Au mois de juillet 2010 meurt mon frère François. Je lui ai rendu hommage dans mon livre "Etats d'âme et de droit".
Au mois de janvier 2011 décède ma soeur aînée Marie-Christine qui, jusqu'au terme, a fait preuve d'un courage admirable, d'un caractère serein et souriant.
Le 4 mars, mon frère Pierre s'éteint (La Croix, Le Figaro, Le Monde, nouvelobs.com).
Une fratrie de quatre est réduite à moi. Je me retrouve seul, tout seul, pourtant très entouré par une grande famille chaleureuse, aimante et attentive.
J'ai envie d'écrire ce billet sur Pierre. Non pas que j'aie besoin de dire à mes enfants, à mes neveux et nièces qui il était et ce qu'il valait. Tous le savent pour avoir côtoyé un père, un oncle et un parrain exemplaires. Je n'éprouve pas ce besoin pour lui complaire après sa mort. Mon frère était un homme de devoir, de compréhension et, à sa manière, de combat mais il m'aurait déconseillé, à moi qui suis trop friand de joutes vulgaires et ostensibles, de me lancer dans une telle aventure. Pour ma part, j'ai toujours préféré un moi déchiqueté mais libéré à la dignité, parfois, du silence et de l'abstention. Pierre, lui, était si ferme et si résolu dans son for intérieur qu'il était capable de retenir tous les débordements, les contestations qui n'auraient servi qu'à montrer à autrui qu'il avait touché juste.
Si ce billet lui est dédié, c'est tout simplement parce que de manière urgente je suis impatient d'exprimer ce que je ressens. Notamment au sujet des polémiques honteuses dont il a été victime et, en définitive, de la chiche considération dont il a bénéficié après, pourtant, son comportement unique de 2003 où il a spontanément restitué une prime de 4,1 millions d'euros. J'admets aussi qu'il y a quatre ans environ, j'avais rédigé un texte sur ce thème mais, connaissant sa discrétion et sa réserve, je le lui avais montré et il m'avait, comme je le prévoyais, déconseillé de le publier sur mon blog. A dire vrai, il m'était resté en travers de l'esprit et rien ne me semble plus nécessaire aujourd'hui que de me remettre à l'ouvrage.
Je ne suis pas compétent pour entrer dans les arcanes technico-financiers d'Alstom, de la catastrophe industrielle et imprévisible des turbines mais, en revanche, au-delà des débats de spécialistes, je suis convaincu qu'on n'a pas assez rendu justice à mon frère sur le plan de sa gestion. Le plus choquant pour moi qui suivais de près, avec mon frère François, les orages et tumultes de sa fin de carrière professionnelle a été la frénésie médiatique avec laquelle on s'est jeté sur lui - à proportion même de sa tenue et de sa modération - pour tenter de le mettre en pièces, alors que tant d'autres qui exerçaient de hautes responsabilités et les avaient dévoyées notamment par un appétit outrancier du gain se voyaient ménagés. On a profité de sa correction qu'on prenait pour de la faiblesse, de sa bonne foi qu'on estimait mensongère et rien ne lui a été épargné durant six mois environ avant que de sa propre initiative il montre le prix qu'il attachait à l'éthique professionnelle comme à la morale personnelle.
Ce ne sont pas les médias et leurs attaques qui l'ont fait plier. C'est lui qui a décidé d'accomplir ce que sa conscience lui dictait, contrairement à ce que Philippe Courroye, avec certains autres, a insinué, laissant entendre qu'il n'avait fait qu'obtempérer aux journalistes. Tout y est passé. A son encontre on a fait flèche de tout bois, en particulier deux femmes journalistes dont l'une malheureusement est invitée par Frédéric Taddéï dans sa revue de presse et péremptoirement, sommairement, continue à dresser des constats accablants et à instruire des procès expéditifs, comme une gardienne de la morale. Avec quelle délectation sarcastique on s'est moqué parfois du fait qu'il avait cinq enfants et qu'il se revendiquait catholique, une parfaite image du ringard, non ? Sa longue nécrologie dans Le Monde est assez surprenante quand on la compare avec tant de destinées qui ne valaient pas la sienne. On insiste sur ses déboires et on n'est pas loin d'en faire un prodigue, léger et incorrigible optimiste !
En 2008, dans un entretien accordé au Pèlerin, il explique que le renoncement à son indemnité de 4,1 millions d'euros était "un geste individuel motivé par ses convictions chrétiennes", en se demandant avec une grande honnêteté pourquoi "il avait accepté cette indemnité de départ et attendu huit mois pour y renoncer" dans le courant de l'année 2003.
Cet acte a rendu l'ensemble de ses proches, de sa famille, de ses amis, fier de lui. En réalité ce geste, dont je continue à penser qu'il demeurera singulier avec l'esprit de liberté qui l'a caractérisé, a constitué peu à peu mon frère comme une sorte de sage qu'on consultait précisément parce qu'il avait tranché, sans peur ni arrogance, avec des pratiques ordinaires où l'exigence de responsabilité s'accordait trop bien avec les appétits financiers, au lieu de les battre en brèche quand il convenait.
Les médias vindicatifs à son égard, au fond, m'ont moins marqué que l'injustice fondamentale dont le candidat Sarkozy a fait preuve à l'égard de mon frère dans un entretien accordé au Monde le 22 janvier 2007 sous le titre aujourd'hui saumâtre : "Il faut que les Français en aient pour leur argent". Nicolas Sarkozy n'y déclarait-il pas que "pour prendre un exemple, Patrick Kron qui a redressé Alstom mérite un gros salaire mais son prédécesseur ne méritait pas de golden parachute" ?
Il est hors de question de mettre en cause Patrick Kron qui a été choisi par mon frère pour lui succéder et qui a fait paraître pour Alstom, après sa mort, un communiqué équitable et bienfaisant. Ce que je dénonce, non pas seulement par souci familial mais à cause de l'absurdité du propos, c'est l'appréciation d'un candidat qui deviendra notre président et qui va illustrer le scandale des gains exorbitants par une référence au seul homme d'entreprise ayant choisi d'y renoncer. Cette comparaison si peu pertinente avait déjà fait naître en moi un soupçon, une méfiance, un doute pour l'avenir. Comment ne pas percevoir alors, chez Nicolas Sarkozy, une volonté de porter Patrick Kron aux nues pour mieux accabler mon frère par contraste et apparaître ainsi comme le sauveur d'Alstom qu'il s'est vanté longtemps d'avoir été, avant qu'Eric Le Boucher, dans un article lumineux, remette les faits en place et souligne quelques évidences ?
Cette interview de 2007 n'a pas cessé d'obséder ma tête et mon coeur comme une incongruité que je ne parvenais pas à oublier. C'était comme si on faisait fi d'une morale personnelle admirable et, de fait, les dérives de l'éthique publique à partir de 2007 ont confirmé que ce type de vertu n'était guère goûté !
Le président Sarkozy aime, défend sa famille, cherche à favoriser la carrière politique de l'un de ses fils. Il devrait me comprendre.
Puisque je me contente de dire que Pierre était un homme bien et que c'était mon frère.
Toutes mes condoléances.
Rédigé par : Boulgakof | 26 mars 2011 à 12:09
Mes sincères condoléances pour ces trois décès rapprochés. Je ne connais pas le dossier de votre frère donc aucun commentaire.
Concernant le président toutes les "affaires" de ces derniers mois, y compris celle du Mediator que je connais un peu, ont dévoilé sa vraie personnalité...
A bientôt
JA
Rédigé par : JA | 23 mars 2011 à 21:49
Votre billet m'apprend, hélas, le décès de Pierre Bilger. Au-delà de sa famille (excusez-moi de ne la connaître que très peu), c'est une perte irréparable pour notre pays, son débat public,… Il y avait si peu de personnes à la fois sérieuses et fines, originales et responsables, capables de voir, entendre et parler au-delà du "bruit blanc" de l'actualité !
Désolé de ne pas savoir vous en dire plus - je reste sans voix. Toutes mes condoléances.
Rédigé par : FredericLN | 15 mars 2011 à 20:17
Témoignage émouvant. Recevez toute ma compassion pour ces trois deuils. Cela doit être très difficile. Je n'aime pas l'attitude qui consiste à jeter l'opprobre sur toute une catégorie de gens au motif que quelques-uns ont démérité ou ont posé des problèmes : les grands patrons, les banquiers, les musulmans, les cathos,... Il y a de nobles patrons et votre frère devait en être.
Rédigé par : Marie-Anne Kraft | 15 mars 2011 à 15:23
Monsieur,
Je suis d'autant plus sensible à cet hommage que celui-ci est un écho à celui que j'aurais pu faire à mon père, ancien directeur financier d'Alstom qui nous a quittés en 2007.
J'étais jeune stagiaire au siège à Saint-Ouen lorsque mon père, apercevant votre frère, m'a présenté. Du haut de mes 21 ans, j'étais proprement stupéfait que le patron d'un des plus grand groupes français, accompagné d'une cohorte de directeurs, prenne le temps de discuter quelques instants avec moi entre deux réunions.
Au-delà de ce caractère profondément humain que j'ai pu déceler alors, c'est surtout l'admiration pour l'homme que j'ai perçue à travers les yeux de mon père, qui m'a convaincu plus que tout.
Bien à vous et à votre famille.
Rédigé par : Nicolas | 15 mars 2011 à 09:51
Toutes mes condoléances.
Je me souviens de l'affaire des indemnités de votre frère. A l'époque j'écrivais pour un grand quotidien économique et j'avais traité le remboursement des 4,1 M€. Parce que je disais à quel point ce geste ne devait pas être facile et était en tout point estimable, je m'étais attiré quelque moqueries dans ma rédaction. Pourtant, c'est facile de faire de l'ironie, beaucoup moins de signer un chèque qui enlève une telle somme à votre famille, à vos enfants. Et dans ces temps où personne ne veut jamais être responsable, il reste le seul à avoir fait un tel geste.
Rédigé par : Nicolas | 14 mars 2011 à 21:24
Monsieur Bilger, je vous présente d'abord mes condoléances, j'ai été très touché par la mort de votre frère, je ne viendrai pas entre soutiens légitimes et malfaisances déplacées nourrir un débat puéril, j'ai eu l'occasion de discuter avec Pierre, via son blog mais surtout via quelques mails échangés, j'ai retenu de nos conversations l'image d'un homme chaleureux, profondément humain, loin des images véhiculées par les médias ou certains politiques, un homme humble, ouvert, intelligent, enrichissant dont je regrette très sincèrement la disparition. Respectueusement à votre côté dans la peine.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 14 mars 2011 à 20:13
Je vais me contenter de citer Proust, belle plume lui aussi : "Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent"
Bien à vous !
Rédigé par : Cactus | 14 mars 2011 à 17:03
Pierre Bilger fut mon patron et j'ai lu avec attention votre message. Je partage votre opinion sur la plupart des points. En particulier je suis atterré par le propos de notre président que je n'avais pas eu l'occasion de connaître. Les patrons de grandes entreprises aujourd'hui ont pour la plupart perdu la notion de perspectives à long terme, la finance l'emporte sur tout, cela tue l'industrie.
Ceci étant je m'adresse à vous car je me suis posé depuis longtemps quelques questions dont j'aurais aimé avoir les réponses concernant les trois affaires qui ont entraîné les difficultés financières d'Alstom. Comment Pierre Bilger a-t-il pu signer les contrats qui ont entraîné la situation financière d'Alstom au bord du gouffre ? A savoir, pour les turbines comment a-t-il pu accepter qu'ABB ne prenne pas en charge les pénalités commerciales et seulement les dépenses techniques. Pour les trains de la banlieue de Londres comment a-t-il pu accepter de signer un contrat qui permettait d'exploiter les trains sans être payé ? Et enfin comment pour l'affaire des six paquebots pour les Caraïbes, si ma mémoire est bonne, en est-on (Alstom) arrivé à se porter garant du l'emprunt fait par le client ?
Ayant été ingénieur je pense que j'aurais été viré si j'avais accepté une clause de contrat de ce type même pour un petit montant.
Rédigé par : Patrick CHARLES | 14 mars 2011 à 15:27
Sans vouloir polémiquer, parce que je connais rien du dossier, juste cette citation de J.-P. Chevènement :
« Par ailleurs, la combativité des Alsthom a impressionné le patronat. Quand Monsieur Bilger a voulu démanteler l’entreprise en 1999, il s’est heurté à forte résistance. Il m’a même accusé dans son livre Pour quelques millions d’avoir transformé Belfort en « Fort Alamo industriel ».
Le « h » d'Alstom n'est pas une coquille. Cette combativité s'était illustrée lors de la « grève du Centenaire » (P. Bilger n'y était pour rien). Je veux simplement souligner que, quel que soit son dirigeant, une entreprise, c'est une communauté. En renonçant à ses indemnités, P. Bilger l'avait hautement manifesté, c'est assez rare.
Rédigé par : Jef Tombeur | 14 mars 2011 à 14:00
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Rédigé par : Jean Marie | 13 mars 2011 à 23:27
Si votre frère eut été le frère de Sarko, jamais Nicolas n'aurait fait une telle déclaration.
Pierre, dans sa vie d'humaniste, est resté fidèle à sa parole, à ses convictions et à sa conscience, qu'importe le regard jaloux s'il a le sourire et l'estime des siens.
Quand dans la peine, vous prenez le temps d'expliquer, vous méritez Monsieur Bilger notre respect.
Rédigé par : JAC2 | 13 mars 2011 à 21:36
Monsieur,
Comme vous l'avez fait il y a quelques jours pour Jean-Pierre Bacri, je me permets aujourd'hui de vous dire que je vous admire. La lecture de vos textes m'apporte non seulement du plaisir mais me fait me sentir un peu plus intelligent ou tout du moins un peu moins bête. Merci encore de votre probité.
Rédigé par : Carlos MEJIA | 13 mars 2011 à 19:11
Hommage à votre fratrie monsieur Bilger !
Hommage aux enfants des années 40, qui ont pu faire des études en ces périodes difficiles sous l'aile tutélaire de leurs parents.
Hommage à la réussite de cette fratrie, et aussi hommage aux parents de cette fratrie dont le modèle s'impose !
Rédigé par : J.A | 13 mars 2011 à 10:07
« Il se revendiquait catholique, une parfaite image du ringard, non ? »
Non, monsieur. Il n’y a rien de ringard à ouvrir son cœur au message du Christ. J’ai toujours été profondément admiratif, secrètement envieux, de ceux qui ont osé accueillir ce message d’amour.
Cette tranquillité simple, qui souvent accompagne ceux qui ont accepté d’aimer et d’être aimé.
Plus jeune, je suis un jour tombé sur ces lignes :
« Le prêtre, après avoir fait un signe de croix sur le missel, s’était signé lui-même au front, pour dire qu’il ne rougirait jamais de la parole divine ; sur la bouche, pour montrer qu’il était toujours prêt à confesser sa foi ; sur son cœur, pour indiquer que son cœur appartenait à Dieu seul. »
C’est au tout début de « la faute de l’abbé Mouret » d’Emile Zola. Ce passage ne m’a jamais quitté depuis.
De tout cœur avec vous.
Rédigé par : Epaminondas | 12 mars 2011 à 23:12
De quel réconfort sommes-nous (commentateurs plus ou moins inspirés) pour vous (blogueur de bonne renommée) ? je ne puis le savoir.
En revanche, ne vous connaissant que par la lecture de ce blog, j'ai la quasi certitude d'y venir chercher l'intelligence claire sans la duplicité qui est de mise chez la quasi totalité de "nos élites". Et que cette intelligence soit la marque de fabrique de votre famille vous procure, je l'espère, une forme de bonheur ; à savoir l'accomplissement plutôt que la réussite.
Je vous sais infiniment gré de l'esprit de votre blog.
Rédigé par : Madame de F. | 12 mars 2011 à 18:21
UN HOMME BIEN
Philippe Bilger écrit que son frère était un "homme bien". Nous sommes émus par cette confidence, non parce qu'elle émane d'un frère, mais parce que les lecteurs, fidèles ou non, de ce blog, savent ce que de tels mots (dont la profondeur n'a d'égale que la brièveté et la modestie) peuvent signifier sous la plume d'un homme comme Philippe Bilger. Ces deux mots nous inspirent le respect parce qu'ils sont de ceux qu'on ne galvaude pas.
Difficile de définir un "homme bien". L'idée que je m'en fais est celle d'un homme bien élevé et vertueux mais fréquentable. Un homme bien, c'est plus qu'un frère : c'est un ami. Celui dont le commerce vous rassure sur votre compte comme sur le sien. Un "homme bien", c'est encore mieux qu'un "honnête homme" ou un "gentleman". Ces derniers véhiculent une image déjà trop voyante pour nous séduire tout à fait. Un "homme bien" vit parmi les siens, sa famille, ses amis, mais aussi ses voisins, ses collègues voire ses lecteurs et contribue, sans chichis, à les épanouir par une grâce discrète.
Être un "homme bien" n'est pas une fin en soi. C'est une expression qu'on adresse à quelqu'un d'autre pour exprimer une gratitude. Le plus beau mot de la langue française, bref lui aussi, exprime magnifiquement cette gratitude : "merci". Merci donc à tous ces hommes qui, non par leur réussite mais par la magie de leur éducation et de leur foi nous détachent d'un univers social ou professionnel étroit, non pas de façon brutale, mais en parvenant à un arrondi harmonieux de l’esprit, grâce à un langage commun dont l'élan me préserve de la barbarie autant que de la médiocrité de mon quotidien.
Rédigé par : Patrice Sévilly | 12 mars 2011 à 17:50
Monsieur Bilger,
Votre billet est particulièrement touchant sans qu’il repose sur une quelconque sensiblerie. Il est évident que perdre en si peu de mois sa fratrie ne peut qu’entraîner une certaine forme de désarroi ou, à tout le moins, de profondes interrogations que vous évoquez avec modestie et courage. En ces douloureuses circonstances, comme beaucoup d’habitués de votre blog, je me permets de vous témoigner ici l’expression de ma plus profonde sympathie.
En ce qui concerne votre frère Pierre, je n’aurais pas l’outrecuidance de me prononcer sur ses qualités de « capitaine d’industrie » car il aurait fallu le connaître personnellement ou l'approcher dans l’exercice de ses fonctions pour s’autoriser le moindre jugement. Comme beaucoup, je n’ai suivi que ce qui en a été rapporté par la presse, prisme trop souvent déformant pour asseoir un avis.
Je retiens cependant de votre billet cette seule phrase : « On a profité de sa correction qu'on prenait pour de la faiblesse, de sa bonne foi qu'on estimait mensongère et rien ne lui a été épargné durant six mois environ avant que de sa propre initiative il montre le prix qu'il attachait à l'éthique professionnelle comme à la morale personnelle ». Eloge (pas seulement funèbre) fraternel qui à soi seul résume ce qu'a été votre frère.
Je rejoins ainsi dans leurs analyses Véronique Raffeneau : « si on écrit un commentaire au sujet du billet de Philippe Bilger, c'est aussi parce qu'on est ému, peiné, touché par la disparition de Pierre et par sa solitude, son isolement et son sentiment d'injustice suite à son départ d'Alstom » tout comme témoignagefiscal : « aujourd'hui les réseaux ont le pouvoir, ils s'affrontent à la lumière des apparences, selon les règles classiques de la meute. L'individu tend à disparaître. Pour nous, issus de l'époque des hommes chacun libre et unique, le constat est douloureux, voire insupportable ».
Il me semble que tout ici est dit en peu de mots sur le mode de fonctionnement de notre système actuel qui tend à nier la primauté de l’humanité de l’Autre et que tout autre commentaire de ma part me semblerait inconvenant. Tout comme Jean Reffait, votre courage et votre sens aigu de l’honneur sont reconnus de tous ceux qui apprécient la hauteur de vos commentaires.
Croyez, Monsieur Bilger, en l’expression renouvelée de ma profonde sympathie.
Rédigé par : Robert | 12 mars 2011 à 15:35
Ayant le grand privilège de vous connaître depuis plus de 20 ans, de vous avoir rencontré dans "votre cantine" puis à proximité du Palais l'an dernier, et d'avoir connu et apprécié votre frère Pierre dans mon quartier, je vous adresse mes plus sincères condoléances et mes pensées cordiales dans cette succession de douloureuses épreuves.
Rédigé par : poivredemoi | 12 mars 2011 à 13:28
Monsieur Bilger, je salue admirablement votre billet qui n'est autre que la traduction d'une intégrité morale familiale.
Perdre ses trois frères et soeurs en neuf mois a dû être une épreuve accablante pour vous et votre entourage familial.
Je vous exprime mon plus profond respect et vous souhaite beaucoup de courage !
Rédigé par : Cyril | 12 mars 2011 à 13:01
Votre frère nous est sympathique. Connu seulement via les médias et un intelligent portrait dans Le Monde de la fratrie Bilger. Je ne connaissais pas les propos du Président sur votre frère. Ils sont indécents et indignes.
De tout coeur avec vous et ses enfants.
Rosalie
Rédigé par : rosalie | 12 mars 2011 à 13:00
Monsieur Bilger,
je vous ai noté un poème de O. PAZ sur le
billet concernant Monsieur Bacri car je ne
sais pas trop présenter des condoléances
et que ces temps je ne puis être présente
sur le web.
C'est donc vous seul qui avez partagé tant
d'années avec la fratrie qui pouvez même
si "les oiseaux sont invisibles entendre
la couleur de leur chant".
Rédigé par : calamity jane | 12 mars 2011 à 10:51
Bonjour,
A l'intimité du billet sur votre frère ne peut répondre qu'une réflexion sur l'intimité. Vous avez lourdement souffert du décalage entre ce que vous connaissiez de votre frère et l'image que certains, et non des moindres, en ont véhiculée. C'est tout le problème de notre société et il n'est pas certain qu'il soit réversible. Nous avons, animaux humains ordinaires membres de la société judéo-chrétienne, développé de façon extraordinaire la dimension individuelle de l'homme. Cette dimension implique différentes composantes telles que le respect d'autrui, le libre choix, la conscience individuelle du bien et du mal, etc. Ce n'est pas ainsi que fonctionnent les animaux grégaires que nous sommes dans la jungle de l'univers. Il n'est pas impossible que notre civilisation soit un accident. Un fait est certain, aujourd'hui les réseaux ont le pouvoir, ils s'affrontent à la lumière des apparences, selon les règles classiques de la meute. L'individu tend à disparaître. Pour nous, issus de l'époque des hommes chacun libre et unique, le constat est douloureux, voire insupportable.
Cordialement. H. Dumas
Rédigé par : temoignagefiscal | 12 mars 2011 à 10:09
Un hommage mérité à Pierre Bilger
Quand l'on perd coup sur coup nos proches où la vie ne nous épargne pas et fait que l'on se retrouve seul, il ne nous reste que le courage pour avancer vers l'inéluctable et nous nous devons en être l'exemple pour ses enfants, petits-enfants, ses neveux et nièces. Veuillez accepter mes plus sincères condoléances.
Pour ceux qui aurait manqué cet épisode et sans rentrer dans les arcanes compliquées de la finance internationale d'Alstom, ses difficutés ont été analysées. Pierre Bilger en grand capitaine d'industrie est considéré comme l'un des fleurons de l'industrie française, notamment avec le TGV et les Chantiers navals de l'Atlantique avec Le Queen Mary 2. Alstom est né de la scission d'Alcatel /Alsthom et sa politique de rachat de Cegelec pour 1,2 milliards d'euros à Alcatel l'a fait introduire en bourse. Ce qui ne l'avait pas empêché de verser des dividendes du même montant à ses actionnaires d'Alcatel et GEC en 1998. La confiance régnait mais il savait également que son groupe était dès le départ sous-évalué dans sa capitalisation boursière. Pour l'améliorer, il poursuit ses acquisitions en rachetant en 2000 la division turbines de puissance du groupe ABB. La conjoncture fait qu'en septembre 2001, la société Renaissance Cruise est en faillite elle ne peut pas payer la commande de paquebots passée aux Chantiers de l'Atlantique et la reprise de la division turbines à grande puissance du groupe ABB avait été très difficile. Elle avait alourdi l'endettement du groupe mais elle avait été aussi la source d'ennuis techniques majeurs et par la même de la mise en jeu des garanties constructeur données aux clients.
Face à ses difficultés imprévisibles, le Capitaine Pierre Bilger recentre les activités du groupe en 2002 sur le transport et l'énergie en revendant ABB à Siemens et sa division Transmission et Distribution à Areva prévu en septembre mais cela ne se finalisera que plus tard. Patrick Kron est nommé Directeur Général par Pierre Bilger qui le remplace en janvier 2003. Il faut donc recapitaliser Alstom et cela passe aussi par des plans sociaux dont 3000 salariés en font les frais ainsi que la vente de ses actifs pour trois milliards d'euros. Ainsi qu'une prise de participation de l'Etat à hauteur de 725 millions.
Le 21 janvier 2010 soit 7 ans plus tard Patrick Kron, avait annoncé sur BFM Radio le rachat de la branche Transmission et Distribution (T&D) d'Areva pour la modique somme de 4,090 milliards d'euros... Il suit donc à la lettre la politique industrielle que Pierre Bilger avait mise en place dix ans auparavant.
Notre seigneurie en fait un point d'orgueil dans sa campagne électorale de 2007 en déclarant : "j'ai sauvé Alstom etc.". Comme je vous comprends M. Bilger. En 2004 il était pendant quelques mois ministre de l'Economie où il a fait simplement accepter par Bruxelles le plan de recapitalisation d'Alstom. Ce qui n'est somme toute que son devoir de ministre ! L'Etat avait injecté seulement 725 millions d'euros au capital sur l'emprunt public qui avait été revendu à Bouygues en 2006 pour 2 milliards d'euros (rétrocommissions ou pas pour sa campagne ?). Mais pas un de ses amis, dans l'effervescence de la campagne, n'ose lu dire que le cas Alstom est un cas particulier et qu'il se trompe à vouloir en faire un cas général ! En février 2008 il est à Gandrange promettant aux salariés de sauver les emplois du groupe ArcelorMittal dans un discours captieux. Février 2009 fermeture de Gandrange 600 emplois qualifiés en aciers spéciaux disparaissent ! L'usine Kleber du groupe Michelin à Toul où 835 emplois disparaissent à qui il avait promis la lune ! Etc. Depuis 2002 ce sont 500000 emplois industriels qui ont été perdus...
Rédigé par : On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus | 12 mars 2011 à 09:45
Viser bas et se tenir de travers est autant moins encombré, Franck Boizard !
Rédigé par : Herman | 12 mars 2011 à 02:14
Je trouve vos tentatives émouvantes et leurs intentions justes.
On peut, il faut, défendre nos attachements au -delà les êtres.
On peut dire que plus nous sommes esseulés, et plus nos attachements renforcent, même s'ils s'enfouissent, ou, vus de l'extérieur, se déliteraient avec le temps.
C'est un motif de partage majeur.
Et il y a là, je crois, une très profonde causalité pour la justice.
Vous nous dites toute l'invasion des autres, profondément "injuste", inéluctable en histoire, avec les médias si peu circonstanciés.
Je ne peux que dire à côté avec Alstom, comme sorte d'échappement donc, à côté de vos propos, et sans la moindre assurance d'un soutien que je voudrais.
L'article du Monde, il m'a fait connaître assez peu d'Alstom, si peu de votre frère, ainsi que vous dites.
Alors, voici le témoignage d'un incertain:
-Vers Niederbronn, où je rôde, c'était De Dietrich, des Dietrich depuis un demi-millénaire.
Là, il y a un quart de siècle, un rendez-vous auprès le baron Dietrich avait plus de valeur entre voisins que quelconque tracé du cadastre ou intervention de géomètres...enfin, pour certains voisins entre certains voisins.
Cela, je l'entendais souvent au Stammtisch, et même avant d'implanter des constructions.
Ensuite De Dietrich est devenu Alsthom.
Ce ne fut plus tout à fait, au Stammtisch, que Alsthom soit apparu, mais longtemps, que De Dietrich fut disparu.
L'apparition d'Alsthom, elle ne se règle pas localement, et encore moins aux colonnes du Monde.
Pour l'instant, à Zinswiller ou à Reischhoffen, De Dietrich et Alsthom, ils en sont seulement à devenir "les mêmes".
Transmissions toujours, et difficiles attributs avec la croyance...
Rédigé par : zenblabla | 11 mars 2011 à 22:47
Je respecte la douleur d'un frère et n'émettrai aucune critique sur votre billet.
Par contre le commentaire de jmdesp m'apparaît grotesque.
Des expressions comme "comparable à ce que peut obtenir un employé ordinaire dans des conditions équivalentes" ou "c'est un peu plus que strictement le minimum légal" pour qualifier le parachute doré auquel votre frère a renoncé me paraissent déjà limite : cette comparaison avec l'"employé ordinaire" est indécente, mais il y a pire.
C'est quoi cette tirade : "sa pension de retraite allait représenter moins de 25% de son salaire final, pour le coup des conditions bien plus défavorables que celles de la majorité des employés ordinaires" ?
Les 25% en question représentent une retraite voisine de 500.000 euros annuels, un niveau de retraite réservé a quelques centaines de Français. Comment peut-on oser écrire de quelqu'un qui atteint un tel niveau de retraite qu'il est dans des "conditions bien plus défavorables que celles de la majorité des employés ordinaires" ?
Fallait oser quand même affirmer qu'avec 500 000 euros de retraite, on est nettement moins bien traité qu'un "employé ordinaire" bénéficiaire d'une retraite qui doit culminer à 20.000 euros dans le meilleur des cas !!
Je ne crois pas que votre frère sorte grandi de commentaires, même favorables, d'une telle bêtise.
Rédigé par : Francois F. | 11 mars 2011 à 22:36
Monsieur Bilger,
Je savais, depuis l'article du Monde sur les frères Bilger, que la dignité et l'honnêteté étaient de votre côté. Lorsque j'ai appris la mort de votre frère Pierre, bien que ne vous connaissant pas, j'ai eu envie de vous adresser mes condoléances. Je me suis abstenu de le faire par pudeur et par modestie. Votre billet met fin à ma retenue.
Que n'y a-t-il davantage de frères Bilger par ces tristes temps dans notre pays et par le monde.
JM
Rédigé par : JM | 11 mars 2011 à 21:54
Toutes mes sincères condoléances.
Je me rappelle qu'il a été invité à parler à une émission de BFM Radio, où il retraçait sa vie et ses origines.
Il me semble que les gens intelligents, auditeurs de cette radio ont bien compris qui était cette personne et sa famille.
Rédigé par : Bernard | 11 mars 2011 à 21:23
Monsieur,
L'accumulation des malheurs qui vous ont frappé ces derniers temps me fait penser à tous les commentaires qui crépitent chaque fois que vous émettez un nouveau billet.
Et je mesure une fois encore combien il est facile de s'égarer dans la facilité des faits au regard des situations.
Voici une fratrie décimée, avec vous en "fils unique", certes riche de bons souvenirs de cette soeur exemplaire et de vos deux frères dont le dernier disparu a eu à se frotter à l'ignominie de notre contexte friqué. Tout me semble avoir été dit à ce sujet, les uns défendant l'indéfendable (comme à l'accoutumée), les autres vous accablant de compassion dont certaine est sincère et l'autre moins.
Je retiens surtout, peut-être parce j'ai l'âge d'un "patriarche", comme me le dit, à répétition, un de vos invités, avec le dédain qui va avec cette évidence (je pense que c'est surtout pour être blessant en termes bien-pensants), ce qui ne signifie rien d'autre que d'avoir (trop ?) longtemps vécu, que toutes les vies difficiles sécrètent, sauf mort ou affaiblissement cérébral, une quantité énorme de courage. Ce courage qui fait le quotidien des gens que j'admire et que je respecte et qui n'est plus une vertu, disons une "valeur" pour être de notre temps, et qu'il vous reste pour toute fratrie vivante. Car elle est vivante parce que vous portez en vous ces chers visages qui vous manquent et dont les traits étaient un peu les vôtres ou ceux de vos communs parents. J'ai l'âge (encore !) d'avoir connu bien des deuils parmi les êtres les plus chers et je me prends à me dire que si je me sens si lourd, si fatigué, si atone parfois, c'est parce que je les porte en moi. Il en faut du courage, du vrai, pour ne pas se débarrasser de ce qui, après tout, est simplement "passé". Il n'y a pas de "passé" dans le courage. Etre courageux ne se conjugue qu'au présent ou au futur. Quand on a le courage que l'on sent chez vous et que me confirment des personnes qui ont l'honneur de vous connaître, on peut biffer le mot "deuil" de son vocabulaire. Il y a une connotation oublieuse dans ce mot, si cher aux psy de tout poil, qui me révolte. Je tiens, en me regardant dans la glace, le matin, à retrouver un geste de mon père, une "manie" non effacée d'une si proche que je la porte en moi à chaque seconde de ma vie, les années ne pouvant rien en éroder.
La joie de l'âme est dans l'action, écrivait Lyautey. Lorsque l'action n'est plus possible, le meilleur, le seul refuge est le courage.
On sent, à chaque ligne, que vous en êtes bien pourvu. C'est à ceci qu'on reconnaît les Etres Humains dignes de porter la flamme de l'Humanité.
C'est, comme disait un de vos commentateurs, au pied du mur qu'on reconnaît le maçon. C'est au pied du mur accumulé de vos douleurs qu'on a la fierté, avec vous, de reconnaître l'homme de courage.
Rédigé par : Jean Reffait | 11 mars 2011 à 21:20
Quelle hécatombe!
Mais je commenterai plus tard. Pour l'instant j'ai trop présente à l'esprit une autre hécatombe, celle du millier de victimes du tremblement de terre doublé d'un Tsunami qui vient de frapper le Japon et les malheureux japonais.
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 mars 2011 à 21:19
@ Christian C
"Je pense que vous faites un mauvais procès à M. Ledun. Il a raison d'opposer à "mon impression" les décisions rendues par le Conseil constitutionnel depuis un an."
Madame Raffeneau
@ Christian C
"Je ne comprends pas le procès d'intention que vous faites à JPLedun à l'occasion de sa réponse à Véronique...
...Avant de dénigrer ou d'ironiser, faites un effort de recherche... JPLedun lui, l'a fait..."
sbriglia
@ Christian C
Dites-moi Monsieur, iI y a quelque chose qui ne passe pas ? Que diriez-vous de répondre simplement argument contre argument et de me lâcher avec vos leçons de morale ?
Ledun Jean-Paul
Rédigé par : jpledun@Christian a, b, ou c ? | 11 mars 2011 à 19:43
Bonjour M. Bilger
Etant absent depuis un bon mois et peu au courant de l'actualité, je suis par hasard tombé sur votre billet ; j'ai donc appris le malheur qui vous accable...
Veuillez agréer toute ma compassion et mes respects.
Rédigé par : sylvain | 11 mars 2011 à 19:10
Joli papier.
J'aime moins le
"en particulier deux femmes journalistes dont l'une malheureusement est invitée par Frédéric Taddéï"
PB
il faut dire ou taire.
L'understatement passe joliment quand il est teinté d'humour ; n'étant là en rien le propos, je trouve la formule, comment le dire sans blesser, sournoise serait peut-être un peu fort, disons plutôt vipérine, agacée à la place d'être indignée.
En général, et en civil aussi, vous ne prenez pas de gant - quelque belle exigence littéraire qu'aillez - pour dire ce qui vous semble le juste et le vrai - c'est d'ailleurs pour cela qu'on vous apprécie - là où ici - justement couvert par la sincère émotion que tous comprenons - vous 'implicitez' ce qui aurait, selon moi, gagné à être qualifié avec plus de netteté, de franchise, de subjectivité assumée.
Mais au regard du contexte, tout cela est de peu d'importance.
Il est un fort film de John Sturges, qui s'appelle "Bad day at black rock" dont le titre français est, je crois, "Un homme est passé".
Puisse la vie de celui que décrivez, avoir eu cette lumière.
AO
Rédigé par : oursivi | 11 mars 2011 à 18:53
De tout coeur à vos côtés.
Michel Bilger
Rédigé par : Michel Bilger | 11 mars 2011 à 18:47
Monsieur Bilger, je ne peux que relever la sagesse et la noblesse de vos propos alors même que le ressentiment et la tristesse pouvait vous pousser à moins de mesure.
Respect monsieur.
Rédigé par : Surcouf | 11 mars 2011 à 18:27
Un point important et qui n'est indiqué qu'à de rares endroits au sujet de cette indemnité à laquelle a renoncé Pierre Bilger, c'est que contrairement à celles que se font promettre de nombreux PDG, ce n'était pas une somme arbitraire, ça correspondait juste à 2 ans de salaire + le préavis, soit les termes de son contrat de travail avant de devenir PDG, dont il avait juste négocié à ce moment la poursuite sans chercher des conditions plus avantageuses.
Comme il avait 21 ans d'ancienneté au moment de son départ, se voir accorder 2 ans d'indemnité de licenciement est comparable à ce que peut obtenir un employé ordinaire dans des conditions équivalentes (c'est un peu plus que strictement le minimum légal, mais une grande entreprise comme Alstom ne verse jamais uniquement le minimum). La deuxième justification, expliquée dans son livre, est que sa pension de retraite allait représenter moins de 25% de son salaire final, pour le coup des conditions bien plus défavorables que celles de la majorité des employés ordinaires.
En réponse à un commentaire plus haut, Pierre Bilger avait justement choisi d'investir dans plusieurs jeunes entreprises, et, à nouveau je cite son ouvrage, regrettait pour une part de ne pouvoir en faire plus financièrement pour eux après avoir renoncé à cette indemnité.
Rédigé par : jmdesp | 11 mars 2011 à 16:53
Monsieur l'Avocat Général,
Depuis que je vous lis, il me semble que l'on pourrait parler de Palais de Justice comme de Palais de Justesse.
Cette exigence rare qui ne semble pas vous quitter.
Je vous prie de recevoir, Monsieur l'Avocat Général, l'expression de toute ma sympathie.
Rédigé par : Arnaud | 11 mars 2011 à 16:12
J'apprends avec tristesse la disparition de votre frère que j'ai eu le plaisir de brièvement côtoyer dans le cadre de la création de 6nergies.net, un réseau social, créé il y a plus de 5 ans, dans la mouvance de Viadeo et de Linkedin.
Ainsi, en avance sur ces pairs qui balbutient encore sur l'importance à accorder à ces nouvelles technologies, il s'y était intéressé et n'hésitait pas à y investir son temps et aussi son argent.
Lors de réunions d'actionnaires, il savait poser les bonnes questions, mais mettait un point d'honneur à ne pas se mettre en avant, alors que son passé aurait pu lui dicter une autre attitude.
Même s'il avait souvent une attitude que d'aucuns pourraient taxer de rigide (ou peut-être de protection eu égard à des controverses passées ?), la première chose qui me vient à l'esprit restera son sens de l'humour et son rire bref mais communicatif.
Rédigé par : Eric DUBOIS "ERWOOD" | 11 mars 2011 à 15:40
A jpledun,
décidément tout en délicatesse et en nuances.
Un peu de décence et de respect, c'est vraiment trop vous demander ?
Rédigé par : Christian C | 11 mars 2011 à 15:14
Magnifique hommage plein de dignité.
Rédigé par : Jabiru | 11 mars 2011 à 14:35
Ce que vous dites, cher Philippe, des propos de Nicolas Sarkozy peint mieux qu'un long discours et constitue un réquisitoire sans retour.
Il y a une catégorie d'esprits et de coeurs centripètes, des sortes de trous noirs qui avalent tout ce qui les entoure, qui ne vivent que pour eux, qui jugent le reste de l'humanité à leur image.
Pour eux la hauteur de vue, le désintéressement, la simple élégance, sont des faux-semblants trompeurs.
Toute hésitation, tout débat moral leur semble un aveu de faiblesse, tout renoncement à la proie qui passe à portée de la main, une faute inexcusable et honteuse qui les met à ce point mal à l'aise qu'ils préfèrent en nier l'existence.
En politique et dans les affaires, ce sont généralement ceux qui "arrivent".
Ils ne respectent pas les autres parce qu'ils ne peuvent pas se respecter eux-mêmes.
Vous avez rendu un bel hommage à votre frère en le campant sur l'autre rive.
Rédigé par : Frank THOMAS | 11 mars 2011 à 14:28
Ce n’est pas le moment ni le lieu de faire de la polémique á deux balles... mais vous la faites quand même…
C’est amusant.
Ne venez pas me chercher sur les sentiments. Je m'arrange avec eux ailleurs que sur ce blog.
Le discours de Sarko n'est écrit nulle part, c'est une idée générale qui existe depuis son vœu de moraliser le rapport á l’argent et au travail.
M. Pierre Bilger n’a rien à voir avec cela.
Je l'ai écrit deux fois dans le même texte.
Vous repasserez pour la polémique á deux balles !
Rédigé par : jpledun@Mme Raffeneau | 11 mars 2011 à 14:26
Bonjour M. Bilger,
Une question simple après avoir lu votre billet : travailler plus... pourquoi pas ?
De toute façon quand on a la chance comme vous (je le suppose) et moi d'aimer son METIER (et pas son travail) on ne compte pas ses heures...
Pour gagner plus ? jusqu'à combien... jusqu'où et pourquoi ?
Là est la question...
Pour votre frère et pour vous l'important c'est le travail bien fait, le bel ouvrage, bien ciselé. Pour notre président l'important c'est que l'ouvrage reste dans la famille... je ne crois pas que ce soit votre objectif.
Ni le mien...
Bien à vous
Rédigé par : florent cappelletti | 11 mars 2011 à 14:13
Monsieur l'Avocat général Bilger,
Votre billet est émouvant.
Vous êtes fondé à défendre l'honneur de votre frère, injustement attaqué, en particulier par Sarkozy.
Renoncer à une forte somme d'argent à laquelle on a droit juridiquement n'est pas une chose ordinaire, surtout en cette période où la course à l'argent est devenue le jeu de tout le monde, y compris les représentants de l'Etat. Seul le chrétien, perpétuellement sous le contrôle du surveillant, pour utiliser un mot propre au traducteur français de l'apôtre Paul, est capable d'une telle décision.
Votre frère était énarque, catégorie sociale que nous sommes nombreux à estimer, au contraire de Sarkozy qui ne porte pas dans son coeur ceux et celles qui représentent l'élite de notre pays.
J'espère que Sarkozy a bien retenu votre leçon, et qu'il ne se hasardera plus jamais à parler de gens qu'il ne connaît pas.
Vous avez raison de dénoncer le fait que Sarkozy ait cherché à utiliser ses pouvoirs pour accélérer la carrière de son fils, alors que tant de jeunes Français plus diplômés que ce dernier doivent se battre tous les jours pour ne pas sombrer définitivement dans le défaitisme.
Comme j'ai cessé de lire le journal Le Monde depuis que sa couverture de la première guerre du Golfe m'a convaincu que c'est un journal corrompu, je ne peux que vous remercier de m'avoir permis de m'informer sur un moment d'Alstom.
Rédigé par : LABOCA | 11 mars 2011 à 13:01
@ M. Ledun
Bon, je pense que par égard pour Philippe ce n'est pas le moment, ni le lieu de faire de la polémique à deux balles.
Mais tout de même, où lisez-vous dans l'appréciation de N. Sarkozy au sujet de Pierre Bilger un début de :
"gros salaire et parachute d'accord, si en face il y a prise de risque personnelle et travail effectif" ?
N. Sarkozy, avec la délicatesse et la modération qui le caractérisent avait dit :
"pour prendre un exemple, Patrick Kron qui a redressé Alstom mérite un gros salaire mais son prédécesseur ne méritait pas de golden parachute"
Alors que le golden parachute - déjà, là, la vulgarité de l'expression, à pleurer, mais passons - précisément Pierre Bilger y a renoncé au terme d'un débat conflictuel et douloureux entre lui et lui.
Ce qui est étonnant c'est que N. Sarkozy semble ignorer ce détail, ou plus étrange encore: l'épisode de renoncement de Pierre Bilger à son indemnité de départ devait être si étranger à sa façon de fonctionner que le futur président l'a purement et simplement oublié.
Lisez le premier chapitre du livre de Pierre Bilger qu'on peut télécharger gratuitement sur son blog - initiative rarissime de la part d'un auteur - et vous conviendrez avec moi que si on écrit un commentaire au sujet du billet de Philippe Bilger, c'est aussi parce qu'on est ému, peiné, touché par la disparition de Pierre et par sa solitude, son isolement et son sentiment d'injustice suite à son départ d'Alstom.
Ce qui vous motive et me motive c'est seulement le seul désir d’être près et proche de Philippe. Pour lui parler de son frère.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 11 mars 2011 à 12:56
"Aussi bien c'est assez d'inutile colère,
Vous n'avez pas besoin d'être tant défendus;
Voici le Fleuve Rouge et la Rivière Claire
Et je parle à vous seuls de vous que j'ai perdus!"
Court extrait du poème du Capitaine de Borelli "A mes hommes qui sont morts" Tonkin 1885
Rédigé par : adamastor | 11 mars 2011 à 12:32
Bravo pour la dignité et la sincérité du ton.
Rédigé par : aiglemalin | 11 mars 2011 à 12:14
D'accord avec vous sur la frénésie médiatique !
Il y a un moment déjà que je ne me sens plus informé par les canaux de tout un chacun.
Sans recherche approfondies il n’y a plus d’infos viables.
Rédigé par : jpledun | 11 mars 2011 à 12:13
Si rares désormais sont les gens intègres et honnêtes qu'il est facile pour les autres de leur tirer dessus.
Les personnes adoptant franchement (même tardivement) une ligne droite sont souvent les premier visés par les piques injustes par ignorance ou méchanceté.
Le monde de l'entreprise est hélas du même style.
Qu'importe, les jours de beaucoup de gens de tous bords sont comptés surtout si des dossiers existent bien quelque part en Libye ou ailleurs...
Qu'il est loin le temps où des hommes politiques payaient de leur propres deniers leurs dépenses personnelles.
Une époque se termine (ou plutôt finit de se terminer). Nul ne sait vers quoi l'on va "in fine" si ce n'est que la transition se fera dans la douleur.
Rédigé par : damien75 | 11 mars 2011 à 12:08