Bertrand Cantat ne jouera pas sur les scènes québécoise et canadienne. Il a annulé sa participation au festival d'Avignon par respect pour la douleur de Jean-Louis Trintignant bouleversé et incapable de dire des poèmes dans le même espace artistique que l'auteur des violences ayant entraîné la mort de sa fille Marie (Le Monde, Le Figaro, nouvelobs.com, Rue 89).
Bertrand Cantat, pour ce crime commis en 2003, avait été condamné à huit ans d'emprisonnement. Il avait été transféré en France et remis en liberté en 2007. Son comportement en détention avait été exemplaire et il avait scrupuleusement suivi les obligations qui lui avaient été prescrites pour sa libération conditionnelle. Celle-ci terminée, il avait fait preuve de discrétion avant de reprendre sans régularité son métier de chanteur, le groupe Noir Désir dont il avait été le leader ayant connu de fortes vicissitudes et s'étant finalement dissous suite à cette tragédie.
Huit ans après les faits, il avait accepté, pour le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) de Montréal, de participer avec trois autres musiciens à la composition de la musique du choeur antique dans une pièce inspirée de Sophocle et mise en scène par Wadji Mouawad, "Des Femmes-les Trachiniennes, Antigone et Electre".
Devant l'intense polémique suscitée par l'annonce de la venue de Bertrand Cantat, le TNM, à son grand regret, décidait de ne pas donner suite.
Le chanteur, pour le même spectacle, avait été convié au festival d'Avignon où il devait se produire à la fin du mois de juillet. Quand il avait accepté, il ignorait que Jean-Louis Trintignant y serait également présent. Aucune raison de ne pas le croire puisque, dès qu'il a eu connaissance de l'indignation de ce dernier, il s'est naturellement retiré.
Jean-Louis Trintignant, dont la dignité, le silence et la pudeur n'ont pas manqué de susciter le respect de tous, s'est laissé aller, en apprenant l'engagement de Cantat à Avignon, à une colère dont lui-même a admis le caractère "peut-être impudique". Il déclarait notamment que Bertrand Cantat "s'est conduit comme une merde et il est l'homme que je déteste le plus au monde". Rien de plus normal à mon sens que ce paroxysme de l'émotion et du ressentiment à la suite de la mort d'une fille, même si judiciairement - mais cela ne compte pas pour un père - Bertrand Cantat n'a pas été condamné pour avoir voulu cette conséquence tragique.
Ce qui me choque, c'est l'emballement qui s'est manifesté autour de l'émoi de Jean-Louis Trintignant, cri solitaire du coeur et subjectivité terriblement blessée. Que venait faire dans l'expression de ce désarroi Frédéric Mitterrand qui affirmait comprendre Jean-Louis Trintignant ? Imagine-t-on d'autres familles de victimes ainsi accompagnées, consolées et officiellement soutenues ?
Je suis persuadé que pour l'ordinaire des chagrins à la suite de crimes - coups mortels, meurtres et même assassinats -, les médias, à la longue, auraient trouvé lassante une focalisation sur un condamné ayant purgé sa peine et à l'évidence parfaitement réinséré. On aurait soutenu qu'une limite devait être assignée. La douleur constante et inévitable, certes, mais pas la permanente déstabilisation sociale et professionnelle d'un homme au demeurant attaché à faire oublier l'horreur de ce qu'il avait perpétré et dont sans doute il continue à être conscient. Ce n'est pas la faute de Cantat si la représentation publique de son être peut laisser croire qu'il y aurait oubli et indifférence de sa part. Il ne va pas devenir épicier ou boucher, pour se vivre dans un relatif anonymat, alors qu'il ne sait que composer, écrire et chanter.
J'ai l'impression que pour cette tragédie dont la nature douloureuse est comparable à tant d'autres et dont le caractère exceptionnel ne tient qu'à l'identité médiatique des protagonistes, on pousse la surenchère des deux côtés : du côté des proches de la victime toujours encouragés à exprimer le pire, du côté de Cantat dont on exige non seulement ce qu'il se doit d'être et de manifester mais bien davantage encore, que sa bonne volonté ne peut pas donner. Il est incapable de faire revenir le temps en arrière et, par son comportement d'aujourd'hui, d'abolir son crime d'hier. Tout ce qu'on peut affirmer à son sujet - et c'est beaucoup -, c'est qu'il tente non pas d'oublier, lui, mais d'atténuer pour les autres.
Interdit de séjour à vie, Bertrand Cantat ? A mon sens, il a le droit de vivre, de travailler et de bouger. Ce ne sera pas faire offense à ceux qui pleurent la mort de Marie.
@ Oursivi
Je parlais du fait d'écrire pour les autres en évitant les performances sur scène. En plus, en essayant d'écrire pour une autre personne on peut oublier ses propres soucis.
Rédigé par : Alex paulista | 20 avril 2011 à 19:45
"...se faire plus que discret, surtout quand on a de l'argent de côté, un nom reconnu et un talent authentique."
Rédigé par : Alex paulista | 15 avril 2011 à 04:44
Mignonne votre coquille, Alex.
On peut se faire discret avec de "l'argent de côté", cela aide, moins avec un "talent authentique" - qui ne demande qu'à se donner à voir - mais quant à espérer l'être avec un "nom reconnu"...
:o))
AO
Rédigé par : oursivi@AP | 20 avril 2011 à 17:19
Je suis d'accord avec Mary:
quand un homme de 90 kilos assène des coups de poings de pleine force sur une femme (même hystérique) au point de la tuer puis n'appelle pas les secours de suite, même si techniquement il va moins en prison que celui qui tue quelqu'un dans la panique lors d'un braquage qui foire... pour moi il doit se faire discret.
En plus il faut se remémorer le personnage, donnant des leçons de morale à J2M, se présentant comme le summum de l'intégrité en général, prétendument loin du showbiz qu'il méprisait. Quand on gratte un peu on voit qu'il laisse sa femme juste après un accouchement pour suivre Marie Trintignant sur un tournage (c'est pas showbiz, ça ?) qu'il massacre à coups de poings dans la figure, puis sa femme délaissée vient le défendre, femme qui finit par se donner la mort quelques années plus tard, n'arrivant pas à trouver une vie normale une fois passé le plus dur de l'épreuve.
Je pense qu'après tout ça on peut se faire plus que discret, surtout quand on a de l'argent de côté, un nom reconnu et un talent authentique.
Rédigé par : Alex paulista | 15 avril 2011 à 04:44
Mary Preud'homme,
C'est au journaliste de se taire sur l'actualité musicale de Cantat, point barre!
Rédigé par : Herman | 14 avril 2011 à 19:17
Bertrand Cantat a juste frappé « sa » compagne un peu trop violemment, sans intention de la tuer précise-t-on et elle a eu le mauvais goût de sombrer dans le coma et de ne pas se réveiller. Quelle malchance disent certains sans rire ! Alors que des milliers de femmes se font cogner tous les jours et s’en tirent avec des ecchymoses, au pire quelques fractures, et… basta. La routine quoi ! Rares sont celles qui ont le courage de porter plainte, de braver le machisme ambiant et qui, à l’issue d’une procédure longue et éprouvante, réussissent à se sortir de cet enfer tant pour elle que pour leurs enfants.
La vie d’une femme et d’une mère aurait-elle si peu de prix que quatre ans de prison suffiraient pour dédouaner un criminel qui laisse quatre orphelins, lesquels doivent se reconstruire tant bien que mal, eux, avec ou sans musique. Comment le pourraient-ils en voyant l’assassin de leur mère de nouveau starisé alors que leur mère s’est tue à jamais. Mais de cela nul ne se soucie, préférant verser des larmes de crocodile sur un prisonnier exemplaire libéré pour bonne conduite et qui n’a qu’un seul objectif, reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était et renouer avec la célébrité ? Les bras m’en tombent à lire certains commentaires.
Non, pour les enfants de Marie, rien ne sera plus jamais comme avant, même après quatre ans, dix ans, vingt ans. Et pour Cantat, il doit en être de même. Même s’il a payé sa dette aux yeux de la société, il n’est pas quitte pour autant aux yeux de sa conscience, car la culpabilité ne s’efface pas d’un trait de plume.
Ce que l’on attend donc de quelqu’un qui a commis l’irréparable et voit sa peine réduite de moitié, c’est qu’il se fasse le plus discret possible, que l’on n’entende plus parler de lui, ne serait-ce que par égard pour la famille de « sa » victime dont on avait déjà ignoré les protestations indignées lors de sa libération anticipée. Une clémence de la justice qui sonnait comme un désaveu de leur douleur, doublée d’une insupportable provocation.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 14 avril 2011 à 12:58
Il est certain que pour BC la musique c'est sa raison de vivre, avec ses enfants, bien sûr. L'empêcher d'en faire le rendrait encore plus instable ce qu'il doit quand même être un peu... suite aux malheurs qu'ont vécu ses compagnes... Alors je crois qu'il faut qu'il soit accepté mais sans provocation...
JA
Rédigé par : JA | 13 avril 2011 à 22:39
Ou qu'il prenne un flingue avant et tire dans le tas!...
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 avril 2011 à 00:15
Vous parlez de lui ou de vous ?
A mon avis, lui est très satisfait des gens et de la position sociale qu'ils lui ont laissé "exercer".
Ne lui viendrait certainement pas à l'idée de frapper de ceux à lui parfaitement étrangers. Ses engagements politiques - qui m'indifféraient - le disent.
Dans une relation personnelle intime et passionnelle, nous savons qu'hélas, il n'en va pas de même.
AO
Rédigé par : oursivi@Aïssa | 13 avril 2011 à 17:52
@catherine A.
Je disconviens respectueusement sur une partie de votre raisonnement (même s'il n'est peut-être pas tout à fait le vôtre mais plus une interprétation). Il me semble effectivement que c'est par l'expression de ses émotions et donc de son intimité qu'un artiste est ce qu'il est, et que par conséquent son éventuelle notoriété se construit sur une transgression de la pudeur. Mais je ne vois pas en quoi les parties de lui-même qu'il a choisi de rendre publiques l'obligent à rendre des comptes sur tout le reste qu'il n'a pas choisi de dévoiler. Cette affaire-là a été rendue publique par le truchement d'un système qui regarde tout le monde, puisqu'il agit au nom de tous (je parle à nouveau de la Justice), mais elle a été traitée par ledit système sans aucun dysfonctionnement, n'en déplaise aux mauvais esprits, et par conséquent l'affaire publique est maintenant close, même si l'affaire privée risque de s'éterniser pour chacun de ses protagonistes. Et quand bien même elle courrait toujours ...
Pour en revenir à la phrase que vous dites ne pas comprendre, si une personne se définit par ses actes, un acte ne définit pas une personne, et s'arroger le droit de juger toute la vie d'une personne en fonction d'un de ses actes me paraît être une inanité.
Je pense comprendre ce que vous voulez dire, mais à plus de trente ans je n'arrive toujours pas à me satisfaire de ce "c'est comme ça" que le monde des adultes m'assène de manière péremptoire depuis mon enfance.
Je vous remercie cependant d'avoir cherché à comprendre ce que j'ai exprimé, je me sens un peu moins en décalage. :)
Rédigé par : Kirawea | 12 avril 2011 à 22:56
Rédigé par : lambertine | 12 avril 2011 à 07:56
lambertine,
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 avril 2011 à 06:50
vous a répondu pour moi, et il l'a fait très bien, je n'ajouterai donc rien.
Laboca, ne changez rien, jamais, vous êtes formidable ! Allez, reprenez votre lyre et vos délires, elle et ils nous bercent de joie catharsiques.
AO
Rédigé par : oursivi@Lab est souris de sa jouvence | 12 avril 2011 à 20:29
Ma foi, pour aller droit au but et éviter toute circonlocution, Bertrand Cantat est un psychopathe (disons une variante impulsive du pervers), c'est-à-dire un individu tout à fait normal psychiquement (eh oui) mais n'admettant aucun frein à ses satisfactions pulsionnelles (la bonne conduite en prison et toutes ces "cinématographies" de pseudo repentir destinées à favoriser une libération anticipée font partie du tableau clinique).
Alors oui, M. Cantat a légalement le droit d'aller quelque part, comme n'importe quel violeur "libéré" vagabondant dans votre jardin public, y compris votre voisin dont vous ne pouvez savoir s'il n'est pas un pédophile (nous ne sommes pas aux USA hélas).
Mais où que M. Cantat se rende, j'espère bien ne pas avoir à le croiser.
Je constate d'ailleurs encore une fois la complaisance dont ce genre de personnage fait l'objet : j'y vois la fascination du névrosé moyen pour le pervers qui passe à l'acte...
Ce genre de "coyote à foie jaune" : not in my backyard !
Rédigé par : hippocrate | 12 avril 2011 à 15:58
@Kirawea
Sur Cantat, chacun se débrouille comme il peut avec sa propre conscience - lui aussi d'ailleurs - ses peurs, ses fantasmes, ses parti-pris, son éventuelle foi, ses tabous, sa lâcheté, ses mesquineries, je suis d'accord mais que veut dire votre "je vous remercie de parler des actes et des idées, et de ne pas juger les personnes" ; si c'est un pur effet de style chacun jugera de ce qu'il vaut. Parce que sur le fond, je ne comprends pas. C'est justement en fonction de ce qu'est une personne que sont jugés ses actes par exemple par la justice. Et heureusement. Un acte n'est pas désincarné, il ne prend un sens que par rapport à celui qui le commet.
Quand cette personne est connue, ses actes, même les plus banals de la vie quotidienne - faire la queue pour un taxi ou ne pas la faire ;-) - sont lus à travers le prisme de cette notoriété. Malheureusement Cantat est une personne publique ; c'est comme ça. En tant que telle il a fait partager son talent, ses émotions et même sa vérité aux spectateurs de ses concerts et même à ceux des Victoires de la Musique, dénonçant les ravages de la mondialisation, le racisme et j'en passe. C'est pour cela que beaucoup l'auraient voulu exemplaire et qu'ils demandent des comptes. A raison ou à tort. C'est le revers d'une médaille souvent souhaitée et qui peut parfois être lourde à porter. Trop lourde.
Rédigé par : catherine A. un acte ne vaut que par celui qui le commet | 12 avril 2011 à 14:58
"Cantat a été jugé en Lituanie comme
un "artiste" français".
Pourriez-vous me donner mention du statut
des "artistes" français, puisque ainsi vous
le nommez et dont il bénéficierait, différent du "citoyen" français ?
Rédigé par : calamity jane | 12 avril 2011 à 14:10
Jean-Marie,
une finesse d'analyse du comportement
socialo-icônique que je vous remercie
d'avoir rapportée.
Rédigé par : calamity jane | 12 avril 2011 à 14:00
Même quand on ne sait rien faire d'autre que la musique, faut-il la scène ? Des actions plus modestes et moins rentables existent même dans cette profession.
De plus n'y a-t-il pas une relation entre le goût de la scène et de son excitation et l'alcool ? Il a le talent mais est-il sûr d'avoir le psychisme nécessaire ?
Ne serait-il pas normal qu'un tel sinistre fasse choc et conduise à changer de vie ?
Car il est normal d'imaginer que l'absence de changement de vie trahisse l'absence de culpabilité, et ce message, même s'il est pure imagination est catastrophique.
Nul n'est obligé d'être une personne publique, mais une personne publique est responsable de l'icône qu'elle est devenue.
Rédigé par : Jean-Marie | 12 avril 2011 à 11:31
@Véronique Raffeneau
Votre réponse a retenu toute mon attention et je vous en remercie. Je n'ai pas manqué de prendre connaissance de l'article que vous m'avez invitée à lire mais, voyez-vous, déjà peu encline à porter des jugements définitifs et généraux sur des questions complexes qui appellent à mon sens mesure et recul, je m'y abandonnerai encore moins sur le fondement d'un "papier"de presse dont il ne ressort en rien, du reste, que décidément les décisions d'application des peines sont peu "travaillées".
Dans l'espèce vous permettant, à mes yeux hâtivement, de généraliser, je relève au contraire, en creux, que le mis en cause se trouvait, en raison du crédit de réduction de peine de l'article 721 du CPP, libérable et qu'il a été choisi, malheureusement sans succès, de le "placer à l'extérieur" plutôt que de l'élargir sans contrainte quelques jours plus tard.
Accusez-vous les médecins de tenter vainement des interventions chirurgicales susceptibles de prévenir l'inéluctable ? Etes-vous de ceux qui refont l'histoire d'hier avec la connaissance d'aujourd'hui ?
Moi non mais, je suis peut-être trop prudente et marquée par mon expérience qui m'interdit de croire que l'on peut toujours tout maîtriser. Je vous envie, ceci dit, d'être forte de tant de certitudes et m'en veux d'avoir cru bon de les tempérer.
Cordialement.
Rédigé par : jeanne | 12 avril 2011 à 09:59
@Jeanne
Cantat a été jugé en Lituanie comme un "artiste" français, bien vu d'un certain milieu. Son rapide transfert en France avait bien été programmé dès le début. Entre son comité de soutien qui avait fait le déplacement pour la "grande vedette" et les Lituaniens qui n'avaient pas besoin de garder un type qui coûte de l'argent au pauvre contribuable de cette ex république soviétique, ses chances de rester à l'ombre là-bas étaient faibles. La presse française très à gauche pendant le procès fut d"une grande indulgence pour le bobo. Ce n'est pas cher payé pour 31 coups de poing relevés sur le corps de cette jeune femme, "au nom de l'amour" (sic).
Rédigé par : Roche G | 12 avril 2011 à 09:39
"Bertrand Cantat a-t-il le droit de griller la queue des taxis ?"
Rédigé par : perplexe | 11 avril 2011 à 15:27
____________________________________________
On l'a vu oser mâcher du chewing-gum devant un taxi turc, qui écoutait du Brassens, en faisant la gueule comme Jean-Pierre Bacri.
Rédigé par : Savonarole. | 12 avril 2011 à 09:36
Bertrand Cantat a purgé sa peine. Il a fait preuve d'une grande dignité en renonçant à participer au Festival d'Avignon quand il a connu la position de JL Trintignant.
Il a bien le droit de vivre de son métier et ne doit pas être interdit de séjour.
Le pardon n'est pas l'oubli.
Rédigé par : christian dulcy | 12 avril 2011 à 08:40
Je souhaite sincèrement à B.Cantat de tomber sur votre billet, Philippe, peut-être cela l'aidera à ne pas finir pendu comme la mère de ses enfants...! Il faudrait par contre qu'il s'abstienne de lire les commentaires, vu la teneur haineuse de certains d'entre eux. Une haine qu'il n'aura probablement jamais eu à l'égard de M.Trintignant, le soir du drame...
Rédigé par : Herman | 12 avril 2011 à 08:39
M. Bilger, cette fois je comprends le sujet dont vous traitez et je ne peux qu'être d'accord avec vous.
Je suis cependant consterné par le nombre de personnes, dont un certain nombre de commentateurs de ce blog, qui au nom de l'horreur du geste de Bertrand Cantat qui coûta la vie à Marie Trintignant, ont l'indécence de juger de manière définitive un homme à partir d'un acte dont ils ne savent rien que ce que leur ont rapporté des personnes qui n'étaient pas présentes lorsqu'il a eu lieu.
Personne hormis les deux individus concernés et leurs proches ne sait rien d'eux, mais tout le monde semble savoir, au nom d'une certaine morale, et en dépit de ce que la Justice a déjà décidé, comment Bertrand Cantat doit se comporter pour le restant de ses jours, sous prétexte que son métier et ses combats personnels font de lui une personne publique.
Tous ces donneurs de leçons dont le nombril obstrue le champ de vision me donnent envie de vomir.
Je vous remercie de parler des actes et des idées, et de ne pas juger les personnes.
Rédigé par : Kirawea | 12 avril 2011 à 08:32
@ Aïssa
Pour conclure notre différend.
Je pense que vous avez tort quand vous moquez le fait de lire le blog d'Eolas.
Si j'ai mentionné son blog dans un post hier, cela tient essentiellement au fait que depuis un commentaire que j'ai adressé à Jean-Dominique, j'ai recherché où et à propos de quoi j'avais pris connaissance du témoignage d’un juré populaire du procès de Patrick Henry, procès d'assises marqueur de l'histoire judiciaire s'il en est.
Quand j'ai écrit mon premier commentaire à Jean-Dominique où je le mentionne, j'étais à peu près certaine que le juré avait dit dans son témoignage que la configuration de la table du délibéré reproduisait celle de la cour d'assises, que la quatrième personne à prendre la parole dans le tour de table, et qui s'est déclaré opposé à la peine de mort, était un magistrat assesseur.
Seulement voilà, j'étais A PEU PRES certaine quant au contenu du témoignage. Cette hésitation m'a empêchée de le mentionner dans mon premier post à Jean-Dominique. Le souvenir de cette diffusion étant flou, par seul souci d'honnêteté, je ne pouvais pas l’affirmer.
Quand j'ai regardé la vidéo mise en lien par Jean-Yves dans laquelle, clairement, le juré du Parisien dénonce l'ordre de passage du tour de table du délibéré, j'ai pris le temps de rechercher mon post écrit en 2009 dans le blog d'Eolas. Pour être sûre, quant au témoignage de ce juré, de ce que j'avançais - le reportage ayant été diffusé la veille de mon post, donc nettement plus précis dans mon esprit –, également pour mentionner la source de ce témoignage (une émission de C. Hondelatte).
Je ne suis pas journaliste. Je ne reçois pas un juré pour une interview après un témoignage partial et déséquilibré dans la presse.
Si j'étais journaliste et si j'avais des interviews à mener ayant trait à des sujets judiciaires, il me semble que je prendrais la peine de contacter Eolas ou autres, pour au minimum, pouvoir contre-argumenter et discuter une dénonciation et une contestation comme celle du juré du Parisien.
Quant au rappel d'un précédent billet de Philippe Bilger consacré à Bernard Cantat, un blog est un espace ouvert.
Vous remarquerez par exemple que Jeanne intervient suite à la réponse que je vous ai adressée. Je le lui en reconnais parfaitement le droit et la liberté. Au reste, je lui ai répondu.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 avril 2011 à 08:08
Oursivi,
Je ne peux pas vous suivre. Non, le malheur ne se "partage" pas. La compassion peut aider des personnes dans la souffrance, mais la souffrance reste la leur, pas la nôtre. Et trop de compassion, trop de pseudo-empathie peut mieux enfermer des victimes dans leur souffrance que ce que vous appelez de l'"indifférence".
La douleur, le chagrin des Trintignant sont les leurs. Eux seuls peuvent pardonner (ou pas) ce que Cantat leur a fait en tuant Marie. Si j'ose dire, ils ne pourraient pas lui pardonner ce qu'il a fait à Marie, parce que ça, seule Marie le pourrait. Quant à nous, restons à notre place : celle d'étrangers à cette tragédie. Ne nous approprions pas un chagrin qui n'est pas le nôtre sous prétexte d'"empathie".
Je l'avoue, j'ai toujours eu du mal avec cette façon de s'"associer" aux victimes, du "Ich bin ein Berliner" de Kennedy au "Ces enfants sont nos enfants à tous" que l'on pouvait lire et entendre à tout bout de champ au moment de l'affaire Dutroux, en passant par "Nous sommes tous des Juifs allemands". Parce que ce n'est pas vrai. Kennedy n'a jamais vu sa ville entourée par un mur ennemi, et les victimes de Dutroux ne nous manquent pas au quotidien. Cette identification est, excusez-moi, profondément malsaine, si elle permet d'obtenir une bonne conscience à bon marché.
Rédigé par : lambertine | 12 avril 2011 à 07:56
lambertine écrit : "La seule personne que Cantat a mortellement blessée est Marie Trintignant. Pas vous. Pas moi."
Pourquoi s'émouvoir de ce qui arrive aux autres ? A quoi bon s'indigner du viol et de la mort d'un enfant, d'une agression raciste, d'une souffrance infligée, quelle qu'elle soit, puisque ce n'est pas nous qui sommes battus, violés, assassinés ?
Votre affirmation péremptoirement assénée pour lui donner un air d'évidence première est tout bonnement la négation de l'humanisme, c'est-à-dire de la solidarité entre tous les membres de la communauté humaine.
"Homo sum, et nil humanum a me alienum puto".
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 avril 2011 à 06:50
@ Jeanne
Oui, Jeanne, je pense que les décisions de libération conditionnelle ne sont pas toujours travaillées avec l'attention et argumentées avec le soin dont a bénéficié la décision de BC.
C'était hier:
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/France/Triple-meurtre-a-Creteil-une-femme-et-ses-deux-enfants-tues-dans-un-drame-familial
Je vous saurais gré de bien vouloir prendre connaissance, en particulier, du paragraphe qui conclue l'article.
Quant au ton de ma phrase, s'il vous est apparu péremptoire, désobligeant et pénible à l'égard des juridictions de l'application des peines, je le regrette. Je ne l'ai pas voulu ainsi.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 avril 2011 à 06:21
Monsieur l'Avocat général Bilger,
Hier soir sur France 2, vous vous êtes assez bien défendu face à Plenel, JFK et cette journaliste du Nouvel Obs. J'ai trouvé que vous avez mieux exprimé votre position sur le FN que dans le blog.
Ce que j'ai moins compris, c'est votre solidarité à l'égard de Robert Ménard, bien moins intelligent que vous et très grossier.
Ménard a passé hier le plus mauvais moment de sa vie tant Plenel, non seulement l'a largement battu intellectuellement mais encore l'a ridiculisé moralement.
Ménard n'est pas suffisamment intelligent pour défendre avec subtilité le FN.
Je vois mal Marine Le Pen accepter que Ménard défende le FN en public.
Vous auriez dû désavouer Ménard sur le plateau et le laisser seul.
J'ai aimé la perfection de votre expression orale, ce qui n'est pas une mince prouesse lorsque l'on doit réagir à Plenel et JFK, qui sont des journalistes largement plus cultivés que la moyenne de leurs confrères.
Rédigé par : LABOCA | 12 avril 2011 à 05:08
"Je paye donc j'ai droit", c'est aussi le comble de la vulgarité.
La vulgarité tue l'art.
Rédigé par : Alex paulista | 12 avril 2011 à 04:07
@oursivi
Je vois bien que vous êtes naïf.
RFI, organe au service de la Françafrique, ne peut être citée comme une radio crédible.
A votre place, je me serais demandé si RFI, au nom des intérêts que ses créateurs et financiers l'ont chargée de défendre, y compris en ne dissimulant pas l'apologie du sang, n'a pas censuré les autres intervenants.
Je vous invite à essayer de comprendre par vous-même, de ne pas vous fier à la propagande qui avance masquée.
Les Ivoiriens sont éduqués : ils combattent les viols et la pratique des relations homosexuelles.
Ma préoccupation actuelle, c'est que les femmes ivoiriennes ne soient pas violées et que les jeunes Ivoiriens ne soient pas soumis à des relations homosexuelles.
Gbagbo était un rempart contre ce double danger, outre le fait qu'il préparait l'avenir de la Côte d'Ivoire.
Pour se maintenir au pouvoir et ainsi permettre à la Françafrique de renaître sous le sang en Côte d'Ivoire, le président de la "communauté" internationale, contraint de rester dans le sang, sera bien obligé de laisser occuper le pays. Il sait, par ses conseillers de la "communauté" internationale, que la corruption de la classe politique interne ne suffira pas pour assurer le règne.
AO, je suis dans la réflexion, alors que vous êtes, vous, dans la contemplation de la destruction de la Côte d'Ivoire, dans la contemplation du sang qui coule.
Vous avez le droit de parler d'Obama et de Védrine. Mais ce ne sont ni mes références, ni celles de la majorité de la planète.
Pour terminer, je vous rappellerai que le président de la "communauté" internationale a été par le passé le premier ministre de la Côte d'Ivoire. A ce que je sache, il n'a alors ni créé d'industries dans son pays, ni fait en sorte que les jeunes ivoiriens ne soient plus gagnés par l'envie d'aller en Europe, où la jalousie, le crime et le racisme n'ont cessé de croître, même après l'holocauste. S'il a été incapable de faire quelque chose de bien en Côte d'Ivoire dans la paix et dans un cadre de relations internationales économiques peu agité, ce n'est pas aujourd'hui, période marquée par de multiples tensions, qu'il réussira.
Le président de la "communauté" internationale apparaîtra vite comme un imposteur, son incompétence étant déjà établie. Les Ivoiriens le savent, qui se préparent déjà à l'après président de la "communauté" internationale.
Rédigé par : LABOCA | 12 avril 2011 à 03:09
Padraig,
Une femme n'est pas une oeuvre d'art. Une femme est un être humain. Un homme aussi. Même quand il a tué (que ce soit une femme ou un homme n'a pas d'importance).
Cantat a tué au cours d'une dispute. Il a été jugé et condamné. Il a purgé sa peine. Il devrait avoir le droit de retravailler, comme tout condamné qui a purgé sa peine devrait avoir le droit de retravailler.
M. Thomas,
La seule personne que Cantat a "mortellement blessée", c'est Marie Trintignant. Pas vous. Pas moi.
Rédigé par : lambertine | 12 avril 2011 à 00:32
Merci Monsieur Bilger, non seulement vous savez bien expliquer, mais de plus, vous ne vous laissez par intimider par des intellectuels malhonnêtes, militants, parfois ou souvent journalistes... J'écoute cette émission, je trouve M. Calvi comme vous assez courageux. Les sous rires narquois de Edwy Plenel sont assez navrants... Exaspérant à la longue.
P.C. 55 ans.
Rédigé par : [email protected] | 12 avril 2011 à 00:12
C'est entre eux et lui.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 avril 2011 à 15:18
Non, M. Jean-Dominique.
Déjà parce que ce sont des personnages publiques et qu'ils font tout pour l'être, écrire et composer ne requiert pas forcément de se mettre en scène.
Aussi parce qu'ai toujours trouvé odieuse cette capacité d'indifférence que semblez glorifier qui ferait que n'ayant de relations familiales avec une victime, nous devrions assumer ou espérer une large sinon complète indifférence.
La mort, surtout quand elle est "donnée" plus ou moins volontairement, de quiconque, ne me laisse jamais indifférent, même si, bien entendu, elle bouleverse moins ma vie si touche une personne étrangère au fil de mes jours.
Le "entre eux" me met très mal à l'aise.
Je pense que les familles des victimes, de toutes les victimes, cherchent justement à partager ce qui leur pèse tant et cette indifférence les enferme seules dans le malheur.
Le malheur contrairement à la joie qui s'amplifie de résonner d'un individu l'autre, a ceci de particulier qu'il se divise et s'amenuise en se diffusant à ceux qui acceptent de le partager.
Atroces que ces gens passant indifférents à côté d'un mourant dont l'état n'affolerait qu'un proche, s'affolerait d'autant plus de ce manque d'exutoire où confier et décharger un peu de sa peine.
C'est un mécanisme psycho-affectif aussi réel et opérant que la catharsis, étant probablement une des racines du Christianisme, là où la seconde serait plus du domaine de l'ancien testament.
Anyway, remercions Laboca, il nous offre une forme de catharsis à incarner si bien un fin mélange de Rantanplan et d'Assurancetourix, avec lui, c'est la raison pour qui cela barde. Que personne ne le bâillonne, surtout un jour de banquet !
AO
Rédigé par : oursivi | 11 avril 2011 à 23:37
Ce dont j'ai parlé dans mon précédent post:
http://lci.tf1.fr/people/2010-01/l-ex-femme-de-bertrand-cantat-s-est-suicidee-5631845.html
Rédigé par : Bernardini | 11 avril 2011 à 23:18
"...Il ne va pas devenir épicier ou boucher, pour se vivre dans un relatif anonymat, alors qu'il ne sait que composer, écrire et chanter..."
Alors là M. Bilger, je ne vous suis plus. Je pense que le retour en pleine lumière de ce chanteur a été une erreur, une énorme erreur d'appréciation. Et il y a vous le savez très bien, chaque jour, des personnes obligées bon gré mal gré à "faire autre chose"...Ne pouvait-il pas par exemple composer sous un nom d'emprunt ?
Je suis originaire du Sud-Ouest comme Bertrand Cantat. La semaine dernière les événements récents auteur de ce chanteur - le Canada, puis l'affaire d'Avignon (plein de discernement les organisateurs du Festival...) ont été l'occasion, sur le site du journal Sud-Ouest (Sudouest.fr) de commentaires déchaînés, tous plus excessifs les uns que les autres, chez les tenants du chanteur comme chez ses détracteurs.
"Il a payé sa dette" disaient les uns. Quelle dette ? C'est stupide comme expression. Disons qu'il est en règle avec la Justice. Sa dette ? C'est maintenant qu'il la paye.
PS: Je ne sais pas si vous avez dit qu'il avait perdu sa femme. Elle l'avait soutenu depuis 2003 sans la moindre défaillance. Le couple avait deux enfants. Elle a mis fin à ses jours l'année dernière, dans la maison où elle habitait à Bordeaux, quartier Nansouty...
Rédigé par : Bernardini | 11 avril 2011 à 23:07
@RocheG:
"Si Cantat n'était pas un de ces gauchistes bobo, il aurait pris 20 ans" avez-vous écrit. Vous semblez oublier qu'il a été jugé et condamné en Lituanie où la notion de "gauchiste bobo" n'est pas, à ma connaissance, usitée...
Rédigé par : jeanne | 11 avril 2011 à 22:58
Coucou
Merci pour cet article et ces commentaires nuancés.
J'ai 48 ans et j'écoute Noir Désir avec plaisir depuis de nombreuses années.
Bertrand Cantat a tabassé sa chérie, son aimée.
Choc pour moi à l'annonce de ces actes.
Choc pour moi de nouveau à la lecture de cet article...
Retour en arrière dans des souvenirs que j'essaye d'enfouir depuis plus de 40 ans, les hurlements reviennent dans la tête, les miens, silencieux, les autres, bien réels...
Et Bertrand Cantat a été jugé par la justice (première sanction), il a été jugé par des membres de son groupe Noir Désir (deuxième sanction), il est déprogrammé puis s'auto déprogramme dans un art différent (troisième sanction) et évidemment je ne connais pas tout.
Il me semble que la double peine n'est pas d'actualité en France et que le bannissement de la vie publique n'est pas à l'ordre de son jugement, juste une modération.
Et j'écoute encore aujourd'hui Noir Désir avec émotion... plus la même...
E.T.
Rédigé par : Emmanuel | 11 avril 2011 à 19:59
On lui demande simplement de préférer la discrétion et la décence à l'exhibition.
Rédigé par : Phil | 11 avril 2011 à 19:06
Bertrand Cantat a-t-il le droit de griller la queue des taxis ?
Rédigé par : perplexe | 11 avril 2011 à 15:27
"Il ne va pas devenir épicier ou boucher, pour se vivre dans un relatif anonymat, alors qu'il ne sait que composer, écrire et chanter."
Dans certaines professions, la commission d'une faute lourde, sans même parler de crime, a pour conséquence la mise à l'écart définitive du fautif.
Lorsque cette profession est de celles qui mettent en contact avec un large public souvent jeune et attire les applaudissement et les bravos, la décence exige, me semble-t-il, que l'on y renonce si l'on a commis une faute qui disqualifie moralement.
Que rien n'y oblige est à mes yeux une raison supplémentaire de s'y contraindre.
Je trouve inadmissible qu'après la lamentable attitude qu'ils ont eue en Afrique du Sud, certains joueurs soient appelés à nouveau en équipe de France et qu'ils y aillent.
A plus forte raison après un acte aussi atroce, touchant à une femme et souillant l'amour, un artiste n'a-t-il plus rien à faire sur scène, puisque de par son "métier", il sera amené à chanter les femmes et l'amour.
La dignité voudrait que M. Cantat cherche une autre profession, loin des yeux et du coeur de ceux qu'il a mortellement blessés.
Rédigé par : Frank THOMAS | 11 avril 2011 à 15:19
Je lis quand même ici beaucoup de commentaires qui prétendent ériger en principes universels les petites constructions morales personnelles. Bertrand Cantat aurait perdu le droit de monter sur scène, selon Patrice Raveneau tandis que Padraig nous affirme sans rire "un artiste qui tue une femme n'est pas un amoureux de l'art car une femme est une oeuvre d'art... Cantat doit disparaître de la scène artistique". Je n'ose évoquer les sommets inattendus toujours atteints par les deliriums de Laboca, expert en voltige à la tête de son escadrille. Dans son cas, les règles communes de la chimie du cerveau ne s'appliquent pas.
Et vlan, la petite dictature de l'opinion publique est faite de cette multitude d'opinion qui s'expriment au nom de tous. Le quidam prétend parler au nom de tous les quidams.
Bertrand Cantat, comme le rappelle Philippe Bilger, n'a pas commis de meurtre. Une violente dispute se conclut tragiquement sans la moindre intention de donner la mort. La sanction judiciaire tombe, elle paraît proportionnée à l'acte, elle laisse son auteur se débrouiller avec les conséquences morales.
Qui cela regarde ? De quoi se mêle le quidam ? Il ne veut pas applaudir Cantat, il ne l'applaudit pas mais le quidam a-t-il un début de droit à empêcher Cantat de vivre, de se faire applaudir par qui le souhaite ? Quelle est cette hypocrisie moralisatrice ? Nous n'avons pas, les uns et les autres, porté bien longtemps le deuil de Marie Trintignant, parce qu'elle n'était ni notre soeur, ni notre mère, ni notre fille. Pourquoi donc faire semblant d'être encore bouleversé ? Que de larmes de crocodiles !
Ce qui importe à la société, et rien que cela, c'est de savoir si B. Cantat est en règle. La société n'est pas directrice de conscience. Il est en règle. Sa relation avec la famille Trintignant ne concerne désormais que les intéressés, pas la société. C'est entre eux et lui.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 avril 2011 à 15:18
@Véronique Raffeneau
"...la décision ait été parfaitement travaillée, pensée et argumentée par le juge d'application des peines, alors que ce n'est pas toujours le cas, et loin de là, quand il s'agit d'un dossier plus ordinaire."
"Le ton de votre "assertion péremptoire" est profondément pénible à lire."
Comment pouvez-vous assener de telles affirmations assassines et gratuites sur le travail des juridictions de l'application des peines qui s'efforcent au quotidien d'agir, pour reprendre vos termes, avec soin et attention...
Rédigé par : jeanne | 11 avril 2011 à 15:07
Si Cantat n'était pas un de ces gauchistes bobo, il aurait pris 20 ans, et s'il avait été jugé aux USA ou en Australie par exemple, c'était perpète et pas 48 mois. N'oubliez pas le suicide récent de la mère de ses gamins que l'on passe sous silence ! Maxime Brunerie, pauvre gamin en mal de reconnaissance, a fait 7 ans de prison pour avoir fait croire qu'il pouvait tirer au milieu d'une foule un 14 juillet sur Chirac. Pour lui pas de remise de peine ni d'unité psychiatrique, il était catalogué "dangereux extrémiste" de droite (sic). Selon que tu es de gauche ou de droite la justice te fera noir ou te fera blanc.
Rédigé par : Roche G | 11 avril 2011 à 15:05
Je suis pour la réinsertion des condamnés et contre la peine de mort, y compris de mort sociale. Il me semble tellement facile de crier haro sur le baudet comme si ce seul homme devait devenir le symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. En quoi cela sert-il cette lutte, en quoi cela permettra-t-il de faire avancer notre société ? Toute cette énergie à lyncher cet homme vient à mon avis de ce qui est primaire en nous et c'est pourquoi la Justice a été mise en place : nous inciter à être humains, humanistes, à contenir nos instincts. Ne répétons pas les parcours de la vengeance ; il est plus que triste qu'une femme soit morte de violence, il est terrible qu'un homme en soit responsable. Si vous vous souvenez de la sensibilité de ses textes, vous pouvez penser qu'il vit intérieurement avec cela, à lui de le nommer, pas à moi ! Je fais confiance aussi à Wajdi Mouawad et à l'intelligence de l'expression de sa conscience pour ne pas choisir de façon erronée un partenaire, un vecteur de son travail sur la violence, la conscience et ce qui est à l'oeuvre en nous dans nos pires actes.
Catherine
Rédigé par : catherine | 11 avril 2011 à 13:35
Ce cher PB serait bien avisé de changer de défenseur -au cas où, bien sûr, il s'avèrerait nécessaire qu'il en choisisse un- et de renvoyer à ses fraises cette chère Véronique Raffeneau qui prend sans lui demander son avis sa défense d'office, telle une grande culottée et l'enfonce plus qu'elle ne le soutient durant ses exposés, ses motifs et ses plaidoiries … Chère Véronique, vous avez été agressive contre moi quand je ne l'ai jamais été contre vous et aujourd'hui encore, vous me cherchez des noises alors que je suis tranquille-pépère à papoter avec PB … Comme pour Sbriglia, je ne vous répondrais pas si je ne vous connaissais un peu et … estimais. C'est pourquoi, je vous recommande, vous qui êtes une bibliothécaire émérite et passionnée, de vous inscrire dès que possible auprès du ministère en tant qu'intervenante pénitentiaire, section littérature naturellement et d'y aller côtoyer au quotidien JAP et travailleurs sociaux pénitentiaires afin de compléter autrement plus sérieusement votre formation nouvelle de juriste que vous poursuivez assidument (vous le signalez souvent) chez maître Eolas et enfin savoir de quoi vous parlez, comprendre comment ça marche, la justice, etc. A ce sujet, je vais dès à présent écrire à Eolas afin qu'il vous explique bien et par le menu qu'en justice en général et au pénal en particulier, il y a le «in» et il y a le «off» … comme en Avignon si vous préférez. Autrement, malgré vos longues et belles dissertations juridiques que vous inspirent les uns et les autres dont c'est le métier, vous ne vous en sortirez jamais, croyez-moi.
Bonne journée.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 avril 2011 à 12:54
Parlant d'un chanteur, votre petite musique sonne très juste. Cette polémique laisse le très désagréable goût d'une peine après la peine. Bertrand Cantat serait condamné à une mise au pilori médiatique permanente et à un procès sans fin. S'agissant d'un artiste dont le travail ne peut exister qu'en étant rendu public, le jugement (moral ou esthétique) doit porter sur ses créations et non sur le principe même de créer ou de se produire sur scène. Il en va de l'idée même de réinsertion, mais aussi de celle de justice.
Rédigé par : at the mercy | 11 avril 2011 à 12:45
Un homme qui tue une femme n'est pas un homme, de plus un artiste qui tue une femme n'est pas un amoureux de l'art car une femme est une oeuvre d'art... Cantat doit disparaître de la scène artistique... Les esthètes de l'art ne lui pardonneront jamais cette lâcheté.
Rédigé par : padraig | 11 avril 2011 à 12:38
Rédigé par : LABOCA | 10 avril 2011 à 20:39
Ahhh, Laboca, si vous n'existiez pas, il ne faudrait surtout pas ne serait-ce que vous imaginer.
Ai écouté le "live" de Juan Gomez ce matin sur RFI vers 10h40 de même qu'un débat sur cette même - très bonne station - hier passé minuit, hormis une pasionaria tout droit sorti d'un tract des années soixante, tous les Africains preneurs de parole soutenaient Onussi et Licorne avec des arguments que ne renieraient ni Obama ni Vedrine.
Sont quelques raisons d'espérer de l'Afrique, donc.
Quant à Cantat, que dire qui n'ait été justement dit, déjà ici.
Que je serais incapable d'aller l'applaudir depuis 2003, même si avais goûté - sans excès - le travail de son groupe, qu'il et sa victime se la sont joués un peu trop R'nRoll, un rail ça va, trois mille, bonjour les dégâts, que Marie Trintignant avait une présence plus singulière que la sienne - je ne crois pas que pour des gens de scène comme eux, leur art soit autre chose que cela - et que le plus indécent de l'histoire soit bien cette infinie bêtise du monde de ce spectacle-là, capable d'aller à Vilnius juste après le drame pour organiser une fête "pour soutenir Bertrand"...
Accablant !
AO
Rédigé par : oursivi@Lab est tease | 11 avril 2011 à 11:21
Se produire en public, monter sur une scène, c'est s'ériger en modèle, en symbole, en porte-parole. Bertrand Cantat a perdu ce droit.
Il garde le droit d'aller où bon lui semble, mais pas celui de s'exposer volontairement, de se placer sur un piédestal et de tenter de nous "élever l'âme" par l'expression de son "art". Il a perdu ce droit. Sauvagement et définitivement. Qu'il le comprenne et qu'il l'accepte serait certainement pour lui une excellente thérapie et un bienfait.
JDakota
Rédigé par : Patrice Raveneau | 11 avril 2011 à 11:03
@ calamity jane
Vous n’êtes pas la seule. Déjà en son temps la Vénus de Milo avait ressenti la même chose.
Rédigé par : Achille | 11 avril 2011 à 10:59
Quatre ans de prison pour avoir laissé agoniser toute une nuit une femme qu'il avait rouée de coups, je comprends ceux qui pensent que c'est peu cher payé, notamment quand certains délinquants un peu bronzés et de quartiers pas très chics sont condamnés à beaucoup plus, juste pour des délits parfois mineurs. Quant à l'antienne du détenu exemplaire je la trouve franchement peu convaincante : dans les prisons les détenus remuants, forts en gueule, ne sont pas toujours les plus dangereux ; juste ceux qui n'ont pas intégré les codes d'une vie en société ou qui ne sont pas assez malins pour faire semblant.
Cela dit, il me semble qu'il faut différencier le Canada et Avignon. Si j'ai bien compris, Cantat en vertu d'une loi canadienne, n'a pas le droit de rentrer dans ce pays. Il n'y a donc sur ce point pas matière à discussion. Quant à Avignon, on ne peut pas dire que les responsables du festival aient fait preuve de discernement et d'élégance en invitant Trintignant et le meurtrier de sa fille.
Au-delà de ça, voir Cantat ovationné par un public en délire comme ce fut le cas à l'occasion d'une de ses récentes prestations me met extrêmement mal à l'aise. Comme l'a été son ex-complice de Noir Désir qui a préféré quitter le groupe. Mais visiblement Cantat, qui fut pour une génération un chanteur engagé et parfois donneur de leçons, n'a pas ces états d'âme-là et c'est peut-être le plus troublant.
Rédigé par : catherine A. | 11 avril 2011 à 10:38
@sylvie
Etes-vous en train de me dire que le juge lituanien ignorait la puissance financière de Cantat?
Ce n'est pas à moi que vous allez dire que les juges, en Lituanie comme en France, ne tiennent pas compte de l'importance sociale et financière de la personne jugée avant de prendre leur décision.
Allez demander aux avocats qui ont une longue expérience en matière criminelle ou correctionnelle : ils vous diront tous que les riches et les gens proches des puissants obtiennent toujours des décisions favorables. Monsieur l'Avocat général Bilger pourra confirmer ce point, lui qui pratique la justice des hommes depuis 40 ans.
Cantat n'a pratiquement rien payé pour ce qu'il a fait, puisqu'il est dehors depuis longtemps déjà.
Attention Sylvie, je n'ai rien contre Cantat : il ne m'a pas fait de mal, il ne m'empêche pas d'être heureux.
Je raisonne en termes de principe.
Quand je pense qu'en France Omar a été lourdement condamné pour une chose qu'il n'a jamais faite...
Rédigé par : LABOCA | 11 avril 2011 à 10:29
@ Aïssa
Je vous suggère fortement de lire ce billet: "Une immunité pour la douleur ?" 16-10-07:
"Il faut le dire tout net : à partir du moment où l'exécution de la peine n'est jamais totale, il n'y avait aucune raison pour que Bertrand Cantat ne soit pas libéré alors qu'il avait déjà effectué plus de la moitié de son temps de détention.
(...) Transféré à Muret, en France, la libération conditionnelle lui a été accordée par une décision d'un magistrat de Toulouse, chargé de l'application des peines, qui a suivi l'avis du parquet. Des extraits, publiés par le Figaro, montrent à quel point l'argumentation a été développée avec soin et les possibles critiques intelligemment réfutées."
Je ne pense pas, Aïssa, que Philippe Bilger soit un fou furieux obsessionnel en faveur d'une application en totalité des peines prononcées. Sa position sur le sujet de l’application des peines est tout de même un peu plus subtile que ça !
Son propos était de dire, sauf à légitimer une forme de discrimination à l'égard de BC, qu'il n'y avait aucune raison pour que celui-ci ne bénéficiât pas d'une libération conditionnelle, ne serait-ce qu'au regard de la solidité de son dossier en comparaison de la fiabilité des dossiers auxquels les commissions de libération conditionnelle accordent de façon très habituelle et quasi mécanique des libérations conditionnelles.
Ce que, à mon avis, on peut absolument regretter est le fait qu’en raison de la personnalité particulière de BC, la décision ait été parfaitement travaillée, pensée et argumentée par le juge d'application des peines, alors que ce n'est pas toujours le cas, et loin de là, quand il s'agit d'un dossier plus ordinaire.
Et s’il y a eu rupture d’égalité elle est pour moi dans cette différence dans le soin, l’attention, l’examen, la fiabilité de l’argumentation développés dans des dossiers ordinaires et anonymes. On peut reprocher à Philippe Bilger de ne pas mentionner cela dans ce billet d’octobre 2007. Mais seulement cela.
"...reniez vos prises de position antérieures absolument ineptes et ridicules et contradictoires désormais..."
Aïssa, le ton de votre exhortation est profondément pénible à lire.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 11 avril 2011 à 10:21