On parle beaucoup des provocateurs ces derniers jours. Le « Dictionnaire des provocateurs » de Thierry Ardisson (qui a même eu droit à un entretien avec Josyane Savigneau dans Le Monde) les a mis sur le devant de la scène médiatique. L’actualité politique a également offert quelques exemples de ce qu’il est convenu d’appeler provocations.
Mais, précisément, qu’est-ce qu’une provocation véritable et qui peut se dire réellement provocateur ?
A mon sens, et cela ressort bien de l’interview de Thierry Ardisson, rien n’est pire que de mêler dans un immense fourre-tout - même s’il est qualifié de « dictionnaire » -, des personnalités différentes aussi bien par leur nature que par leur profil intellectuel, si bien que les rassembler constitue déjà une provocation. Par exemple, faire coexister Simone de Beauvoir, Serge Gainsbourg, Jésus, Joey Starr et Thierry Meyssan est absurde parce que ces êtres, ces histoires n’ont rien de commun et que leur aptitude à choquer ou à troubler, à indigner ou à séduire n’est pas analysée.
La provocation, au sens où je l’entends, ne se rapporte pas à des gestes fous ou surprenants, à des opinions tellement décalées, si volontairement ineptes qu’ils ne révèlent que l’appétence de ceux qui les ont accomplis ou proférées pour une singularité superficielle qui n’entraîne qu’une adhésion vulgaire. Il y a, dans ces mouvements scandaleux ou paradoxaux qu’un sens pervers de la modernité suscite, une volonté forcenée de se faire remarquer. L’idée n’est pas formulée parce qu’elle semble juste, quoique peut-être minoritaire, mais à cause de l’espérance délétère que son expression fera de vous quelqu’un sur qui, le temps d’une brève actualité, le regard public se posera avec stupéfaction, mépris ou complaisance. En tout cas, un semblant d’existence vous sera concédé et c’est déjà beaucoup pour certains esprits faibles.
L’authentique provocateur ne cherche pas à provoquer, il provoque parce que, naturellement, son propos s’inscrit dans un espace que la multitude ne fréquente pas et, de ce fait, se trouve à contre-courant. Ce qui le distingue du provocateur bête, c’est que la provocation résulte de ce qu’il a pensé et dit et qu’elle ne se trouve pas à la source comme un désir maladif. Elle vient comme une conséquence possible, non comme une cause automatique. Ce qui explique que dans le premier cas on rencontre peu de provocateurs sans intérêt alors que pour le second ils foisonnent. Quand Robert Ménard, pour moi le plus remarquable provocateur parce que d’une extrême rectitude d’esprit et d’une honnêteté sans faille, glisse, au sujet d’affaires terribles, qu’il n’aurait pas été hostile à la peine de mort, il n’est pas mû par une quelconque vanité, l’envie de placer son personnage en pleine lumière mais par le souci d’exprimer ce qu’il estime nécessaire à ce moment et sur ce sujet. Peu lui importe alors que la tonalité générale lui soit hostile puisque son rapport à la vérité, de soi à soi en quelque sorte, compte plus que les diverses réactions extérieures.
Pourquoi la provocation s’affiche-t-elle presque inéluctablement dans l’extrémisme ? Parce que la liberté d’expression, dès lors qu’on attache le plus haut prix à ce principe démocratique en acceptant qu’il bénéficie aussi à ses ennemis et qu’il ne soit pas seulement réservé aux sujets paisibles à l’exception de tous les autres, entraîne inéluctablement vers un extrémisme de la pensée. Comme si la liberté de la parole - l’écrit peut davantage être maîtrisé - portait en elle-même le pire et le meilleur, le poison et son remède, en tout cas une incandescence et un évident maximalisme qui rendent indulgent à l’égard de la langue de bois des politiques classiques. Si ceux-ci font preuve le plus souvent de modération et de retenue, avec un ennui certain comme conséquence fréquente, c’est sans doute parce qu’ils ont perçu depuis longtemps les risques d’une liberté d’expression qui, dans le camp large des bienséants, les ostraciserait. J’ai le droit de continuer à rêver d’une liberté d’expression qui se mettrait au service du « juste milieu » et de discours équilibrés sans être insipides mais je crains que l’alternative nous ballotte toujours entre le provocant libre ou le conforme maîtrisé.
Une autre raison fondamentale fait qu’aujourd’hui les provocateurs se situent quasi exclusivement - en tout cas selon leurs adversaires qui dégainent vite les qualificatifs de fasciste, de populiste, de raciste, d’antisémite, etc. - dans cette zone encore permise par la République, que d’aucuns jugent toujours trop magnanime à l’égard de ces trublions. Eric Zemmour l’a lumineusement exposé en échangeant avec Audrey Pulvar dans l’émission de Laurent Ruquier (Audrey Pulvar dont je viens d’apprendre qu’elle va devoir céder sa place sur France Inter à Pascale Clark dont je supporte mal le ton, le gauchisme ricaneur et la désinvolture affectée…). Eric Zemmour, sans être contredit de manière convaincante, a montré à quel point le climat intellectuel dominant était de « gauche » en dépit d’affichages politiques apparemment divers. Ainsi, il faut être en faveur des sans-papiers, contre la police et Brice Hortefeux, pour la mondialisation, pour l’homosexualité, en faveur de toutes les minorités, pour l’exception contre la règle, contre Marine Le Pen, contre Nicolas Sarkozy, pour des humoristes qui n’en sont pas, adorer tout de même Carla Bruni, se prosterner devant les pires manifestations de l’Islam, jurer que le communisme est un beau rêve, se moquer du pape et ne pas trop respecter sa patrie… A partir de ce corpus dont l’inventaire, même s’il est hétéroclite, me semble assez bien refléter l’ambiance des poncifs d’aujourd’hui, il est manifeste que ce qui s’oppose à ce catéchisme impérieux qui fait la loi ne se trouve que dans la frange réactionnaire, sulfureuse, notamment d’extrême droite. C’est cette mouvance dont il convient de protéger le droit à l’expression s’il se tient dans les limites légales, sauf à rêver d’une démocratie qui ferait place nette pour n’autoriser l’existence qu’à ceux qu’elle agréerait. Parfois on se prend à songer que le discours classique est impuissant à conjurer cette puissance qui n’a pour ambition que d’exploiter le réel quand d’autres l’occultent. Ne savoir opposer à Marine Le Pen que le reproche d’être haineuse est un terrible aveu de faiblesse. La morale, devenue supplétive, perd tout crédit.
Cette défense républicaine de la parole d’autrui, force est de reconnaître que je ne serais pas gêné, au contraire, de l’user pour l’autre extrême mais étrangement, à part quelques émotions suscitées par Alain Badiou, Edgar Morin ou Jean-Luc Mélenchon, je n’ai jamais dû, avec d’autres, m’employer au bénéfice de ces personnalités qui profitent, tous comptes faits, de l’atmosphère complice d’aujourd’hui.
Les vrais provocateurs sont rares. Parce que penser librement ne vous conduit pas nécessairement à la vérité. Parce que le troupeau qui vous tient chaud, dans lequel on a l’approbation de tous et de BHL, est rassurant. Qu’on préfère avoir tort avec la majorité que peut-être raison tout seul. Parce qu’il faut du courage. Parce qu’il est doux d’avoir l’esprit et l’échine souples.
Au nom de quoi irait-on éveiller ou réveiller les citoyens ?
Bonsoir le monde,
Un drôle de site a repris ce billet d'une drôle de manière et dans un drôle de but, tout à l'heure :
http://unpetitcoucou.over-blog.com/article-le-penseur-libre-une-espece-a-proteger-63932391.html
Bonne lecture.
Rédigé par : Cyprien Luraghi | 29 décembre 2010 à 23:08
"...à contre-courant..." "Parce que penser librement ne vous conduit pas nécessairement à la vérité."
Eh bien, je viens de tomber sur celui-ci :
http://gbagbo.ci/gbagbo_article.asp?article=2375.html
Contre le courant !!! Il a sûrement le droit de penser et d'avoir une opinion différente. Mais se manifester de cette façon, je ne pense pas que ça peut conduire à quelque chose de bien.
Ce n'est pas un provocateur !
Rédigé par : jmarcio | 29 décembre 2010 à 21:38
Cher Philippe Bilger,
Je tiens à vous indiquer que nous avons repris des passages de votre excellent papier dans un article que nous venons de publier : http://www.enquete-debat.fr/archives/le-dernier-livre-dardisson-est-un-flop-malgre-une-enorme-couverture-mediatique
Excellentes fêtes à tous !
Rédigé par : Jean Robin | 27 décembre 2010 à 13:10
Je ne suis pas d'accord.
Reprocher seulement à Brice Hortefeux l'opportunité politique de son soutien aux agissements des policiers incriminés est absurde.
Toute prise de parole d'un responsable politique, quel qu'il soit, est TOUJOURS prononcée avec l'objectif d'en retirer un gain politique et clientéliste.
Comme je vous l'ai dit, ça m'est complètement égal que M. Hortefeux critique une décision de justice.
Ce qui est parfaitement inadmissible de la part de l'exécutif est le fait de considérer que falsifier des procès-verbaux de police soit un acte somme toute sans portée véritable, qui ne devrait entraîner que des conséquences très mineures et totalement insignifiantes pour les policiers reconnus coupables de tels agissements.
Quand M. Hortefeux déclare que le jugement de Bobigny est disproportionné, il ne dit rien de moins que cela.
Pourquoi acceptez-vous chez Brice Hortefeux ce que vous fustigez chez Thierry Ardisson, à savoir une vraie disposition pour la provocation à deux balles ?
De toute évidence il s'agit d'une même catégorie de "provocateurs". Je pense à ce genre de provocations :
"...des gestes fous ou surprenants, des opinions tellement décalées, si volontairement ineptes qu’ils ne révèlent que l’appétence de ceux qui les ont accomplis ou proférées pour une singularité superficielle qui n’entraîne qu’une adhésion vulgaire. "
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 décembre 2010 à 11:40
Ce droit à la provocation vous l'avez pourtant refusé à un contemporain qui a fait exploser les lignes, j'ai nommé Dieudonné. Nous avions eu un échange à ce sujet.
Rédigé par : ceriselibertaire | 27 décembre 2010 à 09:45
"Ainsi, il faut être en faveur des sans-papiers, contre la police et Brice Hortefeux, pour la mondialisation, pour l’homosexualité, en faveur de toutes les minorités, pour l’exception contre la règle, contre Marine Le Pen, contre Nicolas Sarkozy..."
Votre description de ce qui reviendrait à "être de gauche" est totalement caricaturale. Sans vouloir stupidement provoquer, mais on dirait presque du Sylvain.
En ce qui concerne la police et M. Hortefeux.
C'est tout de même un monde de suggérer comme le faites, qu'accabler M. Hortefeux quand il prétend, à l'instar du Parquet de Bobigny, que des falsifications de procès- verbaux avec les conséquences que cela implique, soient une seconde tolérables de la part de policiers !
Si dans votre esprit, le ministre de l'Intérieur a eu raison de fustiger le jugement de Bobigny, alors à votre tour vous faites dans l'idéologie à deux balles, et vous n'êtes ni juste, ni équitable.
Au regard de ce qui était jugé à Bobigny, je n'imagine pas un seul avocat général justifier et valider la mansuétude du ministre de l'Intérieur - et du Parquet qui était sa voix, faisant preuve dans cette affaire d'une complaisance proprement hallucinante vis-à-vis de l'exécutif.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 décembre 2010 à 09:23
La pensée unique de l'Union des Moutons de Panurge !
Quand nous vivons dans une société dont les politiques au pouvoir et les capitaines d'industrie contrôlent en monopolisant tous les médias audiovisuels et les quotidiens nationaux vous ne pourrez que constater les dégâts ! Ils se font leur cinéma d'une chaîne à l'autre et leur promotion en ne véhiculant que leur suffisance et de parler d'eux et de faire parler n'a aucun intérêt républicain quand bien même ils prennent un grand soin à inviter souvent les politiques de leurs choix ou par obligation ceux de l'opposition ou très rarement les sdf... Le microcosme audiovisuel et la presse parisienne s'en charge...
A nous faire croire que leur nombrilisme parisien serait le centre des lumières culturelles de BHL, d'Ardisson, et de tous autres provocateurs, pire encore des humoristes ... !
Vous aurez beau vous insurgez, réagir, vous ne serez pas même publié à la une de ceux-ci ! Et quand le monde politico-financier est mêlé aux affaires d'Etat et qu'un journaliste un peu trop curieux en publie quelques bribes, les services aux ordres ont tôt fait de voler leur outil de travail ou qu'un juge avance son nez dans la puanteur du pouvoir il sera dessaisi, muté au bagne à Cayenne et on lui opposera une fin de non-recevoir étatique !
Par ailleurs la majorité de nos concitoyens qui ont encore une conscience indépendante de libre pensée se désintéressent de leurs quotidiens et de leurs programmes de télévision et de leur justice aux ordres. l'indépendance de la justice n'est plus qu'un leurre et la majorité n'ont plus aucune confiance en elle. D'en parler en l'infantilisant; confortant la conversation des écoliers sous le préau à la récréation; ça l'était il y a trente ans ! Ce n'est plus même le cas aujourd'hui: les préoccupations sont ailleurs et la mode est aux nouveaux supports multimédias; jeux, films ou Twitter et Facebook !
Mais le plus grave, celle qui tue, qui provoque des suicides, c'est la finance, le président Trichet continue de dérouler les dogmes de la pensée unique comme si la crise n'avait jamais eu lieu. Les réformes financières ? Le G20 avance, sans en faire plus ! La réforme du pacte de stabilité et de croissance ? La Commission ne va pas assez loin ? Il faudrait des sanctions et confier la politique budgétaire à des sages, élus aux suffrages direct des européens ??? Je crois que vous attendrez encore longtemps avant que de sanctionner nos banquiers !!! De Gaulle et Mitterrand l'avaient bien compris en nationalisant les banques...
L'Espagne et l'Irlande sont les bons élèves de l'Europe en matière de déficit et de dette publics. Si leur modèle implose aujourd'hui, ce n'est pas à cause de leurs déficits publics, mais bien à cause de l'explosion de la dette privée bancaire, liée à la bulle immobilière (subprime US) qui plombe les comptes des ménages à qui l'on impose les licenciements, la rue en devenant sdf et pour les plus chanceux, les baisses de salaires et l'augmentation des prix à la consommation . Notre Seigneurie qui préconisait dans son programme l'accession à la propriété pour tous !!! Mais de la dette privée, pas un mot ? Pas un mot sur l'inflation du prix des actifs qui tranche particulièrement avec la maîtrise des prix à la consommation, à mettre à l'actif de Trichet et de la politique désastreuse de Notre Seigneurie: Ah Lagarde est la meilleure pour emprunter et rembourser ? Qui est le meilleur provocateur; NS, Trichet ou Ardisson et les humoristes ?
"Les réformes structurelles restent à faire même dans les pays qui affichent de bons résultats aujourd'hui", affirme Trichet.
Comprenez: la flexibilisation du marché du travail, partout. De déduire que la crise financière est à l'origine de la dérégulation des marchés financiers et qu'il faut flexibiliser le marché du travail pour sortir de la crise m'est totalement hermétique. Il serait d'une absolue nécessité de fédérer les modèles macroéconomiques européens, ce qui implique à la fois d'augmenter la demande de production donc d'importer moins, d'augmenter les salaires, en Allemagne et en France (smic à 1500 euros au 1er janvier) et la productivité du travail en Grèce. Trichet veut transformer tous les pays de la zone euro en pays excédentaires. Un exercice par nature inconciliable. S'il y a bien une chose que je peux déduire de la crise actuelle, c'est que ni les PME, ni les salariés, ni les fonctionnaires, ni les chômeurs n'en sont responsables. Mais ce sont la majorité de nos concitoyens qui la subisse. Il m'est particulièrement inquiétant de constater que le 1er janvier, Trichet deviendra le président du nouveau Conseil Européen du Risque Systémique, chargé bien précisément de surveiller les bulles sur les marchés d'actifs. Son successeur, Weber à la BCE est encore pire dans sa pensée unique...
Je constate déjà que la bulle immobilière est repartie à la hausse; grâce soit rendue à nos banquiers qui continuent leurs spéculations sans sanctions... Poussé par le pouvoir politique de l'Union des Moutons de Panurge qui le maintient par la non construction d'un million de logements et la destruction de 600000 emplois industriels en maintenant artificielement les bas salaires... La loi SRU bafouée, détournée, au profit de qui ?
Je pourrais également développer les arguments de la pensée unique pour la Science et la Recherche mais d'autres camarades du CNRS s'en chargent et que je soutiens fortement. Car penser librement conduit sa curiosité à une vérité vérifiée, calculée, démontrée et mise en équation de la Science contrairement à ce que vous affirmez. J'ai déjà exprimé ma réprobation en vous affirmant que la criminologie n'est pas une science....Ou intéressez-vous au courant de pensée unique sur la climatologie future ...
Vous voyez la belle image de l'Union des Moutons de Panurge : celle d'un chien qui tente de se mordre la queue !!!
Parlons du bilan de la gauche de Jospin s'illustrant dans la conciliation parfois à son détriment éthique et politique en une ligne: le CAC 40 à plus de 7000 points, un million d'emplois créés, un déficit public maintenu en dessous de 3% en cinq ans, augmentation des moyens de notre police et gendarmerie etc. Votre inventaire hétéroclite de la Gauche me laisse donc perplexe. Je peux simplement vous affirmer que devant ce catéchisme impérieux vous êtes dans l'erreur grave de jugement pour la France. Cette caractéristique du microcosme audiovisuel parisien, comme l'a souligné Zemmour est typique d'une "gauche" élitiste parisianiste bourgeoise s'octroyant la morale mortelle de Saint Just ou Robespierre et non pas le reflet majoritaire des poncifs élus responsables régionaux de la gauche socialiste que vous affirmez ! Personne n'est contre la reconduite aux frontières des sans papiers, des Roms etc...D'ailleurs Marx considérait la morale comme un oripeau bourgeois. Ou Christophe Prochasson, plus récemment, fournit la démonstration que la gauche prétendant détenir la morale est complètement abusif (La gauche est-elle morale ?). La Loi rien que la Loi à appliquée, sans renfort des médias télévisuels aux ordres du pouvoir; cela vous éclaire-t-il dans ces faits divers....
Vous pouvez toujours parler de bilan... encore faudrait-il avoir un bilan ? Ah oui et quel bilan la dette publique astronomique,... Loppsi2 !!! L'internet français au même niveau que la Chine; bravo continuez à légiférer avec la moitié des textes inapplicables au gré des faits divers !!!...
Continuez sur ce terrain-là et interrogez-vous encore sur la montée du national populisme en Europe ? Sans regarder la poutre que vous vous êtes enfilée et qui vous crève les yeux! Hélas, il arrivera ce jour. Et vous en porterez la responsabilité. Cet Etat actuel se nomme une République bananière et ce n'est pas le monde que je souhaite pour mes enfants ni mes petits-enfants car j'ai risqué ma vie pour notre liberté de pensée.
Rédigé par : On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus | 26 décembre 2010 à 23:16
Il est évident que notre pays a un gros problème avec la liberté d'expression, d'un côté des comiques pas comiques en abusent sous couvert d'humour, de l'autre l'ostracisme de toute pensée non labellisée.
Et le pire est que notre pays se voudrait donneur de leçon sur tous les beaux principes...
Le second amendement aux USA est par exemple certainement bien plus vecteur de liberté que notre liberté d'expression en France.
Personnellement je suis pour la liberté totale d'expression, si celui-ci veut prêcher les bienfaits du nazisme qu'il le fasse, prêcher telle ou telle parole raciste grand bien lui fasse. Car ces idées prolifèrent non pas quand elles sont exposées et identifiées mais sur le terreau de la bien-pensance.
Il suffit d'observer la majorité des médias qui nous offrent le même prêt-à-penser à longueur d'année tout en étant capable de passer de l'encensement au lynchage et ceci dans un même mouvement de troupeau.
Nous avons en France un journalisme d'opinion qui fait que pour le quidam que je suis, il est devenu difficile d'obtenir les faits, simplement les faits sans passage au moulin idéologique suivi d'aseptisation.
Rédigé par : Josette | 26 décembre 2010 à 19:22
Oups ! Je viens de me rendre compte que j’ai confondu Karl Lagerfeld avec Arno Klarsfeld.
Je me disais bien aussi que cette façon de s'exprimer ne collait pas avec le ténébreux Arno qui utilise des termes plus choisis.
Rédigé par : Achille | 26 décembre 2010 à 15:01
Monsieur Philippe Bilger,
Es-blogueur associé de Marianne2 et vu l'article http://www.marianne2.fr/Julien-Bayou-elu-ecolo-juriste-en-herbe_a201036.html:
je serais intéressé de lire un billet sur ce sujet en rapport avec ton article sur les "vrais provocateurs" et pense ne pas être le seul que ça intéressait, d'autant plus que les internautes ont tout de suite tilté sur la grosse ficelle de l'auteur de l'article "à charge" - Monsieur Tefy Andriamanana -, résumé par le commentaire 25:
"Ne rien faire, alors, voilà la proposition faite par de nombreux journalistes qui s’indignent à grands titres, mais s’aplatissent en s’excusant aussitôt."
Avec Honneur
Le président de « la Polynésie française », des françaises et de français,
René, Georges, HOFFER
[email protected]
rollstahiti - at - gmail.com
tél 77 71 70
http://www.myspace.com/renehofferprdelapfsic
skype: renehoffer
Ecrou n° 3301P du 22 juin 2010 70 ans après la défaite de la IIIème république française le 22 juin 1940
(Merci de bien vouloir laisser mes coordonnées apparentes en cas de publication.)
Rédigé par : Le président de "la Polynésie française", des françaises et des français René, Georges, HOFFER | 26 décembre 2010 à 10:36
Bonsoir Monsieur Bilger,
Dieu que j'ai appris à vous lire pour cette première année de fréquentation de votre blog.
Avec l'infini plaisir (à 59 ans) de me forger encore des idées grâce à vous.
Effectivement vous terminez mon année d'apprentissage par un feu d'artifice : "les provocateurs". Et je ne peux qu’être d'accord avec ceux qui viennent d'écrire que vous en êtes un absolument remarquable !
Comment peut-on avoir votre liberté de ton, au poste aussi "sensible" qu'est le vôtre. C'est pour moi une énigme !
Continuez le plus longtemps possible, car sinon vous laisseriez dans la formation de mes idées un sacré grand vide. Et je ne vous le pardonnerais pas !!
Prochaine intervention personnelle, fin 2011, les autres intervenants de votre blog, que je commence à comprendre, me
dépassant d'une double tête.
Et encore mille mercis.
Patrick
Rédigé par : Patrick | 25 décembre 2010 à 19:47
JDA, oui oui mais n'oubliez pas, le stérile est !
tout est là !
fluctuat nec mergitur !
Sissi !
Rédigé par : Cactus | 25 décembre 2010 à 16:52
Bonjour Monsieur Bilger, des provocateurs il y en a beaucoup mais trop souvent stériles. Mais un provocateur qui m'oblige à voir plus loin que le bout de mon nez c'est plus rare. D'accord avec Ludovic pour vous classer dans cette catégorie.
Amicalement
Rédigé par : jean dominique alfonsi | 25 décembre 2010 à 13:33
En plus, ne soyons point chameau avec notre hôte, il bosse même le jour de la Noël : dommage qu'il ne soit point ministre : il serait déjà moins sinistre que les autres et nous moins sinistrés ! lançons un appel pour que monsieur Bilger se présente en 2012 : si tous les gens fidèles de ce blog votent pour lui il sera élu sans aucun problème ! (j'accepterais alors volontiers, au kazoo, un poste d'adjoint au ministère de l'humour, même un strapontin !
Rédigé par : Cactus | 25 décembre 2010 à 11:52
Il avait quatre-vingt-dix et des brouettes
c'était son dernier Noël, il m'avait
demandé de me mettre à l'harmonium - qu'il
avait chez lui - dans le couloir qui desservait toutes les pièces de sa maison de
maître, et après avoir garni sa cheminée
de bûches il me dit : allez petite donne-moi
le la ! Et de la voix d'un pur baryton
contemporain du général dont j'ignore les sentiments (encore aujourd'hui) à son égard,
il entonna : "minuit chrétien, c'est l'heure
solennelle où l'enfant dieu va venir parmi
nous ; pour effacer la tache originelle...
et de son père apaiser le courroux !
le monde entier trésaille d'espérance
en cette nuit qui nous donne un sauveur"...
Et si je relis bien ce premier paragraphe,
et que je le relie à "laissez venir à moi
les petits enfants", je comprends que le
père de l'homme c'est l'enfant et que son
espérance pourrait nous sauver...
Rédigé par : .calamity jane | 24 décembre 2010 à 22:49
Bonsoir M. Bilger et joyeux noël (que je ne fête pas) à tous
Il n'y a pas à chercher bien loin pour trouver un vrai provocateur, et de loin vous êtes mon préféré. Je suis un peu surpris qu'aucun commentateur n'ait relevé l'autoportrait dans votre présentation, fort juste au demeurant, du provocateur, car assurément vous l'êtes pour votre institution, pour les syndicats de la magistrature, pour le pouvoir et pour les intellectuels auto-proclamés à la BHL.
Vous prenez des risques à chaque billet ou presque et personne ne saurait dire que vous manquez d'audace.
Avant de vous connaître, je n'avais que mépris pour les gens se définissant comme réactionnaires, vous m'avez appris que l'on peut être à la fois réactionnaire et ouvert d'esprit, j'espère que vous n'êtes pas une exception du genre.
Toutefois, à votre contraire, je ne pense pas que la liberté d'expression puisse être totale comme c'est le cas aux Etats-Unis. En France, la liberté d'expression est encadrée par la Loi et c'est très bien ainsi. Il n'est pas permis d'insulter, de diffamer, de tenir des propos racistes, d'être antisémite, de se moquer des handicapés, d'être homophobe, ou de se revendiquer du nazisme. Au risque de paraître fade ou gauchiste, je suis attaché aux limites posées par la Loi.
Brice Hortefeux n'est pas mal non plus comme provocateur, puisque vous l'évoquez, et comme François Fillon, je trouve qu'il commence à devenir problématique. Un ministre de l'Intérieur, condamné par deux fois en première instance, pour propos racistes et pour diffamation, et qui prend la défense de policiers indignes en contestant une décision de justice a-t-il encore sa place dans le gouvernement de la République ? Et qu'on ne vienne pas dire qu'il est présumé innocent avant toute condamnation définitive en appel, alors que le même Hortefeux a invoqué en d'autres circonstances la présomption de culpabilité.
Rédigé par : Ludovic | 24 décembre 2010 à 22:39
Bob Ménard est-il un provocateur, ou tâche-t-il de défaire sa réputation de droit-de-l'hommiste, acquise lors de sa présidence de "R.S.F" ? Je ne connais pas le monsieur, mais quelqu'un ici pourrait peut-être m'éclairer ?
Et Sarkozy en 2007 ? provocateur... ou stratège appuyé sur des sondages d'opinions ne laissant aucun doute sur les thèmes porteurs de victoire ?
Sans doute y a-t-il une définition du provocateur déformée par nos sociétés hyper-médiatisées.
La mécanique quantique nous révèle que la vérité tient compte de l'observation. Les paroles de nos contempteurs médiatiques ne serait elles pas, elles-mêmes, à prendre pour nulles, car déformées par nos regards éberlués ?
Il serait peut-être intéressant de cacher des micros dans la salle à manger d'un, au hasard... Eric Zemmour ! Pas certain que du croustillant-amer en sorte !
Rédigé par : Herman | 24 décembre 2010 à 19:32
Merci à M.Philippe Bilger d'exposer avec concision ce que je pense d'Éric Zemmour.
Merci aussi à M.Philippe Bilger d'écrire un petit 'inventaire' lucide des figures imposées du patinage médiatique.
Rédigé par : stamina | 24 décembre 2010 à 18:33
Monsieur,
Je suis comme Monsieur Epaminondas, fort perplexe quand je vous lis. Non pas que j'apprécie du tout le sieur Ardisson, qui m'était déjà insupportable quand il ne sévissait qu'à la radio. Ce type de provocateur (qui se réclamait de la Droite, déjà, et à qui personne ne le reprochait) est dénué d'humour et vole bas en gobant, pour nous les faire ingérer, tous les vermisseaux, toutes les sauterelles boiteuses, toutes le chenilles du moment.
Votre inventaire de ce qui est, du moins l'affirmez-vous, de Gauche, me laisse inquiet, comme il intrigue votre commentateur qui fleure bon l'"héllénisme" à la mode, heureusement, ces derniers jours sur ce blog. Je suis incontestablement un homme de Gauche, et cela, depuis mon enfance, par l'apprentissage dû à mes origines familiales, renforcées par l'occupation allemande. Déjà l'une des vitrines de votre liste s'effondre : patriote, je l'étais et le suis resté. On ne combat pas, les armes à la main, l'ennemi qui souille le" sol sacré de la Patrie" sans avoir de sérieux motifs pour cela et à l'âge où, à présent, on se la "pète" dans les "boîtes".
Je suis contre Monsieur Sarkozy (je parle du Président. On pourrait confondre...) non pas parce qu'il est de Droite (est-il de quelque part ?), mais qu'il est "tel quel", car j'ai tenu en grande estime la figure de Monsieur Pompidou. Et, si j'ai combattu, par le moyen des urnes, monsieur Giscard d'Estaing et monsieur Chirac, c'était, certes, du fait de leurs idées politiques, mais sans jamais manquer au devoir d'estime que je leur portais. Je passe sur d'autres assertions qui ont un effet cumulatif à l'encontre des gens de Gauche. Et je pense que c'est cette accumulation qui a surpris, voire choqué, Monsieur Epaminondas aussi.
Il y avait, dans les chansonniers de la belle époque, quand les Français se distrayaient à une véritable école de bon ton sachant soulever des tempêtes de rires, des personnalités qui provoquaient ce rire, dans les rangs mêmes de spectateurs de Gauche, en "tapant" sur d'autres célébrités de la Gauche d'alors. J'ai relu, cet été, pour me distraire, les "Mémoires" de René Dorin. Il s'en prend beaucoup à la Gauche, mais en termes courtois. Il défend un point de vue patriote de Droite, à propos de la Guerre, et j'adhérais, lorsque je le lisais, à tout ce qu'il avait écrit. J'ai dans ma famille (j'ai eu, car il nous a quittés il y a peu) un édile d'une ville moyenne, qui a toujours milité à Gauche (il a même été Député). Je n'ai jamais connu un édile aussi soucieux de la tranquillité publique, mais qui avait sa manière, qu'il disait différente de celle d'un édile de Droite, pour aller au coeur des problèmes. Il est regretté par toute la population de Droite comme de Gauche. Patriote, il le fut avec passion. Il y a baptisé une rue Robespierre, mais aussi le plus grand rond-point de la ville du nom de Place du 18 juin 1940.
Je ne saurais être heureux dans une demi-France, ni, comme c'est actuellement le cas, dans une France où toutes les valeurs sont déniées aux autres. Ainsi défends-je le Pape lorsqu'il émet un texte qui me semble aller dans le bon sens. Et ne fais-je ni de lui, ni de ses homologues monothéistes des ennemis à abattre. Votre amalgame pour qualifier la pensée courante de Gauche est un peu sollicitée. Est-ce pour mieux vous attaquer aux pitres misérables comme Ardisson et d'autres ? Qui ne capitalisent que sur la haine, le mépris et la gaudriole bien lourde, en se faisant une "culture" avec ce qui en est l'antipode ?
Ceci étant, et à part ce chapitre qui a provoqué ma réaction, je suis d'accord avec le reste de votre billet et je vous sais gré d'avoir remis à sa place, très en dessous de la moyenne, qui se pense, sur nos ondes, le droit d'user de ce ton insupportable.
Ceci me rappelle, j'y ai assisté, l'épisode d'un tailleur près de la gare d'Austerlitz, qui poursuivit un client mécontent qui lui avait rappelé ses origines niçoises, en hurlant : "Je suis un Germain, Monsieur ! Germain, vous m'entendez !...". Le ridicule parviendra-t-il à détruire ces sortes de pauvres types ?
Tout petits sont-ils ces gens-là...
Rédigé par : Jean Reffait | 24 décembre 2010 à 18:32
Oyeux Oël, monsieur Bilger et à toute votre sarabande, j'ai perdu deux lettres, c'est la crise, me suis fait pirater ma CB hier !
Je réalise juste "justice au singulier" ça fait Zorro, non ? z'êtes notre justicier à qui on peut se fier ! amitiés à votre Dame, j'ai failli dire Colombo, faut que j'arrête de surveiller mon vieux poste télé en noirs sur blancs (en plus je fais raciste de nos jours où tout est mépris au faut pas de la lettre envoyée !)
Ardisson rime avec..... non, je vais m'arrêter avant : continuez à nous enchanter, monsieur Bilger ; merci de défendre notre si belle langue !
Sissi !
Rédigé par : Cactus | 24 décembre 2010 à 17:04
Merci à Jeanne d’exposer avec concision ce que je pense d’Eric Zemmour.
Quant à votre inventaire, monsieur Bilger, je ne sais qu’en penser. Résulte-t-il d’un accès de fatigue ?
« Ainsi, il faut être en faveur des sans-papiers, b la police et Brice Hortefeux, pour la mondialisation, pour l’homosexualité, en faveur de toutes les minorités, pour l’exception contre la règle, contre Marine Le Pen, contre Nicolas Sarkozy, pour des humoristes qui n’en sont pas, adorer tout de même Carla Bruni, se prosterner devant les pires manifestations de l’Islam, jurer que le communisme est un beau rêve, se moquer du pape et ne pas trop respecter sa patrie… »
On croit retrouver une mauvaise réclame pour on ne sait quelle lessive : la saleté est contre, le linge est pour.
Rédigé par : Epaminondas | 24 décembre 2010 à 15:36
Je vous remercie d'avoir provoqué une série de commentaires de qualité.
Pour ma part je relèverai simplement qu'on peut avoir des idées "de gauche" sans être "gauchi" et que l'on voit maintes gens "de droite" qui ont oublié d'être "droits".
Dieu merci il reste beaucoup de gens fidèles à ce que leurs opinions appellent comme comportement.
A tous un joyeux NOEL.
Rédigé par : mike | 24 décembre 2010 à 11:21
@Catherine JACOB
« Ha, ha, ha, ha, ha!
C'est tout pour l'instant que cette réaction spontanée passée par un fou-rire irrépressible. »
Une telle concision de votre part pour être spontanée n’en est pas moins étonnante.
Serait-ce une de vos résolutions pour l’année 2011 ? Entre nous j'en doute...
Bonne fête de fin d’année.
Rédigé par : Achille | 24 décembre 2010 à 10:02
Merci, Philippe Bilger, pour ce beau plaidoyer en faveur de la vraie liberté de penser.
Oui, la "provocation" dans les médias populaires n'est le plus souvent qu'un exercice convenu, mené par des "provocateurs" de profession, entre initiés d'accord sur l'essentiel (il y a deux jours, je bouillais en écoutant les fadaises de Marc Jolivet, un modèle du genre...).
Elle est aux antipodes de cette authentique liberté d'aller contre le vent dominant non par principe, pour la beauté et la gloire de l'effort de naviguer vent debout, mais lorsqu'après beaucoup de lectures, de réflexion, de discussions, on se forge une opinion qui ne va pas dans le sens général.
Céline a bien parlé de ces chiennes de traîneau que l'on bat parce qu'elles hurlent apparemment sans raison et dont on s'aperçoit, mais trop tard, qu'elles annonçaient désespérément la faille dans laquelle va s'engouffrer la caravane.
Il y a dans ce consensus que vous épinglez quelque chose d'enveloppant, de déprimant et d'irritant à la fois pour les esprits réellement libres.
Mais au-delà de l'irritation somme toute bénigne qu'on peut en concevoir, il existe un risque bien plus menaçant : on devient sourd aux voix discordantes et aux dangers qu'elles annoncent.
Je trouve que vous faites bien de l'honneur à M. Ardisson, mais c'est un fait qu'il est assez emblématique.
Pour ma part, lui et ses semblables qui pullulent dans tous les médias, je les compterais au nombre des sectateurs de ce vice que dénonce Dom Juan :
"L'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour des vertus".
Rédigé par : Frank THOMAS | 24 décembre 2010 à 09:55
Cher Philippe Bilger,
Ecrire qu’Eric Zemmour « a lumineusement exposé » (quoi, d’ailleurs ? Votre texte est à ce propos assez confus : de quels trublions est-il question ?) constitue en soi une provocation, tant la « pensée » de cet homme est embrouillée, impénétrable et sans corps. Réactionnaire, au mieux.
Sur quoi s’appuie votre conviction apparente que, selon une idéologie dominante, forcément « de gauche », « il faut être en faveur des sans-papiers, contre la police et Brice Hortefeux, pour la mondialisation, pour l’homosexualité, en faveur de toutes les minorités, pour l’exception contre la règle, contre Marine Le Pen, contre Nicolas Sarkozy, pour des humoristes qui n’en sont pas, adorer tout de même Carla Bruni, se prosterner devant les pires manifestations de l’Islam, jurer que le communisme est un beau rêve et ne pas trop respecter sa patrie… » ? Mystère. Dans quel tiroir me classerez-vous si je vous fais l’aveu que mes « pour » et mes « contre » ne s’accordent pas à cette supposée conformité ?
Votre énumération me paraît aussi simpliste que la prétendue « rectitude d’esprit » de Robert Ménard, dont le plaidoyer pour le retour de la peine de mort témoignerait plutôt d’un défaut d’esprit ; l’« honnêteté sans faille » n’est pas exclusive d’un minimum de réflexion.
Le costume que vous endossez au fil de votre billet ne sied décidément pas, cher Philippe Bilger, à votre style habituellement plus fin, plus analytique, pour tout dire plus convaincant. Vous avez sans doute voulu provoquer, ce en quoi vous avez réussi, sans rien démontrer.
A cette provocation, je préfère l’indignation de Stéphane Hessel. Ah, je sens déjà déferler les commentaires relevant ma « conformité », forcément « de gauche ».
Rédigé par : Christian C | 24 décembre 2010 à 09:54
Bonjour Philippe Bilger,
« L’authentique provocateur ne cherche pas à provoquer, il provoque parce que, naturellement, son propos s’inscrit dans un espace que la multitude ne fréquente pas et, de ce fait, se trouve à contre-courant.
Ce qui le distingue du provocateur bête, c’est que la provocation résulte de ce qu’il a pensé et dit et qu’elle ne se trouve pas à la source comme un désir maladif. Elle vient comme une conséquence possible, non comme une cause automatique. »
Il est vrai que la provocation aujourd’hui est devenue un fonds de commerce. Il y a un marché pour ça et un retour sur investissement : l’audimat pour les professionnels des médias, les électeurs pour les politiques.
Le jeu préféré de nos provocateurs consiste généralement à rechercher la moindre petite phrase pas très bien formulée, à débusquer le petit lapsus malheureux. Ensuite ils les décortiquent comme une crevette pour en tirer tout son suc.
Souvent cela est succulent, parfois beaucoup moins.
Les humoristes ont l’avantage de pouvoir se cacher derrière leur profession pour parfois user d’une causticité qui confine à la méchanceté. Certains d’entre eux en font cependant les frais, notamment à France Inter où l’humour est devenu strictement règlementé car Philippe Val a reçu des consignes dans ce sens.
Mais bêtes ou subtils les provocateurs ont leur public. Ceux qui sont adorés par les uns sont cordialement détestés par les autres. Moi, par exemple, Ardisson je n’accroche pas. Mais chacun ses goûts.
Rédigé par : Achille | 24 décembre 2010 à 09:31
Et Beethoven disait : "J'aime mieux avoir raison tout seul que tort avec dix mille"...
Rédigé par : Christine M. | 24 décembre 2010 à 09:07
"qu’on préfère avoir tort avec la majorité que peut-être raison tout seul".
Pourrait-on alors dire que Raymond Aron était un provocateur et JP Sartre un membre du troupeau ?
Ca me va !
Rédigé par : polo | 24 décembre 2010 à 08:49
Quoi ! hein Monsieur Bilger vous ne croyez
pas et vous allez fêter Noël ? Provoc ou
"choc" comme @ Pierre-Antoine en donne
la bonne définition.
La définition de provoquer serait appeler
dehors, ce qui pourrait signifier que la
provocation est un appel à regarder au-delà
de soi... Ce qui n'aurait plus grand-chose
à voir avec le fait de se les gratter et/ou
brûler un billet de banque. Nous parlons
bien d'une vue télévisuelle de la provocation !
Rédigé par : calamity jane | 24 décembre 2010 à 08:07
Pour moi, un provocateur n'est pas tellement quelqu'un dont les réponses choquent.
C'est plutôt celui qui se pose les questions que les autres ne se posent même plus.
Par exemple, la France cesserait-elle d'être la France si on détruisait tout le système social d'après-guerre ?
Les gens étaient-ils plus mal soignés avant (pour l'époque) ? Et leur retraite ?
Si les garçons étaient de nouveau payés au pourboire, seraient-ils aussi lents et peu amènes ?
Si les indemnités chômage étaient coupées au bout de quelques mois, les gens seraient-ils beaucoup plus malheureux ou, au contraire, rebondiraient-ils plus vite ?
Quant aux banques et aux assurances, pourquoi seraient-elles privées quand toutes se ré-assurent auprès de l'État... Et l'Énergie ?
Et le droit à l'avortement, est-il correctement encadré quand on en constate 250000 par an ? Ou la contraception correctement abordée ?
Bref, beaucoup d'évidences s'effondrent quand on vit dans des pays étrangers et mériteraient d'être revisitées en France. Sans prétendre avoir une réponse, mais juste pour remettre en balance ce qui peut sembler définitif à tort.
On manque de ce type de provocations. Un Guillon est dans le style de Bedos. Ils peuvent être talentueux, mais ce n'est pas tellement provocant. C'est plus de l'humour grinçant.
Rédigé par : Alex paulista | 24 décembre 2010 à 04:07
Ne nous étendons pas sur le bouquin d'Ardisson, catalogue plus que dictionnaire, dont la couverture elle-même trahit la pauvreté : Ardisson brandissant un doigt qu'il propose à qui voudrait s'en saisir.
Et je suis bien d'accord avec vous que l'on n'est provocateur qu'à son insu, avec une vraie naïveté et, sans doute, une vraie surprise de constater que l'évidence que l'on pensait énoncer soit comprise comme une provocation. Tartuffe était une provocation mais le malheureux Molière s'en défendait bien. Spinoza ne voulut pas publier son Ethique de son vivant, tout comme Diderot pour son Rêve de d'Alembert, Galilée abjura bien prudemment sa provocation, la remisant dans son for intérieur plutôt que risquer le sort de Giordano Bruno. Et je connais, sans flagornerie aucune, un avocat général qui fit un réquisitoire justifié, individualisé et argumenté et qui fut bien marri devant le tollé de ce qui fut considéré comme une provocation. Le véritable provocateur n'est guère satisfait de cette étiquette et préfèrerait cent fois emporter l'adhésion enthousiaste.
Mais on oublie aujourd'hui la grammaire et provoquer n'est plus un verbe transitif : on provoque pour provoquer. Quoi ? Rien, on ne provoque rien, pas un débat, pas une prise de conscience, pas une bataille d'idées. Provoquer se résume aujourd'hui à faire sursauter le bourgeois sur sa chaise comme un claquement de porte, sans plus de conséquence. La provocation moderne est le comble du conformisme.
A cet instant, je suis quand même obligé de mettre un bémol à vos obsessions concernant la gauche. Si le climat intellectuel est aujourd'hui dominé par la gauche, ce n'est pas une nouveauté. C'est une constante sans doute déplaisante aux gens de droite, mais l'opposition à l'ordre établi, qu'il soit politique, moral ou intellectuel, est historiquement un apanage de la gauche. Et cela a bien dû commencer chez Cro Magnon, cette affaire-là quand certains mirent en cause les traditions ancestrales. Ce qu'il faut regretter vivement n'est pas tant cet ADN contestataire de la gauche que son rétrécissement tragique. Quand la gauche devient la gardienne d'un temple inviolable de la bien-pensance, cela signifie la mort des idées nouvelles. Vous notez à juste titre que ce qui fait aujourd'hui office de véritable provocation se situe à la droite réactionnaire de la pensée. Certes. Mais c'est là une triste confirmation de la mort des idées nouvelles : la pensée réactionnaire se définit précisément par un retour aux idées anciennes. Ce mouvement n'est pas illégitime et l'on peut penser justement que l'on a trop vite fait le deuil de certaines idées qui n'avaient pas toutes fini de servir et qu'il est bon de les ressusciter. Mais cela reste du réchauffé, fût-il brûlant. Ne vous plaignez pas d'un excès de gauche quand c'est l'absence de gauche qui se fait cruellement sentir dans le débat d'idées.
J'avoue pour ma part que ma réticence forcenée à livrer à la publication nombre de choses qui sont dans mes tiroirs tient au désespoir de n'avoir rien de résolument hérétique à proposer, je m'abstiens ainsi de m'aligner au milieu du tout venant parmi lequel je ne serais sans doute ni ridicule ni remarquable et si je ne puis être Démocrite ou Nietzsche, à quoi bon renifler les chaussettes de BHL ? Malgré des efforts considérables, je n'y parviens pas, je ne repense pas comme Descartes aurait pensé, je ne vois d'ailleurs personne alentour qui y parvienne mieux que moi, et j'en viens mélancoliquement à me dire que je vis dans une sinistre époque où la pensée est tarie. Elle reviendra mais mon tour aura passé.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 24 décembre 2010 à 01:57
Cher Monsieur Bilger,
Votre expression écrite tout comme votre analyse sont lumineuses.
Une telle exactitude et une telle perfection d'écriture, mises au service d'une analyse dont l'égale exactitude et l'égale perfection n'en sont rendues que plus éclatantes encore, m'ont laissé bouche bée d'admiration.
Votre billet est d'une justesse incroyable, ça a été un plaisir intellectuel de le lire.
Aucun mot, aucune phrase dans ce billet ne sont superflus, tous ont une signification et une portée incroyables, et tous donnent à réfléchir.
Rédigé par : chocolat | 24 décembre 2010 à 01:33
Curieux XXI°siècle dont les "hussards" se nommeraient Ménard ou Zemmour...
Blondin, Déon, Laurent ou Nimier étaient tout de même, au siècle dernier, d'une autre trempe que ces deux personnages dont l'omniprésence médiatique n'est pas à elle seule, à mes yeux il est vrai fatigués, constitutive d'un réel talent de "provocateur authentique".
Rédigé par : jeanne | 23 décembre 2010 à 23:33
"Eric Zemmour, sans être contredit de manière convaincante, a montré à quel point le climat intellectuel dominant était de « gauche » en dépit d’affichages politiques apparemment divers. Ainsi, il faut être en faveur des sans-papiers, contre la police et Brice Hortefeux, pour la mondialisation, pour l’homosexualité, en faveur de toutes les minorités, pour l’exception contre la règle, contre Marine Le Pen, contre Nicolas Sarkozy..."
Ce n'est pas un climat de gauche que vous décrivez, mais plutôt celui d'un cerveau post-adolescent...! Il existe une gauche qui ne dénigre pas la police, anti-mondialiste, détestant la provocation de la Gay Pride, râlant beaucoup après les règles mais les observant tout de même... et qui pense même que la Marine, elle dit pas que des bêtises... Mais... qui ne dit "QUE" des bêtises ?
Ardisson n'a pas glissé le nom de Zemmour dans son bouquin ?...
Je bois un coup à votre santé pour ceci :
"Pascale Clark dont je supporte mal le ton, le gauchisme ricaneur, la désinvolture affectée et les hyperboles partisans…"
Et vous souhaite de passer un bon Noël...
Rédigé par : Herman | 23 décembre 2010 à 19:55
A mon humble avis Thierry Ardisson (et il n'est pas le seul) confond provocateur et "choqueur".
TA et son complice Laurent Baffie aux réparties cyniques et mordantes ne sont que des "choqueurs", que je ne qualifierai pas de perturbateurs et ni même d'agitateurs, tout juste des faquins.
Quant à Stéphane Guillon, en si bonne compagnie n'a même pas l'intelligence de s'interroger sur ce qui lui arrive.
Comme vous le soulignez le provocateur ne cherche pas à provoquer. La provocation est dans la réaction de ceux qui sont interpellés intellectuellement et/ou spirituellement.
Ses propos et son action dérangent dans le confort établi des "on a toujours fait ou pensé comme ça".
Le choqueur lui cherche une réaction qui n'interpelle pas mais qui suscite un rejet qui s'appuie plus sur la forme et la manière que sur le propos.
Le provocateur permet de s'interroger sur soi-même, nos certitudes, nos conceptions établies.
Le choqueur oblige à s'interroger sur lui-même, son intégrité intellectuelle, son équilibre psychologique !
Le provocateur exprime les idées qui sont parties intégrantes de sa vie.
Le choqueur cherche à blesser et scandaliser, il vit de la réaction de ceux qu'il heurte.
Nombreux dans les médias audiovisuels, sont ceux qu'on appelle "provocateurs" et qui ne sont que des poubelles mal fermées aux miasmes fétides qui sont le reflet de ce qu'ils sont à l'intérieur d'eux-mêmes !
"Car c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle".
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 23 décembre 2010 à 19:00
« Parce que le troupeau qui vous tient chaud, dans lequel on a l’approbation de tous et de BHL, »
Ha, ha, ha, ha, ha!
C'est tout pour l'instant que cette réaction spontanée passée par un fou-rire irrépressible.
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 décembre 2010 à 18:53