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10 janvier 2011

Commentaires

Frank THOMAS

@ zenblabla

J'avoue à ma grande honte que sans traduction...

Savonarole

Bouquiniste tombé de sa boîte, F. Luchini se caricature parfois sur les plateaux de TV. C'est une façon polie et pleine de tact de ne pas écraser de sa culture les têtes de piafs qui le questionnent. En somme, il "joue au con" pour ne vexer personne. Surtout lorsqu'il passe au Grand Journal, où il doit redoubler d'efforts....
Sa lecture de Céline m'avait déçu, je l'attendais plus âpre, plus désespéré, un Depardieu jeune aurait convenu.
M. Bilger, si vous ne l'avez pas vu, je vous recommande : "Riens du tout" réalisé par Cédric Klapisch sorti en 1992. Il y interprète un Pdg qui tente de "sauver la boîte". Film charmant, mais sombre présage de ce qui devait se produire plus tard à France Telecom : un management dénué d'humanité.

zenblabla

@Frank THOMAS.
Alain Finkielkraut est un grand spécialiste du dialogue, ainsi y prend-t-il sa part...

De mon côté, je nourris une détestation envers ses méthodes, étant alors de plein droit en tout point conforme à la sienne, par exemple s'il s'attaque à la dérision...

Aucune détestation quant à l'homme, au contraire, et je me demande, puis je conclue qu'il y a trop d'ambiguïté avec lui, si les non-dits sont comme je les entends.
Pourquoi ne le seraient-ils pas ambigus, car je ne dialogue pas si j'entends, mais il le faudrait pour entière compréhension...

Le paradoxe, c'est que la tentation de la dénonciation avec lui, du jet du bébé par lui conséquent est si forte, qu'elle ne cesse de transparaître avec lui, et que cela ne me paraît pas adéquatement argumenté.

Mais cela reste suffisant, le temps d'une acception médiatique...

Olympe

Excellent spectacle, et excellent billet. Luchini et Muray étaient faits l'un pour l'autre ; l'interprète de génie a trouvé un compositeur à sa mesure, et à la différence de Céline ou de Cioran, qui peuvent sembler "datés" à certains, Muray parle de notre époque et analyse avec finesse l'ordre moral qui nous gouverne. Quel regret qu'il n'ait pu vivre assez longtemps pour entendre cela.

oursivi

Oui, vous avez raison, Muray, pour le Luc, c'était du cousu main, pas de celles qu'on met au panier, de celles qui virevoltent sans pouvoir jamais se poser, inquiètes, folâtres, railleuses ou accusatrices, comme dans le superbe court-métrage ayant rendu célèbre Eric Rochant.

Ce numéro d'équilibriste que nous offre votre OANI (soit qui mal y pense), cela fait des lustres qu'il s'y complaît, à jouer avec le vide de la pensée qu'il survole sans s'y étaler, multipliant les pieds de nez adressés à ceux d'en bas, se balançant d'un gargouillis auto-satisfait à une vraie fulgurance, pourvu de la seule perche de son esprit et de la marche assurée de ses goûts autant littéraires qu'esthétiques au sens le plus vaste, désirant faire de chaque seconde un moment d'expression unique qui ne repassera pas.

Me revient un matin de 97 (98-99 ?) où il partageait le micro de Bouteiller (Pierre) avec un autre logorrhéique à peine moins compulsif, Dany le bouge, pourtant pas du genre passif à se laisser piquer la vedette mais qu'il ravala au rang de faire valeur consentant tant son cabotinage fut inspiré.

Sa façon de tutoyer le Croque, là où celui-là même admiratif ne saurait être attiré sur ces vilaines manières bien trop populacières, et aussi un élément du spectacle permanent qu'il offre quand ne dort pas.

http://www.franceculture.com/emission-repliques-les-fables-de-la-fontaine-2011-01-08.html

Seul couac à l'affaire, est-ce que Muray n'eût été froissé de ce succès si mondain et bientôt récupéré par ceux dont il fit ses proies satisfaites...?

"La bourgeoisie, c'est l'intérêt parvenu à satisfaction", disait Hugo, non ? (je ne sais plus où l'ai lu). Alors gaffe à un possible effet miroir.

Etrangement (?), après Céline, Aragon, La Fontaine et quelques autres moralistes ou pouvant être opérés comme tel, Luchini ne s'est jamais risqué sur la prose tout aussi unique de Guy Debord... laissant le maudit au noble isolement qu'il s'était choisi.

C'est bien ainsi, même si on peut établir un lien secret entre eux, non que Luchini soit complétement au niveau du suicidé de la Haute Loire, mais à en croire son biographe, GEH se plaisait aussi à faire se pâmer d'aise les présents d'un café du VIIème - bien anonymes et dont il faudrait qu'un témoigne un jour - en leur livrant une revue de presse des plus ironiques de ses lectures de Libé, journal de bobo à ses yeux, assurément, même avant que ce terme ne fut inventé.

Qu'eût-il pensé des saillies luchiniennes, des railleries de Muray ?

AO

zenblabla

Ouf !
Je suis rassuré, il y a de la distinction que les médias ne transmettent pas :
Par exemple, avec Céline, comment les médias pourraient-il décrire le métro de l'écriture, quand celui-ci justement fait semblant de dérailler, et alors faisant chacun penser aux rails !
Il faut lire, un exercice difficilement médiatique.

Sûr, le tramway est passé par dessus...., et la coloration politique recouvre "juste", ne permet pas plus de n'y faire distinguer pas grand-chose !
Merci votre témoignage.

Mais encore, hélas, je ne pourrai aller voir ce spectacle décrit, et je regrette Fabrice Luchini dans les médias simplement accessibles, là où les rails ne se disent jamais, car ce serait se demander où ils mènent...

Jiel

Pas vu, mais une session de rattrapage est possible avec le dernier "Répliques" sur France Culture où Luchini dialogue avec Finkielkraut à propos des fables de La Fontaine. UN RÉGAL !

jmarcio

Comme vous dites, il est un homme cultivé et son humour n'est pas primaire. Les blagues des autres sont souvent du niveau d'un "gamin d'école maternelle" - c'est drôle si on écoute une seule fois.

C'est effectivement un "OANI".

Jean-Dominique Reffait

Je suis très client et de Muray et de Luchini. La première fois que j'ai découvert une foule de bobos en patins à roulettes encadrée par des voitures de police, j'ai été pris d'une envie simultanée de rire et de foncer dans le tas, car moi j'étais en voiture, gros patin à roulette pour grand garçon et je polluais voluptueusement en espérant faire tousser ses poumons au pitoyable troupeau.

Luchini n'en fait pas trop, c'est un immense artiste irremplaçable. J'ai été abasourdi par son Knock. Parce qu'il savait qu'il ne pouvait échapper à Jouvet en tant que constituant du personnage, il a su mettre du Jouvet dans son Knock sans imiter Jouvet, un travail de chaque syllabe, de chaque virgule.

C'est vendu Philippe, après vous avoir lu, j'ai pris mes places pour le 5 février ! Je n'en dis pas plus, je le dirais moins bien que vous.

Frank THOMAS

Autant j'acquiesce aux critiques d'Alain Finkielkraut à l'encontre de cette insupportable mode de la dérision à tout prix dont sont rituellement victimes les politiques, et qui devient une des expressions les plus fascisantes de la pensée unique, autant je ne suis pas d'avis de reléguer dans une sorte de médiocrité indifférenciée les comiques français qui, à leur manière, essaient de rendre compte de la société où nous vivons.
En revanche, pour ce qui est de Philippe Muray, entièrement d'accord avec votre admiration.
Merci aussi à Fabrice Luchini, remarquable passeur des esprits les plus français dans leur ironie, leur révolte grinçante et leur humanisme blessé.
Chaque jour, depuis des décennies, je me démène pour faire connaître et aimer à de jeunes esprits la satire, le portrait-charge, etc. qui, n'en déplaise à certains (et même parmi vos lecteurs...) sont le trésor de notre littérature.
Rabelais, Retz, La Rochefoucauld, La Fontaine, La Bruyère, Saint-Simon, Voltaire, Proust, Renard, Céline, Cioran...
Luchini a du pain sur la planche.
Merci à vous, Philippe, d'avoir évoqué Muray sur lequel les médias font silence, comme il est naturel venant de ceux qu'il a si justement et si durement épinglés, lui qui, après Céline, a le mieux exprimé le caractère à la fois bête et totalitaire de la fête institutionnalisée.

la Dame de Haute-Savoie

Oui, Luchini est un genie... Osons le mot ! Il est surtout l'un des rares representants de l'esprit et de la culture a la francaise, qui nous ramene non pas a la vulgarite ambiante mais a la legerete et a la profondeur du Siecle des Lumieres !

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« Prenons, pour me faire mieux comprendre, les personnalités portées aux nues dans le registre du divertissement et de la drôlerie: Canteloup, Gerra, Timsit, Didier Porte, Florence Foresti, Guy Bedos hier, etc... Fabrice Luchini les "écrase" tous et en plus il est ailleurs ! Il parcourt des chemins usités, en ouvre d'autres, dévoile les coulisses et illumine la scène. On ne peut l'accuser d'en faire trop puisque ce serait incriminer une totalité qui est précisément le propre de son génie : osons le terme. Rien n'est à jeter. Pourvu que la célébrité, terrifiante broyeuse de la classe et de l'allure artistiques, l'épargne et l'abandonne à lui-même, à sa passion de la littérature, des livres et des grands auteurs !
Je vous assure qu'il est un OANI. »

Sans vouloir vous vexer, monsieur Philippe Bilger, je trouve que là vous en faites un peu trop.
Il ne me serait jamais venu à l’esprit d’écrire un billet aussi dithyrambique sur Fabrice Luchini. Non pas que je ne lui trouve pas de talent. Il en a. Tout comme il a, à n’en pas douter, une grande culture qu’il ne manque pas d’ailleurs de prodiguer à chacune de ses interviews, ne pouvant résister au plaisir de nous sortir une tirade d’une pièce de Racine ou de Shakespeare à chacune des questions qui lui sont posées.

Non, ce qui m’agace chez ce garçon, c’est sa façon de « surjouer » à la scène comme à la ville. Au début on trouve cela amusant, mais au bout d’un moment ça devient insupportable.

Quant à son humour, est-il le fruit de son inspiration personnelle comme les autres humoristes que vous avez cités ou bien se contente-t-il de puiser dans les textes d’auteurs mieux inspirés ?

C’est peut-être un détail pour vous, mais en ce qui me concerne, c’est ce qui fait toute la différence entre le talent et le génie.

calamity jane

Là où l'on constate que certains ont du bol
d'aller voir un homme de théâtre et non
de projecteurs parce qu'ils crèchent dans
la capitale.

jpledun

Chanceux Philippe,
Je rêve de voir notre homme sur une scène...
Merci de le faire venir, grâce á votre fin portrait, jusqu'á Graz.

Même si vous avez raison, Luchini les écrase tous, votre comparaison avec les imitateurs du moment n'est pas sympa.
Ils ne sont pas dans le même répertoire.

PS : á propos de style : en voilà un pour qui l'élocution est importante. C'est son métier...

Alex paulista

Parfois je trouve que Luchini surjoue au cinéma, mais au théâtre et dans le cas particulier de Knock je l'avais trouvé très très bon. C'est que le rôle se prêtait bien à une certaine emphase, peut-être.

thierry

J'y étais le même jour que vous comme j'étais à son dernier spectacle "Tout sur Robert" il y a deux ans. Merci de traduire avec brio ce que j'ai éprouvé cette après-midi-là : l'impression d'un éblouissement devant tant de talent, d'esprit et d'absence totale de vulgarité qui signe la marque "Luchini".
Et puis cette anecdote sur Johnny avec qui il tournait. Ils devaient se retrouver pour le tournage le soir à 21 heures avec l'équipe du film. Johnny l'interpelle et lui dit : "Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?" "Oh, j'ai lu Schopenhauer et écouté Glenn Gould interprétant Bach, puis je me suis promené car j'ai une mauvaise circulation sanguine et je m'en suis retourné à Schopenhauer avant de vous rejoindre".
Et Johnny : "Tu t'es fait chier quoi ?" !!
Raconté par l'immense Fabrice, la salle est en délire.
Effectivement, comme le dit Philippe Bilger, il n'est en aucune façon comparable aux autres "showmen" et non réductible à sa dimension comique. Un OANI donc !!

MS

Non. Ne placez pas Didier Porte et Fabrice Luchini au même niveau.

L'un écrit, l'autre récite. patrons-voyous.


Oui. L'un récite du Porte et l'autre est cri du Muray.

patrons-voyous

Non. Ne placez pas Didier Porte et Fabrice Luchini au même niveau.

L'un écrit, l'autre récite.

C'est comme si vous osiez comparer un avocat général et un président de chambre, en demandant qui a été le meilleur à l'audience !

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