Un blog vient au secours des faibles quand ils le méritent, pourfend les puissants quand ils s'égarent, relativise les gloires éclatantes quand elles sont injustifiées et met en lumière les talents, les oeuvres quand ils risquent d'être méconnus, négligés. C'est la conception qui a toujours été la mienne depuis que j'ai créé ce moyen irremplaçable d'écoute, de dialogue et de contradiction au mois de novembre 2005. Déjà 6 ans !
J'admets bien volontiers, et à ma grande honte, que parfois je me suis laissé gagner par l'envie d'écrire un billet à cause de la certitude que son thème, ajouté à la personnalisation, susciterait un certain succès, beaucoup de commentaires. En revanche, j'accepte de prendre le risque de lancer un post sans l'espérance de le voir lu et accueilli autant que je l'aurais désiré. Il y a, au quotidien, des défis même modestes qu'il est nécessaire de relever.
Nous sortions, mon épouse et moi, un soir, du théâtre de l'Atelier après avoir applaudi Fabrice Luchini récitant et commentant des fables de La Fontaine. Un homme s'est présenté, me disant qu'il s'appelait Francis Puyalte, qu'il lisait volontiers mon blog et qu'il était un ami de Christian Millau. Rien qui soit de nature à me déplaire, bien au contraire. Il ajoutait qu'il avait été journaliste au Figaro. D'ailleurs, je me rappelais avoir remarqué sa signature au bas de plusieurs articles, il y avait un certain temps. Avant de nous quitter, il s'engageait à m'envoyer un livre très polémique sur la justice, qu'il venait de terminer. Comme souvent dans ce type de rencontre dû au hasard, je présumais que rien n'arriverait par la suite.
Je me trompais. Quelques jours plus tard, je recevais au cabinet d'avocats où j'exerce ma fonction de Conseiller spécial, son livre : L'Inquisition médiatique, publié à Dualpha Editions, avec une préface superbe et élogieuse de Christian Millau et une très aimable dédicace.
J'ai ouvert l'ouvrage. J'ai commencé à le parcourir puis je ne l'ai plus lâché. Une incroyable liberté de ton, de pensée, de critique et de démolition. Un pamphlet vif, argumenté, salubre et dévastateur sur le journalisme, ses dérives, ses conforts intellectuels, ses paresses et ses préjugés. Son indifférence, souvent, à l'égard de la vérité parce que le mensonge ou l'approximation offrent plus de sensations au lecteur. La rigueur ennuie quand le spectaculaire incertain passionne. Ces dysfonctionnements et vices du journalisme ont parfois été dénoncés mais jamais avec cette verve, cette allégresse se moquant comme d'une guigne des retombées - Puyalte déclare qu'en 2003, il "a choisi la liberté" -, ces noms, ce refus de se contenter d'abstractions et de concepts mais au contraire cette obsession d'aller au coeur de la plaie, en plein dans le vif, de pointer les comportements individuels, de personnaliser les condamnations. Et des illustres d'aujourd'hui ne sont pas inscrits à son tableau d'honneur !
Cette leçon de belle férocité, d'intelligence authentique - Puyalte brûle ses vaisseaux à chaque page - est poussée à son paroxysme dans l'autopsie médiatique de l'affaire de la petite Lauriane à Nice où un père aux Etats Unis, pour faire simple, n'a cessé de diffuser les pires soupçons, les accusations fausses les plus odieuses sur la mère de l'enfant et son entourage avec la complicité de certains magistrats, malgré le courage et l'honnêteté de quelques autres, et en majorité l'indignité d'une caste médiatique aveuglée et adepte de la fuite en avant. Pédophilie, partouzes, notables, tout y est passé et tout, dès l'origine, était si facilement déchiffrable mais il aurait fallu accepter l'exigence d'une enquête. Mais trop douces les rumeurs, trop délicieuses les calomnies, trop voluptueuse l'odeur des complots prétendus, trop flatteurs pour la vanité les secrets et les vérités ignobles qu'on se pique d'être seul à détenir, quelle épouvantable comédie humaine et médiatique !
Francis Puyalte ne s'embarrasse de rien sinon d'un incoercible besoin de tout dire et de ruiner les réputations usurpées, les gravités lourdes de sens mais vides au fond. Eric de Montgolfier est passé à la moulinette : ses admirateurs et lui-même s'en remettront mais quel massacre appuyé sur des faits et des déclarations ! Jean-Marie Rouart est aussi ridicule dans ce terrible et éprouvant dossier pour Lauriane et sa mère qu'il l'a été et le demeure dans l'affaire d'Omar Raddad. Attendons sa prochaine attitude de justicier erratique et content de soi !
Francis Puyalte vise bien, touche ses cibles, virevolte, combat, se met en première ligne, ne se cache pas, ne demande pas l'indulgence. Il fonce et gagne puisque déjà il va tout entier, et absolument, au bout de son chemin. Ce dernier n'est guère fréquenté. Il y faut de l'audace, de la solitude, le soutien de Christian Millau, l'adhésion d'un blogueur.
Puyalte n'aura droit à aucun article. La radio et la télévision ne l'inviteront pas. Il s'en doute, il ne se plaindra pas. Alors, justement, lisez-le, lisez son livre et levons nos intelligences, notre goût de la liberté en l'honneur de ce journalisme dont il rêve derrière le sombre de ses descriptions, le trop lucide de ses analyses.
Au journalisme inconnu.
Rico, méfiez-vous de Wikipédia : depuis peu ils nous demandent de l'argent content eux aussi :-( sissi !
Rédigé par : Cactus @ Rico sans son frère (?) | 27 décembre 2011 à 20:52
Le mot vient du grec ἡ βλασφημία, τῆς βλασφημίας / blasphêmía, dérivé de βλάπτειν / bláptein, « injurier », et φήμη/φάμα / phếmê ou pháma (dialecte dorien), « réputation », qui a donné blasphemia en latin et signifie littéralement « diffamation ».Cf Wikipédia.
"Tempus fugit Jus stat".
Rédigé par : Rico Ch. | 27 décembre 2011 à 18:31
Il y a hélas encore trop à dire sur le sujet, Monsieur le Procureur.
Serez-vous "auditeur" comme moi à la séance de la Cour d'appel de Paris le prochain 25 janvier ?
Une affaire qui nous dépasse et qui ne devrait être qu'une "mise en l'état"...
Là encore, les médias seront absents : http://infreequentable.over-blog.com/article-koweit-gate-nouveau-rebondissement-92810281.html
I-Cube
PS : Je ne suis ni partie, ni affilié dans cette affaire.
Encore moins juge...
Je ne cherche même pas à comprendre, puisque c'est déjà fait pour ma part.
Rédigé par : I-Cube | 16 décembre 2011 à 14:57
L'intérêt que vous portez au fonctionnement des médias vous honore. La critique constructive et objective des médias est réalisée depuis de nombreuses années maintenant par différentes associations, par exemple Acrimed (www.acrimed.org).
Allez sur leur site, vous découvrirez par exemple une critique de J-M Rouart datant déjà de 2004 : http://www.acrimed.org/article1868.html
Rédigé par : Stéphanie Vinh | 15 décembre 2011 à 23:49
Rédigé par : Nordine | 12 décembre 2011 à 16:31
Non, ma vie n'a jamais ressemblé à l'enfer subi en France par le père de la petite Lauriane.
Je n'ai jamais été séparé de mes trois enfants, tous devenus adultes, puisque j'ai été marié à leur mère jusqu'à sa mort.
J'ai été heureux en mariage et ce bonheur se serait poursuivi si la mort n'était pas venue. Elle était intelligente et cultivée et la presse féministe qu'elle fréquentait n'avait pas réussi à la corrompre. Elle me disait, elle la juriste formée au droit de la famille, que les juges aux affaires familiales violaient souvent le code civil et le droit constitutionnel en systématisant l'octroi de la garde des enfants aux mères, au détriment même des pères qui s'étaient révélés meilleurs parents.
Je vous le redis : le père de Lauriane a connu un enfer en France simplement parce qu'en tant que père il a cherché à protéger sa fille.
Aurait-il été maltraité s'il était de race européenne?
Je sais que cette question dérange : mais elle doit être posée.
Un Français a fui la France pour aller se réfugier aux Etats-Unis où on lui a offert un espace de liberté et de sécurité. Pour moi, c'est un fait gravissime.
Rédigé par : LABOCA | 14 décembre 2011 à 11:11
De bien longs exposés pour un constat et un secret de polichinelle (qu'on laisse bien sagement au fond du tiroir).
Le sage dit:
plus l'histoire est courte, mieux elle est comprise...
L'amuseur sait:
les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures...
Tous les initiés et les biens informés qui fréquentent les milieux dont parlent l'inconnu journaliste et notre bien connu ex-procureur, savent les liens incestueux et de consanguinité qui unissent et lient indéfectiblement les acteurs de ces mondes spécieux.
Je conseille de relire "De l'esprit des lois" de Montesquieu. Alors on revoit les fondamentaux simples de "la séparation des pouvoirs"...
Le mal actuel vient de la non application de ce principe fondamental.
Mais finalement la création virtuelle du 4° pouvoir "les médias" arrange bien les 3 autres.
Exécutif ... Législatif ... Justice ... sont bien trop contents d'utiliser le pseudo 4° comme les bourgeois et les nantis utilisent et profitent d'une maîtresse qui passe très facilement d'un lit à l'autre ... tout le monde y gagne.
Sauf bien sûr la démocratie et les cocus de citoyens contribuables ...
Rédigé par : Stalen Guevara | 14 décembre 2011 à 10:40
Bonjour M. Bilger,
L'information n'a pas de prix, 31 euros pour comprendre comment les médias nous roulent dans la farine, c'est donné !
Pour information, la profession de journaliste est définie sur le plan éthique, depuis 1971, par la Charte de Munich.
Professionnellement, par trois articles du code du travail :
"est journaliste toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans un ou plusieurs entreprises de presse" soit + de 50% de ses revenus.
Sont exclues toutes les activités de "communication" et agents de publicité.
Remarquons au passage que les multiples intervenants, dans les multiples médias, se gardent bien d'annoncer la couleur, et que bien malin est le citoyen capable de savoir s'il a affaire à un journaliste ou à un communicant.
Le communicant vend sa soupe.
En principe, le journaliste nous vend de l'intelligence..., enfin, devrait.
La situation économique de la presse papier pousse au buzz plus qu'à l'information.
DSK en est le sujet le plus performant et le plus "bancable".
Les people, c'est pas mal aussi, la religiophobie semble aussi remplir les caisses... Qu'importe le flacon.
Il y a ceux qui savent beaucoup de choses, mais préfèrent jouer les singes : "J'ai rien vu, rien dit, rien entendu."
Ceux qui essayent de changer les choses de l'intérieur et en désespoir de cause, vont planter leurs choux ailleurs.
Et ceux qui parlent tardivement, certes, mais qui parlent. J'ai la faiblesse de penser que mieux vaut tard que jamais.
Je lirai donc ce livre, comme j'ai lu ceux de Montaldo, de Jean Ziegler, de Verschave sur la Françafrique, de Sophie Coignard, ou d'Olivier Toscer sur l'argent public et les fortunes privées : pour comprendre.
Et lorsque je l'aurai lu, si vous le permettez, je vous dirai ce que j'en pense, c'est peut-être mieux de commenter un livre après l'avoir lu.
@ Yves, je ne suis pas surprise de votre déconvenue à propos du prix Goncourt, ou de tout autre prix d'ailleurs.
Là aussi , "la com" a remplacé les critiques.
Je préfère l'avis des libraires, profitons-en tant qu'ils existent encore...
Je ne lis plus de romans contemporains, souvent autobiographiques.
Leurs histoires de famille m'ennuient et j'ai souvent l'impression de financer leur séances chez le psychanalyste, non remboursées par la Sécu.
Bien à vous
Rédigé par : MAX Claire | 13 décembre 2011 à 08:32
Laboca,
Vous projetez peut-être votre parcours personnel en vous identifiant à Karim Kamal, je ne sais pas. Si dans le fond vous trouvez injuste que la garde des enfants divorcés soit très majoritairement accordée à la mère, je peux vous rejoindre.
Mais je ne vois pas la pertinence d'insister sur l'arabité du père. Encore moins quand vous la liez à la douleur du père et de sa fille.
Rédigé par : Nordine | 12 décembre 2011 à 16:31
Mais ce que défend Monsieur Bilger dans son article est excellent.
Le mensonge, la compromission sont des vices odieux et destructeurs, noirs de coercition.
Les plus faibles en prennent parfois exemple, car malheureusement c'est un modèle de société, percluse de roueries de toutes espèces.
A pourfendre à deux mains, le journaliste cité a fait son travail.
Rédigé par : Francois | 12 décembre 2011 à 13:30
Rédigé par : Nordine | 11 décembre 2011 à 20:21
Vous écrivez :
"Ca va certainement vous écoeurer Laboca mais un arabe est de race blanche.
Vous confondez l'homme et le cheval."
Vous savez bien que ce qu'on appelle les "Blancs" n'existe pas, puisqu'en réalité nous sommes des quasi jaunes, exactement comme les Asiatiques et certains Arabes.
Si j'ai insisté sur l'appartenance à la race arabe du père de cette petite fille niçoise, c'est pour expliquer à Monsieur Bilger que cette affaire fut douloureuse à la fois pour le père et la fille.
Il faut que les intellectuels arrêtent de s'amuser avec leurs jeux de formules lorsqu'il faut défendre la vie. Un Français a été contraint, à cause de la politique de certaines institutions incarnées par des personnes moralement faibles, à aller demander l'asile aux Etats-Unis. Le fait est suffisamment grave pour être pris au sérieux, car d'ordinaire ce sont les ressortissants des pays de Kabila, de Sassou Nguesso, de Bongo, de Biya, de Duvalier, d'Assad qui vont demander asile à l'étranger.
C'est Savonarole qui a conseillé de se méfier des imprécateurs : je suis d'accord avec lui.
La vie est devenue difficile pour beaucoup de gens : exclusion sociale, salaires bas, vie infernale au travail; harcèlements quotidiens; discrimination; loyers élevés; factures de gaz et d'électricité insupportables; etc. Je ne parle même pas du cas de certains de nos enfants qui ont la malchance de rencontrer des adultes abominables.
Evitons d'intellectualiser là où il faut au contraire défendre la vie.
Les droits revendiqués par les intellectuels pour eux-mêmes sont des droits de confort, c'est-à-dire des droits dont ils peuvent sans dommage se passer.
Rédigé par : LABOCA | 12 décembre 2011 à 11:03
Bonjour M. Bilger,
J'ai acheté en octobre dernier le livre de Francis Puyalte, et j'ai commencé à le parcourir... Il est vrai que c'est intéressant, et l'auteur a le mérite de rappeler que Maurice Papon a été un bouc émissaire (ce qu'un avocat de la partie civile du procès de Bordeaux a reconnu devant M. Puyalte en "off", du reste !) et le terrorisme intellectuel planant sur l'affaire Omar Raddad (évocation des désagréments du chroniqueur judiciaire François Foucart, qui n'a pu publier son manuscrit chez Perrin ; désagréments que M. Foucart avait évoqués devant moi lors d'un entretien, passages reproduits dans mon bouquin paru en 2009). Sur l'affaire Lauriane, j'avoue en revanche ne pas avoir d'opinion tranchée.
En tout cas merci à M. Bilger d'avoir consacré un billet à ce livre, publié chez le sympathique éditeur anticonformiste Philippe Randa.
Bien cordialement
Frédéric Valandré
Rédigé par : Frédéric Valandré | 12 décembre 2011 à 10:53
"La flèche du Parthe devient systématique chez nos sexagénaires ou septuagénaires de l'intelligentsia"
C'est dû aux progrès de la médecine, Savonarole... Laissez-nous nos illusions !
Rédigé par : sbriglia@Savonarole | 12 décembre 2011 à 09:47
Monsieur Bilger ,
C'est la façon dont vous nous racontez votre rencontre avec ce journaliste qui m'ennuie...
C'est le sujet qui me fait me détourner...
Ces manières et cet entregent qui dérangent...
Ce prix qui n'a pas de sens, et puis ces journalistes ou écrivains qui vendent du fait divers, pourquoi ne pas tenter autre chose ? Enfin, cette "habileté" est une tache sur le talent !
Rédigé par : sittingbull | 12 décembre 2011 à 09:38
Bon, après tout que certains acceptent de mettre 31€ dans ce bouquin, c’est leur affaire.
J’ose espérer que ce journaliste qui manifestement semble souffrir des écarts à la déontologie de la part de nombre de ses confrères et dont l’œuvre, aux dires de Philippe Bilger, ne sera commentée sur aucun média, aura le courage de pousser la porte de Laurent Ruquier afin que celui-ci l’invite à son émission du samedi soir ONPC.
Sa modestie dût-elle en souffrir, cela aura au moins le mérite de le faire connaître.
J’aime encore bien le principe de cette émission qui consiste à « passer à la moulinette » des livres qui sont susceptibles de... comment déjà ? Ah oui, « d’aérer notre esprit » comme dirait sbriglia.
Bon ce ne sont plus les deux Eric qui officient, mais Natacha et Audrey qui sont également journalistes, parviendront bien à tirer la « substantifique moelle » de ce livre qui bouscule les convenances. Mais attention, n’est pas Voltaire qui veut.
Rédigé par : Achille | 12 décembre 2011 à 09:36
Je me méfie des imprécateurs qui attendent l'âge de la retraite pour crier leur vérité. C'est un peu tard.
On a voulu ici nous faire passer le juge Nadal pour le dernier rempart de la Vertu. Il aura attendu d'avoir ses 162 trimestres et ses 40 années de cotisation pour s'indigner subitement et frémir du jabot. Il oeuvre aujourd'hui auprès de Martine Aubry... pour la victoire de François Hollande (ne pas rire, svp...).
Où sont donc les Julian Assange français (WikiLeaks) ?
La flèche du Parthe devient systématique chez nos sexagénaires ou septuagénaires de l'intelligentsia. Jean-Marie Rouart en est un parfait exemple. Devenus sénateurs ils découvrent des injustices en bas de leur immeuble.
Où sont donc nos petits Gavroche à casquette, et nos furibardes, nichons à l'air, montant à l'assaut de la barricade, qu'Eugène Delacroix avait peint sur nos billets de 200 francs ?
Rédigé par : Savonarole | 12 décembre 2011 à 07:46
Si un jour ce Francis retrouve d'une façon ou d'une autre voix au chapitre dans un appendice médiatique régulier, il re-hurlera avec les loups et bêlera de plus belle parmi les moutons, indépendamment de ses qualités de débatteur, de rédacteur. L'homme est un animal grégaire qui refoule très vite ses bas instincts quand ceux-ci se manifestent par bouffées à l'égard de ses semblables. L'indépendance est un luxe réservé aux prêcheurs du désert, aux parleurs de mur.
Rédigé par : scoubab00 | 12 décembre 2011 à 06:57
Un pamphlet vif, argumenté, salubre et dévastateur sur le journalisme, ses dérives, ses conforts intellectuels, ses paresses et ses préjugés.
Je suis convaincue par l'éloge de Monsieur Bilger et d'autant plus intéressée, que ce pamphlet concerne la caste journalistique qui compte un grand nombre de ces « fameux lanceurs de brulôts »...
Les parents de mon époux sont également intéressés et vont acheter ce livre; j'aurai donc la chance de le lire sans bourse délier.
Rédigé par : Mirella | 11 décembre 2011 à 21:55
Ca va certainement vous écoeurer Laboca mais un arabe est de race blanche.
Vous confondez l'homme et le cheval.
Rédigé par : Nordine | 11 décembre 2011 à 20:21
Monsieur Bilger,
Vous écrivez :
"Cette leçon de belle férocité, d'intelligence authentique (...)est poussée à son paroxysme dans l'autopsie médiatique de l'affaire de la petite Lauriane à Nice où un père aux Etats Unis, pour faire simple, n'a cessé de diffuser les pires soupçons, les accusations fausses les plus odieuses sur la mère de l'enfant et son entourage avec la complicité de certains magistrats, malgré le courage et l'honnêteté de quelques autres, et en majorité l'indignité d'une caste médiatique aveuglée et adepte de la fuite en avant. Pédophilie, partouzes, notables, tout y est passé et tout, dès l'origine, était si facilement déchiffrable mais il aurait fallu accepter l'exigence d'une enquête."
Je suis très surpris que vous preniez une position péremptoire relativement à l'affaire de la petite Lauriane à Nice, sur laquelle de grands quotidiens étrangers publièrent d'importants articles et enquêtes.
Vous savez certainement que le père de cette petite fille qui aurait été pédophilisée par des notables niçois a obtenu le statut de réfugié politique aux Etats-Unis, l'Administration fédérale ayant estimé que ce monsieur, qui serait de race arabe, avait été persécuté en France par des institutions rattachées à l'Etat français. Je crois avoir lu que cet Arabe, de nationalité française, est le dernier Français à avoir obtenu le statut de réfugié politique aux Etats-Unis. L'affaire avait fait en France grand bruit et des politiciens se sentirent mal à l'aise en apprenant que les Etats-Unis avaient accordé le statut de réfugié politique à un Français qui avait dû quitter la France pour des raisons de sécurité.
Votre réaction manque de mesure et de réflexion. Vous ne vous posez pas la question suivante : qu'est-ce qui peut bien pousser un Français Arabe qui est père d'une enfant française à décider de ne plus séjourner en France et à aller demander l'asile en Amérique ? Ce Français Arabe n'avait certainement pas fui la France parce qu'il avait violé la loi pénale, sinon les autorités françaises l'auraient fait savoir à leurs homologues américaines. S'il est parti à l'étranger parce qu'il a estimé que sa sécurité n'était plus assurée en France, et si les Américains l'ont cru sur ce point, vous devez fermer les yeux et méditer.
A vous lire, on croirait que c'est pour des raisons fantaisistes que ce Français Arabe est parti de France.
Moi je ne prétends pas connaître cette affaire de Nice mieux que vous. C'est seulement en lisant la presse tant française qu'étrangère que j'ai à peu près compris ce qui a dû se passer à Nice.
Je ne comprends pas la radicalité de votre appréciation. Avez-vous déjà interrogé ce Français Arabe pour vous faire votre petite idée sur cette affaire de Nice?
Rédigé par : LABOCA | 11 décembre 2011 à 19:24
Cher Philippe,
Pour ce prix-là, il est possible de recevoir un quart de la version annuelle papier et électronique avec accès aux archives, des fameuses Petites Affiches...
Ou encore de compléter la bibliographie De "sa majestic" Philippe Bilger.
Etats d'âme et de droit à l'édition Le Cherche Midi 17 euros TTC...
31 euros, c'est déjà presque le prix d'un petit livre d'art...
Même si on dévore tout ce qui peut se lire, à chacun ses défauts, on attendra avec patience la version livre poche de ce journaliste.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 11 décembre 2011 à 17:45
Depuis l'été, la "critique unanime" ne cesse de vanter, sans trop les approfondir, les mérites du livre qui vient d'obtenir le prix Goncourt.
Fort de ce concert, rassuré aussi par la caution de "La Blanche", j'ai investi 21 € pour enrichir ma culture.
Après lecture, je ne reproche pas aux critiques d'avoir dit et écrit qu'ils aimaient l'ouvrage, mais je leur en veux de m'avoir dissimulé la lourdeur de cette prose, les grossières invraisemblances, le parti pris de l'auteur pour les idées-force propagées par les ennemis de la France, à savoir que le corps expéditionnaire en Indochine était composé d'assassins de masse et incendiaires, ainsi que de gens normaux vite contaminés par les premiers; ou encore qu'en Algérie nous avons semé la terreur pour récolter le pire.
Il se trouve que Christian Millau et Philippe Bilger sont en général de bon conseil et je vais donc chercher dans le livre de F. Puyalte pourquoi j'ai été mystifié cette année par le corps des journalistes-critiques littéraires.
Rédigé par : Yves | 11 décembre 2011 à 16:49
Selon une loi «scélérate» récente sur la protection des sources, un journaliste aurait le droit de produire devant un tribunal des documents provenant d’une violation d’un secret de l’enquête sans être poursuivi pour recel. Ce sont donc les sources (habilement baptisées proches de l’enquête) qu’il conviendrait de mieux protéger en évitant les indiscrétions, les fuites - organisées ou non - et toutes manœuvres dolosives visant à mettre frauduleusement tout ou partie d'un dossier en cours sur la place publique, ou à jeter arbitrairement l’anathème sur un mis en examen, un suspect, voire un simple témoin. Tâche qui relève de l’impossible compte tenu du nombre de personnes qui interviennent sur une affaire, ainsi que de la complexité de certains dossiers.
C’est pourquoi il conviendrait d’abolir ladite loi et d’en revenir à un journalisme vraiment responsable, le cas échéant dûment codifié, le journaliste digne de ce nom (qui participe au 4ème pouvoir) s’obligeant à une observance rigoureuse de la déontologie de son métier. Et en cas de manquement à ses obligations, le journaliste fautif devrait être passible de poursuites, de même que le sont enquêteurs ou magistrats qui violent le secret de l'instruction.
---
Concernant plus particulièrement Francis Puyalte, j'ai quelques doutes quant aux méthodes qu'il a dû employer pour forger ses convictions et traiter de multiples affaires dont certaines ultra sensibles (sans faire d'erreurs, d'impasses et autres grossières omissions).
Rédigé par : Mary Preud'homme | 11 décembre 2011 à 15:48
Achille, le livre de F. Puyalte est peut-être très contestable comme vous le supposez. Toutefois, le sujet abordé n'est pas intellectuellement fade. Le manque d'investigation des journalistes français, leur connivence, leur soumission aux pensées économiques et sociales dominantes dans un éventail restreint du centre-gauche au centre-droit, tout cela pose question dans les temps troublés que nous traversons. Il existe un unanimisme paresseux qui se contente de relayer des infos parcellaires sans les passer à la moulinette critique : sur la crise actuelle, c'est frappant. Pas un journaliste pour décrypter en profondeur les causes et les effets de la crise et des solutions préconisées. Il faudrait pour cela plonger dans une montagne de documentation, une analyse détaillée des sources de l'endettement des Etats, ce travail n'est pas fait, trop ardu. On survole et on sert finalement un brouet clair.
Comprendre les mécanismes de cette faiblesse, au travers d'exemples précis, peut éclairer nos lanternes. Je doute comme vous qu'il s'agisse d'une illumination.
Rédigé par : Jean-Dominique @ Achille | 11 décembre 2011 à 14:35
Achille, c‘est France 3, plus ARTE, plus Elise Lucet pour vendre aux naïfs un navet du politiquement correct littéraire, ou cinématographique. Donc j’achèterai le livre. Merci Philippe Bilger.
Rédigé par : Roche G | 11 décembre 2011 à 14:24
Achille m'a convaincu. Je vais investir et lire cet ouvrage. Oh! Ce tendon...
Rédigé par : Paul Steiger | 11 décembre 2011 à 12:05
« Il y a, au quotidien, des défis même modestes qu'il est nécessaire de relever. »
C'est vrai. Et c'est pour ce courage et l'intelligence qui le sert que, malgré certaines divergences d'opinion et quelques doutes, parfois, je vous lis à chaque billet avec un plaisir renouvelé.
« Son indifférence, souvent, à l'égard de la vérité parce que le mensonge ou l'approximation offrent plus de sensations au lecteur. »
Croyez-vous. Personnellement, je dénoncerais assez souvent un manque de vraie culture, ainsi que de la paresse intellectuelle. Mais certains se complaisent tellement à raconter des histoires dont ils se gargarisent tant ensuite qu'au bout d'un moment ils ne font sûrement plus eux-mêmes la différence entre le mensonge et la vérité.
« l'autopsie médiatique de l'affaire de la petite Lauriane à Nice où un père aux Etats Unis, pour faire simple, n'a cessé de diffuser les pires soupçons, les accusations fausses les plus odieuses sur la mère de l'enfant et son entourage avec la complicité de certains magistrats, malgré le courage et l'honnêteté de quelques autres, et en majorité l'indignité d'une caste médiatique aveuglée et adepte de la fuite en avant. »
Il est sans doute certain que plus on est loin et plus on se croit inatteignable et par la distance et par l'écart de législations différentes, plus on doit être tenté de se livrer, par intérêt, par vengeance, par perversion, ou simple cupidité parce qu'on aura été soudoyé à cet effet, ou même sur ordre, ce qui revient plus ou moins au même, à la démolition par la bande de personnes qu'on est bien assuré de n'avoir jamais à affronter en pleine lumière.
« Pédophilie, partouzes, notables, tout y est passé et tout, dès l'origine, était si facilement déchiffrable mais il aurait fallu accepter l'exigence d'une enquête. »
Sans aucun doute. Personnellement, je pense que les personnalités qui lancent de telles rumeurs ne sont pas dotées de n'importe quel profil psychologique. Parce que, au départ, il faut tout de même déjà pouvoir l'imaginer.
Car une chose est de savoir que certaines réalités existent dans l'absolu et autre chose est d'y impliquer sans vergogne des gens que l'on connaît (ou croit connaître) ne serait-ce que par ouï-dire.
De même, je pense que les personnalités qui y donnent foi sans autre examen et les répercutent ensuite, n'offrent pas non plus n'importe quel profil psychologique dès lors que leur strict intérêt matériel et/ou professionnel n'y trouverait pas autrement son compte.
Je crois en effet que certaines configurations psychiques se paient de mots et sous couleur de défendre la vertu, goûtent à travers eux des plaisirs défendus. Ce sont elles que « Le Tartufe ou l’Imposteur », III, 2, nous décrit dans ces vers célébrissimes :
Tartufe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir./ Par de pareils objets, les âmes sont blessées,/ Et cela fait venir de coupables pensées. ».
Dorine : « Vous êtes donc bien tendre à la tentation,/ Et la chair sur vos sens fait grande impression ?/ Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte ;/ Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte,/ Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,/ Que toute votre peau ne me tenterait pas. »
Entre la vraie coquette, l'exhibitionniste et le Tartufe, il est souvent difficile de se prononcer… du moins a priori, mais Dorine voit juste qui n'offrant point outre mesure et de façon ostensible (tout est là en fait, dans la provocation), le spectacle de ce que le siècle appelait de ce nom évocateur d' « appâts », de « appâter », discerne parfaitement, fine mouche, le cochon sous le faux dévot.
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 décembre 2011 à 10:11
@ Achille
Je ne comprends pas. Si quelqu'un dénonce les travers de sa profession, c'est un raté qui crache dans la soupe, et s'il ne le fait pas, c'est du corporatisme.
Cette manie bien française que l'on retrouve dans tous les corps de métier.
J'aime bien les coups de pied dans la fourmilière même si d'une façon immuable avec le même schéma les ouvrières et les soldats se remettent au travail pour défendre la reine.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 11 décembre 2011 à 09:26
@ Sbriglia et Jean-Dominique
Loin de moi l’idée de contester l’avis de Philippe Bilger en matière littéraire qui est certainement plus sûr que ne le serait le mien.
Je suis simplement assez étonné qu’il ait choisi ce type d’ouvrage qui inonde les rayonnages des kiosques des quais de gare. D’habitude il s’attarde sur des livres portant sur des thèmes plus « intellectuels» que l’étalage des connivences et autres méthodes plus ou moins malhonnêtes du monde des médias.
Je trouve pour ma part assez singulier qu’un journaliste s’octroie la légitimité de dénoncer les pratiques de ses confrères au motif qu’étant dans la profession depuis, semble-t-il, pas mal de temps, il n’ait pas réussi à se faire un nom, comme nombre de ses collègues, sans doute moins brillants que lui.
Il est vrai que depuis quelque temps les « Monsieur Propre » commencent à fleurir un peu partout, que ce soit dans le monde des médias et même de la politique. Arnaud Montebourg semble avoir fait des émules...
Rédigé par : Achille | 11 décembre 2011 à 07:50
Une fois de plus vous m'avez convaincu, cher Philippe. Je vais lire le livre de Monsieur Puyalte même si je suis plus indulgent que son auteur et vous-même en ce qui concerne Eric de Montgolfier et J-M Rouart.
Les honnêtes hommes passionnés forment une espèce suffisamment rare pour mériter un soutien sans faille.
Décidément votre blog est salutaire !
Rédigé par : Christian Dulcy | 11 décembre 2011 à 07:45
Achille, d'après ce que j'apprends, Puyalte n'est pas un perdreau de l'année et ne ressens pas nécessairement le besoin de se faire connaître à bon compte. Je ne le connais pas et n'ai pas le souvenir d'avoir lu quelque chose de lui, mais après tout, pourquoi pas ?
Pourquoi, surtout, ne pas faire confiance à Philippe qui n'est pas si complaisant en matière d'écriture et qui n'a pas pour habitude de recommander tous les nanars qui se publient par centaines.
Essayez, essayons. Il sera temps d'être critique quand nous saurons de quoi il retourne.
Rédigé par : Jean-Dominique @ Achille | 10 décembre 2011 à 22:54
Vous m'avez donné envie, Philippe, j'ai voulu l'acheter en ligne... mais 31 €, quelle déconvenue...
Rédigé par : Alex | 10 décembre 2011 à 21:55
Souvent je vais sur le site d'ACRIMED pour y lire de la bonne critique des médias. Je les ai même soutenus financièrement en y adhérant, mais en suis revenu : pas de possibilité de laisser de commentaire, défense hémiplégique de la liberté d'expression (belle expression volée à vous-même quand vous qualifiez Philippe Val en un ancien billet...), vision très partiale, parce que partielle, des médias etc.
Sans doute nul n'y échappe, y compris celui que vous défendez ici, mais les exemples, certainement pas pris au hasard, que vous nous en livrez suscitent chez moi de la curiosité, et ma compagne qui ne savait pas quel livre m'offrir à Noël va me voir tenter de lui insuffler le titre de cet ouvrage.
Une critique de droite des médias en somme !
Peut-être me permettrai-je une fois de plus (aïe !) de vous envoyer un mail pour vous conter mon impression sur la virulence de la charge...
Rédigé par : Herman Kerhost | 10 décembre 2011 à 18:55
Achille, lisez sur Google l'article de Puyalte, paru en 1992, sur Lucette Destouches.
Un tel talent d'écriture vous convaincra.
La curiosité, Achille, la curiosité aérera votre esprit, comme le mien d'ailleurs.
J'achèterai son brûlot ! Merci Philippe.
Rédigé par : sbriglia@Achille | 10 décembre 2011 à 18:11
Le meilleur moyen, c'est acheter le livre mais 31,35 euros quand même... Continuez à pourfendre les armures du politiquement correct.
Rédigé par : atao | 10 décembre 2011 à 14:10
Bonjour Philippe Bilger,
Le problème avec ces livres « révélations », et ce quelle que soit la qualité de la plume de leur auteur, la fiabilité de la documentation qu’il a patiemment rassemblée pour étayer ses affirmations et la conviction qui le porte dans son récit, c’est qu’il en sort deux ou trois par semaine. Tous se veulent plus fracassants, plus sulfureux les uns que les autres.
Ce qui est curieux, c’est que ce sont principalement des journalistes les auteurs de ce genre de brûlots. Sans doute est-ce cette propension au scoop qui les anime et qui finit par devenir chez eux une seconde nature.
Personnellement, je ne suis pas du tout attiré par ce genre de « littérature » qui alimente un voyeurisme malsain plus qu’il ne cherche véritablement à apporter un éclairage à certains faits de l’actualité.
Aussi au risque de vous décevoir, monsieur Bilger, je ne lirai pas le livre de ce journaliste anonyme et qui manifestement a bien l’intention de ne pas le demeurer longtemps.
Rédigé par : Achille | 10 décembre 2011 à 13:53