sur une VHS, quelque part, mais l'Ina est là pour cela, et ils sont moins bordéliques que moi.
AO
Rédigé par : [email protected] | 16 novembre 2010 à 16:04
C’est vrai que notre actuel président n’a rien de commun avec FM et c’est peut-être tant mieux…
François Mitterrand a eu « l’honneur « d’être décoré en 1943 par Pétain lui-même de la plus haute distinction sous le régime de Vichy !!!
http://www.fil-info-france.com/actualites-monde/mitterrand-petain-photo.htm
« « « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France.
Je m'engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son oeuvre." » »
François Mitterrand.
Rédigé par : Raymond | 16 novembre 2010 à 08:36
Savonarole à Alex Paulista :
"Un ami anglais m'a dit un jour : "Ah, Mitterrand, il vous ressemble tellement !"
Je n'ai toujours pas compris à ce jour si c'était un coup de pied au cul ou un compliment.
Rédigé par : Savonarole | 05 novembre 2010
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Alex Paulista @ Savonarole
C'était un coup de pied au cul.
En même temps, il y a un vieux dicton qui dit que les Français et les Anglais se détestent parce qu'ils se ressemblent...
Rédigé par : Alex paulista | 05 novembre 2010 à 22:18
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Merci Alex, vous mettez un terme à 30 ans de doutes qui me torturaient...
De Gaulle évoquant Mitterrand l'appelait "l'arsouille"...
Il est curieux d'observer le nombre de braves électeurs de droite qui finissent par avoir de l'admiration pour F. Mitterrand.
Avec l'âge on devient indulgent, on finit par trouver tout le monde sympa. Comme ces auditeurs de "Radio Nostalgie" qui finissent par se laisser émouvoir à l'écoute de vieux crooners, dont ils n'auraient pas misé 15 francs pour acheter leurs 45 tours.
Tout devient "vintage", aujourd'hui.
Les mêmes, usent jusqu'à la corde l'alibi culturel de Tonton, "quelle vaste culture !", "grand admirateur de Chardonne !"... Mon Dieu, quel vertige ce Chardonne...
Vous verrez qu'on finira par trouver qu'Hitler n'était pas un si mauvais aquarelliste qu'il n'y paraît.
Rédigé par : Savonarole | 06 novembre 2010 à 09:06
@ Jean-Dominique
"il n'est évidemment pas recevable que FM ait consenti aux exécutions par calcul politique. Bien sûr que non."
Je n'ai fait que reprendre ce que dit sans ambiguïté dans le documentaire diffusé par France 2 Roland Dumas, à qui on peut tout de même reconnaître qu’il maîtrise mieux que personne le sujet François Mitterrand dans sa part la plus obscure et la plus déchirée.
Selon lui, François Mitterrand avait alors en ligne de mire la présidence du Conseil. Pas forcément que pour des mauvaises raisons : François Mitterrand pensait que l'épisode très lourdement répressif ne serait que de courte durée - quelques semaines -, qu'il lui fallait ainsi tenir et durer pour pouvoir devenir en quelque sorte le décideur en chef et s'affranchir par exemple de la tutelle de Pierre Mendès-France : se différencier et se démarquer du leader naturel de sa famille politique de l'époque.
Cette réputation de fermeté qu'il se forgeait de cette façon ne pouvait être que payante pour faire aboutir son ambition d'être président du Conseil et ainsi pouvoir agir les mains et l'esprit libres.
Alors, dans cette perspective, élu avec l’étiquette "Front républicain", un rassemblement assez disparate - l’appellation fait tout de même très bizarre quand on sait ce que la République, précisément, autorisera après le 06 février 1956 "journée des tomates" -, il dira oui à tout : transfert à l'armée des pouvoirs spéciaux, tortures, exécutions capitales en série, etc.
Son émancipation politique s'est faite à ce prix. Et sa vision des choses était celle-là.
Ce n'est pas insulter la mémoire de François Mitterrand que de dire cela. Ce sont des faits.
Maintenant, comme je l'ai dit dans un post précédent je ne possède pas les connaissances suffisantes sur le sujet de IVe République et principalement sur la guerre d'Algérie pour évaluer raisonnablement cette partie de notre histoire proche et éviter les gros écueils d'une lecture des choses trop anachronique.
"Parce qu'un homme politique fait parfaitement la différence entre la mort d'hommes en situation de guerre et l'exécution froide de gens aux poings liés..."
Dans le film, il est dit par Abdelkader Guerroudj, un ancien condamné à mort algérien, que les exécutions ont été ressenties côté FNL comme une transgression majeure d’un précepte qui dit qu’un homme qui est conscient de sa puissance sur autrui ne doit pas s’acharner sur celui dont il connaît l’impuissance.
Après, la question vertigineuse que pose tout cela est évidemment celle du jusqu’où un homme de pouvoir peut-il aller au nom d’un mieux collectif escompté et pour servir au mieux sa propre ambition ? A quel moment la puissance se transforme-t-elle en toute-puissance sur autrui incontrôlable ?
Cela dépasse largement selon moi la seule vision d'un François Mitterrand cherchant par l'abolition de 1981 à dépasser son passé, comme le propose Philippe dans son billet.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 06 novembre 2010 à 07:59
De Mitterrand, que dire qui n'ait été déjà dit ?
On ne peut que se définir aux yeux des autres en déclarant son opinion à son endroit.
Alors ne vais peut-être pas clarifier le second point en démentant mon assertion première.
Qu'il était moins intelligent que Giscard mais sut être plus séduisant. Qu'il eut un certain courage sur quelques points, qu'il a fait beaucoup rire de son revirement quant à la façon d'incarner l'Etat, lui qui avait accusé Charles ou VGE de pompe (pas pidou, ni douze) et finit dans la plus hiératique et monarchique des postures (bibi et Attali dixit, que Jacques me pardonne cette familiarité).
Que, comme le disait l'estimable Dominique Jamet, il prit quelques pointures une fois installé dans sa fonction, qu'il y remplît mieux le costume que ne le feraient Chirac et Sarkozy, même ensemble.
Que j'ai toujours du mal à croire que Chirac puisse être président, je commençais à m'y résigner quand Sarko1er le délogea avec ce petit "au revoir" de la main à la voiture sortant le Jacques, alors que l'avais à peine vu entrer ; geste qui m'a tant fait rire et me lamenter tout à la fois.
Qu'il a pas mal instrumenté la jeunesse entre 86 et 88, dont moi... Eh oui errare oursivum est.
Que je ne lui en ai gardé que bien peu de rancune.
Que me souviendrai toujours de ce matin du 14 juillet 94 ensoleillé où partais en vacances et où l'écoutais, conduisant, traversant le Morvan - un hasard - pour aller vers Avignon (je déteste pourtant le théâtre, les pièces non, ses bateleurs, si) sa bonne humeur, son ton badin pour distribuer les bons et les mauvais points à ses deux ex Premiers ministres de droite... et du contraste que fut le retour d'une autre semaine de vacances, en septembre cette fois, où désormais la nuit était déjà tombée à à peine plus de 20h quand il répondit à Elkabbach de cette voix d'outre-tombe, qu'arrivant au péage de Fontainebleau j'eus même de la peine à reconnaître - pas le péage, Sylvain - ce besoin de remuer ses errements vichystes et quelques amitiés consenties un peu contre lui-même, comme les dirait peut-être notre hôte. Cette nuit qui me sembla tomber sur le pays entier.
Pas confit d'admiration comme PB, juste capable de reconnaître un homme de quelques sérieuses qualités, quels que fussent ses défauts. Qui n'en a sauf Sylvain, qui les a tous.
AO
Rédigé par : oursivi | 05 novembre 2010 à 22:32
@ Savonarole
C'était un coup de pied au cul.
En même temps, il y a un vieux dicton qui dit que les Français et les Anglais se détestent parce qu'ils se ressemblent...
Rédigé par : Alex paulista | 05 novembre 2010 à 22:18
Allez, je reviens un peu sur le sujet !
Puisqu'en ce moment nous sommes gâté-e-s
par des sujets genre "révélations historiques télévisuelles" concernant des présidents et leurs opposants directs.
Tant que je n'aurai pas lu l'histoire de
l'Algérie en langue arabe, je ne pourrai
avoir le moindre indice de réflexion sur
ce sujet.
Rédigé par : calamity jane | 05 novembre 2010 à 20:45
Un ami anglais m'a dit un jour : "Ah, Mitterrand, il vous ressemble tellement !"
Je n'ai toujours pas compris à ce jour si c'était un coup de pied au cul ou un compliment.
Rédigé par : Savonarole | 05 novembre 2010 à 18:25
Véronique, je ne suis pas d'accord sur deux points essentiels :
En 1980, F. Mitterrand n'avait pas besoin de l'air du temps pour comprendre qu'en 56/57, il avait autorisé la mort de héros de l'indépendance algérienne. Le temps était passé et il a pu comparer la situation de ceux qu'il avait fait exécuter avec les résistants à l'occupation allemande. En 56, l'Algérie était française, d'autant plus pour un homme comme Mitterrand pour qui Alger était la ville française dans laquelle il avait rencontré le chef de la France Libre. En 1980, l'Algérie était indépendante, un pays qui comptait, avec une histoire douloureuse de libération dont FM avait été l'un des acteurs. Pour un homme obsédé par le sens historique, il y a de quoi s'interroger sur soi-même.
Autre point, il n'est évidemment pas recevable que FM ait consenti aux exécutions par calcul politique. Bien sûr que non. Parce qu'un homme politique fait parfaitement la différence entre la mort d'hommes en situation de guerre et l'exécution froide de gens aux poings liés : le jugement de l'histoire n'est jamais identique et si l'on passe parfois sur les centaines de milliers de morts de Napoléon au cours de ses guerres, certains ne lui pardonnent pas l'assassinat du duc d'Enghien, "pire qu'un crime, une faute". Là encore, Mitterrand est pénétré de cette réalité : en politique le crime peut payer, la faute non. S'il le fait, c'est que le commandement militaire exige du pouvoir civil une sévérité dissuasive, il faut frapper fort, très fort, trop fort pour enrayer la rébellion. Ne pas se retrouver dans la situation indochinoise, traumatisme récent, casser brutalement le mouvement.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 novembre 2010 à 17:57
Les campagnes présidentielles font l’objet d’interprétations a posteriori sur la justesse desquelles on finit par ne plus s’interroger. Qu’on les répète à l’envi - jusqu’à leur donner parfois des allures de « mythes » - ne devrait pas nous abuser. Voir le « Vous n’avez pas le monopole du cœur » qui aurait fait gagner (?) Giscard en 74 ou l’opposition à la peine de mort de François Mitterrand qui aurait pu le faire perdre (??) en 1981. Je rappelle que la peine de mort était alors tombée dans une presque totale désuétude, ce qui relativise, il me semble, l’« audace » dont aurait fait preuve le candidat.
Rédigé par : Le Chouan des villes | 05 novembre 2010 à 17:39
@gery | 05 novembre 2010 à 15:54
« il valait mieux accomplir l'itinéraire d'un Mitterrand que celui, en sens contraire, de tant d'hommes de gauche qui s'étaient parfois fourvoyés dans la pire des collaborations. »
Et qu'est-ce qu'il disait des FTP? Ou encore de Jean-Pierre Vernant, ce professeur au Collège de France et éminent spécialiste de mythes grecs?
Il faut savoir en effet que si « Le Parti communiste ayant été dissous en septembre 1939, après la conclusion du pacte germano-soviétique, la direction du PCF, prend l'été 1940, contact avec les troupes d'occupation dans le but d'obtenir la reparution de l'Humanité, cette initiative qui durera un mois sera rapidement condamnée par de nombreux militants communistes ainsi que par Maurice Thorez présent à Moscou et que des sanctions sous forme d'exclusions seront prononcées. »
L'expérience de la clandestinité leur ayant donné une longueur d'avance, dit-on, « le plus gros maquis français, celui du Limousin, est communiste. Ces derniers ont par ailleurs payé un lourd tribut à la répression allemande, par la mort de milliers d'entre eux. »
Je précise que je ne suis pas du tout communiste, mais que cela ne m'empêche en rien de rendre à César ce qui lui appartient et de rendre hommage au courage de quelque bord qu'il soit!
Rédigé par : Catherine [email protected] | 05 novembre 2010 à 17:38
@ Olivier
Je vous remercie pour les éléments importants de réflexion que vous apportez.
"Le cheminement intérieur de François Mitterrand sur le sujet de la peine capitale épouse l'évolution générale des mentalités en Europe, la justification de son maintien n'ayant plus la même évidence dans les années 80 par rapport aux périodes antérieures."
Je suis évidemment d'accord avec vous. Mais je pense également que le cheminement de François Mitterrand sur la question de la peine de mort ne peut pas seulement s'expliquer de cette façon.
J'imagine que le souvenir de 1956 et de 1957 a dû énormément compter pour au final lui inspirer une aversion totale pour la peine capitale.
En même temps, il faut attendre l'élection présidentielle de 1981 pour qu'il exprime publiquement sa position sur cette question.
C'est cet écart dans le temps qui me heurte profondément.
D'autant plus que je pense que les avis favorables qu'il a prononcés pour 8 exécutions sur 10 avec un rythme effréné - 17 exécutions en 20 jours -, me semblent lui avoir été inspirés beaucoup plus par calcul et opportunisme politiques que sous le poids, disons, d'une exigence de raison d'Etat.
C'est en ce sens que je pense, au contraire de Philippe Bilger, que sa sincérité abolitionniste a parfaitement le droit d'être mise à mal et qu'il est légitime de la discuter.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 05 novembre 2010 à 17:07
Lorsque le passé d'extrême droite de François Mitterrand a été révélé peu avant sa mort, on a demandé à Roger Hanin si cela ne le gênait pas d'avoir été si proche d'un tel homme. Il a répondu qu'il valait mieux accomplir l'itinéraire d'un Mitterrand que celui, en sens contraire, de tant d'hommes de gauche qui s'étaient parfois fourvoyés dans la pire des collaborations.
Rédigé par : gery | 05 novembre 2010 à 15:54
@Véronique Raffeneau
Je partage votre opinion. La photographie instantanée de l'opinion en 1981 n'atteste pas véritablement un socle marmoréen et inébranlable en faveur de la peine de mort. Après tout, cette question demeurait sur un plan secondaire des préoccupations de la plupart, comme l'indique le fait qu'un candidat obtienne la majorité des suffrages et recueille l'adhésion à l'ensemble d'un programme politique, dont l'abolition ne fut qu'un élément.
Dans son dernier livre, "La société d'indifférence" Alain-Gérard Slama fait une remarque incidente sur la variabilité de l'opinion sur le sujet, et écrit qu'un sondage réalisé au début du mandat de M. Pompidou révèle au contraire une majorité de Français en faveur de l'abolition. Durant l'intervalle entre ce moment et la campagne de 1981, plusieurs faits divers tragiques clivèrent l'opinion, au point que notre pays tarda à emprunter le chemin d'autres Etats européens, comme la Grande-Bretagne, qui n'eut dès les années 60 qu'une peine de mort à vrai dire plutôt fictive - punissant entre autres les actes de pirateries...
Le cheminement intérieur de François Mitterrand sur le sujet de la peine capitale épouse l'évolution générale des mentalités en Europe, la justification de son maintien n'ayant plus la même évidence dans les années 80 par rapport aux périodes antérieures. Le mouvement vers l'abolition présente depuis un caractère mondial, la plupart des Etats de la planète choisissant les uns après les autres cette voie. On peut se souvenir par ailleurs que, étrangement, le premier Etat européen à avoir eu des velléités abolitionnistes fut... la Russie impériale, puisque la Tsarine Elizabeth, contemporaine de Voltaire, refusait sous son règne de verser le sang de ses sujets et commuait systématiquement les condamnations à mort.
Il reste le cas de la première démocratie au monde. Cependant, une simple vérification empirique permet d'observer une décrue relative de la volonté meurtrière de la justice américaine. Bien moins de condamnations sont prononcées par les tribunaux, et peu d'exécutions au final ont lieu. En dehors d'un ensemble limité d'Etats, beaucoup de législateurs américains proposent désormais l'abolition, avec la contrepartie prudente de mise en place d'une peine de perpétuité réelle et effective.
Le système judiciaire américaine a certes montré une vigueur implacable durant les années 80 jusqu'aux années 90, un reflet avéré de l'angoisse de la société, incertaine de sa capacité à absorber la criminalité qu'elle produit, mais ce phénomène semble s'étioler. Les abolitionnistes américains notent également l'effet pervers de l'arrêt que la SCOTUS a rendu dans les années 70, et qui établit la constitutionnalité de la peine capitale. Les juges de l'époque n'avait alors à l'esprit qu'une peine ciblée avec une latitude d'application réduite. Cet arrêt eut des répercussions imprévues, comme si le jugement de la cour suprême tint lieu de paravent commode, qui eut l'effet de désinhiber certaines pulsions de vindicte, avec au final l'extension déraisonnable d'un système légitimé par son acceptation par la plus haute juridiction. De manière intéressante, on peut relever que plusieurs "justices" qui avaient apporté leur vote favorable au maintien de la peine capitale en 1978 se sont depuis manifestées en faveur de sa disparition, avec ce mot éloquent de Justice Stevens parlant d'une "pointless and needless extinction of life with only marginal contributions to any discernible social or public purposes."
Rédigé par : Olivier | 05 novembre 2010 à 14:37
J'avoue ne pas comprendre l'estime que Monsieur Bilger semble avoir pour Mitterrand, cet homme des "sincérités successives" dont toute la vie est résumée par le surnom de "Florentin" qu'il me semble avoir amplement mérité. Sa participation avant-guerre à la Cagoule, sa présence attestée dans le salon du Maréchal Pétain, sa mise en scène de l'attentat bidon de l'avenue de l'Observatoire, etc., dénotent un manque de sincérité évident dans ce regard agrémenté d'inimitables battements de cils. Chaque fois que je le voyais, je me remémorais l'évêque d'Agde dans Le Rouge et le Noir, surpris à peaufiner son geste de bénédiction dans un miroir.
Rédigé par : paul dupraz | 05 novembre 2010 à 12:31
Je suis encore et encore plié de rire quand je pense à l'anecdote du Salon de l'armement où Mitterrand avait fait recouvrir les armes exposées par des bâches.
Et aussi bien sûr quand il avait reçu Kadhafi en catimini sur l'île de Crête.
Et aussi quand Tatie Danielle avait reçu chaleureusement M. Castro Fidel, modèle de vertus droits de l'hommistes...
Et aussi... mais je vais arrêter là.
Les socialistes et leurs autismes utopiques face aux réalités du monde pratiquent l'hypocrisie, la démagogie et le mensonge avec un art si subtil qu'ils font passer Sarko pour un "bleu" juste sorti d'un bizutage.
Rédigé par : sylvain | 05 novembre 2010 à 09:15
@ Jean-Dominique
"Clairvoyant et libéral sous Mendès, répressif sous Mollet."
Oui, des sincérités successives...
J'ajoute: abolitionniste avec Badinter.
Ce même R. Badinter étant alors une sorte de figure de "l'intellectuel de gauche années 70", dont la caution apporte un poids non négligeable, loin de là, dans l'intelligentsia de l'époque. Aujourd'hui on dirait le milieu médiatique.
@ Herman
"On peut appeler cela du courage politique."
En 1981 la question de la peine de mort n'est pas un argument électoral prépondérant qui était de nature à compromettre l'issue d'une élection présidentielle.
Par ailleurs, je pense qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance des milieux catholiques de l'époque.
Par exemple, lors du procès de Patrick Henry, la position de l'Eglise et celle des milieux catholiques de Troyes a compté autant, sinon plus, que la plaidoirie de Me Badinter.
Quand François Mitterrand fait voter en 1981 l'abolition de la peine de mort il ne faut pas sous-estimer les courants profonds qui traversent alors la société française.
Je pense qu'en 1981 la société, dans ses lignes de force souterraines, est prête pour l'abolition.
Cela n'enlève rien à François Mitterrand, ni à Robert Badinter, mais présenter la position de François Mitterrand sur cette question comme l'archétype et l'exemple même du courage politique est à mon sens excessif et erroné.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 05 novembre 2010 à 09:04
Sous cette formule bien frappée : "la commodité des jugements rétrospectifs", vous allez à l'essentiel.
On a vu une Christiane Taubira organiser, à Cayenne, le procès de Christophe Colomb, achevé par le verdict attendu...
Je suis en revanche plus réticent sur le ton globalement laudatif de votre article, Monsieur Bilger.
François Mitterrand est un habile politicien qui a traversé les époques de l'histoire contemporaine en étant toujours en harmonie avec la petite musique dominante.
Plutôt favorable au Maréchal dans un premier temps, vigoureusement Algérie française plus tard, etc.
Sa prise de position contre la peine de mort n'est pas intervenue en 1965, lors de sa première campagne présidentielle, ni en 1974, contre Giscard, mais en 1981.
Le courage politique que vous louez eût été bien plus probant dans les années 60 ou 70.
En 81 l'opinion "éclairée", notamment après la douteuse affaire Ranucci, était globalement favorable à l'abolition, et François Mitterrand n'a violé personne en la prônant.
Certes le peuple dans ses profondeurs y était encore largement hostile.
Mais, rappelons-le aux plus jeunes, Mitterrand a été élu sur un programme de 110 propositions, parmi lesquelles l'abolition a été comme noyée.
Rédigé par : uche. | 05 novembre 2010 à 08:42
@sylvain | 04 novembre 2010 à 19:20
Et il vous aura encore arraché le plus long commentaire que vous nous ayez jamais pondu!
Rédigé par : Catherine [email protected] | 05 novembre 2010 à 01:30
Je ne suis pas d'accord avec vous Monsieur Bilger.
Je peux parfaitement comprendre que l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement demeure acquise à des salariés incompétents, licenciés pour cela et jugés tels.
C'est la loi et elle se comprend puisque l'indemnité de licenciement vise uniquement à indemniser les conséquences économiques de la perte d'emploi et ce, en fonction de l'ancienneté du salarié quelle que soit son efficacité.
En revanche, le fait que la loi aligne le régime des indemnités contractuelles au régime de l'indemnité légale ou conventionnelle (c'est-à-dire qu'elle soit acquise à tout salarié quels que soient les faits reprochés dès lors qu'il ne s'agit pas d'une faute grave) est sinon indécent, au moins incompréhensible.
Ces indemnités (contractuelles) ne sont rien d'autre que des parachutes dorés salariés.
Or il me semble que de tels parachutes ne devraient s'ouvrir que pour amortir la chute de ceux qui ont été poussés dans le vide et non pour ceux qui s'y sont eux-mêmes projetés par provocation, bêtise ou accident.
Je ne sais rien du foot et, par suite, de la qualité des prestations de Monsieur Domenech.
Les deux comportements dont il a fait preuve démontrent toutefois que cet entraîneur est un chef d'équipe qui ne rougit pas de se montrer publiquement aux ordres de son équipe et qui, parallèlement, croit malin de jouer au rebelle face à un de ses homologues.
Il existe une convention collective pour sa branche, qu'il touche donc celle qui a été négociée par les partenaires sociaux pour son niveau de qualification et son ancienneté.
Il me semble qu'une telle bêtise serait ainsi largement rémunérée.
Rédigé par : Judith | 04 novembre 2010 à 22:46
Véronique,
Vous avez raison mais c'est une question de moment. Après la chute de Guy Mollet, Mitterrand refuse de participer à un gouvernement et ce jusqu'au vote en faveur de de Gaulle. Il laisse faire la déconfiture de la 4ème. A ce moment, il a toute latitude, il s'est désolidarisé de la politique répressive de Mollet en Algérie, il peut laisser faire de Gaulle. Il n'en fait rien. Il est alors clairement à gauche.
Pas d'accord non plus sur Mendès-France : Mendès-France aurait pu avoir une carrière politique plus longue, mais il ne se plie pas au jeu politicien, il n'est pas doué pour ça et il n'aura jamais de troupes. En politique, c'est fatal. A noter d'ailleurs que le Mitterrand ministre de Mendès n'est pas le même que celui de Mollet pour ce qui concerne l'Algérie. Clairvoyant et libéral sous Mendès, répressif sous Mollet.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 novembre 2010 à 21:39
Ce qui est remarquable en cette affaire d'abolition, c'est de l'avoir annoncée avant la présidentielle, malgré la désapprobation apparente de la population (les sondages), et alors que Mitterrand avait échoué plusieurs fois lors de cette élection.
On peut appeler cela du courage politique.
Une petite distinction avec notre président actuel, qui lui, avait annoncé qu'il ne toucherait pas à l'âge de départ à la retraite...
@jpledun
Veuillez, s'il vous plaît, cesser de citer mon prénom dans vos commentaires qui ne me sont pas adressés. Cette manière de faire, avec en plus un zeste de diffamation, ne m'étonne guère de vous, mais ce n'est pas une raison suffisante pour moi de le supporter. Si au moins vous étiez drôle !
Un peu dommage pour un... clown, non ?
Rédigé par : Herman | 04 novembre 2010 à 19:50
Rôôôôô on neu nous dit pô tout !!!!
Mitterrand :
*il acquit sa plus grande notoriété en sautant les grilles des jardins de l’Observatoire pour échapper à un attentat qu’il avait monté de toutes pièces.
*Une fois parvenu au pouvoir suprême, il sera impliqué dans les affaires suivantes : *le dossier Boucheron à Angoulême
*celui de Gérard Colé (conseiller de Mitterrand à l’Elysée) dans la gestion délirante de la Française des Jeux,
*les trafics divers et planétaires de Jeanny Lorgeoux, le maire de Romorantin et ex-député PS du Loir-et-Cher, par ailleurs copain de bringue de « Papa m’a dit » (Jean-Christophe Mitterrand),
*les exploits d’Emmanuelli dans Urba
*les rackets du PS,
*les exploits de Roland Dumas et Jacques Pihlan (ex-compère de Colé à l’Elysée) dans l’Association pour le référendum (été 1984) et dans Elf,
*la vente d’UTA à Air France (pour renvoyer l’ascenseur, à bon prix, au camarade milliardaire socialiste Jérôme Seydoux),
*la reprise d’Yves Saint-Laurent (Pierre Bergé) par Elf-Aquitaine juste avant le retour de la droite au pouvoir, en 1993,
*les écoutes téléphoniques supervisées à l’Elysée, par le PDG d’Elf, Gilles Ménage. *Il faut aussi rappeler le dossier Orta, du nom de ce dévoué militant socialiste devenu promoteur de camps de vacances dans le Sud-Ouest et laissant une ardoise de 300 millions de francs en 1988. Enfin,
*la fameuse affaire Pechiney et les escroqueries, dont la bien nommée Vibrachoc, de Roger-Patrice Pelat, son grand ami intime.
et,
*Greenpeace, ( Rainbow Warrior )
*des Irlandais de Vincennes,
de l’affaire Luchaire,
*des frasques de Jean-Christophe Mitterrand et de sa cellule africaine,
*des commissions touchées en 1993 pour la vente d’un Falcon 900 à la Namibie,
*des exploits de Guy Ligier et du fameux circuit de Magny-Cours.
*Il est directement ou indirectement impliqué dans l’affaire du « suicidé » François de Grossouvre, son conseiller et ami de l’Elysée.
*C’est encore celui qui a nommé conseiller à l’Elysée pour les Affaires africaines Guy Penne, le dentiste qui lui a limé les dents.
*C’est aussi celui qui, grâce au programme de « rupture avec le capitalisme » a conduit la France au bord de la banqueroute et quand il fut contraint de virer de bord, en 1984, il se contenta d’instaurer l’économie mixte.
*Mitterrand est celui qui a nommé Bernard Tapie ministre, repris de justice, condamné déjà plusieurs fois depuis les années 1970.
etc....................
ça donne le tournis
..........................
Ceci en réponse à M. rowalih | 03 novembre 2010 à 16:44 qui nous dit, sans rire :
"""Comparé à son actuel successeur, même les défauts de Mitterrand apparaissent comme des vertus.""
..................
Une dizaine de mandats ne suffiraient pas à Sarko pour rivaliser en crapulerie avec le plus grand escroc politique que la France ait connu...
Rédigé par : sylvain | 04 novembre 2010 à 19:20
Sur la question de la peine de mort FM opère un tête à queue difficile à suivre. Dire que l'on a toujours été contre la peine de mort en 80 lorsqu'on a eu une telle action gouvernementale demanderait une clarification. Cette attitude éveille le soupçon. On peut supposer qu'en se déclarant abolitionniste convaincu, FM voulait se poser face à Giscard et se donner une stature d'homme progressiste. De toute façon, l'abolition de la peine de mort était dans le programme commun. Je vois mal le candidat Mitterrand ne pas endosser ce point en 80.
Que des historiens plongent leur scalpel dans ce paradoxe est sain.
Rédigé par : At the mercy | 04 novembre 2010 à 17:42
@ Jean-Dominique
"Quel fut le déclic pour que cet homme ambitieux renonce à cet avenir certain au centre-droit et s'oppose frontalement à de Gaulle ? Je l'ignore mais il l'a payé de plus de 20 années d'opposition sans jamais être certain de parvenir un jour au pouvoir. Ça n'est pas le comportement d'un Rastignac."
Dans le documentaire "François Mitterrand et la guerre d'Algérie" qui sera diffusé ce soir sur France 2 et qu'on peut voir sur le web, ce n'est pas cela qui est dit par les intervenants, notamment par Roland Dumas.
François Mitterrand escomptait remplacer Guy Mollet comme président du Conseil.
Par ailleurs, il semble bien que ce soit Pierre Mendès-France, par son refus de cautionner les décisions à caractère très lourdement répressif de Guy Mollet (exécutions - tribunaux d'exception, moyens dictatoriaux), qui ait payé un très lourd tribut quant à son avenir politique. Celui-ci en sera ruiné.
En termes d'avenir, de rentabilité et de retour sur investissement politiques, il apparaît au contraire que c'est François Mitterrand qui avait alors fait le meilleur calcul politique possible.
J'encourage vivement les lecteurs du blog à regarder ce film. On y apprend beaucoup.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 novembre 2010 à 17:16
Monsieur,
Je reprends la parole pour apporter un témoignage et le rappel d'un fait qui semblait à l'époque et qui doit sembler aujourd'hui être révélateur de la vraie personnalité de François Mitterrand devant les problèmes nés de la guerre d'Algérie.
- Devant l'auberge du "Pigeon Blanc" à la sortie de Rennes sur la route de Nantes, en 1967, nous nous promenions tous les deux, seuls, en attendant, les pieds dans l'herbe mouillée, nos amis qui devaient déjeuner avec nous ; la conversation vint frôler les guerres coloniales.
Il me rappela les bons souvenirs qu'il avait conservés de la période où il avait, avec Defferre, préparé la décolonisation. On en vint aux répressions qui avaient accompagné (Indochine, Madagascar, Maghreb) l'indépendance de ces pays. Et, de là, nous en vînmes aux exécutions. Des élections législatives venaient d'avoir lieu, marquant une nette poussée de la Gauche. "Si nous avions eu la majorité, manquée de si peu, il est certain qu'une proposition de loi abolissant la peine de mort aurait pu être déposée et votée sans retard". Chaque fois que je le revis ensuite, si le sujet revenait entre nous (et nous ne parlions pas que de cela) je ne l'ai jamais trouvé dans d'autres dispositions. Quoiqu'il sût, comme je le savais aussi, que la France profonde voulait encore "des têtes".
- En octobre 1956, François Mitterrand était ministre (d'Edgar Faure, je crois bien) et ministre titulaire d'un poste "régalien", l'Intérieur, sauf erreur de ma part. C'est le moment où l'avion royal mis à la disposition des chefs historiques du FLN, Ben Bella en tête, par le roi regretté Mohammed V, pour le rejoindre à la réunion de Tunis, fut pris en chasse, en dehors de l'espace aérien français, par notre aviation militaire et amené par la force... à Alger. Alors que l'immense majorité du monde politique français cherchait des billes sous la moquette, un ministre démissionna, non sans fracas, pour manifester sa réprobation devant cet acte de piraterie. C'était François Mitterrand, cette "vieille fripouille" que je m'honore d'avoir connue (je reprends à dessein cette poétique expression...).
Rédigé par : Jean Reffait | 04 novembre 2010 à 14:20
Il ne faut pas non plus oublier que Robert Badinter est également responsable de la dépénalisation de l'homosexualité, et de la première condamnation de Robert Faurisson bien avant la promulgation de la loi Gayssot.
Rédigé par : Native Proud | 04 novembre 2010 à 13:30
Cette abolition de la peine de mort reste pour moi un grand mystère...
Comment peut-on imaginer que le peuple français était demandeur d'une telle mesure, à l'époque même où la France et l'Europe de l'Ouest tout entière était la proie du terrorisme rouge sanguinaire... (les fameuses années de plomb)
Les Brigades Rouges, Fraction Armée Rouge, Action Directe, Carlos, le FPLP, ETA, CCC, ARB, BI, NAPAP, GRAPO, OR17Novembre etc. mais aussi d'autres d'extrême-droite...
Bref dans la mesure, où une telle décision n'avait aucune chance d'être adoptée démocratiquement, peut-on parler de complot ou de conspiration contre les Français ? Et dans quel but ?
La réponse se trouve sans doute du côté de Badinter et de son "entourage"...
Rédigé par : Native Proud | 04 novembre 2010 à 13:17
En réalité, je suis assez troublée par le propos de votre billet.
"Le refus de la mort institutionnalisée d'autrui ne ressort pas de l'idéologie mais des "tripes", de "la conscience profonde" qui n'a rien à voir avec le socialisme mais tout avec soi."
En somme, vous voulez nous dire que l'abolition de la peine de mort en 1981 ne serait que la conséquence du remords de François Mitterrand face à ce qu'il a cautionné pendant seize mois en tant que GDS du gouvernement de Guy Mollet.
A ce titre, selon vous, nous ne lui devons que du respect et, pour les historiens, les journalistes ou simplement ceux qui sont intéressés par l'histoire politique de notre pays, s'interroger sur la validité de sa sincérité abolitionniste serait un outrage.
"A ma grande surprise, sur ces 45 exécutions, je n’ai trouvé qu’un groupe de 4 condamnés qui avaient commis un massacre horrible dans une ferme, près d’Oran. On réalise qu’à partir de mai 1956, il y a une volonté de frapper fort et de casser le FLN. D’où les deux premières exécutions capitales, en juin 1956. Ensuite, les exécutions vont aller crescendo avec un mois terrible, février 1957, en pleine Bataille d’Alger où, là, clairement, le ministre de la justice et l’Etat appuient les parachutistes. Pour retrouver ce nombre de 17 guillotinés en un mois, il faut remonter à l’occupation ou à la Terreur." (François Mayle coauteur de "François Mitterrand et la guerre d'Algérie" 30-10-10 )
Je ne veux pas juger l'action de FM au moment de la guerre d'Algérie car je suis trop consciente de mes lacunes et de mes insuffisances sur cette période pour prétendre émettre un début d'avis un peu solide.
Mais vraiment, contre le propos de votre billet, je pense qu'avaliser dix-sept exécutions capitales en un mois autorise à se poser toutes les questions - des plus bienveillantes aux plus cruelles - au sujet de la position de François Mitterrand sur la peine de mort - d'un extrême à un autre -, et au sujet des bénéfices politiques qu’il pouvait en retirer dans un cas comme dans l'autre.
Je reste convaincue que si en 1981, c'est vrai, il va à l'encontre du sentiment majoritaire sur la peine de mort, il n'en demeure pas moins que compte tenu de ses soutiens actifs, dont Robert Badinter, et de l'idéologie de gauche du moment dont il se réclamait, François Mitterrand ne pouvait pas se déclarer favorable à la peine de mort.
Et je ne suis pas du tout certaine qu'à ce moment-là cette question de la peine de mort était à ce point déterminante dans l'opinion quant à l'issue d'une élection présidentielle.
Cette question de l'abolition, selon moi, avait surtout de l'importance aux yeux des militants de gauche.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 novembre 2010 à 07:16
M. Bilger,
Si François Mitterrand a beaucoup évolué en matière de convictions au cours de sa carrière, on ne saurait effectivement lui faire reproche d'avoir changé d'opinion sur la peine de mort. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis comme dit l'adage.
Ce qui est le plus répréhensible sans doute, c'est d'avoir décidé de l'abolition de manière anti-démocratique, et plus encore de l'avoir inscrite comme l'a fait Chirac dans le marbre de la constitution. Faut-il être sot pour le coup, de prétendre avoir trouvé la solution définitive à un problème aussi complexe !
Les Américains qui sont beaucoup moins primaires qu'on voudrait le faire croire, ont sur ce sujet difficile, une attitude beaucoup plus nuancée, pragmatique, et respectueuse de la démocratie que nous. Et sans doute aussi moins hypocrite...
Rédigé par : phthoreux | 04 novembre 2010 à 01:01
Vous le remarquez, Philippe, la complexité de François Mitterrand le rend détestable à plus d'un. Si le trajet d'un homme de la gauche vers la droite apparaît presque naturel, le trajet inverse de la droite vers la gauche reste intolérable. Intolérable pour la droite qui a élevé en son sein un traître vendu à la plèbe, intolérable pour la gauche qui louche avec soupçon sur cet ennemi de classe qui tente d'endormir le peuple. Le jeune Chirac distribuant L'Humanité à l'époque stalinienne est attendrissant. Le jeune Mitterrand photographié à un meeting d'extrême-droite avant-guerre révèle sa duplicité.
Le chemin est bloqué dans un sens. De gauche à droite, on peut passer, on le devrait même lorsque fini le temps des illusions de jeunesse, on s'assagit. Mais de droite à gauche, c'est suspect. Et François Mitterrand a fait ce chemin, il l'a lui-même parfaitement reconnu, il était de droite, il est allé vers la gauche.
François Mitterrand était un jeune loup de la quatrième République. A l'avènement de la cinquième, il avait un boulevard devant lui pour se placer au tout premier rang. Quel fut le déclic pour que cet homme ambitieux renonce à cet avenir certain au centre-droit et s'oppose frontalement à de Gaulle ? Je l'ignore mais il l'a payé de plus de 20 années d'opposition sans jamais être certain de parvenir un jour au pouvoir. Ça n'est pas le comportement d'un Rastignac.
Et enfin, doit-on s'interroger en permanence sur le sexe des anges ? Mitterrand était-il sincèrement de gauche ? Je retiens pour lui ce qu'il disait de Gorbatchev quand celui-ci engageait la Perestroïka, en substance : peu importe qu'il soit sincère, nous devons faire comme s'il l'était.
Qu'il ait été ou non convaincu de la nécessité d'abolir la peine de mort est sans importance, l'important est qu'il l'ait annoncé et fait, dans des circonstances politiques peu favorables à cette initiative.
Cette audace politique est impardonnable.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 novembre 2010 à 00:59
J'avais 4 ans quand F.Mitterrand est devenu président, 18 ans quand il a quitté l'Elysée.
Je ne comprends pas pourquoi on peut admirer un homme qui a laissé la France s'enfoncer doucement dans les déficits, le chômage de masse et la paresse intellectuelle.
On élit un homme, non pas pour l'aider à forger sa place dans l'Histoire, mais pour résoudre les problèmes concrets, jusqu'aux plus triviaux, d'un pays.
Je suis reconnaissant à l'actuel président de la République, dont je déteste au demeurant la personnalité, d'au moins s'y essayer.
Rédigé par : Alex | 03 novembre 2010 à 22:35
Espérons que cette vieille fripouille n'est pas le commanditaire des nombreuses morts suspectes survenues subitement dans son entourage comme certains le suggèrent voire l'accusent.
L'abolition de la peine de mort apparaîtrait comme une belle hypocrisie pour une personne qui aurait parallèlement mis à mort sans procès préalable.
Rédigé par : Judith | 03 novembre 2010 à 21:25
Comparé à son actuel successeur, même les défauts de Mitterrand apparaissent comme des vertus.
Les procès a posteriori sont d'autant plus aisés que la cause a déjà été jugée.
En 1954 seul un dément aurait pu contester que l'Algérie n'était pas la France.
Dès lors que les condamnés à mort l'avaient été pour des crimes commis au nom d'une volonté d'indépendance, les gracier eut été incompréhensible à l'opinion publique.
En 1956 le contingent a été envoyé en Algérie ; les jeunes soldats risquaient leur vie.
Toute faiblesse envers les condamnés eut suscité l'indignation des parents des rappelés.
Que n'a-t-on reproché à de Gaulle d'avoir gracié Pétain (personnellement je ne l'ai pas compris, car sans l'autorité du maréchal de nombreuses petites frappes n'auraient peut-être pas commis l'irréparable qui leur a valu plus tard le peloton d'exécution)...
Par contre il existe une certitude : le temps est encore loin où la personnalité du "florentin" cessera de faire polémique.
Rédigé par : rowalih | 03 novembre 2010 à 16:44
François Mitterrand a été un grand politicien et non pas un homme d'Etat à l'égal de de Gaulle, dans le sens où il n'avait pour objectif que de prendre et garder le pouvoir, indépendamment de toute autre considération. Pour Pétain quand il l'a estimé utile, contre quand cela lui a paru nécessaire ; pour la peine de mort si besoin en était, contre dans le cas contraire, etc. Si Hitler avait gagné la guerre et si l'Etat français s'était perpétué, il aurait été le ou l'un des successeurs du Maréchal Pétain... Même cadavre ambulant (ce dont il n'était évidemment pas responsable), il a gardé le pouvoir jusqu'au bout sans se soucier le moins du monde de l'intérêt supérieur de la France...
Rédigé par : Roger Bénard | 03 novembre 2010 à 14:11
« François Mitterrand, un Rastignac de la politique exceptionnellement doué dans le domaine de la mystification de haut vol et dont le narcissisme sans limite semblait être le moteur de toutes ses actions. C’est sans doute pourquoi il "utilisa" et "traita" le PS et la France comme sa propre femme, uniquement soucieux de sauver les apparences et de "cocufier" en douceur tout ce qu’il touchait, avec des grâces de chat repu et satisfait et une élégance de langage jamais prise en défaut ! »
Il y en a bien un autre Rastignac qui a essayé de faire la même chose avec l’UMP, mais avec beaucoup moins de talent.
Il est vrai que l’élégance du langage n’a jamais été sa qualité première, si vous voyez ce que je veux dire...
Rédigé par : Achille | 03 novembre 2010 à 14:05
« Ce qui me choque en revanche, c'est la manière condescendante et, pour tout dire, indigne avec laquelle les serviteurs du présent viennent offenser un combattant d'hier. On n'est pas loin de mettre en cause la sincérité de l'itinéraire moral et intellectuel de Mitterrand, qui l'a fait passer d'une approbation de la peine de mort au nom de l'État, de ses nécessités et de sa raison - je ne discute pas la validité de ces justifications, je constate leur existence - à une détestation absolue et argumentée de celle-ci. »
Je pense que
- de même qu'on peut s'être rendu(e) coupable d'infidélité et mettre malgré tout, comme un idéal, la vertu de fidélité sur un piédestal sans chercher à défendre la position de l'infidèle pour excuser sa propre faute; ou encore
- que de même qu'on peut rester soi-même dans la fidélité tout en condamnant absolument au besoin son châtiment excessif et barbare,
on eût pu trouver dans les replis intimes de la conscience de quoi mettre en œuvre s'il y avait lieu un droit de grâce tel que prévu de façon institutionnelle, tout cherchant et en trouvant le moyen de préserver l'État et ses nécessités, et je pense aussi que cela se peut lorsqu'on s'abstient de tout mélanger et que l'on comprend que l'État ne peut que se trouver grandi d'un comportement conforme aux prescriptions d'une conscience qui ne transige pas en son nom sur les principes de la morale, mais lui sacrifie au contraire ses rêves de gloriole personnelle, ses tiédeurs, ses faiblesses et ses atermoiements. Je pense enfin qu'une personnalité qui en eût été ou en serait capable, n'eût pas installé de famille cachée dans les replis de velours rouge du palais de l'État et à ses frais! Et je n'apprécie pas ceux qui aspirent à l'exercice du pouvoir tout en se voulant libéré des contraintes de la véritable grandeur!
Tout en ne méconnaissant pas davantage les avancées que les reculs je revendique depuis une position que n'embarrasse nul pouvoir et nécessairement nulle contrainte afférente, l'intransigeance du citoyen de base qui n'a pas délégué à ses représentants le droit de le faire cocu, mais seulement celui de porter sa voix!
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 novembre 2010 à 13:14
Décidément, les François se suivent et ne ressemblent pas !
De même que l'esprit des billets...
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François Mitterrand, un Rastignac de la politique exceptionnellement doué dans le domaine de la mystification de haut vol et dont le narcissisme sans limite semblait être le moteur de toutes ses actions. C’est sans doute pourquoi il "utilisa" et "traita" le PS et la France comme sa propre femme, uniquement soucieux de sauver les apparences et de "cocufier" en douceur tout ce qu’il touchait, avec des grâces de chat repu et satisfait et une élégance de langage jamais prise en défaut !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 03 novembre 2010 à 12:13
Cher Philippe Bilger,
Comme vous avez raison de refuser tout net une "Maison de l'histoire de France". Il existe une "Maison du café" et une "Maison du chocolat". L'une comme l'autre sont en fait des lieux de vente, non pas de tous les cafés ou de tous les chocolats, mais des produits de leur marque.
Le risque serait bien grand de voir l'histoire de notre pays, qui nous appartient à tous, prise sous contrôle du pouvoir "aux manettes". D'où une histoire à géométrie variable, révisable tous les cinq ou dix ans.
J'attendrai, pour me faire une opinion provisoire sur les choix de FM, d'avoir vu le document qui sera diffusé demain à 22h50 par France 2, sous la signature de Benjamin Stora et François Malye, dans l'émission Infrarouge, sous le titre "François Mitterrand et la guerre d'Algérie".
Rédigé par : Christian C | 03 novembre 2010 à 11:39
"pourriez-vous nous développer votre : "surtout, par pitié, pas de Maison de l'histoire de France !" ?" (Jiel)
Mais c'est exactement ce que fait Philippe Bilger dans ce billet : de l'histoire façon Maison de l'histoire, en développant et en validant une sorte d'histoire officielle et édifiante autour de la personne de François Mitterrand et de son parcours politique.
En gros, pour Philippe, écrire que François Mitterrand était un opportuniste avec des positions à géométrie très variable suivant qu'elles servaient ou pas son ambition politique, est mal.
"On n'est pas loin de mettre en cause la sincérité de l'itinéraire moral et intellectuel de Mitterrand, qui l'a fait passer d'une approbation de la peine de mort au nom de l'Etat, de ses nécessités et de sa raison - je ne discute pas la validité de ces justifications, je constate leur existence - à une détestation absolue et argumentée de celle-ci."
Comme si les historiens devaient et pouvaient s'interdire de développer un point de vue sur l'homme privé et intime...
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 novembre 2010 à 10:58
Il aurait eu réponse à tout, par la duplicité, l'esquive, le mensonge.
Peu importe, certains l'adulent, d'autres le haïssent ; je note simplement que ces "révélations" tardives ne font qu'endurcir chaque camp. Aucun mitterrandolâtre, à ma connaissance, n'a revu sa position.
FM ne nuit plus qu'indirectement... et nos soucis du jour nous suffisent.
Cher Philippe, beaucoup plus intéressant sur la situation actuelle et le futur, pourriez-vous nous développer votre : "surtout, par pitié, pas de Maison de l'histoire de France !" ?
Merci.
Rédigé par : Jiel | 03 novembre 2010 à 09:37
"surtout, par pitié, pas de Maison de l'histoire de France !"
Cependant, je pense que votre billet développe quelque chose de proche de l'inconditionnalité, façon "Maison de l'histoire de France".
J'ai lu au sujet de la polémique François Mitterrand et la guerre d'Algérie qu'il convenait quand même de s'interroger au sujet des vingt-cinq ans qui séparent 1957 et 1981 :
"Ce souvenir lui était odieux et il évitait d’en parler. [...] Par tempérament, il n’était pas partisan de la peine de mort. [...] Mais il n’a pas été un militant de l’abolition, c’est sûr. Je ne me souviens pas d’avoir eu la moindre discussion philosophique ou morale avec lui à ce sujet" a écrit Robert Badinter.
"Une morale, cela s'invente, se construit, se forge son histoire. Cela part souvent du pire pour découvrir, longtemps après parfois, les terres du meilleur. Je trouve plus riche une démarche qui erre puis retrouve son chemin que l'airain moral immuable, imperméable à ce qui bouge et vit autour de lui" (votre billet)
En tout cas, il semble bien que FM se soit tu dans le débat public au sujet de la peine de mort :
"Rien, en tout cas, dans ses livres, ni aux archives de l’Assemblée nationale, où, après la fin de la guerre, une demi-douzaine de propositions d’abolition seront discutées" (François Mayle, l'auteur du livre, dans un article publié en 2008)
J'ai quand même du mal à comprendre qu'un homme public de première importance, qui se positionnait comme un homme de gauche, ait pu rester silencieux sur la question de l'abolition, quand bien même il aurait donné un avis favorable à près de quarante exécutions capitales en à peine deux ans en qualité de GDS.
Vous lui adressez des louanges pour sa position de 1981.
Mais, au regard du "souvenir odieux" dont parle R. Badinter, je pense que le vrai tempérament intellectuel et moral que vous défendez pour FM se serait encore mieux révélé si en tant que parlementaire il s’était opposé ouvertement à la peine de mort et s’il avait affronté alors ses partisans.
Je pense à la condamnation à mort et à l’exécution de Claude Buffet et de Roger Bontemps (1972) et à celle de Christian Ranucci (1976) qui, dans mon souvenir, ont alors agité et déchiré le débat public.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 novembre 2010 à 07:10
"C’est ainsi que ce sont toujours les plus médiocres qui se croient obligés de juger de l’honneur et de la morale de personnalités dont ils n’arrivent même pas à la cheville"
A qui le dites-vous !
Rédigé par : [email protected] | 03 novembre 2010 à 00:27
@Valérie
Eh oui, hélas. Je l’ai piqué à d’Ormesson qui lui-même l’avait emprunté à Aragon.
Mais reprendre cet alexandrin c’est faire honneur à son auteur. D’autant qu’il traduit parfaitement mon sentiment à l’encontre des auteurs de ce nouveau « bouquin » (on ne saurait appeler « ça » un livre) sur François Mitterrand.
Rédigé par : Achille | 02 novembre 2010 à 23:13
Oui ! on peut le dire : il connaissait le
poids des mots, leur sens, leur histoire
dans l'Histoire... et il avait réponse à
tout dans et par la connaissance.
Il arrive (un peu trop souvent aujourd'hui)
qu'à l'oral les mots n'aient aucune représentation orthographique donc plus de représentation dans l'Histoire ! Mais je ne pense pas que cet homme aurait pu favoriser
(sinon par amitié et fidélité jusqu'à
l'excès) un quelconque camarade au détriment
d'un pays... Je peux me tromper et les
arcanes de son cheminement lui appartiennent.
Que ceux et celles qui sont sûr-e-s de leur
infaillibilité... etc, etc.
Rédigé par : calamity jane | 02 novembre 2010 à 22:02
Rédigé par Monsieur Achille le 02 novembre 2010 à 19:45
"C’est une chose étrange à la fin que le monde."
Joli !... dommage !
C'etait deja pris ; non ?!
Rédigé par : Valerie | 02 novembre 2010 à 20:34
Bonjour Philippe Bilger,
« Derrière ce procès qui porte au paroxysme la commodité des jugements rétrospectifs et des condamnations faciles, il me semble que deux idées fausses égarent. »
C’est une chose étrange à la fin que le monde.
C’est ainsi que ce sont toujours les plus médiocres qui se croient obligés de juger de l’honneur et de la morale de personnalités dont ils n’arrivent même pas à la cheville.
Rédigé par : Achille | 02 novembre 2010 à 19:45
"Rien donc ne contraignait François Mitterrand à cette importante évolution, que lui-même."
Honnêtement, j'imagine mal François Mitterrand déclarant en 1981 qu'il était favorable au maintien de la peine de mort.
A l'époque la peine de mort était tout de même un des marqueurs forts du clivage Gauche / Droite, et restait un des combats emblématiques portés par l'ensemble de ses militants et soutiens.
Je ne suis pas certaine au moment de l'émission de 1981 que vous évoquez, que François Mitterrand pouvait se permettre de déplaire sur le sujet de la peine de mort à tous ceux qui soutenaient sa candidature.
Je pense que vous idéalisez trop le personnage politique François Mitterrand.
L'homme a pu évidemment totalement évoluer sur le sujet depuis la Guerre d'Algérie. Mais je crois qu'en 1981 il n'avait pas d'autre choix politique que de se déclarer favorable à l'abolition.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 02 novembre 2010 à 19:43
Monsieur Bilger,
Ce homme-là vous fascine.
Vous évoquez son cheminement et je pense que vous voyez juste.
Pour ma part je préfère ce cheminement-là que son contraire que tant de gens honorables ont suivi et suivent encore.
JM
Rédigé par : JM | 02 novembre 2010 à 18:21
Oh oui, il aurait eu réponse à tout mais pas nécessairement bonne; de toute façon, cela est maintenant sans importance.
FM est mort et enterré, paix à son âme.
Rédigé par : mike | 02 novembre 2010 à 17:50