Un pas de Guéant

Invité à une table ronde sur l'exécution des peines organisée par l'UMP, à l'initiative de Jean-François Copé et de Jean-Paul Garraud, j'ai pu m'exprimer dans un total esprit de liberté et on ne m'a pas demandé si j'étais sarkozyste, sarkozyste déçu ou franchement anti-sarkozyste. Il est évident, pour rassurer ceux qui ne lisent pas bien mon blog et ne comprennent pas que du temps a passé depuis 2007, du candidat au président, que j'aurais livré ma pensée (pardon pour le pompeux !) telle quelle aussi bien au PS, devant l'excellent André Vallini par exemple, que devant d'autres instances politiques, si une forme de réaction je l'espère éclairée avait pu les intéresser.

Ce qui m'a passionné, c'est de constater comme il serait simple de mettre en oeuvre quelques mesures qui déjà auraient pour mérite de rendre notre système moins défaillant, plus efficace et donc plus facilement lisible par le citoyen. Il faudrait avant tout avoir un ministre qui compte vraiment au sein du gouvernement, qui ait l'oreille du président tout en ayant le courage de dire et de contredire, de faire et de défaire. Apparemment, sans offense aucune, Michel Mercier ne rentre pas dans cette catégorie. Il cherche à étouffer les crises plus qu'il n'a envie de libérer les énergies et d'inventer l'avenir.

C'est d'autant plus dommage que la nomination récente de Claude Guéant à la tête du ministère de l'Intérieur vient contrebattre une idée que l'histoire politique semblait assez généralement confirmer. Les changements de gouvernement, plus modestement les remaniements ne serviraient à rien. Ils donneraient l'impression de l'action, susciteraient des espoirs vains et seraient plus une manière de se débarrasser des problèmes que de les régler.

Claude Guéant, qui a remplacé Brice Hortefeux il y a peu, quoi qu'on pense de sa personnalité, de la politique présidentielle ou de celle que de manière autonome il va pouvoir mener, a réussi déjà à manifester qu'on a fait plus qu'une interversion d'hommes mais qu'on a quasiment ouvert une nouvelle page place Beauvau. Il y a des êtres - ils ont de la chance d'avoir cette vertu - qui portent en eux une compétence, un refus de la foucade, une  sérénité, un calme, une maîtrise et une politesse que naturellement ils diffusent. Je suis persuadé qu'adversaires ou partisans du nouveau ministre s'empoigneront peut-être sur le fond mais ne trouveront pas matière à se scandaliser sur sa forme dans quelque espace que ce soit. Un ministre, ce devrait être d'abord quelqu'un qui, plutôt que de faire étalage de sa fierté personnelle, rende fiers de lui ceux dont il a la charge et qu'il doit administrer et mobiliser.

Le programme lui-même, quand il s'assigne l'élaboration d'un "nouveau pacte de sécurité" destiné aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers, avec l'axe fondamental "de la tranquillité, la protection et le service dû aux concitoyens" n'a pas besoin d'être d'une originalité bouleversante quand l'essentiel est proclamé qui exige des forces de sécurité et de sauvegarde "d'être proches des Français" (Confidentiels du Figaro). Cela paraît peu mais cela signifie beaucoup. Va-t-on enfin comprendre que la police, d'abord, se doit d'être, au sens démocratique le plus plein du terme, une police d'urbanité qui crée ou recrée du lien, se fait respecter parce qu'elle est au quotidien respectable et suscite la confiance même quand on n'a pas besoin d'elle ? Sylvie Feucher, secrétaire générale du Syndicat des commissaires donne la clé quand elle déclare : "Face à nous, il y avait un chef". Un chef, c'est tout le contraire d'une brute et c'est tout sauf un faible.

Pourquoi serait-il inconcevable d'offrir un jour à la Justice un garde des Sceaux dont la nomination elle-même constituerait un événement et dont on pourrait, avec les certitudes apaisantes qui précèdent parfois les preuves par l'action, présumer le meilleur pour les magistrats et la société qui attend tout d'eux ?

En un court laps de temps donc, un pas de Guéant ! Pourquoi l'immobilisme chez nous ?

Comments

[Rédigé par : François FONTAINE]

C'est plutôt un pas de géant vers "encore plus une république reprochable".
En effet, en tant qu'inspecteur de police, j'avais dénoncé les méfaits d'un policier commis au profit de trafiquants notoires, dont était était fiché pour ses liens vace les Libyens de la zone et les islamistes, et qui était interdit de visa pour avoir été arrêté à l'aéroport de la Réunion pour trafic de devises. Bien que l'IGPN ait reconnu coupable ce policier et que sa présence était préjudiciable au service public, M. Guéant ne l'a pas puni. A contrario, j'ai été sanctionné sous le couvert d'une fausse accusation. Fort heureusement, le juge a tout annulé. Bien que réintégré, j'ai subi mille brimades. Je ne crois donc pas en Guéant qui préfère les intérêts fraternels à ceux de la République.

[Rédigé par : oursivi]

En tout cas ce n'est pas un gars de Péan.

Sérieux comme il est, il inspirerait plutôt "une vieillesse française".

AO

[Rédigé par : Jean-Dominique Reffait@sbriglia]

Sbriglia, je n'ai vraiment plus l'âge de recevoir des bons points et sans doute pas encore celui d'en donner. Je ne peux guère me consoler avec le kouign-amann qui est quand même très écoeurant. Je note au passage que votre faute - "kouing" au lieu de "kouign" - n'a pas été corrigée par la modération de ce blog : il y a de la bretonnophobie dans l'air...
Cela dit, j'ignorais que C. Guéant eut des origines bretonnes et ne saurais mesurer à quel point cela m'est égal.

[Rédigé par : jpledun@sbriglia]

"... la généreuse distribution par le patriarche de bons points donnant droit à des images est-elle une tradition bretonne au même titre que le kouign-amann ?..."

Très drôle !

[Rédigé par : zenblabla]

Je ne pense pas que d'ici à l'échéance de 2012, il se passe réellement autre chose que gérer les affaires courantes, dont fait partie l'idée de calmer les troupes.
Il y a eu la fabrication/opportunité des "tensions intérieures maximales"....

Tout se passe ailleurs en ce moment, et pour un bon moment, avec l'ailleurs ici et par avance, sauf si qu'avec des preuves l'ailleurs ne nous rattrape.

Tout est calme donc, et c'est ce que ce remaniement exprime.
C'est de l'aquarelle, il faut pousser la goutte jusqu'au bout et présenter une toile certaine:
Il y aura des annonces pour ce qui est de la Justice, tandis qu'il faudra bien trancher en politique, entre plusieurs pires, pour l'intérieur.

Les choses se penseront, mais elles se dévoieront en élection du côté de l'injustice sociale, qui n'est pas vraiment ostensiblement concernée sitôt par des décrets, sinon s'agissant de l'occultation doctrinaire de la misère...,
un contresens:
Nous sommes tellement riches entre suffisamment, que l'heure est aux éliminations et la course aux diseurs!
Quant à l'extérieur, c'est pain béni!

M. Guéant comme Fouché?, ...mais il n'y a pas encore de révolution!
S'il y avait révolution, il serait un des premiers à devoir se monter calme, autant qu'à avoir à être calmé certainement.
M. Guéant fait en tout cas bonne figure en placebo!
Assurer la sécurité d'une partie de plus en plus restreinte de la population, cela me semble son viatique, avec une police suffisante, une qui ne suffit déjà plus, et qui est obscurément dans les limbes.

Sache-t-il M. Guéant, être expert, mettre la police en dehors des limbes!
Cela ne dépend déjà plus ni de lui, ni de la police, et Fouché fut fameux en retournement de veste.

PS:
Je me dis que mes positions intellectuelles m'interdisent de vouloir Philippe Bilger en position politique représentative pour ce singulier ministère qu'est la Justice.
Mais si les Ministres se votaient..., l'enquête continue!

[Rédigé par : Surcouf sur le gaillard arrière sa lorgnette en main]

@On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus

Le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur n'est, en fait, pas de la responsabilité directe des gvt qui se sont succédés mais de l'Europe.
Celle-ci a décidé, je ne saurais plus dire la date exacte mais il y a bien dix ans au moins, qu'il ne doit y avoir par pays de la communauté qu'une seule force de police et que celle-ci doit être civile.
Donc pas besoin de délirer tout seul sur le déclin fascisant de la France.

Police + gendarmerie vous obtenez 230 000 fonctionnaires chargés de la police et du maintien de l'ordre, ce qui fait de nous un des pays européens avec le plus de force de police par habitant. Je crois plus que le problème vient de l'usage qui est fait de ces forces plutôt que de leur nombre.

[Rédigé par : Savonarole]

On s'amuse ici, finalement...

Il est comique de lire sur ce blog deux anti-sarkozystes notoires se féliciter de la nomination de Claude Guéant à l'Intérieur !
Il y en a même un des deux qui a la larme à l'oeil : "Claude Guéant est breton comme moi !"...et le deuxième se tortille : "c'est une bonne nouvelle"... parce qu'il détestait Hortefeux... et serrait ses deux petits poings lorsqu'il le voyait à la télé.

Ces deux-là seront certainement aux loges pour excuser toutes les bavures, toutes les embrouilles à venir.

Enfin, ne jurons de rien, car c'est au pied du mur qu'on voit le maçon.

[Rédigé par : Frank THOMAS]

Il faut que notre République soit bien mal en point pour qu'on en arrive à se réjouir qu'on mette aux postes-clé des personnes compétentes.
Il est vrai qu'après Mesdames Alliot-Marie et Dati...
Monsieur Guéant, comme Monsieur Juppé, quoi qu'on en pense, maîtrise le domaine qui lui est confié.
Mais ce n'est que le moins qu'on puisse demander à un ministre, quand on l'exige du plus modeste fonctionnaire, employé ou responsable d'entreprise.
La France n'en est pas encore rendue au point qu'il faille s'en étonner.

[Rédigé par : sbriglia@JDR]

"J'attendais que quelqu'un osât prononcer le nom de Fouché. Jean-Dominique l'a fait. Bravo ! "

Mon cher Jean-Dominique, la généreuse distribution par le patriarche de bons points donnant droit à des images est-elle une tradition bretonne au même titre que le kouing-amann ?...

[Rédigé par : On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus]

Un mauvais pas de guéant !

Certes, je préfère voir Claude Guéant place Beauvau, lieu qu'il affectionne particulièrement et davantage dans sa compétence, plutôt qu'au château. Ou dans ses escapades en catimini le jour du Seigneur en Falcon 50, en Afrique, au Proche et Moyen Orient en rencontrant tous les dictateurs. Guéant a fait mal à notre diplomatie et au rayonnement démocratique de la France, car il avait décidé de ne parler qu'à ceux-ci et en avait donné l'ordre aux ambassades...
Il lui manque donc la respectabilité de n'être point élu par le peuple, sans doute par timidité de se présenter devant le verdict des urnes ! Maintenant, me faire croire, M. Bilger, par votre billet, que Guéant va mener une politique autonome, vous vous mettez le doigt dans l'oeil ! Il existe un problème anti-démocratique et anti-républicain grave, celui du rattachement de notre Gendarmerie à son ministère (déjà 15 escadrons mobiles dissous) et je m'interroge sur ce qu'il en fera car la France est devenue autoritaire par ce fait et sur la voie de la dictature si la fusion se réalisait... Quant à Michel Mercier, centriste, il est apparemment tout aussi compétent que ses prédécesseurs de l'UMP. Il promet d'associer les magistrats aux réformes exigées par Notre Seigneurie sur les jurés en correctionnelle et nous verrons ce qu'il nous a concocté sur les moyens de la Justice dans sa déclaration du mois dernier. Je suis en désaccord total sur les jurys populaires et il ne me semble pas qu'une majorité pour cette réforme se dégage, quant au manque de moyens ; c'est un constat d'échec de la politique de l'UMP.

Devant la montée dans les sondages de Marine Le Pen, Fillon a encore rappelé au Palais Bourbon hier qu'il n'y aurait pas d'accord avec le Front National ; sans blagues !
A ce jour l'UMP n'a pas d'autre choix que de labourer les plates-bandes du Parti Socialiste. L'allusion à André Vallini qui avait bataillé dur contre le projet politique de Notre Seigneurie sur la suppression du juge d'instruction et sa démission pour convenance personnelle de son poste de secrétaire national du PS à la justice est un épisode lié à l'élection douteuse de Martine Aubry et sans doute sur la forme dont elle régente son équipe. Sa démission en janvier 2009 prive certainement le PS d'un de ses secrétaires nationaux les plus compétents et les plus expérimentés, nous sommes ainsi d'accord avec votre billet sur ce point. L'UMP reprenant en partie à son compte le programme de "Pacte de la tranquillité publique" du PS que je vous invite à relire, vous y trouverez ce que les "Confidentiels du Figaro" ont également repris... Je ne vois donc pas poindre à ce jour un virage politique à 180° de l'UMP tout sécuritaire sur lequel il a été élu depuis mai 2002 ! Devraient-ils enfin reconnaître leurs errements, ce qui est contraire à leur nature. JF Copé le premier, spécialiste de politique politicienne débattait avec François Rebsamen des peines (Mots croisés du 22 novembre 2010). Ils n'étaient pas en accord sur les peines planchers, mais pas en désaccord sur d'autres points. Ce n'est pas un sujet facile et simple mais je m'en réfère à nos sociologues, chercheurs indépendants et j'insiste sur le terme indépendant, au CNRS qui possèdent de réelles compétences sur ces sujets de débats, ce que tous les politiques devraient prendre en compte ainsi que tous les magistrats et les journalistes dans la représentativité de la table ronde, Yves Calvi l'avait-il volontairement oublié sur ordre en n'invitant qu'un "criminologue" ?

[Rédigé par : Sandro]

Bacri à la Justice, cela s'impose..
Il garderait les sceaux avec une nonchalance grognonne et caustique, une lassitude de bon aloi, un coup de gueule de temps à autres...
"The right man on the right place".
M'est avis.

[Rédigé par : Jean Reffait]

Monsieur,
En tant que breton, je devrais être heureux de voir un breton devenu ministre de l'Intérieur, etc. Car, né dans le Pas-de-Calais, il a quand même une incontestable ascendance bretonne et renforcée par le fait (Wikipedia) qu'il a commencé sa carrière comme Secrétaire Général du Finistère avant de devenir Secrétaire Général des Hauts-de-Seine et après quelques années passées en Préfecture et même de Région (Bretagne notamment), et à la tête d'une police qu'il ne pouvait pas encore écréter de notre bonne Gendarmerie Nationale, a échoué jusqu'à ces derniers jours au Secrétariat Général de la Présidence de la République. C'est une vocation chez lui d'être Secrétaire Général de quelque chose. C'est le long chemin qu'il faut parcourir, l'"Oratoire" dirons-nous, pour accéder enfin au poste de Ministre sans avoir jamais été confronté au suffrage universel, ce gueux. Il n'est pas le seul dans ce cas et nous ne risquons pas, avec lui, d'entendre de jolis rondeaux sur le fait que "quand il y en a un, ça va, mais que c'est quand il y en a beaucoup (de bretons, s'entend !) que cela se gâte.

On nous cite dans les commentaires déjà émis qu'un médecin à la Santé (je parle évidemment du Ministère...) c'est bien et qu'un Policier à l'intérieur c'est du même ordre. L'incompétence ministérielle était une règle d'or, et c'est pourquoi, je ne pense pas, Monsieur, que la Chancellerie vous irait tellement bien. Après tout, la présidence de notre pays a été régie par deux énarques, formés pour cela. On connaît déjà la mémoire qu'en garderont les générations futures...

J'attendais que quelqu'un osât prononcer le nom de Fouché. Jean-Dominique l'a fait. Bravo. Encore un breton ! Qui a fini à Trieste, ville que j'aime parce qu'elle est le seul endroit d'Europe où coïncident la latinité, la germanité et la slavité. De quoi ravir un spécialiste, non ?

Je ne connais pas - l'avenir nous le dira bien assez tôt - en quoi Monsieur Claude Guéant peut se rapprocher, autrement que par les fonctions et l'origine, de Fouché.

Je n'ai nul besoin de Chateaubriand (breton encore !) pour me remémorer le passage fameux du "vice appuyé sur le crime" et ai-je besoin d'affirmer que je ne me sens pas issu de la même couvée que le Duc d'Otrante ! D'autres ? C'est leur affaire (et ce sera, hélas, la nôtre aussi).

[Rédigé par : Alex paulista]

Cher Philippe

Que Monsieur Guéant connaisse le sujet, je crois que c'est une évidence. Mais franchement, je ne vois pas ce qui vous fait penser qu'il y aura un quelconque renouveau au ministère de l'Intérieur puisque justement monsieur Guéant y exerce une très forte influence depuis plusieurs années. Un peu comme si on nommait Stefanini ministre de l'Immigration.

Non, la seule chose qu'on puisse espérer, et encore en étant optimiste, c'est que Monsieur Guéant ne devrait plus s'occuper d'autre chose que du ministère de l'Intérieur.
C'est bien, on progresse. On découvre l'organisation en ministères, demain peut-être l'intérêt d'un Premier ministre, du management ou du travail en équipe...

Peut-être que cette étape-là a manqué dans l'expérience de Nicolas Sarkozy : s'il avait été Premier ministre lui-même au service d'un président, il comprendrait peut-être mieux l'utilité du poste. C'est peut-être à rapprocher de Giscard, autre jeune président, qui je crois rabaissait Chirac systématiquement.

[Rédigé par : jpledun@Philippe Bilger]

Philippe,

J'espère que vous n'avez pas gardé pour vous vos constatations lors de la table ronde.
M. Copé serait vraiment bien inspiré de vous écouter.
Pour monsieur Mercier, c'est clair qu'il est là pour ne plus faire de vagues jusqu'en 2012.
C'est le genre de renoncement que je n'apprécie pas chez Sarko.
Mais bon, qui à sa place n'aurait pas calculé de la même façon ?

Il serait vraiment super que vous soyez nommé garde des Sceaux pour la prochaine législature.
Au moins vous pourriez mettre en œuvre "les mesures qui déjà auraient pour mérite de rendre notre système moins défaillant"

Ce serait un bon début.

[Rédigé par : Christian C]

Cher Philippe Bilger,

Votre billet évoque irrésistiblement pour moi le fameux discours d’espoir -toutes proportions gardées- de Martin Luther King : « I have a dream ».

Face à la spontanéité et à la fraîcheur louables de votre billet, deux réactions se proposent simultanément ; la première pourrait s’illustrer par « puissiez-vous avoir raison », la deuxième par « on peut toujours rêver », ce qui est d’ailleurs à l’origine de mon rapprochement, il est vrai audacieux.

Faute d’avoir rencontré Claude Guéant aussi bien que Michel Mercier, je me garderai bien de conclure. Ce qui me laisse un tantinet pantois, c’est cette approche dont vous créditez notre nouveau ministre de l’Intérieur d’élaborer, pour reprendre avec précision vos mots, un "nouveau pacte de sécurité" destiné aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers, avec l'axe fondamental "de la tranquillité, la protection et le service dû aux concitoyens". Je me rangerai donc à vos côtés pour voir dans cette nouvelle conception de forces de sécurité proches des Français, un revirement très significatif.

Soyons optimistes ; peut-être aurons-nous sous peu l’occasion de nous exclamer, après avoir une fois de plus invoqué Martin Luther King, et observé notre prochain garde des Sceaux : « j’en ai rêvé, Sarko l’a fait ».

[Rédigé par : Aurélien]

Dans ce cas, je ne vois autre que vous pour ce poste...

[Rédigé par : Jean-Dominique Reffait]

Nous avions trois ministres de l'intérieur, avec N. Sarkozy, Claude Guéant et B. Hortefeux, nous n'en avons plus que deux, c'est sans doute un progrès pour la lisibilité.
C'est sans doute très satisfaisant pour les policiers d'être dirigé par l'un des leurs qui connaît bien la maison. En tant que citoyen, je m'en moque un peu, j'attends des résultats visibles dans le comportement et les politiques menées. A l'école des méthodes barbouzardes de Charles Pasqua puis de Nicolas Sarkozy, le moins que l'on puisse dire est qu'il est précédé d'une forte odeur de soufre. Discret sans doute, mais tordu, bref un ministre de l'Intérieur dans la tradition française de Fouché au service d'un Etat historiquement policier. Il y a deux façons pour la police d'être "proche des Français" : par le sourire ou par la matraque. Jusqu'à présent, C. Guéant ne semblait pas privilégier le sourire et choisissait des témoignages d'affection plus musclés.

La bonne nouvelle de sa nomination, c'est que B. Hortefeux disparaît du paysage et qu'Alain Juppé disposera sans doute d'une large autonomie dans la reconstruction de la diplomatie française, consciencieusement massacrée depuis 2007, en partie par les barbouzeries élyséennes en tous genre.

Quant à obtenir un "chef" pour la justice, vous feignez d'oublier que N. Sarkozy aime d'autant plus les policiers qu'il déteste toujours les magistrats : pas question donc de laisser la place Vendôme à une épée qui pourrait - quelle horreur - être tenté de mettre du beurre dans les petits pois. Les magistrats doivent être punis parce qu'ils sont magistrats et vous resterez punis jusqu'en 2012.

[Rédigé par : Jabiru]

Si le ministère de l'Intérieur a retrouvé un PATRON, c'est tant mieux pour tout le monde.
Respect pour Claude Guéant qui me semble être un pro respecté.
Pour ce qui est du ministère de la Justice, à qui penseriez-vous ?
S'agissant de l'intérêt général, il y a sans doute des idées à proposer et à faire progresser.

[Rédigé par : sbriglia]

"Brice Hortefeux, en tant que diplômé de l'université et être humain, a forcément des qualités humaines."

E guéant !

[Rédigé par : LABOCA]

Monsieur l'Avocat général Bilger,
Je suis d'accord avec vous sur la personnalité de Claude Guéant. C'est d'abord un haut fonctionnaire, donc un homme sérieux, doté d'une compétence technique certaine. Il est sorti d'une grande école, l'ENA, dont les élèves sont connus à la fois pour la qualité de leur scolarité et pour leur bonne éducation. Guéant a aussi exercé à plusieurs reprises des fonctions de préfet ou de directeur de la police nationale. Ce n'est pas le type d'homme à dire des bêtises, à faire n'importe quoi, tant il a conscience d'appartenir à une élite dont les autres éléments supportent mal que l'un des leurs ait un comportement public vulgaire. Certes, de nos jours, on trouve des énarques ou diplômés d'autres grandes écoles, qui n'ont pas une tenue publique responsable, sérieuse. On l'a encore constaté récemment avec le jeune ministre Laurent Wauquiez qui a attaqué DSK pour ses origines dont chacun sait qu'elles sont juives. Mais ces dérapages sont rares chez les anciens élèves de l'ENA. Et puis, s'agissant de Wauquiez, il faut dire que c'est un garçon encore jeune, qui peut mûrir et apprendre à bien se tenir : pour le moment Wauquiez, qui n'a encore rien prouvé, est un garçon qui semble croire que tout lui est permis, tout lui est dû; cette attitude l'embourgeoise un peu, mais je parie qu'avec l'âge et l'expérience, il finira par comprendre certaines choses.
Avant-hier, j'ai vu Arno Klarsfeld sur France 2. Ce garçon m'a fait une bonne impression : j'ai constaté qu'il est devenu plus posé, plus mesuré, plus responsable depuis qu'il est devenu conseiller d'Etat.
Initialement, je n'étais pas favorable à sa nomination, craignant que celle-ci incite ensuite le Pouvoir à envoyer au Conseil d'Etat, notre meilleur corps d'élite, des gens dont il voudrait accélérer la carrière. Mais, après réflexion, j'ai approuvé la nomination d'Arno Klarsfeld, qui à la base est avocat (ma fille m'a dit avoir été une camarade de faculté d'Arno, à Paris 1 Panthéon- Sorbonne).
(Auparavant, j'avais bien apprécié la désignation de Jeannette Bougrab comme maître des requêtes au Conseil d'Etat : j'avais expliqué autour de moi qu'il fallait donner un coup de main aux Français originaires du Maghreb ou de l'Afrique qui avaient beaucoup travaillé mais que leurs origines défavorisaient dans leurs efforts d'ascension sociale.)
Frédéric Lefebvre a aussi changé, depuis qu'il est secrétaire d'Etat : je constate qu'il n'a plus dit de bêtise depuis qu'il exerce des fonctions ministérielles.
Brice Hortefeux, en tant que diplômé de l'université et être humain, a forcément des qualités humaines.
Mais j'ai toujours pensé que son extrémisme s'accommodait mal de fonctions ministérielles. Brice Hortefeux a parfois été perçu comme une personne méchante, ne voulant jamais du bien aux gens. Cette perception était peut-être fausse, mais elle était réelle.
Je suis peut-être un ringard, selon les critères actuels : jamais je suis de ceux qui pensent que, même si certains ministres actuels ont pris la place de gens plus intéressants et plus responsables, le statut de ministre est encore une chose qui parle au peuple.
Je souhaite donc que les ministres français soient toujours des gens ayant une tenue morale impeccable.
Si je dois faire un reproche à Guéant, c'est d'avoir un peu trop politisé le poste de secrétaire général de l'Elysée.
Pour moi, le secrétariat général de l'Elysée doit rester un service purement administratif, donc technique. Le locataire de l'Elysée a le droit d'avoir une activité politicienne. Mais, dans ce cas, l'idéal serait qu'il ne fasse pas faire ce genre d'activité par le secrétaire général de l'Elysée.