Si j'avais laissé ma vie judiciaire suivre son cours, j'aurais dû quitter la magistrature au mois d'août 2012.
Ce 3 octobre 2011, je vais rejoindre comme conseiller spécial - sans devenir moi-même avocat - le cabinet d'avocats d'affaires D'Alverny Demont & Associés. J'aurai pour principale mission de créer et de développer un Institut de la parole, projet que j'ai dans l'esprit depuis longtemps. Il s'agira de parole et non pas d'éloquence - qui n'est qu'une modalité de la parole en public. La parole me passionne parce qu'elle représente l'outil privilégié de la communication humaine et que sans elle il y a des solitudes, des détresses, des incompréhensions, une mise à distance obligatoire d'autrui qui créent des ravages et du malheur (Libération, le Figaro Magazine).
Ce qui m'a déterminé à changer d'orientation n'est rien d'autre que le coup de foudre de l'amitié. La certitude que ce nouvel espace va me donner ce que parfois j'ai été contraint de conquérir ou d'arracher. Surtout, une paix anticipée m'envahit, faite d'une confiance réciproque et d'une légitimité qu'on ne s'acharnera pas à contester à chaque seconde. Hier, je devais me justifier. Demain, je n'aurai plus qu'à justifier ce dont on me crédite.
A plusieurs reprises j'ai répondu à des interrogations inquiètes, à des sollicitations amicales qui s'alarmaient de ce changement de cap après quelque quarante années de magistrature et environ vingt années comme avocat général à la cour d'assises de Paris. Ce n'est pas rien. C'est une part importante d'existence, mais qui ne constitue pas une totalité à soi seule, elle appelle l'avenir, rêve d'être complétée et est pressée de s'incarner ailleurs, dans un autre monde à la fois semblable au premier mais différent grâce aux moyens de persuasion, d'influence et d'action qui me seront dévolus. Au risque de choquer ceux qui attendent toujours qu'on se penche sur son passé au point de s'y engloutir et de faire fi du futur, je n'éprouve ni regret ni mélancolie ni ressentiment. Mais enthousiasme et espérance. Il ne s'agit pas d'une rupture, il s'agira, j'en suis convaincu, d'une ascension. Ce qui compte tient peu aux lieux qui vous accueillent, palais ou cabinets, mais à la fidélité qu'on se doit à soi-même et qui ne vous fait paraître nulle part étranger ou décalé.
Au moment où on emprunte un autre chemin après un parcours déjà long, rien ne serait pire que l'amertume qui viendrait souiller ce qui a été et polluer par avance, par contagion, ce qui adviendra. A rebours, rien ne serait plus ridicule qu'une sorte d'optimisme béat qui refuserait de se poser des questions sur demain et, plus généralement, sur les valeurs qui ont structuré ma carrière hier et celles qui fonderont cette nouvelle aventure.
Ce qui m'a rassuré d'emblée dans la nature de cette bifurcation est qu'elle ne va pas porter atteinte à une cohérence des principes auxquels, malgré mon imperfection, j'ai essayé de toujours me tenir. Quitter la Justice de la magistrature pour aborder les rivages qui me sont promis ne va pas m'éloigner de ce à quoi j'ai toujours cru, de ce pour quoi à tort ou à raison, avec maladresse ou force, je me suis sans cesse battu mais, au contraire, continuera à me tremper à une source identique qui est l'écoute d'autrui, le respect du dialogue, la liberté intellectuelle et l'exigence d'équité. Que ces facteurs fondamentaux ne soient plus inscrits dans un discours et une pratique judiciaires proprement dits ne changera rien : ils demeureront, où que je sois et dans ce cabinet évidemment, comme d'invisibles mais déterminants repères, ils assureront à ma conduite demain comme ils l'ont fait hier, une ligne et une constance. Cette continuité sera d'autant plus maintenue que j'ai refusé - en plein accord avec mes amis - de devenir avocat, ce qui n'obérera sur aucun plan la solidité et la fiabilité de mon rapport avec la vérité et sauvegardera symboliquement ce que la fonction d'avocat général a apporté d'irremplaçable à mon existence.
Comment aussi, dans cette atmosphère politique imprévisible et ce climat démocratique déboussolé, ne pas me féliciter (sans offenser quelque retenue que ce soit ni insulter la délicatesse que même un magistrat honoraire se doit de ménager) de pouvoir exprimer, de l'autre côté mais sans être prisonnier de celui-ci, satisfactions, récriminations, indignations ou stupéfactions ? Quelle qu'ait été l'élasticité de la notion d'obligation de réserve, grâce à Nicolas Sarkozy qui a libéré toutes les paroles officielles des carcans qui les entravaient - il faut lui en rendre grâce et ce n'est pas par hasard que deux procédures disciplinaires à mon encontre ont fait fiasco -, il m'aurait été difficile, voire impossible dans un tel contexte de ne pas choisir entre un silence imposé ou une liberté totale. Le mi-chemin n'aurait plus représenté une démarche, un compromis acceptables. Il aurait convenu que j'arbitrasse entre le tout et le rien.
Dans ces conditions, ce blog ouvert au mois de novembre 2005 va évidemment continuer à être nourri de mes billets et de vos commentaires. Les uns sont indissociables des autres puisque j'ai considéré - et mon expérience de presque six années ne m'a jamais démenti - qu'une idée se définit d'abord par la possibilité de la contredire. Un blog placé sous le signe de la liberté d'expression se doit, sauf dans des circonstances exceptionnelles, de pousser jusqu'à ses extrêmes limites ce bonheur, cette ivresse même, de tout dire. Jusqu'à l'outrance parfois, et même jusqu'à l'approbation dans les meilleurs moments !
Savoir si je vais m'abandonner ou non à ma passion de l'analyse politique puisque, théoriquement, je ne suis plus ligoté par rien, constitue en réalité un faux problème. Je continuerai à inventer mes posts au gré de mes humeurs, de mes révoltes et de mes admirations. Si la politique s'en mêle partiellement ou totalement, tant mieux. Je récuse en tout cas un système qui m'imposerait, pour profiter abusivement de mon autonomie, de tomber dans le partisan et d'avoir tellement peur de l'heureuse imprévisibilité de l'intelligence que je m'efforcerais, contre toutes les évidences, de tenir une ligne et me figer dans l'immobilité de l'esprit. Ce serait ne plus rien penser que de penser à partir d'une position fixe et à la tonalité immuable.
J'ose, pour terminer, relever que dans l'immense champ médiatique, ce blog, grâce à vous tous et à ce que ma subjectivité vous offre, constitue une lumière modeste mais indéniable. Limitée par rien d'autre que par la volonté de ne jamais accabler les faibles, audacieuse et fière de s'en prendre aux puissants qui déméritent, au pouvoir qui s'égare, glissant là où les médias officiels ne vont pas ou ne restent pas, dénonçant les ridicules même de ceux qui font la pluie et le beau temps, heureuse de défendre jusqu'aux adversaires respectables, sans complaisance ni détestation systématiques. Il serait inconcevable que demain cette entreprise salubre ferme sa porte.
Avec ce passé intense qui m'a, chaque jour, insufflé l'exaltation de servir et de consoler, avec ce présent enrichi d'hier et tendu vers demain, avec cet avenir riche de promesses, je me projette.
La nostalgie attendra.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait @ oursivi | 08 octobre 2011 à 01:18
Cher Jean-Dominique,
Vous m'obligez à relire et à voir si des fois, en effet, je n'eus dû intégrer le bien justement célèbre "la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde", lisant, probablement trop vite, le texte de notre Philou préféré, celui toujours en cavale de ses propres intérêts et des sociales obligations auxquelles il contrevient avec style et tempérament, lui souhaitant là tous, n'en doutons point, qu'il continue cette fuite en avant dans son après et sans apprêt.
Ouais... bof, j'ai déjà fait mieux ; pas facile de se coltiner la tâche de devoir répliquer à
"Rien n'y est simple, les questions s'entrechoquent, les paradoxes guerroient, des désirs contraires s'y expriment et je nous défie collectivement de pouvoir ramasser aussi précisément les débats intimes d'une vie entière."
qui met une pression certaine...
Sacré JDR, toujours aussi bon.
BàV
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 12 octobre 2011 à 17:38
La retraite d'un magistrat, au surplus accusant une certaine ancienneté, est-elle si maigre qu'il lui faille jouer les prolongations dans le droit des affaires ?
Rédigé par : Kossigan | 11 octobre 2011 à 18:21
Oursivi, pourquoi dire que rien ne change dans la vie de Philippe et dans son approche de la réalité qui, forcément, va prendre un autre tour ?
Ce billet est une charnière et, en connaissant un peu Philippe Bilger, on sait que son premier amour ce sont les mots, ceux qui expliquent, ceux qui évoquent l'indicible, ceux qui convainquent. C'est par les mots qu'il est entré dans la carrière de magistrat et si vous louez son style, vous admettrez qu'il n'est pas de pure forme et qu'il s'agit là d'un long apprentissage des pouvoirs des mots.
Pourquoi railler un billet qui dirait trop longuement des choses très simples alors qu'en vérité, je ne lui trouve aucune longueur, pas un mot de trop justement ? Rien n'y est simple, les questions s'entrechoquent, les paradoxes guerroient, des désirs contraires s'y expriment et je nous défie collectivement de pouvoir ramasser aussi précisément les débats intimes d'une vie entière.
Prenons garde, cher oursivi, que la dérision ou le simple désir de faire un bon mot ne traduisent notre trop légère lecture et ne désespère la sincérité qui est une fille très farouche, vite cachée devant les quolibets.
PS: Pardonnez-moi de réagir tardivement mais j'ai eu une grosse semaine de fou.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait @ oursivi | 08 octobre 2011 à 01:18
C'est du plagiat pur et simple. J'espère ne pas être traduit en justice ! Mais comme c'est exactement mon cas, alors pourquoi se gêner.
Bonjour M. Bilger
Bien que ne participant plus par manque de temps, je prends toujours celui de vous lire tous les matins avant mon quotidien et c'est un besoin, une sorte d'EPO mental ; aussi ai-je appris votre nouvelle orientation professionnelle. Je suis sûr que vous saurez vous y épanouir car votre talent n'est plus à démontrer et je vous souhaite bon vent et bonne chance. Mais surtout continuez à nous régaler avec ce site que je dévore tous les matins.
Rédigé par : pierre-alain germond | 06 octobre 2011 à 11:39
@Mary Preud'homme
Un magistrat ne doit pas dépasser une certaine mesure pour dénoncer publiquement les dysfonctionnements de la justice. Il est vrai que certains passent de très loin les bornes, mais cela ne peut que contribuer au désordre social. Un magistrat qui écrit que le président de la République l'a tué devrait être limogé sur-le-champ.
M. Bilger a manifestement respecté son devoir de réserve, mais il n'y est plus tenu.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 06 octobre 2011 à 11:18
J'aurais apprécié d'en savoir un peu plus sur l'Institut de la Parole et sa nécessité.
Une bonne nouvelle: ce blog "de qualité" continue malgré le changement de statut de son animateur.
Rédigé par : jack | 06 octobre 2011 à 00:29
Jolie mentalité Xavier Nebout !
Ainsi pour vous l'honnêteté et la loyauté consisteraient à attendre la retraite pour dénoncer à tour de bras (à tort ou à raison) les travers ou les errements que l'on aurait eu à connaître, sinon à couvrir, au cours de sa (longue) carrière ?
Rédigé par : Mary Preud'homme | 05 octobre 2011 à 23:21
@Jean-Marie Thiers | 03 octobre 2011 à 23:08
Vous ne savez pas ce que c'est qu'un Institut de la parole ?
Mais c'est tout simplement un cabinet de psychanalyste !
Rédigé par : Duval Uzan | 05 octobre 2011 à 21:12
Bref, tout cela pour dire que tout continue et que rien ne change...
C'est un peu long, M. Philippe.
Mais bon, comme nous pondez de jolies
"Ce qui compte tient peu aux lieux qui vous accueillent, palais ou cabinets, mais à la fidélité qu'on se doit à soi-même et qui ne vous fait paraître nulle part étranger ou décalé."
PB
formules finement structurées par votre excellente langue - et c'est une bien mauvaise qui vous le dit - vous serez donc acquitté.
Mais n'y revenez pas.
Huissiers, faites entrer le prévenu suivant, svp.
AO
Rédigé par : oursivi | 05 octobre 2011 à 17:17
@ Savonarole
Merci, je ne connaissais pas. J'ai trouvé et j'aime bien l'adaptation de Funeral De Um Lavrador. Roda Viva est bien aussi. Dans Ela desatinou l'arrangement illustre la folie, même si je préfère garder le côté sombre de cette chanson, qui est pour moi le pendant brésilien de "She's lost control" de Joy Division...
Pour ce billet sur l'Institut de la Parole, une bonne chanson serait Cálice [Calice / Tais-toi], sur la liberté d'expression.
Rédigé par : Alex paulista | 05 octobre 2011 à 16:10
@ Jean-Dominique | 04 octobre 2011 à 15:05
Monsieur Bilger, homme simple et catholique réellement pratiquant, n'a pas besoin d'une retraite qui lui permette de "se payer des safaris chez Sassou Nguesso" ou de "s'offrir un short présentable sur le yacht de Bolloré".
Il a juste besoin d'une retraite qui lui permette de vivre convenablement, c'est-à-dire de continuer à payer son loyer ou son crédit immobilier, d'honorer ses factures d'EDF et de GDF, de s'offrir parfois des vacances avec son épouse, d'inviter des amis dans des restaurants, d'acheter des livres pour toujours nourrir son esprit, etc.
Je ne suis pas dupe : je sais que Monsieur Bilger sera nécessairement mieux rémunéré par ce cabinet d'avocats d'affaires qu'il le fut par l'Etat lorsque celui-ci l'employa comme avocat général ; eu égard à la valeur de Monsieur Bilger (40 ans de magistrature, dont 20 ans dans les fonctions d'avocat général à Paris), on peut estimer son salaire mensuel près de 10 000 euros). Mais Monsieur Bilger n'a pas demandé à entre dans ce cabinet d'avocats, comme il le dit lui-même.
J'espère, comme vous je suppose, que dans le cadre de son Institut de la Parole, Monsieur Bilger ne se livrera pas à une activité de coaching en faveur de nos politiciens hexagonaux médiocres et de leurs amis dictateurs-prédateurs-criminels africains. Nous pouvons, vous et moi, lui faire confiance pour cela, car dans ses billets depuis juin-juillet, il a prouvé qu'il n'a rien à partager avec ces gens.
Rédigé par : LABOCA | 05 octobre 2011 à 12:54
Cher Monsieur Bilger,
Plutôt que vous adresser un discours aimable ressemblant à un éloge funèbre, je dirai : Vive le Bilger libre !
Nous devons en effet être nombreux à attendre votre libération du devoir de réserve, pour vous entendre dénoncer les travers de notre institution judiciaire.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 octobre 2011 à 11:57
Bonjour M. Bilger
Je fais partie de ceux qui prennent plaisir à lire vos billets, mais qui ne postent pas de commentaires, par manque de temps, et d'autres le font si bien.
D'ailleurs, j'en profite pour saluer également ces derniers, qui me font réagir, rire, hausser, froncer les sourcils, sourire.
Je suis heureux d'apprendre que nous pourrons continuer à vous lire.
Dans mon auto boulot dodo vous apportez un moment de réflexion, rafraîchissant, qui me sort de mon quotidien.
Je vous souhaite une bonne retraite.
Maxime.
Rédigé par : Maxime | 05 octobre 2011 à 11:54
Cher Monsieur,
Quel beau projet que cet Institut de la Parole !
Merci de nous en dire davantage et nous permettre de suivre !
Même si je n'interviens plus ici, un peu lasse d'y constater toujours les mêmes rivalités, disputes...
Je lis régulièrement vos billets sur Justice au Singulier mais aussi sur Marianne 2 et sur Le Plus du Nouvel Obs.
Bonne chance dans votre nouvelle aventure !
Fidèlement vôtre.
Rédigé par : Eugénie | 05 octobre 2011 à 08:40
@Alex paulista | 04 octobre 2011 à 20:31
Un grand merci pour les liens. Superbe.
Je vous conseille un album introuvable en France "Chico Buarque & Ennio Morricone" ( rien à voir avec la musique western). On y trouve :
1. Roda Viva
2. Samba E Amor
3. Sonho De Um Carnaval
4. Ela Desatinou
5. Nao Fala De Maria
6. Funeral De Um Lavrador
7. Mulher
8. Oumas E Outras
9. Quem Te Viu Que Te Ve
10. Nicanor
11. Tema Da Os Inconfidentes
12. Agora Falando Serio
Rédigé par : Savonarole@Alex paulista | 05 octobre 2011 à 07:37
Bonne nouvelle pour le blog cher Philippe.
(A part pour la webmestre qui pensait peut-être plier bagage?)
Deux jours après vos débuts, avez-vous encore le trac en vous rendant dans votre institut?
:-
Je vous souhaite beaucoup de fantaisie et création dans votre nouvel espace.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 05 octobre 2011 à 00:39
Bonjour M. Bilger
Bien que ne participant plus par manque de temps, je prends toujours celui de vous lire tous les matins avant mon quotidien et c'est un besoin, une sorte d'EPO mentale ; aussi ai-je appris votre nouvelle orientation professionnelle. Je suis sûr que vous saurez vous y épanouir car votre talent n'est plus à démontrer et je vous souhaite bon vent et bonne chance. Mais surtout continuez à nous régaler avec ce site que je dévore tous les matins.
Rédigé par : sylvain | 04 octobre 2011 à 22:19
"Seul le silence est grand. Tout le reste est faiblesse".
A. de Vigny (La mort du loup)
Ce n'est pas pour vous que je dis cela, M. Bilger.
Qu'on vous lise ou entende encore longtemps.
C'est pour "hameau dans les nuages" et ses paroles profondes sur les taiseux devenus loups, sur le silence assourdissant des trachéotomisés.
Et, puisque nous étions, dans une autre vie, "confrères de plume" sur Agoravox, M. l'Avocat Général, je me permets, nous qui savons manier mots et paroles, de vous dédier cette histoire vraie sur un taiseux qui hante ma mémoire, et pour qui j'avais écrit ici une de mes nouvelles : "Ne raconte pas ta vie".
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ne-raconte-pas-ta-vie-40843
C'est aussi dédié à Michel Neyret, un ami de 28 ans.
Sandro
Rédigé par : SANDRO | 04 octobre 2011 à 21:02
@ Savonarole
La saudade, comme dirait notre Chico national, c'est une naissance à l'envers, c'est une douleur lancinante dans le membre qu'on a perdu, c'est ranger la chambre d'un fils qu'on a enterré.
C'est un peu différent et, comme vous le suggérez, il ne faut pas en abuser plus de trente minutes.
Je vous en ai mis trois en lien. De la bonne.
Rédigé par : Alex paulista | 04 octobre 2011 à 20:31
Cher Monsieur Bilger, tous mes voeux vous accompagnent dans ce nouveau projet, auquel je ne comprends rien encore, mais ce n'est pas le sujet du jour.
Lecteur de votre blog depuis longtemps, et donc assez familier de vos opinions, sans toutefois parvenir à les anticiper toujours, j'attends avec grand intérêt de voir comment votre réflexion va évoluer, car vous allez changer. C'est la loi de l'environnement, la fonction crée l'organe.
Bonne chance.
Rédigé par : Catoneo | 04 octobre 2011 à 18:35
"Mes premiers adieux"... c'était un sketch du singulier Didier Benureau, comique atrabilaire.
Pour la nostalgie vous avez raison, c'est un truc pour russe ivre mort, ou pour un Portugais exilé qui chante sa "saudade", ou pour un jazzman noir qui pleure son blues. C'est sympa 30 minutes, montre en main. Au-delà c'est un supplice.
Pour l'Institut de la Parole, nous espérons qu'il y aura des cellules en nombre suffisant, les délinquants pullulent. Une suite présidentielle s'impose.
Rédigé par : Savonarole | 04 octobre 2011 à 16:24
Laboca "Vous n'avez pas rejoint ce cabinet pour de l'argent mais pour faire partager une expérience. A votre âge - les 60 ans largement passés, je suppose - on ne court pas derrière l'argent; vous n'êtes pas dans le besoin, car les avocats généraux perçoivent un traitement assez conséquent."
Un traitement assez conséquent, parlez pour vous ! Ce n'est pas avec la retraite d'un avocat général qu'on peut se payer des safaris chez Sassou Nguesso, il faut six mois de boulot pour s'offrir un short présentable sur le yacht de Bolloré, et Madame Pascale, vous croyez qu'il prenne la mutuelle chez Prada ? Mais bien sûr que c'est pour le pognon que Philippe va dans un cabinet d'avocats d'affaires, super façade l'Institut de la Parole, stages de prise de parole pour chef d'Etats exilés, la formule Hortefeux "Mais tais-toi, bon sang, tais-toi !", les promos pakistanaises "Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre" et bientôt les soldes Bettencourt "Une parole donnée, c'est un chèque encaissé".
Faire de l'argent, c'était bien le projet du président après son passage à l'Elysée ? Noter qu'au-delà d'un certain montant, on fait de l'argent, on ne le gagne plus, berk, ça fait pauvre. Alors un avocat général qui se goinfre la galette, applaudissons, le connaissant, il a déjà sa Rolex de 500 grammes au poignet.
Rédigé par : Jean-Dominique | 04 octobre 2011 à 15:05
Eh bien, je vous souhaite "bon voyage".
Rédigé par : bruno | 04 octobre 2011 à 13:49
J'ose ; tout simplement : "Merde !"...
Et toujours au plaisir de vous lire, vos réflexions m'ont amené souvent à réfléchir ou penser différemment, merci !
Rédigé par : Biardeau Richard | 04 octobre 2011 à 13:42
@hag | 04 octobre 2011 à 08:22
« A la retraite anticipée de la magistrature depuis 4 ans, je crois infiniment à la parole la vraie, au dialogue et pas aux monologues juxtaposés que sont souvent les plaidoiries devant un tribunal. »
Je trouve votre expression « monologues juxtaposés » extrêmement juste. Elle me fait penser aussi à ces conférences auxquelles certains viennent assister avec leurs questions pré-formulées dans la poche et sans rapport, si ce n'est par hasard, avec ce qu'ils seront censés avoir écouté et entendu.
Il est pourtant notoire, et cela vaut en particulier pour les séminaires fréquentés par un public fidèle, que l'écho de la parole crée de discours en questions une sorte d'interface, fil rouge spontané qui seul autorise, ou rend possible, de véritables et positives inter-réactions par lesquelles se produit une sorte de métamorphose. « La métamorphose ne se produit pas par la fabrication de termes nouveaux ou l'acquisition d'un autre vocabulaire. La métamorphose relève de notre rapport à la parole. » dit l’actuellement infréquentable Martin Heidegger, ou encore « Le discours de tous les jours est un poème ayant échappé, et pour cette raison un poème épuisé dans l'usure, duquel à peine se fait entendre un appel. » « La trouvaille a lieu quand le mot qui nomme vient vous interpeller. » et c'est tout à fait ce qui s'est produit, pour moi, avec ces "monologues juxtaposés", qui portent le masque du dialogue ou en ce moment surtout, du débat, politique, parce qu'il ne s'agit pas de "se parler", mais de vaincre en paraissant avoir raison.
Rédigé par : Catherine JACOB@hag | 04 octobre 2011 à 13:32
Moi aussi, je suis curieuse de savoir ce que cet Institut de la parole sera concrètement. Merci de nous donner plus de détails.
A la retraite anticipée de la magistrature depuis 4 ans, je crois infiniment à la parole la vraie, au dialogue et pas aux monologues juxtaposés que sont souvent les plaidoiries devant un tribunal.
Rédigé par : hag | 04 octobre 2011 à 08:22
Monsieur Bilger,
Je vous soutiens dans votre décision d'entrer dans ce cabinet d'avocats.
Vous n'avez pas déserté l'institution judiciaire, car vous y êtes resté quarante ans, sachant que légalement il ne vous restait que quelques mois pour faire valoir votre droit à la retraite.
Je ne dirai donc pas que vous avez cédé à cette nouvelle mode qui veut que d'anciens juges ou magistrats abandonnent le service public au profit du secteur privé, car vous serez toujours identifié comme un (ancien) magistrat.
Vous n'avez pas rejoint ce cabinet pour de l'argent mais pour faire partager une expérience. A votre âge - les 60 ans largement passés, je suppose - on ne court pas derrière l'argent; vous n'êtes pas dans le besoin, car les avocats généraux perçoivent un traitement assez conséquent.
C'est donc uniquement la passion de la parole et l'envie de donner aux plus jeunes qui vous ont animé dans cette décision de vous associer aux activités d'un cabinet d'avocats (d'affaires). La preuve en est que vous n'officierez au sein de ce cabinet d'avocats qu'en tant que Of Counsel (c'est le statut souvent demandé par les professeurs agrégés des facultés de droit, au sein des cabinets d'avocats, car ils ne souhaitent pas être identifiés à des avocats ; beaucoup d'éminents juristes ayant acquis leur notoriété en tant que professeurs, juges ou magistrats évitent d'être assimilés ensuite à des avocats, car ils estiment, à tort ou à raison, que dans l'espace public le plus exigeant le titre d'avocat est moins intéressant que celui de professeur, de juge ou de magistrat).
En cela vous êtes différent de, par exemple, ces nombreux jeunes membres du Conseil d'Etat qui, alors qu'ils venaient d'être élevés à la dignité de conseiller d'Etat ou de maître des requêtes, sont allés rejoindre des cabinets d'avocats dans lesquels ils ont pris la direction d'un département d'affaires publiques, souvent spécialement créé pour eux (je ne range pas parmi ces anciens membres du Conseil d'Etat le président Roland Vandermeeren qui n'a rejoint, il y a bientôt deux ans, le cabinet Gide Loyrette Nouel, qu'à quelques mois de sa retraite, au terme d'une longue carrière passée au sein de la juridiction administrative).
Je fais partie de ces gens qui, bien que convaincus de l'importance des avocats dans la société, n'aiment pas cependant trop les avocats en raison de leur attachement viscéral à l'argent (cet attachement à l'argent rend la plupart d'entre eux gros menteurs).
Je ne peux que donc soutenir votre entrée dans ce cabinet d'avocats, car c'est l'assurance que grâce à vous les avocats qui y travaillent, surtout les plus jeunes, progresseront au regard de l'obligation de respecter la règle morale et les principes déontologiques. Ces avocats, surtout ceux qui pratiquent le droit pénal et le droit de la communication, progresseront également sur le plan technique, car vous êtes un maître dans ces deux matières.
Je vous souhaite donc de connaître des joies dans vos nouvelles fonctions.
Rédigé par : LABOCA | 04 octobre 2011 à 08:09
Ce qui me touche le plus dans cette prise de parole, la première totalement et véritablement au singulier, je veux dire sans la limite - et l'équilibre - que votre fonction de magistrat, quoi qu'en dise, vous imposait, est le fait d'avoir voulu préserver dans votre nouveau métier votre identité intellectuelle, humaine et politique - au sens le plus haut du terme - d'avocat général, celle qui ne peut réellement se déployer et s’épanouir que dans la défense des valeurs de tous.
Et puis cette passion si puissante pour la parole, l'authentique, la sincère, la conflictuelle, l'équitable qui est toujours en premier, quelles que soient les circonstances, graves ou plus anodines, l'expression d'une tension entre soi et soi.
En réalité, je suis à la fois heureuse et triste.
Heureuse, parce que mille et une virtualités s'ouvrent à vous, et que l'homme libre est celui qui se construit et construit de l'avenir.
Triste, parce que l'intérêt général et social sera privé de vous dans les nuits de la cour d'assises, qui est un condensé des tragédies et des malheurs humains.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 octobre 2011 à 07:49
"Au risque de choquer ceux qui attendent toujours qu'on se penche sur son passé au point de s'y engloutir et de faire fi du futur, je n'éprouve ni regret ni mélancolie ni ressentiment. Mais enthousiasme et espérance. Il ne s'agit pas d'une rupture, il s'agira, j'en suis convaincu, d'une ascension."
Regret, mélancolie, retour sur son passé, c'est, dites-vous, Philippe, ce qui menace le nouveau retraité qui laisse un métier aimé.
J'en conviens, mais est-ce forcément un mal, et, surtout, cela implique-t-il, comme vous le dites, le mépris du "futur" ?
A l'inverse, la recherche de l'action et de nouveaux horizons jusqu'au dernier jour de son existence est-elle en soi un objectif exaltant ? Le "futur" ne s'impose-t-il pas à nous et n'est-il pas largement illusoire que de penser pouvoir le maîtriser seulement par des projets et de l'action ?
Qu'est-ce au juste que cette "ascension" continue ? N'est-ce pas, précisément, un piège de la "parole" ?
Les philosophes auraient-ils donc prêché dans le désert ?
Je respecte votre choix, je le comprends, et je vous envie même d'en avoir envie.
Je souhaite du fond du coeur que vous y trouviez plénitude et bonheur.
Mais je me prépare, moi, après quarante années de passion au quotidien, à changer complètement de vie en privilégiant non pas la nostalgie, mais l'otium cum dignitate qui me paraît - du moins vu en perspective - tout à fait guilleret, et beaucoup moins fatigant.
Rédigé par : Frank THOMAS | 04 octobre 2011 à 07:21
Monsieur Bilger, nous voyons très bien à la lecture de ce billet que votre nouvelle entreprise n'est autre que l'expression d'une envie, d'un désir de s'investir dans une nouvelle mission, certes assez différente de la première mission qui était la vôtre à la cour d'assises de Paris.
Aimer sa profession, faire ce que l'on aime, est une garantie de l'épanouissement de l'individu.
Combien de personnes n'aiment pas leur profession, l'exerçant pour seul dessein de gagner de l'argent.
Nous avons tous besoin d'argent, mais je crois qu'outre le fait d'avoir un salaire ou un traitement, la passion de sa profession, c'est mon cas, l'amour de l'atmosphère professionnelle qui entoure son métier est d'une importance considérable.
Je ne peux que vous féliciter pour votre reconversion dans ce cabinet d'avocats, et vous souhaiter bonne chance.
Je ne doute pas une seconde que la création de cet Institut de la Parole sera une réussite et constituera une avancée certaine de ce cabinet.
Tous mes voeux de réussite !
Rédigé par : Cyril | 04 octobre 2011 à 06:55
Et finalement la voie est étroite pour vous, Philippe. Que faire de cette liberté de parole sans entrave ? Vous avez en tête, comme nous tous, les funestes exemples de ces magistrats souvent médiocres qui, quittant l'institution, se jettent à corps et à esprit perdus dans une liberté de parole décousue, sans borne ni but. Et de cela, vous ne voulez pas et vous ne voudrez pas que l'on vous assimile à ces gens-là.
Vous aviez pris l'habitude d'une liberté dont les contraintes stimulaient votre parole et vos mots ne pouvaient s'échapper dans le désordre anarchique d'une cour d'école. Il vous fallait toujours estimer le point de non retour, jusqu'où vous pouviez aller trop loin. Et cet exercice contraint vous a permis de peser chaque mot, d'en imaginer les conséquences, d'assembler des sens possibles et d'user de figures rhétoriques pour faire comprendre ce que vous ne pouviez pas dire explicitement. Ce sous-texte bilgérien vaut autant que le texte et vous êtes passé maître dans l'art du contrepoint, de l’ellipse et de la litote.
Rien n'est pire que de s'épancher trop librement et vous devez sans doute aujourd'hui vous forger de nouvelles contraintes avec de nouveaux objectifs. En vous transformant immédiatement en chantre de la Parole, vous établissez les bases de vos contraintes futures. Parce qu'un Institut de la Parole n'est rien moins que le refus d'une parole qui ne soit pas instituée, c'est-à-dire construite, aux antipodes d'une parole bruyante, d'autant plus tapageuse qu'elle porte peu de sens.
Vous assumez ainsi votre statut de dinosaure classique dans le tumulte des monologues qui s'emboutissent comme l'auto-tamponneuse de Catherine Jacob. Vous voulez continuer à penser à double-sens, à affirmer par la négative, à construire une pensée orale à la façon des latins. Que vaut la nostalgie de soi quand on a la nostalgie de Cicéron ? La voie est étroite et orgueilleuse : on n'y passe pas en foule, un seul peut s'y frayer un passage. Vous espérez être celui-là.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 octobre 2011 à 01:34
Eh bien, je suis navré de faire tache, mais je ne sais pas ce que c'est qu'un institut de la parole. Formateur de métier, après avoir été magistrat d'occasion par le recrutement de l'extérieur, je fréquente le milieu du spectacle, où la parole recouvre une réalité constante. J'apprends à des techniciens l'expression orale, dans leurs rapports hiérarchiques ou judiciaires ou policiers. J'ai enseigné pendant quinze ans à l'Université. Je ne sais pas ce que peut être pour un cabinet d'avocats d'affaires un institut de la parole, s'il ne s'agit pas d'éloquence, nous en sommes d'accord, ni de rééducation. Vraiment, j'aimerais savoir. Comprendre, pour en parler...
Rédigé par : Jean-Marie Thiers | 03 octobre 2011 à 23:08
Bonne chance Monsieur Bilger, dans votre nouvelle excitante aventure !
Je voudrais bien que tous aient votre intégrité dans notre système judiciaire !
Au plaisir de vous lire à nouveau ! :-)
Rédigé par : zed | 03 octobre 2011 à 22:39
Monsieur,
(Je ne vous ai jamais appelé "Monsieur l'Avocat Général" et le fait que vous rejoigniez un cabinet d'avocats ne me pousse pas à vous appeler "Maître"...)
J'ai passé ma vie - longue - à chercher le moyen de retrouver comment nous avions pu dériver à ce point que notre capacité de penser est incommensurable, alors que nous ne disposons pour la faire jaillir de nous que de mots, de cette Parole dont vous avez rêvé, rêve réalisable aujourd'hui, mots qui rétrécissent ce que nous pourrions, sans doute in utero, sentir gronder ou s'agiter en nous et qui ne trouvera jamais de canal par où s'échapper.
Vous voici au point de vous y consacrer et je vous envie. J'ai, comme nous tous, l'appui de la philologie, remède de bonne femme, pour penseurs très fatigués.
Vous aurez encore la visite de mon fils. La mienne vous est moins assurée, car le temps passe...
Ayant comme religion l'Univers, je le supplie de vous aider, même sans nous le dire, même en cachette, à découvrir la mécanique fondamentale (au sens scientifique du terme) pour trouver, ne serait-ce que partiellement, la voie qui a manqué au Sapiens sapiens pour égaler tous les Olympes de l'Univers.
Si nous en avons l'impression même vague, nous en serons tellement heureux. Même au seuil d'un au-delà dont nous savons qu'il n'est qu'une cloison avec une seule face, la seule que nous verrons jamais.
Je vous souhaite tous les bonheurs possibles. Du fond du coeur.
Ah, j'oubliais ! Peut-être cette clef minimale est-elle l'Intelligence ? Mais de quoi m'inquièterais-je ?
Vous en êtes très bien pourvu.
Mes respects, Monsieur.
Rédigé par : Jean Reffait | 03 octobre 2011 à 21:40
« il faut lui en rendre grâce et ce n'est pas par hasard que deux procédures disciplinaires à mon encontre ont fait fiasco »
1. « Nouveau rebondissement dans l’affaire Zemmour : Philippe Bilger, avocat général à la cour d'appel de Paris et blogueur associé de Marianne2, est convoqué chez le procureur général de Paris suite à son article, publié sur notre site sous le titre : « Zemmour entre liberté et répétition ». »
2. « Philippe Bilger n'a-t-il pas déjà été convoqué une fois pour avoir dit ce qu'il pensait du Ministre de la Justice de l'époque, Rachida Dati ? » Marianne2 Vendredi 26 Mars 2010
Toutefois, « le magistrat a pu tancer sa Ministre Rachida Dati au-delà du convenable sans qu'elle n'engage à son endroit la moindre procédure disciplinaire. Mais Alliot-Marie n'a pas la tolérance et l'élégance de Rachida. » a-t-on pu lire sous la plume d'un avocat au Barreau de Lille, Me Pascal Cobert.
C'est donc quoi alors la seconde procédure ?
Le « deux fois » était sans doute à l'honneur aujourd'hui, par ailleurs jour anniversaire de ma sœur décédée, où j'ai commencé par emboutir un véhicule qui ne m'a pas laissé terminer ma manœuvre de sortie de place de stationnement avant de venir se mettre derrière moi en ayant changé de file parce qu'il pensait que je ferai comme tout le monde et emprunterai un couloir de bus au lieu de tenter regagner le bon couloir de circulation indiqué par un marquage au sol, et où j'ai terminé en me cassant une céramique en m’empiffrant de vulgaires noix de cajou salées pour me déstresser de l'aventure qui va sans aucun doute, vu que « jamais deux sans trois », me coûter 20% de supplément sur ma prochaine cotisation d'assurance.
Comme quoi, pas plus qu'il ne fait bon agir en fonction de l'existence d'une liberté publique qui a nom liberté d'expression ou défendre cette liberté pour autrui, ce qui était plutôt le cas en fait, dès lors que le commun des gens pensant que rien n'est gratuit, assimile la défense d'une liberté à l'adoption des prises de position en cause, il ne fait bon davantage, tenir compte du code de la route qui dit que vous ne devez pas emprunter les couloirs des bus, quand les autres gens se comportent en pensant qu'il n'y a pas de raison que vous ne fassiez pas « comme tout le monde », quand ça leur paraît plus simple que de s'engager dans une manœuvre compliquée... pour eux, afin de rejoindre le bon couloir et que le service municipal de la voirie pense pour sa part qu'il n'y a pas lieu de faire en sorte que les gens qui quittent un stationnement... payant, n'aient pas à traverser un couloir de bus pour rejoindre le couloir de circulation en sens inverse, qui leur est prescrit !
Ce qui m'amène à dire - ce qui est le comble pour qui se pique de philosophie -, pourquoi penser ? (qui plus est à la place des autres), quand il suffirait d'observer les règles.
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 octobre 2011 à 20:52
Si j'avais su, j'aurais postulé dans ce cabinet pour mon stage EFB.
J'aurais aimé pouvoir assister à l'érection de cet Institut de la Parole.
Rédigé par : Corsica | 03 octobre 2011 à 20:15
Philippe Bilger :
"La certitude que ce nouvel espace va me donner ce que parfois j'ai été contraint de conquérir ou d'arracher. Surtout, une paix anticipée m'envahit, faite d'une confiance réciproque et d'une légitimité qu'on ne s'acharnera pas à contester à chaque seconde. Hier, je devais me justifier. Demain, je n'aurai plus qu'à justifier ce dont on me crédite."
Cet article m'a beaucoup ému, décrivant à la perfection mon état d'esprit présent.
Cet examen de passage vers la sagesse quelquefois ne se fait pas ou avec grande douleur. Savoir lâcher la rampe et continuer autrement peut être aussi un pur bonheur même si quelquefois des larmes perlent.
En daban ! En avant ! comme on dit en terre de Béarn.
Au contraire de "témoignagefiscal" je pense que la parole est une thérapie. Dans le monde rural il y a ce qu'on appelle les taiseux. Leur rage ou leur désespoir reste comme une boule dans leur gorge. Pour l'exprimer, ils tuent ou se pendent.
Je me souviens d'avoir témoigné par courrier recommandé auprès de M. le Procureur de la 17e chambre en faveur d'agriculteurs qui s'étaient (très mal) exprimés sur un site agricole à propos d'un drame et étaient poursuivis pour ce fait suite à une plainte d'un syndicaliste de renom et inspecteur du travail de profession.
Malgré le fait que j'eusse participé moi-même à cette discussion en termes peu galants et j'avoue assez lourdingues et sans faire partie des prévenus, j'avais tenu à témoigner même si cela pouvait avoir comme conséquence de me jeter dans la gueule du loup.
J'avais expliqué qu'un seul rappel à la loi suffisait largement à les remettre dans le droit chemin, le fait de monter à Paris (ce que certains n'avaient encore jamais fait) en laissant le travail à la maison valait peine financière. Qui plus est le décorum avait fortement impressionné nos culs-terreux.
Je ne fus pas entendu et ils furent lourdement condamnés (pas encore assez pour l'inspecteur fréquentant les plateaux TV et n'aimant la polémique que lorsque c'est lui qui organise le tir de barrage bien sûr).
Certains maintenant se sont tus mais sont devenus des loups.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 octobre 2011 à 19:55
Merci à Patrick (*) pour ce témoignage fort qui prend tout son sens ici, afin que le bruit des mots ou la banalité des phrases convenues ne couvrent plus celui de la parole authentique et des innombrables sans voix de par le monde.
--
(*) cf post du 3/10 à 12:40
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Patrick Handicap expatrié | 03 octobre 2011 à 19:27
Très bon ce matin sur France Info même la séquence contrition sur N. Sarkozy. Votre éloquence manquera dans les prétoires pour rappeler qu'une sentence peut être délivrée dans un bel ornement verbal.
Rédigé par : SR | 03 octobre 2011 à 18:56
Cher M. Bilger,
Sans votre blog, quelque chose manquerait sur la toile, ne nous en privez surtout pas.
Je vous souhaite beaucoup de satisfaction dans votre nouvelle entreprise.
Et restez libre dans vos propos toujours parfaitement affûtés.
Bien à vous
Rédigé par : Jabiru | 03 octobre 2011 à 18:23
"La principale partie de l'orateur, c'est la probité; sans elle il dégénère en déclamateur, il déguise ou il exagère les faits, il cite faux, il calomnie, il épouse la passion et les haines de ceux pour qui il parle; et il est de la classe de ces avocats, dont le proverbe dit qu'ils sont payés pour dire des injures" disait La Bruyère. A vous lire et vous écouter je ne doute pas que vous soutiendrez cette exigence de probité dans votre nouvel Institut de la parole. Bonne chance.
Rédigé par : olivier seutet | 03 octobre 2011 à 17:49
Je fais partie des lecteurs anonymes qui ne se manifestent jamais. Souvent en désaccord sur de nombreux points, je vous reconnais une grande honnêteté intellectuelle et une rigueur exigeante, raison pour laquelle je lis très régulièrement votre blog. J'ai appris avec soulagement ce matin en vous écoutant sur France Info (je crois) que vous étiez revenu sur le soutien que vous aviez auparavant apporté à l'idée d'une suppression du juge d'instruction. Vous êtes donc jusqu'à la fin un homme de convictions sans être pétri de certitudes définitives.
Pour ma part, je suis ravie de savoir que je pourrai continuer à vous lire ! Peut-être y gagnerez-vous encore plus en liberté de parole...
Je vous souhaite bonne chance pour la suite !
Rédigé par : Roxane | 03 octobre 2011 à 15:44
Questions shadokiennes :
- Quel petit pois a pris votre bureau ?
- Madame Columbo a-t-elle mis de l'antimites dans la housse de votre robe rouge ?
- Francis S. vous a-t-il souhaité "bon vent" ?
- Dans quel état second sont les collaboratrices du cabinet d'Alverny Demont & Associés ?
- Lors de votre pot de départ était-ce citron ou orangeade ?
- "Of Counsel" vous barre-t-il à jamais les portes de l'Académie ?
- Rachida D. vous a-t-elle envoyé un petit mot ?
- La Berryer va-t-elle vous inviter pour son prochain sujet "L'hermine perd-elle sa blancheur dans la basoche ?" ?
- La nostalgie pue-t-elle tant de la gueule ?
- Laboca va-t-il rajouter "honoraire" au singulier ou au pluriel ?...
- Saviez-vous que Sbriglia était né au 75 rue de Miromesnil ?
Allez, cher Philippe, beaucoup de joies vous attendent, beaucoup de joies nous attendent !
Et puis, le soir, il est plus facile de descendre vers la station de métro que le trajet, inverse, du matin !
Rédigé par : sbriglia | 03 octobre 2011 à 14:05
Je souhaite un bel avenir à votre nouveau né baptisé Institut de la parole… Non pas une parole qui enferme et sépare, mais une parole qui libère et réunit pour peu qu’elle sache rester authentique et audible pour tous. Car tricher avec la parole, c’est comme se tromper de cap en haute mer, ou se borner à des consignes vagues ou molles, cela peut être fatal, non seulement pour soi, mais aussi pour tout l’équipage.
Bonne navigation au long cours et quelle que soit votre habileté ou votre expérience du verbe, gardez-vous quand même des mutins, esprits retors et autres mauvais courants qui ne manqueront pas de continuer à vous mettre des bâtons dans les roues et à dénaturer ou détourner perfidement vos propos.
Mary, alias l'Indienne, qui n'aime rien tant qu'écouter le vent, loin des sentiers battus et des rives fonctionnaires.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 03 octobre 2011 à 13:57
Cher Monsieur Bilger,
Cela fait à peine deux semaines que je lis vos points de vue après vous avoir entendu à plusieurs reprises sur les ondes de radio (n'ayant pas de télévision).
Vos propos me fascinent tant ils sont proches d'un idéal auquel moi-même j'aspire. Il est relativement aisé de suivre une vertu telle que l'équité, la raison, l'esprit de justice ou l'écoute. Mais dès que l'on essaie de les appliquer en même temps, l'exercice se corse rapidement. Il ne reste plus qu'un appel à l'humilité pour limiter les dégâts.
Ne seriez-vous pas un mousquetaire de la parole ?
Je vous souhaite de vivre de riches expériences dans vos nouvelles fonctions.
Et je suis heureuse que votre blog soit maintenu. Me rendrait-il un instant plus intelligente. J'aimerais le croire.
Au plaisir de continuer à savourer vos pensées si finement formulées.
Rédigé par : fugitive | 03 octobre 2011 à 13:51
Je joins mes remerciements à ceux déjà formulés.
Bienvenue dans votre nouvelle vie.
Rédigé par : jlm | 03 octobre 2011 à 13:50
Lorsqu'on se lance dans un nouveau job, ce n'est jamais le temps de la nostalgie.
Au contraire, on a tendance lors des derniers mois avant ce changement à déjà se projeter dans ce qu'on connaît moins.
La nostalgie viendra éventuellement lorsque vous commencerez à en faire le tour.
Mais là, vous serez libre de changer.
Tant que la santé va, tout va !
J'ai déjà vécu en quittant l'industrie ce moment où, solde de tout compte en poche, on quitte ce qu'on connaît trop sans savoir exactement ce qu'on va faire, sans même avoir de nouveau poste.
On ressent un peu de solitude mais un grand sentiment de liberté.
Profitez un peu de l'été indien, baladez-vous à Paris un bon mois. Ces vacances seront plus savoureuses qu'un quelconque palais au Maroc.
Rédigé par : Alex paulista | 03 octobre 2011 à 13:10
Monsieur Philippe Bilger
La parole libère...
Que les portes s'ouvrent donc devant vous !
Avec mes voeux respectueux pour cet avenir que vous espérez riche de promesses.
L'espérance avec la foi et l'amour, sont les trois choses qui demeurent (1 Corinthiens ch.13 v.13).
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 octobre 2011 à 12:46
La parole...
Faisant partie de ceux qui l'ont perdue et ont dû en réapprendre une autre, non née des cordes vocales absentes, ni du souffle qui ne passera jamais plus par la bouche, mais de la vibration du tube qui sert à manger avec l'air aspiré par l'estomac, je connais son rôle précieux, moi qui l'utilisais professionnellement près de dix heures par jour en conférences publiques autant qu'en expertises contradictoires.
Pensez aussi aux quelques milliers de personnes en France qui l'ont perdue, comme moi, et tentent - sans souvent y parvenir - de la retrouver... la parole...
Alors que la France est le pays qui a inventé la méthode pour retrouver une voix oesophagienne, ce pays ne brille pas par ses résultats, tant sont peu nombreux et difficiles d'accès les centres consacrés.
J'ai eu la chance, dans mon pays d'accueil où j'ai subi trachéotomie, ablation totale du larynx puis radiothérapie - le tout dû aux effets des anti rejets pour conserver le foie greffé -, de me voir proposer gratuitement l'adhésion à un groupe de parole animé par une logo éducatrice grâce à la politique de santé qui est régionale et aux aides bénévoles, dont les nôtres, sous la forme d'une association (ce système existe dans quasi toutes les régions de mon pays d'accueil et certains ont même créé des chorales de trachéotomisés qui se produisent dans tout le pays, au moins une trentaine de revues sont éditées).
En l'espace de huit mois je suis passé du sans son audible à une forme de parole certes rauque mais compréhensible. Huit mois de plus et je pouvais me faire insulter au téléphone par les administrations françaises qui, n'utilisant pas internet comme dans mon pays d'accueil, ne m'offraient que la voie (sans jeu de mot) téléphonique.
J'ai dû signaler ces malotrus et insultants personnages avec peu de résultat je dois le dire.
Dans mon pays d'accueil, ces mésaventures ne me sont jamais arrivées.
Bravo et je compte donc aussi sur vous pour rendre la parole à ceux qui l'ont perdue et peinent à la retrouver... surtout auprès des autres.
Rédigé par : Patrick Handicap expatrié | 03 octobre 2011 à 12:40
Bonne chance Monsieur Bilger, il faut toujours avancer dans la vie... quel que soit l'âge de nos artères !
Je continuerai à vous lire avec autant d'intérêt et souhaite que votre liberté de parole fasse que ceux qui nous gouvernent aient un peu plus d'humilité et de respect vis-à-vis de ceux qui les élisent.
Rédigé par : stipa | 03 octobre 2011 à 12:31