A la fin de l'année, on peut s'accorder le droit de ne rien perdre de l'actualité en mêlant le futile et l'important, le léger et le grave. Offrir en vrac quelques pensées et des sujets divers qui seront laissés à l'appréciation de chacun.
Je suis heureux de constater qu'au moins deux de ces thèmes s'accordent à des billets récents et les confirment.
Dans un très beau portrait de Danielle Darrieux par Isabelle Nataf, cette merveilleuse actrice de 93 ans n'hésite pas à dire : "Je n'ai jamais pu accepter un rôle à poil... Ce n'est pas une question de morale, il m'est déjà arrivé de regarder un film porno. Simplement j'estime qu'il faut garder le secret de son corps" (Le Figaro). C'est une parfaite réponse à Karl Lagerfeld et, plus généralement, à beaucoup de nos réalisateurs qui croient révolutionner le septième art parce qu'ils montrent les corps et leurs évolutions intimes, de plus en plus... La force de la suggestion a été remplacée par la vulgarité de l'exhibition.
Sur un tout autre plan, Christophe Alévêque, dans un entretien à Sportmag, ose enfin brutalement, et avec une lucidité décapante, décrire Zinedine Zidane, certes avec ses qualités exceptionnelles de footballeur, mais surtout avec son obsession du "fric" - d'où qu'il vienne -, et sa bêtise, aggravée de prudence, le rendant incapable d'émettre la moindre opinion sur quoi que ce soit : Christophe Alévêque utilise une expression beaucoup plus imagée à ce sujet ! Il voit aussi Zidane comme "un panneau publicitaire", "une forme de prostitution" selon lui ! Comme il est naturel, ce n'est pas ce qu'il dénonce à juste titre qui va susciter l'indignation mais le fait qu'il ait le front de s'en prendre à une "vache sacrée". Tout le monde sait qu'Alévêque a raison mais, paraît-il, il serait interdit de tomber dans du lèse-Zidane. Ce monde où la complaisance est reine devient insupportable. Dans la démarche caustique d'Alévêque, il y a quelque chose qui renvoie à ma définition du vrai provocateur : celui-ci déboulonne les idoles quand il le faut mais ne s'attaque pas aux faibles (Marianne 2, 20 minutes, nouvelobs.com).
Le Parisien a pris l'heureuse initiative - c'est cela, un journal véritablement populaire : ce n'est pas une honte mais un honneur - de consacrer une page aux "héros anonymes de l'année". Ils sont cinq et on y trouve notamment l'acte de courage d'Omar qui s'est jeté dans les eaux glaciales du canal Saint-Martin pour sauver un désespéré. Ces comportements qui, par humanité, ont su dominer peurs et indifférences montrent que le pire n'est jamais sûr et qu'il y a des trésors de générosité et d'intrépidité qui n'attendent que d'être sollicités pour se manifester. Ces aventuriers tranquilles et discrets, qui ont affronté le risque sans en connaître l'issue, je ne sais pas pourquoi, j'ai envie de les opposer à cette honte des "recasés de la République" qui, dans l'échec comme dans la réussite, qu'ils soient "remerciés" ou non, verront toujours le président de la République, le gouvernement, des ministres, leur tendre une main secourable. Ce scandale, comment refuser de percevoir qu'il décourage les meilleurs et crée une immense indifférenciation dans laquelle l'Etat abandonne son rôle de garant, sa mission d'équité et la justice qu'on est en droit d'exiger de lui ? Les héros anonymes de l'année, comme ils font chaud au coeur face aux repêchés illustres de la République ! Si c'est du populisme, tant pis.
Enfin, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. Ces deux journalistes de France 3 sont prisonniers des talibans depuis un an. On ne sait rien sinon qu'à intervalles réguliers on suscite des espoirs qui, déçus, désespérent encore plus les familles (lefigaro.fr). Je pense à elles, à eux, nos compatriotes envoyés en Afghanistan à la demande de Lionel de Coninck qui reconnaît : "Le seul responsable, c'est moi". Ce n'est pas un mince aveu puisqu'on ne connaît que trop les suites de cette décision. Il serait indécent, rétrospectivement, de peser d'un côté ce qu'il fallait concéder à l'information et de l'autre les risques prévisibles.
Il est facile de comprendre la nécessité du secret des tractations engagées, à condition qu'on ne le lève pas de manière maladroite et trop optimiste, et en même temps d'une médiatisation forcenée, d'une mobilisation publique. Ces dernières sont autant faites pour nous que pour eux. Elles nous imposent d'avoir leur malheur dans nos têtes à chaque seconde et elles leur signifient que la France ne les oublie pas, ne les efface pas. En tout cas c'est ce que nous affirme Florence Aubenas, qui sait de quoi elle parle, interviewée par Robert Ménard sur iTélé et sur France Inter.
On a beau tourner la tragédie de ce double enlèvement dans tous les sens : on ne peut pas oublier ces deux visages d'une tristesse déterminée et combative car, loin, si loin, ils attendent tout de nous (Le Parisien).
A vous de choisir.
"Alévêque est avachi sur les plateaux de télé. Ses poses et son élocution sont celles d'une larve adolescente qui se croit spirituelle, mais dont la gymnastique intellectuelle s'use dès que l'on essaie de s'en servir."
Très, très bien M. Alex !
Rédigé par : jpledun | 03 janvier 2011 à 20:51
"Tout le monde sait qu'Alévêque a raison"
Je ne vois pas ce qui permet objectivement de déclarer comme une évidence que Zidane serait un imbécile.
Il a montré une incontestable intelligence du jeu.
Au Real à l'époque où les pires ego de vedettes se bouffaient le nez, il a su unir le tout jusqu'à se faire un ami de Ronaldo. Intelligence humaine, donc.
Il sait bien négocier ses contrats publicitaires, ou au moins déléguer les négos aux bonnes personnes. Cela dénote une certaine intelligence d'homme d'affaires. Dernièrement, il a appuyé avec succès la candidature de Dubaï.
Quand il est sollicité, il est vrai qu'il se prononce avec prudence et nuance. Ce n'est pas forcément une preuve de bêtise.
Je ne connais pas personnellement Zinédine Zidane, mais je pense qu'au vu de ces éléments on peut lui accorder le bénéfice du doute.
Ce n'est pas parce que Zidane est riche qu'on a le droit de lui cracher dessus, ni parce que les gens l'aiment bien qu'on devient un héros en l'insultant.
Alévêque est avachi sur les plateaux de télé. Ses poses et son élocution sont celles d'une larve adolescente qui se croit spirituelle, mais dont la gymnastique intellectuelle s'use dès que l'on essaie de s'en servir.
Rédigé par : Alex paulista | 03 janvier 2011 à 19:55
@Christian C
Mes commentaires n'ont rien à voir avec les déclarations des hautes autorités françaises. Je critique la pub unidirectionnelle et le déséquilibre numérique... Tout dans les médias pour deux journalistes, rien pour les autres...
Et en plus ce n'est pas 9, mais 11 si on rajoute 2 touristes enlevés "légalement" par les autorités iraniennes sous couvert d'espionnage.
Mais ne les comptons pas, ces otages-là ne sont pas journalistes.
Mais le jeu médiatique n'est pas fini.
Voilà le résultat de "l'ingérence" des médias dans une négociation qui devrait rester dans une prudente discrétion :
"Dans un communiqué, un porte-parole des talibans accuse la France de ne pas prendre en compte les exigences des talibans pour libérer Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, retenus en otage en Afghanistan depuis plus d’un an. Il accuse aussi les deux journalistes français d’être des espions. Le Quai d’Orsay dément ses accusations."
L’un de leur porte-parole joint au téléphone par un journaliste de l’AFP à Kandahar a ensuite expliqué qu’ils avaient "présenté nos conditions et nos exigences il y a déjà un an au gouvernement français en échange de la libération des otages français. Ce sont des exigences très simples et très faciles à remplir, mais malheureusement ils n’ont pas prêté beaucoup d’attention à nos conditions".
et le journaliste rajoute :
Cette annonce des talibans laisse présager des négociations encore longues et difficiles.
Source : tous les médias français.
A ce stade on peut se poser deux questions :
Une, pourquoi le journaliste de l'AFP ne communique-t-il pas ce numéro de téléphone aux familles, comme ça elles pourraient joindre directement les ravisseurs... On ne sait jamais ça peut marcher !
Des fois qu'une parcelle d'humanité en cette trêve des confiseurs se réveille en eux !
Deux, pourquoi certains journalistes français accordent-ils du crédit aux propos d'un taliban et n'en accordent-ils aucun aux propos des autorités françaises ?
Pour faire bonne mesure j'en rajoute une troisième : quelles sont ces conditions ?
Si c'est la libération d'un chef terroriste qui a beaucoup de morts à son actif c'est simple en effet... mais pour qui ?
Pour les familles de ces morts ou les familles des otages ?
A ce petit jeu, les médias sont manipulés par plus fort qu'eux.
Mais ça fait vendre... alors de quoi se plaint-on !!!
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 janvier 2011 à 14:24
Les journalistes sont comme les politiques, sont tous pourris n'est-ce pas ?
Vont être contents d'apprendre que ce qu'ils écrivent sort direct de l'Elysée...
Ne vous faites pas d’illusion sur votre prose. Vous avez l’amabilité de publier votre opinion sur ce blog.
Et á quoi cela sert un blog ? A invectiver comme un certain M. Christian C ?
Mais non M. C. A être lu. Tout simplement.
Allez bonne continuation « min Garchon » et mes amitiés á M. C.
PS : (Une abréviation qui m'amuse) Pendant les vœux de Sarko, j'ai ba..é comme un âne.
Trop fort mon idole ! Yesssss !
Rédigé par : jpledun@Christian C | 01 janvier 2011 à 01:00
@jpledun
Si Martin Bouygues est le "frère" de votre héros, il ne vous aura pas échappé (si ?) que les présidents de chaînes publiques, dont M. Pflimlin, sont désormais nommés, à l'initiative de Nicolas Sarkozy, par Nicolas Sarkozy. Ca crée des liens.
PS : La passion indéfectible que vous semblez éprouver à la lecture de ma modeste prose me touche.
Rédigé par : Christian C | 31 décembre 2010 à 18:30
"je ne vois pas en quoi vous ou moi serions autorisés à nous en mêler."
MDR ! Merci...
Rédigé par : jpledun@christian c. | 31 décembre 2010 à 13:16
Je ne savais pas que les journalistes de France 2 étaient aux ordres de l'Elysée.
Je pensais que c'était uniquement ceux de TF1.
Vont être contents de l'apprendre.
"Mets g... au mur y minque eun brique!"
(Pour les non cht'is : "mets ta tête au mur il manque une brique")
Rédigé par : jpledun@Christian C | 31 décembre 2010 à 13:13
@Pierre-Antoine
Le président de la République, Claude Guéant et quelques autres représentants de l’autorité publique ont largement critiqué, très publiquement et de façon coordonnée, les risques pris par les deux journalistes de France 3, risques ayant selon eux conduit à leur enlèvement. C’est leur droit. Pourquoi cette exclusivité réservée à deux journalistes ? On se perd en conjectures.
Les familles, l’entourage, les amis des journalistes enlevés ont, me semble-t-il, la liberté de décider au nom de leur propre conscience des moyens qu’ils estiment les plus appropriés à mettre en œuvre en vue de parvenir à la libération de leurs proches. Si, de leur point de vue, la publicité la plus large en fait partie, je ne vois pas en quoi vous ou moi serions autorisés à nous en mêler.
Rédigé par : Christian C | 31 décembre 2010 à 09:39
@jpledun
Dont acte : je ne suis pas ébloui par Sarko ; il semblerait que ce fût en revanche votre cas. Prenez garde que votre vision n’en soit affectée.
Votre analyse de ce que doit être l’info va me contraindre à remettre en cause toutes les idées préconçues que j’entretenais sur le sujet. Et moi qui pensais que voir des talibans dans des rochers était riche d’enseignement…
Et puis quoi, c’est vrai : faire un bon dossier géopolitique issu des couloirs de l’Elysée, il n’y a rien de mieux pour une bonne vision d’ensemble.
Quand je pense que certains naïfs croient encore que le journalisme de terrain est utile…
Rédigé par : Christian C | 31 décembre 2010 à 09:17
Un petit mot pour C. Alévêque, qui gagnerait
en présence télévisuelle en régulant son
débit ; mais cela ne manque pas de charme
non plus, démontrant par là qu'il a plus de
choses à dire dans le désordre.
Toutefois, en amateur averti depuis son
enfance dans cette ville minière sombre
et besogneuse, il sait ce qu'un coup de pied
dans un ballon représente d'oxygène pour
enfants et jeunes ados, et donc les icônes
qui se déboulonnent elles-mêmes par un coup
de boule ne partagent plus cet espace.
Rédigé par : calamity jane | 31 décembre 2010 à 09:07
Nos deux journalistes finiront par recouvrer leur liberté, car ce sont des mecs adorables qui n'étaient partis là-bas que pour faire leur métier.
Oui, Zidane est un faux gentil, très attaché à l'argent.
Omar est un type qu'il faut remercier pour son acte de bravoure.
La bêtise de l'année, ça aura été la bêtise de Barack Obama, qui a parlé trop vite sur la Côte d'Ivoire. Mais comme c'est un gars intelligent, il a vite rectifié le tir.
La bêtise à venir, c'est cette guerre que Ouattara, avec l'aide d'Européens, veut imposer à la Côte d'Ivoire, son but ultime étant, après avoir marché sur du sang ivoirien, de s'emparer du pouvoir de façon à détourner ensuite l'argent des Ivoiriens.
Rédigé par : LABOCA | 31 décembre 2010 à 02:00
"...Je ne suis pas ébloui d’admiration après avoir entendu les critiques distillées par Sarkozy..."
M. l'anonyme de Lille, vous n’êtes simplement pas ébloui par Sarko. Point barre.
Pas besoin d'écrire des romans !
Dites-moi où est l'information dans le fait de voir des talibans dans des rochers tirer sur des soldats.
Qu'est-ce que j'ai appris ce jour-lá ? Nada !
Par contre un bon dossier géopolitique sur France 2 en première partie de programme... je suis preneur.
Bien sûr c'est moins spectaculaire sans les images en "live"...
En effet chacun ses goûts...
Rédigé par : jpledun@Christian C | 30 décembre 2010 à 23:37
@Christian C
Le couloirs de la démocratie ne sont pas ceux d'un palais ou d'un hôtel plus qu'un autre, mais les lieux où déambulent toutes sortes d'acteurs de pouvoir(s).
Si vous avez bien lu mes commentaires, je ne critiquais pas les deux otages journalistes dans leur mission, mais l'usage unidirectionnel qui est fait dans les médias de leur condition... Usage dont hélas, c'est dur à dire, les familles et les proches sont les plus mal disposés à en juger sur le registre de la sécurité.
Ces familles, et c'est légitime, sont au coeur des sentiments éprouvés, mais pas des négociations engagées. Les enjeux leur échappent totalement.
Je ne critique pas les élans du coeur, les bonnes intentions et les sincères sentiments de révolte devant ces prises d'otages.
Je m'interroge sur le levier des médias sur la surenchère.
Je vois mal un chef taliban ému par les skieurs dessinant un coeur lumineux sur les monts enneigés de France ou les enfants lâchant des ballons tout blancs dans le ciel bleu de Paris... Imaginez-vous ce chef dire : "les pauvres Français, mon coeur est ému, libérons vite mes otages et faisons une croix sur les millions d'euros que cela peut me rapporter". "Et une fois libérés je leur donnerai le nom de mes contacts parisiens pour qu'ils puissent aller enquêter dans les couloirs" ; là où l'on sait ce que négociation secrète veut dire pour construire un oléoduc ou une concession minière, et peut-être même un trafic.
Imaginez-vous une seule seconde cette éventualité ?
Sans justifier une prise d'otage, ni dévaloriser un otage plus que l'autre je fais la différence entre les preneurs d'otages "économiques" et les preneurs d'otages "politiques".
D'ailleurs la durée des séquestrations, ainsi que la teneur et le montant des exigences prouvent si besoin était cette différence.
Rappelez-vous les otages des FARC... En parle-t-on encore depuis que l'icône franco-colombienne ne fait plus la une des médias ?
Dans tous les cas de figure, un otage est un otage et l'angoisse des familles est la même, en France, en Angleterre, en Colombie ou au Mexique.
Voilà cher ami, mon opinion sur la question.
Je n'ai aucune solution à proposer si ce n'est rappeler un vieux principe économique, "faire baisser l'offre pour diminuer la demande".
Cela vous choque-t-il ? pourtant les otages sont pour les parties en présence (familles exclues) "des marchandises", humaines certes, mais de simples marchandises à valeur estimée lors d'âpres négociations qui obéissent aux règles simples du troc agrémentées d'intérêts opposés.
Et je ne parle pas des intermédiaires affamés.
Quand en plus il y a des "ego" qui entrent en jeu, l'échiquier est complètement brouillé.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 30 décembre 2010 à 21:39
@Pierre-Antoine
juste une question que j'ai laissée échapper : ce que vous appelez "les couloirs des démocraties occidentales", ce sont les couloirs de l'Elysée, ou plutôt ceux de Matignon ?
Vous savez, ces lieux où se trouvent "les renseignements les plus intéressants" ?
C'est fou les risques qu'y prennent les journalistes, accrédités, mais raisonnables, eux.
Je vous les laisse, ces journalistes-là, Pierre-Antoine. Chacun ses goûts.
Rédigé par : Christian C | 30 décembre 2010 à 18:26
@Pierre-Antoine
Rendez-vous (si cela vous tente, bien sûr) sur le site suivant:
http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php
intitulé "otages: silence médiatique préférable?"
Vous y constaterez les positions très opposées de deux familles d'otages enlevés dans des circonstances comparables.
En la circonstance, les familles des deux otages de France 3 ont demandé à Florence Aubenas de les aider à communiquer sur leur situation. Elle a répondu positivement et cela l’honore.
Il me semble, quant à moi, qu'ils sont les mieux placés pour décider de ce qu'ils ont à faire.
Evidemment, cela ne doit pas plaire à Nicolas Sarkozy, qui n'a pas manqué une occasion de critiquer la prise de risque des deux journalistes, même si leur supérieur (Lionel de Coninck : « Mais s’il faut absolument trouver un responsable, il n’y en a qu’un, c’est moi, leur rédacteur en chef, qui leur ai demandé d’aller où ils sont allés. Hervé et Stéphane n’ont fait qu’obéir à ma demande. Le seul responsable, c’est moi ) assume la responsabilité des risques qu’il leur a fait prendre.
Je ne suis pas ébloui d’admiration après avoir entendu les critiques distillées par Sarkozy, Guéant et d’autres sur la responsabilité que ces journalistes auraient, avec légèreté, prise en allant enquêter en Afghanistan.
Je suis reconnaissant envers ces deux journalistes, et envers tous leurs confrères qui prennent des risques pour nous informer.
Rédigé par : Christian C | 30 décembre 2010 à 17:42
@Christian C
La médiatisation est le vecteur de la terreur. Les islamistes intégristes le savent très bien et ils savent en jouer pour faire monter les enchères.
Un "inconnu" n'a aucune valeur dans le jeu vicieux et vicié des négociations !
Pire, la médiatisation a l'effet pervers lors d'une libération de désigner les nouvelles cibles pour d'autres enlèvements.
C'est ce qui peut laisser prévoir que la "denrée" la plus "rentable" sur le marché des otages, c'est le journaliste.
Et que l'on n'invoque pas la liberté d'informer. Les renseignements les plus intéressants ne se trouvent pas dans les montagnes afghanes, mais dans les couloirs des démocraties occidentales.
Là il n'y a aucun risque de prise d'otage, juste otage des liens que les rédactions ont avec le(s) pouvoir(s).
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 30 décembre 2010 à 15:23
Cher Philippe,
A moi de choisir...
Alors un compliment à M. Alévêque pour avoir osé s'en prendre à la référence universelle de nos contemporains, objet d'admiration inconditionnelle d'une grande majorité de Français et qui détrônera un jour M. Noah en tête de ce hit-parade idiot des personnalités préférées. M. Zidane n'est pas un exemple pour la jeunesse, il a le front bas sauf quand c'est pour donner des coups de boule, et les mains crochues lorsqu'il s'agit de s'enrichir, même pour des causes idiotes et de préférence dans des rôles muets car même l'unique phrase qu'il apprend par cœur sonne faux.
Le deuxième sujet qui me fait réagir est la journée d'hier entièrement consacrée aux otages de France Télévision. Pas sur le fond, ce serait trop long, sur le rôle des médias et communicants. Je ne conteste même pas le fait que toute la journée (France Inter, France Télévisions) soit consacrée à ces deux journalistes, encore qu'en fin d'après midi, ça commence à être lassant, mais surtout sur l'absence totale de contenu. On a enfoncé des portes ouvertes à bras raccourcis : un an c'est long, les parents trouvent ça pénible et puis on ne leur dit rien parce qu'il vaut mieux ne rien dire, mais en même temps ça crée de faux espoirs et on sera bien content quand ils seront libérés. Et pour l'apothéose on a fait venir des parents qui n'avaient rien de plus à dire. C'était indécent d'indigence. Quand on n'a rien à dire, on ne meuble pas avec du vide, surtout sur un sujet douloureux. Un écran avec les deux photos pendant une heure, sans commentaires, ça n'aurait pas accroché assez ?
Une révélation pourtant : l'inimaginable Bernard Valero, porte-parole du quai d'Orsay, que j'ai découvert hier (en particulier sur France Inter au journal du matin). Imaginez un sourd qui serait critique musical ou un manchot pianiste. BV est affecté d'un drôle de syndrome qui l'empêche de s'exprimer normalement à l'oral : c'est comme s'il était bègue mais au lieu de répéter une syllabe il répète des morceaux de phrase (allant de un à dix mots), ce qui ralentit singulièrement le débit. Pour un porte-parole, c'est un curieux choix ! Florence Aubenas lui a fait remarquer qu'il tenait un discours de langue de bois; mais c'est imprécis. B. Valero a inventé la langue de lamellé-collé.
Bonne fin d'année et merci à Philippe de stimuler nos réflexions avec un tel talent.
Rédigé par : Jiel | 30 décembre 2010 à 15:13
L'Etat français n'est pas réponsable du mauvais sort des 2 employés de France 3 et la pub qu'on leur fait sur des supports historiques comme l'Arc de triomphe ou sur les antennes du service public commence à m'agacer, même si je leur souhaite, comme au soldat Shalit et aux autre otages un prompt retour.
France 3, c'est des reportages sur les bergamotes de Nancy, les madeleines de Commercy, les calissons d'Aix, et les pipes de Saint-Claude, ah les bonnes pipes de Saint-Claude !!!
Bonne année à toutes et à tous.
Rédigé par : bruno | 30 décembre 2010 à 14:34
L'exigence des parents des deux journalistes, d'avoir du concret et pas seulement une "petite cassette avec une preuve de vie" est pénible á entendre.
Leurs souffrance l'est encore plus. Donc je ne dis rien.
------------------------------------------
Quand on sait que tout doit se passer dans la plus grande discrétion, je ne comprends pas Mme Aubenas, l'ingrate, et ses demandes de publicité plus grande.
A la fin, ne serions-nous pas responsable de leur captivité ? Nous et notre soif d’images de guerre, où l’on voit la roquette tomber á deux mètres du cameraman ou le milicien s’effondrer en « live » á l’heure du dîner ?
Rien n’a changé. Nous voulons toujours voir la trapéziste tomber et le dompteur se faire bouffer.
Euh… Bonne année ?
Rédigé par : jpledun | 30 décembre 2010 à 11:51
Bravo pour votre article, qui remet bien les choses en place.
Seul bémol, qui a été évoqué plus haut. Le mot "anonyme". Ces héros ont un nom, un prénom, une date de naissance, un numéro de sécu. Il serait plus judicieux de les appeler "ordinaires", même si ce mot serait soi-disant dépréciateur, ou "inconnus". C'est-à-dire connus uniquement de leur concierge, comme on dit.
Ce mot "d'anonyme", utilisé couramment hélas, est bien humiliant.
Rédigé par : DOMINIQUE | 30 décembre 2010 à 11:40
Comment ne pas partager l'opinion de Jean-Dominique Reffait ou de Pierre-Antoine sur la différence de traitement médiatique entre deux journalistes qui se sont aventurés là où on leur avait dit de ne pas aller et ceux qui n'ont fait que leur devoir : Shalit, Alex, les otages d'Arlit.
Rédigé par : olivier seutet | 30 décembre 2010 à 11:32
@nicolas
"Les quelques millions d'€ qui ont été versés pour permettre la libération de F. Aubenas devraient rendre celle-ci plus discrète il me semble."
En quoi Florence Aubenas serait-elle indiscrète ? Elle est la marraine du comité de soutien à Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, et elle devrait par conséquent, ès qualité, se taire ? Ou mieux, elle aurait dû, peut-être, refuser cette responsabilité ?
En quoi le versement d'une "rançon" supposée (par qui ? de quel montant ? au bénéfice de qui ? livrez vos informations) pour sa libération devrait-elle la contraindre au silence ?
La cause défendue par Florence Aubenas me semble, à moi, une bonne cause.
Rédigé par : Christian C | 30 décembre 2010 à 08:34
Alors là, je n'ai que deux mots à vous dire
BRA-VO ! et idem les commentaires qui écrivent ce que nous sommes un nombre certain à penser après chaque constat
journalier.
Mais l'anonymat peut devenir une sacrée
forteresse où l'on apprend à se taire !
La même réflexion énoncée par un anonyme et
par une tête bien pleine sera revendue
comme "sortie de la bouche de".
Ici aussi, nous avons eu droit à trois
pages sur les dépêchés de la République...
Comme je ne leur dois rien et que ce sont
elles et eux qui me doivent, ces salamalecs
pour incompétent-e-s me saoulent. Oups !
Enfin, cette année verra la fin de ces
groupes de mots qualifiants : petites gens,
France d'en bas et autres distinguables
méprises ! Ouf !
@ F. Thomas
Exactement ces Untel stars ou personnalités
que l'on énumère... Aucune décence ces journalistes, parce que comme dirait quelqu'un
que j'ai bien connu "dans ton monde parle-moi des personnalités qui vont aux enterrements"- "ce sont des personnes que les caméras reconnaissent, des anonymes pour toi quoi"...
(Quand on pense aux précautions que doivent
prendre ne serait-ce que les réalisateurs
pour s'assurer le bon fonctionnement d'un
tournage, on ne voit pas très bien comment
ces personnalités pourraient être honorées
comme les anonymes du billet, sauf bien
sûr les scènes de parties de jambes innocentes sous et sur les draps).
Rédigé par : calamity jane | 30 décembre 2010 à 08:03
Populisme. Vous l'invoquez comme pour devancer les attaques. Comme si le mot "peuple" était une insulte. Malheureusement, ceux qui nous gouvernent - je n'ose employer le mot "élite" tant ils sont mauvais - oublient qu'ils sont là où ils sont par et pour le peuple.
Au fait, qu'est-ce que le populisme ?
Ces recasés de la République ne sont qu'un point de détail dans le marasme où les politiciens aux cuisines - gauche comme droite -, cette clique de magouilleurs qui ne pensent qu'à remplir leur porte-feuille, a laissé la démocratie et la République française.
D'ailleurs, sommes-nous toujours dans une vraie démocratie ? Ploutocratie ne serait-il pas plus juste ?
Rédigé par : bob | 29 décembre 2010 à 21:52
« Je pense à elles, à eux, nos compatriotes envoyés en Afghanistan à la demande de Lionel de Coninck qui reconnaît : "Le seul responsable, c'est moi". Ce n'est pas un mince aveu puisqu'on ne connaît que trop les suites de cette décision. »
Je pense qu'on n'évalue pas réellement les choses lorsqu'on n'est pas sur le terrain. Si les deux journalistes et leur rédacteur en chef avaient réellement imaginé que l'éventualité d'un enlèvement (ou pire) était très sérieuse, si le quai d'Orsay les a dûment informés du danger encouru et leur a déconseillé par écrit le reportage, et que le rédacteur en chef de "Pièces à conviction" les ait malgré tout missionnés et que les deux autres y soient allés bien qu'à contre-cœur, il y aurait vraiment quelque chose qui ne tournerait pas rond quelque part.
Est-ce qu'ils sont tous assurés au moins et est-ce qu'il existe une compagnie d'assurances au monde qui assure contre le risque sérieux d'enlèvement??
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 décembre 2010 à 21:25
Encore une de ces rencontres troublantes : le jour même où vous rédigez ce billet, cher Philippe Bilger, un jeune homme meurt de froid en se jetant dans l'eau pour sauver un camarade imprudent. Il a sa place dans ce groupe de héros discrets dont vous faites l'éloge.
Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, eux, iront rejoindre, dans nos mémoires, les noms de tous les otages qui les ont précédés.
La communauté nationale souhaite que leur vie soit épargnée et qu'ils puissent dès que possible retrouver les leurs.
Une réflexion à ce propos : je ne puis m'empêcher d'être surpris que depuis de longs mois seuls leurs deux noms soient cités, régulièrement suivis par la formule "ainsi que leurs accompagnateurs" dont on ne donne jamais les noms.
De la même façon, on ne donne jamais ceux des autres personnes actuellement détenues en Afrique.
Peut-être y a-t-il une raison à cela ; j'aimerais la connaître. Si ce n'est pas le cas, faut-il en déduire que seuls ces journalistes méritent d'avoir une identité ?
Puisque vous avez eu la bonne idée de rendre hommage aux "héros anonymes de l'année", permettez-moi de dire que ces personnes ont un nom, et que, partant, le qualificatif d'"anonymes" ne leur convient pas. Je crains fort que ce ne soit qu'une des nombreuses manifestations du goût de notre temps pour l'euphémisme : "inconnus" étant, me semble-t-il, le mot exact par lequel il faudrait les désigner. Des inconnus qui d'ailleurs cesseraient aussitôt de l'être dès lors qu'on dirait et répèterait leurs noms.
Combien de fois n'ai-je pas bouilli en entendant, à l'occasion, par exemple, de la mort d'un illustre personnage, le journaliste énumérer les stars et autres personnalités célèbres présentes, et traiter d'"anonymes" les personnes présentes dans le public. On est "connu" ou "anonyme" !
Le courageux jeune homme dont je parlais en commençant, mort par amitié, mériterait lui aussi de sortir de l'anonymat, non ?
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 décembre 2010 à 18:38
Oui mais... d'autres otages sont prisonniers au Niger d'une organisation cousine des Talibans mais qui a démontré, elle, qu'elle n'hésitait pas à décapiter. Mais ces otages ne sont pas journalistes et n'ont donc pas droit à cette empathie corporatiste. Rien n'indique que cette publicité soit d'ailleurs profitable aux otages, mais si l'on se persuade que c'est utile, pourquoi en priver les autres ? L'Etat tend la main aux ministres congédiés, la presse tend la main à des journalistes enlevés mais l'otage ingénieur ou technicien n'existe pas davantage que les héros du quotidien. C'est populiste ? Tant pis.
Je n'aime pas cette expression consacrée de "héros anonyme". Vous identifiez l'un par le prénom d'Omar. J'irais même jusqu'à parier qu'il a un patronyme. Mais pour les médias, les vrais gens sont des prénoms, rien que cela. Pas identifiables. L'auditeur qui appelle à l'antenne d'une radio, c'est Jean-Jacques ou Cécile, un ectoplasme anonyme, qu'importe sa pertinence, il demeure une abstraction face à la personnalité, dotée d'un prénom et d'un nom, qui lui seul existe pleinement aux côtés des journalistes. On me rétorquera que son nom ne dirait rien à personne, certes, mais alors à quoi bon le prénom ? "X nous appelle du trou du cul du monde, posez votre question X !"
Cela est d'autant plus choquant que, pour ce qui est des héros anonymes, on voit mal qui on pourrait mettre en face qui ne soit pas anonyme, au sens médiatique du terme. Un héros est un héros, il a su faire fi de ses peurs et de son indifférence pour plonger dans l'eau froide, cela pourrait justifier qu'Omar soit crédité de son identité complète.
Zidane, c'est compliqué. Le bonhomme n'a pas l'air bien sympathique mais, pour le coup, c'est un héros, celui de 1998, celui qui ne devait pas marquer de but de la tête et qui l'a fait. L'homme m'indiffère, je n'y suis pas sensible d'autant plus qu'il ne fait rien pour attirer la sympathie. Et j'aime bien Alévêque qui cogne sans se croire obligé de ponctuer ses textes de grossièretés tous les deux mots.
Et comme vous nous laissez le choix, je garde le meilleur pour la fin, la merveilleuse Danielle Darrieux. Tout est bon chez elle, il n'y a rien à jeter, sur l'île déserte il faut tout emporter.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 29 décembre 2010 à 18:29
"Il y a quelque chose qui renvoie à ma définition du vrai provocateur : celui-ci déboulonne les idoles quand il le faut mais ne s'attaque pas aux faibles "
Comme Savonarole, en somme ?...
Rédigé par : Savonarole | 29 décembre 2010 à 18:18
@PB
"On a beau tourner la tragédie de ce double enlèvement dans tous les sens (...)"
Quand on la tourne dans tous les sens on s'aperçoit qu'elle n'est pas double mais nonuple..
UN soldat franco-israélien Gilad Shalit capturé par le Hamas le 25 juin 2006,
UN militaire de la DGSE (Denis Alex) détenu par un groupe islamiste en Somalie depuis le 14 juillet 2009, soit bientôt six mois de plus que les deux journalistes.
CINQ employés civils (dont une épouse malade) détenus quelque part dans le nord du Niger ou le sud de la Mauritanie. Cela fait trois de plus que deux journalistes.
A croire qu'il n'y en a que pour les médias.
La valeur d'un otage n'est-elle pas la même, que l'on soit journaliste, militaire ou employé d'une société française ?
L'honnêteté intellectuelle et morale exigerait, si l'on en avait un tant soit peu, que le traitement de l'information et le soutien moral aux familles soient les mêmes !
Cette manière d'exclusivité dénote, hélas, la mentalité de nos médias français.
Et je ne parle même pas des autres qui ont eu le malheur d'être enlevés à leurs côtés.
Tous ont le même point commun, c'est d'être otages dans des conditions inhumaines par des terroristes qui veulent susciter de la peur par leurs actions subversives.
Que 2011 soit l'année de leur liberté !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 29 décembre 2010 à 17:36
Cher Philippe,
C. Alévêque a raison de bousculer "l'idole"... Est-il provocateur comme vous semblez le dire ou plus simplement en quête de publicité ? L'un dans l'autre peu importe il exprime tout haut ce que beaucoup pensent. Les quelques millions d'€ qui ont été versés pour permettre la libération de F. Aubenas devraient rendre celle-ci plus discrète il me semble. La discrétion ou la publicité en la matière sont deux attitudes entre lesquelles il est difficile de trancher, elles souffrent en effet de leur rationalité ce qui est un problème quand la logique de la raison de l'autre vous est inconnue. N'ignorons pas toutefois qu'il y a une élasticité économique bien connue entre la valeur marchande d'un otage et la publicité qui est faite de sa détention. De même n'ignorons pas que des assurances existent pour couvrir ce genre de risques et que les réticences parfois à les souscrire expliquent la forte valeur des otages français !
Maintenant rien ne vaut un A. Juppé pour dire qu'il ne peut rien dire mais que tout cela n'est plus qu'une question de temps. Là aussi la raison du politique a sa logique !
Rédigé par : nicolas | 29 décembre 2010 à 17:32