Jean-Luc Mélenchon a raison : Mitterrand n'appartient pas aux socialistes mais à l'histoire.
Pourtant, depuis quelques jours, c'est à qui, au Parti socialiste, s'appropriera un morceau de la vraie croix, le legs de ce président de gauche, le seul à avoir triomphé, et deux fois, depuis 1958. D'aucuns dénoncent une profusion mais pour ma part je ne me lasse pas d'en apprendre toujours davantage sur ce "monstre" de la politique, qui par ailleurs avait une exceptionnelle intuition pour déceler les talents et remarquer les prédispositions ou non au pouvoir. Sa lucidité souvent cruelle ne se trompait jamais, ce qui faisait que ses éloges avaient du prix : qu'on songe par exemple à son appréciation favorable de la personne de François Bayrou dont la volonté l'avait impressionné et à ses réserves constantes sur Michel Rocard dont l'empressement à servir ces dernières années peut prêter à rire. Le dernier livre remarquable de Serge Moati- trente ans depuis 1981!- projette des lumières singulières sur cette période et celui qui durant 14 ans en a été le coeur pluriel.
François Mitterrand, évidemment, a suscité comme tous les êtres exceptionnels des oppositions farouches, à gauche où son pragmatisme à partir de 1983 a exaspéré les idéologues et les jusqu'au boutistes auxquels il rendait bien leur détestation, à droite où certains n'ont pas compris qu'au fil du temps et de l'exercice de deux mandats Mitterrand redevenait cette incarnation du mystère et de l'ambiguïté dont il avait déclaré qu'on n'en sortait qu'à son détriment. Il y avait dans son action, ses abstentions, sa vision profonde de la vie intellectuelle, sa conception de l'histoire, même dans son humanisme qui rassemblait plus qu'il ne clivait, de quoi satisfaire une partie de l'électorat qui n'avait aucun goût pour sa stratégie initiale de rupture.
Aussi, il me semble que Pierre Joxe n'appréhende pas la diversité des réactions que suscitait François Mitterrand, quand il énonce comme une évidence que celui-ci, après avoir été à droite, a été de gauche (Mediapart). Et si en réalité, en tout cas à partir de 1983, il y avait toujours eu chez lui une conviction socialiste mêlée à une esthétique de droite et si, en allant plus loin, son second mandat, notamment à la fin, n'avait pas fait clairement resurgir le Mitterrand des origines en le conduisant par des attitudes, des discours, sa pratique internationale, le regard porté sur son passé et la pédagogie sur la complexité de l'histoire, à brouiller les pistes et à égarer les sectarismes (Le Monde, Le Figaro, nouvelobs.com, JDD.fr) ?
Au-delà de son génie tactique, de cette incroyable majesté consciente d'elle-même qu'il parvenait à diffuser, avec des apparences qui ne s'y prêtaient pas forcément, j'ai ressenti une vive admiration pour ce destin qu'on a affirmé trop vite éclaté en plusieurs séquences fondamentales et contradictoires - Vichy, la IVè République, le ministre, l'opposant à Charles de Gaulle, le leader socialiste, le président de la République - alors qu'à les réunir, en n'omettant pas le lien créé par une personnalité, ciment puissant et facteur absolu d'unité, on est frappé au contraire par une totalité qui a su rester elle-même en empruntant des chemins faussement divergents. Droite, gauche, droite, ces variations, en définitive, semblent superficielles par rapport à la cohérence d'un parcours. Mitterrand peu ou prou est toujours resté fidèle à lui-même en dépit des embardées que tout politique connaît et qui ont permis à certains de lui reprocher des peines de mort avant l'abolition de celle-ci, dont il a été l'initiateur capital et courageux. Comme citoyen, suivant avec passion le cours présidentiel de cette personnalité unique - paradoxalement, la seule à pouvoir être comparée avec de Gaulle qu'elle abhorrait et c'était réciproque !-, je n'ai pu que constater cette montée vers une authenticité qui, balayant le politicien, le constituait comme un véritable rassembleur, une icône de gauche et de doite. La gauche voulait le garder sous cloche idéologique mais beaucoup, chez lui, par tous les pores de sa peau, de son esprit et de sa sensibilité, échappait à cette mainmise et autorisait une adhésion d'une partie de la droite admirative et séduite quoi qu'elle en ait.
Je ne crois pas, pour demeurer dans l'actualité et se plier à une comparaison obligée, qu'il y ait quoi que ce soit de commun entre les tempéraments et la manière de présider de Nicolas Sarkozy et de François Mitterrand. En dépit d'un exercice de style auquel s'était livré Yann Moix et qui avait conclu à l'inverse, les méthodes du premier et du second sont à ce point divergentes qu'elles semblent renvoyer à deux sortes de politique étrangères l'une à l'autre. Alors que Mitterrand a cultivé le secret, la finesse et la cautèle, Nicolas Sarkozy, lui, ne cesse pas d'agir en quelque sorte à démocratie ouverte. L'un cachait le plus possible ses abus et ses turpitudes, les recouvrant du voile républicain qui ne lui était jamais dénié, tandis que l'autre, avec une franchise qui se régale d'elle-même, pose sur la table démocratique ses actes, ses transgressions, ses forces et ses faiblesses, son être et sa tactique. Mitterrand laissait les autres le vanter, Nicolas Sarkozy assume volontiers cette mission. Pour l'un, le citoyen devait être le dernier informé, pour l'autre, il doit être le premier avisé. La puissance du premier résidait dans son incomparable gestion du silence et de la parole, celle du second est constituée par une affirmation brutale et vigoureuse de soi, l'expression d'un besoin d'exister allant parfois jusqu'à la provocation. François Mitterrand manifestait son emprise sur tout et tous par les manoeuvres et les combinaisons inspirées par une intelligence déliée qui ne répugnait pas à la perversité, tandis que Nicolas Sarkozy a besoin d'appréhender l'ensemble du jeu politique parce que rien ne doit échapper à sa volonté impérieuse. Le premier suit sa pensée, le second son être. Le premier s'est fait tout pardonner parce que son air rendait déplacées et presque inélégantes les accusations. Le second aurait-il les mêmes agissements qu'on crierait au scandale d'Etat. François Mitterrand a toujours été présumé innocent, Nicolas Sarkozy présumé coupable.
Les Français, à l'évidence, idolâtrent le pouvoir quand il est devenu une douce nostalgie. Dur pour un président de tenir, de se tenir dans l'étau du présent.
OXYMORE : comme son nom l'indique
"occis" "mort".
Rédigé par : calamity jane | 14 mai 2011 à 20:26
"Ceci étant si mon humour ne vous sied point, ceci n’a absolument aucune importance et il n’est pas inconcevable qu’il ait plu à d’autres intervenants de ce blog."
Rien n'est impossible.
Rédigé par : Frank THOMAS | 14 mai 2011 à 18:32
@Frank THOMAS
« C'est que n'est pas homme d'esprit et humoriste qui veut. »
Pertinente remarque que je vous invite à appliquer à vous-même, car pour l’instant je n’ai pas encore pu déceler la moindre parcelle d’humour dans vos propos de petit marquis poudré.
Ceci étant si mon humour ne vous sied point, ceci n’a absolument aucune importance et il n’est pas inconcevable qu’il ait plu à d’autres intervenants de ce blog.
Vous n’êtes pas, me semble-t-il, particulièrement bien placé pour donner des leçons en la matière. Alors restons-en là.
Rédigé par : Achille | 14 mai 2011 à 11:10
@ L'homme "au pied léger" et à l'humour lourd.
La petite fille de la délicieuse Madame de Sévigné, Madame de Simiane, croyait avoir égalé son illustre grand'mère en élégance et en esprit lorsqu'elle avait émaillé ses ennuyeuses lettres de "ma toute bonne".
Il croit, lui, qu'il suffit de dire "mon brave monsieur" pour se hisser au-dessus de ses contradicteurs.
Et d'ajouter, à propos de son brillant trait d'esprit (rappelons qu'il affirmait en trois lignes définitives et de l'impertinence voltairienne desquelles il ne doutait apparemment pas, que "morale de droite" est un oxymore, idée mesquine et lamentablement sectaire) :
"Ma seule intention dans cette « définition » de la morale de droite se limitait simplement à un trait d’humour qui manifestement vous a échappé".
Si le trait ne porte pas c'est toujours la faute du tireur qui, dans ce cas, a tout avantage à "se limiter simplement" (quelle légèreté !) à faire ce qu'il sait faire.
C'est que n'est pas homme d'esprit et humoriste qui veut.
Rédigé par : Frank THOMAS | 14 mai 2011 à 08:20
@Frank Thomas
"Votre "oxymore" est violent et belliqueux, en plus d'être idiot."
Diantre, "violent, belliqueux et idiot" n'étant pas oxymore, vous sortez là, la grosse artillerie.
Il va falloir changer de raquette pour vous renvoyer la balle... :-)
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 13 mai 2011 à 16:15
@ Frank Thomas
Je crains, mon brave monsieur, que vous ne vous laissiez emporter par une colère qui vous égare. Et la démonstration alambiquée que vous nous avez développée en est encore la meilleure preuve.
Ma seule intention dans cette « définition » de la morale de droite se limitait simplement à un trait d’humour qui manifestement vous a échappé. D’où ma réponse sur « l’interprétation de ce que l’on ne comprend pas. » qui répond parfaitement à votre réponse.
Rien de plus ennuyeux que quelqu’un qui prend tout au sérieux.
Détendez-vous, bon sang !
Rédigé par : Achille | 13 mai 2011 à 15:04
@Achille
"C’est généralement la réponse que l’on donne quand on est dépourvu d’esprit."
C'est généralement la réponse que l'on fait quand on est à court d'argument :-)
Je n'ai fait que souligner par ma réponse les caractères principaux de l'oxymore.
Quant à l'esprit, j'y aspire cher ami, j'y aspire... avant d'expirer.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 13 mai 2011 à 09:57
François Mitterrand était fondamentalement un homme du XIXème siècle. Pessimiste sur la nature humaine, prêt pourtant à en dévorer sa part dès que les circonstances s'y prêtaient. Quand bien même Nicolas Sarkozy aimerait être du XXIème siècle. Bronzé, à cheval sur la crête de la vague. L'ombre ne lui sied guère et l'Histoire, c'est d'abord pour faire joli. Sur les rayons d'une bibliothèque cossue et dorée sur tranche. Nouveau riche et cultivé rapide, audiovisuel non optionnel.
1981-1995. Et cependant, une époque pas si lointaine... moi, peut-être ingrat, Mitterrand le président m'évoque de plus en plus souvent un parrain de la mafia. Le culte du secret et de la chausse-trappe. Le verbe recherché, l'apparition hautaine, l'attitude servile de celles et ceux qui l'entourent. Un virtuose du silence et de l'ellipse, un compartimenteur hors pair. Lorsqu'il prononçait le mot "mensonge", la sonorité était étrange, voilée, ah je l'ai encore dans l'oreille. Patriarcal jusqu'à la caricature, comme notre pays l'est dans ses entrailles. Il est presque mort au pouvoir, ayant beaucoup souffert dans les dernières années de sa présidence. On ne démissionne pas un homme de cet importance qui souffre en silence dans sa chair, sacrilège. Le bilan de son deuxième septennat n'est pas bien fameux : crépuscule des vieux et "affaires" peu reluisantes. Mais dans l'opinion, l'envergure prévalait. Comme l'agneau qui a échappé de justesse au vautour et qui se range soigneusement dans l'ombre du pré. François Mitterrand, c'est un personnage de roman qui, grand lecteur, aurait beaucoup aimé en faire tout un roman ou à défaut créer un nouvel art roman à base de pyramide ou d'opéra. Pas sûr qu'il ait réussi, mais il s'est bien amusé sans oublier de nous divertir.
Rédigé par : scoubab00 | 13 mai 2011 à 09:55
Je me permets de rentrer dans le débat sur ce qui sépare l'homme de gauche de celui de droite.
Pour moi, l'homme de droite pense qu'il s'est fait tout seul, autodidacte... oubliant que c'est la société qui l'a fait, ne serait-ce que par l'école. Il est libéral... sauf pour la police, qui doit faire régner l'ordre lui permettant de faire ses emplettes tranquille, puisque le délinquant qui s'est fait tout seul à ses yeux n'a pas le droit au monde libéralisé qu'il nous propose et mérite donc d'être écarté...
L'homme de gauche, au contraire, sait très bien que seul à se construire dans une société, il ne serait rien... Il est donc socialiste, et n'a donc aucune honte a percevoir des aides de l'Etat quand sa situation l'exige...
Donc, aucune morale dans ma définition, relax... même si elle demande sans doute à être complétée.
Rédigé par : Herman | 13 mai 2011 à 08:44
« Et la définition de cette définition, c'est une idiotie. » répondais-je à un commentateur qui prétendait que "morale et droite" faisaient oxymore.
A quoi, piqué, celui-ci crut bon de rétorquer :
"Oh vous savez, une idiotie n’est jamais que l’interprétation de ce que l’on ne comprend pas", certain, apparemment, d'avoir eu le mot de la fin, celui qui tue, "moralement" s'entend.
Non, non, cher monsieur, une idiotie demeure une idiotie en elle-même, qu'on l'ait comprise ou pas.
C'est justement le cas qui nous occupe :
L'oxymore, au moins pourrons-nous être d'accord sur cette définition, est le rapprochement de deux mots contradictoires.
Vous considérez donc que le mot Droite et le mot Morale sont opposés.
Vous dites donc une ânerie.
La moitié, que plus que moins, de la population française, européenne, mondiale, qui se reconnaît dans les conceptions et valeurs dites "de droite" serait donc amorale, voire immorale.
Poincaré amoral, Briand moral ; Barre amoral, Mitterrand moral ; Jean-François Deniau amoral, Bernard Tapie moral, etc.
Une idiotie, vous dis-je !
J'ajoute, une conception manichéenne dangereuse pour la paix civile.
Car enfin, comment accepter l'alternance, base de la démocratie représentative, si chaque "camp" est persuadé que le peuple court à sa perte en confiant les clés au camp adverse, par définition amoral ?
Votre "oxymore" est violent et belliqueux, en plus d'être idiot.
Rédigé par : Frank THOMAS | 13 mai 2011 à 07:40
Cher Jean-Dominique
Votre exemple de l'ISF est excellent: la gauche l'instaure, pour en même temps créer toutes les niches fiscales (oeuvre d'art, outil de travail...).
En vérité, la France a toujours été un pays dont les députés - de droite comme de gauche - étaient en majorité des rentiers.
Voilà pourquoi en France le travail est imposé au-delà du raisonnable, mais que sur les rapports des valeurs mobilières nous sommes alignés sur la Suisse et la plupart des pays capitalistes. Il est vrai que le travail est moins volatile que l'argent, mais ne me dites pas que la gauche taxe les vrais riches, ils ne vont pas se faire du mal.
La gauche a pour cible "ceux qui gagnent plus de 4000 euros par mois". À ceux-là elle trouve normal de prendre tout ce qui dépasse des 4000 et de leur enlever les allocations familiales. Même s'il leur faut manger des pâtes durant 20 ans pour s'acheter un trois pièces à Paris, près de leur travail (les chômeurs choisiront avantageusement le bord de mer).
Les rentiers Pinot, Bettencourt (vieux amis de Mitterrand d'ailleurs), eux, peuvent dormir sur leurs deux oreilles quand la gauche passe.
Mais proposez les impôts sur la succession comme aux USA de George Bush, diable, l'UMP et le PS vous traiteront de dangereux communiste !
Non, la vraie différence gauche droite sur la morale est que la première se force à faire semblant car on "est de gauche" d'abord pour se définir et avoir une haute idée de soi-même.
Pas tellement pour voir la réalité telle qu'elle est et changer les choses.
Rédigé par : Alex paulista | 12 mai 2011 à 23:46
@catherine A
La morale comme le coeur, (d'où la morale puise sa force) n'est ni de gauche ni de droite.
Sinon affirmer que la morale est de gauche, c'est condamner la droite à l'amoralité.
Ce qui est pire que l'intégrisme religieux puisqu'eux au moins ils le font au nom d'une puissance qui leur est supérieure.
Tandis que ceux qui cataloguent la morale "d'être de gauche" le font au nom d'une idéologie construite intellectuellement. Ils se font législateur et juge... ils se font l'égal de Dieu. Ce qui est un comble pour qui se veut athée.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 12 mai 2011 à 23:31
@Frank THOMAS
« Et la définition de cette définition, c'est une idiotie. »
Oh vous savez, une idiotie n’est jamais que l’interprétation de ce que l’on ne comprend pas.
Rédigé par : Achille | 12 mai 2011 à 21:48
@Pierre-Antoine
« Je ne vois rien de poétique dans l'absurdité que vous énoncez. »
C’est généralement la réponse que l’on donne quand on est dépourvu d’esprit.
Rédigé par : Achille | 12 mai 2011 à 21:38
oxymore et pléonasme (morale de gauche selon Achille j'imagine) sont dans un bateau ; le bateau coule. Que reste-t-il ?
Tout ça pour dire qu'il est aussi stupide de penser que certains, en fonction de leur vision politique, pourraient avoir le monopole de la morale ; et du coeur. Ceux qui en ont sont souvent ceux qui en parlent le moins. Les donneurs de leçons de morale sont une des espèces les plus redoutables que je connaisse, d'autant qu'ils finissent par croire à ce qu'ils racontent. Il y a des salopards à gauche comme à droite. Et des gens honnêtes. Des types bien et des salopards. Toute vision manichéenne me paraît redoutablement bête. Et me fait peur.
Rédigé par : catherine A oxymore et pléonasme dans le même bateau | 12 mai 2011 à 19:00
@ JDR
Il n'est pas question de spiritualité là-dedans.
Toute morale procède d’une spiritualité, avec ou sans transcendance.
On peut se demander jusqu’à quel point une spiritualité plafonnée peut s’élever autrement qu’en rabaissant.
Je n'ai toujours pas de définition stricte à vous apporter de l'homme de gauche.
Vous nous l’avez pourtant donnée : …il passait outre son intérêt personnel. L’homme de gauche est altruiste. L’homme de droite, conséquemment, un peu moins.
"Qu’en rabaissant…"
Une idéalisation rousseauiste.
Il y a peut-être en effet là une ligne de partage : la vision rousseauiste d’un homme bon par nature, corrompu par le système et lui seul, tout devenant alors politique. Ça commence comme ça finit, par une négation de l’homme lui-même, de sa liberté.
Lisons quelques formules habituelles de Philippe Bilger pour comprendre cette volonté de conjurer le complexe : humanisme vigoureux contre l'humanisme sulpicien. D'autres formules renvoient à cette opposition. Et l'on sent, chez Philippe, le dépit de ne pouvoir emporter l'humanisme sulpicien du côté des peines planchers ! Là serait la véritable justification morale mais elle s'avère impossible : le sulpicianisme porte une morale, la vigueur non.
J’ai lu plus souvent « la tension entre l’idéal et le réel ». Une manière possible de la résoudre est de se draper de l’un pour pointer du doigt non pas l’autre mais ceux qui s’y coltinent. C'est la plus avantageuse, peut-être pas la plus morale.
La morale, par essence, est bordée. Cette bordure, nature humaine et non rousseauiste oblige, requiert parfois un peu de vigueur.
Rédigé par : MS | 12 mai 2011 à 18:02
@Achille
Je ne vois rien de poétique dans l'absurdité que vous énoncez.
Cordialement,
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 12 mai 2011 à 17:01
"A défaut de vous donner une définition de la morale de gauche, je peux vous donner celle de la morale de droite : c’est un oxymore."
Et la définition de cette définition, c'est une idiotie.
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 mai 2011 à 16:48
Sbriglia, entendons-nous bien : je ne parle pas de morale de gauche, ça n'existe pas. La morale est politiquement plus portée par la gauche que par la droite qui tient davantage au principe de réalité. Au sulpicianisme et à l'angélisme de la gauche, on opposera la vigueur et le sens de la réalité de la droite. Etc. Ne me faites pas dire ce que je n'ai jamais pensé.
De surcroît il y a un vaste territoire entre un idéal et un bulletin de vote et l'on peut être pénétré des idées de progrès, de partage des richesses, de bien commun sans voter à gauche pour des tas de raisons.
Mais, dans le cadre du billet de Philippe, j'essaie de comprendre pourquoi la droite éprouve le besoin de situer Mitterrand à droite pour en récupérer un bout de relique alors que sans conteste, Mitterrand n'est jamais repassé politiquement à droite et ses derniers textes le démontrent avec... vigueur.
Rédigé par : Jean-Dominique | 12 mai 2011 à 16:38
Achille, j'oubliais l'essentiel : bonne fête !
(tendons-lui la main !)
Iago, l'occis maure (ça, c'est pour oursivi)
Rédigé par : sbriglia | 12 mai 2011 à 15:35
"A défaut de vous donner une définition de la morale de gauche, je peux vous donner celle de la morale de droite : c’est un oxymore."
Pour cacher à PA trocle
L'austère gabegie
D'une adroite gauche...
Achille soudain rugit :
La droite est trop sinueuse !
Rédigé par : sbriglia | 12 mai 2011 à 15:20
@Pierre-Antoine
« C'est quoi la morale de gauche ? »
A défaut de vous donner une définition de la morale de gauche, je peux vous donner celle de la morale de droite : c’est un oxymore.
Rédigé par : Achille | 12 mai 2011 à 14:29
"Morale de gauche" par-ci "Morale de gauche" par-là... lit-on dans certains commentaires de ce billet...
http://www.lefigaro.fr/politique/2011/05/11/01002-20110511ARTFIG00699-l-avocat-gilbert-collard-se-rallie-a-marine-lepen.php
C'est quoi la morale de gauche ?
Si quelqu'un peut m'expliquer (oursivi ?), je mourrai pas idiot avec un bonnet d'âne en guise de couronne mortuaire.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 12 mai 2011 à 13:19
"C'est ainsi que j'analyse le complexe de la droite vis-à-vis de la gauche : le fondement moral reste à gauche, la droite n'a jamais été capable d'extrapoler une morale qui fonctionne avec son idéologie."
Cher JDR, je n'ai jamais eu de complexes "moraux" vis-à-vis de la gauche ; je crois à l'individu plus qu'au collectif, à l'effort de chacun plus qu'à l'assistance de la société, à la mesure en toute chose ainsi qu'au partage des richesses et à la solidarité. Pour autant je ne me sens pas de gauche et n'ai d'ailleurs jamais voté socialiste. J'ai souvent trouvé plus de "morale" à droite qu'à gauche, sans effets d'affichage pour autant... mais il est vrai que la véritable morale se moque de la morale comme disait l'autre !
Après tout la morale de la réussite individuelle, tant sur le plan matériel que spirituel, en vaut largement d'autres.
Peut-être que la pierre de touche est la faculté de chacun à être - ou ne pas être - heureux en dépit de la misère d'autrui : cela ressort alors, selon moi, du domaine de l'intime et non du clivage gauche /droite. En dépit de la brillante analyse d'Attali.
Rédigé par : sbriglia | 12 mai 2011 à 11:57
@oursivi
"Les faits convergent en un fil encore plus sévère et dru que sa conclusion, il faut être aveugle ou totalement sot pour ne pas le comprendre."
Aveugles et sots sont donc les magistrats qui ont prononcé les non-lieux des personnes concernées.
Alors avant d'écrire :
"Ahhh, j'en aurais lu des âneries par ici, mais là vous décrochez la carotte d'or, le bâton d'étain, le bonnet doublement pointu qui ferait passer Burj Dubai pour un ch'ti château de sable qui crisse sous l'orteil."
peut-être auriez-vous dû réfléchir avant de nous en faire lire de tout aussi belles...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 12 mai 2011 à 11:30
j'ai entendu un député socialiste pester en prenant son exemple : il payait l'ISF et considérait comme indécent de ne plus le payer.
Où comment démontrer l'inverse de ce que l'on prétend être.
Rédigé par : MS | 12 mai 2011 à 10:21
Marc Servera,
Il n'est pas question de spiritualité là-dedans, nous ne serons donc pas contraint d'avaler un immonde Canada Dry.
Je n'ai toujours pas de définition stricte à vous apporter de l'homme de gauche. J'esquisse une façon de l'être chez certaines personnes venant de la droite. On va classer Mitterrand et Marchais à gauche : qu'ont-ils en commun ? Pas même un programme...
Plutôt que de spiritualité, je parlerais de romantisme de la gauche bourgeoise. Une idéalisation rousseauiste : l'ouvrier est le bon sauvage des temps modernes, Gavroche rendu par Hugo et Delacroix. La beauté des âmes réduite à la misère dégradante par l'argent chez Zola. Depuis Spartacus, c'est cette conception héroïque et exaltante qui constitue le socle de ce sentiment de gauche.
La droite, particulièrement en France, a toujours été mal à l'aise avec ça. Elle a longtemps rejeté l'idée d'être la droite. Parce que les fondements du christianisme magnifient la pauvreté et une forme de subversion. L'église elle-même a longtemps été déchirée entre ces deux courants, l'un reposant sur la puissance et l'argent, l'autre sur le peuple et l'amour. C'est ainsi que j'analyse le complexe de la droite vis-à-vis de la gauche : le fondement moral reste à gauche, la droite n'a jamais été capable d'extrapoler une morale qui fonctionne avec son idéologie. La droite est toujours renvoyée à Calliclès, au cynisme des puissant, à l'inégalité.
Lisons quelques formules habituelles de Philippe Bilger pour comprendre cette volonté de conjurer le complexe : humanisme vigoureux contre l' humanisme sulpicien. D'autres formules renvoient à cette opposition. Et l'on sent, chez Philippe, le dépit de ne pouvoir emporter l'humanisme sulpicien du côté des peines planchers ! Là serait la véritable justification morale mais elle s'avère impossible : le sulpicianisme porte une morale, la vigueur non. C'est pourquoi la droite a toujours besoin de se réconcilier avec une certain gauche : on peut ne jamais être de droite, on ne peut pas se passer d'être un court instant de gauche.
Bing !
Rédigé par : Jean-Dominique | 12 mai 2011 à 09:49
Oursivi, un exemple : lorsque la gauche met en place l'ISF, certains de ses initiateurs savent qu'ils vont devoir le payer, Mitterrand en premier. Lorsque la droite a envisagé de supprimer l'ISF, j'ai entendu un député socialiste pester en prenant son exemple : il payait l'ISF et considérait comme indécent de ne plus le payer. Ça ne lui faisait pas plaisir de payer plus d'impôt, mais il passait outre son intérêt personnel.
Rédigé par : Jean-Dominique | 12 mai 2011 à 09:10
Je voudrais ajouter, parce que là je suis très en colère, que la polémique RSA, à mon sens, est d'une certaine façon un héritage direct des années Mitterrand, de celles qui ont suivi, et de cette manière imbécile de gouverner des bourgeoisies politiques de gauche et de droite.
"Le travail d'intérêt général fut institué par la loi du 10 juin 1983 et entra en vigueur le 1er janvier 1984. Pour la première fois en France, une sanction faisait appel à l’implication de la société civile, partenaire associé directement à l’exécution de la peine, décrit le ministère de la justice" (Wikipédia)
Voilà donc une classe politique qui institue à juste raison en 1983 une sanction qui, si elle avait été prise un tant soit peu au sérieux et appliquée avec rigueur et professionnalisme depuis toutes ces années, aurait pu constituer une vraie réponse à des délinquances qui n'en finissent pas de déchirer le tissu social.
Ce ne fut pas le cas.
L'exécution des peines n'ayant intéressé et n'intéressant que très, très moyennement le politique et le judiciaire.
Voilà que trente ans plus tard, à défaut d'avoir voulu et de vouloir réellement sanctionner des délits, on ne trouve pas mieux que de vouloir sanctionner... la précarité.
C'est à pleurer.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 mai 2011 à 08:22
Pour le François Mitterrand d'avant 81, j'ai beaucoup d'admiration.
Une réserve, une forte réserve, pour le combinard IVe République, le ministre non-visionnaire, le sauteur de l'Observatoire.
Mais pour l'opposant au Général de Gaulle, à Pompidou et à Giscard, chapeau bas !
Avoir créé ex nihilo la "Convention des Institutions Républicaines", parti confidentiel et énigmatiquement positionné et avoir transformé ce cheval de manège en cheval de Troie ; avoir réuni contre de Gaulle 45% des Français sur son nom au second tour de la présidentielle de 1965, grattant les voix de l'extrême gauche, de la Gauche, du Centre et de la droite maurassienne ; avoir survécu à Mai 68 après avoir touché le fond de la ringardisation et du mépris public ; avoir su, partant de cette désastreuse position et de son minuscule parti, et malgré les divisions historiques, les haines recuites et les rivalités souterraines, constituer le Parti socialiste à Epinay et en prendre comme tout naturellement la tête ; avoir été capable, après sa défaite de 74 contre Giscard d'Estaing, de garder la direction du Parti durant 7 ans de plus - c'est sans doute le plus grand exploit politicien qui se puisse imaginer - et retourner à la bataille en 81 pour l'emporter enfin et se glisser avec délectation dans les habits du Général et dans les institutions qu'il avait tant combattues et tant décriées !
Après un tel parcours - 40 ans - il a tout vu, tout connu, tout compris. Les 14 années de Présidence qui suivent sont à tout prendre moins époustouflantes que cette ascension lente, méthodique, obstinée.
Certes, il a encore gardé la main : il étouffe le Parti Communiste en l'embrassant et il joue du Front National contre la Droite, comme de Gaulle jouait des communistes contre la Gauche.
Mais hormis la période de cohabitation avec Chirac où il redevient le virtuose d'autrefois, je respecte mais n'admire plus. Alors la grand'messe du 10 mai...
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 mai 2011 à 07:18
"Cette manière aristocratique, avec tout ce qu'elle revêt d'admirable dans la liberté d'esprit et de détestable dans l'exercice du pouvoir, est la véritable signature du bourgeois de gauche"
Pardon, Jean-Dominique, mais je remplacerais le mot de manière par celui d'indifférence.
Je reste consternée du fait qu'à l'instar de Philippe, vous vous réfugiez dans une définition de FM esthétisante, agréable à l'esprit, bref dans une conversation de salon bourgeois avec ses douceurs et ses suavités.
Si l'élégance et la classe de François Mitterrand touchent évidemment, je pense qu'il est quand même important de souligner que la flamboyance 81-83 - le film de S. Moati - a très durablement compromis et plombé l'économie de notre pays avec des conséquences désastreuses à la charge précisément des plus vulnérables et des moins armés.
Les bourgeoisies de gauche et de droite ayant pu passer au travers, par exemple, des paysages industriels dévastés, au regard de la "sublimissime" personnalité politique de FM et des délices intellectuels qu'elle procure a posteriori, je peux comprendre après tout que dans vos esprits, cela reste très accessoire et indifférent.
Il n'en demeure pas moins, au contraire de Philippe qui voit dans la manière de François Mitterrand un rassembleur hors pair, que j'y vois, pour reprendre l'expression à la mode du moment, une manière politique de cliver profondément et durablement un pays.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 mai 2011 à 07:17
Après 22 heures, il faudrait imposer un alcootest sur ce blog. Si j'ai bien compris, Treiber était de gauche et Mitterrand son complice...
Rédigé par : Savonarole | 12 mai 2011 à 05:26
François Hollande, surnommé "le culbuto", sera-t-il le prochain à réunir les Français autour d'un candidat de gauche ?
Il avait réussi à supporter Ségolène Royal et à gérer les divisions du PS, c'est dire sa capacité à rassembler.
Et je suis sûr qu'en cas de second tour contre Nicolas, il aurait le soutien de Jacques...
Pour autant, penser qu'il est le moins mauvais ça fait pas vraiment rêver.
Quant à la "Droite sociale" de Wauquiez, c'est à mourir de rire son idée: il veut forcer les chômeurs à faire des TIG... et donc à mettre ceux qui faisaient ce travail... au chômage.
Fallait y penser !
Rédigé par : Alex paulista | 12 mai 2011 à 02:56
@Claude L
Excellent...
Bon d'accord, il s'est un peu écouté parler et il aurait pu être plus synthétique... Mais quand même, bonne analyse d'un homme de gauche ayant participé à l'histoire (avec un petit h).
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 11 mai 2011 à 23:38
"n'ayant pas réussi à trouver les preuves pour étayer ses convictions veuille se faire du fric pour compenser sa frustration professionnelle, n'a rien de sidérant..."
PA,
Mais qu'est-ce que c'est que ces salmigondis !
Vous nous faites du LabocAissAP, là...
C'est œcuménique ici, on a un axe formé des représentants des trois religions du Livre.
Sauf qu'aucun des trois ne sait lire !
"Qu'au passage il infirme les décisions de justice au mépris des personnes"
...
"qui préfèrent donner crédit à leurs convictions contre la dure loi des faits."
PA
Ahhh, j'en aurais lu des âneries par ici, mais là vous décrochez la carotte d'or, le bâton d'étain, le bonnet doublement pointu qui ferait passer Burj Dubai pour un ch'ti château de sable qui crisse sous l'orteil.
Voilà un type qui s'est défoncé cinq ans pour comprendre pourquoi une ordure qui ne les connaissait en rien a pris deux filles pour un bouche puisard, pour savoir qui l'a mené à faire cela et qui l'a aidé ou au moins savait d'où venait ce tout récent fric, type qui n'a cherché qu'à récolter des faits et à les relier et qui se voit accabler de remarques du style "contre la dure loi des faits", "faire du fric".
Les faits convergent en un fil encore plus sévère et dru que sa conclusion, il faut être aveugle ou totalement sot pour ne pas le comprendre.
Si les textes qui vous excitent tant sont vrais, si "bienheureux sont les faibles d'esprit car ils seront reçus au paradis"
vous pouvez de suite arrêter les prières et ouvrir une ribambelle de bordels ou attaquer une myriade de banques, votre place est là-haut déjà chaude et le très Haut vous laissera le meilleur fauteuil, le sien, même.
Désespérants, ils sont désespérants...
Si par contre ils mentent et que partez dans le mauvais sens, je crains que Treiber ne vous réserve son plus beau puisard, rien que pour vous, cette fois. Et vous n'aurez même pas les saintes Pierres dont furent recouvertes les deux filles.
AO
Rédigé par : oursivi | 11 mai 2011 à 23:22
Vous visez juste dans l'opposition que vous établissez entre Mitterrand et Sarkozy, Philippe, belle analyse !
Une fois de plus, Yann Moix, en osant le parallèle entre les deux hommes, tente de flatter "the king of Elysée", et une fois de plus il se ridiculise... mais sait-il à quoi on reconnaît un imbécile, au fait ?
En 81, il y eut les nouveaux philosophes... En 2011, nous avons les nouveaux lèche-bottes...!
Rédigé par : Herman | 11 mai 2011 à 20:59
@oursivi
Qu'y a-t-il de sidérant ?
Qu'un flic, directeur d'enquête de surcroît (donc ayant le contrôle des moyens d'investigation), n'ayant pas réussi à trouver les preuves pour étayer ses convictions veuille se faire du fric pour compenser sa frustration professionnelle, n'a rien de sidérant... chacun compense comme il peut.
Qu'au passage il infirme les décisions de justice au mépris des personnes est dans la droite ligne de faire de certains enquêteurs qui préfèrent donner crédit à leurs convictions contre la dure loi des faits.
On n'arrête pas le progrès... ni la police !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 11 mai 2011 à 18:37
Les beautés de la phonétique...
Avec "François" on fait "sois franc", avec
"Mitterrand" on fait "mentirait".
Sachez qu'ai voté pour lui en 88 et que si c'était à refaire...
je le referais !
AO
Rédigé par : oursivi | 11 mai 2011 à 18:24
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 mai 2011 à 16:35
Jean Dominique, elle est bien troussée - moins que la bonne de sbriglia - votre sortie, à votre habitude, mais...
Prétendre que FM et sa bande (excellente, celle-là !) n'aient oeuvré que loin de leurs intérêts propres est quand même d'un sacré culot !
FM était un aventurier du pouvoir qui n'a jamais rien fait d'autre de sa vie que de chercher à s'en offrir l'usage. Certes, beaucoup moins vulgairement que Chirac qui une fois aux manettes n'eut de cesse de nous démontrer qu'il n'avait rien à y faire, mais avec un souci du plus faible qui ne passait que par le salut public et médiatique de l'action qu'il avait pu entreprendre en ce sens.
Servir son image en servant quelques justes causes est une des clefs du bonhomme.
Giscard, critiquable sur des points d'orgueil, de vanité et incapable de la moindre auto-ironie, n'est en rien éloigné de ce qui est pertinemment reproché à FM.
Comme à travers leurs actions, estimables sur bien des points.
Cette ivresse de soi, aussi, les laissera à égalité.
Et ils laissent loin derrière eux les rossignols dont nous sommes affublés depuis.
AO
Rédigé par : oursivi | 11 mai 2011 à 18:17
Je me permets, puisque le sujet est abordé, d’insérer la vidéo de cette conférence, intéressante à plus d’un titre pour qui aura la curiosité d’écouter la totalité. Nul doute que cela donnera des boutons à quelques-uns.
http://www.jean-luc-melenchon.fr/
Rédigé par : Claude L | 11 mai 2011 à 18:06
Jean-Dominique Reffait,
On sent dans votre gauche attitude - au passage, je suis preneur de votre définition d'un homme de gauche, puisque vous semblez l'avoir un peu décantée - un bel élan mystique, un besoin de communion au corps souffrant du peuple souverain, égrenant en grand-messe de l’Huma ou la Mutualité le chapelet des 110 propositions agenouillé devant une estampe d'époque des 17 versets de la Sainte Déclaration de 1789 sur le cantique de l'Internationale et la litanie des Saints Blum et Jaurès, amen.
Politiquement, why not ? Spirituellement, du Canada Dry.
Rédigé par : MS | 11 mai 2011 à 17:47
"Cette manière aristocratique, avec tout ce qu'elle revêt d'admirable dans la liberté d'esprit et de détestable dans l'exercice du pouvoir, est la véritable signature du bourgeois de gauche"
Tiens, je vais finir par me demander si ma mère qui croyait avoir résolu la question sociale en donnant une journée supplémentaire à sa femme de ménage n'était pas dans la lignée de Mitterrand... en plus elle adorait Chardonne... Il est vrai qu'elle n'affectionnait pas les ortolans, ou du moins la manière de les manger dès lors qu'elle lui dissimulait pendant ce temps les oeillades de mon père à ladite femme de ménage... Bourgeoisie, je vous aime !
Rédigé par : sbriglia | 11 mai 2011 à 17:02
Monsieur Bilger,
Vous aviez posé quelques indices dans un autre billet concernant Crédit Lyonnais
et Monsieur Tapie...
Je n'ai pas le souvenir sous les années
de la Présidence Mitterrand d'une rupture
aussi sèche entre les différentes couches
de la société tous cadres confondus !
Par contre, un retour de mémoire d'une
expert-comptable qui avait estimé qu'il
y aurait progression affairiste (dans le
vrai sens du terme) jusqu'en 1988.
Après une ou deux années de flottement elle
pensait que cela irait de mal en pis pour
la situation économique.
Estimant par ailleurs que les forces
créatrices du pays étaient au point mort
quelle que soit la branche d'exercice ; et
que donc il serait difficile de rebondir.
Rédigé par : calamity jane | 11 mai 2011 à 16:37
Il y a une grande incompréhension dans ce que recouvre le fait d'être de gauche, tant et si bien que la droite, qui ne s'est définie qu'en fonction de la gauche et à son corps défendant, réfute souvent cette spécificité de gauche dès lors que l'homme concerné apparaît plus complexe que les schémas caricaturaux.
Mitterrand est passé de la droite vers la gauche et c'est un chemin suffisamment difficile à faire pour que l'on n'envisage pas de le refaire à l'envers. Mitterrand n'est jamais revenu à droite, ne vous en déplaise. Cela ne fait pas de lui pour autant un archétype de l'homme de gauche tel que la réduction sociologique le laisse comprendre. Le bourgeois est la norme dans le leadership de la gauche : Jaurès, Blum, Mendès ou Mitterrand, pour ne parler que des chefs, eurent en commun cet esprit de chevalerie qui exige que l'on ne combatte pas pour soi mais pour le plus faible. Il résulte de cette attitude une forme de mépris pour ceux qui demeurent confinés dans la défense des intérêts de leurs propres classes : le bourgeois de gauche n'estime pas le syndicalisme ou le leader ouvrier qui ne se bat que pour satisfaire des revendications dont il serait lui-même le bénéficiaire. Cette dimension sacrificielle - scier la branche sur laquelle on est assis - fait partie de cet idéal.
Il ne faut donc pas comprendre l'idéal de gauche d'un Mitterrand comme un mimétisme ouvriériste, tel qu'on pourra le constater chez certains soixante-huitards, que Mitterrand ne prisait guère. C'est un idéal aristocratique dans la lignée d'un Lafayette ou d'un Condorcet.
Et cela n’anéantit en rien les fondements culturels de l'individu. Mitterrand n'éprouvait pas le besoin de passer pour un inculte tandis que Giscard, rejetant l'identification à droite, jouait au foot et jouait de l’accordéon de façon ostentatoire alors que Chirac dissimulait ses dilections pour les raffinements asiatiques. Au contraire, il s'agissait pour Mitterrand qu'on distingue parfaitement chez lui l'aristocrate au service des damnés de la terre, comme un Caius Julius tribun de la plèbe.
Cette manière aristocratique, avec tout ce qu'elle revêt d'admirable dans la liberté d'esprit et de détestable dans l'exercice du pouvoir, est la véritable signature du bourgeois de gauche. Mais c'est aussi ce qui plaît a posteriori à la droite.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 mai 2011 à 16:35
Sidérant !
Après la nouvelle des "prosecutions" dont la famille Ben Laden entend poursuivre Obama, celle où la bénéficiaire d'argent obtenu suite à un double assassinat, déjà "invraisemblablement" honorée d'un non-lieu, demande des dizaines de milliers d'euros au flic qui l'a coincée,
http://www.livreshebdo.fr/edition/actualites/l-affaire-treiber-de-michel-cunault-attaque-en-diffamation/6430.aspx
On n'arrête pas le progrès...
AO
Rédigé par : oursivi | 11 mai 2011 à 16:00
De droite ou de gauche, quelle importance cela a-t-il ?
A mes yeux le résultat après quatorze années est plus important ; à chacun de juger !
Ce que dit Véronique Raffeneau me semble équitable.
Rédigé par : mike | 11 mai 2011 à 14:24
presque de mourir ; Chirac lui n'en a pas eu besoin ; déjà icône (je déteste ce mot employé à toutes les sauces) ce qui à sa place m'inquiéterait ; serait-il déjà un mort-vivant ?
La nostalgie fleurit sur un présent décevant ; en politique comme en amour (cf les Passantes). Pas sûr que les socialistes en participant à ces commémorations, voire en les impulsant, ne se tirent pas une balle dans le pied.
Rédigé par : catherine A VGE rêverait | 11 mai 2011 à 13:31
Un véritable Florentin: aimant le beau, pervers, tordu, cynique, intrigant (de palais), corrompu, manipulateur avec un rien de Borgia! Ses héritiers? Tout cela sans le beau, sans la finesse du savoir penser et faire.
Rédigé par : adamastor | 11 mai 2011 à 12:30
@jpledun
« Voulez mon avis ? Non ? Je vous le donne quand même :
Je préfère largement la transparence actuelle au secret d'autrefois. »
J’avoue que ce passage m’a aussi interpellé. Mais je pense que les dernières nominations à Radio France et à France Télévisions (notamment à FR3) ont dû se passer un peu de la même façon, vu que maintenant le CSA n’a plus qu’un avis consultatif avec tout ce que cela signifie.
Rédigé par : Achille | 11 mai 2011 à 10:50
"Les femmes ? n'en parlons pas ! Vie privée..."
PA
On vous sent jaloux, là !?
Au moins un bon point pour lui.
Et ils ont tous penché avec la plus belle des ardeurs vers la gent féminine !
On prête bien une liaison à De Gaulle avec la belle et exotique Joséphine.
"Osez, osez Joséphine"...
Bashung était gaulliste, le meilleur d'entre nous, même.
AO
Rédigé par : oursivi@PA | 11 mai 2011 à 10:30