Le populisme vient régulièrement nourrir la la réflexion collective et les débats politiques. Notamment en été quand l'actualité immédiate laisse du temps et permet une disponibilité de l'esprit. Les Entretiens de Pétrarque à Montpellier ont notamment été consacrés à ce thème (Le Monde).
Il est clair que le populisme, pour ceux qui ont pris l'habitude de le dénoncer, est devenu une manière commode de se placer du bon côté de la pensée - là où le peuple représente un concept acceptable. En dénigrant sa caricature, son image grimaçante que serait le populisme, ils se donnent, sans trop de peine, une image de parfaits et distingués républicains. Dans notre démocratie, cette insulte qui vise à discréditer l'adversaire offre l'avantage d'être une notion à la fois précise et vague de sorte qu'elle fait mal mais sans qu'on se sente obligé de l'expliciter. Ainsi, elle sert de critique fourre-tout qui prétend accabler par exemple aussi bien Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon et profite d'une impression générale qui laisse présumer une compréhension mais sans approfondissement.
Longtemps, on a pu considérer que le populisme était, pour la gauche, le peuple de droite, le peuple à laquelle celle-ci faisait volontiers référence non pas dans sa définition abstraite mais dans sa traduction concrète, quand les conservateurs ou même les libéraux, bien que plus réticents devant l'exploitation de cette mine démocratique, éprouvaient le besoin, contre les légitimités institutionnelles, de s'appuyer sur les évidences naturelles ou les arguments de bon sens - en tout cas allégués comme tels.
Il me semble que cette accusation visant à affirmer la droite propriétaire de la démagogie qui pour certains est au coeur du populisme a fait long feu. Précisément parce que son identité essentielle, qui est tout de même de jouer le sentiment populaire contre les élites à la fois arrogantes et déconnectées du réel, est partagée aujourd'hui par des personnalités et des courants qui, antagonistes sur le plan des programmes, se ressemblent à cause de leurs modalités d'expression. Il y a une volonté de parler "vrai" et même "brutal" qui apparaît dorénavant comme la revendication d'un "populisme" acceptable dont la finalité principale et, il faut le dire, souvent convaincante réside dans la mise en pièces d'un système officiel qui tiendrait serrés, dans un même désir d'étouffement républicain, médias, politiciens professionnels et profiteurs d'une démocratie plus apparente que réelle.
En ce sens qui n'est pas médiocre, on pourrait évidemment élargir le cercle et s'imaginer placer François Bayrou ou Nicolas Sarkozy, par certains traits de sa politique, de ses discours et de sa personnalité, dans cette catégorie des "populistes" honorables. Pourtant, à mon sens, ce serait une erreur intellectuelle que d'accomplir ce saut parce que ce qui les distingue l'un et l'autre dans un registre différent du populisme tel qu'on se plaît à le vilipender, c'est une double raison.
Pour François Bayrou, la dénonciation, si elle existe forte et argumentée - il est opposant - n'est de loin pas le seul mode d'expression de ses divergences avec le Pouvoir. A rebours, et c'est aussi une manifestation de cette même complexité, il ne promet pas non plus monts et merveilles pour demain. Le populisme vulgaire oscille entre dénigrement systématique et utopie.
Quant à Nicolas Sarkozy, il est à l'abri d'un reproche global de populisme précisément parce qu'un président de la République est confronté au réel, doit proposer des actions, entreprendre, réagir et, grâce à ces démarches qui contraignent à une lucidité minimale, est certain d'échapper à cette facilité du "il n'y a qu'à" qui caractérise le sommaire, le confort et l'irresponsabilité de la revendication populiste.
Le risque pour l'avenir, c'est que, pour expulser le populisme mauvais, on fasse fi du peuple bon et que pour discréditer des vérités trop douloureuses à entendre, on les déclare inspirées par le populisme quand elles ne le seront que par l'exigence républicaine de donner sa juste place à la parole du peuple.
A chaque fois que quelqu'un, aujourd'hui, se verra taxé d'être populiste, il faudra demander à voir.
JE ME DEMANDE POURQUOI PERSONNE NE PARLE DE LA REVENDICATION D'UN MOUVEMENT ISLAMISTE DANS L'ATTENTAT D'OSLO.....
Rédigé par : tchatchio | 27 juillet 2011 à 19:38
Michelet rapporte qu’on demanda un jour à Mirabeau, qui se gargarisait volontiers avec le mot « peuple », quelle acception il donnait à ce terme, celle de plebs (le peuple de la rue) ou celle de populus (le peuple souverain) ? Peu importe en l’occurrence la réponse de Mirabeau pour se sortir de l’équivoque. Ce qui est intéressant, c’est qu’aujourd’hui encore les gouvernements occidentaux dits démocratiques continuent de jouer sur cette équivoque constitutive, laquelle faisait déjà dire à Rivarol, hostile mais lucide, qu’en démocratie « il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer : 1. que la souveraineté réside dans le peuple ; 2. que le peuple ne doit jamais l’exercer ».
Alain Accardo
La seule solution pour instituer la vraie et seule démocratie (demos=peuple, kratos=pouvoir) a été inventée par les Grecs de la cité d'Athènes, il y a 2500 ans. Ayant constaté que les élections mènent, par le biais d'une classe de politiciens professionnels, inéluctablement à l'oligarchie, ils ont élaboré le système basé sur l'isegoria, dont la clef de voûte est le tirage au sort, vous savez, comme pour les jury d'assises... mais dans ce cas pour les fonctions dirigeantes de la société...
Renseignez-vous, vérifiez... et tirez vos propres conclusions !
Rédigé par : Fillatre Gilbert | 24 juillet 2011 à 23:36
« La première forme du populisme est la démocratie », formule attrayante de Patrique, mais fausse : la démocratie n’est en effet pas le pouvoir au peuple, mais à une multitude. En démocratie athénienne, le pouvoir est aux mains d’une partie seulement du peuple : les citoyens.
La démagogie consistera à flatter la multitude qui n’est pas forcément le peuple. Elle est notamment pratiquée de nos jours pour être l’élu d’un parti politique.
Le populisme est donc la démagogie adressée à l’ensemble du peuple, mais si on entend par là « toute la bassesse du peuple », il ne s’agit plus du peuple, mais de la foule.
Alors qu’est-ce qui distingue la foule du peuple ? Sachant que dans une multitude seul le mauvais se cumule, nous dirons que la foule, c’est le peuple irraisonnable animé par ses instincts, alors que le peuple, c’est la foule qui, au repos raisonne en s'alignant sur les plus ignorants. La foule oscille entre la bestialité et l’héroïsme des imbéciles, le peuple oscille entre la bêtise et l’égoïsme.
La bonne formule serait alors celle qui se dégage des propos de Franck Boizard « le populisme est l’insulte utilisée à l’encontre de celui qui manipule les foules mieux que soi ».
J'affinerai en disant que le populisme est l’art de manipuler la foule en lui faisant croire qu’elle est un peuple parce que c’est le bon et non le mauvais qui se cumule au sein de sa multitude.
Ceci dit, je rappellerai encore une fois que l’essence du pouvoir royal est dans celui que le fils reconnaît au père - ce qui n’est évidemment pas à la portée du peuple.
Rédigé par : Xavier Nebout | 24 juillet 2011 à 15:30
@Surcouf
« Le peuple dites-vous ? mais beaucoup ne savent même plus ce que ce mot veut dire. »
Je crains que le peuple ne soit devenu la somme d’individualités qui ne voient que leurs propres intérêts. Mais je ne pense pas, contrairement à ce que certains pourraient laisser entendre que cela soit le fait du multiculturalisme, mais uniquement un comportement « naturel » propre à la nature humaine dans un monde où la solidarité n’est plus guère sollicitée.
Rédigé par : Achille | 24 juillet 2011 à 10:50
@ Yves
Ce que je sais des attentats de Norvège, je le lis dans les journaux comme vous.
Et la conclusion que je tire est que le fanatisme nationaliste n’a rien à envier à celui du terrorisme islamique. Même endoctrinement, mêmes méthodes aveugles, même folie meurtrière.
Tant que des mouvements sectaires seront là pour propager ce genre de doctrine malfaisante, l’humanité ne connaitra pas la paix.
Rédigé par : Achille | 24 juillet 2011 à 10:25
Bonjour Monsieur,
Il semble bien que vous ne fassiez pas l'unanimité. Je suis pourtant convaincu que vous avez raison. Il faudra y regarder à deux fois désormais.
De mon côté, lorsque j'entends des journalistes ou des politiques résumer des déclarations par le mot "populisme" je n'y vois que paresse intellectuelle et souvent manque de courage. A mon tour, la démagogie que j'y vois, le consentement à tous les défauts du système pour éviter de s'en faire écarter, pour conserver la parole, m'apparaît comme pire encore.
Populisme, populace : est-ce la même chose dans l'esprit de nos moralisateurs délégués au maintien de la pensée dictée ?
Je le pense.
Deux classes de pensée, d'un côté une aristocratie de l'esprit, de l'autre le tiers état de la médiocrité intellectuelle.
Savez-vous ce que ces gens vont dire de ce commentaire ? Comme à l'habitude à bout d'arguments, ils vont dire : "hou le vilain populiste".
Eh bien soit, je refuse toute domination et tout diktat et je veux penser par moi-même.
Rédigé par : jmestries | 24 juillet 2011 à 10:11
@Achille
"Pauvre peuple balloté entre deux obédiences qui le méprisent".
Je ne crois pas qu'il n'y ait que deux obédiences. Je ne pense pas qu'il y ait du mépris mais de la compétition exacerbée voire de la haine car il n'y a pas de place pour tous le monde tout en haut de l'édifice et c'est le pouvoir qui les fait courir, le pouvoir et ses avantages.
Le peuple dites-vous ? mais beaucoup ne savent même plus ce que ce mot veut dire.
Rédigé par : Surcouf | 24 juillet 2011 à 09:27
Ce n'est pas exactement le week-end pour débattre du soi-disant "populisme norvégien", de ses origines, des intentions politiques se cachant derrière cette imbécillité intellectuelle. Profitez-en pour justement réfléchir sur la part de cause de l'utilisation de cette expression dans les attentats monstrueux de vendredi dernier.
Rédigé par : vox_populi | 24 juillet 2011 à 01:58
Monsieur Bilger,
Le temps est peut-être venu pour vous de songer à prendre quelque repos.
Certains parmi vos fidèles lecteurs - sbriglia, phineus, Epaminondas - trouvent que vous devenez abscons, bien que, pour mieux frapper les esprits, victimes éventuelles de la canicule, vous n'hésitiez pas à verser dans un certain populisme orthographique, en confondant les genres et les modes:
1- "...dans un registre différent du populisme tel qu'on se plaît à la (le) vilipender..."
2- "...quelqu'un, aujourd'hui, se verra taxer (taxé) d'être..."
Rédigé par : Djinn | 24 juillet 2011 à 00:44
Zapping sur le thème "Mélenchon = populiste" :
http://www.dailymotion.com/video/xjr5nf_zapping-melenchon-populisme_news
Rédigé par : chaton-garou | 23 juillet 2011 à 21:19
@ Achille
Et que savez-vous des attentats de Norvège, monsieur Achille ?
Vous verriez un inconvénient à ne pas sauter à la conclusion trop tôt ?
Rédigé par : Yves | 23 juillet 2011 à 20:38
Et que pensez-vous du populisme en Norvège, monsieur Bilger ?
Rédigé par : Achille | 23 juillet 2011 à 19:23
@ JDR
Excellent commentaire. J'ai bien ri à la fin sur les prénoms.
Ce style de propositions fait moins rire quand elles sont appliquées. Nicolas Sarkozy nous a vanté l'immigration choisie, sans rien faire pour faciliter la venue de profils spécifiques. Puis les délais pour valider un visa sponsorisé sont passés de un mois à un an. Enfin on l'a vu pérorer à la télé pour exiger que les immigrants parlent déjà français et pester contre le regroupement familial.
Résultat: un collègue new-yorkais qui envisageait de s'installer à Paris a jeté l'éponge. Il pensait s'y installer trois ans avec sa femme, y apprendre le français petit à petit et, pourquoi pas, y faire des enfants et y continuer sa vie. Au bout d'un an il a jeté l'éponge: visites régulières pour renouveler le récépissé, il commençait à peine à pouvoir être payé par le bureau parisien et entrevoyait les difficultés pour sa femme qui ne parlait pas bien français et ne pourrait pas travailler.
Alors que moi, pour aller à NY je peux avoir un visa L2 et ma femme peut y bosser.
Mais le filtre d'immigration en France marche à l'envers. Tout donne l'impression que c'est fait exprès pour favoriser une immigration illégale mais tolérée issue des anciennes colonies, constituée de petites gens corvéables et expulsables à volonté.
Rédigé par : Alex paulista | 23 juillet 2011 à 17:56
Bon, on va demander aux Norvégiens ce qu'ils en pensent du populisme.
Et puis on attendra les trouducuteries de Catherine Jacob sur le Japon et son populisme qui conduisit au sac de Nankin. Et puis, on ira à la plage.
Rédigé par : Savonarole | 23 juillet 2011 à 17:01
Si après ce billet, le "peuple" comprendra ce qu'est le populisme, alors chapeau bas !
Rédigé par : anardon | 23 juillet 2011 à 15:06
Franck Boizard,
Ah ! si vous saviez ! quel n’a pas été mon soulagement à la lecture de votre réponse.
J’étais pourtant convaincu que vous aviez découvert, toutefois sans en expliquer aucunement les origines, la « prolophobie » de la gauche. Vous savez que vous m’avez fait très, très peur ?
Mais vous me rassurez : « même le think-tank strausskahnien Terra Nova en parle ». Ah, bon…
Grâce à vous, tout s’explique.
Quelle est la date de votre prochaine conférence?
Rédigé par : Christian C | 23 juillet 2011 à 14:45
La forme la plus connue de populisme est la démocratie.
Or, il y a toujours eu des adversaires de la démocratie, donc du populisme.
Actuellement nous vivons dans un régime aristocratique où une oligarchie s'est arrogée le pouvoir réel. On l'a vue à l'oeuvre, notamment, lors du "coup d'Etat parlementaire" de février 2008. Nouveau coup d'Etat organisé par les parlementaires français après celui du 10 juillet 40.
Seuls les ennemis de la démocratie considèrent que populisme serait péjoratif.
L'avenir est clairement à la démocratie semi directe à la Suisse, où le peuple reste souverain en permanence et peut, quand il le souhaite, abolir une loi votée par le Parlement.
La démocratie directe étant impossible dans un grand pays et la démocratie représentative, avec ses dérives aristocratiques, étant dépassée chez un peuple éduqué.
Rédigé par : Patrique | 23 juillet 2011 à 14:00
Monsieur,
Est-ce moi qui suis fatigué : je n'arrive pas à lire ce que vous voulez dire, ou est-ce vous : vous n'arrivez pas à l'écrire ?
Rédigé par : phineus | 23 juillet 2011 à 13:57
@ Jean-Dominique Reffait
Une petite précision, mais qui a son importance, dans son expression bien connue, ce ne sont pas les élites que vise Mélenchon, mais les oligarques. C'est-à-dire ceux qui, du haut de leur puissance financière imposent leur loi à nos élus. Il est révélateur que des banquiers, c'est-à-dire les représentants d’intérêts privés, aient participé à la réunion au sommet sur le problème grec et donc le problème de la zone euro.
Comme Mélenchon est parmi les plus accusés de populisme, je joins ce lien qui permettra de juger sur pièce. D’aucuns détecteront le mépris du peuple et la langue de bois. On ne se refait pas.
On peut aller directement en bas de page pour visualiser la vidéo d’ensemble.
http://www.bastamag.net/article1666.html?id_mot=30
Et pour ceux qui ont le courage ou l’honnêteté de se confronter à une vraie réflexion politico philosophique pour sortir des postures préfabriquées, je conseille la lecture du livre de Frédéric Lordon « Capitalisme, Désir et servitude, Marx et Spinoza ».
Rédigé par : Claude L | 23 juillet 2011 à 13:18
@ Achille
Oui, c'est ainsi.
Je pense que le problème de fond est celui de l'homogénéité : quand l'homogénéité raciale, sociale et culturelle est perdue, il n'y a plus un peuple mais des peuples.
On peut se demander si le peuple français existe encore.
Et pour gouverner des peuples divers, il faut non plus une démocratie mais un empire, avec son élite impériale, qui a le mépris facile.
Bien sûr, nous conservons pour la parade les formes de la démocratie, mais dans la réalité, certaines idées, fort populaires, sont exclues du débat, parfois même par la loi. Alors est-on démocratie ? Je ne le crois pas.
Rédigé par : Franck Boizard | 23 juillet 2011 à 13:18
@ Christian C.
Je n'ai pas découvert la «prolophobie» de la gauche. C'est tellement avéré et connu que même le think-tank strausskahnien Terra Nova en parle.
Maintenant, si vous ne voulez pas voir, c'est votre affaire.
Rédigé par : Franck Boizard | 23 juillet 2011 à 13:04
Bonnes vacances Sbriglia et n'oubliez pas de revenir.
Rédigé par : adamastor | 23 juillet 2011 à 12:56
Je m'étonne encore de vous voir, M. Reffait, faire autant de tapage autour d'un président qui n'existe pas.
Bas les masques. Parlez du programme de votre candidat chéri, que l'on puisse enfin discuter sérieusement.
Je sais déjà ce que vous allez me répondre : "Nous ne sommes pas sur un forum et ici ce n'est pas le bon endroit pour discuter programme".
Ici, pour vous c'est l'anathème á toutes les sauces. Ca oui, c'est autorisé.
Pour vous, grand Mamamouchi, admirateur sans aucun doute de Weishaupt rien n'est interdit.
Dommage.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 23 juillet 2011 à 12:36
Monsieur Bilger, je suis perplexe.
A voir avec quelle légèreté vous dédouanez le président Sarkozy de tout populisme, j’hésite entre la fatigue, la paresse ou la complaisance.
J’opterai pour la fatigue, les deux autres options me paraissent inconcevables, tant elles sont à mille lieues de ce que vous professez à longueur de billets.
Rédigé par : Epaminondas | 23 juillet 2011 à 11:44
Du pain et des jeux...
Le problème c'est que le premier vient à manquer et que le second n'amuse plus grand monde, sauf l'heureux gagnant d'euro million qui fait des jaloux parmi les députés UMP qui voudrait lui ratiboiser ses gains...
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 23 juillet 2011 à 11:12
Franck Boizard,
Quand je lis sous votre signature : "Quand un gauchiste use de "populiste" comme une insulte, il pense en réalité populaire (traduisez "franchouillard", "beauf", en novlangue de gauche. "Populaire" en novlangue de gauche veut dire "immigré").
Pourquoi ? Parce que la gauche méprise le peuple."
je me sens immédiatement convaincu de votre longue - et profonde - imprégnation au sein du peuple de gauche. Ca sent le vécu. Pour mieux étayer votre démonstration, vous ajoutez - finement - d’ailleurs : « "Populiste" est l'insulte de ceux qui sont dans le schéma de pensée léniniste ». Ben tiens !
Rédigé par : Christian C | 23 juillet 2011 à 10:52
A la recherche d’une définition un peu étayée du « populisme », tant ce mot est accommodé à toutes les sauces, y compris par notre hôte, j’ai pu trouver celle-ci, incomplètement restituée, extraite de « Le dictionnaire historique et géopolitique du 20e siècle », chez La Découverte/Poche, sous la direction de Serge Cordellier.
« Populismes: la notion de populisme trouve ses origines dans la doctrine du narodnitschevo (de narod [peuple] et narodnik [populiste]) qui apparut après 1870 au sein de la Russie impériale : elle désignait alors un mouvement de retour de l’intelligentsia vers le peuple afin de l’aider et de l’instruire, mais aussi d’apprendre à son contact…
Cette pré-histoire donne déjà la mesure du populisme : extensif, interclassiste, mêlant conservatisme et vision révolutionnaire, teinté d’anti-intellectualisme, de méfiance à l’égard de l’étranger, de flou idéologique et surtout d’idéalisation du peuple, porteur en même temps de bon sens et d’une tradition millénaire dont il convient de ne pas se couper. En cela, le populisme est en même temps composite et fortement simplificateur…
Cette crise des médiations politiques conduit le populisme vers l’exaltation de vertus qu’il peut aisément leur opposer : nationalisme, voire xénophobie, unanimisme, syncrétisme, mais parfois aussi méfiance à l’égard des minorités qui divisent, culte du chef et de son entourage qui rassemble, protectionnisme et interventionnisme face au « capitalisme cosmopolite » sur le plan économique… »
Cette mise en perspective a pour moi le mérite de fixer quelques repères à ce populisme que l’on brandit en toute occasion pour remettre la patate chaude dans les mains de la partie adverse face à la première difficulté.
Aussi ne suis-je pas surpris de lire sous la plume de l’avocat général : « Il me semble que cette accusation visant à affirmer la droite propriétaire de la démagogie qui pour certains est au coeur du populisme a fait long feu. »
Nous y voilà !
Tout ce galimatias pour nous dire qu’il y aurait autant de « gros cons » à gauche qu’à droite, surtout du côté des extrémités ?
Quand commençons-nous à les dénombrer ensemble, Monsieur l’avocat général ? Je prendrais bien quelques paris.
Quoi qu'il en soit, le décompte achevé (objectif irréalisable), nous nous sentirons alors la conscience tranquille pour reprendre notre sieste ?
Rédigé par : Christian C | 23 juillet 2011 à 10:34
@ Franck Boizard
"La gauche qui méprise le peuple."
"La droite qui fait valoir sa légitimité de droit divin, aujourd'hui figurée par la présomption de compétence technicienne."
Pauvre peuple balloté entre deux obédiences qui le méprisent.
Pas étonnant que de plus en plus d’électeurs se détournent de la politique pour se réfugier dans un comportement corporatiste avec pour tout principe « chacun sa m.... »
Eh oui, on en est là.
Rédigé par : Achille | 23 juillet 2011 à 09:02
Quelque rétréci que l'on ait le cerveau, il ne faut pas être grand clerc pour concevoir que le populisme ne s'appuie pas tant sur la défense du peuple que sur le discrédit des élites et qu'il est, à cette aune, assez bien partagé à droite ou à gauche. Au "tous pourris" de Marine Le Pen répond le "Qu'ils s'en aillent tous" de Mélenchon, qui ? Mais les élites bien sûr, les crânes d'oeufs, les énarques, les intellectuels, toutes ces têtes trop pleines de la complexité du monde. Tout ce qui pense est hostile au populisme et le peuple lui-même quand il pense : c'est bien la démonstration historique que nous donnent à voir les régimes autoritaires fondés sur les simplismes populistes, l'anéantissement de la pensée et la soumission finale du peuple. Il n'y a pas de bon populiste et l'usurpation sémantique ne doit pas faire oublier qu'il n'y a pas pire ennemi du peuple que le populisme.
Il est de bon ton d'imaginer que le populisme, en rejetant la complexité du monde et la pensée qui l'accompagne, se rapproche du peuple qui, de par sa nature réputée ignorante, ne serait guère capable de comprendre qu'un discours réduit aux slogans. Parce qu'on ne veut voir que du bon sens là où il n'y a que rouerie, on affirme sans trop y croire que le populiste pose les bonnes questions mais apporte les mauvaises réponses. Mais si les peuples étaient à ce point inintelligents, il n'y aurait jamais eu, dans les démocraties, que des gouvernements populistes : tel n'est pas le cas, tel n'est jamais le cas ! Le peuple s'amuse du populiste comme d'un histrion, il en use parfois pour secouer la torpeur des démocraties ronflantes, une émeute par ci, un sondage par là, mais au final, dans l'isoloir, la majorité des citoyens, face à son véritable bon sens, ne confie pas les clés aux tribuns dont le projet politique tient en trois formules amusantes, séduisantes mais vaines.
Vous allez un peu vite en besogne, Philippe, en rangeant l'utopie politique dans la basse-cour populiste, cela n'a rien à voir. Le populiste prétend résoudre immédiatement chaque problème par une solution simple déconnectée des conséquences collatérales. Interdire les licenciements, pour prendre une bêtise de gauche, revient à interdire l'embauche, mais le populiste s'arrête à la première affirmation, les conséquences passent à l'as. L'utopie ne renie pas la complexité et, quand bien même serait-elle immédiatement irréalisable, elle jette les bases des évolutions futures. Notre société européenne actuelle, avec ses protections et ses droits, résulte directement de morceaux d'utopies anciennes.
Et vous atteignez la vitesse supersonique lorsque vous exonérez N. Sarkozy de la tare du populisme parce qu'étant aux commandes, il serait confronté au réel. Mais en faisant tout l'inverse de ce qu'il annonce à grand tapage, il est dans le populisme le plus immédiat : une politique populiste, ça n'existe pas, inutile d'essayer de la concevoir, le populisme est un mensonge cynique qui vise à gratter les démangeaisons sans soigner le prurit et en entretenant la détestation du médecin véritable trop savant. Combien d'annonces sécuritaires, combien de "travailler plus pour gagner plus", combien de Kärcher promis, combien de "Moi vivant, GDF ne sera jamais privatisé" tout en moquant les intellectuels et Madame de Lafayette, et j'en passe tellement, pour, au final, accoucher d'une France épuisée de gesticulations stériles, avec des effectifs de police en baisse, une industrie à genou et un peuple dont les deux tiers ne veulent plus de lui. Avez-vous bien ri avec "l'Etat irréprochable" ? Il est l'archétype du populiste cynique qui ne fait jamais ce qu'il dit et ne dit jamais ce qu'il fait. Il est parvenu à s'imposer à la faveur d'un malentendu : une famille politique respectable avait choisi un candidat qui l'était beaucoup moins.
Pour terminer, une des dernières saillies de Marine Le Pen m'a procuré une joie sans mélange : désormais, il faudrait que les prénoms de tous les enfants soient puisés dans le calendrier. Bravo ! Bonne nouvelle ! Nous voici débarrassés des Kevin et Jennifer. Et bienvenue aux Ahmed (Saint Ahmed le Calligraphe, fête le 3 mai) et aux Habib (Saint Habib, diacre à Edesse, fête le 27 mars). Comment ? Ça n'était pas le sens de la proposition de Marine Le Pen ? Le populisme joue de bien vilains tours !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 23 juillet 2011 à 03:28
J’adhère à la tonalité générale de votre note mais je m’interroge sur la notion également à la mode de « connexion au réel » par vous reprise.
Elle me fait penser, bien entendu, à Philippe Pétain et à sa formule « La terre ne ment pas. Elle demeure votre recours…»
Elle me fait également penser à l’expression du Président « Les commentateurs, ils commentent. Moi je suis du côté des acteurs, donc j’agis.»
Je ne peux, en me les remémorant, que les relier à la «praxis » que Sartre opposait à « l’hexis »…
La prochaine campagne électorale devrait, à n’en pas douter, nous donner des illustrations de cette opposition bien artificielle voire… « populiste ».
Rédigé par : Jeanne | 22 juillet 2011 à 22:16
Question : dans un pays qui est le Peuple ?
Qui peut être un leader populiste "qui
flatte les + bas instincts" ?
Comment peut-on appeler ceux et celles
qui ne se considèrent pas comme faisant
partie du Peuple d'un pays ?
Y a un moment il faut savoir à qui on
s'adresse lorsque l'on n'est accompagné-é-
par cinquante motards !
L'aumône sociale et intellectuelle ça
suffit.
Le bon sens populaire contre le bon sens
du statut ! Allons-y : les paris sont
ouverts Madame Mary Preud'homme.
Rédigé par : calamity jane | 22 juillet 2011 à 21:39
"Populiste" est une insulte de gauche.
Quand un gauchiste use de "populiste" comme une insulte, il pense en réalité populaire (traduisez "franchouillard", "beauf", en novlangue de gauche. "Populaire" en novlangue de gauche veut dire "immigré").
Pourquoi ? Parce que la gauche méprise le peuple.
Il y a dans la pensée de gauche l'idée bien ancrée que ce "connard" de peuple est incapable de se guider lui-même, qu'il est crédule à toutes les mauvaises influences et qu'il faut donc nécessairement une avant-garde d'intelligents, d'éclairés (bien entendu, il s'agit des gauchistes s'auto-désignant comme le sel de la terre), pour lui éviter d'une main ferme de quitter le droit chemin (celui du socialisme, celui des lendemains qui chantent, évidemment).
"Populiste" est l'insulte de ceux qui sont dans le schéma de pensée léniniste où le pouvoir se prend en manipulant les masses. Traiter quelqu'un de populiste, c'est lui reprocher de trop bien jouer le jeu, d'être meilleur dans la manipulation des masses que soi, légitime détenteur du pouvoir et seul autorisé à manipuler les masses pour leur plus grand bien.
La droite (la vraie, pas celle des syndromés de Stockholm de la gauche comme NKM et Borloo) n' a pas l'habitude d'utiliser "populiste" comme insulte pour une raison simple : la droite n'est pas léniniste.
Pour elle, le pouvoir ne s'obtient pas en manipulant les masses. Il s'obtient en faisant valoir sa légitimité de droit divin, aujourd'hui figurée par la présomption de compétence technicienne.
Le vocabulaire est très important en politique, quelqu'un qui emploie à tout bout de champ "populiste", "républicain" et "citoyen" a des idées de gauche, même si il se proclame de droite.
Rédigé par : Franck Boizard | 22 juillet 2011 à 20:41
Bonjour Philippe Bilger,
« Le risque pour l'avenir, c'est que, pour expulser le populisme mauvais, on fasse fi du peuple bon et que pour discréditer des vérités trop douloureuses à entendre, on les déclare inspirées par le populisme quand elles ne le seront que par l'exigence républicaine de donner sa juste place à la parole du peuple. »
En somme, ce que vous voulez nous dire, monsieur Bilger, c’est que le populisme c’est comme le cholestérol. Il y a du bon et il y a du mauvais.
Il est vrai que depuis ces quatre dernières années les politiciens et notamment ceux qui sont au gouvernement, nous épargnent le langage ampoulé accessible seulement à « l’élite » énarchienne pour revenir aux phrases simples compréhensibles par « monsieur tout le monde ».
Sans doute l’effet de mimétisme envers le chef. Celui-ci utilisant un langage simple, on peut même dire « populaire » alors tout le monde s’aligne.
Mais entre le populaire et le populisme il y a une frontière qu’il faut éviter de franchir si l’on veut être crédible.
Rédigé par : Achille | 22 juillet 2011 à 18:22
Sarkozy, président de la République, est populiste quand :
- il se rend aux obsèques d'une victime d'un fait divers,
- il s'occupe de donner son avis sur le retard d'un TGV bloqué par la neige sous le tunnel sous la Manche, le jugeant "inacceptable",
....
Rédigé par : achtungbaby | 22 juillet 2011 à 16:34
Ayant lu et relu ce post, n'en saisissant pas la substantifique moelle, dans l'attente du commentaire éclairant de JDR et/ou de l'anti-commentaire de Laboca (au sens d'anti-matière), je réalise qu'il est temps de fermer boutique et de partir en vacances...
PS @adamastor : les grands esprits se rencontrent... je voulais faire un pastiche de "Mathilde est revenue", vous m'avez coupé la (mauvaise) herbe sous le pied !
Rédigé par : sbriglia rend les armes | 22 juillet 2011 à 15:56
La plupart des gens étant hostiles à l’élitisme et répugnant à prendre des risques alors que la vie est une aventure permanente, il est clair qu’ils se retrouveront davantage dans un leader populiste qui les rassure, flatte leurs plus bas instincts ou entretient leur immaturité, que dans un leader charismatique qui chercherait à les faire grandir, se prendre en charge et à exercer leur libre arbitre. C’est pourquoi ils confondent parfois ces deux notions, élitisme et populisme, dans le même homme censé être le sauveur qui règlera miraculeusement tous leurs problèmes et répondra à leurs attentes sans qu'ils aient eux-mêmes à s'investir si peu que ce soit.
Ce que de Gaulle (qui alterna lorsqu’il fut aux commandes entre élitisme et populisme) avait bien compris, qualifiant les Français tantôt de veaux, de braves couillons, d’hurluberlus ou de braillards porteurs de pancartes.
On est très loin de l’éthique de la liberté de Berdiaev ou encore de Jacques Ellul qui ont durablement influencé ma pensée. Ce dernier ayant brossé dans des dizaines d’ouvrages un tableau absolument prophétique de notre société actuelle, de ses peurs, de ses rejets et de ses dérives techniciennes et sociétales.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 22 juillet 2011 à 13:31
"A chaque fois que que quelqu'un, aujourd'hui, se verra taxer d'être populiste, il faudra demander à voir."
Alors, je passe !
Sissi !
Rédigé par : Cactus. | 22 juillet 2011 à 12:03