Il ne fait pas bon émettre la moindre critique de Mélanie Laurent s'il faut en croire le point de vue qu'elle a exprimé au Printemps de Bourges où elle a fait sa première apparition publique comme chanteuse (Le Post).
Actrice au charme étrange, avec un sourire mélancolique et voilé dont elle joue à la perfection, Mélanie Laurent est depuis quelque temps très sollicitée et en tête d'affiche dans un film inégal ("Et soudain, tout le monde me manque") sur la paternité, la naissance et les blessures de la vie où, avec Michel Blanc notamment, elle donne le meilleur d'elle-même qui est fait d'une tristesse joyeuse, d'une émotion retenue puis libérée. A l'évidence, on comprend à la voir qu'au-delà de l'écran elle doit être singulière et déterminée.
Aussi, quand on l'entend et qu'elle transmet un message qui lui tient à coeur, on ne peut négliger son propos et elle mérite au moins qu'on lui fasse l'honneur d'une contradiction.
Que dit-elle en substance ? La critique ne serait qu'un "déversoir de haine" et quand l'artiste est "défoncé", massacré par la critique, "ça scie en deux". Même si elle semble vouloir dépasser sa situation et plaider pour tous, elle renvoie ceux qui l'écoutent à son destin personnel qui a commencé et se poursuit sous les meilleurs augures. Il y a déjà là comme une anomalie.
On pourrait d'emblée lui rétorquer que choisissant par passion le métier d'actrice puis d'être, aussi, l'interprète de ses propres créations, s'exposant donc au regard et au jugement publics, il ne convient pas qu'elle s'étonne des réactions suscitées par l'ensemble de ses prestations sauf à aspirer à une admiration et à une complaisance universelles et donc inconcevables. Personne n'a à mettre en doute les choix qui l'ont conduite vers le cinéma et le chant mais en revanche s'offusquer, comme elle le fait, du plus ou moins d'enthousiasme à son égard relève d'une exigence totalitaire qui surprend de la part de cette jeune femme à la fois réservée et directe.
Sa position est d'autant plus incongrue qu'on ne compte plus depuis quelques semaines, et encore tout récemment pour son premier CD, les passages promotionnels qui lui ont été offerts et dont elle a bénéficié sans qu'à ma connaissance on soit sorti à un quelconque moment d'un discours exclusivement laudatif. Cette constance dans l'éloge aurait dû la rendre attentive au privilège inouï qui est le sien et qui donne à son talent certain une amplitude considérable.
Qu'elle songe une seconde à d'autres jamais invités ou qui, sollicités, se voient traités de manière indigne parce que la meute médiatique est persuadée de pouvoir le faire en toute impunité - je songe par exemple à Robert Ménard scandaleusement vilipendé par quelques-uns comme Guy Sitbon, Claude Soula, Pascale Clark ou Jean-Michel Aphatie. Elle admettra alors qu'il est paradoxal de se plaindre de l'encens qui est déversé sur elle au prétexte, ici ou là, de quelques acidités.
En réalité, si son offensive a attiré mon attention, ce n'est pas seulement à cause de la qualité que je prête intuitivement à sa personnalité mais surtout parce que le problème posé par la critique artistique française entendue généralement, est l'inverse de celui qu'elle expose. Loin d'être "un déversoir de haine", elle s'obstine, sur tous les supports médiatiques et pour tous les genres concernés, à représenter plutôt des coulées d'obligatoire bienveillance, des torrents d'infini copinage intellectuel et mondain quand on ne s'interroge pas sur les raisons obscures qui ont présidé à la sélection des oeuvres célébrées : films, livres et musique. Comment soutenir que l'atmosphère dominante du journalisme culturel - avec les variations allant du snobisme raffiné et élitiste au populisme enthousiaste et fabriqué - serait à la détestation quand tout démontre, à la télévision, à la radio, dans les quotidiens et les hebdomadaires, qu'une caste de critiques s'attache à un groupe homogène d'auteurs, de metteurs en scène et de chanteurs ? Ce qui manque, c'est exactement le contraire : une sélection libre, spontanée et clairvoyante en amont, une lucidité aussi éloignée le plus souvent de l'inconditionnalité que plus rarement de l'agression en aval.
Au fond, Mélanie Laurent, pourtant très discrète sur sa vie intime, rêverait d'un monde où nous aurions l'obligation d'aimer les artistes. Mais qu'elle se rassure : on y est presque ! Les artistes ne sont pas "défoncés" mais glorifiés. On ne va jamais y regarder de près ! Je suis artiste et tout est dit. Je suis artiste et j'ai tous les droits. Je suis artiste et j'ai le droit de proférer n'importe quoi. Je suis artiste et je n'ai plus rien à démontrer. Je suis artiste donc je suis.
Que Mélanie Laurent ne devienne jamais une artiste pour demeurer sauve ! Qu'elle nous laisse le droit de l'aimer seulement si on en a envie!
Il y a quelque temps - peut-être à l'époque où vous avez écrit ce texte -, j'ai vu à la télé une interview de cette très jeune actrice dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Ce qui m'avait étonnée c'est qu'elle parlait d'un film dans lequel elle jouait le rôle d'une empoisonneuse et se demandait pourquoi l'auteur du film avait choisi de lui donner le prénom bizarre de Lucrèce.
Rédigé par : laure | 07 novembre 2011 à 18:24
Cet article soulève à juste titre l'aspect totalitaire de l'artiste quel qu'il soit. Le besoin d'être aimé à tout prix peut virer au narcissisme, au culte de soi, au culte de la personnalité, voir un certain Hitler qui était aquarelliste et rata les Beaux-Arts de Vienne dans sa jeunesse. Et on sait comment cela s'est terminé... Mais Mélanie Laurent, heureusement, a d'autres atouts (oserai-je dire atours) que son affreuse moustache.
Rédigé par : cochard | 18 septembre 2011 à 19:43
@ Alex
Je suis heureuse si Jorane est appréciée comme vous le dites. Pour moi c'est une découverte toute récente. Sans les télés, sans les critiques mécaniques, en dehors des enthousiasmes unanimes et officiels.
@ Savonarole
La bêtise ahurissante de votre propos ne manque pas de provoquer une perplexité telle que je suis désarmée par rapport à une telle ironie assassine.
Anne Sylvestre, dans mon coeur
"c'est la soeur
Ou l'inconnue
Forte vous les combattez
Faible vous les méprisez
Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres"
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 10 mai 2011 à 05:50
Arriver à placer Anne Sylvestre-Beugras chez P. Bilger, ça manque pas de sel...
Rédigé par : Savonarole | 09 mai 2011 à 20:41
Chère Véronique
Jorane est une artiste hyper connue. Le jour n'est pas venu où Mélanie Laurent aura vendu un dixième de ce que Jorane vend depuis des années au Québec, en France et aux US.
Nos contemporains ne sont pas encore complètement sourds !
Rédigé par : Alex paulista | 09 mai 2011 à 14:32
Si vous le permettez, je voudrais utiliser la contestation de votre billet pour proposer à vos lecteurs une reprise d'une chanson d'Anne Sylvestre que j'aime infiniment, interprétation-recréation que j'ai découverte par hasard sur le web. Sans les télés, sans les critiques mécaniques, en dehors des enthousiasmes unanimes et officiels du rien et pour le rien.
L'interprète se nomme Jorane. Avec son violoncelle, voilà comment à sa façon elle sublime "Une sorcière comme les autres".
http://www.youtube.com/watch?v=oi54soP9Dg4
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 09 mai 2011 à 05:55
Quand on voit le nombre de talents privés de financement et/ou de diffusion, il est affligeant de voir cette chanteuse de salle de bains - sans voix ni singularité - bénéficier d'une couverture médiatique disproportionnée, sous prétexte qu'elle fait du cinéma. Ce qui est encore plus irritant, c'est qu'en plus, elle a le culot de se plaindre que d'aucuns osent la critiquer !!
Non, Mélanie Laurent n'aurait pu sortir de disque - sur un label indépendant ou pas -, non, elle n'aurait pu bénéficier de tout ce battage promotionnel, si elle n'avait pas été une actrice en vogue. Vogue sans doute surestimée, vu qu'elle minaude toujours de la même façon, tous rôles confondus, et est partie prenante dans l'un des plus mauvais polars de l'histoire du cinéma français (le risible "Requiem pour une tueuse").
Rédigé par : Romain | 08 mai 2011 à 13:11
Bref.
Comme d'habitude, l'hystérique fait parler d'elle !!!
Rédigé par : hippocrate | 03 mai 2011 à 11:04
@Herman
Où m'avez-vous déjà vu écrire sur les homosexuels sur ce blog, si l'on excepte ma réprobation de la condamnation du député Vanneste? J'avais alors indiqué qu'une personne qui avait fait le choix de l'homosexualité ne pouvait plus revendiquer le droit d'adopter, car on ne pouvait exiger le beurre et l'argent du beurre.
Je suis moi-même une minorité en France, étant juif. Me trouvez-vous assez fou pour attaquer d'autres minorités : les femmes, les Arabes, les Africains, les homosexuels, les vieux?
Je suis d'accord avec vous sur l'idée que Mélanie Laurent chanteuse est aidée par Mélanie Laurent actrice. Mais c'est le système médiatique, avec sa logique pourrie, qui permet cela.
Bonne journée à vous, Herman.
Rédigé par : LABOCA | 02 mai 2011 à 10:16
@LABOCA
Ah non, ça m'embêterait que Mélanie Laurent soit un homme, parce que, voyez-vous, je ne suis pas homo... Mais si vous voulez mon avis sur cette actrice qui chante, je vous le donne : je pense qu'enrichie par le métier d'actrice à succès, elle a pu s'offrir une carrière musicale en bonus, et que sans cela, c'est dans le métro qu'elle ferait ses débuts, et non au "Printemps...". Voilà.
Je ne suis pas homo, mais cela ne m'empêche pas d'être scandalisé par les propos parfois tenus par vous, ici, sur eux, et de rire (ou pleurer...) du coup, lorsque vous vous offusquez d'une possible discrimination ethnique dans le football. On a les discriminations qu'on peut...
Rédigé par : Herman | 02 mai 2011 à 09:33
Achille : "Personnellement je trouve que réussir à écrire un billet sur Mélanie Laurent est en soi une performance vu le peu qu’il y a à dire(...)"
Ce en quoi Philippe est admirable ! Quand je vois un tel billet arriver, je roule des yeux effarés puis je me dis que le sujet est tellement fadasse qu'il y a une intention prioritaire. C'est malin : imaginez le même thème traité sur des propos de Johnny Hallyday ou Deneuve, tout le monde se concentrerait sur les personnalités et oublierait le thème de la critique. En choisissant Mélanie Laurent, certains se demandent : "C'est qui celle-là ?", Laboca va sur Google en vitesse, pas de risque de parasitage ! Et, en passant, Philippe avec son art des titres, gagne des points dans l'audimat du blog : Mélanie Laurent est dans l'actualité. Il y a un an le blog était classé 700 sur Wikio, aujourd'hui 330.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 mai 2011 à 13:49
@Herman
Je ne vous imaginais pas grand dictateur, grand tyran.
Moi, je n'ai pas de problème avec Mélanie Laurent, fille très mignonne, probablement la plus belle Française actuellement.
Etes-vous en train de suggérer que vous détestiez le fait que Mélanie Laurent soit biologiquement une femme?
Si vous regrettez que Mélanie Laurent soit une femme, dites-le clairement, au lieu de tergiverser.
Votre hypocrisie est insupportable.
Pourquoi évoquez-vous les "propos nazis sur les homosexuels", alors qu'on parle de Mélanie Laurent, une fille née en 1983 et uniquement connue du public comme artiste?
Vous êtes libre de systématiser sur les nazis, sur les homosexuels, sujets qui apparemment vous tiennent à coeur.
Rédigé par : LABOCA | 01 mai 2011 à 11:37
" je songe par exemple à Robert Ménard scandaleusement vilipendé par quelques-uns comme Guy Sitbon, Claude Soula, Pascale Clark ou Jean-Michel Aphatie. "
Au fond, ce qui me dérange chez Sitbon, Soula, Clark, Apathie, Plenel et... Bilger, quand les premiers vilipendent Robert Ménard, et le dernier le défend, est le fait qu'à aucun moment il ne vient à l'idée de personne de rappeler, par exemple, l'inconditionnalité de RB à l'égard des journalistes impliqués dans cette vieille affaire de l'Arche de Zoé et qui ont bénéficié d'une impunité parfaitement honteuse de la part de l'ensemble du politico-médiatique et judiciaire du moment:
"Ce qu'on attend tous, c'est une requalification qui permet de bien différencier les journalistes, qui n'ont fait que leur métier, des gens de l'Arche de Zoé qui devront répondre d'un certain nombre de faits", a encore dit Robert Ménard.
Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il est question de R. Ménard - lequel, est sûrement un garçon sincère et attachant - je pense toujours, malgré tout, à cette affaire, à l'unanimité et la collusion parfaitement scandaleuses affichées par le politico-judiciaire-médiatique alors déployée à grands renforts, honteusement solidaire, confondu et soudé pour épargner des journalistes et leurs commanditaires aux pratiques très lourdes de conséquences.
C'est évidemment lointain et sans rapport à votre billet - clairement, les propos de Mélanie Laurent ne m'intéressent pas plus que ça - cependant, cet épisode totalement scandaleux reste, selon moi, tellement représentatif du crédit qu'il convient de refuser d'apporter aux cercles de la raison médiatiques, qu'ils soient progressistes, modernistes, réactionnaires, néo-réactionnaires, journalistes culturels, journalistes politiques, etc.
Pour reprendre une introduction à un de vos billets, je ressens les choses ainsi :
"C'est agaçant, ces péripéties qui viennent se mettre dans ma tête comme des bâtons dans les roues mais aucune raison de les éluder..."
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 01 mai 2011 à 08:28
Personnellement je trouve que réussir à écrire un billet sur Mélanie Laurent est en soi une performance vu le peu qu’il y a à dire et c’est aussi lui faire beaucoup d’honneur, qu'il lui reste maintenant à mériter.
Rédigé par : Achille | 01 mai 2011 à 07:42
"On notera qu'une telle politique s'inspire des idées d'Eric Zemmour, partisan du non-recrutement des jeunes Arabes et Africains par les entreprises françaises."Re-LABOCA
C'est mieux, ou pire, que d'émettre des propos nazis sur les homosexuels ?
Rédigé par : Herman | 01 mai 2011 à 01:36
"Mélanie Laurent est une fille très mignonne, probablement la plus belle Française".LABOCA.
Tout de suite, les grands mots !!!...
Rédigé par : Herman | 01 mai 2011 à 01:32
Il n'en est pas de même du débat intellectuel et de la création artistique, du point de vue de celui qui initie l'un ou l'autre. Celui qui va dans le débat public avec un discours, une thèse, l'expression d'une opinion se heurte volontairement aux opinions contraires. Il fonce dans la mêlée et tache d'en ressortir avec le ballon et le moins de bobos possible.
L'artiste n'a pas nécessairement cette motivation. Certains artistes créent pour ceux qui vont aimer le résultat et espèrent effectivement une adhésion complète de cette portion du public. Ils ne s'adressent pas à tous les publics mais à celui qui sera sensible à leur travail. L’immixtion de la critique s'apparente dès lors à une intrusion dans une intimité. Je puis donc parfaitement comprendre le rejet de la critique suivant l'expression de grand-mère : "Si tu n'aimes pas ça, ce n'est pas une raison pour en dégoûter les autres."
C'est le problème du statut de l'artiste qui recouvre un spectre large de production intellectuelle. Certains se retrouveront pleinement dans le débat public, d'autres souhaiteraient protéger leur travail du tumulte. Les contraintes économiques de la production culturelle exigent désormais que l'artiste aille promouvoir son oeuvre devant un public dont une large part ne sera jamais concerné. Récemment, Johnny Hallyday s'est produit à l'émission X Factor de M6 et son passage fut encadré par des écrans pub dans lesquels figuraient des spots pour son disque. Les critiques s'emparent de ce moment économique.
J'ose une analogie frappante. Si l'on apparente une promo de film ou de disque à une campagne publicitaire, je constate que nous ne disposons pas de la même liberté critique envers les produits non-culturels. J'attends un émission de critique sur les produits alimentaires ou ménagers : tel yaourt trop acide, tel savon laisse une odeur désagréable, tel packaging est encombrant. Non, car il y a une loi qui interdit le dénigrement. L'activité culturelle est la seule activité économique à être exposée au dénigrement légal.
Cela dit, l'immensité du talent de Mélanie Laurent ne m'est pas encore apparu.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 mai 2011 à 00:31
Bonsoir Monsieur,
Il me semble que les cercles qui délivrent le droit à un artiste de se confronter au public ont toujours existé. La faveur, l'adoubement, s'ils ne confèrent pas le génie, donnent parfois l'impression à ceux qui les reçoivent qu'ils en sont dotés.
Mlle Laurent a sa place dans l'histoire de l'art mais elle en sera au mieux une anecdote, vraisemblablement insipide.
Elle représente une génération fort triste qui refuse la joute avec le même enthousiasme que les philosophes grecs la réclamaient pour s'y polir l'esprit. Pire, une génération qui ne conçoit pas qu'on pense différemment. Ni le beau ni le haut ne sont à mettre en doute. Mlle Laurent et ses semblables en ont déjà fixé le seuil. Il est regrettable qu'il soit si bas. Pire, il est regrettable qu'il soit fixe. Jean Dutourd jugeait sa génération minable. Il est triste de n'avoir pas les actes ni les œuvres ni encore les hommes pour le contredire.
Cordialement,
Jérôme
Rédigé par : Jerome Nadau | 30 avril 2011 à 23:52
<< Au fond, Mélanie Laurent, pourtant très discrète sur sa vie intime, rêverait d'un monde où nous aurions l'obligation d'aimer les artistes. Mais qu'elle se rassure : on y est presque ! Les artistes ne sont pas "défoncés" mais glorifiés. On ne va jamais y regarder de près ! Je suis artiste et tout est dit. Je suis artiste et j'ai tous les droits. Je suis artiste et j'ai le droit de proférer n'importe quoi. Je suis artiste et je n'ai plus rien à démontrer. Je suis artiste donc je suis.>>
Nous sommes dans une société qui effectivement fait de "l'artiste" (autoproclamé ou lancé par la machine médiatique) le nec plus ultra de la fonction sociale.
Être artiste c'est, sans autres connaissances que celles du citoyen lambda, devenir d'entrée un expert dont la parole doit être acceptée d'office par l'auditeur ou le téléspectateur. Société du verbe, ou plutôt de la glose infinie qui sélectionne les "bons" artistes en fonction des desiderata et discours d'une petite intelligentsia bien-pensante qui se voudrait être l'alpha et l'oméga de la pensée...
Quand cette dernière vous encense et vous louange, que les critiques fondées sont difficiles à supporter ! Surtout si l'on a fait en boucle le tour des promotions du film ou du disque offertes par le petit écran ou la radio où l'on est trop souvent invité par une forme de copinage généralisé...
Mais il faut aussi reconnaître que la critique française ne fait que rarement dans la demi-mesure, singulièrement pour éreinter qui n'entre pas dans certains codes et formatages de la pensée bienséante et dans ce jeu-là. Les noms que vous évoquez Monsieur Bilger sont là pour en attester.
Un peu de modestie et de mesure dans le propos ne nuirait sans doute pas à nombre de critiques alors que trop souvent c'est une entreprise de démolition systématique de qui n'entre pas dans le moule de la pensée conforme du jour ! Alors malheur à lui, haro sur le baudet !
Rédigé par : Robert | 30 avril 2011 à 17:47
Mélanie Laurent est une fille très mignonne, probablement la plus belle Française actuellement. Etant de surcroît de race européenne, elle a donc des atouts pour réussir dans les arts, domaine où le visuel est tout aussi important que le fond.
Entre les célébrations complaisantes et les attaques souvent haineuses des deux Eric du samedi soir, il y a possibilité de trouver un juste milieu.
A mon avis, la critique la plus objective est celle du public : selon que le film, la chanson ou la pièce cartonne ou ne cartonne pas, l'auteur, l'acteur ou le chanteur peut savoir s'il est bon ou moins bon.
Je ne crois pas que le système médiatique soit capable d'imposer aux Français une personne dénuée de qualités artistiques.
Le peuple français juge de la culture est plus intelligent et plus rigoureux que le peuple français juge politique et électeur.
Pour en revenir à Mélanie Laurent, je regrette que sa culture juive ne transparaisse pas à travers son art. Je trouve, en effet, cette fille excessivement républicaine.
Mediapart vient de prouver l'existence au sein de la FFF d'une politique visant à limiter le nombre de jeunes Français de race arabe ou africaine désirant pratiquer le football. On notera qu'une telle politique s'inspire des idées d'Eric Zemmour, partisan du non-recrutement des jeunes Arabes et Africains par les entreprises françaises.
Je regrette que dans son billet Monsieur l'Avocat général Bilger n'ait pas abordé la question des discriminations dont seraient victimes les Arabes et les Africains désireux de travailler dans les arts. Je pense en effet que ces discriminations, quoiqu'en pense Monsieur l'Avocat général Bilger, sont plus préoccupantes que le traitement médiatique des artistes.
Rédigé par : LABOCA | 30 avril 2011 à 17:16
Ce billet m'inspire deux réflexions, à l'aune aussi de ma modeste expérience professionnelle. Les créateurs quels qu'ils soient aiment rarement être malmenés ; cela dit c'est le propre de la nature humaine me semble-t-il. Moi-même je rêve que tout le monde me trouve intelligente, talentueuse, drôle, belle pourquoi pas ; et modeste évidemment.
M'intéresse davantage bien sûr la critique vue du côté de celui qui la dit, la fait : je pense que le vrai travail d'un critique est effectivement d'aller dénicher ceux et celles qui ne sont pas poussés par la machine à promo et de leur donner éventuellement un coup de pouce. Bien sûr il est très gratifiant de démolir une célébrité, un succès ; un exercice d'autant plus tentant qu'une critique étant rarement écrite à chaud, elle laisse le temps de peaufiner de jolis effets de style.
Et à propos de peaufiner et d'effets de style je reviens sur l'entretien Ménard-Clark : il est évident que cette dernière n'avait pour seule envie que se payer Robert Ménard qui, à mon grand regret, se fourvoie me semble-t-il depuis un certain temps. Il eut mieux valu essayer de débattre avec lui sur le fond, c'est juste moins facile et moins spectaculaire. La critique pourtant ne devrait pas être un spectacle.
Rédigé par : catherine A. | 30 avril 2011 à 14:22
Je n'ai pas lu l'interview, mais j'ai aimé ce billet. Paradoxe ? Peut-être pas, parce que la critique elle-même obéit à ses propres règles. La critique n'est pas agression, parce qu'elle est subjective et motivée, parfois acide mais agréable à lire.
Rédigé par : aargh27 | 30 avril 2011 à 13:02
En tant que chanteuse, son talent est plus que discutable en outre (un peu comme C. Bruni-Sarkozy, beaucoup de bruit médiatique pour si peu).
Un peu d'humilité lui ferait grand bien.
Rédigé par : bob | 30 avril 2011 à 11:50
L'intervention de Mélanie Laurent fait ressortir deux aspects:
- que la critique ne sert pas à grand-chose à part à faire vendre du papier. Par exemple il est plus tentant de descendre un artiste connu que de donner un coup de pouce à un inconnu.
- que cela fait mal à un artiste de se faire critiquer trop vertement, et peut être néfaste à sa créativité.
Ce n'est pas forcément faux. L'artiste a cela de supérieur qu'il crée quelque chose, de quoi peut-être susciter un minimum de bienveillance.
Mais il est aussi vrai que les médias sont submergés de prétendues "créations".
Rédigé par : Alex paulista | 29 avril 2011 à 21:15
Bonjour,
Ce billet, il est bien. L'infinitésimale parcelle du public que je suis approuve intégralement. Bravo l'artiste. Henri Dumas
Rédigé par : temoignagefiscal | 29 avril 2011 à 19:45
"Critiques, vous êtes des veaux !"
Rédigé par : Epaminondas | 29 avril 2011 à 19:23
"J'ose dire pourtant que je n'ai mérité
Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité."
Vous vous étonnez, M. Bilger, que Mélanie Laurent, cible de tant de louanges, se plaigne de la haine dont les artistes sont l'objet. Y a-t-il lieu d'y voir une telle contradiction ? Les foules sont ainsi faites que celui qui s'expose aux louanges s'expose à la haine. Je ne pense pas qu'elle rêve, comme vous le dites, d'un monde où on aimerait tous les artistes mais peut-être rêve-t-elle d'un monde où on n'en détesterait aucun...
En ce jour de mariage princier je me rappelle que Diana avait raconté, des années après, qu'elle avait eu le sentiment, le jour de son mariage, au milieu de la liesse générale, d'être un agneau qu'on mène à l'abattoir. Toujours cette proximité paradoxale entre amour et haine.
Il me semble normal qu'une artiste le sente.
Rédigé par : DMonodBroca | 29 avril 2011 à 18:33
Bonjour Philippe Bilger,
« Je suis artiste et tout est dit. Je suis artiste et j'ai tous les droits. Je suis artiste et j'ai le droit de proférer n'importe quoi. Je suis artiste et je n'ai plus rien à démontrer. Je suis artiste donc je suis. »
Heureusement que les deux Eric (Zemmour et Naulleau) sont là pour ramener certains artistes et écrivains autoproclamés à la réalité dans l’émission de Ruquier.
On en a vu certains dont la tête et les chevilles se sont vite dégonflées après être passés sur la redoutable « chaise blanche ».
Un peu d’humilité ne saurait nuire au talent.
Rédigé par : Achille | 29 avril 2011 à 18:27
Christian Millau : «Le monde du spectacle est une serre à bêtise».
Et il aurait pu ajouter «et à vanité».
Ces outres gonflées de fatuité ne méritent pas le temps que vous leur consacrez.
Rédigé par : Franck Boizard | 29 avril 2011 à 17:50
A ce propos :
lors d'une émission-magazine nocturne, j'avais eu l'occasion de voir l'illustre
Bertignac en promo pour son nouvel album et
qui s'était tenu coi devant le trio infernal
Naulleau-Ruquier-Zemmour !
Mais, à la faveur d'une plage de calme,
j'avais visionné l'émission Salut les
Terriens où se trouvait ce même.
Alors que l'animateur, qui sait ironiser
sur certaines incohérences sociales, lui
demandait s'il s'imaginait prendre la retraite à soixante ans, ce Rastignac
répondit "quelle horreur" grand éclat de
rire, bien sûr.
Donc, pour une promo, elle fut réussie et
illustre bien les droits que s'octroie
cette gent à laquelle il faudrait encore
devoir d'acheter l'album... allez, allez,
ton nombril est bien joli mais nous n'avons
pas le même miroir pour l'admirer, circulation.
Rédigé par : calamity jane | 29 avril 2011 à 17:06
Il eut été respectueux d'écrire sur une actrice de votre génération, et qui a su justement transcender les époques pour poursuivre une carrière avec grâce et sans vulgarité: Marie-France Pisier.
Franchement parler d'une morveuse qui a tourné deux minutes dans un film de Tarantino, lâche un timbre de voix insignifiant et déverse à longueurs d'interviews une mégalomanie planquée derrière un minois faussement ingénu nouveau visage de la Maison Dior.
Rédigé par : SR | 29 avril 2011 à 16:16
"... que choisissant par passion le métier d'actrice puis d'être, aussi, l'interprète de ses propres créations, s'exposant donc au regard et au jugement publics, il ne convient pas qu'elle s'étonne des réactions suscitées par l'ensemble de ses prestations sauf à aspirer à une admiration et à une complaisance universelles et donc inconcevables."
PB
Tout est dit.
Puisse-t-elle savoir lire.
Et ne pas nous donner cette perversion de Montaigne :
""Parce que c'était moi, parce que c'était moi.""
Ou qu'elle fasse de la pub pour l'Oréal.
Sinon, pour écouter du contradictoire, allez plutôt du côté des midis de FranceCult.
http://www.franceculture.com/emission-la-grande-table-boubacar-boris-diop-et-marie-violaine-brincard-2011-04-28.html
Même si le nouveau duo de donneur de parole ronronne trop de copinage et d'entre nous, les chroniqueurs sont quand même sans concession et d'une culture, d'une qualité comme d'un courage rares. Preuve en est la polémique d'hier sur un disque pourtant fort défendable à défaut d'être inoubliable et là dézingué par un garçon tout ce qu'il y a d'intelligent et d'estimable.
L'anti Canal Moins, version "grand journal", "grand" au sens du tirage dans la cheminée, j'imagine ; comme disait feu Coluche.
AO
Rédigé par : oursivi | 29 avril 2011 à 15:36