Catherine Deneuve déclare avoir imité Ségolène Royal dans le nouveau film de François Ozon : Potiche (Le Monde Magazine). Elle est en tout cas éblouissante dans cette comédie sociale merveilleusement datée où elle joue "une potiche qui n'est pas une cruche", comme son mari joué par Fabrice Luchini l'admet à la fin de l'histoire.
Catherine Deneuve, aussi à l'aise depuis quelque temps dans la légèreté et la drôlerie qu'elle l'était dans la gravité et le drame, est époustouflante de grâce enjouée, d'ironie tendre, d'allant et de finesse selon toutes les palettes psychologiques que lui offrent un scénario et un texte plus profonds qu'il y paraît sur la virilité caricaturale et le patronat de droit divin et de bêtise totale.
Cette actrice aimée des Français, si elle a laissé parfois son image se brouiller, notamment à cause de participations lucratives à des événements promotionnels, a su rétablir et restaurer son aura avec une sincérité désinvolte qui nous a changé de beaucoup de contritions affectées. Elle dépensait beaucoup et avait besoin de beaucoup d'argent : cette simplicité dans la confidence était rafraîchissante.
Elle n'avait jamais quitté le devant de la scène mais avec ce film elle crève l'écran et paradoxalement, en sortant de ce rôle lourd et solennel, qu'on prétendait contre son gré lui assigner, d'emblème du cinéma français, elle donne plus que jamais la certitude qu'elle est unique, que nous avons avec elle notre Meryl Streep et qu'heureusement elle se "la joue" infiniment moins que Jeanne Moreau qui la surplombe de plusieurs années.
Potiche nous montre un patron caractériel et crispé sur ses privilèges, incapable de comprendre l'évolution du temps et des rapports sociaux. Son épouse est appelée à le remplacer à la tête de cette entreprise qui fabrique des parapluies et elle instaure une sorte de collaboration de classes entre elle-même, la direction et les salariés sur un mode aimable, décontracté et respectueux de chacun. J'entends bien que c'est un univers rose, mais qui prête à réfléchir d'autant plus qu'une anecdote rapportée par Le Parisien révèle qu'il y a des miracles mais aussi des blocages qui visent sans cesse à les interdire.
Si ce qui est relaté est exact, un employeur, dans une entreprise de 180 personnes en Seine-Maritime, a engagé une procédure de licenciement contre un salarié mis en examen pour le vol de 43 000 euros de matériel. Sa démarche a été approuvée par les délégués du personnel, les employés adhérant à l'initiative du patron. En revanche, l'inspection du travail s'en mêle et dans un premier temps s'oppose au licenciement. L'employeur décide de faire une grève de la faim et a droit de la part de ses salariés à une manifestation de soutien. L'inspection du travail, moins butée qu'on aurait pu le craindre, revient sur l'interdiction et autorise le licenciement.
Est-on si loin de Potiche ? Des salariés qui s'accordent avec leur patron parce que le bon sens est plus fort qu'une vision idéologique et conflictuelle. Une inspection du travail à la traîne qui à force de juridisme souvent unilatéral entrave sans doute une gestion des entreprises plus souple, plus humaine et moins antagonique.
Cela fait du bien de constater qu'en France, aujourd'hui, il peut exister encore une telle bonne surprise. Où l'équité triomphe quand la bureaucratie orientée perd.
La réalité égale au moins la fiction.
Bonjour M.Bilger j'ai énormément de respect pour vous, néanmoins quand un Monsieur comme vous donne autant d'importance à Zemmour, pardonnez-moi de me poser la question mais est-ce que ce Monsieur (que je respecte énormément pour son bon sens et son savoir) n'avalise pas les pensées de quelqu'un qui n'a pas d'autre fond de commerce que la provocation, sans laquelle il ne serait rien ? Si vous aviez la gentillesse de me répondre je vous en saurais gré.
Rédigé par : alain cohen | 30 novembre 2010 à 22:06
Le patron plante la procédure de licenciement et fait une grève de la faim parce que l'autorisation administrative de licenciement lui est refusée. Tout cela est d'une logique implacable. A bas la procédure. vive le bon sens et les décisions à la tête du client.
Ce qui est bien quand on commente le travail des autres en se fondant sur des articles de presse, c'est qu'on est sûr de dire à peu près n'importe quoi. Mais la rigueur ça doit être certainement une autre tare des juristes partisans. Dieu nous en préserve.
Rédigé par : Oculus | 30 novembre 2010 à 15:31
Rédigé par Madame Catherine JACOB le 18 novembre 2010 à 11:55
Merci et excellent week-end.
Rédigé par : Valerie | 19 novembre 2010 à 21:18
@Valerie | 14 novembre 2010 à 17:29
Grace a un internaute, je viens d'apprendre la disparition de l'interprete de cette magnifique chanson : "Louise"
"Louise" de Reverend R.Becker : http://www.youtube.com/watch?v=MNM0Yyd1NhU&feature=related ou encore de Leo Kottke : http://www.youtube.com/watch?v=F_e-XCtRoH8&feature=related Vous verrez, c'est pas mal non plus (un peu trop de réverberation toutefois pour le second)
Rédigé par : Catherine JACOB @Valerie | 18 novembre 2010 à 11:55
@Claude | 13 novembre 2010 à 12:13
« Catherine Deneuve, notre Meryl Streep : soit !
Elle est avant tout Catherine Deneuve et c'est très bien.
Mais que Potiche soit un bon film, là je ne comprends pas. Un navet, une daube, oui... »
Notre avocat général qui comme chacun sait préfère les blondes (remarquez, c'était aussi le cas de mon père que cela n'a finalement pas empêché d'épouser plutôt une brunette...), n'est que le 1/1.000.000 nième spectateur à avoir plébiscité ce film en moins d'une semaine. Il me semble qu'il faille quelquefois se reposer du cinéma d'auteur en se payant une bonne tranche de franche rigolade (valant pour la santé comme chacun sait un bon steak, ce qui est excellent pour l'environnement dont est en charge une tout aussi blonde ministre..) sans compter qu'il convient qu'un avocat général ne boude pas les goûts d'une grande partie des citoyens qu'il défend. Son billet étant donc à la fois écologique et social, franchouillard et consistant, bravo PB!

, mais un ...
une potiche qui n'est pas une cruche
Rédigé par : Catherine JACOB | 18 novembre 2010 à 10:05
Grace a un internaute, je viens d'apprendre la disparition de l'interprete de cette magnifique chanson : "Louise"
http://www.rtlinfo.be/info/magazine/people/745337/gerard-berliner-est-decede/comment_page:2/#commentsContent
De plus, c'est la Journee du Souvenir en Angleterre, le 11 Novembre n'etant pas ferie. Cette chanson est donc de circonstance.
Rédigé par Monsieur Alex paulista le 12 novembre 2010 à 23:57
"Pas touche à Jeanne Moreau". Completement d'accord avec ca !
J'attendrai de lire, avec impatience, ce qui se dit sur le prochain billet.
Toutefois, cette autoflagellation me donne un etrange sentiment de malaise ; les Americains, tout comme les Anglais, n'ont pas la meme culture que la notre, c'est tout...
Les Francais n'affichent, sans doute, pas autant que les Anglais (pour prendre l' exemple que j'ai sous le nez depuis 15 ans !) le bien qu'ils font plus discretement et modestement.
Bonne semaine a tous/toutes...
Rédigé par : Valerie | 14 novembre 2010 à 17:29
En regardant Catherine Deneuve au JT répondre sur "Potiche", je songeais au film "Le Sauvage" de Rappeneau où elle tombait amoureuse d'Yves Montand.
Ce même Montand dont s'éprenait Marilyn Monroe dans "Le Milliardaire" de Cukor.
Le cinéma a figé à jamais le temps de ces rencontres : Montand-Deneuve, même époque, Montand-Monroe, même époque ; par conséquent Deneuve-Monroe même époque !
Sauf qu'aujourd'hui, fin 2010, dans la vraie vie, Catherine Dorléac est toujours aussi blonde, pétillante et pleine de charme alors que Norma Jeane Baker est morte depuis près de 50 ans !
Rédigé par : Francois F. | 14 novembre 2010 à 10:10
Deneuve m'a toujours laissé de marbre, ou peu s'en faut. Sa soeur s'est elle envolée vers les étoiles d'une façon propre à ouvrir tous les possibles quant à ce qu'aurait été sa vie et à ce que peuvent représenter ceux qui partent trop tôt en ayant suggéré beaucoup. L'art est-il autre chose que cela, puisque il ne saurait être sans nous échapper, au moins partiellement.
Ozon est un très bon cinéaste, pas un génie mais un vrai créateur, c'est ce que me disais en l'écoutant là
http://www.franceculture.com/emission-projection-privee-projection-privee-francois-ozon-pour-son-film-%C2%AB-potiche-%C2%BB-2010-11-13.html
Je me demande ce à quoi a pensé Charlotte Rampling quand Bruno Cremer s'est vraiment retrouvé sous le sable.
Comme Françoise D, il me manque.
AO
Rédigé par : oursivi | 13 novembre 2010 à 22:51
Concernant cette histoire de patrons-voyous
c'est vrai que ce sont celles qui sont parfaitement au fait pour éventuellement
pouvoir témoigner qui se taisent...
Qui pourrait m'indiquer ce que l'on doit
faire à l'égard du harcèlement provoqué
pour un licenciement abusif sans respect
de la procédure...
Rédigé par : calamity jane | 13 novembre 2010 à 20:37
@ patrons-voyous
Je ne sais si le respect de la procédure est le garant de la liberté. En revanche, je sais que le fétichisme juridique qui a envahi nos sociétés occidentales est le paravent de la lâcheté.
Un employé voleur de sommes pas anodines peut et doit être licencié, procédure ou pas procédure, parce que la morale et le bon sens l'exigent. La procédure n'est qu'un outil de la justice, pas l'essentiel.
Rédigé par : Franck Boizard | 13 novembre 2010 à 18:07
Qui a force de juridisme souvent unilatéral... et qui affiche même dans certains cas une position partisane digne de la lutte des classes et de la lutte etc. selon la "sensibilité" de celui qui intervient !
Rédigé par : Jabiru | 13 novembre 2010 à 17:41
Catherine Deneuve, notre Meryl Streep : soit !
Elle est avant tout Catherine Deneuve et c'est très bien.
Mais que Potiche soit un bon film, là je ne comprends pas. Un navet, une daube, oui... Aucune distance par rapport à une comédie de boulevard lourdingue comme le sont la grande majorité des comédies de boulevard. J'attendais beaucoup mieux d'Ozon. On nous refait peut-être le coup des Ch'tis. Mais si j'aime bien la daube c'est en plat cuisiné.
Rédigé par : Claude | 13 novembre 2010 à 12:13
Comparons ce qui est comparable !
Meryl Streep au-delà des mots dictés par les
scenarii est capable d'être au plus de la
grandeur de l'humain, lorsque par exemple
elle propose de croire à cette petite
lumière intérieure dont on sait qu'elle ne nous a jamais quittés, ou encore à ce désir si profond en nous que personne ne peut le
détruire.
Pour celle-ci le cinéma n'ajouta rien à
l'affaire ; pour l'autre "merci le cinéma" !
et question sourire je vous laisse choisir
le plus généreux...
Rédigé par : calamity jane | 13 novembre 2010 à 10:05
"Cet homme âgé de 45 ans a été mis en examen en septembre pour le vol de 50 000 euros de matériel dans la société. Mais l'inspection du travail a refusé le licenciement de l'employé, un délégué du personnel sans étiquette, en estimant que la procédure n'avait pas été respectée."
(source : http://www.leparisien.fr/economie/des-employes-en-greve-pour-soutenir-leur-patron-11-11-2010-1145553.php )
Et moi qui croyais que le respect de la procédure était mère de liberté !
La bureaucratie orientée ? Cela peut parfois ressembler à un procureur qui poursuit sans avoir ne serait-ce que parcouru le dossier !
Question à 100 balles : l'autorisation est accordée, le salarié fait appel (ministère, et ensuite Tribunal administratif).
Que va dire le TA ? que la procédure n'a pas été respectée ! Qui devra verser des dommages et intérêts ?
Parfois le militantisme atténue l'intelligence.
Rédigé par : patrons-voyous | 13 novembre 2010 à 10:00
Bonjour Philippe Bilger,
« Elle n'avait jamais quitté le devant de la scène mais avec ce film elle crève l'écran et paradoxalement, en sortant de ce rôle lourd et solennel, qu'on prétendait contre son gré lui assigner, d'emblème du cinéma français, elle donne plus que jamais la certitude qu'elle est unique, que nous avons avec elle notre Meryl Streep et qu'heureusement elle se "la joue" infiniment moins que Jeanne Moreau qui la surplombe de plusieurs années. »
Catherine Deneuve j’aime sans plus. Je préfère le jeu et la personnalité de Jeanne Moreau. Mais chacun ses goûts.
Si je peux me permettre, je trouve regrettable votre rapprochement de Catherine Deneuve avec Meryl Streep. Pourquoi toujours tout ramener au cinéma américain et à ses « stars » comme si cela représentait la référence suprême, quand on veut complimenter un acteur ou une actrice ou encore un réalisateur ? Et pourquoi ce ne serait pas Meryl Streep qui serait la Catherine Deneuve américaine ?
Imaginez-vous comparer Alain Delon à Robert Redford ? Delon qui arrive à parler de lui à la troisième personne et qui fait systématiquement partie de toutes les célébrations officielles depuis trois ans ? Vous seriez capable de le vexer. Delon c’est Delon, il n’y en a qu’un et en plus il est Français.
Surtout n’essayons pas de porter plus hauts qu’ils ne sont nos immenses comédiens français qui ont incarnés les personnages historiques les plus prestigieux. Ils ont souvent montré que, dès qu’ils s’écartaient de leur texte pour exprimer une idée personnelle, l’effet était souvent dévastateur.
Chacun son métier. Christian Clavier n’a rien du vrai Napoléon, de même Depardieu ne saurait être comparé à Danton et Delon quoi qu’il en pense ne sera jamais César.
Rédigé par : Achille | 13 novembre 2010 à 07:33
Pas touche à Jeanne Moreau.
Jeanne Moreau ne se la joue pas.
Miles Davis composait en regardant Jeanne marcher sur les Champs-Élysées. Pourtant, ensuite, elle ne songeait pas à se la jouer ni à faire fructifier sa notoriété mais à aider des auteurs talentueux en difficulté.
À l'âge où Catherine Deneuve réfléchissait à comment régler ses factures à coups de promo, Jeanne Moreau allait faire des films d'auteur sans être payée ou presque au Brésil où la dictature finissante permettait seulement à certains musiciens de faire des musiques de films.
Il en reste un film un peu étrange, mais avec une musique envoûtante de Joana Francesa écrite par Chico Buarque.
Chantée par Nara Leão
http://www.youtube.com/watch?v=n7HEB2bqn5M
J'ai l'impression que Jeanne vous énerve parce qu'elle dit ce qu'elle pense sur Hortefeux.
Vous excusez plus facilement les excès promotionnels.
Un point de vue politique ?
Comme dit la chanson, il est temps de se réveiller :
acorda, acorda, acorda ..ccord,
d'accord, d'accord, d'accord, d'accord
Rédigé par : Alex paulista | 12 novembre 2010 à 23:57
La merveille de "Potiche", ce sont les décors reconstitués de la fin des années 70 (ah ! le papier peint, ah les bagnoles) et les dialogues, fort bien ciselés et portés par d'excellents acteurs. Mais je ne vois pas où Catherine Deneuve a "imité" Ségolène Royal, même si elle le croit ! ou alors la Ségolène des années 70 ?
Sur le plan politique, le retournement des ouvriers qui votent pour la nouvelle députée est un peu rapide. A prendre pour ce qu'est ce film, une très bonne comédie "à la française". Depardieu plus vrai que nature et sans se forcer. Luchini odieux et pitoyable à la fois donc risible !
Et puis les femmes ont le beau rôle : elles progressent (au moins deux !).
Rédigé par : Isabelle Rambaud | 12 novembre 2010 à 19:27
J'ai constaté dans ma vie professionnelle que l'inspection du travail était souvent à la solde des syndicats, bien présente là ou les syndicats de même obédience l'étaient (cad dans les grandes entreprises, qui en général ne peuvent pas se permettre de ne pas respecter la loi) et absente des PME, là ou il y a le plus de risque d'écarts par rapport au droit du travail.
Rédigé par : Polochon | 12 novembre 2010 à 18:49