« Le style du président | Accueil | One Luchini Show »

08 janvier 2011

Commentaires

Choubidou

A propos du soutien apporté par Jean-Louis Nadal à Martine Aubry

« Ce que je vois et entends me paraît souvent manquer d’ambition. A l’exception de Martine Aubry. Elle a raison de dire qu’il faut rendre à la justice sa place au cœur du pacte républicain, d’affirmer l’égalité de tous devant la loi et le droit absolu des personnes à la sûreté».

Que Jean-Louis Nadal balance sur cette affaire qui garantit depuis 15 ans l’impunité au directeur de campagne de F. Mitterrand passé avec 30 MF et sans fracas à travers le Parquet de Paris et la Direction des affaires criminelles et des grâces, afin de préserver le rapprochement de deux journaux qu’on lit tous les jours.
Sanctions toujours pas tombées sept ans après que le mécanisme a été démonté en détail et à tous.
(voir SM, USM, commission des lois de l’Assemblée et du Sénat)

Savonarole

L'EX-PROCUREUR NADAL SOUTIENT AUBRY
Par Dan Israel le 05/10/2011
(Arrêt Sur Images).

"L'ancien premier proc' de France soutient Martine Aubry."

Au Royaume-Uni les juges portent des perruques, en France c'est inutile...

On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus

Notre Seigneurie en rit encore de ce haut personnage de la Cour. Il n'a pas même daigné venir se divertir en l'écoutant !

"la valeur de la justice et le respect dont ses décisions sont entourées attestent du degré de civilisation qu'un peuple a atteint » ?

J'apprécie la citation de Debré faite par Nadal, hélas ô combien d'actualité. Le constat est pour le moins catastrophique (35 ème rang européen sur 43 en termes de dépenses pour la justice, le reste ne vaut guère mieux).
Quant à son discours, beaucoup de nos concitoyens auraient pu écrire les sept mêmes pages au gré des changements d'exécutif. Surtout à six mois de la retraite ! Le grand serviteur de Notre Seigneurie, son bouffon, n'est qu'une copie conforme au produit républicain des grands commis de l'Etat qu'ils soient militaires, magistrats ou policiers. Ils avaient toute leur carrière devant eux pour dénoncer, s'opposer, combattre à chaque instant les dérives, les corruptions, les hontes, les injustices, les scandales, les attaques contre notre Constitution, notre Etat de droit républicain, enfin nos valeurs démocratiques.

La condition sine qua non serait qu'ils ne soient pas nommés par le pouvoir politique exécutif sur proposition ou pas par le Conseil supérieur de la Magistrature et les syndicats mais élus par le peuple au suffrage universel direct (présidentielles, législatives et judiciaires) seul garant de son indépendance. (abrogation de l'article 64 et réforme du CSM). J'apprécie dans ce sens Montesquieu (De l'esprit des lois 1748, livre XI, dans son analyse de ce qu'est la liberté et conclut sur la nécessaire séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire). Afin, comme vous l'exprimez si bien, de "ne pas inciter les citoyens à maudire leurs juges". J'ajouterai après les citoyens : et les politiques.

Outre-Atlantique par exemple, la nomination des juges suscite des débats démocratiques intenses, des campagnes de presse et une véritable implication de la société civile.
Alexis de Toqueville l'observait déjà en 1835 ; le pouvoir judiciaire est un pouvoir, à égalité avec le Congrès et la Présidence. Il est une institution politique qui en vertu de son rôle de contrôle de la constitutionnalité des lois, a à déterminer l'étendue des droits et des libertés auxquels les citoyens peuvent prétendre. La Cour Suprême diffère de la Cour de cassation française, du Conseil d'Etat ou du Conseil Constitutionnel sur de nombreux points. Ainsi la Cour Suprême peut être saisie par tout citoyen contrairement à notre Conseil Constitutionnel. C'est peu de vous annoncer l'archaïsme de notre système et le retard démocratique pris !

"Nous sommes arrivés à une situation de faillite" (USM-majoritaire, Syndicat de la magistrature et FO-Magistrats sur France-Soir du 16 décembre 2009)
Sans blague ! Il me semble que Fillon l'avait déjà déclaré en 2005 !

J'apprécie un combattant, comme le commandant Matelly que nous avons soutenu contre la décision de radiation sans décret au JO par Notre Seigneurie la veille des élections régionales et qui vient d'être réintégré par le conseil Constitutionnel ce 12 janvier et "Le justicier" de Dorothée Moisan m'inspire davantage que Nadal. Nadal c'est trop tard !... Ce qui n'enlève rien de sa très grande valeur morale républicaine qui mérite notre estime.

Vous avez raison Monsieur Bilger, bonne année 2011 et mes voeux les meilleurs à votre blog et tous ses contributeurs.

yves abram

Monsieur,
je vous ai entendu avec un très grand intérêt mercredi dernier sur France Culture. Les valeurs qui sont les vôtres, je crois les partager et c'est la raison pour laquelle j'attacherais énormément de prix à connaître votre sentiment sur l'opinion que j'avais saisi au vol, il y a plusieurs années sur une chaîne de Radio France, opinion de M. Badinter au sujet de la manière dont Mme Eva Joly exerçait sa fonction. Je ne me souviens plus de ce qu'il lui reprochait exactement mais il s'agissait d'un jugement dépréciatif sur la manière dont elle conduisait son instruction je crois dans l'affaire Elf.
Ayant, a priori, une grande considération pour l'une et l'autre de ces personnes, votre éclairage me serait très précieux.

Alex paulista

@ Xavier Nebout

La sur-représentation de certains groupes de population n'est pas une spécificité de la magistrature. C'est dans tous les milieux.
L'autre jour on regardait avec mon père la dernière émission de Taddéï disponible sur le net. Il me fait remarquer : regarde le taux de personnes juives sur le plateau.

Je vous laisse compter dans l'annonce de l'émission:
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/

Mercredi 15 décembre 2010

L’année 2010 a été marquée par de nombreux débats sur le modèle républicain : polémique autour du Ministère de l’immigration et de l’identité nationale, loi sur le voile islamique, discours de Grenoble, controverse sur les Roms, les « apéros saucisson » et les « prières de rue ». Frédéric Taddéï revient sur ces actualités avec Emmanuel Todd, Eric Raoult, Zazie, Alain Jakubowicz, Corinne Maier, Thierry Lévy et Dounia Bouzar. En live, Zazie.

Ceci dit sans antisémitisme aucun, c'est probablement notre émission préférée et on aime bien ses invités récurrents.

C'est plus le fait que ce soit tabou qui est amusant.

Véronique Raffeneau

"Il y a quelque jours, lors d’une interview de Robert Ménard, journaliste intègre s’il en est, ce dernier vous a prévenu que des « salauds » pourraient lier la condamnation de feu votre père pour faits de collaboration, à votre indignation sur la condamnation de Brasillach."
(post de Xavier Nebout).

Dans son entretien avec Philippe Bilger, Robert Ménard anticipe les réactions possibles à la lecture du livre :

"Bah, il (Philippe Bilger) écrit sur un collabo... ce n'est pas étonnant, il est fils de collabo".

Je voudrais juste dire que s'interroger sur le lien entre le choix d'un tel sujet et la biographie de Philippe Bilger n'est pas forcément, obligatoirement, une pensée de "salaud".

Ce lien est évident. Non seulement pour le lecteur, mais pour Philippe Bilger lui-même qui dès les premières pages du livre, décrivant la motivation qui commande son livre, mentionne son histoire familiale.

Ce n'est pas faire injure à Philippe que de s'interroger sur le poids - à mon avis écrasant - que représente la condamnation de son père sur la façon dont s'est construite sa personnalité sensible, intellectuelle et morale : la part du malheur du très jeune garçon et de l’adolescent Bilger d'avoir dû faire avec et d'avoir dû être le fils d'un maudit et d'un reprouvé.

En quoi cette filiation douloureuse entame-t-elle de trop - ou non - le regard porté par Philippe Bilger sur le procès Brasillach ?

Il y a tout ce qui est dit sur le procès en tant que tel : les protagonistes, les connivences insupportables, particulièrement entre M. Reboul (l'accusateur public) et J. Isorni (le défenseur de Brasillach) - le super concours d’éloquence entre deux jeunes types brillants, les préciosités, les références littéraires en surabondance, les bons mots, le sens des formules pour la postérité, avec en arrière-plan une décision de mort quasi automatique -, les connivences et les alliances entre l'accusateur public et le président du tribunal, les proximités qui lient le trio judiciaire professionnel, les jurés, à part, choisis pour leur exemplarité pendant l'Occupation.

Il y a - c'est essentiel - le chef d'accusation d'intelligence avec l'ennemi si peu, si mal adapté pour qualifier le crime intellectuel de R. Brasillach et l’ignominie de ses écrits de haine, les mots meurtriers qui prennent toute la place dans un esprit passionnément amoureux, fanatisé par l'esthétique nazie, il y a la condamnation à mort expédiée en 20 minutes.

Il y a la magistrature qui juge et qui condamne pour le compte de son nouveau patron de Gaulle, de la même façon qu'elle a jugé et condamné pour le compte de son ancien patron Pétain. La même qu'on ne peut s'empêcher de soupçonner de s'être abandonnée souvent à la lecture de "Je suis partout".

La question qui traverse tout le livre :
devait-on condamner à mort Robert Brasillach ?

La réponse de Philippe Bilger :

"Il ne fallait pas le tuer. Le tuer, c'était le garder en vie dans la tête de beaucoup oubliant ce qu'il a écrit, ce qu'on lui a reproché pour ce qu'on lui a fait subir et ce qu'on lui a fait perdre."

L'aspect personnel du livre de Philippe Bilger est précisément de permettre au lecteur de s'interroger sur ce procès sans éviter la question de fond : l'issue aurait-elle pu être autre ? Comment aurais-je accusé, défendu et jugé ? En réalité, ce sont des questions terribles qui concernent tous ceux qui à un titre ou à un autre s’intéressent à ces années de notre histoire.

Alex paulista

@ v Jean-Marie

La Sardane, ce n'est pas dans le Sud-Ouest.
Vous aussi vous savez "couvrir un territoire important"...

v Jean-Marie

Avec beaucoup d'application, j'ai lu le discours du Procureur Général.
Jean-Louis Nadal est un homme intelligent, adroit mais acteur. De lui, on n'a jamais entendu ni lu de charge qui puisse nuire à sa personne, sa carrière, son réseau. Il a toujours eu besoin d'oscillographes autour de lui, adeptes de sa personnalité brillante et de ses dons de promoteur. Il a martelé dans ses différents hauts postes qu'il ferait respecter l'état de droit et pour cette profession de foi a eu reçu en cadeau de départ... un fauteuil à bascule.
Adepte de l'enrobage amical, ou fusée pédagogique, il n'agit jamais sans raison, il n'est pas histrion et sait très bien qu'il est contesté, mais craint parce qu'il sait couvrir un territoire important.
Alors quel taon l'a piqué ? Pas nécessairement, le désir de briller sans risques ni la jouissance de faire une pied de nez à ceux qu'il a dû, volens nolens, ménager. Plutôt la perception d'un changement d'attitude politique qui saurait prendre en compte des valeurs éthiques étrangères à la bouillie tiède où croupissent bon nombre de nos responsables contemporains. Je n'ai pas l'impression que Jean-Louis Nadal se contente d'une retraite paisible, ça ne lui ressemblerait guère.
Jean-Louis Nadal n'est pas du Sud-Ouest pour rien, vous savez, ces gens qui dansent la sardane "mais en comptant et en se tenant par la main."

Xavier Nebout

Cher Monsieur Bilger,

Il y a une semaine environ vers 7h30 sur France Culture, je vous ai entendu dénoncer l’impossibilité pour de jeunes et brillants magistrats de faire carrière s’ils ne faisaient pas partie des « fraternités et réseaux ». Dans ce même débat, j’ai cru entendre que vous préféreriez un CSM composé d’une pluralité politique à une assemblée de membres de ces mêmes fraternités et réseaux qui plus est, liés par un corporatisme en béton.
L’accueil de ces remarques aura été de marbre pour ne pas dire glacial. Il n’est en effet pas certain que vous n’ayez dépassé la ligne jaune du « politiquement correct » tel que l’entendent ceux que vous dénoncez.
Il y a quelque jours, lors d’une interview de Robert Ménard, journaliste intègre s’il en est, ce dernier vous a prévenu que des « salauds » pourraient lier la condamnation de feu votre père pour faits de collaboration, à votre indignation sur la condamnation de Brasillach.
Permettez-moi de vous dire avec ma sincère affection, que vous avez sensiblement aggravé votre cas. Un fraternel réseau couvert par l’omerta, il me semble que ça porte un autre nom qui échappe à ma mémoire, et on pourrait trouver un cadavre dans votre coffre de voiture.
Ceci dit, le citoyen ordinaire est fondé à tirer une conclusion que les marchands d’indignation de France Culture n’ont pas tirée, à savoir que si on ne peut faire carrière dans la magistrature sans faire partie des « fraternités et réseaux », cela signifie aussi que tous ceux qui y font carrière en font partie.
Dès lors, je me vois à mon plus grand regret, déceler une incohérence dans votre raisonnement à propos de l’indépendance de la magistrature, il me semble en effet préférable de la voir dépendre d’un pouvoir politique renouvelable et donc pluriel dans le temps, que d’un fraternel réseau non renouvelable.
Xavier NEBOUT

jmarcio


J'ai l'impression que M. Nadal est quelqu'un qui sait défendre ses convictions. Sa déposition dans la commission des lois est assez intéressante :

http://video.google.com/videoplay?docid=7909141070018843707#

calamity jane

Je cite : "le propre de la justice est de
fixer des repères qui nous viennent de la
loi, pour donner force et contenu au pacte
social d'une société moderne et démocratique
c'est-à-dire dans un Etat de droit".
Etat de droit ou état de droit ?
Loi : que nul ne saurait ignorer !
("fixer des repères qui nous viennent de la
loi"... oups ! j'ai un peu tiqué mais suis
revenue à la raison puisque ce texte dont
j'ai pu avoir connaissance grâce à votre
billet, s'adressait à la corpo de la justice).
Je recite : "savoir être soi, dans la pureté de sa conscience et de sa conviction" c'est vague.
Et je me vautre dans le plagiat : "tu es
d'abord un homme mon fils".

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« Jacques Séguéla qu'on fait parler de tout parce qu'on attend avec impatience sa prochaine "bourde" donne son avis sur les programmes de télévision. A propos de LCI, il croit être spirituel en évoquant sa crainte de devenir, en substance, "un vieux con et BCBG" (TV Magazine le Parisien) ! Il y a déjà au moins une part de vérité. »

Il est vrai que ce personnage vieillit très mal. C’est quand même en grande partie grâce à lui que Sarkozy doit sa période bling-bling dont il a eu terriblement de mal à se défaire.

Enfin il lui arrive d’avoir des moments de lucidité quand il parle de lui. C’est plutôt rassurant...

Véronique Raffeneau

Et aussi en écho au discours de M. Nadal parlant d'un authentique pouvoir judiciaire, et en écho à une de vos réponses le 5 janvier sur France Culture, je persiste à penser que séparer le Parquet du Siège reviendrait à créer des préfets généraux de police judiciaire.

Cela en soi ne me gêne pas plus que ça - l'essentiel pour le justiciable est de savoir qui, réellement, il a en face de lui.

Mais dans cette hypothèse il est hors de question d'appeler les membres du Parquet-Préfecture générale "magistrat". Préfet général de police judiciaire, oui.

J'en profite pour recommander la lecture de votre livre :

"Vingt minutes pour la mort".

La question centrale qui parcourt les pages de ce livre consacré aux abîmes des justices d'exception, gouvernementales et expéditives :

Moi, Philippe Bilger, si j'avais été Marcel Reboul l'avocat général du procès, qu'aurais-je fait valoir et requis ?

Véronique Raffeneau

Je pense que pour les commentateurs qui ne retiennent de M. Nadal que son départ proche à la retraite, il serait profitable de lire son discours en intégralité.

Alors, évidemment, la sévérité du propos du procureur à l'encontre de certaines réactions de l'exécutif est à relier sans doute à l'horizon dégagé par la perspective du départ à la retraite de M. Nadal.

Cependant, à la lecture du discours, je pense que M. Nadal a dû beaucoup batailler avec lui-même - contre lui-même - pour parvenir à exprimer avec autant de clarté ce que lui inspire l'état de dépendance du Parquet aujourd'hui.

J'ai envie de parler non pas de courage, mais d'une sorte de volonté de libération de soi, qu'après tout il pouvait tout autant choisir de discipliner et de taire, considérant, en rapide... après lui, le déluge.

L'important à mon avis est que de cette façon M. Nadal lègue à ses collègues une sorte de mode d'emploi de l'estime de soi, du respect du métier et de la dignité professionnelle.

Philippe, quand vous regrettez le trop tard et la passivité de votre corps en pointant l'image des petits pois, je pense que vous êtes à côté.

Parmi toutes les questions qui agitent la justice aujourd'hui, en ce qui concerne le sujet, par exemple, de la garde à vue, j'en veux à "la très haute hiérarchie judiciaire - la politique parce que le pouvoir lui plaît et qu'elle plaît au pouvoir -" d'avoir laissé se mettre en place cette machinerie folle en n'alertant pas ou si peu sur les proportions absolument extravagantes que prenait cette mesure, en entretenant l'illusion que les magistrats du Parquet y contrôlaient encore quoi que ce soit.

Pardon, mais il me semble que d’un point de vue de la défense de l'intérêt social et des libertés individuelles - dans mon esprit l'un ne va pas sans l'autre - cette abstention face à la progression délirante des chiffres de la garde à vue a produit bien plus de conséquences que l’absence de réplique à la mention des petits pois.

Catherine JACOB@Christian C

@Christian C | 09 janvier 2011 à 16:47
« @Catherine JACOB,
le texte de Jean-Louis Nadal est disponible dans son intégralité sur le site de Mediapart en accès payant.
 »

Merci pour cette information, mais je viens de le découvrir en accès libre ICI.
J'en ai lu les sept pages qui sonnent comme « sept sages », et j'éviterai de m'exprimer à son sujet en deux coups de cuiller à pot sans prendre le temps de la réflexion. Juste ma première impression cependant, qui est que ce discours est telle une véritable pelote d'épingles.

Savonarole

Nadal ou Hessel : quand le courage et l'indignation vous saisissent à 6 mois de la retraite ou à un âge canonique, les chômeurs de 20 ans apprécient...

catherine A.  des mots mais pas tous les maux

Juste une précision si vous le permettez : dans les quotidiens et a fortiori les hebdos ou les mensuels, les billets d'humeur, chroniques, points de vue (tout ce qui n'est pas de l'actu pure et dure) sont donnés souvent longtemps avant le jour de leur parution. Pour un mensuel par exemple il n'est pas rare qu'une chronique d'humeur ait été écrite, deux voire trois, même quatre mois avant ; pour peu qu'à ce moment-là une actualité survienne sur le même sujet et le chroniqueur ou journaliste donne l'impression d'arriver comme les carabiniers - après la bataille - alors qu'il était juste en avance sur l'air du temps.

Christian C

@Catherine JACOB,

le texte de Jean-Louis Nadal est disponible dans son intégralité sur le site de Mediapart en accès payant.

calamity jane

Ceux et celles qui balbutient hésitant
à citer leurs sources parce qu'elles viennent des blogs... que ce soit des textes
du blogueur, de ses titres souvent
alléchants, que de certains commentaires,
s'arrêteront au premier petit caillou car ni le style ni la réflexion : sa hauteur
ou sa profondeur ne les suivront ensuite...
Et les lecteurs-commentateurs reconnaîtront
les leurs. Je comprends ô combien que cela
vous agace.

Catherine JACOB

Au fait, les discours de rentrée de l'année 2011, ne sont pas encore en ligne sur le site de la Cour de cassation. Je me permettrai de revenir au besoin sur ce billet, lorsque je serai en mesure de me faire une idée par moi-même de ce discours, ce que, pour l'heure, ne peut véritablement faire que l'auditoire naturel de ces discours.

Pierre-Antoine

@Christian C
Alors que ne l'eut-il fait avant ?
Et la parole n'a pas plus de valeur en fonction des risques encourus, mais en fonction de la valeur des idées qu'elle véhicule !

La question que je me pose (et non la sanction que je prononce) est :
"pourquoi avoir attendu la proximité de la retraite et, par corollaire, la diminution du risque encouru, pour défendre ouvertement la valeur de ses idées" ?

Après, la valeur de ses idées (son point de vue éclairé) peut faire l'objet d'un autre débat.

Cordialement

Pierre-Antoine

bob

Les beaux discours, c'est toujours bien.
Quand notre système mettra en prison nos politiciens véreux - n'en n'aurions-nous donc pas ? question qui ne se veut pas boutade -, comme l'Angleterre vient de le faire, les écouter cessera d'être une perte de temps.

D'ici là Woerth, Balkany et tant d'autres peuvent bien sourire en entendant M. Nadal.
"Pisser dans un violon" ?

Vinatier

Bonjour,
vous avez bien raison de souligner de quelle manière des journalistes jugent inutiles de ne pas citer les sources "blogs".
On ne peut qu'être en accord avec vos propos concernant le discours de départ du haut magistrat tout en soulignant que les "remontrances" sont une tradition historique dans la haute magistrature.

Christian C

@VDE et Pierre-Antoine,

vous fustigez, l'un comme l'autre, la couardise du procureur Nadal au motif qu'il attend la veille de sa retraite pour s'exprimer, ne se montrant ainsi capable de "courage" que quand il ne risque plus rien. On est en droit de lire le comportement de cet homme dans ce sens.

Pour autant, trouvez-vous normal que, si j'ai bien suivi votre raisonnement, tout magistrat qui serait tenté de s'exprimer -avec mesure, s'entend, et dans le respect des institutions et de leurs règlements- encourrait le risque de voir son avenir professionnel totalement compromis parce qu'il s'est exprimé librement?

Si le procureur Nadal s'exprime ainsi, c'est bien pour faire entendre son voeu que les carrières des magistrats ne dépendent en aucun cas du bon vouloir du politique.

La parole aurait-elle plus de valeur selon les risques encourus?

Catherine JACOB

Citer avec et sans guillemets
Autre point de vue:
1. Ex.1: « crier dans le désert» : Les quatre évangiles canoniques rapportent que Jean était la voix qui crie dans le désert, est-ce que cela figure sur l'album des chanteurs qui chantent : «  am I one voice crying in the wilderness? Ou encore par les spectacles de ceux qui dansent ou récitent? ? Non bien sûr, car cela est devenue une expression en soi qui appelle en écho tout un certain contexte sans qu'il soit besoin de le nommer à moins d'une intention particulière et qui traduit en général : «  l'impression de rabâcher sans être entendu. »
2. Ex.2 : «  la philosophie en effet »
Si par ex. je disais : "car quel but plus approprié à la philosophie en effet, que la sagesse." au lieu de dire "quel but plus approprié à la philosophie, en effet que la sagesse", cela n'aurait pas d'autre sens qu'un clin d'œil amusé et discret à une certaine collection qui ne s'explique pas nécessairement elle-même par ailleurs sur le nom de son éditeur parce que tout le monde sait qui c'est! Enfin, dans un certain monde, celui des gens qui lisent...!

Bref, lorsque retrouver l'original se présente comme un jeu ainsi que cela pouvait l'être autrefois de la citation hommage insérée dans le – ou même point de départ du – poème, et lorsque l'absence de guillemets a pour seul effet de mettre 'purement et simplement' le contrefacteur à la place de l'auteur en portant de façon matérielle ou immatérielle, soit préjudice à ce dernier, soit un bénéfice immérité au contrefacteur, ce sont deux procédés littéraires différents.

Pourrions-nous considérer que le titre de l'article du Figaro est un simple hommage de l'ancien ministre de l'Éducation nationale à qui est considéré comme « le meilleur avocat général de France » ce qui revient à signifier discrètement qu'il en partage les idées, du moins sur le sujet en question?

« Qu'est-ce qu'un auteur? » et « Quel rapport à l'auteur »? Voilà en tout cas, des sujets qui se laisseraient traiter totalement différemment selon les époques et les espaces de culture, mais bon, ce n'est pas le lieu.

Catherine JACOB

«Quand je lis par exemple le récent point de vue de Luc Ferry sur Stéphane Hessel et son titre dans Le Figaro, j'ai le droit, sans vanité aucune, de m'interroger. »

Il y a de quoi s'interroger en effet:

Monsieur le ministre, voyons !
C'est le BABA du métier de philosophe ainsi que de l'honnêteté intellectuelle sans compter, si l'on en juge par le fait que ne pas omettre de citer wikipédia a permis au fondateur de ce site en péril, de récolter en France 15% des donations mondiales, omettre de citer ses sources porte un immense préjudice à celui ou celle qui vous fournit « la petite graine de votre discours », comme le disait joliment de Socrate l'un de mes élèves de Terminale C autrefois.

« Les blogs, par honnêteté, citent leurs sources médiatiques - en tout cas, je le fais - et on se demande pourquoi les quotidiens et les hebdomadaires (sauf Le Monde, je l'ai constaté) n'agissent pas de même avec les blogueurs.  »

Hum, il est sans doute admissible d'omettre dans la spontanéité de l'urgence de la réaction à l'actualité quelques guillemets, parfois. Tandis qu'il ne l'est pas du tout de piller sans vergogne dans la relecture à tête reposée du texte remis contre pépètes sonnantes et trébuchantes, la libre contribution à la réflexion citoyenne qui l'a ainsi « In the B.A.BA ».
Ceci dit, je n'ai pas changé d'opinion pour l'instant relativement au fait que si en effet « la vraie morale se moque de la morale », on ne peut parfois pas faire l'économie de l'indignation lorsque, par trop souvent par trop de gens ignorent jusqu'à l'idée même de ce « droit international » à l'origine de la création de tribunaux internationaux comme, par ex., celui de Nuremberg, que « Toute politique doit s'incliner devant le droit, et c'est ainsi seulement qu'elle peut espérer d'arriver, quoique lentement, à un degré où elle brille d'un éclat durable. » Kant, Projet de paix perpétuelle, 1795 (cité par... plein de monde; respecté par.... je vous en laisse juge..!!) quand bien même du haut d'un parfait cynisme on le voudrait considérer comme un parfait utopiste. En effet, «on a depuis beaucoup critiqué le projet de Kant, bien sûr, le qualifiant d’utopiste. Mais même si la situation a beaucoup changé depuis, son influence reste remarquable. On pense tout de suite à l’Organisation des Nations Unies (ONU), à la Cour Pénale Internationale de justice (CPI) et même à la création du GATT devenu l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) découlant de son idée selon laquelle le commerce, incompatible avec la guerre, serait un facteur de rapprochement des peuples. Par contre, au contraire de ce que plusieurs prétendent, le caractère utopiste de ce projet n’est pas prouvé par le fait qu’il y ait guerre malgré ces institutions. Ces institutions internationales sont défaillantes, non seulement parce qu’elles ne sont pas toujours basées sur le droit des peuples, mais aussi parce qu’elles n’ont pas de pouvoir exécutif effectif et ne disposent donc d'aucun moyen d’appliquer ses bons et moins bons principes. » -Cf. Olivier Lalonde -

« Je persiste à penser que l'honneur de la très haute hiérarchie judiciaire - la politique parce que le pouvoir lui plaît et qu'elle plaît au pouvoir - doit être de s'attacher moins à des positions qu'à des principes. »

Je suis fort aise que vous y veniez, à la vertu du 'principe'!
Ex. Le principe d'indépendance de la Justice, qui se doit d'être constamment rappelé, en s'indignant si nécessaire, même si beaucoup le considère comme parfaitement utopiste!

« Jean-Louis Nadal, c'est trop tard ! »

Allez, je vais oser le truisme: « Il n'est jamais trop tard pour bien faire. »!
Car, aujourd'hui plus que jamais, il convient de crier dans le désert ainsi que cela a déjà été dit ici même:
« Les hommes de bien, à toute époque, sont ceux qui plantent profondément les vieilles idées pour leur faire porter fruit, ce sont les cultivateurs de l'esprit. Mais tout terrain finit par s'épuiser, il faut toujours que le soc de la charrue du mal y revienne. » Le Gai Savoir - Or donc, replantons!

VDE

Il a passé Noël dans une cellule de méditation ou quoi ?
Il a reçu la "lumière du Mais si...." ? Bon sang mais c'est bien sûr...
C'est tellement facile quand on a fait carrière, que l'on a vu, entendu et que l'on s'est tu, de parler quand on ne risque plus...
Qu'il repose en paix à la retraite qu'aucun de nous grâce à la justice rendue n'aura plus,
tant tout ceci et cela est corrompu.

Rachida Dati face à ses juges
où vous avez participé Philippe Bilger le 23-10-2010 - le commentaire un Français sur trois ne croit plus en la Justice.

Pierre-Antoine

A six mois de la retraite où est l'exploit ?
La prise de risque est nulle... même pas sûr que cela ait une incidence sur ses futures "activités" de retraité. Une "grand groupe" coté au CAC40 a certainement une place de conseiller à pourvoir. Et un carnet d'adresses est négociable.

Cordialement

Pierre-Antoine

temoignagefiscal

Bonjour,

Vous ne pratiquez pas la langue du bois, activité intellectuelle consistant à parler d'une chose à la place d'une autre. Vous citez vos sources et êtes attentif à la propriété intellectuelle de chacun. Depuis que je lis régulièrement votre blog, indéniablement tout cela est vrai.
Mais quand même, il y a un petit problème. Vous circulez un peu trop haut.
Les problèmes de la justice sont les mêmes que ceux de la médecine, du logement, de l'Education nationale ou autre.
En fait cela se résume à: comment garder la qualité lorsque l'on a la prétention de servir tout le monde ?
C'est là la difficulté. Faire ordinaire pour tous, pas de problème. Faire parfait pour quelques-uns, pas de problème non plus.
Mais faire parfait pour tous, c'est objectivement inaccessible. Or, tous, sont devenus exigeants et presque compétents.
Si l'on n'arrive pas à être bon en tout et pour tous, c'est le simple, le barbare qui prendra le pouvoir. C'est là que se situe le vrai problème. Pourquoi n'en parlez-vous pas ? Au moins pour essayer de proposer des pistes. Je pense comme vous, les blogs sont intéressants, le meilleur y côtoie le pire, mais il suffit de trier.
Cordialement. H. Dumas

Christian C

Monsieur l’avocat général,

La lecture du livre « Le justicier », de Dorothée Moisan (journaliste à l’AFP) constitue un parfait contrepoint au discours prononcé par Jean-Louis Nadal. J’en recommande la lecture à tous les contributeurs de ce blog.
L’instrumentalisation de la justice n’est, hélas, pas le monopole de Nicolas Sarkozy, tant les présidents successifs se sont systématiquement ingéniés, sans opposition signalée d’ailleurs, ni de la part des magistrats, ni de la part de leurs adversaires politiques, à neutraliser cette « autorité » dont le statut a de tout temps été insuffisamment protégé de sa dépendance de l’exécutif. Cela constitue-t-il pour autant un alibi au statu quo ? Je suis sûr du contraire.
Je relève cette phrase (lepoint.fr) du discours du procureur Nadal : « Jean-Louis Nadal s'est demandé où étaient les "repères quand celui qui rappelle que l'accusé a des droits encourt le reproche d'avoir choisi le camp des assassins contre les victimes ?" »
La réforme de la constitution votée par le congrès le 21 juillet 2008 n’a que très peu bénéficié de la publicité qu’elle aurait méritée, notamment pour ce qui concerne la composition du CSM, dont le nombre de membres nommés par le Président de la république, de l’Assemblée et du Sénat est pour la circonstance passé de quatre à six. On appréciera le renforcement de l’indépendance donnée en cette occasion par le politique à cette institution.
Les propos d’Alain (1910) établissaient « qu'on peut être tenté de définir la démocratie non comme l'exercice du pouvoir par tous, mais comme son exercice au bénéfice de tous. »
Bien entendu, ni la démocratie ni la république ne sont en danger.

Jabiru

Une charge, au son du canon, de la part d'un homme courageux qui entend faire respecter l'ordre judiciaire et ses magistrats. Cela est représentatif du réel malaise qui règne dans cette institution bafouée et parfois humiliée par certains comportements irresponsables. Le bon fonctionnement de notre démocratie passe par une bonne administration d'une justice libre et réellement indépendante comme le prévoit la Constitution. Espérons que la réaction de ce haut magistrat amène à une réelle prise de conscience débouchant sur des comportements respectueux et rassembleurs.
La période des voeux est l'occasion de bonnes résolutions. A quand le son des violons ?

BOLLE Patrick

Monsieur Nadal, l'index en l'air, avait l'apparence d'un père en train de tancer ses enfants, ou d'un prof ses élèves. Au-delà, la magistrature est-elle intouchable, est-elle exempte de reproche ? Et pour arriver à la fonction qu'il occupe, monsieur Nadal a dû certainement rendre service aux politiques. Alors quoi ? à 6 mois de la retraite, il se réveille ? Il était temps. La magistrature a bien supporté la gauche qui lui a fait supporter l'affaire Urba et tant d'autres. Et puis si l'on en est là, n'est-ce pas la faute des juges rouges ?

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Les commentaires sont modérés et ils n'apparaîtront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)

Ma Photo

MA CHAINE YOUTUBE

PRESSE, RADIO, TELEVISION & INTERNET

INSTITUT DE LA PAROLE

  • Formation à l'Institut de la parole
    Renseignements et inscriptions : [email protected]
  • L'Institut de la Parole propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique. L'apprentissage et le perfectionnement s'attachent à l'appréhension psychologique de la personnalité et aux aptitudes techniques à développer. L’Institut de la Parole dispense des formations sur mesure et aussi, dans l’urgence, des formations liées à des interventions ponctuelles, notamment médiatiques. Magistrat honoraire, Philippe Bilger propose également des consultations judiciaires : conseils en stratégie et psychologie judiciaires.

MENTIONS LEGALES

  • Directeur de la publication : Philippe Bilger
    SixApart SA 104, avenue du Président Kennedy 75116 PARIS