Les lecteurs voraces ont parfois de formidables bonheurs. Ils ne durent qu'un instant mais leur intensité est inimaginable.
Avoir lu la chronique du samedi de Michel Onfray sur "Le siècle de Sartre" dans Le Monde relève de ce miracle où l'intelligence se mêle à la lucidité et à la vérité.
Avec une cruauté salubre, Michel Onfray tire le pire à l'encontre de Jean-Paul Sartre des entretiens donnés par ce dernier entre 1970 et 1974 à John Gerassi, le fils d'amis proches du philosophe.
L'inventaire est terrible, qui va des insultes à caractère bestial sur Charles de Gaulle aux lâchetés ordinaires sous l'Occupation et aux soutiens apportés aux régimes les plus sanguinaires et les plus totalitaires : l'URSS, ou la Chine de Mao qui n'aurait pas entraîné autant de morts qu'on le dit sous la Révolution culturelle... Plus généralement, il développe "une théorie du gouvernement par la terreur", justifie "l'illégalisme révolutionnaire" et approuve le "bain de sang", une révolution devant aller jusqu'au bout de sa volonté de massacre. Les attentats palestiniens terroristes de 1972 sont ainsi approuvés de même d'ailleurs que les assassinats perpétrés par "la bande à Baader".
Et, dans ce texte décapant de Michel Onfray, écrit avec une froideur critique impressionnante, ne couvrant même pas une demi-page, encore d'autres exemples révélant une grave méconnaissance de la réalité hitlérienne, la légèreté avec laquelle Simone de Beauvoir a écrit "La longue marche", durant un temps une indifférence à l'égard de la politique puis une conception odieuse et terroriste de l'Histoire. Vraisemblablement ce prurit des intellectuels, d'autant plus enflammés et mortifères dans leur verbe et leurs écrits qu'ils ressentent comme une honte chronique le fait de ne pouvoir offrir que des mots au lieu de l'action violente dont ils rêveraient !
Et John Gerassi conclut :" Sartre n'est pas seulement le plus grand moraliste de ce siècle. C'est aussi son plus grand prophète" !
De quoi, en effet, donner la nausée ! L'existentialisme n'est clairement pas un humanisme !
Que Michel Onfray ait pu écrire cette charge extraite de Sartre par lui-même dans Le Monde ajoute beaucoup à mon sentiment de plénitude. Non pas que ce grand quotidien aurait été jusqu'à approuver ces horreurs mais le climat intellectuel et philosophique dont il raffole n'aurait sans doute pas mis en exergue à propos de Sartre, ce qui obère tragiquement son image. Bien sûr, ce sombre pan de Jean-Paul Sartre ne dégrade pas toute son oeuvre mais comme il n'est jamais rappelé, il prend évidemment une importance capitale et destructrice.
Michel Onfray est d'ailleurs un habitué du genre et plusieurs de ses interventions dans ce cadre m'ont marqué par une brutalité vraie qui tranche sur les accommodements de la pensée. Autant la sensualité païenne et la passion de l'instant d'Onfray m'ont toujours semblé étrangères à ce que je suis, autant son courage intellectuel, son art inouï de la pédagogie dans le respect du peuple avec "l'Université populaire de Caen" et son rapport tout de considération non feinte aux humbles de la vie suscitent mon estime.
Je me souviens de la manière élogieuse, sans réserve aucune, dont Le Monde avait rendu compte du "Siècle de Sartre" écrit par Bernard-Henri Lévy. Comme souvent avec celui-ci, il s'agissait d'un grand livre malhonnête dont on sentait à chaque page qu'il était destiné à nous proposer en creux BHL comme modèle du philosophe d'aujourd'hui, en tout cas comme le nouveau Sartre. Cette ambition absurde aurait été sans conséquence si elle n'avait pas conduit BHL non seulement à taire les ignominies ordinaires ou scandaleuses rapportées par Onfray mais, quand il en évoquait certaines, à les approuver en les justifiant par une sorte de surenchère dans l'adhésion. Au fond, ce qui était indéfendable devait être sublimé.
J'ose dire que sur ce plan, et ce n'est sans doute pas le seul, Michel Onfray est l'anti BHL exemplaire.
J'ai déjà attiré l'attention de mes lecteurs sur le livre de Pascal Boniface, "Les intellectuels faussaires - Le triomphe médiatique des experts en mensonge". Un chapitre traite de Caroline Fourest mais un autre, le dernier et le plus long, de BHL. Je ne me fais aucune illusion. On parlera très peu de cet ouvrage et son auteur ne sera pas invité à développer sa pensée et ses critiques, sauf par quelques kamikazes médiatiques. Pas de radio, pas de télévision, très peu de presse écrite pour qui s'en prend aux "vaches sacrées" dans notre espace de l'étouffement, de la bienséance et de l'impunité. Pourtant, si tout ce que décrit Pascal Boniface sur BHL est certain, des passe-droits anodins aux menaces ouvertes, de l'emprise par l'argent à la domination par la peur, des trahisons de la réalité et de la vérité aux procédés qui émanant d'un autre et connus n'auraient pas été tolérés une seule seconde, alors le système mis en place, avalisé, légitimé par la lâcheté médiatique est hallucinant ! Je suis curieux de savoir ce que des lecteurs de bonne foi en penseront ou serai-je le seul à être indigné ?
Aussi, devant ces exemples qui découragent - le constat est accablant mais la pente si rude ! -, Michel Onfray remet du baume au coeur et à l'esprit, nous évite, lui, la nausée.
Rien n'est perdu et la politique du pire doit être refusée puisqu'il y a encore des personnalités capables de dénoncer le pire de la politique, le dévoiement de la morale et le goût du sang révolutionnaire, même s'ils viennent d'un Jean-Paul Sartre.
Eh bien... je vois que la grande escroquerie freudienne a encore de beaux jours devant elle ! L'homme qui faisait passer pour scientifiques des théories pré-élaborées en mélangeant des éléments de sa culture classique avec quelques intuitions fumeuses et de vagues souvenirs personnels, et qui seulement ENSUITE essayait de les appliquer dans le champ du réel, après les avoir décrétées universelles, sans le moindre succès (oh c'est pas bien grave il a suffi de travestir les rapports cliniques...) continue de berner les pauvres esprits ! Tiens, si quelqu'un arrive à me justifier sans se ridiculiser la pertinence du "banquet cannibale" je promets de créer un club des amis de Freud.
Rédigé par : Mikael.L | 07 avril 2012 à 02:42
Si pousser plus loin vous intéresse :
une interview sur le système universitaire dans les années 70-80, vu par un ancien étudiant atypique qui a mal tourné (avec un court passage sur Sartre et ses épigones) :
http://www.dailymotion.com/video/xjask4_etudiant-alain-soral-levez-vous-face-a_school
Rédigé par : Guillaume Morel | 20 juin 2011 à 01:45
Même du temps de sa minceur, M. Onfray m'est toujours apparu comme une outre pleine de vent, se voulant pâle imitateur d'Epicure, ce que sont les avions en bois de certaines îles pacifiques aux vrais aéronefs.
Vengeur non masqué, digne successeur des "sciences humaines à la française"( de la sorbonne "descartophile et antinewtonienne" aux bourdieuseries diverses et variées), il ne se souvient point- mais l'a t'il jamais su- que "nul ne pénètre ici s'il n'est déjà géomètre".
Bref, M. Onfray n'est qu'à mes yeux un représentant du "créationnisme philosophique " à la française: quiconque manipule "sujet- verbe- complément" de façon point trop maladroite peut en faire tout autant.
"un tas de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison" disait H. Poincaré
J'ai envie d'ajouter " ....pas plus qu'un tas de goualantes n'est oeuvre philosophique"
Peut être sera t'il un jour étudié dans quelque obscur département de sciences humaines de quelqu'université littéraire américaine (quelques intellectuels US sont apparemment friands de ce type de littérature)... mais guère plus.
Rédigé par : hippocrate | 15 juin 2011 à 14:44
@ Xavier Nebout | 08 juin 2011 à 14:53
"je serai ce que je serai" et non je suis ce que je suis... le verbe être ne se conjugue pas en hébreu.
@ Catherine JACOB
Merci, mais je crois qu'il y avait un autre billet quand le livre sur Freud était paru.
Au sujet du Journal Le Monde, j'ai l'impression qu'isl stoppent délibérément afin d'y mettre de la publicité. En principe quand on veut consulter un article, il y a la rubrique "rechercher" tout en haut et on inscrit le sujet ; on obtient ainsi la liste depuis 1987, j'apprécie beaucoup cela et je me suis même abonnée. Mais là je dois avouer que même en payant je n'arrive pas à l'avoir. Comme actuellement tout se vend, peut-être qu'il a été vendu, étant donné le nombre de visiteurs du blog de Monsieur Bilger qui le cherchent...
Je profite de cette occasion pour vous remercier de nous avoir fait connaître Wikipédia... Je viens d'y lire un article remarquable sur la dénomination "PALESTINE".
Bonne soirée
Rédigé par : Duval Uzan | 12 juin 2011 à 00:30
@Catherine Jacob
"Comment mon adresse IP est-elle passée une première fois entre les gouttes, allez savoir !"
C'est tout simplement l'inverse qui s'est produit, leurs coordonnées sont restées "collées" dans votre ordinateur par le cookie qui s'y est installé...
Il suffit de supprimer le cookie dans le répertoire où il s'est installé, de relancer votre ordi pour changer d'adresse IP (à moins que vous soyez en IP fixe).
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 11 juin 2011 à 12:16
@Duval Uzan | 10 juin 2011 à 23:19 @ Catherine Jacob
« Pouvez-vous me dire comment vous avez réussi à acheter cet article ???
J'ai passé plusieurs heures sans y réussir... »
Vous allez rire mais je serais bien en peine de vous le dire moi-même vu qu'ayant fait la recherche par google, je suis tombée une première fois sur l'article complet, je l'ai tout d'abord parcouru rapidement puis j'ai fait autre chose le temps de la réflexion, et quand j'ai voulu le relire et opérer des copié-collé de certains passages pour les commenter, l'article n'était plus accessible qu'aux abonnés.
Comment mon adresse IP est-elle passée une première fois entre les gouttes, allez savoir ! Mais cela m'est déjà arrivé une paire de fois avec les sites de certaines universités étrangères sur lesquels quand j'ai voulu me reconnecter j'ai seulement obtenu : «Access Denied ».
Je suppose que vous faites allusion au billet où il est dit ceci : « Seul regret : je n'ai pas eu la possibilité d'assister à l'intervention de Michel Onfray sur lequel je ne parviens pas, partagé à son sujet entre ombres et lumières, à me forger une opinion définitive en dépit de mon enthousiasme à l'écouter dans le cadre de "l'Université populaire de Caen" où il diffuse "sa" parole philosophique à un public affamé de la recueillir »
J'ai eu du mal à le retrouver vu que le dernier billet se positionne systématiquement en premier, mais une recherche par mots clés incluant le titre exact de l'ouvrage d'Onfray relatif à Freud ainsi que mon nom à moi, a fini par en identifier le billet qui est ici : http://www.philippebilger.com/blog/2010/10/henry-laurent-dominique-manuel-et-les-autres.html?cid=6a00d8341c86dd53ef01348844272f970c
Rédigé par : Catherine JACOB@Duval Uzan | 11 juin 2011 à 08:17
Evidemment!
BHL ne pouvait tout de même pas, y allant sitôt à la Onfray, et pour oublier qui l'avait augmenté, dézinguer Sartre.
Michel Onfray, ne s'est pas senti augmenté...
Ce doit être cela qu'il reproche à Sartre, Michel Onfray.
Toute sa belle éloquence, qui s'augmente aux média..., mais deviendra bientôt rauque, quel cruel destin!
Faut assurer le présent, c'est l'avenir!
Quand on ne sait rien, mieux vaut savoir pas grand chose, merci à Raspar Capac d'y aller au démonte-pneu...., un pas grand chose comme ustensile mais bien utile comme ustensile, grâce à lui!
Les petites choses papillonnantes des sciences, qui feront que Onfray jamais ne s'attaquera à Bachelard, feront que jamais il ne transmettra l'importance minime des sujets de la science, feront toujours qu'il trouvera là ad-minima leviers pour soulever des lunes!
Merci à lui.
AUTANT, MERCI SON THEATRE, SARTRE!!!
Vous le sentez bien, Cactus, que quand on sait on sait, et c'est bien ça le malheur.
Et merci à Jaspers comme enfant délicieux!
A Jankélévitch comme parent adorable!
Ceci dit, puisque ce n'est pas en inversant le sens de l'histoire qu'on va se retrouver étant pré-socratiques, qu'il faut rêver se retrouver avec Michel Onfray comme si nombreux rajeunis!
Pour conjurer l'ennui, j'attends avec impatience Onfray démontant Marx.
Bien que la majorité, dont je suis, ne soit pas pour l'exemple marxiste, s'implore Marx nonobstant.
Michel Onfray! Quel créneau, mais, remontant le fil, quel oubli!!!
Rédigé par : zenblabla@cactus | 10 juin 2011 à 23:46
@ Catherine Jacob
Pouvez-vous me dire comment vous avez réussi à acheter cet article ???
J'ai passé plusieurs heures sans y réussir...
Maintenant c'est systématique avec "Le Monde" ils nous faut d'abord avaler toute leur publicité avant d'avoir un article.
Enfin j'approuve votre réponse.
D'ailleurs je ne sais pas si Michel Onfray est allé "jusqu'au-delà du principe de plaisir." En plus ce n'est pas sérieux de lire tout Freud en sept jours. Sans compter qu'il base son argumentation justement sur le complexe d'Oedipe.
Monsieur Bilger avait déjà écrit un billet sur Onfray mais je n'arrive pas à le retrouver. Si vous vous en souvenez pouvez-vous me dire sous quelle archive ?
Merci.
Rédigé par : Duval Uzan | 10 juin 2011 à 23:19
Ohé, ohé ! y a encore quelqu'un ?
C'est simplement pour JURER que hier 9 juin à 14:41 je ne savais pas que Le Monde allait délivrer l'acte de propagande référencé infra et qui tout simplement vient renforcer l'hypothèse encore hardie que je vous formulais sans avoir été censuré, conf. :
http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/06/10/le-monde-magazine-contre-l-homophobie-un-lycee-catho-mobilise_1533381_1477893.html
"Le Monde Magazine" : Contre l’homophobie, un lycée catho mobilisé
LE MONDE MAGAZINE | 10.06.11 | 17h47 • Mis à jour le 10.06.11 | 18h28
Rédigé par : Henri G | 10 juin 2011 à 22:03
"Onfray a utilisé la même technique dans le cas de Freud auquel il n’a strictement rien compris et maintenant, c’est rebelote.
Rédigé par : Rascar Capac | 09 juin 2011 à 22:15"
Onfray n'aurait rien compris à Freud !!!! Je vous envie, vous qui semblez tout savoir (ou fresque) ; sissi !!!!! (à mon âge plus qu'avancé la seule certitude c'est que je ne suis certain de rien et que je découvre chaque jour que je sais peu de choses ; que je vous envie vos certitudes et vous ; bien à vous !! )
ps : par contre j'aime votre nom de nom je dois le reconnaître publiquement !
Rédigé par : Cactus @Rascar Capac | 10 juin 2011 à 09:40
Il n’y a pas si longtemps, mais c’est déjà une éternité, Sartre consacrait trois volumes et près de 2000 pages à comprendre Flaubert et presque autant à analyser Genet. Aujourd’hui, à l’heure du fast-book, un corbeau de village, à défaut de penser par ses propres moyens, exécute un philosophe/écrivain en une demi-page. Le plus comique dans l’affaire, c’est la méthode consistant à creuser des trous pour en reboucher d’autres. Car ne l’oublions pas, c’est sur le même Sartre et plus particulièrement, sur sa théorie de la mauvaise foi et son recours à la "psychanalyse existentielle", qu’Onfray s’appuie pour trouver une issue à la psychanalyse freudienne qui le dérange tant.
Rédigé par : Rascar Capac | 10 juin 2011 à 09:29
@ Rascar Capac
Vous ne connaissez pas vos classiques :
«- Ils ne se permettraient pas !
- Les cons, ça ose tout. C'est même à à ça qu'on les reconnaît.»
Les tontons flingueurs
Pour le reste, je maintiens :
> Les extraits choisis par Onfray sont représentatifs de Sartre.
> Il ne s'agit pas d'une phrase prise au hasard et décontextualisée mais de longs entretiens.
Ne vous en déplaise, il n'y a rien de répugnant à juger un intellectuel sur ce qu'il dit.
Rédigé par : Franck Boizard | 10 juin 2011 à 07:36
@ Franck Boizard
"Invoquer Muray pour défendre Sartre, il fallait oser ! C'est même à ça qu'on les reconnaît ... "
Qu’on reconnaît quoi ? Je n’ai pas de sympathie particulière pour les positions politiques de Sartre mais ce qui me fait gerber, c’est la méthode manichéenne d’Onfray qui, en les décontextualisant, met bout à bout des extraits d’une interview (de 500 pages où il y a à boire et à manger) dans le seul but de clouer Sartre au pilori. C’est une méthode de flic et de corbeau de village. Onfray a utilisé la même technique dans le cas de Freud auquel il n’a strictement rien compris et maintenant, c’est rebelote.
Rédigé par : Rascar Capac | 09 juin 2011 à 22:15
Michel Onfray aura remis Freud à sa vraie place : dans un placard !!!! Déjà pour ça il méritait votre billet !!!!!! Soyez béni !!!!!!!!
Rédigé par : Cactus règle ses contes | 09 juin 2011 à 17:59
Je suis quand même allée lire l'article du Monde qui recense les perles du bêtisier sartrien. Mais bon, j'ai personnellement toujours beaucoup de difficultés à prendre en considération et véritablement très au sérieux, tout énoncé quel qu'il soit qui est sorti de son contexte.
De ce fait et bien que Sartre m'énerve, mais jusqu'à présent pour de toutes autres raisons que les questions de clairvoyance, d'éthique, de politesse ou de savoir-vivre qui sont évoquées abruptement par l'article de Monde et dont j'avoue avoir ignoré la plupart, j'ai tout de même envie de dire que ce qui est digne d'intérêt en priorité chez un philosophe, un penseur ou tout simplement un intellectuel, c'est en premier lieu sa démarche et non pas ses affirmations ponctuelles à l'emporte-pièce (on dit désormais à la 'casse toi pov'con') sous l'emprise d'une émotion ou d'une autre.
Parce que sinon, plus aucun penseur n'est plus digne d'être lu si on se met en peine de lister et de sortir de leur contexte, y compris historique, tout ce qui, de nos jours, est devenu choquant. Il n'est qu'à prendre le Socrate du Timée pour tomber à la renverse. Ce qui ne signifie pas que le Timée est à mettre aux chi...es, qui contient cependant des enseignements passionnants.
Il faut donc savoir qu'on ne peut pas prendre le tout d'une philosophie ou d'un penseur de façon anhistorique !
Concernant l'article du Monde, il est dit notamment que Sartre avait avoué ne pas s'être rendu compte pendant son séjour berlinois de la montée en puissance du nazisme et du danger qu'il était susceptible de représenter. On peut souligner que c'est également le cas de nos pompeux politiques d'alors, et sans même compter le fait que les communautés visées n'en avaient pas une pleine conscience elles-mêmes, je ne suis pas certaine qu'à la place de Sartre, BHL lui-même en eu davantage pris conscience dès lors que pas davantage que Sartre il n'eut parlé correctement l'allemand et n'eut eu de contacts avec les proches des personnes ayant eu à souffrir de la persécution qui s'est adressée aux opposants, aux homosexuels, aux gitans etc. et qui s'est concrétisée cette même année de 1933 par l'installation des premiers camps de concentration en Allemagne même, (camps dont en 1945 les seuls juifs avaient représenté pas moins de 60%), lui qui écrit : « Un instant j'ai observé cette façade. Mon regard a compté jusqu'à ce neuvième étage où je m'étais parfois rendu. J'ai revu le petit appartement, la table de travail, le fauteuil gris sale où venait s'asseoir son dernier secrétaire, la bibliothèque à moitié vide.
Était-ce là que l'homme illustre avait vécu ? De là qu'étaient partis ces mots qui, après avoir tournoyé aux quatre coins de la planète, nous étaient revenus, cet après-midi-là, au cimetière, comme un essaim tenace ? Y aurait-il d'autres Sartre - ou était-il seul de sa sorte, bête sans espèce ou dernier, peut-être, d'une espèce éteinte avec lui ? Pourquoi étais-je là moi-même ? Cet homme que je n'étais pas sûr d'avoir aimé, pas plus que je n'étais sûr de ne l'avoir pas aimé, d'où vient que j'avais ressenti le besoin, moi aussi, de lui rendre ce dernier hommage ? » - BHL, LE SIÈCLE DE SARTRE - essai - Par exemple !
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 juin 2011 à 17:54
Onfray se fait aimer de la droite classique à bon compte en exhumant Sartre quand il n'a plus aucun partisan. Tout le monde sait que ses "positions" sont mortes avec son époque. Que le bonhomme a fini pitoyablement imbibé dans des boîtes à tapettes du quartier de l'Opéra. Qu'il fut avec sa duettiste Beauvoir d'une lâcheté incontestable sous l'occupation, en attesta Bianca Lamblin dans ses "Mémoires d'une jeune fille dérangée" (elle fut élève mineure de SdB séduite par sa prof, puis fourguée dans le lit à Sartre mais ensuite ignorée quand Juive elle demanda de l'aide... SdB se la coulait douce dans un château près de 49 La Pouëze ).
Onfray avait déjà opéré la même manoeuvre de séduction sur son nom en direction des cathos hostiles au freudisme. Là aussi il n'apportait rien sur le cas Freud, tout avait déjà été dit sur la supercherie intellectuelle toute séduisante qu'elle fût même si en France et Argentine des cabinets font encore de l'argent sur cette référence.
Sur Freud, Onfray avait une autre motivation : au passage il attaquait le freudisme pour antiféminisme et antihomosexualisme...
C'est probablement ce dernier point qui donne la clé : le lobby bio-phobe et hétérophobe en matière d'anthropologie familiale fulmine car l'opinion française même à gauche résiste contre la revendication homo-matrimoniale et homo-parentale, alors un Onfray qui aurait précédemment "amadoué" le camp des conservateurs anti-Freud et anti-Sartre pourrait peut-être le "retourner" par astuces rhétoriques . Onfray pourrait sur ce problème jouer le rôle d'une Simone Veil sur l'IVG. Avec une notoriété facilement propulsée par des media à la manoeuvre, pourquoi un futur président de droite ne le placerait-il pas à l'Education ? On lui donnerait d'abord des billes sur un projet consensuel en faveur des enfants et ados handicapés (la France est en retard), ... puis il lancerait une campagne de prévention du suicide et souffrances des ados gays et lesbiennes, culpabilisant au passage les esprits rétifs ... par le biais d'un sophisme comme celui qui a conduit au changement d'état-civil sexuel des malades atteints de "transsexualisme", on obligerait l'opinion à se coucher "car le meilleur moyen de supprimer la souffrance des lycéens gays et lesbiens c'est la perspective de vivre normaux, de se marier et d'avoir des enfants" ...
Simple spéculation certes mais : on prend les paris ???
Rédigé par : Henri G | 09 juin 2011 à 14:41
@ Rascar Capac
Invoquer Muray pour défendre Sartre, il fallait oser ! C'est même à ça qu'on les reconnaît ...
Cette défense est malhonnête (la malhonnêteté étant la marque du «sartrisme», rien d'étonnant).
En effet, l'objection de Muray n'interdit pas la critique, il met seulement en cause les attaques ad hominem sur des sujets mineurs.
Or, l'article d'Onfray ne porte pas sur un aspect secondaire du personnage (comme ses rapports distanciés avec l'hygiène, par exemple) mais, sur sa pensée, telle qu'il l'exprime dans des entretiens.
Si les propos que Sartre tient dans ces enregistrements (et qui d'ailleurs sont corroborés par maints articles et déclarations publics) ne sont pas significatifs, qu'est-ce qui l'est ? Quand un intellectuel parle, lui dont c'est le métier, ne doit-on retenir pour analyser sa pensée que les propos qui le mettent en valeur ?
Etrange conception du débat (bien sartrienne, il est vrai, lui qui qualifiait ces adversaires de «chiens»).
Quoique de débat, il n'y en a en réalité pas besoin en 2011 : ceux qui veulent savoir savent depuis longtemps. Sartre était un salaud, y compris dans l'ordre intellectuel et politique qui était le sien.
Ceux qui ne veulent pas savoir ne sauront jamais puisque cet aveuglement est volontaire.
Rédigé par : Franck Boizard | 09 juin 2011 à 09:21
Djinn,
Vous cherchez quoi ? A savoir qui je suis ?
Continuez à chercher.
Rédigé par : calamity jane | 09 juin 2011 à 07:50
@calamity jane
Votre évocation du pauvre cow-boy solitaire ( "I'm a poor lonesome cowboy..." ) rappelle trop les aventures de Lucky Luke, pour qu'on ne soit pas tenté de voir dans cette bande dessinée le lieu du choix de votre pseudonyme.
La Calamity Jane opposée au célèbre héros de Morris n'avait heureusement rien de commun, en dehors du surnom, avec la véritable Martha Jane Canary.
Sure an infamous gunslinger but not an illiterate alcoholic prostitute.
Rédigé par : Djinn | 08 juin 2011 à 20:47
Il y a bien longtemps, je m'étais livré à un petit exercice. Il est peut-être temps de le partager.
L’ERREUR EXISTENTIALISTE
Selon la thèse existentialiste, si un objet a une essence pour avoir été pensé il n'en est pas de même pour l'homme. Exister, c'est être libre de toute essence.
L'existence de l'homme ne suit aucune raison prédéterminante, et ses actions ne sont aucunement inspirées, ne serait-ce que par l'environnement. C'est l'existence qui donne le sens à l'environnement et pas l'inverse. L'homme est libre, et transcende le monde qui est le miroir de sa liberté.
Libre, l'homme l'est aussi de son être. Reprenant la thèse d'Hegel, Il est "néant d'être", "être, c'est avoir été" ; après la mort, l'existence devient être et essence. Libre, l'homme l'est également de son inconscient: "l'inconscient n'est que la mauvaise foi de ma conscience". En effet: la prise de conscience de soi modifiant le soi, on ne peut exister en étant soi.
L'erreur fatale est d'en déduire que la prise de conscience "néantise" l'être, car c'est confondre l'inconscient pur produit de l'existence, et l'être. Or, se connaître soi-même, moyen essentiel de toutes les religions, c'est précisément débarrasser l'être de l'inconscient - apurer l'âme n'est pas la supprimer-. Nietzsche avait été jusqu'à dire qu'on pouvait vivre sans sa conscience (le Gai savoir), J.P. Sartre n'aura pas été au bout de son propre raisonnement (dans la mesure où ce n’est pas un plagiat de Freud, lui-même un plagiat de Nietszche ) en disant qu'il appartient à l'homme de dominer sa mauvaise conscience pour être libre de sa conscience. La thèse débouche ainsi sur une erreur monumentale: ce n'est en effet pas l'être qu'il s'agit de poser comme objet faisant partie du monde que l'homme doit transcender, mais l'existence.
En fait, J.P. Sartre semble avoir suivit une idée qui dépassait son entendement: Si la liberté de l'homme est bien de pouvoir dépasser le monde en ne le laissant pas déterminer son destin, il ne peut le faire qu'en allant à l'essence de celui-ci pour y modifier son destin. C'est qu'en l'homme, l'esprit peut passer le temps et lui permettre de se précéder.
Les existentialistes ont eu le mérite d'être allés au fond de l'athéisme, à l'opposé du "Tu es cela" de l'hindouisme, du "connais-toi toi-même" de Socrate et du "Je suis celui qui suis" des juifs.
J.P. Sartre aura été le symbole d’une époque, celle de la caricature intellectuelle glorifiée pour être allée au bout de sa bêtise. Dès lors, la philosophie ne peut que remonter la pente vers l'Homme, et remettre l'existence à son rang.
Rédigé par : Xavier Nebout | 08 juin 2011 à 14:53
sbriglia,
là le coup du "diablogue" pour une
qui n'a jamais lu une ligne de Lacan ...
Et drôlement sympa de me comparer à des
illustres représentants de la gent masculine !
A part ça, comment va le monde ?
Rédigé par : calamity jane | 08 juin 2011 à 10:59
Monsieur Bilger,
voilà-t-il pas que je suis catastrophée ?
Vous publiez des commentaires que vous ne
comprenez pas ?
A moins que vous possédiez le manuel
explicatif qui semble être demandé ? mdr !
Rédigé par : calamity jane | 08 juin 2011 à 10:45
"Quelqu'un connaît-il un fascicule de traduction du calamity jane en français ?"
Plaignez-vous, Monsieur, nous eûmes zenblabla et faillîmes périr d'AVC ! Le "calamity jane speech" est un diablogue tendance lacanienne avec dérive Bobby Lapointe... Bref, c'est Dali avant Perpignan.
Rédigé par : sbriglia@Pierre Régnier | 08 juin 2011 à 10:41
Pendant quelques dizaines de millénaires, voire de centaines, et encore aujourd’hui dans certaines régions retirées du «monde», un homme n’est homme qu’en ayant eu une expérience extatique. Après seulement, lorsqu'il est ainsi en mesure de comprendre quelque chose au surnaturel ou à la religion, il a droit à la parole. Quant à pouvoir se prétendre philosophe, ce sera pour beaucoup plus tard.
Michel Onfray n’a rien compris non plus à l’histoire de l'humanité. Cependant, comme le personnage est courageux, son cas n’est pas désespéré. Ce n’est évidemment pas le cas de tous les intellectuels.
Rédigé par : Xavier Nebout | 08 juin 2011 à 10:09
Merci Monsieur Bilger pour ce texte.
Oui, la "cruauté" de Michel Onfray est bien, ici, une "cruauté salubre".
Je crois bien qu'il n'y pas seulement "dévoiement de la morale" mais installation ou consolidation, aujourd'hui, d'une nouvelle "idée reçue" : la politique ne doit pas se soucier de morale.
Sartre sentait déjà les choses ainsi, et c'est bien ce qui l'a conduit à approuver les pires dérives d'intellectuels-politiciens "de gauche" passant à la réalisation du projet marxiste.
On est toujours dans l'impasse engendrée par cette mauvaise idée, qui a fait croire à la nature détestable de ce projet. En conséquence on ne pense plus sérieusement à supprimer l'exploitation de l'homme par l'homme et nos enfants devront, si rien ne change sur ce point, survivre dans une sorte de barbarie généralisée.
(PS : Quelqu'un connaît-il un fascicule de traduction du calamity jane en français ? Ayant été, dans les commentaires d'un précédent texte, questionné par cette dame, j'aimerais comprendre sa question. Cherchant elle-même à éclairer ma lanterne par un nouveau commentaire elle m'a plongé dans une obscurité plus grande encore)
Rédigé par : Pierre Régnier | 08 juin 2011 à 10:03
"Michel Onfray est sympathique, mais ne s'étant pas donné la peine de comprendre quoi que ce soit à la religion, il n'a rien compris non plus à la philosophie"
Hénaurme ! à classer au dictionnaire des idées reçues, comme diraient Flaugène et Diobert.
Rédigé par : sbriglia et Diogène@Nebout | 07 juin 2011 à 21:33
Avant ils se prenaient la tête ensemble
et on les critiquait ; aujourd'hui ils
se prennent la tête séparément et on les
critique.
Avant ils étaient nombreux et parmi eux
il y avait des voix dissonantes, originales,
solitaires et on pouvait les entendre et/ou
les voir ; aujourd'hui les plateaux télé
décident du propagateur de vérités quand
il se place à gauche ou à droite de
l'échiquier politique et rameute...
Celui qui ose dire ou laisser comprendre
que ce choix lui est étranger (quelles qu'en
soient les raisons) devient le cow-boy
solitaire attendu par une flopée d'impairs
(ou pairs ? zut vite dieu) avec des bombes
à portée guignolesque !
Le débat philosophique : disiez-vous ?
Rédigé par : calamity jane | 07 juin 2011 à 20:18
Le regretté Philippe Muray écrivait ceci en 1995 à propos de ce sport consistant à déboulonner les génies en débusquant leurs petites tares et leurs entorses aux bonnes mœurs (dans le cas présent: le géant Sartre prétendument démystifié par le nain grincheux Onfray).
"La chasse est ouverte. Pour les scouts de la bonne pensée, pour le petit peuple des commentateurs, biographes, universitaires, journalistes d’investigation et fabricants de thèses, c’est devenu une occupation à temps complet. Ces gens-là désapprouvent la chasse réelle, mais ils raffolent du gibier symbolique. Tout homme illustre, entre leurs mains, peut devenir une bête aux abois. Le nouveau monde vertueux des louveteaux de la Vigilance a en horreur les écarts de conduite des individus d’exception. Ils les dénoncent en chaire. Ils les stigmatisent. Ce sont des propagandistes de la nouvelle foi. Mouchardage et cafardage sont leurs deux mamelles.
.................
A qui le tour ? Que ne va-t-on encore découvrir ? Que Beethoven tournait autour des pissotières ? Que Stendhal attendait les petites filles à la sortie des écoles ? Que Cervantès a volé le manuscrit de Don Quichotte à sa voisine ? Nous avions déjà Marx pourvoyeur de goulags et séducteur de bonnes ; Heidegger nazi jusqu’au bout du Dasein ; Henry Miller érotomane et antisémite ; Picasso et ses épouses martyres ; Hemingway et son impuissance. On peut désormais écrire n’importe quoi sur n’importe qui, à condition que celui dont on parle ressorte disqualifié, ruiné, ridiculisé. A condition qu’il devienne une affaire. Un dossier sordide à classer… On n’étudie plus les génies d’autrefois. On ne les admire plus. On les débusque. On les capture. On les fourre à l’autoclave, et on voit ce que ça donne.
.....................
Le souleveur de lièvres "externe" pour sa part, n’a jamais approché, de près ni de loin, celui dont il se promet de démasquer les turpitudes. C’est un professionnel de la Vertu. Un assermenté du Bien. Il sait renifler de très loin le parfum de scandale. On le paie pour son flair. De la suspicion, il fait son métier. Il exerce ce sacerdoce sans faiblesse, mais également sans parti pris. Son acharnement n’a rien d’arbitraire puisqu’il s’applique au nom de l’intérêt commun. Ses enquêtes sur le passé "douteux" de génies et leurs écarts biographiques n’ont qu’une fin : subordonner une bonne fois l’art (ou la philosophie, la littérature etc.) à la morale. Ses recherches ne sont pas des recherches, ce sont des rafles. Ses biographies ne sont pas d’abord des écrits : ce sont des actes d’accusation. Tout sujet d’étude est un mis en examen qui s’ignore encore."
Philippe Muray, "La grande battue" in "Exorcismes spirituels I"
Rédigé par : Rascar Capac | 07 juin 2011 à 18:30
Michel Onfray est sympathique, mais ne s'étant pas donné la peine de comprendre quoi que ce soit à la religion, il n'a rien compris non plus à la philosophie. Ce faisant, il est en toute logique dans l'air du temps. Cependant, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, il a encore le temps de le faire.
Quant à Sartre et compagnie, là, il s'agirait plutôt de schizophrènes graves, purs produits d'une Eglise qui ne sait plus guider les esprits. Très vaste sujet qui passe au-dessus de la tête du bon peuple d'ignorants totaux.
Rédigé par : Xavier Nebout | 07 juin 2011 à 17:29
"Sartre ne posait d’ailleurs pas sur un socle mais sur un tonneau"
Un bidon, Delloue, un bidon ! (vous pouvez vérifier sur la photo INA)
Ne pas confondre le Saint Emilion et l'huile de vidange... Que viendrait faire le fût de chêne à Billancourt, je vous le demande ?
Rédigé par : Diogène@Delloue | 07 juin 2011 à 16:25
Votre billet me laisse un goût d’insatisfaction : chanter les louanges de Michel Onfray en l’opposant à BHL me gêne tant j’ai l’impression que les ficelles sont identiques chez les deux.
Ma petite contribution, un lien vers un billet de Jean- Christophe Grellety.
Juste dans un souci de nourrir le débat :
http://minilien.fr/a0kld0
Rédigé par : une Fan | 07 juin 2011 à 16:05
Ici, on fraye avec Michel "le dezingueur" d'icones mortes ou..."has been" ; c'est pareil !
Entendu et vu a la television, j'ai eu l'impression que ce monsieur avait bel et bien envie de mordre a la premiere occasion donnee !
De chez moi, pour ecouter le nouveau gourou au vent en poupe, il suffit de sauter dans le ferry pour se rendre a l'universite populiste gratuite... Ca fait toujours une clientele potentielle supplementaire !
Allons savoir pour qui il "roule" ?!... L'avenir le dira... mais quand ?
Rédigé par : Valerie | 07 juin 2011 à 15:50
<< L'existentialisme n'est clairement pas un humanisme !>>
Cette proposition, Monsieur Bilger, n'est-elle pas excessive. Sauf erreur de ma part, Albert Camus était aussi un existentialiste. Mais il n'avait pas l'heur d'avoir eu le parcours doré de Jean-Paul Sartre qui n'a eu de cesse de réduire sa pensée à un quasi néant !
Et pourtant, n'y-a-il pas chez lui une certaine hauteur de pensée ? Un humanisme profond ? Pourquoi seul la croyance devrait-elle être vérité unique ?
En ce domaine, le respect des choix individuels me semble relever de la plus élémentaire des charités ! Et de la tolérance en matière d'opinions.
Pour le reste je vous rejoins sur le fond de votre billet et dois dire que, certes parfois en désaccord avec certains excès de M. Onfray, ses exposés et ses thèses ont l'avantage d'être roboratifs et de pousser à l’approfondissement de la réflexion. Aurait-il tort dans tous ses avis ? Certainement pas à mon sens, mais il serait plus difficile de nier le fond de son argumentation et de le clouer au pilori de la bien-pensance !
Rédigé par : Robert | 07 juin 2011 à 15:09
Vaincre la nausée pour emprunter
les chemins de la liberté
Il a fallu libérer la parole pour que les jacasseurs jouent à déboulonner les statues des commandeurs que l’histoire mythifie. Sartre ne posait d’ailleurs pas sur un socle mais sur un tonneau. Je crois que ces ressentiments à son égard l’amusaient déjà de son vivant, alors imaginez maintenant ! Car il avait de l’humour lui !! Mais la pipolisation sévit partout, faute de remettre en cause la pertinence d’une œuvre ou d’un système philosophique, vous jouez aux quilles avec les notoriétés de notre temps pour laisser supposer qu’on ne vous la fait pas et que votre lucidité exemplaire vous conduit à déciller les yeux de vos ilotes de contemporains.
Pour valider votre démarche vous vous appuyez sur un papier de Michel Onfray qui en bon prof de philo s’ingénie à montrer qu’il décape plus fort que ses pairs. C’est sa marque de fabrique et il l’entretient avec l’assiduité que l’on sait, non sans réussite d’ailleurs. Au passage plutôt que de s’effaroucher d’une interview protéiforme, il aurait été mieux inspiré de s’attaquer directement à l’existentialisme athée et d’en prolonger la réactualisation, par une critique exploratoire, il y aurait gagné en notoriété. Ce qui est surprenant c’est qu’à l’époque de Sartre c’était plutôt les plumitifs de droite qui faisaient ce sale boulot de montrer que Sartre n’était pas net - Je pense notamment à Céline - Ils mettaient en cause ses prises de position diverses et variées et parfois scabreuses, pour le vouer à la vindicte des bourgeois, qui n’avaient pas besoin de cela pour le haïr. Ce renversement des rôles est un signe des temps.
BHL que vous détestez aussi, a fait ce travail d’immersion dans l’œuvre de Sartre, non pour se mirer dans cette image, mais pour approfondir une pensée qu’il connaissait mal, et se libérer peut-être aussi de l’emprise de son Maître Althusser. Je pense en effet que cette volonté de confronter l’existentialisme athée à la réalité de notre Monde serait plus judicieux. Vous me direz que cette démarche existe dans de nombreux pays, alors laissons-leur le privilège de l’intelligence et poursuivons nos guerres picrocholines. Ce sont moins les égarements de Sartre qui sont intéressants, mais sa pensée en mouvement, sa liberté d’esprit, sa capacité à faire reculer la bêtise humaine. Cela dit je vous le concède, c’est là où il a le moins bien réussi. Car elle n’a jamais été aussi florissante. Notre période fait en sorte que le néant se donne des raisons d’être.
Merci M. Bilger, vous me donnez à nouveau envie de lire et relire Sartre, en exerçant un choix attentif après vous avoir lu. Par exemple, pourquoi pas, musarder dans les Situations, se perdre dans L’imaginaire, Réfléchir à la question juive, renouer avec l’Idiot de la famille, etc.
Rédigé par : Delloue | 07 juin 2011 à 14:18
@Pierre-Antoine | 06 juin 2011 à 18:45
« Ceci étant dit, l'existentialisme n'est pas la seule cause, j'en suis bien conscient. Peut-être même n'est-il qu'une conséquence.Cordialement »
L'existentialisme est le contraire de la métempsychose telle qu'on la trouve par exemple chez Pythagore ou encore chez Platon.
C'est pourquoi si, en 1931, au lieu de nommer le nouvel agrégé de philosophie en poste dans un lycée du Havre, on avait fait droit aux vœux d'affection du jeune enseignant qui étaient d'être envoyé comme coopérant au Japon, je pense que beaucoup de choses eussent été différentes, à commencer par ma propre vie.
S'agissant de sa pensée et de l'existentialisme, il n'aurait pas appréhendé le néant via Husserl et Heidegger, penseurs auxquels il s'était initié à Berlin où il avait été envoyé en 1933 pour succéder à Raymond Aron à l'Institut franco-allemand, Rayomnd Aron qui fut également son prédécesseur en tant que cacique de l'agrégation de philosophie, mais par la pensée bouddhiste.
Nul doute que l'écriture de « l’Être et le néant » ainsi que son approche de l'Empire du Milieu où il aurait probablement fini par se faire envoyer, eussent également été très différentes car je ne saurais imaginer qu'il soit resté sans se mettre à l'apprentissage de l'écriture idéographique et aveugle à la réalité maoïste.
En quoi tout aurait-il donc pu bien me concerner ?
J'imagine aisément qu'on ait tendance à envoyer dans la foulée sartrienne, plutôt des agrégés de philo que des agrégés de Lettres à l'Institut franco-japonais de Kyoto. D'où mon époux serait sans doute resté sur le premier choix du ministère le concernant qui était Hong Kong. Ce n'est donc pas vers Kyoto qu'il m'aurait emmené dans ses bagages, et je n'aurais pas eu à y faire ouvrir un cours de philosophie de langue française qui l'eût été dès lors du temps de Sartre.
Que de choses eussent ainsi été différentes ! Je n'ose pas même l'imaginer.
Mais bon, les voies du Seigneur sont impénétrables... !
Rédigé par : Catherine JACOB@Pierre-Antoine | 07 juin 2011 à 13:25
@ Pierre-Antoine
Que le niveau moyen des élèves ait changé par rapport aux décennies précédentes ne fait pas de doute.
Mais, pour répondre à votre interrogation, oui, c'est être populiste que de balancer ce constat sans l'assortir des raisons qui ont conduit à cette situation, parmi lesquelles la démocratisation de l'enseignement est certainement la plus importante.
Au début de ma carrière, j'enseignais à des fils de médecins, d'avocats, de patrons du privé, d'enseignants.
Il est évident que le fait que dans un lycée on passe de 3 classes de secondes élitistes de 35 élèves à 12 groupes de 35 élèves à majorité issus des classes économiquement et culturellement défavorisées, ne peut pas ne pas s'accompagner d'une "baisse" de niveau moyen.
Cela est-il imputable aux enseignants et à leur prétendu goût des "congés" ?
Que vos propres enfants aient bénéficié, dans leurs études, de votre investissement personnel est sans doute vrai, et vous avez sûrement bien fait d'agir ainsi, comme tous les parents devraient d'ailleurs le faire dans la mesure de leurs moyens.
Mais tout cela n'a strictement aucun rapport avec votre reproche sur les " 5 mois de congés annuels " des enseignants.
D'abord, je voudrais bien que vous fissiez le calcul exact des "congés", et vous vous apercevriez que tous arrêts confondus, un professeur de collège ou de lycée n'a pas plus de 3 mois et demi de "congé".
Je vous rappelle que pour un prof de lycée, compte tenu des examens de fin d'année, la période de vacances court du 11 juillet au 31 août.
Quant aux interruptions de 12 jours toutes les 7 ou 8 semaines (novembre, décembre, février, avril), elles sont en grande partie occupées, surtout dans certaines matières, par la correction des devoirs et des compositions de fin de séquence.
Je répète donc que vous reprenez là, sans aucun recul critique, une vieille antienne poujadiste, factuellement fausse et intellectuellement malhonnête.
Rédigé par : Frank THOMAS | 07 juin 2011 à 13:06
D'accord avec vous, Rascar Capac. Onfray voudrait passer pour un Juste, alors qu'il n'est qu'un justicier de gazettes.
Pour comprendre l'engouement populaire que suscite le Don Quichotte de Caen, je vous invite à lire ce texte féroce et stylé de F. Schiffter sur le "sanchopancisme intellectuel".
http://lephilosophesansqualits.blogspot.com/2010/05/13-mai-2010-triomphe-du-sanchopancisme.html
Rédigé par : Stirner | 07 juin 2011 à 12:05
J'avais relevé et savouré l'article de Michel Onfray... C'est un bonheur de lire parfois, comme cela, des vérités que l'on éprouve mais que le torrent des discours du philosophiquement correct embourbe et noie.
Rédigé par : Gambus | 07 juin 2011 à 10:40
@Duval Uzan | 06 juin 2011 à 21:07
"Je ne suis pas une "fan" de D.S.K, mais tout de même pensons que dans l'état actuel des choses cela pouvait aussi bien arriver à Monsieur Philippe Bilger et nous l'aurions tous défendu et crié au complot."
C'est très clair. Mais il y a une très grande différence entre PB et DSK c'est que le premier ne traîne aucune casserole genre affaire de la MNEF ou Lagerfeld, qu'il a plutôt la réputation de séduire son interlocuteur par le verbe et les idées que par des attentions appuyées indésirables, qu'il est de notoriété publique heureux en ménage, que le salaire d'un avocat général n'a rien à voir avec celui d'un directeur général du FMI, que son épouse n'est pas connue pour être une héritière, qu'il paraît structuré par le respect de la loi ce qui est fondamentalement incompatible avec le mépris de l'absence de consentement d'autrui à une relation sexuelle, et il n'a pas non plus manifesté l'intention de se présenter à des primaires pour lesquelles il serait parti favori.
Enfin, ce n'est pas un magistrat du siège indépendant, il a au-dessus de lui un procureur général qui, n'en doutons pas, ne se ferait pas faute de recadrer immédiatement ne serait-ce que l'ombre d'un pas de travers dans la traversée des greffes et ceux que son blog gênerait par trop, ont d'autres moyens plus crédibles de l'embêter que de lancer une rumeur de cet ordre.
Rédigé par : Catherine JACOB@Duval Uzan | 07 juin 2011 à 10:29
Le regretté Philippe Muray l’avait prédit: “Les jeux du cirque justicier sont notre érotisme de remplacement”. Le vacarme médiatique autour de l’affaire DSK en est le merveilleux symptôme… Autant le dire: “ÇA JOUIT!”. Ça jouit d’accuser, de corriger, d’interpeller, de débusquer, de commenter, d’excuser, de redresser, de jeter en pâture, etc. La pulsion est loin d’être confinée à la suite d’un Sofitel. Accusatoire ou inquisitoire, - comme les systèmes judiciaires éponymes - la pulsion justicière déborde de partout. C’est notre vie sexuelle commune. Un peu triste certes mais tellement gratifiante par d’autres aspects. C’est une nouvelle forme de libido qui crie “encore encore encore”… Qu’on nous donne des têtes à couper! On n’en a jamais assez…
Et c’est à satisfaire cette demande insatiable que le justicier de service Michel Onfray (dit Homais) se dévoue en faisant oeuvre de salubrité publique et cherchant des poux à tout ce qui bouge au-delà des âges, de Kant à Sartre, de Paul de Tarse à Sigmund Freud. Ils ont tous quelque chose à se reprocher et notre petit commissaire du bocage normand a empilé ses fiches de police sur chacun d’entre eux. Ah, il y en a du travail et il faut bien le dire, du succès d’audience à la clé…
Rédigé par : Rascar Capac | 07 juin 2011 à 09:53
@ Jeanne
Je ne serais pas aussi catégorique que vous l'êtes.
C'est aussi le propre d'un blog que de permettre à des commentateurs d'exprimer à la faveur d'un billet ou d'une partie d'un billet ce qui les porte et les motive idéologiquement ou d'un simple point de vue d'un militantisme le plus étroit.
Il y a aussi une parole brute qui ne peut pas s'exprimer ailleurs. C'est également ce que permet ce blog.
Après, il y a la discussion et la contestation des points de vue exprimés façon emporte-pièce ou trop méchamment revendicatifs.
Je suis toujours frappée du fait qu'en réalité l'outrance, l'excès, le détournement de telle ou telle option développée par Philippe Bilger à des fins vaguement idéologiques et militantes ne tiennent jamais la corde longtemps.
Il y a toujours pour qui se donne la peine de rechercher - pour qui dispose du temps et de la concentration nécessaires - l'exemple ou la référence qui d'un coup d'un seul vont pouvoir miner une assertion non réellement et authentiquement argumentée.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 07 juin 2011 à 07:52
@Frank Thomas,
Ce fut une (parmi d'autres) caractéristique bien connue et décriée du corps enseignant de l'époque, dont nous voyons hélas les conséquences aujourd'hui.
Est-ce être populiste que de constater la baisse du niveau scolaire dans notre pays ?
Avec trois fils qui ont des niveaux universitaires, je suis bien placé pour savoir tout le travail personnel qu'il a fallu apporter "à côté" pour corriger ces lacunes.
Pour l'anecdote, je connais un jeune homme en DEA de français qui ne savait pas faire une division. Depuis il a appris heureusement.
Et je ne vous parle pas du 1/4 d'heure de calcul mental qui s'avère déjà nettement insuffisant au vu de la prestation ministérielle en la matière.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 07 juin 2011 à 07:49
@Aïssa
Je ne suis ni pasteur ni curé, ma fonction d'aumônier fut une période de ma vie par simple conjugaison entre mon engagement chrétien et une opportunité offerte par la loi de 1905.
Quant à ma confusion intellectuelle, vous devez certainement avoir raison, j'arrive difficilement à écrire plus de 20 lignes pour exprimer ce que j'ai envie de dire, envie seulement, jamais besoin.
Bonne journée à vous, je vous la souhaite douce et paisible ! Elle et les suivantes...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 07 juin 2011 à 07:41
@ Duval Uzan
Avec votre post nous ne sommes pas dans le sujet du billet présent. Philippe Bilger a développé dans des billets précédents le propos de votre commentaire.
Mais tout de même, en deux mots :
A ma connaissance, Me Badinter n'a jamais fait référence, ni crié au complot.
L'ami, le proche, l'homme Badinter avaient parfaitement le droit d'exprimer avec force sur France Inter son indignation face aux images obscènes qui ont été livrées au monde entier, et auxquelles personne n'a pu choisir d'échapper.
La diffusion de ces images constituait le cœur de son indignation.
Plus discutable est le fait que France 2 ait jugé judicieux deux ou trois jours plus tard de structurer un programme en plaçant prioritairement et très nettement la "réaction" douloureuse de R. Badinter.
Cependant, les inévitables éditorialistes, genre Joffrin, Giesbert, Rioufol etc., conviés ce soir-là n'avaient pas plus leur place et leur utilité pour prétendre expliquer aux téléspectateurs une actualité qui avait bouleversé, sidéré et choqué une écrasante majorité de nos concitoyens.
En ce sens, la leçon de L. Joffrin adressée à R. Badinter n'a certainement pas à mes yeux la validité, ni la pertinence que Philippe Bilger a défendues.
En dépit de mon post-scriptum adressé à celui de sbriglia - dont j'ai particulièrement apprécié la finesse et l'humour - je pense que les médias, en général, au sujet de l'affaire DSK se sont clairement améliorés, les plus fiables faisant appel et laissant la parole à des juristes confirmés en droit pénal américain, spécialité droit pénal de l'Etat de New-York. En réalité, j’ai surtout apprécié l’idée du juge Obus indifférent à l’enclenchement de la caméra.
On nous inflige encore, hélas, de temps à autre les "points de vue" des éditorialistes politiques, mais bon, si nous excluons le médiatique spécialiste du néant et concentré sur l’anecdotique fait de harcèlement journalistique et touristique à l’encontre des faits et gestes de la famille DSK, il faut reconnaître que le plus souvent - surtout en presse écrite papier et version web - l'information a enfin pris la place et la parole qui lui reviennent.
"...mais tout de même pensons que dans l'état actuel des choses cela pouvait aussi bien arriver à Monsieur Philippe Bilger et nous l'aurions tous défendu et crié au complot"
Je pense effectivement que nous aurions été abasourdis, et que nous aurions défendu spontanément, avec force et douloureusement, l’idée qu’une accusation d’acte criminel ne correspond pas à l’homme que nous lisons depuis des années.
"...que dans l'état actuel des choses cela pouvait aussi bien arriver à Monsieur Philippe Bilger... "
Là, sur cette portion de phrase, à mon avis, votre propos est plus discutable.
J'espère que nous aurons l'occasion de reparler de tout cela à la faveur d'un prochain billet de Philippe Bilger éventuellement consacré au traitement médiatique de cette affaire.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 07 juin 2011 à 07:09
Comme au cinéma et à la télé, on nous recycle du vieux pour faire du neuf.
Aucune idée nouvelle dans ces démontages stériles.
Rédigé par : Alex paulista | 07 juin 2011 à 05:15
"Pourtant combien d'adolescents ont-ils été intellectuellement nourris de cette "doctrine" ! Et par des enseignants qui ne voyaient pas plus loin que leurs cinq mois de congés annuels."
Deux petites remarques, Monsieur.
Ces adolescents gavés de Sartre n'ont pas, finalement, démérité.
Mais surtout, pourquoi colporter ces lieux communs éculés sur les enseignants obsédés par les vacances ?
Cela renifle un populisme qui donne un peu La Nausée.
Rédigé par : Frank THOMAS | 06 juin 2011 à 21:48
De Michel Onfray, j'aime son attachement à l'épicurisme et à l'atomisme, même si par provocation, il le nomme "hédonisme", ce que n'aurait avalisé ni Epicure ni le sombre Lucrèce.
Je respecte aussi son courage de jouteur, et j'admire sa critique solide de la religion en général et du christianisme en particulier.
Comme nombre de Français,j'ai du respect pour son engagement pédagogique à l'Université populaire de Caen et pour les conférences de vulgarisation de la philosophie dont il a eu l'idée, idée copiée par Luc Ferry récemment.
Je parlais plus haut de provocation, et cette dimension du personnage, séduisante en un certain sens, me paraît être précisément le défaut de sa cuirasse.
Son athéisme provocateur, inutilement agressif et finalement contre-productif, sa charge sanglante contre Freud me semblent procéder d'obsessions qui finissent - j'en ai plusieurs témoignages - par lasser ses plus fervents admirateurs.
Sartre a des faiblesses, nul ne peut, hormis ses thuriféraires patentés, le nier.
On sait depuis longtemps, sans qu'Onfray ait eu besoin de le révéler, que son attitude et celle du "Castor" durant l'Occupation ne furent pas exemptes de reproche, ce qui rend d'autant plus odieuse sa position à l'égard de Brasillach à la Libération.
On n'ignore pas non plus que bien des choses pourraient être dites sur la façon dont ils ont traité les jeunes filles qui passaient entre leurs mains.
On connaît son fanatisme aveugle durant la guerre d'Algérie et ses faiblesses pour les régimes dits populaires les plus sanguinaires
Il n'en reste pas moins que Sartre - et en ceci il rejoint Céline, qui le détestait tant - a été un bonhomme peu sympathique, mais un grand créateur.
Ce n'est pas au philosophe que je pense, mais à l'écrivain - quel beau livre, Les Mots ! - à l'homme de théâtre.
Onfray ne perdrait rien de son rayonnement en reconnaissant que les philosophes qu'il n'aime pas peuvent ne pas être que des baudruches ou des salauds injustement admirés.
Rédigé par : Frank THOMAS | 06 juin 2011 à 21:29
Véronique Raffeneau écrit :
"Merci au juge Obus d'avoir ainsi nettement refroidi les surexcitations et les nervosités de nos animateurs télé !"
Oui mais nos animateurs télé ont sorti leurs anciens clichés et les plus défavorables... ce n'est déjà pas un procès équitable car les jurés sont des êtres humains et leur opinion se fait aussi à partir de la publicité qui est faite à l'affaire. Tous les jurés VIRTUELS ont déjà leur idée sur l'affaire.
On ne se pose plus la question quant à l'innocence ou la culpabilité mais quel est le meilleur avocat, quelle est la meilleure plaidoirie, quel est le meilleur défenseur alors que les avocats eux-mêmes n'ont pas pris connaissance du dossier !
"THERE IS SOMETHING WRITEN IN THE KINGDOM OF JUSTICE... BUT WHAT???
Je ne suis pas une "fan" de D.S.K, mais tout de même pensons que dans l'état actuel des choses cela pouvait aussi bien arriver à Monsieur Philippe Bilger et nous l'aurions tous défendu et crié au complot. Alors pourquoi s'étonner que Monsieur Badinter le fit ?
Comment son avocat peut-il savoir comment plaider alors qu'il n'a pas pris connaissance du dossier ?
Et pourquoi cette comparaison avec Michael Jackson et autres...
Tout le monde s'interroge sur comment cela a-t-il pu advenir ?
Rédigé par : Duval Uzan | 06 juin 2011 à 21:07
J'ai eu la même réaction que vous.
Si j'aime la littérature (modérément : je préfère l'histoire), j'ai la plus grande méfiance envers les littérateurs. J'ai toujours le sentiment qu'ils peuvent écrire tout et son contraire et qu'ils sont sanguinaires, affectés du complexe de l'avorton commissaire politique, appelons cela le complexe de Sartre.
Jean Guéhenno, dans son journal des années noires, raconte son écoeurement devant le spectacle navrant des gensdelettres qui sont prêts à toutes les compromissions pour voir leur nom sur la couverture d'un livre en devanture des librairies.
Sur Sartre et Beauvoir, vous avez le cruel mais juste "Une si douce occupation", de Gilbert Joseph.
Le temps de Sartre et Beauvoir, c'était le temps des intellectuels avec un anneau dans le nez. Il en reste quelques-uns.
Rédigé par : Franck Boizard | 06 juin 2011 à 20:15
Onfray est, comme d'habitude, en retard d'une démystification. Baudelaire avait déjà brossé le portrait de Sartre.
http://lephilosophesansqualits.blogspot.com/2010/11/sartre-par-baudelaire.html
Rédigé par : Stirner | 06 juin 2011 à 20:01