J'aime que le dernier livre de Manuel Valls ("Sécurité") soit, si j'avais à le résumer rapidement, conforme à cette idée force qui m'est chère : la démocratie peut se défendre sans se renier et l'Etat de droit n'est pas à la seule disposition des transgresseurs mais d'abord de la République qui a le devoir d'assurer la tranquillité publique.
Non pas que chacune des pages de cet ouvrage suscite mon adhésion. Il y a, chez l'auteur socialiste qui affirme que "la gauche peut tout changer", par exemple une attaque frontale des peines planchers dont l'expérience démontre pourtant l'utilité puisqu'elles répriment des parcours délictuels ou criminels auparavant jamais appréhendés dans leur globalité et leur regrettable persévérance. Je ne suis pas sûr non plus que sa vision de la justice des mineurs, qui tient à rester fidèle à la doxa progressiste en dépit des évolutions familiales et sociales, ne pèche pas par timidité.
Mais, face à ces divergences, que de fortes convergences, que d'analyses justes, lucides et sans complaisance de la réalité, de la quotidienneté d'existences soumises à la fois à la précarité et à l'insécurité, que de réflexions pertinentes et vigoureuses sur l'état des prisons, l'activité policière et la nécessité d'une police d'urbanité et de civilité, quelle dénonciation salubre des politiques qui ont favorisé, en prétendant les récuser, les ghettos urbains et ce qu'ils entraînent trop souvent, trafics de drogue, zones de non droit, délitement de la morale civique, peur collective...
Ce qui est remarquable, avant même le détail des mesures et des propositions, tient au ton uitilisé par Manuel Valls. On sent sa volonté d'empoigner sans mièvrerie ni brutalité le débat sur la sécurité, qui trop longtemps a été perverti à gauche par le désir de substituer au monde réel et au peuple en souffrance un monde et un peuple rêvés. L'auteur appelle un chat un chat et ne s'abrite pas derrière mille euphémismes pour formuler sa pensée. La société est cruelle en beaucoup de ses manifestations et l'honnêteté de Manuel Valls est de ne pas occulter ce constat. C'est en révélant ce qui est - et je partage son appréciation - qu'on trouvera le moyen de répondre au défi que la face sombre de la modernité, de l'urbanisation et de l'humanité lance à notre société.
Sa critique nette mais sans agressivité ni démagogie de certaines pratiques judiciaires correspond à ce que les citoyens la plupart du temps déplorent : une justice souvent incompréhensible dans ses décisions et d'une lenteur coupable. Il est rare qu'un homme politique ose traiter de ce thème dangereux et qu'il sache le faire avec conviction et retenue. L'institution judiciaire accepte évidemment d'être contestée quand elle le mérite mais encore faut-il qu'il y ait à son égard une présomption de courtoisie et de respect. Manuel Valls ne manque ni de l'une ni de l'autre.
Il apporte également une pierre décisive à la dispute permanente sur l'ordre et la justice. En effet, au lieu de considérer que l'ordre ne constitue pas une exigence à lui seul mais implique une force et un adjectif d'appoint - par exemple, l'ordre "juste" de Ségolène Royal -, Manuel Valls démontre que l'ordre est le terreau fondamental à partir duquel la justice peut naître. Il rejoint ainsi un courant profond de la philosophie politique. Sans ordre, rien n'est possible. Aujourd'hui, proclamer cela ne relève pas d'une démarche indifférente.
Ma conclusion sera, pour beaucoup, naïve. Dans les principaux partis politiques, il y a des personnalités plus en quête de vérité pour combattre l'insécurité qu'enfermées dans des postures stériles. Je suis persuadé que les socialistes Manuel Valls ou André Vallini pourraient débattre utilement avec Philippe Houillon ou Jean-Paul Garraud qui ne sont pas du même camp. La sécurité est un bien trop précieux et une aspiration populaire trop légitime pour être seulement laissée aux sectaires.
Heureusement, Manuel Valls ne l'est pas. Socialiste certes mais son intelligence profite à tous.
Valls va encore monter dans les sondages : il a retrouvé à Pontault-Combault dans un bed and breakfast les deux crétins...
Formidable Valls !
Il aura suffi qu'un hôtelier s'étonne de voir deux maghrébins camper chez lui pour que Valls devienne un héros...
Se moque-t-on de nous ? La question demeure.
Rédigé par : Savonarole | 29 mai 2013 à 14:31
Un peu de désordre ne fait pas de mal à l'Ordre... Ce qui est condamnable c'est le viol (la violence, physique ou verbale), le vol et le dol (l'escroquerie).
Avec pas mal de Respect de l'autre, le désordre est plus créatif que l'Ordre simple mécanique !
La solution à la délinquance passe plus par l'éducation au respect des autres et l'espoir d'une vie qui s'améliore avec l'effort, qu'à la Police et la Justice...
Rédigé par : francis | 05 mai 2011 à 18:54
"Le bonjour dans votre nid d'aigle"
Alex paulista.
Vous insultez les Autrichiens gratuitement.
C'est bien vous cela.
Rédigé par : jpledun@refugié politico-comico | 05 mai 2011 à 03:05
"À Brasilia, on s'ennuie un peu sur les ailes de l'oiseau"
Alex
L'éternel enfant que je resterai aura toujours en tête ces images de Brasilia que sut si bien mettre en scène Philippe de Broca, cette grande ville en devenir au milieu de nulle part, ces endroits de pur futur où le présent peut-être si plein d'une fête trouble au sommet d'un improbable building, de folles poursuites sur des avenues comme à jamais vides, du bruit du vent qui semble le maître des lieux et qui vient compléter l'ascension risquée mais salvatrice d'un haut immeuble en construction dans la plus parfaite absence de dialogue...!
Quelle idée de génie d'avoir tourné là, de nous avoir offert la saisie de ce lieu en devenir, dans cette fragilité qu'être dans cet état si éphémère.
Quelle chance d'avoir eu six huit ans quand la télé nous offrit de rêver devant cela...
Dans un esprit à peine plus réaliste, "ma" classe de troisième vint s'intéresser aux villes nouvelles nous donnant à voir modestement, cette fois, Evry.
Nous étions en avril-mai (?) 79, nous dûmes disserter sur des influences économiques réciproques que cette ville pouvait entretenir avec la nôtre.
Nous baladant d'abord encadrés puis délicieusement seuls en son agora puis en ses alentours, j'ai le souvenir fugace d'une pointe que j'ai poussée vers un de ses chantiers et son ouverture sur des champs qui me semblèrent infinis...
Votre situation comme vos allusions m'ont fait réaliser 32 ans plus loin, que le ravissement qui me saisit alors, devait être lié à ces images de Brasilia, restées traînantes en un coin de moi.
AO
Rédigé par : oursivi | 04 mai 2011 à 17:50
Chers LABOCA et JDR
L'urbanisme des années 70 engendre des choses différentes suivant les gens qu'on y met dedans. À Brasilia, on s'ennuie un peu sur les ailes de l'oiseau, mais à part ça on ne s'entretue pas particulièrement. Plutôt moins d'ailleurs...
Et à São Paulo, certains immeubles de Le Corbusier sont encore en très bon état. À croire que le ciment vieillit moins vite.
Sinon quoi, utiliser des briques ?
http://www.dailymotion.com/video/x1mra_c-arrive-pres-de-chez-vous-briques_fun
Rédigé par : Alex paulista | 03 mai 2011 à 23:13
@Jean-Dominique Reffait
Vous avez travaillé à un niveau qui ne vous permet pas de savoir comment fonctionne concrètement le processus décisionnel. Vous décrivez le modèle théorique d'un fonctionnement structurel.
Je sais de quoi je parle.
Demain, les historiens d'Evry et de son agglomération nous en diront davantage.
Encore une fois, je n'attaque personne. Je dis seulement que les communes pouvaient faire autre chose que ce que nous avons actuellement à Evry et son agglomération.
Je redis à nouveau que Manuel Valls est un excellent maire.
Rédigé par : LABOCA | 03 mai 2011 à 17:30
@ jpledun
Puisque vous êtes d'humeur ironique et rieuse - vous avez avalé un clown, comme on dit dans le sud de la France - j'ai une autre façon de dire la même chose, que vous comprendrez mieux :
justice sociale bien ordonnée commence rarement par son fils.
Le bonjour dans votre nid d'aigle.
Rédigé par : Alex paulista | 03 mai 2011 à 14:29
Laboca, ce que vous dites est faux. Je ne vais pas vous faire un exposé sur les structures d'aménagement des villes nouvelles depuis leur création par de Gaulle puis Pompidou sous l'impulsion de Paul Delouvrier ni sur mon expérience en matière de communication pour ces structures y compris Evry depuis 20 ans. L'établissement public d'aménagement d'Evry, EPA, sous la tutelle de l'Etat, a été fermé en 2000, pour rendre aux élus le pouvoir d'aménagement par l'entremise des communautés d'agglomération. C'est le résultat de la loi Chevènement sur l'intercommunalité amplifiée par la loi de décentralisation de Raffarin. Ainsi la quasi totalité des aménagements structurels (schémas directeurs, circulation, services publics) à Evry comme dans les autres villes nouvelles proviennent de ces EPA. Les élus y étaient représentés mais non majoritaires (ils avaient les Syndicats d'Agglomération Nouvelle - SAN - pour gérer les aménagements et les services publics) : l'Etat aménageait, les communes géraient en commun les aménagements. Le secteur de la gare d'Evry dont vous parlez date de 1990, sous la tutelle de l'EPA. Depuis 2000, les élus doivent s'insérer dans cet urbanisme et ne peuvent évidemment pas faire de miracles dans ce cadre pré-établi qu'il n'est pas question de raser.
A l'époque de leur création (1969 pour Evry), l'intention de l'Etat était excellente et fondée sur une vision nouvelle de l'urbanisme : routes larges pour une société automobile en expansion, dalles piétonnes, c'était la ville idéale sur le modèle de Brasilia. Cet urbanisme est aujourd'hui une catastrophe sociale. Cet urbanisme est coûteux à l'entretien, trop de voies routières, trop grandes, trop éclairées, trop de béton qui vieillit mal, des distances énormes qui nécessitent un transport urbain conséquent, ce qui grève les budgets communaux et réduit la capacité d'investissement pour des équipements de qualité. Comble du comble, l'aménagement urbain a considérablement réduit la capacité foncière de zones qui en disposait largement : Evry est couverte de routes et d'esplanades où l'on ne peut rien construire.
Le résultat social est un espace distendu, des quartiers éloignés les uns des autres, pas de véritable centre-ville. Du coup les commerces se concentrent en centre commerciaux, la rue n'est plus surveillée au quotidien par la présence de commerçants de quartier, les habitants circulent peu car les distances sont trop grandes et se replient sur leur ghettos d'où ils ne sortent que pour travailler ou pour aller au centre commercial, toujours en voiture ou en bus. Vous l'avez su puisque vous y avez travaillé : trouver un restaurant pour déjeuner à proximité de son travail est une gageure. Dans ce contexte vite survolé, la délinquance est à l'aise, les victimes isolées, les trafics facilités par l'aménagement de l'espace.
Telle est la réalité, Laboca, et il n'est pas opportun, sous le poids d'un combat idéologique stupide, d'incriminer des élus de gauche comme de droite, dans un urbanisme criminogène qui n'a jamais dépendu d'eux.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 mai 2011 à 12:08
« Il ne faut pas mettre de la justesse dans l'ordre mais de l'ordre dans la Justice. Dans la justice sociale, notamment."
Dit le capitaliste réfugié au Brésil. MDR.
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Valls a un discours vrai.
Il me plaît beaucoup car il est un des rares socialistes á ne pas être hypocrite.
Il suffit de voir comme il dérange sa "famille".
Valls for ministre de l’intérieur !
Rédigé par : jpledun | 03 mai 2011 à 10:53
"Ce qui ne se combattra pas à coup de peines planchers mais par plus de justice et mixité sociale et plus de sentiment d'appartenance à une maison commune (et pas seulement celle de La Santé)."
Alex,
Pourquoi opposer les deux, là encore.
Je vous suis tout à fait dans l'idée précieuse visant à élaborer une maison commune, laïc, républicaine. De n'avoir aucun a priori sur quelque individu que ce soit. Religion, race, ethnie, m'ont toujours indifféré, seuls les actes comptent. Ce qui fait qu'une sévérité assumée et proclamée me semble un outil comme un autre de l'assainissement nécessaire, de la prise en compte de situations délétères dont souffrent essentiellement les plus pauvres et les plus faibles, et les peines plancher en cas de récidive ne me paraissent à ces fins nullement perverses.
AO
Rédigé par : oursivi | 03 mai 2011 à 00:10
@ oursivi
Vous m'avez mal compris. Je ne propose pas de recoller les morceaux avec les délinquants... Je parle de ne pas exacerber les tensions entre communautés, ne pas diviser la France sur les origines, sur les générations.
Chaque fois que j'entends parler de la France, c'est uniquement des problèmes de sécurité. Je vis à São Paulo, et ici les gens parlent moins de la criminalité, alors qu'il y en a parfois un peu aussi quand même...
J'ai l'impression, sans vouloir nier la vraie criminalité qui existe tout de même, que le ressenti de la population est le résultat de petites incivilités désagréables et de buzz médiatique stigmatisant.
Ce qui ne se combattra pas à coup de peines planchers mais par plus de justice et mixité sociale et plus de sentiment d'appartenance à une maison commune (et pas seulement celle de La Santé).
Même au foot on commence à vouloir classer les types de Français, à proposer dès 12-13 ans des quotas non-dits sur ceux qui ont un grand-père étranger.
C'est grave quand même l'esprit qui règne !
Rédigé par : Alex paulista | 02 mai 2011 à 21:53
@Jean-Dominique Reffait
Je connais intimement la ville d'Evry. Je peux vous dire à quel endroit elle a été rendue laide du fait de décisions du conseil municipal.
Ce n'est pas l'Etat qui a décidé les constructions nouvelles autour de la gare d'Evry!
L'urbanisme de la ville d'Evry n'est pas coordonné actuellement et l'Etat n'y est pour rien.
Le conseil municipal a beaucoup ajouté aux défigurations résultant de décisions étatiques.
Mais je ne veux pas juger Evry uniquement à l'aune urbanistique.
Je reconnais que Manuel Valls arrive à faire triompher la concorde au sein d'Evry. D'un autre côté, il a réussi à attirer beaucoup d'entreprises à Evry. De ce point de vue, il travaille mieux que Sarkozy à la tête de l'Etat.
Rédigé par : LABOCA | 02 mai 2011 à 21:32
@ Herman
Vous êtes invité à réagir au billet de Monsieur l'Avocat général Bilger en vous appliquant à le faire avec intelligence comme moi.
Rédigé par : LABOCA | 02 mai 2011 à 21:12
"Je n'ai pas envie de parler publiquement de Manuel Valls, qui est une personne que je connais en privé.
Manuel Valls est un type de bien.
Je ne veux pas que sa pensée soit récupérée par des gens mal intentionnés."Laboca.
Voilà qui est clair !
Rédigé par : Herman | 02 mai 2011 à 19:56
Éternel débat opposant faussement ces deux notions. Pas de justice sans l'ordre propre à l'imposer et pas d'ordre compréhensible donc audible sans dessein profondément partagé, et dessein juste, bien entendu.
Alex,
"les morceaux entre les gens que la politique du gouvernement a montés les uns contre les autres."
AP
vous croyez que les acteurs mentionnés ont attendu le retour aux affaires de Sarkozy pour être les délinquants que l'on sait ?
Je me souviens d'une situation d'avant 2002 où la délinquance était probablement pire que n'est, même aujourd'hui. Ne soyez pas si angélique. La grosse vingtaine de milliers de personnes mises en taule depuis cette date était majoritairement constituée de ceux auxquels on n'avait pas trouvé la courage de dire "stop !", une bonne fois pour toute, ou au moins une fois qui compte, une qui peut avoir une chance de marquer celui à qui on l'adresse ; même si nombreux sortent de là pire que n'y étaient entrés, je sais.
Jean-Dominique,
"Tout y semble fait pour écarter les gens les uns des autres, créer des recoins malodorants et sombres, multiplier les inconforts à la circulation de tous. Le désordre est d'abord urbanistique. Alors qu'un jardin à la française repose l'esprit, les concepteurs géniaux des années 70 ont voulu reproduire la jungle en béton, c'est réussi."
Vos propos me rappellent ceux de Jean Carmet dans "Buffet froid", en moins drôles, mais en guère moins justes.
Notons toutefois que cette architecture a été décidée passé 68, fût-ce par réaction ou par volonté de faire du passé et du classicisme tables rases, cela serait intéressant à creuser.
Mais il ne me déplairait pas de voir Manuel Valls ministre de la justice ou de l'intérieur de DSK, passé mai.
AO
Rédigé par : oursivi | 02 mai 2011 à 15:49
LABOCA, les socialistes ne sont pour rien dans l'urbanisme des villes nouvelles telle Evry. Il s'agit de décisions d'aménagement qui ont été engagées par l'Etat, sous le Général de Gaulle, et confiées à des établissements publics sous tutelle de l'Etat. Les choix d'urbanisme proviennent de ces EPA (Etablissements Publics d'Aménagement) et des fonctionnaires qui les animaient sous couvert des ministères de tutelles. Les élus n'ont repris le contrôle que très tardivement, par la loi Raffarin, mais les carottes étaient cuites. C'est ce qui fait que toutes ces villes nouvelles se ressemblent, construites par les mêmes gens, et partagent la même laideur socialement désastreuse. Evry n'est pas aussi calme dans tous les quartiers, les Coquibus (loin du centre) sont particulièrement chauds.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 mai 2011 à 15:40
@Jean-Dominique Reffait
J'ai lu avec intérêt votre post.
Vous avez raison d'affirmer qu'Evry est une ville laide au niveau de l'urbanisme. C'est vraiment une ville mal dessinée, désordonnée visuellement.
Mais la ville d'Evry n'est pas seule dans cette situation.
Ces problèmes de désordre urbanistique viennent du fait que les socialistes sont allés trop loin dans la décentralisation de l'urbanisme. Il n'était pas nécessaire d'accorder aux communes, donc aux maires, le pouvoir en matière d'urbanisme. La bonne solution eût été, en deçà de l'Etat, de ne responsabiliser que les régions, voire les départements.
Sinon, Evry est une ville très calme. J'y ai travaillé pendant huit ans, en tant que chef d'entreprise. Je n'ai rien noté d'anormal au centre-ville en matière de sécurité.
Je ne lirai pas le livre de Manuel Valls. Je connais assez bien le fond de la pensée de cet homme pour me passer de la lecture d'un livre qui a été écrit dans le but de favoriser une percée dans les sondages socialistes.
Rédigé par : LABOCA | 02 mai 2011 à 13:05
1°) "..répondre au défi que la face sombre de la modernité, de l'urbanisation et de l'humanité lance à notre société."
De quoi parle-t-on quand on parle de "la face sombre de la modernité " ?
Il serait intéressant de lister quelques composantes de cette face sombre. Nul doute que certains y verraient une atteinte insupportable à leur liberté de s'enrichir -pardon : de voir leurs mérites concrètement reconnus.
2°)"...mais encore faut-il qu'il y ait à son égard [de la Justice] une présomption de courtoisie et de respect."
Comme à l'égard du suspect une présomption d'innocence ?
Vous voulez dire que l'on doit supposer que la Justice est a priori courtoise et respectueuse, jusqu'à preuve du contraire ?
Mmmmmmmm...
3°) "... l'ordre est le terreau fondamental à partir duquel la justice peut naître."
"Peut" - ou peut ne pas.
Lorsque l'on se préoccupe en priorité d'établir l'ordre, il est tentant de constater que c'est déjà beaucoup - et qu'on peut en rester là.
L'ordre règne à Varsovie - mais la Justice ?
Alors que l'on peut soutenir sans mal que la Justice établie et reconnue est un facteur puissant d'ordre. Certes c'est plus compliqué.
Finalement l'ordre juste de Mme Royal n'est pas la stupidité naïve que vous décriez.
Parce que "juste l'ordre" - c'est trop court.
Rédigé par : Clafoutis | 02 mai 2011 à 11:34
Monsieur l'Avocat général Bilger,
Le mérite de votre billet est l'affirmation supplémentaire de votre détestation des socialistes français.
Ce que vous dites des peines planchers est invalidé par quantité de magistrats, y compris des magistrats exerçant le ministère public, avec lesquels j'échange de façon interminable. Votre expérience n'est donc qu'une expérience parmi tant d'autres.
Je n'ai jamais cru qu'une personne comme vous vivant dans des beaux quartiers, dans des quartiers sécurisés, avaient compétence pour parler des problèmes de sécurité ou d'insécurité.
Monsieur l'Avocat général Bilger, vous n'avez jamais été en insécurité. Evitez donc de parler de façon péremptoire d'une situation dont vous n'avez jamais fait l'expérience.
Manuel Valls est maire d'une commune d'environ 60.000 habitants, avec beaucoup de logements sociaux. Il sait donc de quoi il parle, même si tout le monde s'accorde pour dire qu'Evry est une ville très paisible.
Votre pseudo-connaissance des problèmes de sécurité ou d'insécurité se fonde exclusivement sur les reportages biaisés diffusés par les chaînes de télévision, souvent à la demande de l'UMP, le parti politique qui vous invite régulièrement pour parler des questions pénales.
Je ne comprends pas que vous appuyiez les politiciens dans leur incessante envie d'amuser la galerie avec ces hypothétiques problèmes de sécurité ou d'insécurité, alors qu'il faut parler de travail, de formation professionnelle et de l'avenir de la jeunesse française.
Je n'ai pas envie de parler publiquement de Manuel Valls, qui est une personne que je connais en privé.
Manuel Valls est un type de bien.
Je ne veux pas que sa pensée soit récupérée par des gens mal intentionnés.
Rédigé par : LABOCA | 02 mai 2011 à 11:14
Je prendrai votre texte par le petit bout en relevant que vous usez de l'expression "police d'urbanité et de civilité" pour ne pas écrire que l'urbanité et la civilité ne sont que des aspects de la proximité. Tabou ! Et j'en reviens ainsi à cette notion d'ordre que je crois induite par la proximité.
La proximité est ce qui fait défaut à l'ensemble de la vie sociale tant dans les rapport inter-personnels que dans les relations entre les personnes et les institutions. S'agissant de sécurité, il n'y a pas d'espoir de progrès sans une véritable proximité, tangible, entre les acteurs de la sécurité (police et justice) et les habitants de zones sinistrées sur ce point. C'est pour avoir méconnu cette absolue nécessité que la gauche a cherché, sans trouver, des alternatives tandis que la droite se repliait dans une répression générale de tous pour être certaine de ne pas louper le coupable concerné.
La proximité n'est évidemment pas de jouer au foot dans les cités, caricature utilisée par le régime actuel. La proximité est la convergence des besoins et des solutions qui intervient par le rapprochement des administrés et des acteurs.
Il fut un temps où l'on craignait davantage le policier en capeline et en képi sur sa bicyclette que le commando en rangers et crâne rasé d'aujourd'hui. Parce que l'apparente bonhomie d'un uniforme plaisant représentait à la fois la capacité de dialoguer d'égal à égal et la rigueur de la loi. Mais il fut décidé que la police se devait d'avoir une allure de guerriers. Et les guerriers, ça fait la guerre : dans un quartier socialement défavorisé, le message est celui de la seule présence de la force armée sans celle du conseil, de l'ami qui vous protège.
L'ordre ne s'impose pas, notamment à des populations dont toute la vie est désordonnée par les immenses difficultés sociales et culturelles. Je ne connais pas un auteur de philosophie politique qui ne reconnaisse pas l'exigence d'adhésion à l'ordre pour que celui-ci soit effectif. Et c'est là l'enjeu : susciter l'adhésion à un ordre local pour des populations désordonnées. La gauche l'a essayé sans succès, la droite y a renoncé et a choisi le taser.
Manuel Valls est maire d'une ville qui concourt dans la catégorie laideur et incongruité urbaine. Difficile de trouver plus hideux et de plus sottement conçu qu'Evry. Tout y semble fait pour écarter les gens les uns des autres, créer des recoins malodorants et sombres, multiplier les inconforts à la circulation de tous. Le désordre est d'abord urbanistique. Alors qu'un jardin à la française repose l'esprit, les concepteurs géniaux des années 70 ont voulu reproduire la jungle en béton, c'est réussi. Valls a donc fort à faire pour maintenir l'ordre dans un décor aussi nuisible à l'équilibre social. Pour y parvenir, il n'existe pas d'autres solutions que de renforcer la présence amicale et protectrice des institutions. Plus le corps social est distendu, par ses propres comportements renforcés par un urbanisme débile, plus l'institution sociale doit être proche, rassurante. Ne soyons pas irréalistes : la délinquance et la violence auront toujours plus de prise sur des milieux défavorisés et il serait vain d'espérer à Evry le calme de Neuilly. Mais une présence policière intégrée et courtoise associée à des réponses judiciaires précises permettrait de réduire la délinquance à son niveau incompressible.
PS : vous tenez toujours à nous vendre les peines planchers en l'absence de bilan sur ce dispositif. Le fait qu'elle soit appliquées ne signifie aucunement qu'elles soient utiles.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 mai 2011 à 11:14
Ce que vous dites du livre de M. Valls, cher Philippe, donne envie de le lire.
Il me rappelle un essai tout à fait pertinent et, me semble-t-il tout aussi libre, de Julien Dray, paru en 1999 et intitulé "Etat de violence",sous-titré "Quelles solutions à l'insécurité ?".
Malgré quelques concessions, là aussi, à la pensée conformiste, Dray décrivait sans tabou la situation, le cercle vicieux et l'impasse insécurité/peur/montée des extrémismes. Il démontait avec méthode une vieux dogme de la gauche attribuant une valeur révolutionnaire à la violence et dénonçait clairement l'argent facile, la fascination pour les biens de consommation des voyous et des bandes.
Son livre contenait un certain nombre de propositions non idéologiques et un éloge de l'ordre républicain qui, apparemment, trouvent un écho dans la pensée de Manuel Valls.
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 mai 2011 à 09:07
Ce dont le pays a besoin en priorité, ce n'est pas de réaffirmer l'ordre mais de recoller les morceaux entre les gens que la politique du gouvernement a montés les uns contre les autres.
En ce sens la justice et la considération sont nécessaires et préalables au renforcement de l'ordre.
L'ordre est nécessaire mais n'est pas à mettre avant l'exigence de justice, il suffit de relire les droits de l'homme.
Il ne faut pas mettre de la justesse dans l'ordre mais de l'ordre dans la Justice. Dans la justice sociale, notamment.
Rédigé par : Alex paulista | 02 mai 2011 à 00:04