Cela faisait quelque temps que j'avais l'intention de consacrer un billet à cette interrogation : La défense est-elle morale ? Elle a été formulée à la rentrée du Jeune Barreau du Val d'Oise le 3 décembre 2010. Elle relève de ces exercices dont les avocats raffolent et qui consistent à poser de bonnes questions en offrant les réponses narcissiques permettant à une profession de s'adorer elle-même. Le hasard fait que l'invité d'honneur, le 3 décembre, était Me Vergès dont je reparlerai. Il est clair que celui-ci appartient à la mythologie du barreau. Il me fait penser au Libération de la grande époque que les apprentis journalistes placent toujours en tête de leurs préférences alors que la réalité a radicalement changé. Il y a des réputations qui ne s'usent pas parce qu'au fond elles n'ont connu que des échecs, mais retentissants, et qu'elles ont eu l'habileté d'emprunter des chemins de dérivation élégants et atypiques. Au demeurant, Jacques Vergès est un convive passionnant et raffiné. C'est le défenseur que je discute.
J'avoue que je continue à être incommodé, non par la multitude des articles sur le barreau parisien - comme si les médias le découvraient - et par quelques portraits justifiés à tort ou à raison par le bruit d'affaires récentes, mais par l'approximation et la légèreté avec lesquelles les journalistes même les plus compétents embrigadent sous l'étiquette vague de "ténors du barreau" les meilleurs et les pires, les bouffis d'eux-mêmes et les modestes talentueux, les morales de prétoire et les éthiques profondes, les discours sonores et les éloquences vraies. Evidemment, cela dépend du goût de chacun mais j'ose soutenir que mon écoute et ma passion de la parole sont suffisamment durables pour présenter une certaine crédibilité. Cette confusion existe même dans les articles traitant de thèmes mineurs comme la superstition d'un certain nombre d'avocats (Le Figaro, sous les signatures de Marie-Amélie Lombard et Cyrille Louis). On y voit de très grands, par exemple Paul Lombard, Jean-Louis Pelletier, Hervé Temime, Eric Dupond-Moretti ou Thierry Herzog être mêlés à d'estimables ou à d'autres que la lucidité aurait dû rendre indésirables. C'est la faiblesse de ces inventaires qui conduisent les médias à retenir pour "ténors" ceux dont les noms, pour mille raisons pas toujours honorables, sont souvent cités au détriment d'autres plus discrets mais plus remarquables. Je pense notamment à Luc Brossolet qui ne "faisant" pas dans la vulgarité ostensible, exige pour être perçu à son infinie valeur une intuition et une capacité d'analyse rarement cultivées par les médias spécialisés qui préfèrent "les grosses caisses" auxquelles on ne peut échapper.
Aurais-je eu un doute au sujet de l'éventuelle moralité de la défense que la toute dernière équipée en Côte d'Ivoire auprès de Laurent Gbagbo de Me Jacques Vergès et de Me Roland Dumas (nouvelobs.com, Marianne 2, le Parisien) m'aurait éclairé. Ils sont partis là-bas, chargés par leur client de soutenir sa cause que le droit, l'équité et la communauté internationale désavouent. Comme il se doit, mandatés dans ces conditions qui n'appellent qu'une défense de complaisance et de servilité, ils ont mis en cause l'ingérence française et internationale d'une part, la fraude d'autre part. Croient-ils eux-mêmes à ces ripostes tellement prévisibles puisqu'ils sont condamnés à épouser jusqu'au bout la thèse de la personne qui les a sollicités, sans avoir l'ombre d'un libre arbitre dès lors qu'ils ont accepté de se placer dans cet étau, sous son emprise ? Je suis triste, pour ne pas dire plus, que ces deux personnalités - je connais mieux Jacques Vergès que Roland Dumas dont l'urbanité souriante m'a frappé les rares fois où je l'ai rencontré - aient consenti à mettre la main et leur esprit dans ce guêpier où la vérité semble pourtant éclatante. Pour se justifier, ils sont obligés de se mentir. D'un côté, ils ne sont plus autorisés à appréhender l'autre.
Si je fais un sort à cette escapade plus partisane que judiciaire, c'est que les contradictions qu'elle recèle se retrouvent dans toute défense pénale qui ne peut pas être morale. Entendons-nous bien : ce qui est moral, c'est le service de la défense au soutien de tous ceux qui ont besoin d'elle. Il y a une moralité indiscutable dans une profession qui n'a pas le droit d'abandonner (sauf affres de conscience infiniment rares) quiconque la sollicite, au bord de la route judiciaire - qui souvent suit ou accompagne celle de la détresse humaine, quelle que soit la cause de cette dernière.
Mais je récuse que les modalités de la défense pénale puissent être qualifiées de morales. Parce que la liberté de l'avocat, même la plus élargie, n'est jamais totale. Il ne peut y avoir de respect profond et authentique de la morale que si tous les chemins possibles virtuellement ouverts par le débat ont le droit d'être empruntés, si la vérité n'est pas forcément encasernée dans un seul camp qui vous donne l'ordre, tant qu'on est en mission, de ne considérer que lui. Si la morale de la défense doit consister à placer au-dessus de tout les exigences de vérité, de justice et d'universalité, il est clair que le mandat pénal, privatisant au service d'un seul ces valeurs et interdisant au conseil le doute et le revirement, s'oppose à cette conception communément admise de la morale. Ce que l'esprit et le coeur ont l'injonction de suivre, l'impérieuse nécessité de boire la coupe judiciaire jusqu'à la lie constituent des démarches contradictoires avec la disponibilité pleine et entière de soi qu'implique la morale. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que celle-ci est si peu invoquée. Les avocats se défient en effet comme de la peste de la défense de la morale dans leurs plaidoiries, privilégiant des argumentations plus techniques, moins révélatrices de leur propre ambiguïté.
En revanche - et la distinction n'est pas du sophisme -, si la défense n'est pas morale, il n'y a pas d'avocats authentiquement et profondément avocats, d'hommes et de femmes engagés corps et âme dans les débats capitaux que la justice suscite quotidiennement qui n'aient pas l'obligation d'être moraux. Pour moi, la morale professionnelle, qui n'est que la prolongation souhaitable de la morale personnelle, n'est pas un gros mot, une sale notion ou un concept ridicule. Mon expérience m'autorise à dire que cet élément fondamental est trop négligé par les journalistes dans leur classement. On a l'impression, à les lire ou à les entendre, que l'avocat émérite, le "ténor" n'est qu'un pur personnage technique déconnecté de toute éthique. Ceux que j'admire, en tout cas, jeunes ou moins jeunes, emplissent leur talent, leur conviction de cette part inestimable qui conduit à se dire en les écoutant, mieux en les voyant vivre, fût-ce le temps de quelques audiences : "C'est un homme, une femme "bien" !".
Certes, il est plus facile de se persuader que la défense est morale, alors qu'intellectuellement le défi est insurmontable, que de devenir soi-même un exemple.
Mais j'en connais et c'est bon.
Cher Philippe, je vous offre (un peu en retard...) ce petit cadeau :
http://lazone.sinehebdo.eu/zone-36.html
Bonne lecture !
Rédigé par : Herman | 24 janvier 2011 à 09:59
Bonjour Monsieur Bilger, bonjour à tous.
Je tiens en premier lieu à vous remercier pour ce blog qui nous donne matière à réflexion.
Il ne me semble pas choquant bien "qu'il ne soit poursuivi, à l'heure actuelle, devant aucun tribunal" (comme écrit sur un précédent commentaire) que Monsieur Gbagbo s'entoure des conseils de deux avocats. Que ceux-ci soient de nos concitoyens non plus.
Les affaires pour Monsieur Gbagbo sont mal engagées et je peux comprendre qu'il souhaite éventuellement préparer sa défense.
Le problème se situe plus sur le choix que fera cette défense.
L'auxiliaire de justice n'est pas le sujet de son client, il n'est pas tenu de s'enfermer dans sa logique puisque même en assurant la défense de son client, il demeure un sujet du Droit. C'est à la Vérité et uniquement à la Vérité qu'un avocat doit des comptes et il n'a que sa conscience pour unique rempart.
Monsieur Gbagbo crie au complot, à la fraude en faveur de son adversaire.
Soit Me Dumas et Me Vergès ont épousé cette thèse, il semble à les entendre que c'est le cas ; alors qu'ils en apportent les preuves. On n'intervient pas dans les affaires d'un peuple sur une simple conviction. Ou alors Me Dumas et Vergès font se qu'ils reprochent à beaucoup d'autres, de l'ingérence.
Soit encore ils ne savent pas où se trouve la vérité. Qu'ils proposent aux parties la création d'une commission d'enquête. Je n'ai pas entendu cela, si ce n'est un nouveau comptage des bulletins qui sont entre les mains de l'administration Gbagbo.
Soit enfin, ils ne croient pas à la victoire de leur client. Monsieur Gbagbo aura bien besoin de deux avocats pour répondre des crimes qui on été commis à cause de son entêtement.
J'espère pour nos deux avocats qu'ils apporterons les preuves qui leur manquent, sinon où seront leurs dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ?
J'espère surtout que le peuple ivoirien retrouvera la paix et toute sa souveraineté.
Rédigé par : Christian Gaillard | 07 janvier 2011 à 23:50
Bravo pour la pertinence de ce commentaire. Je partage tout à fait votre opinion sur Luc Brossolet, un avocat de grande classe, fin, humain, éloquent. Ils devaient être comme lui à l'époque de Berryer.
Rédigé par : patrice merville | 04 janvier 2011 à 23:32
Tiens, un petit mot valise pour commencer l'année :
Plaidoirisible : subst, fém, "Plus court chemin du prétoire au parloir".
AO
Rédigé par : oursivi | 03 janvier 2011 à 19:26
J'l'avais bien dit, c'est la preuve, notre industrie n'a pas fichu le camp, elle s'est reconvertie.
L'industrie du droit et de l'opinion, d'avance, présente ses beaux restes.
Pour la comptabilité latérale, il y a le rayon des connaisseurs, des sachants, et des auto-proclamés!
......Stop
Je vous présente dès cet endroit mes vœux, ceux qui enterreraient au moins pour l'année l'invention qui précède dans mes mots, retourneraient pour toujours en cuisine ce goût douteux dont vous nous détachez ainsi que vos contributeurs. A eux par vous, encore pour vous, mes vœux avec les pixels qui trinquent dans mes yeux, pour du bonheur dans vos cœurs.
.......Suite
Défendront-ils vraiment, nos deux substitués, le principe de la légalité en politique supposée et va-t-en guerre, ou accompagneront-il M. Gbagbo sur la voie probable de la médiation, cette irruption de la pensée pragmatique avec laquelle il faut désormais compter en Justice?
L'expertise française est-elle de mise pour une issue présentable mais encore inavouable au pays ?
Quelle étrange formalité avec nos compères qui suit celle des délégations de présidents de pays voisins.
L'histoire fera foi.
En Côte d'Ivoire, pas de cour de justice encore, mais de la morale de présence préalable..., en acte alors peut-être vers la confusion du pire.
Ainsi, du point de vue de la morale, c'est le point de vue moral de M. Gbagbo qu'il faut d'abord considérer, afin qu'il n'éconduise pas, aussi simplement que saurait le faire une guerre, des principes moraux que lui intiment ses souteneurs, et, on peut rêver, de manière à ce que la lâcheté, celle qui apparaîtrait avec un acte d'abandon inconditionnel du pouvoir, soit justement comprise comme relevant d'un principe supérieur en morale Kantienne, principe qu'il faut encore déloger dans les enfouis principes moraux desdits souteneurs.
Une éthique qui ne serait même pas de toc..., car dépassant les affrontements au motif de la morale et même de l'initiative morale, elle écarterait ces déroulements violents qui laissent sauve une morale à reprendre où on l'avait laissée. Peu de place pour le droit encore...
Mais beaucoup trop de gens sont en cause, d'un camp comme de l'autre, et l'immensité du nombre de collatéraux dont la moralité par la déploration ne compte guère... et on ne mesure pas notre chance, ici, alors que la vieille morale démocratique n'y a pas encore été recouverte par l'éthique avec d'invraisemblables motifs supérieurs du passé ou pointus du futur.
La morale ne se tente pas ni ne s'expose, elle se présente imperturbablement, et son établi est plus ou moins confortable, plus ou moins envahi...
La moralité de nos deux protagonistes avocats m'échappe autant que la généralité où elle s'inscrit.
Au fond, ne suis-je pas encore protégé ici de telle sorte de généralité, du fait que les événements ne présentent pas ici autant que là-bas les situations qui interrogeraient leur sorte de moralité ? J'en suis ici pour là-bas au mieux à la déploration !
Mais la déploration, en morale, cela n'est pas nul, et c'est souvent majoritaire, alors n'y a-t-il pas de la moralité dans mon trou d'autruche ?
Invoquer la moralité c'est présenter la mienne..., la voilà perpétuelle otage, et comment échappera-t-elle, sera-t-elle sauve ?
Impossible à gommer elle se présente, impossible à faire elle s'adopte, impossible à présenter elle se cache.
Mais dire que la morale est toujours sur la brèche, c'est un hors sujet délibéré pour le thème du billet ; et je préfèrerais toujours entendre être promenée la morale, plutôt que la savoir envoyée promenée, ou être mise au placard sous motifs que cet enfant braillard est véritablement insupportable, au moins gênant.
D'accord pour la thèse de l'impossibilité d'une "défense morale", et pour une morale professionnelle impossible à déclarer car ce serait une double prise d'otage, et sauve soit celle qui demeure en acte pour constat s'il faut des médias.
Alors puissent nos deux substitués aider M. Gbagbo à s'écarter d'un pouvoir mal ficelé, et tout procès étant encore impossible à mener, aider qu'il ne doive s'écarter pour autant et trop brusquement de "sa" moralité, que soit pesée à moindre frais la quelconque mise au ban.
Alors seulement, la publicité de ces deux-là resterait peut-être amorale, mais en l'affaire du billet dans un contexte moral parviendrait comme détachée pour cette seule affaire.
Gageons que s'ils sont amoraux, ils ne sont pas irremplaçables, et pour attendre un dénouement le plus heureux, ils ne soient pas de surcroît incompétents !
Rédigé par : zenblabla | 03 janvier 2011 à 15:25
Pour répondre aux observations faites relativement à la Côte d'Ivoire, je dirai simplement que, pour les Ivoiriens ce qui compte, c'est ce que dit le Conseil constitutionnel ivoirien, l'instance chargée d'apprécier la régularité de l'élection présidentielle et de déclarer le vainqueur.
Ce que racontent TF1, France Télévisions, Canal +, RTL, France Info, ce qu'écrivent Le Monde, Libération, Le Figaro, L'Express et Le Point, n'a aucun intérêt, car il s'agit là d'organes manquant notoirement de sérieux.
La faiblesse congénitale de tous ces organes vient de ce qu'ils sont incapables, lorsqu'ils abordent des problèmes de pays d'Afrique francophone, de dire autre chose que ce que disent les représentants officiels de la politique africaine de la France.
Les observateurs que sont les personnes s'exprimant sur ce site doivent faire l'effort de comprendre la crise ivoirienne en se détachant de la propagande officielle telle qu'elle est faite par les organes cités ci-dessus.
Ces observateurs ont fait des études et lisent des livres : ils ont donc les moyens intellectuels de faire des recherches sur la situation de la Côte d'Ivoire.
Pour aider les uns et les autres, y compris Monsieur l'Avocat général Bilger, à comprendre la crise ivoirienne, je voudrais rappelez un seul fait simple, sciemment occulté par la propagande occidentale anti-ivoirienne : Monsieur Bakayoko, le président de la fameuse Commission électorale indépendante, est allé proclamer les fameux résultats de l'élection présidentielle ivoirienne à l'Hôtel du Golf, c'est-à-dire à l'endroit où Ouattara avait établi son quartier général. J’invite chacune des personnes me lisant à réfléchir par elle-même sur ce que peut bien signifier un tel fait.
Je ne répondrai pas à tous les points soulevés par Catherine Jacob, dont l'opposition à Laurent Gbagbo transparaît facilement à travers ce qu'elle a écrit.
Le fait que Guillaume Soro ait décidé de rejoindre Ouattara n'a pas la signification implicite que Catherine Jacob a voulu lui donner.
Je rappelle simplement à Catherine Jacob que, avant d'être nommé Premier ministre par Gbagbo, Soro fut l'un des leaders politiques des fameuses Forces Nouvelles, ce groupement de partis politiques ivoiriens bellicistes ayant conquis militairement le Nord de la Côte d'Ivoire, ce groupement dont le financier est justement Ouattara. En se rangeant aujourd'hui du côté de Ouattara après avoir certainement été informé que les Occidentaux détestaient Gbagbo, Soro ne s'est pas seulement comporté en politicien opportuniste : il a surtout montré sa vraie nature.
A la place de Catherine Jacob, le ralliement de Soro à Ouattara m'aurait permis d'esquisser une réflexion sur la traîtrise en politique, sur le phénomène de "retournement de veste" en politique.
Catherine Jacob aurait dû se demander si Soro n'a pas été retourné au dernier moment par les mêmes personnes que celles qui nourrissent une animosité viscérale à l'endroit de Gbagbo.
J'ai été très surpris que Catherine Jacob ait cité l'épouse de Laurent Gbagbo, chose qu'elle n'a pas faite s’agissant de l'épouse de Ouattara : la discrimination décidée par Catherine Jacob s’explique-t-elle par le fait que Simone Gbagbo n’est pas une Européenne, au contraire de l’épouse de Ouattara ?
Après réflexion, j'ai compris les raisons de l'évocation du cas de Simone Gbagbo :
la propagande occidentale ayant décidé de présenter cette femme comme l'inspiratrice politique de son mari, il est normal que les personnes ayant fait le choix de se ranger à cette propagande attaquent, même sournoisement, Simone Gbagbo.
Ce que je ne comprends pas, c'est que les occidentaux puissent imaginer Simone Gbagbo en femme d'influence, alors que l'Occident explique depuis toujours que les hommes africains seraient machistes et ne respecteraient pas leurs femmes.
Catherine Jacob doit expliquer, autrement qu'en partant de la théorie de l'autonomie de conscience, comment l'épouse d'un chef d'Etat en Afrique peut être influente, sachant qu'en Afrique les femmes seraient soumises aux hommes, si l’on en croit la doctrine occidentale.
Je trouve vraiment lâche que les télévisions et journaux occidentaux se plaisent à attaquer l'épouse de Laurent Gbagbo, alors que c'est ce dernier qui est seul au pouvoir en Côte d'Ivoire.
Pourquoi ces télévisions et journaux qui n'osent jamais s'en prendre aux épouses des chefs d'Etat ou de Gouvernement occidentaux, prennent-ils subitement pour cible l'épouse de Laurent Gbagbo ? Est-ce parce que Simone est de race africaine?
Si nous voulons aider les Africains dans leurs efforts d'un meilleur être, ce n'est pas en commençant à attaquer leurs femmes, auxquelles les nôtres ne sont pas forcément supérieures sur le plan éthique.
Simone Gbagbo n'a pas l'influence que la délirante propagande occidentale veut bien lui trouver.
Ceux qui ont vécu en Afrique ou auprès des Africains savent comment ces peuples vivent entre eux. Faire de Simone Gbagbo, simple épouse d'un chef d'Etat, le cerveau et l'élément le plus influent dans l'entourage de Laurent Gbagbo, c'est vraiment donner dans la folie.
Catherine Jacob vante Ouattara, "docteur en économie", "qui a été directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) qui n'a pas la réputation de mettre des incompétents à sa tête".
Personne ne prétend que Ouattara est incompétent.
La direction d'un pays obéit à d'autres critères que le fait d'avoir appartenu au FMI, organisme auquel Catherine Jacob accorde trop d'importance.
Contrairement à ce que veut faire croire Catherine Jacob, le FMI et la Banque mondiale ne recrutent que les gens dont ils sont sûrs qu'ils pourront imposer leurs vues aux Etats coopérant avec eux.
Ouattara plaît au FMI et à la Banque mondiale parce que ces deux organismes trouveront en lui un allié inconditionnel pour imposer toutes mesures drastiques à la Côte d'Ivoire.
Le FMI et la Banque mondiale n'impressionnent plus que les personnes qui ne connaissent rien quant au fonctionnement de ces organismes, connus notoirement pour pratiquer la corruption des dirigeants africains.
Je ne m'éterniserai pas sur l'intervention de Catherine Jacob, dont je partage néanmoins certaines vues.
Je regrette seulement que Catherine Jacob ait davantage laissé parler la femme diplomate ou proche des milieux diplomatiques que la femme dotée de la capacité à comprendre par elle-même.
Je terminerai en résumant : le président ivoirien n'est tenu de plaire qu'aux Ivoiriens ; l'Occident, qui a pratiqué les crimes de sang à travers le monde et a fait voter les morts, n'a aucune leçon à donner à la Côte d'Ivoire ; la preuve de l'existence d'une communauté internationale ne peut être une preuve d'autorité : elle doit être une preuve de raison ; la communauté internationale ne peut être constituée uniquement d'Etats ayant semé la mort à travers le monde ; ceux qui n'ont pas réagi lorsque Debré, l’actuel président du Conseil constitutionnel français, a décidé de ne pas rouvrir certains dossiers électoraux français, n'ont aucune légitimité à donner des leçons aux Ivoiriens.
Laissons les Ivoiriens régler eux-mêmes leurs différends ; contentons-nous de les aider à trouver ce règlement ; gardons-nous d'opposer les Ivoiriens en présentant Ouattara comme un bon et Gbagbo comme un méchant ; gardons-nous d'attiser le feu.
Sommes-nous prêts, en France, à accueillir ces flots d'Ivoiriens qui pourraient débarquer ici si la guerre éclatait chez eux ?
Je suis vraiment déçu que nous manquions d'intelligence dans l'appréhension d'une crise qui risque de se transformer en tragédie.
Je dirai à nouveau à Catherine Jacob que la Banque mondiale et le FMI ont été traités plus bas que terre par bien des gens ayant travaillé dans l'une ou l'autre de ces maisons.
Je préfère avoir pour religion les livres de nos meilleurs penseurs français actuels, plutôt que la Banque mondiale et le FMI, organismes inutiles, ici et ailleurs.
Bonne année 2011 : santé, paix, prospérité.
Rédigé par : LABOCA | 02 janvier 2011 à 21:14
Malgré les règles du jeu annoncées á l'avance et acceptées par les deux candidats, et bien que celles-ci tournent á l'avantage de M. Alassane Ouattara, pour éviter un massacre imminent, ne faudrait-il pas effacer l'ardoise, revoter, et ensuite laisser la Côte d'Ivoire respirer par elle-même ?
Celui qui aura le courage de prendre cette décision sera un GRAND.
Rédigé par : jpledun | 02 janvier 2011 à 16:08
Je comprends mal cet article: il s'agit d'un soutien exclusivement politique, et Gbagbo n'a pas besoin d'avocats puisque, à ma connaissance, il n'est poursuivi, à l'heure actuelle, devant aucun tribunal.
Rédigé par : Elie Arié | 02 janvier 2011 à 15:06
Bonjour Monsieur et meilleurs voeux pour 2011.
Peu m'importe que la démarche de MM. Vergès et Dumas soit ou non appropriée. J'ai la conviction que le président Gbagbo dit la vérité : il y a eu fraude massive et il a gagné ces élections.
Je souscris également à 100 % à ce que dit M. Gbagbo : il y a eu complot de la France et des USA pour le renverser.
D'ailleurs on remarquera que depuis quelques jours les institutions internationales et les pays d'Afrique font profil bas. En fait, ceux qui ont pu consulter les documents électoraux ont dû se rendre compte de la magouille de Ouattara et se sentent gênés aux entournures.
Rédigé par : naolin | 02 janvier 2011 à 12:15
ET mes meilleurs voeux à tous, bien évidemment.
Pour en revenir au débat qui nous occupe, on peut comprendre un Simenon, éternel avocat de ses propres coupables pour les bonnes raisons qu'il glisse lui-même à notre entendement, mais jamais qui bafoue la recherche de la vérité au profit de l'ampleur de sa victoire au délibéré, quel qu'en soit le prix à payer pour les victimes comme pour la société... Alors celui-là est aussi coupable que son client même si lui ne sera jamais jugé, sauf à l'aune de notre impuissante morale.
Existent de ces avocats qui comme Patrick McGuinness, cherchent la vérité et même le coupable que leur client n'est pas.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_coupable_id%C3%A9al_%28documentaire%29
Existent aussi des ténors comme Maurice Garçon qui, habile manuel, parvenant à ouvrir et refermer un volet de l'extérieur du château d'Escoire, sauva la tête de Girard-Arnaud, que tout accablait. A quoi tient le résultat, parfois...
AO
Rédigé par : oursivi | 02 janvier 2011 à 01:15
LABOCA fait froid dans le dos... Pour lui, comme pour Laurent Gbagbo, le décompte des voix et sa validation sont parfaitement superflus. "Les choses en Côte d'Ivoire sont si complexes..." Peut-être que les Ivoiriens auraient avantage laisser Gbagbo s'autoproclamer président à vie ? et la complexité disparaîtrait. Quant à Dumas et Vergès : le narcissisme vieillissant a perdu tout son panache dès lors qu'il tourne au ridicule. Pitoyable !
Rédigé par : Jack | 02 janvier 2011 à 00:37
Interwatch.org
Voilà un organisme mandaté par l'ONU pour superviser les élections en Guinée, en Côte d'Ivoire et dans bien d'autres pays. Qu'est-ce qui explique que les constats et pv établis par ces organismes indépendants ne soient pas pris en compte ?
Qu'est-ce qui justifierait qu'une frange de la population pro Gbagbo dans le nord du pays puisse être empêchée de se rendre aux urnes par des menaces, des morts et qu'aucun média occidental ne fasse cas de toutes ces exactions ?
Je suis médecin français et les informations que j'ai d'amis ivoiriens appartenant, au niveau opinion, à chaque camp, résidant en Côte d'Ivoire, sont divers selon leur sensibilité. Je n'ai aucun parti pris, mais je déplore qu'on ne soit martelé que d'une version de l'histoire.
Ces deux avocats vont peut-être donner cette autre version que les institutions ne veulent pas qu'on entende, pour pouvoir nous faire notre propre opinion.
La morale devrait être aussi au centre des débats quand il y a des intérêts financiers de certaine mère patrie comme la nôtre ? Suivez le fil de mon idée...
Dans tous les cas bonne année 2011 à tous et ce blog est vraiment super.
Rédigé par : degozzo | 01 janvier 2011 à 23:46
Je souhaite à notre hôte et à vous tous, depuis mon soir d'été brésilien, une année 2011 aussi heureuse que fut 2010 pour moi.
Quant au problème ivoirien, je trouve plus intéressant de se pencher sur les racines du mal qui déchire ce pays. Il y a derrière le concept d'ivoirité et un débat lancé sur l'identité nationale à des fins électoralistes.
Amusant de voir Dumas et Vergès prendre la défense des champions de l'identité nationale, même si bien sûr le problème est plus compliqué que ce simple aspect.
Rédigé par : Alex paulista | 01 janvier 2011 à 23:41
@temoignagefiscal | 01 janvier 2011 à 22:26
« L'homme ne doit-il pas se contenter de l'équité et laisser la morale à Dieu, en admettant qu'il existe. »
Dieu, au singulier, ne vit pas en société, il n'a pas besoin de se laisser gouverner par les règles et les usages, mœurs, éthique qui l'ordonnent.
Rédigé par : Catherine JACOB@temoignagefiscal | 01 janvier 2011 à 23:15
Bonjour et bonne année,
L'avocat peut-il être moral ? L'avocat général peut-il être moral ? La justice peut-elle être morale ? Les journalistes peuvent-ils être moraux ?
La morale est un ensemble de règles considérées comme bonnes pour tous. C'est ambigu, non ? Un peu présomptueux, il me semble.
Tandis que l'équité, c'est le sens de la justice dans le respect de chacun. Pour ma part, je trouve cela plus accessible. Par exemple, il est équitable que l'avocat défende le moralement indéfendable, il ne serait pas équitable qu'il ne soit pas défendu. Il est équitable que l'avocat général accuse, même celui dont la culpabilité est relative, puisque la justice sera la résultante naturelle de ses accusations et des arguments de la défense. L'homme ne doit-il pas se contenter de l'équité et laisser la morale à Dieu, en admettant qu'il existe. La morale mal utilisée, outil de violence et de mort, fait courir à l'homme trop de risques, il me semble.
Cordialement. H. Dumas
Rédigé par : temoignagefiscal | 01 janvier 2011 à 22:26
Monsieur,
Je suis bien obligé de caser mes voeux pour 2011 à votre intention là où je trouve un endroit ouvert. Non pas par choix : je ne connais pas Vergès et cela ne me manque nullement. Appartenir au cercle de ses relations historiques me serait déplaisant. J'ai connu un peu Roland Dumas, avant qu'il ne soit ministre, bien avant. Nous étions jeunes alors tous les deux et militions, chacun de son côté, pour la même cause. La présence dans son environnement de certains noms me fait frémir. Pour ne prendre qu'une personne comme M. Julia, député, je ne vois pas ce qu'il peut avoir de commun avec Dumas. Ou alors l'un ou l'autre a beaucoup changé. Ou peut-être les deux.
Je pense connaître aussi bien la Côte d'Ivoire que ces deux visiteurs de l'ex-président Gbagbo. Je ne me hasarderai pourtant pas à aller morigéner tel ou tel dans ce pays et en ce moment, sans avoir les vrais moyens de la dissuasion (fric ou force).
Ceci étant, je me permets de vous présenter, Monsieur, mes voeux très sincères pour l'année qui s'ouvre et dont je pense qu'elle ne saurait être pire que celle qui vient de se clore. Mais peut-être suis-je, pour une fois, trop optimiste.
Je vous souhaite, dans l'exercice de votre profession, qui n'est ni plus ni moins respectable qu'une autre, d'avoir toujours en vue l'intérêt général, non vu par le petit bout de la lorgnette, ainsi que je vous souhaite de trouver des "défenses" à cette hauteur. Il s'en trouve. J'en ai connu. Pas toutes malheureusement. Je vous souhaite d'achever une carrière vivante et vibrante ainsi qu'un honnête homme doit l'achever, car je vous ressens comme tel. Veuillez, dès lors, accepter que d'autres le soient aussi, même s'ils sont de l'autre côté de la barre que vous. Comme je fais effort pour, sur votre blog, accepter que des êtres humains, qui sont, par essence, mes frères, n'aient pas plus fondamentalement raison que moi, ni l'inverse, bien sûr.
Je vous souhaite tous les bonheurs personnels et professionnels possibles. Vous, d'Alsace ou de Lorraine, moi de Bretagne, nous encadrons solidement Paris (1000 km m'apprenait-on à l'école, de Brest à Strasbourg). Continuez à nourrir ce blog avec la même verdeur. Je m'efforcerai, à chaque occasion, d'apporter, avec vous, un peu de Liberté, d'Egalité et de Fraternité. Et de Tolérance...
Rédigé par : Jean Reffait | 01 janvier 2011 à 22:11
Cher Philippe,
Je tiens à vous souhaiter une bonne et heureuse année, ainsi qu’à vos proches. Avec entre autres bonnes choses, peut-être, un rendez-vous avec JJG :=))
Longue vie à votre blog dont je suis maintenant un lecteur assidu, même si je ne me manifeste pas systématiquement. Je lis avec intérêt les commentaires de vos fidèles visiteurs avec lesquels, comme avec vous, il peut m’arriver de « croiser le fer » sur un sujet me tenant plus particulièrement à cœur.
Merci de nous offrir cet espace de réflexion et d’expression.
Bonne année à tous.
Rédigé par : Claude L | 01 janvier 2011 à 18:11
Moralité de la défense ? Soit, mais que nous dit la prestation de serment des avocats ?
"Je jure, comme avocat, d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité."
Quant aux auditeurs de justice, ils jurent de "se conduire en tout comme un digne et loyal auditeur de justice" devant le Premier Président de la cour d’appel de Bordeaux et le Procureur Général.
Foin de morale dans les deux cas, même si la "conscience" et "l'humanité" de l'avocat semblent s'en rapprocher.
Dans la mesure où Jacques Vergès privilégie souvent la posture didactique à l'efficacité, je serais Laurent Gbagbo, je ne serais pas rassuré...
Rédigé par : Erwood | 01 janvier 2011 à 16:54
Mon cher "LABOCA" vous me faites frémir. Il est évident que Gbagbo n'est pas le président démocratiquement élu, comment un Conseil constitutionnel peut-il sans recompter tous les bulletins annoncer des chiffres différents que la presse et les observateurs, tout cela n'est qu'une mascarade ! Quant à Me Vergès et Dumas, les voir encore à leur âge aller faire les malins au côté d'un dictateur me fait beaucoup rire, la vermine ne meurt jamais...
Quant aux vrais avocats pénalistes, aux vrais ténors ce sont bien des pénalistes, mais des pénalistes dont personne ne parle, ceux qui préfèrent plaider la peine que l'acquittement (à moins que leur client soit réellement innocent) c'est aussi ça la morale professionnelle. On connaît tous des avocats comme ça, jeunes ou moins jeunes, et qui au détour d'un procès d'assises ou même en correctionnelle nous donnent envie du haut du bureau du ministère public de pardonner...
Rédigé par : Aurélien | 01 janvier 2011 à 16:49
« Jacques Vergès, Roland Dumas et la moralité de la défense »
Si je comprends bien, ce qui réunit ces deux personnalités dans l'arrière-cuisine de votre billet, ce sont leurs prises de positions communes en faveur du camp Gbagbo. Cf. :
Personnellement, je n'ai qu'une connaissance très livresque, j'inclus cependant la filmographie, et donc très théorique de l'Afrique, de ses problèmes et de son avenir.
Mon approche concrète se résume en effet aux récits de la sœur de ma grand-mère dont le fils unique a fait sa carrière dans le BTP en Afrique et a notamment longtemps résidé à Abdijan. Elle avait des tas d'objets curieux qui suscitaient la curiosité de la petite fille que j'étais, et qui donc ont servi de prétexte à maints contes passionnants.
J'ai eu également une amie japonaise qui s'était spécialisée dans la littérature africaine d'expression francophone, littérature dont j'ai plus ou moins découvert l'importance grâce à elle, et je n'ai eu affaire directement finalement qu'à très peu d'Africains au cours de ma vie, qui plus est tous issus de l'élite ainsi que d'horizons très divers y inclus les relations économico-diplomatiques avec l'extrême-orient (Chine, Japon), ce qui ne m'a pas permis de me faire une idée vraiment précise de chaque pays et/ou de chaque ancienne colonie en eux-mêmes, mais seulement de ressentir intuitivement, une étrange proximité culturelle sur certains plans, proximité dont l'évocation par ailleurs fâchait certains japonais (surtout un d'ailleurs) qu'irritait une « tendance occidentale » à confondre la trace orale et la trace écrite. Toutefois, je perçois grosso modo les enjeux de la polémique actuelle Laurent Gbagbo (président sortant)/Alassane Ouattara (descendant du fondateur de L' Empire Kong (1710-1895), encore connu sous le nom d'Empire Ouattara ou Empire Wattara, et État musulman pré-colonial, ancien Premier ministre du début des années 90), pour la communauté internationale.
D'après Wikipédia qui indique avoir traduit rapidement de l'anglais, « La prospérité de Kong a suscité des convoitises. En vers 1710 un guerrier dioula connu sous le nom de Sékou Oumar Ouattara -ou « du Jammu Wattara » (1665-1745) envahi la région et a conquis la ville à l'aide de sa cavalerie. Il s'est établi comme fama (roi) et a fait de Kong le centre d'un empire avec une influence régionale. Il a imposé le Jula comme langue officielle et l'Islam comme religion d'État. Il a utilisé des esclaves pour travailler dans la fabrication de tissu et la culture du riz, le millet, le sorgho et le coton. […] Dans les années 1730, l'Empire Kong était le plus grand État de l'Afrique occidentale au sud du fleuve Niger, et le Jammu Wattara remplacé par des fama (rois) capables jusqu'au début du XIXème siècle dans le courant duquel s'est fait de plus en plus vivement sentir la résistance croissante des divers groupes ethniques et religieux de l'empire. L'actuel Ouattara, docteur en économie, a été directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) qui n'a pas la réputation de mettre des incompétents à sa tête et il est réputé avoir, durement mais efficacement, assaini les finances publiques » Or donc, si son adversaire réussit à le mettre dehors on devrait peut-être bien le prendre comme conseiller financier à la résorption de notre dette publique car, le fait que l'actuelle élection litigieuse se soit vue « marquée par l'élimination par la Cour suprême de plusieurs candidatures, dont celle d'Alassane Ouattara — pour cause de « nationalité douteuse », faux et usage de faux sur la filiation — et de l'ancien président Bédié » qui a fait ainsi d'une pierre deux coups dans les rangs de l'opposition à Gbagbo, n'entache en rien ses compétences personnelles, et pas non plus le nombre de bulletins de vote en sa faveur tel que décompté par une « commission indépendante » dont les compétences sont limitées à ce décompte.
Laurent Gbagbo pour sa part, est titulaire d'un doctorat délivré par la très parisienne Sorbonne en histoire, et est un ancien chercheur à l'Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africaine (IHAAA) dont il est devenu finalement directeur, aux origines modestes comparées à la filiation Ouattara alléguée, qui paraît s'être fait tout seul et donc probablement assez coriace, qui plus est catholique, et dont l'épouse est également une littéraire. Néanmoins ancien syndicaliste qui a goûté des prisons du régime de l'époque, il s'est déjà illustré dans un précédent incident électoral en 1995 une époque à laquelle Roland Dumas était ici président du Conseil constitutionnel - .
Quant à Mme Gbagbo, surnommée la « Hillary Clinton des tropiques » bien que l'allure générale soit davantage celle de l'avocate Michelle LaVaughn Obama Robinson, c'est également, « une historienne, docteur 3e cycle en littérature orale, chercheur en linguistique appliquée et syndicaliste marxiste très proche des milieux évangéliques américains » nous apprend toujours Wikipédia qui précise également son activité syndicale et un ancien activisme de clandestinité.
Bref, ce n'est pas une histoire de qui a la plus grosse kalachnikov en réserve, mais ce sont vraiment deux profils radicalement différents qui se sont, et continuent de s'opposer, et qui prétendent à la conduite de la destinée de la Côte d'Ivoire, et différents à tel point qu'on peut s'autoriser à penser que les votes n'ont pas été purement partisans comme on peut également le lire, mais réfléchis!
Pour l'heure, on a d'un côté un vieux renard qui tire les ficelles internationales du fond de son terrier, et de l'autre un bilan provisoire de qui Me Vergès et Me Dumas ne sont certainement pas les seuls soutien internationaux, qui laisse tout de même songeur et qui est le suivant:
« Des témoignages font état de 50 morts et plus de 200 blessés dénombrés au 19 décembre 2010, ainsi que d'enlèvements effectués par des bandes armées accompagnées par des éléments des forces de sécurité. La haut-commissaire adjointe aux Droits de l'homme de l'ONU estime que « 173 meurtres, 90 cas de tortures et de mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires » sont attribuables aux partisans de Laurent Gbagbo en cinq jours seulement. »
Je ne peux pas non plus méconnaître que si « Laurent Gbagbo est investi le 4 décembre 2010 à Abidjan -Yamoussoukro étant la véritable capitale politique- en présence de deux représentants de pays étrangers : l'Angola et le Liban, présents à titre personnel et non diplomatique, c'est à Alassane Ouattara que le Premier ministre sortant, Guillaume Soro, a remis ce même 4 décembre 2010, sa démission et celle de son gouvernement, en reconnaissant ainsi par là, la légitimité comme Président. Soro est aussitôt « reconduit dans ses fonctions par Alassane Ouattara, qui a également prêté serment en qualité de président de la République de Côte d'Ivoire ».
En d'autres mots, je ne peux pas méconnaître non plus le ralliement du gouvernement sortant à la légitimité du scrutin. Le reste dépasse mes compétences de citoyenne de base de l'Union européenne.
Mais peut-être que Me Vergès&Dumas le peuvent eux ?!
Rédigé par : Catherine JACOB | 01 janvier 2011 à 13:53
Si Gbagbo est le président élu, pourquoi a-t-il besoin d'un avocat ?
S'il se sent coupable, alors là oui, il en a besoin d'un, et il a choisi le bon.
Ayant été l'avocat des présidents Omar Bongo, Idriss Déby, Denis Sassou-Nguesso, il est le mieux placé pour parler contre les magouilles de la Françafrique qu'il connaît de l'intérieur !
C'est bien le métier d'avocat, un coup on défend la veuve, un coup l'assassin, et avec la même conviction.
Quand à RD, on peut se demander s'il ne règle pas quelques comptes personnels contre ceux qui ont refusé de lui "cirer ses pompes de luxe".
Qu'a-t-il besoin à son âge d'aller se frotter l'échine contre les palmiers ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 janvier 2011 à 13:47
Tous mes voeux de justice de paix et de joie à chacun en particulier.
Que 2011 soit une année où les aspirations profondes de chacun trouvent leur concrétisation.
http://www.facebook.com/photo.php?fbid=123321551067301&set=a.114792935253496.11015.100001683706037
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 janvier 2011 à 13:36
Cher Philippe Bilger,
Une nouvelle année commence et je voulais vous souhaiter une belle année 2011 en souhaitant du fond du coeur que votre blog continue avec la même liberté de ton et indépendance..
Le temps passe vite et que va-t-il rester dans nos mémoires de 2010 ?
On dirait que le temps passe plus vite pour certaines choses : qui se souvient des inondations du Pakistan avec des milliers de morts ?..
Il paraît que la guerre en Irak est terminée... Voilà la guerre la plus injuste et la plus débile de l'histoire de l'humanité, sept ans à piétiner et à détruire un pays pour anéantir des armes de destruction massive qui n'existaient pas, elles étaient en Iran. Un peu comme si les alliés avaient détruits Copenhague au lieu de Berlin pour faire fuir Hitler.
En littérature, la mort de Julien Gracq, il y a trois ans, a creusé un tel trou que c'est à peine si l'on note ceux qui sont partis depuis : cette année, Salinger, Clavel... Ce sont des auteurs qui disparaissent, tandis qu'avec Gracq c'est tout un pan de la grande littérature classique qui est tombé.
"Avec le temps, va, tout s'en va... l'autre pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous, et devant quoi l'on se traînait comme traînent les chiens"...
Bonne année à tous.
Rédigé par : Christelle Andrieu | 01 janvier 2011 à 09:14
Bonjour Philippe Bilger,
J’en profite pour vous adresser mes vœux les meilleurs pour la nouvelle année ainsi qu’aux intervenants de ce blog dont certains et certaines sont particulièrement brillants et je m’en réjouis car c’est un véritable plaisir de les lire.
Je ne suis pas avocat pénaliste, mais il me semble que cette profession a ses règles déontologiques qui lui permettent de faire la part des choses entre la morale personnelle et la morale professionnelle lorsqu’ils sont amenés à défendre la cause d’un client.
Il en est de même d'un médecin amené au chevet d’un malade en danger de mort. Sa préoccupation n’est pas alors de faire appel à sa morale personnelle mais à son devoir de soigner la personne qui se trouve devant lui quand bien même celui-ci serait un sinistre individu. Morale personnelle et éthique professionnelle sont donc deux choses parfaitement décorrélées et c’est d’ailleurs très bien ainsi.
Il est vrai que Me Vergès est un avocat assez atypique. Il s’est, tout au long de sa carrière, employé à défendre des individus parfaitement odieux. Mais, bien que le connaissant pas personnellement, je suppose qu’il l’a fait plus pour se démarquer d’une société « bien-pensante » dont il condamnait les travers et les principes moraux quelque peu hypocrites, dépassant ainsi la nausée que pouvait lui donner le personnage dont il assurait la défense pour défendre au-delà de celui-ci une cause bien plus vaste qui lui tenait à cœur.
En prenant la défense de Laurent Gbagbo, il n’a fait que se montrer fidèle à cette ligne de conduite qu’il n’a jamais quittée. Quant à Roland Dumas, il s’agit sans doute, en ce qui le concerne, de porter assistance à un ami de longue date. Il semblerait que Laurent Gbagbo en ait encore quelques-uns au parti socialiste.
Rédigé par : Achille | 01 janvier 2011 à 08:18
OULALA ! j'eusse préféré écrire ce commentaire en 2010 !
Mais les obligations amicales ont fait
que je rentre en pleine forme !
Vergès et Dumas ! et vous éprouvez le
besoin de parler de ces personnages...
Perso, je me poserais la question : avant
la défense ?
Pas de désespoir, svp, même ciblé...
Rédigé par : calamity jane | 01 janvier 2011 à 01:52
Bonsoir et bonne année à tous,
L'autre jour j'ai mis ce lien, sans commentaire :
http://gbagbo.ci/gbagbo_article.asp?article=2375.html
Il s'agit de Didier Julia, qui soutient Gbagbo. Il me gêne plus que Vergès et Dumas puisqu'il se manifeste en tant qu'élu. Et, en tant qu'élu, s'il devrait avoir une opinion contraire à l'opinion officielle de la France, il aurait dû, à mon humble avis, la manifester ici et non pas devant la presse ivoirienne.
Rédigé par : jmarcio | 01 janvier 2011 à 00:43
Monsieur l'Avocat général
Vous ne connaissez pas tous les avocats pénalistes de France. Il n'est même pas certain que les avocats ayant déjà assuré la défense dans les affaires où vous avez fait le ministère public, soient les meilleurs.
Actuellement, ce n'est même pas chez les pénalistes qu'on trouve les meilleurs avocats.
Les meilleurs avocats se trouvent parmi ceux qui pratiquent le droit public.
Vous citez les avocats des cours d'appel, alors que la crème se trouve parmi les avocats aux conseils.
Vous ne connaissez pas les avocats aux conseils, parce que vous n'êtes pas magistrat à la Cour de cassation. Moi, je les connais parce que je m’intéresse à tous les avocats de France, ma propre fille en faisant partie.
Le droit est devenu très technique; les avocats deviennent nécessairement des techniciens. Cette évolution tend à banaliser la plaidoirie, l'avocat devant d'abord savoir écrire et argumenter.
Dans votre propre domaine de spécialisation, le droit pénal, l'écrit commence à prendre une importance grandissante, qui dépasse le simple cadre de la présentation des observations relatives au droit pénal de forme. Ainsi, le droit pénal des affaires ne se plaide plus comme à l'ancienne.
Vous voulez faire croire que vous fréquentez tous les avocats de France, alors que votre expérience ne se limite qu'à une poignée de pénalistes parisiens.
Je vois assez régulièrement de jeunes avocats pénalistes plaider bien plus puissamment et bien plus savamment que vos idoles pénalistes. Ce sont des avocats que vous ne connaissez pas, dès lors que votre intérêt se limite aux seuls avocats qu'on voit à la télé.
Pourquoi attaquez-vous Jacques Vergès, alors qu'il n'a jamais revendiqué le statut de meilleur avocat français?
Vergès est un farouche anti-colonialiste et c'est bien pour ça qu'il dérange les gens de Droite dont vous faites partie.
Vergès a décrit comme personne toute la supercherie qui a été montée avec cette sombre cour pénale internationale. Là aussi, il a dérangé, au point qu'il est devenu un type à davantage dénigrer.
Vous attaquez Vergès parce que sa défense pénale en rupture a toujours fait perdre leurs repères aux gens du ministère public.
Vergès ne joue pas dans la même catégorie que vos chers pénalistes consensuels. Il est dessus, parce qu'il plaide de façon non convenue.
Vergès et Dumas ont eu raison d'aller à Abidjan pour apporter un soutien à la démocratie ivoirienne que Laurent Gbagbo s'emploie à défendre.
En écrivant que le droit, l'équité et la communauté internationale désapprouvent la cause de Laurent Gbagbo, vous ne parlez que pour vous-même.
Le droit est du côté de Gbagbo, puisque le Conseil constitutionnel ivoirien lui a donné raison.
L'équité joue aussi pour Gbabgo puisque c'est lui le défenseur de l'intérêt national ivoirien, Ouattara n'étant que le candidat des étrangers, c'est-à-dire des non-Ivoiriens.
Vous parlez d'une communauté internationale imaginaire, alors que c'est Sarkozy seul qui parle contre Laurent Gbagbo. Zuma, Obama, Lula, Merkel et Cameron ne se sont jamais exprimés. Pourquoi tenez-vous à les rattacher à Sarkozy?
Vous ne savez rien de la Côte d'Ivoire. Votre source unique d'information, ce sont les chaînes et les journaux occidentaux dont l'animosité à l'égard de la personne de Gbagbo est notoire.
Les Français de Côte d'Ivoire sont plus intelligents que les Français d'ici, manipulés depuis le début de cette crise.
Les choses en Côte d'Ivoire sont bien plus complexes que vous ne l'imaginez.
Je vous invite donc, Monsieur l'Avocat général, à chercher à vous en informer par vous-même, et pas en vous fiant aux mensonges distillés par ces journalistes pourris incapables de dire autre chose que ce qu'on leur demande de dire à longueur de journée.
Bonne année 2011
Rédigé par : LABOCA | 01 janvier 2011 à 00:19
Quelle bonne idée que de nous offrir un petit duo de crabe et d'avocat sauce mayonnaise en prélude à ce réveillon de nouvel an 2011!
Mais trêve de plaisanteries, davantage que JJG ou Que choisir, votre proposition de réflexion relative aux rapports qu'entretient la défense avec la morale m'agrée assez, mais pourquoi seulement la défense? Je me proposerais bien d'élargir le débat à la question de la véritable place d'une morale et laquelle dans la tenue d'un procès du point de vue de l'imaginaire de la citoyenne lambda si je ne craignais le hors sujet, or j'ai pris de bonnes résolutions pour 2011, et vais-je pouvoir la traiter avant le douzième coup de minuit qui me verra redevenir sage citrouille?? La question est d'importance et mérite réflexion. En attendant,
BONNE ANNEE 2011 à tout le monde
Rédigé par : Catherine JACOB | 31 décembre 2010 à 20:54
"L'avocat estimable participe sincèrement à l'établissement de la vérité."
Jiel
Combien sont-ils, je veux dire, ceux-là ?
"Les autres ne sont que des complices vêtus de noir et qui gênent le bon fonctionnement de la société."
Jiel
Oui, la majorité est là.
Me revient la conclusion de l'affaire Treiber, que je ne vous rappellerai pas tant elle est encore récente et marqua les esprits. Dupon(t)d Moretti - il est t'y mort, je dirais même plus, il est mort-est-y - bétonna l'illustration de votre assertion première, au point de laisser son client seul dans l'impasse qu'il s'était lui-même construite. L'accoucher d'un propre et clarifiant "vos propos, vos allégations sont risibles d'incohérence et d'infondé, si c'est moi votre défenseur qui vous le dis comme le pense, songez à ce qu'en penseront procureur et parties civiles..." aurait peut-être permis à cet homme de se libérer de la faute trop lourde qu'avait très probablement commise, comme aux familles de savoir enfin le revers de l'atroce vérité et d'en vivre un peu mieux après, débarrassées des fantasmes morbides que ces zones sombres les laissent forcément imaginer, là où un récit même ô combien pénible ferme la porte des tourments en nommant le mal de mots banals, là où une simple chronologie réarrimée au temps partagé cloue la damnation au réel, permet aux proches d'accompagner au moins par la pensée les derniers instants des victimes, de donner une fin rationnelle à leurs tourments. De se dire que ce n'a été que cela, quelque atroce que ce fût.
Bref, encore "un ténor" - comme me l'écrivit PB agacé par ma raillerie à l'encontre "d'un adversaire" qu'il estime - qui illustra en quoi, le métier avocat est souvent un très sale boulot, production de saletés qu'ils ne semblent pas souvent faire contre eux-mêmes, chose bien répugnante à considérer.
Quant aux deux duettistes de Cocody, je me demande combien leur a rapporté cette sortie presque Jarryenne.
Dumas est un rien gâteux, on lui pardonne ; quant à l'énigmatique et passionnant quoique peu ragoûtant Vergès, il est l'éternel assassin de l'indifférence qu'on pourrait lui porter.
AO
Rédigé par : oursivi | 31 décembre 2010 à 19:00
Monsieur l'avocat général,
S'il est une noblesse inhérente à la tâche de tout avocat, quel qu'il soit, c'est bien celle qui s'attache au droit imprescriptible de tout accusé à être défendu devant un tribunal.
Une question qui se pose en la circonstance est, me semble-t-il, la suivante : devant quel tribunal M. Gbagbo est-il appelé à comparaître, pour y répondre de quelle accusation ?
Que diable vont faire MM. Dumas et Vergès dans cette galère ?
Rédigé par : Christian C | 31 décembre 2010 à 18:43
Le baroud d'honneur d'une flamme vacillante !
Rédigé par : Jabiru | 31 décembre 2010 à 18:22
L'avocat estimable participe sincèrement à l'établissement de la vérité. Les autres ne sont que des complices vêtus de noir et qui gênent le bon fonctionnement de la société. Les deux bouffons séniles qui se sont discrédités chez Gbagbo n'ont qu'un mérite: mettre la gauche, déjà morveuse sur ce coup-là, dans un grand embarras.
Rédigé par : Jiel | 31 décembre 2010 à 17:49