Alexandre Soljenitsyne (AS) l'a échappé belle. Le jardin du rond-point de la porte Maillot - quel prestige, on n'aurait pas pu trouver mieux ! - va porter son nom, mais apparemment de justesse.
Le Conseil de Paris, à l'initiative heureuse de l'élu Nouveau Centre Jérôme Dubus, avait été saisi de cet honneur à rendre à ce formidable écrivain. On aurait pu imaginer un consensus enthousiaste. C'était sans compter, par exemple, avec Alexis Corbière (Parti de gauche) qualifiant AS de "clairement antisémite" et, plus absurdement, avec Christophe Girard, pourtant adjoint (PS) à la Culture, le dénonçant comme "passablement homophobe" (Le Parisien).
Il me serait facile d'énumérer, dans les villes françaises au regard de leur tonalité politique à telle ou telle période, les baptêmes aberrants de rues ou de places, qui montrent l'extrême difficulté, parfois, de choisir des personnalités incontestables, dont on est assuré en tout cas qu'elles sauront ne pas sombrer avec le passage du temps et les étranges évolutions de l'Histoire. La culture pure offre ceci de bon que, même si l'artiste ou l'écrivain s'est effacé de nos mémoires, aucune controverse ne vient réclamer sa disparition de nos lieux familiers.
Quand, en revanche, on focalise trop sur l'actualité et qu'il y a plus de démagogie que de véritable nécessité dans le choix des hommages municipaux, on peut craindre le pire. Ainsi, pour la stèle érigée pour Brahim Bouram, la malheureuse victime d'un skinhead imbécile l'ayant jeté à la Seine sans se douter qu'il ne savait pas nager. Ce criminel gravitait certes, avec sa bande de copains, dans les marges d'un défilé du 1er mai du Front National et il est évident que s'il ne s'était pas agi de Jean-Marie Le Pen, on n'aurait jamais songé à cette consécration.
AS, qui a risqué d'être exclu de l'hommage évident que depuis longtemps on aurait dû lui rendre, n'avait pas accompli grand-chose, il faut le reconnaître : immense écrivain rassemblant, dans et avec son génie, l'historien, l'analyste et le créateur d'une infinie puissance, lourd d'universalité, pour le reste presque rien ! Avec L'Archipel du Goulag, il n'avait fait que porter les premiers coups, mais décisifs, au totalitarisme monstrueux qu'était le communisme et dont, après en avoir lui-même souffert, il avait questionné les témoins réchappés de l'enfer des camps.
C'est devant cet homme, cette personnalité, cette action, cette libération qu'on s'est permis de mégoter.
L'Archipel de la bêtise.
A supposer même que, dans cette incandescence à la fois littéraire, philosophique et révolutionnaire ou dans les propos ultérieurs d'AS, aient pu être relevées des réactions antisémites ou "passablement homophobes", comment soutenir que, pour lui, ce passif pourrait peser au regard d'un actif si exceptionnel ?
Avec ce genre de pointillisme qui confond le détail avec le tout et n'hésiterait pas à sacrifier ce dernier au nom d'une éthique de façade, je me demande bien quel être serait suffisamment exemplaire pour être inscrit au fronton de nos rues ou y demeurer ? De Gaulle, qui n'était pas un ange, n'y résisterait pas, et tant d'autres dont les vices n'altéraient pas, pourtant, la lumière et l'éclat des vertus.
Le Conseil de Paris a failli couvrir Paris de honte et de ridicule.
@ Nordine
L'extrait que j'ai cité du livre de Philippe: un ancien avocat général dit qu'en dépit de sa conviction intime, il a requis une condamnation pour meurtre, retenant ainsi le caractère volontaire d'un crime, cette sincérité est une chose infiniment rare dans le monde de la justice.
Sans doute, tout au long des débats, Philippe a-t-il oscillé de l'un à l'autre: intention de tuer, sans intention de tuer.
Autour, il y avait les pressions de toutes sortes, et il faut un courage intellectuel exceptionnel pour y résister.
Il y a eu sans doute dans l'esprit de Philippe l'exigence de l'exemplarité, l'aspect emblématique de ce crime, la nécessité pour la société d’exprimer par sa voix sa totale réprobation d’un acte raciste et meurtrier. Tout ceci, peut-être, au bout du compte, au regard des contextes, l'a conduit à valider la qualification de meurtre.
Ce qui compte est le fait que cet avocat général exprime publiquement la tension qui commandait alors son esprit.
Et je pense qu'on ne comprend rien à Philippe Bilger, le magistrat, l'homme public, l'homme tout court - sa liberté de parole, son indépendance intellectuelle qu'il place au plus haut - si on n'a pas en tête le fait que cet avocat général sait ce qu'il en coûte du sentiment - la morsure - d'avoir une fois plié face à la puissance des tensions et des pressions du moment.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 14 février 2012 à 07:49
@ Libérus
En fait, je pense que la question problématique est celle du point de vue : Soljenitsyne mêle souvent son propre point de vue avec celui de ses sources.
On a plaqué des thèses pas absurdes en soi sur d'autres sujets : l'épée et le bouclier sur Vichy (Rémy). Ou bien que l'antisémitisme radical était communément partagé par la nation allemande sous Hitler (Goldhagen). Elles sont rarement exactes...
Je ne vais pas chipoter sur les citations : et puis il faudrait voir le texte russe. Peut-être est-ce très mal traduit, je ne sais pas.
Mais si nous commençons à discuter de ce que les Russes, ou les Polonais pensent actuellement des Juifs (ou pour citer un autre exemple, ce que les Ukrainiens non russophones pensent des Russes ; ou pour prendre quelque chose de plus personnel, ce que les Serbes pensent des Croates), nous n'en aurons pas fini d'ici l'année prochaine.
Disons simplement que quitte à choisir ce type de discours historiques, je préfère de loin l'Archipel du Goulag. Auparavant, l'Occident avait surtout les Archives de Smolensk. Soljenitsyne a changé la documentation et le paradigme.
Mais je ne retrouve pas le souffle humaniste qui passe dans les romans d'avant 1974, dans ses dernières oeuvres. Ne pensez-vous pas que S. a pu être ulcéré par les attaques américaines (là, je le reconnais, franchement stupides) concernant son traitement de l'assassinat de Stolypine par Bogrov dans Août 14 ?
Rédigé par : Boris | 14 février 2012 à 00:20
@ Boris
1)« Puisque vous ne voulez pas du terme "ingrat", qui vient de mon analyse, je propose le terme "renégat", qui est de l'auteur. »
«Renégat » signifie étymologiquement : « Personne qui a renié sa religion. »
Que dit Soljenitsyne dans votre propre citation? "La partie raisonnable du peuple juif s'est laissé submerger par les têtes brûlées. Et c'est ainsi qu'est devenue renégate une génération presque entière". Incontestablement, Trotski et Zinoviev furent des « renégats » (au sens que je viens de rappeler. »
Plus généralement, il combien de se méfier de la traduction. Quand A.S. dit : "Les restrictions (à la résidence des Juifs) ont été conçues par le gouvernement pour combattre une pression économique massive qui mettait en danger les fondements de l'Etat", il faut comprendre : « DU POINT DE VUE du gouvernement tsariste, la puissance économique des Juifs était une menace pour l’Etat. »
2)Une bonne partie des citations que vous nous offrez sont simplement des constatations de faits. Par exemple, «,le fait non moins évident que beaucoup de jeunes juifs se dérobaient au service militaire.». Faut-il cacher ces faits sous prétexte qu’ils pourraient « être exploitées aisément et presque directement dans un sens néfaste » ? Je ne le pense pas. D’ailleurs ils pourraient fort bien être exploités dans un sens « favorable » par des Polonais qui furent victimes de la soldatesque russe.
3) Le gros inconvénient de votre petit patchwork est qu’il suggère au lecteur non averti le raisonnement suivant :
a) Pour A.S., les Juifs sont les grands responsables de la Révolution d’Octobre.
b) Pour A.S., la Révolution d’Octobre est la plus grande catastrophe dans l’histoire de l’humanité. DONC :
c) Pour A.S., les Juifs sont les grands responsables de la plus grande catastrophe dans l’histoire de l’humanité.
Désolé, mais A.S. ne soutient pas l’assertion a).
4)Vous me posez la question :. « Mais, que ce soit sur les Juifs, sur les Russes, ou sur les Allemands, trouvez-vous qu’il soit bon de plaquer des propositions abstraites et parfois généralisantes ? ». J’aime l’histoire scientifique, celle qui colle au plus près aux faits. Cette œuvre de A.S., évidemment, n’en relève pas. Même si elle contient une masse de faits dont les historiens scientifiques feraient bien à l’avenir de tenir le plus grand compte. Car bien sûr elle comporte beaucoup de jugements (mais ni plus ni moins que l’Histoire de France de Michelet). Oui, je pense, quitte à se lancer dans des généralisations toujours contestables, qu’il est bon que les Juifs apprennent ce que Russes pensent d’eux, que les Russes apprennent ce que les Allemands pensent d’eux, et que les Allemands apprennent ce que les Grecs pensent d’eux.
Rédigé par : Libérus | 13 février 2012 à 20:56
@ Lucterius
Le jugement politique porté sur Nicolas Sarkozy est naturellement prioritaire en ce moment, et je partage totalement ce qui a été dit dans ce sujet.
Au-delà, son rapport à la culture, central pour comprendre le personnage, risque d'interroger les politologues pendant longtemps encore... Particulièrement révélateurs sont ses efforts de mi-mandat pour se rattacher désespérément à la culture légitime, efforts que l'on trouve souvent dans les enquêtes de publics, mais qui prennent rarement la forme de communiqués de presse détaillés. Des ministres sortant leur revolver en entendant le mot culture, nous en avons vus. Des doctes voulant se faire passer pour des beaufs, comme le père Duchesne ou Jacques Chirac, c'est fréquent aussi.
En revanche, les efforts désespérés des communicants du président pour le rattacher à la culture légitime et faire oublier La Princesse de Clèves à grands coups de Dreyer et de Camus, me semblent à la fois pathétiques et inédits. Même aux Etats-Unis, Johnson succédant à Kennedy, ou Georges Bush Junior à Clinton n'ont pas fait rédiger des livres sur leurs prouesses autodidactes...
En fait, je crois que NS veut jouer sur les deux tableaux, celui du fils du peuple un peu primaire et celui du grand dévoreur de grands auteurs : mais il doit s'apercevoir, un peu tard, que le Superdupont n'est pas soluble dans le Merleau-Ponty, ni le Versailles dans l'Eurodisney. C'est un Malraux qu'il aurait fallu pour faire passer ce genre de grand écart, pas un Guaino...
Rédigé par : Boris | 13 février 2012 à 19:44
Véronique,
Merci de ces précisions. Je reste dubitatif et ne trouve toujours pas convaincant l'argument du "...je ne savais pas qu'il ne savait pas nager". C'est débile. En même temps, le skinhead en question semble être abruti. Mais quand on est assez débile pour balancer un homme à l'eau, ne l'est-on pas assez pour le balancer même en sachant qu'il ne sait pas nager ? Enfin bref. En tout cas, vous avez aiguisé ma curiosité sur les détails de l'affaire. J'ai du mal à penser que Philippe se soit laissé convaincre par si peu ; il y a sûrement autre chose. Je ne sais pas.
Mais bon ce n'est pas l'essentiel Véronique. Vous le dites vous-même ; c'est la pression médiatique, politique qui génère le pire. Pas les stèles.
Rédigé par : Nordine | 13 février 2012 à 15:25
@Véronique Raffeneau | 13 février 2012 à 09:11
"A priori, François Sionneau intervient en arrière-plan dans le livre en tant que questionneur. Cependant, dans le livre, ses questions ou réactions n'apparaissent pas. Dans la forme, ce qui à l’origine est un livre d'entretiens devient un monologue. "
Ah, d'accord.
Pour des philosophes "le questionneur", "celui qui demande", n'a pas un mince rôle. Mais il ne s'agit pas en effet d'un livre de philosophie au sens technique du terme. Comme j'ai de nouveau un peu de temps devant moi, sans doute serait-il bon que je le feuillette moi aussi. Si toutefois le Sotret qui semble à nouveau sévir par ici, ne torpille pas aussi le bon de commande '_'
Rédigé par : Catherine JACOB@Véronique | 13 février 2012 à 15:06
Rédigé par : sylvain | 13 février 2012 à 09:34
Marie-Antoinette aussi a voulu jouer à la paysanne. Elle a eu sa ferme, le petit Trianon. Elle reçut même le surnom de "madame déficit" !
A force de vouloir copier l'Histoire, vous savez comment cela se termine ?
PS : Croyez-vous sérieusement qu'à Nogent-sur-Marne il y ait beaucoup de touristes ? Et à entendre certains Français que j'écoute parfois, je peux vous assurer que CB n'est absolument pas aimée... ! Trop campagnards peut-être leurs avis !
Dernièrement, une dame qui se trouvait avec moi dans une salle d'attente me dit : "Vous savez, je suis un peu voyante, eh bien Sarkozy va mourir ! Je l'ai vu".
Oui, quelle vision !!
Rédigé par : Marie@Sylvain | 13 février 2012 à 15:04
@ Cantalessous
Cela me rappelle un autre anecdote véridique.
Ayant habité un petit peu Bordeaux du temps de Chaban, un de mes amis avait réussi à convaincre une camarade que la nuit les auto-mitrailleuses patrouillaient en ville . Il suffisait de se lever de bonne heure et de regarder discrètement en écartant le rideau de la fenêtre.
Ce qu'elle fit et constata épouvantée que c'était le cas. De gros engins ventrus circulaient à petite vitesse, gyrophares tournoyant et éclairant les façades du vieux Bordeaux de leur éclat lugubre.
Bon j'arrête là le psychodrame. C'était les balayeuses-laveuses municipales....
A propos de psychodrame, cette étudiante à l'époque est actuellement psychologue dans un hôpital.
Alors vous pensez bien qu'avec les moyens vidéo actuels, jouer à la pâte à modeler avec le cerveau humain est un jeu d'enfant.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 13 février 2012 à 14:32
La manière dont vous faites la part des
choses entre passif et actif à propos de
"personnalités" s'apparente à une forme
de sagesse ! Soljenitsyne n'a physiquement
tué personne.
Cependant, il m'est arrivé ainsi qu'à une
personne de mon entourage qui connaît la
littérature russe (hélas en traduction!
dit-il) bien mieux que moi, de nous poser
la question de l'os à ronger qui pourrait
inhiber momentanément l'interférence actif-
passif ! L'os à ronger provoque parfois une
prise de conscience aiguë et/ou une visibilité étendue qui peut, au fil du temps,
se révéler incompréhensible pour l'extérieur
Ainsi devenons nous si petits devant l'expérience ("vécu") d'autrui parce qu'ignorant
les arcanes du ressenti qui est le leur.
Pouvoir et oser le partager n'est-ce pas
aussi dévoiler son passif et son actif ?
Tant il est vrai que, plus jeunes, nous
eûmes des réactions de rejet à l'égard de
personnalités dont nous admirions les qualités d'écriture, mais pas certaines déclarations ! Un monde, l'être humain...
Rédigé par : calamity jane | 13 février 2012 à 13:40
J'ai résidé et travaillé plusieurs années à Evry et j'avoue ne m'être jamais posé de questions lorsque je me rendais à la piscine de cette ville, rue Alexandre Soljenitsyne.
Concernant la "Rue de l'Ecoute s'il pleut", je me suis au contraire souvent demandé la raison d'un choix aussi singulier, bien que non dénué de poésie (à connotation orientale).
Rédigé par : Mary Preud'homme | 13 février 2012 à 12:09
Quelle bêtise, quel manque de culture, quel manque de sens de l'admiration pour l'héroïsme et le génie de Soljenitsyne ! Et de telles personnes sont élues, c'est profondément démoralisant. Je vais me replonger dans l'oeuvre revigorante de Soljenitsyne, cela me redonnera confiance en l'homme.
Rédigé par : nanouk | 13 février 2012 à 10:46
@Surcouf
Le FN a dirigé la mairie de Toulon de 1995 à 2001 et... rien ! Une anecdote pour vous situer le niveau de la bêtise humaine : une jeune parente, au cours d'un repas hors Toulon, me demande comment cela se passe. Pour venir ici ? Oui. Pas de problème, nous sommes allés à la mairie demander un laissez-passer à présenter aux sorties de la ville. Et elle le croyait ! Et puis tous ces braillards intellos venus défendre la culture en danger à TLN, venus défendre Chateauvallon où les Toulonnais n'allaient que pour se promener. Quel courage ! Comment diriger une ville quand on n'a réuni que 36 à 40 % des voix ?
Rédigé par : Cantalessous | 13 février 2012 à 09:45
@Marie
Avec les traits de... je vous le donne en mille !!!!????? Carla Bruni !!!!
;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
Vous auriez préféré celle d'Eva Joly, de Aubry ???
Attention, faire fuir les touristes n'est pas non plus une bonne solution par ces temps de crise.
Moi je vous le donne en "Emile" : le maire a eu du goût ; bien entendu on attend les tagueurs indignés antisarko qui vont se faire une joie démentielle de la dégrader en signe de révolte.
Rédigé par : sylvain | 13 février 2012 à 09:34
@ Nordine
"C'est un peu à se demander où vous situez le pire mon cher Philippe ?"
Je crois, Nordine, qu'il faut lire le paragraphe au billet - effectivement lapidaire et excessif - dans le clair-obscur de ce que Philippe a régulièrement exprimé à propos de l'affaire Brahim Bouram, dont il a été l'avocat général dans le procès d'assises.
Je pense que ce qui est essentiel est le fait que Philippe se reproche d'avoir privilégié dans le cadre du réquisitoire le poids et la puissance de l'environnement et des pressions médiatiques autour du procès à l'analyse qu'il faisait des faits.
"Pour la mort de Brahim Bouram, ce jeune Marocain jeté dans la Seine par des militants issus d'un défilé du Front National, j'ai requis la condamnation pour meurtre et il a été condamné de ce chef alors qu'au fond de moi je savais que j'aurais dû soutenir que son crime avait entraîné la mort de la victime sans qu'il ait eu l'intention de la donner. Petite trahison de moi-même dont j'ai toujours gardé le souvenir et la morsure" (Le bal des complaisants).
@ Catherine
A priori, François Sionneau intervient en arrière-plan dans le livre en tant que questionneur. Cependant, dans le livre, ses questions ou réactions n'apparaissent pas. Dans la forme, ce qui à l’origine est un livre d'entretiens devient un monologue.
Le titre du livre est mauvais, le sous-titre pas beaucoup mieux.
Pour l’essentiel, les lecteurs réguliers du blog retrouvent Philippe tel quel. Ce qui m’a le plus intéressée est d'une part, les éléments biographiques qui éclairent - mode clair-obscur - la sensibilité exacerbée de Philippe, de l'autre la description des ambiances lourdes, confinées, médiocrement politiques au niveau des hiérarchies du Palais de justice de Paris.
A ce niveau, ce qui frappe est l’indifférence institutionnelle invraisemblable vis-à-vis des affaires ordinaires, comprendre non médiatisées.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 13 février 2012 à 09:11
Archipel de la bêtise. On peut craindre que ce ne soit qu'un avant-goût de ce qui nous attend dans les trois mois qui viennent...
PS : Je connais déjà un rond-point des droits de l'homme et un rond-point de la laïcité...!!!
Rédigé par : Guzet | 13 février 2012 à 09:08
Ben dites donc je lis qu’il a des gens ici qui sont incollables sur les œuvres de AS. Je suis impressionné.
J’avoue humblement que je n’ai pas pu finir l’Archipel du Goulag qu’un ami m’avait offert à un anniversaire. Le livre est encore dans ma bibliothèque avec un onglet autour de la page 100 depuis une bonne vingtaine d’années…
C’est sans doute la raison de mon indulgence envers Sarkozy quand il avoue ne pas avoir réussi à venir à bout de « La princesse de Clèves ».
La lecture doit certes être un apport culturel, mais elle demeure encore et surtout un plaisir.
Rédigé par : Achille | 13 février 2012 à 09:06
Que la France est provocante, compliquée...
Encore une tempête dans un samovar d'ignorance, de contre-vérités et de petitesses...
Alexandre Soljenitsyne... Il serait édifiant, mais très sûrement à pleurer si on analysait et mesurait le savoir des détracteurs et accusateurs, de ce "Victor Hugo " slavophile, qui aimait tant de sa Sainte Russie... sa patrie.
Nos bobos révolutionnaires en gilet de Fursac ou saharienne Dior, prononcent et jettent leurs anathèmes comme des kleenex, alors qu'ils se sont mouchés dans les doigts de leurs mains sales.
Qu'ils étudient la Russie... premier pays en surface et en richesses naturelles... Cultures littéraire, musicale, architecturale, picturale, etc. éblouissantes et incontournables...
Alexandre Soljenitsyne (une âme russe), n'a jamais pensé ni défendu autre chose que sa Patrie... quitte à souffrir l'insupportable...
Je mets au défi nos pisse-froid ignares et incultes de dénicher un homme de lettres français d'un niveau identique... même pour mettre un nom sur le square où ils promènent leurs toutous pour leurs besoins...
Je n'irai pas plus loin dans ma philippique, pour ne pas devenir injurieux, devant un océan de décadence, de bêtise et d'inexactitudes.
Stalen Ilitch GUEVARA.
Rédigé par : Stalen Guevara | 13 février 2012 à 02:56
@ Libérus
Oui, il s’agit de deux siècles ensemble, je me suis permis de citer le sous-titre. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de nuances et de points intéressants dans ce livre, et je ne suis pas spécialiste du sujet... D'ailleurs, puisque vous intervenez sur la question délicate des pogroms, je pars du principe que vous êtes meilleur historien que moi et je ne l'évoque pas. Puisque vous ne voulez pas du terme "ingrat", qui vient de mon analyse, je propose le terme "renégat", qui est de l'auteur.
Simplement, j'aimerais que des gens plus qualifiés qu'un dilettante comme moi (de surcroît non russophone) disent ce qu'ils pensent de la valeur historique des phrases suivantes :
"Après six années de réflexion, le tsar Alexandre III choisit de contenir les Juifs de Russie par des restrictions d'ordre civil et politique (...) Les raisons en furent probablement, d'un côté, la part évidente prise par les Juifs dans le mouvement révolutionnaire, de l'autre, le fait non moins évident que beaucoup de jeunes juifs se dérobaient au service militaire" (I, 299). "Tout comme en Europe, la poussée multiforme des ambitions juives ne pouvait manquer d'éveiller chez les acteurs de la vie publique russe, ici de l'inquiétude, là une opposition farouche, là encore, au contraire, de la sympathie" (I, 352) ; "Les restrictions (à la résidence des Juifs) ont été conçues par le gouvernement pour combattre une pression économique massive qui mettait en danger les fondements de l'Etat" (I, 324). "En combinant remarquablement en eux-mêmes la fidélité à leur peuple et l'universalisme, les Juifs adoptent avec talent la culture des peuples qui les entourent" (II, 18). "La partie raisonnable du peuple juif s'est laissé submerger par les têtes brûlées. Et c'est ainsi qu'est devenue renégate une génération presque entière" (II, 110). "Voici, d'après l'Encyclopédie juive russe, quelques tchékistes des toutes premières promotions avec leurs état de service : (suit la liste en question)" (II, 143) ; "Oui, ils foisonnent, les arguments qui expliquent pourquoi les juifs se sont rangés aux côtés des Bolcheviks (et nous en examinerons d'autres, très solides, quand nous parlerons de la guerre civile) ; Néanmoins, si les Juifs de Russie ne gardent mémoire de cette période que pour se justifier, cela voudra dire que le niveau de leur conscience nationale a baissé, que cette conscience sera perdue. Les Allemands pourraient eux aussi récuser leur responsabilité de la période hitlérienne en disant : ce n'étaient pas de vrais Allemands...". "Le peuple juif doit répondre de ses révolutionnaires assassins et des colonnes d'individus bien disposés qui se mirent à leur service" (II, 131). "L'omniprésence des Juifs aux côtés des Bolcheviks eut, au cours de ces journées et de ces mois terribles, les plus atroces conséquences : parmi elles, l'assassinat de la famille impériale, dont de nos jours, tout le monde parle et où la part des Juifs est aujourd'hui exagérée par les Russes, qui y trouvent une jouissance mauvaise" (II, 99-100). "N'oublions pas non plus que, jusque dans les camps, les Juifs, par la force de la tradition davantage peut-être que par volonté personnelle, s'employaient à certaines transactions de type commercial" (II, 360). "La dispersion des Juifs n'a pas été uniquement une fatalité malheureuse, mais une libre recherche : non pas seulement une infortune sur laquelle on gémissait, mais aussi peut-être, un moyen de se ménager une vie plus facile" (II,545).
Vous me direz que l'on ne peut juger de l'oeuvre avec si peu de citations. Soit. Vous me direz que je suis un ver de terre par rapport à Soljenitsyne et que je ne connais pas le sujet ni la vie de l’auteur. Dont acte. Ma question n'en demeure pas moins. Je ne chipoterai pas sur l’antisémitisme d’Alexandre III ou sur l’affaire Beyliss ; ni même sur son traitement imprudent et cavalier de certaines sources historiques, notamment officielles. Mais, que ce soit sur les Juifs, sur les Russes, ou sur les Allemands, trouvez-vous qu’il soit bon de plaquer des propositions abstraites et parfois généralisantes ? Même si, je le répète, le sens de la nuance n'est pas ce qui manque à Soljenitsyne. Je ne dis donc pas qu'il est antisémite et maurassien, comme le fait Jean-Jacques Marie dans sa critique : j’ose simplement prétendre que les citations que j'ai détachées - j'aurais pu en citer quelques autres - n'apportent rien, à mon sens, au propos de l’auteur et peuvent être exploitées aisément et presque directement dans un sens néfaste – qui l’aurait scandalisé, je n’en doute pas.
J'ai tort, je le sais. De mortuis nihil sine bene. Tant pis ! L’auteur du Pavillon des Cancéreux me l’aurait certainement pardonné : il trouve même un peu de bon chez Ephrem Poddouiev…
Rédigé par : Boris | 12 février 2012 à 23:34
" ...sans se douter qu'il ne savait pas nager"
Mince, il aurait fallu à Brahim Bouram de dire simplement à ses agresseurs "je ne sais pas nager" pour avoir la vie sauve. Où avait-il la tête ? Sous l'eau certainement.
Je vous rappelle qu'en 1995, l'année où Brahim Bouram était tué, des colleurs d'affiche du FN, qui eux n'étaient en "marge" de rien du tout, tuaient Ibrahim Ali, un français d'origine comorienne.
"Il est évident que s'il ne s'était pas agi de Jean-Marie Le Pen, on n'aurait jamais songé à cette consécration."
Tout aussi évident que dans les autres manifestations d'autres mouvements politiques on ne compte pas ce genre de faits divers.
La plaque posée quelques mois après 2002 a un sens politique. On est d'accord ou pas mais je ne vois pas le pire à craindre là-dedans.
C'est un peu à se demander où vous situez le pire mon cher Philippe ?
Rédigé par : Nordine | 12 février 2012 à 22:43
Merci infiniment pour ce billet.
Soljenitsyne fut un des plus grands hommes du 20ème siècle.
Nous assistons à la revanche des cloportes sur le géant.
Rédigé par : Florence | 12 février 2012 à 22:12
L'art chipe elle, de la bêtise ! (Notez que j'aurais pu écrire pire !!!)
Ôtez-moi d'un doute, n'auriez-vous pas eu écho de la trouvaille du maire de Nogent-sur-Marne : faire ériger une statue de deux mètres, en bronze s'il vous plaît, censée représenter une ouvrière en tenue de travail, hommage de la ville aux anciennes plumassières... Rien à redire jusque là, mais... avec les traits de... je vous le donne en mille !!!!????? Carla Bruni !!!!
Bravo !
Comme modèle d'"ouvrière", c'est réussi !
Ouvrière, oui, mais... Je n'en dirai pas plus... ! Il y a des messieurs qui lisent ce blog... !
A quand la statue de Déesse K !!!???
Rédigé par : Marie | 12 février 2012 à 21:49
Vous avez un jardin du 12ème, 54 rue de Fécamp, qui a été baptisé : "jardin Ilan-Halimi".
Cela doit vous rappeler quelque chose !!!
Rédigé par : Marie | 12 février 2012 à 20:44
@Alex paulista
Mon cher Alex, peut-être m'avez-vous mal lu mais je fais mienne aussi votre conclusion.
Cela dit, suivez le lien qui ouvre sur un article très intéressant traitant du plagiat en le défendant (relativement...) dans le domaine de la science.
Mais le sujet du billet a disparu de la discussion : reprenons-nous, vite !...
Rédigé par : Herman Kerhost | 12 février 2012 à 20:10
Dans le Voyage au bout de la nuit, il y a un... boulevard de la Révolte !
Et à New York, Bardamu passe une nuit à l'hôtel Laugh Calvin... le Calvin rieur...
Rédigé par : Savonarole | 12 février 2012 à 19:32
"Et puis un jour lointain, peut-être, on s'apercevra qu'au coin d'une rue, il y a un beau peuplier, et on l’appellera rue du peuplier."
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 février 2012 à 12:18"
Permettez-moi d'appuyer votre propos, Monsieur. Aujourd'hui, la rue du Peuplier existe déjà. Son nom est moins poétique mais dans n'importe quelle ville de France, où que tout individu aille, il ne peut la manquer, il s'agit de la "rue du Cimetière" ! Mais grâce à vous peut-être qu'un jour, elle deviendra : "Rue du Peuple y est !". Et si vous regardez bien, vous y apercevrez les lapins de monsieur sbriglia... !
Tout comme la rue du Bouleau deviendra peut-être un jour "rue du Boulot !"
Apparaîtra t-elle la rue des déçus... "rue des "Cou...nés de 2007 ?"
Rédigé par : Marie@Xavier NEBOUT | 12 février 2012 à 19:08
@ Boris
« En revanche, il est fort dommage qu'Alexandre Issaïevitch n'ait pu s'empêcher de publier il y a quelques années son "Histoire des Juifs et des Russes de 1795 à 1995". Disons qu'il cherche à équilibrer ce qu'il juge être les torts des uns et des autres, ne se privant pas de considérer les Juifs comme des ingrats : protégés des pogroms par les autorités, ils les auraient bien mal remerciées en 1917. »
Vous voulez sans doute parler du livre en deux tomes qui s’intitule en fait « Deux siècles ensemble » (chez Fayard). S’il est vrai qu’il recherche un équilibre, je dirais plutôt qu’il recherche un dialogue sans concessions. On peut être en désaccord avec certains points, surtout dans le premier tome, sans pour autant agiter l’épouvantail de l’antisémitisme (en Russie, l’ouvrage passe pour être philosémite). Effectivement, A.S. sous-estime quelque peu l’antisémitisme de la politique officielle dans les premières années du XXème siècle. Mais il a raison de vouloir contrebalancer l’idée absurde répandue en Occident selon laquelle la police tsariste provoquait les pogroms : la masse russe ne se laissait pas manipuler aussi facilement.
Il ne dit jamais que les Juifs ont été « ingrats ». Et contrairement à ce que vous dites, il signale qu’ils n’ont joué qu’un rôle négligeable au cours de l’année 1917. Bref, si vous l’avez vraiment lu, il serait temps de le relire.
Rédigé par : Libérus | 12 février 2012 à 18:30
A Clermont-Ferrand il y a toujours une... avenue de l'Union Soviétique. A croire que les élus n'ont pas encore réalisé que le Mur de Berlin a été démoli il y a une vingtaine d'années, doivent être trop occupés ou nostalgiques !
Rédigé par : Domi | 12 février 2012 à 17:53
Juste un bref hors sujet pour attirer l'attention sur la très jolie critique de "Le Bal des complaisants" (http://livre.fnac.com/a3670343/Philippe-Bilger-Le-bal-des-complaisants) Philippe Bilger et François Sionneau, Fayard 02/2012, dans Le Figaro Magazine du 11/02/2012 page 111 sous la plume d'Alain-Gérard Slama. Aucune complaisance critique mais en revanche une petite impasse sur le coauteur...!
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 février 2012 à 17:37
Surcouf a écrit :
"...j'exècre totalement l’extrémisme qu'il soit noir ou rouge..."
---
Je partage ce point de vue.
Le seul extrémisme acceptable est celui de l'Amour.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 12 février 2012 à 17:36
Je rejoins le point de vue de sbriglia et ne rajouterai pas grand-chose.
Que les pisse-vinaigre aillent se faire voir chez... qui ils veulent, d'ailleurs ont s'en bat les oreilles.
On a parfois envie d'être grossier avec des gens comme Alexis Corbière ou Christophe Girard.
Merci monsieur Bilger de ce billet, qui remet bien les choses en place.
Je veux noter cependant la gêne qui m'étreint à la vue régulière d'une rue Lénine dans certaines de nos banlieues.
Pour avoir dans mon jeune temps travaillé à Ivry-sur-Seine, on sait où on se trouve rien qu'à regarder le nom des rues.
Je pense que si d'aventure le FN gagnait une mairie, il pourrait très bien dénommer une rue Goering ou Goebbels ce ne serait pas pire que Lénine au regard de l'Histoire.
Je rassure les stressés du bulbe qui pourraient me lire et s'émouvoir béatement de mes propos, j'exècre totalement l’extrémisme qu'il soit noir ou rouge. Ils se rejoignent allègrement dans ma haine la plus profonde.
Rédigé par : Surcouf | 12 février 2012 à 14:45
@ Herman Kerhost, olivier
E=mc^2 est valable pour une particule au repos. C'est la formule dont on se souvient et en effet elle peut être attribuée à d'autres, mais ce qui est véritablement utilisé en physique c'est E=gamma.mc^2, où le facteur gamma est l'ajustement proposé par Einstein dans le cadre nouveau de la relativité restreinte, pour expliquer que la vitesse de la lumière reste constante même dans un référentiel en translation.
Il est évident que Poincaré, qui croyait en l´éther pour expliquer cette vitesse constante, n'a pas eu dans ce domaine la "vista" d'Einstein.
Il y avait plusieurs théories contradictoires sur le mouvement, la vitesse de la lumière, la densité électromagnétique, et Einstein a su choisir qui avait raison dans chacun des domaines en les unifiant par la théorie de relativité restreinte, qui raccourcit les longueurs dans la direction du mouvement, et rallonge le temps du même coefficient... le coefficient gamma qu'on applique à E=mc^2 lorsque la particule est en mouvement.
Si ça c'est plagier...
Rédigé par : Alex paulista | 12 février 2012 à 14:40
On a bien une place Dalida, bientôt une rue Maritie et Gilbert Carpentier, le nivellement vers le bas entraîne ce type de réflexion au Conseil de Paris.
Rédigé par : SR | 12 février 2012 à 12:56
Pauvres gens qui ne raisonnent qu'avec leur sexe et en font l'échelle de leurs valeurs dans les relations humaines.
Huit ans de camp dans les steppes sibériennes font que le sang se réfugie au cerveau et abandonne toutes les extrémités. Quand on pense c'est à autre chose qu'à la chose. Une Gay Pride au milieu des moustiques en été ou dans le blizzard en hiver ? Je ne crois pas qu'il y ait eu d'opération Vorkouta Plages.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 12 février 2012 à 12:26
Il fut un temps où le nom des rues servait à se situer, rue des fossés, des remparts, des tanneurs, des orfèvres, etc.
Ce sont ces noms de rue qui nous content l’histoire et que nous avons plaisir à dire. Evidemment, il s’agit du temps où les hommes sortaient du singe, l’Ancien Régime. Il y avait certes des Place Royale un peu partout, mais il relevait vraiment de la volonté et de la fierté populaire de baptiser ainsi une place, et d’y voir la statue du Roi.
Certes on sera plus tard fier d’avoir sa place des faits d’armes ou des héros qui ont fait la gloire de la France, et c’était en tout état de cause pour exalter le patriotisme.
Par contre, on peut douter que jamais les habitants d’une ville aient du fond du cœur souhaité avoir une avenue Mitterrand tant il est pour tous – de droite ou de gauche – l’archétype de l’homme politique malhonnête. Il est vrai que cela vaut bien des rue Lénine ou Maurice Thorez.
Bientôt nous aurons des avenues des droits de l’homme, de la gauche au pouvoir, ou de la lutte contre l’homophobie ? Ne riez pas, si cela n’existe déjà, ça ne va pas tarder ; cela relèvera même d’une obligation morale.
Et puis un jour lointain, peut-être, on s'apercevra qu'au coin d'une rue, il y a un beau peuplier, et on l’appellera rue du peuplier.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 février 2012 à 12:18
"Avec ce genre de pointillisme qui confond le détail avec le tout et n'hésiterait pas à sacrifier ce dernier au nom d'une éthique de façade"
C'est justement par là qu'Einstein ne serait rien d'autre qu'un vulgaire plagiaire :
http://jeanzin.fr/ecorevo/sciences/plagiat.htm
Eh oui, Olivier, tout n'est pas simple et même si le génie d'Einstein est incontestable c'est surtout celui d'avoir su englober en une formule célèbre ce que Poincaré avait esquissé de façon plus éparse.
S'agissant de Soljenitsyne que je ne connais pas par la lecture de l'oeuvre je dirais simplement que :
Ah bon ! on peut être anti-communiste ET homophobe !
Non, Christian, vous vous trompez ! relisez donc le tout et vous repartirez rassuré quant à la morale de l'hôte de ces lieux.
Même si je m'inquiète toutefois comme vous quant aux choix des sujets que celui-ci traite parfois. Mais peut-être est-ce une façon de prendre le pouls ?
Parce que... c'est quand même pour certains commentateurs qu'il faudrait s'inquiéter et se demander si ceux-ci se relisent bien avant de poster !
C'est vrai que l'anonymat permet de vomir sans avoir honte d'être reconnu...
Rédigé par : Herman Kerhost | 12 février 2012 à 10:40
"les baptêmes aberrants de rues ou de places, qui montrent l'extrême difficulté, parfois, de choisir des personnalités incontestables..."
Aucun grand créateur, aucune gloire n'est incontestable.
Parfois une rue est attribuée à une victime de la violence ou de la barbarie, mais s'assure-t-on toujours que l'ensemble de sa vie soit impeccable ?
Madame Taubira, il y a quelques années, s'est donné le ridicule d'organiser - en Guyane ou aux Antilles, je ne me souviens plus - le procès de Christophe Colomb, procès à l'issue duquel, bien sûr, le grand navigateur était condamné pour les conséquences catastrophiques de sa découverte sur les populations indigènes du Nouveau Continent. L'Espagne et l'Italie ont donc tort de baptiser des rues de son nom !
Tout cela est absurde.
On ne devrait considérer que la grandeur ou la beauté de l'oeuvre, pas les faiblesses de l'auteur.
La Mairie de Paris respecte une échelle de valeurs que j'aimerais bien qu'on m'expliquât : une belle place Dalida, une grande esplanade Jean-Paul II et un rond-point Soljenitsyne...
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 février 2012 à 07:48
Bonjour Philippe Bilger,
« Avec ce genre de pointillisme qui confond le détail avec le tout et n'hésiterait pas à sacrifier ce dernier au nom d'une éthique de façade, je me demande bien quel être serait suffisamment exemplaire pour être inscrit au fronton de nos rues ou y demeurer ? »
Ah le « pointillisme » qui s’attache au détail, au point de négliger le tout, que de boulettes n’a-t-il pas provoqué. Il y a des mots comme ça qui dès qu’on les prononce sont immédiatement mal interprétés. C’est ballot !
C’est notamment le cas de tout ce qui touche à certains régimes politiques, à certaines cultures, voire même à certaines « civilisations ». En fait tout est une question de sémantique pas toujours bien maîtrisée.
Que le jardin du rond-point de la porte Maillot porte le nom d’Alexandre Soljenitsyne au regard de son talent d’écrivain pourquoi pas ? Tous les grands hommes ont leur part d’ombre, mais tout dépend de l’ombre portée sur son image.
Si on part de ce principe, le maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun aurait pu prétendre voir un boulevard ou une place porter son nom, comme ses collègues Joffre ou Foch.
De même que Louis-Ferdinand Céline, antisémite notoire, dont la plume vaut bien celle d’Alexandre Soljenitsyne. Et en plus ces deux-là ont déjà le mérite d’être Français.
Le tout est de savoir ce qui prévaut chez un personnage : son talent voire son génie ou bien ses errements parfois liés à un contexte que bien souvent on ne prend pas le temps de souligner, préférant juger en fonction des valeurs actuelles. C’est toujours plus facile d’avoir raison après.
Rédigé par : Achille | 12 février 2012 à 07:10
Monsieur Bilger,
Comme d'habitude, je salue votre franc-parler, et suis d'accord avec votre conclusion sans d'ailleurs en suivre forcément les prémisses. Mais il est évident que je ne vois pas sans étonnement deux perdreaux de l'année juger en trois phrases et sans rien citer une existence pareille.
Soljenitsyne laisse derrière lui l'Archipel du Goulag, une journée d'Ivan Denissovitch, le Premier cercle et le Pavillon des cancéreux. Je défie quiconque d'y trouver le moindre soupçon d'antisémitisme. Son action pour la liberté d'expression, notamment dans sa lettre au Congrès des écrivains de 1967, lui a fait courir des risques personnels évidents ; je conçois aisément qu'on ne puisse en prendre conscience dans les bureaux feutrés de LVMH, ou même à la mairie du XIIème arrondissement. Et sa dénonciation des crimes du Goulag, dans un livre fondé en partie sur ses huit ans de camp, a réveillé l'Occident et obligé finalement Brejnev à l'expulser en 1974. Il avait entre-temps reçu le Prix Nobel.
Evidemment, Soljenitsyne est ensuite devenu conservateur, et sans doute réactionnaire. Il lui est arrivé à l'occasion de condamner la Révolution française : comme Joseph de Maistre, qui a sa rue à Paris. Mais il aimait notre pays et s'y plaisait.
En revanche, il est fort dommage qu'Alexandre Issaïevitch n'ait pu s'empêcher de publier il y a quelques années son "Histoire des Juifs et des Russes de 1795 à 1995". Disons qu'il cherche à équilibrer ce qu'il juge être les torts des uns et des autres, ne se privant pas de considérer les Juifs comme des ingrats : protégés des pogroms par les autorités, ils les auraient bien mal remerciées en 1917. Le livre est documenté et parfois nuancé : je veux donc espérer que c'est involontairement qu'il donne au fil des pages une caution inespérée aux antisémites de la blogosphère et d'ailleurs... Dans le dernier tome de ses mémoires, Soljenitsyne se défend âprement de l'accusation d'antisémitisme. Il faudrait l'écouter aussi.
Au fond du pavillon des cancéreux, l'agronome Chouloubine jette à bas les idoles. Il n'y en a pas à chercher ici. Mais je pense, comme vous le dites, que le positif l'emporte sur le négatif. Soljenitsyne a longtemps mené le combat de Zola et de Péguy, celui de la justice et de la vérité : le Conseil de Paris lui en donne acte. Je veux croire qu'il a bien fait.
Rédigé par : Boris | 12 février 2012 à 02:43
Cher Philippe,
Pour votre revue de presse:
Le Figaro Magazine du samedi 11 février 2012, page 111, L'esprit de finesse de Alain-Gérard Slama.
"On aimerait que la question de Philippe Bilger soit entendue, non seulement dans la magistrature, mais dans l'entreprise et à tous les échelons du pouvoir".
Mais, en passant près de la Seine,
souvent nous avons beaucoup de Peine...
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 11 février 2012 à 23:34
Bonjour Monsieur Bilger
Comme tout devient compliqué... Que de chicaneries...
L'extrait du discours de 1978 d'Alexandre Soljenitsyne repris par Pierre-Antoine, reste 34 ans après, d'une brûlante actualité.
Dans le même ordre d'idée, je viens de lire dans Le Figaro que "Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) déplore aujourd'hui la décision de la justice belge qui a refusé d'interdire la commercialisation de la bande dessinée Tintin au Congo, estimant non fondée l'action intentée par un Congolais qui jugeait l'oeuvre d'Hergé raciste."
Mais où va t-on ? La justice a certainement bien d'autres choses à faire dans le contexte actuel que de lire Tintin d'une part, et de mobiliser ses moyens pour complaire à quelques individus détenteur de LEUR vérité, d'autre part.
A quand la remise en cause de la Bible, du Coran...???
Rédigé par : Cyrielle | 11 février 2012 à 22:41
C'est un vaste chantier que celui de débaptiser toutes les rues qui portent le nom de délinquants rétroactifs, antisémites, homophobes, misogynes, criminels de guerre, racistes toutes catégories. Combien de rues, d'avenues, de places Charles de Gaulle alors que celui-ci, rendez-vous compte, fumait dans les lieux publics ! Par chance, je ne crois pas qu'un seul lieu en France n'honore un turc.
C'est pas bien grave, la décision a été votée. Soljenitsyne n'était sans doute pas un homme très sympathique mais l'importance de l'écrivain n'est pas douteuse. Curieuse manie de toujours renvoyer les artistes à ce qu'ils sont alors qu'ils s'échinent à n'être que ce qu'ils font.
Cela dit, je suis toujours réservé à cette idée qu'une puissance politique s'érige en juge, même lorsqu'il s'agit d'un nom de rue. De même que je n'aime pas lorsqu'il s'agit de légiférer sur la mémoire, en jugeant l'histoire, de même je n'aime pas que le politique fasse son tri entre ceux qui auront droit à une place et les autres. J'étais cet après-midi à Lognes (77), à la recherche de produits asiatiques pour mon sempiternel régime. La célèbre épicerie Tang Frères se situe, là-bas, rue du Suffrage Universel. Voilà un vrai nom de rue.
Et s'agissant d'archipel de la bêtise, boudiou ce qu'il faut pagayer ferme ces temps-ci sur le blog, pour éviter les récifs !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 février 2012 à 22:40
Soljenitsyne « homophobe » ? Je n’en sais rien. Il est fort possible qu’il ait partagé les préjugés de l’immense majorité des Russes à ce sujet. Mais s’il fallait débaptiser toutes les rues de Paris qui portent le nom d’une personnalité « homophobe », il ne resterait plus beaucoup d’adresses à Paris.
Rédigé par : Libérus | 11 février 2012 à 21:47
Allons, allons, vous reprochez à notre gauche d'être fidèle à elle-même, à ses errements, à son amour des dictateurs...
Rédigé par : Franck Boizard | 11 février 2012 à 19:15
Monsieur,
J’ignore quelle obscure filiation vous relie à Claude Guéant.
Quand je lis sous votre plume, qui pour le coup pèse le plomb : « Ainsi, pour la stèle érigée pour Brahim Bouram, la malheureuse victime d'un skinhead imbécile l'ayant jeté à la Seine sans se douter qu'il ne savait pas nager », je me demande si vous avez pris le temps de vous relire.
Mais quel imbécile, ce Bouram, aussi ! On n’a quand même pas idée, quand on est un arabe et qu’on ne sait pas nager, d’aller se promener à proximité d’un défilé de 1er mai du FN ! Et puis, le brevet de vingt-cinq mètres de natation, ce n’est pas fait pour les chiens… Et à quoi mène la terrible étourderie de cet arabe égaré ? A ce qu’un skinhead imbécile soit condamné pour une simple étourderie, rendez-vous compte…
Et voilà qu’en plus, cet obscur tenant d’une civilisation islamique rétrograde se voit « célébré » d’une stèle à sa mémoire.
Quel sans-gêne…
Rédigé par : Christian C | 11 février 2012 à 18:34
Qui ne se souvient d'avoir vu, dans telles communes du Sud de la France, des rues Joseph Staline après y avoir vu des places Philippe Pétain ? Epiphénomènes, avanies des temps, il serait plus sage de revenir à des noms de voies évocateurs de leur fonction : la rue du départ, le square de la consolation, l'impasse de la merdasse, si, si.....la rue esquiche coude, le portail de la laiterie, le boulevard du temps perdu, si, si..... Comme nous sommes devenus d'une grande banalité, nous pourrions nous contenter de mots plus vagues : le cours des votes, la place des boules, le chemin droit. Puis, un jour, débarrassés des mythes et calembredaines de la politique contemporaine, on pourrait se risquer à un boulevard de la paresse.
Rédigé par : JMT | 11 février 2012 à 18:34
Antisémite?
Homophobe?
Mon œil!
Ces prétextes sont avancés par des hypocrites de la majorité parisienne qui ne supportent toujours pas que des hommes libres se soient opposés au communisme soviétique.
Ne nous racontons pas d'histoire.
Ah Aragon, Montand, voilà de vrais artistes qui ont choisi le bon camp!
Rédigé par : Jiel | 11 février 2012 à 18:31
Traiter AS d'homophobe et antisémite...
La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société en tant que telle est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l'Ouest, de défendre non pas tant les droits de l'homme que ses devoirs.
(...)
L'Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l'homme, mais l'homme a vu complètement s'étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société."
Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne (extrait de son discours prononcé le 8/06/78 à Harvard)
Ah... Georges que t'avais raison de le chanter :
Non certes elle n'est pas bâtie
Non certes elle n'est pas bâtie
Sur du sable sa dynastie
Sur du sable sa dynastie
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Il peut dormir ce souverain
Il peut dormir ce souverain
Sur ses deux oreilles serein
Sur ses deux oreilles serein
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Je tu il elle nous vous ils
Je tu il elle nous vous ils
Tout le monde le suit docil'
Tout le monde le suit docil'
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Il est possible au demeurant
Il est possible au demeurant
Qu'on déloge le Shah d'Iran
Qu'on déloge le Shah d'Iran
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Qu'un jour on dise c'est fini
Qu'un jour on dise c'est fini
Au petit Roi de Jordanie
Au petit Roi de Jordanie
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Qu'en Abyssinie on recuse
Qu'en Abyssinie on recuse
Le Roi des Rois le bon Négus
Le Roi des Rois le bon Négus
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Que sur un air de fandango
Que sur un air de fandango
On congédie le vieux Franco
On congédie le vieux Franco
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Que la couronne d'Angleterre
Que la couronne d'Angleterre
Ce soir roule par terre
Ce soir roule par terre
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Que ça c'est vu dans le passé
Que ça c'est vu dans le passé
Marianne soit renversée
Marianne soit renversée
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le Roi des cons.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 11 février 2012 à 16:47
Un Nouveau Centre qui parraine un transfuge, c'est tout un programme ça !
Et la droite, quand elle était au pouvoir à Paris, elle n'a pas fait une ruelle ou un square Tiberi ?
Rédigé par : Alex paulista | 11 février 2012 à 16:10
Très bon commentaire, mais soyez prudent Monsieur Bilger. Evitez par exemple de mettre en doute publiquement que nous devons E=mc2 à Einstein, cela pourrait trahir chez vous un antisémitisme... larvé.
Rédigé par : Oliver | 11 février 2012 à 15:39
On a évité la honte, pas totalement le ridicule : le jardin du rond-point de la porte Maillot, quel prestige en effet !
Mais enfin, passer d'un exil à l'est à un autre à l'ouest tout au bout de la Grande-Armée vers la Grande Arche de la Fraternité ne manque pas d'une certaine heureuse symbolique.
Malgré nos rebelles au petit pied, un beau pas de géant.
Rédigé par : MS | 11 février 2012 à 14:43