Ce n'est pas tout d'aimer, de lire de bons, de grands livres, d'estimer certains journalistes, d'adorer telle ou telle actrice, d'admirer de remarquables personnalités. Cela pourrait suffire à la plupart mais il existe une minorité, à laquelle malheureusement j'appartiens, qui a non seulement besoin de l'adhésion qui la réjouit mais de l'exclusion qui la rassure. Il y a de l'aigreur et de la médiocrité dans cette attitude, j'en ai conscience, mais sans forcer le trait, le bonheur de voir, par exemple, Laurent Delahousse consacré comme le meilleur présentateur de télévision est fortement altéré, chez moi, par la surestimation constante, sur tous les plans, d'une Claire Chazal. Pour poursuivre, s'il y a Frédéric Taddéï, il y a aussi Laurent Ruquier. Meryl Streep est phénoménale mais tant sont bêtement encensées ! Dans un autre registre, pour Bruno Le Maire, il y a Nadine Morano ou Christian Estrosi qui devraient moins se montrer pour laisser plus de place au premier. La mauvaise gloire chasse la bonne. En un mot, que ceux qui le méritent l'emportent n'est pas de nature à me faire oublier que des piètres sont célébrés, et cela m'insupporte !
On comprendra mieux, au regard de mon tempérament clair et obscur, enthousiaste mais capable d'aigreur, pourquoi les ennemis de mes ennemis ont droit à toute ma sollicitude, surtout quand ils font preuve d'un formidable don pour atteindre la cible. J'ai connu il y a peu cette suprême volupté dans le domaine de la littérature. Il y a des écrivains dont le succès promotionnel me semble abusif mais quand ils n'y sont pour rien et qu'il convient de leur reconnaître un certain art de la narration, je ne bronche pas. Je songe notamment à Emmanuel Carrère qui bénéficie, pour chacun de ses ouvrages, d'un consensus enivré. C'est trop mais il y a des roucoulements plus absurdes.
Celui qui me préoccupe est Eric Neuhoff. L'écrivain et le journaliste ne me sont pas étrangers. A dire le vrai, je n'ai jamais été charmé par le premier et j'ai toujours été agaçé par le second. Il fait partie d'une bande littéraire et médiatique qui avec beaucoup de constance se fabrique, à tour de rôle, de l'importance et du talent, et gravite dans ces magazines glacés qui raffolent de l'esprit français dans ce qu'il a de pire: l'esprit sur tout, l'esprit désespérément à la recherche de l'esprit. De la sécheresse prise pour de la densité, du paradoxe pour du style, des maximes éculées pour de la psychologie, du léger pour de la grâce, le Hussard bleu ou les Enfants tristes mais sans l'âme, le génie et la profondeur ! Eric Neuhoff relève de cette catégorie d'auteurs qui pour leur plus grande infortune font sans cesse penser à quelqu'un d'autre. Roger Nimier ne s'est pas réincarné en lui pas plus que les épigones volcaniques de Céline n'ont quoi que ce soit de commun avec ce dernier. Dans le même escalier, les successeurs, pâles imitateurs, se tiennent des marches loin en dessous.
Ce ne serait rien, encore une fois, si Eric Neuhoff, en particulier pour son si bref Mufle, n'avait été l'objet de critiques complaisantes et aussi subtantielles que l'ouvrage était mince. Pas une réserve: Eric Neuhoff avait révolutionné l'amour et porté un regard décapant sur une histoire vieille comme le monde. Je l'ai lu, ce court récit, mais je n'aurais pas eu la fatuité de compter sur mon seul jugement. Ces pages étaient très mauvaises mais que peut une appréciation sincère devant un flot de dithyrambes interessés et de connivences propres au monde des Lettres, à droite comme à gauche ?
Mais Eric Chevillard est arrivé. Ailleurs, j'ai déjà souligné comment avec lui Le Monde littéraire avait retrouvé un étincelant feuilletonniste. L'esprit original, l'avis souvent très sûr, le choix qui ne semble pas exclusivement guidé par des considérations éditoriales et commerciales, la langue souple et maîtrisée, Eric Chevillard lit vraiment, loue avec pertinence et démolit avec grâce. Pour Eric Neuhoff, il s'est surpassé. Il a fait passer cet auteur et ce tout petit livre au travers de son filtre impitoyable et clairvoyant: si Eric Neuhoff a le sens du ridicule, qu'il n'écrive plus de romans ou après des années de silence comme le vrai Nimier !
C'est triste mais en littérature, il y a une indicible joie devant le massacre allègre, lucide et qui révèle, bien mieux qu'on n'aurait su l'exprimer, pourquoi un écrivain est surfait et une oeuvre infime : on se sent consolé, les grands sont vengés quand la mousse moderne et médiatique laisse place à la vérité: le livre est nu !
Eric Chevillard est le justicier cruel et pacifique des Lettres.
Juste pour signaler aux lecteurs de votre blog qu'il arrive parfois que la promotion d'un livre soit parfaitement justifiée.
Je viens de lire "Purge" de Sofi Oskanen paru en France à l'automne 2010, et salué alors unanimement par la critique.
Avec raison.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 09 mars 2012 à 08:14
@ zenblabla
Je voulais juste dire qu'en prenant des phrases ratées extirpées de leur contexte on peut détruire n'importe quel livre.
Rédigé par : Alex paulista | 19 février 2012 à 15:27
"...au regard de mon tempérament clair et obscur..."
Prenez garde de ne pas finir esseulé et enfiévré sur la plage brûlante de Porto Ercole... On vous aura prévenu...
Rédigé par : Raph38 | 19 février 2012 à 11:44
Monsieur Bilger. C'est toujours avec plaisir que je lis régulièrement votre blog. Pourtant peu à peu il bascule dans la critique. C'est dommage. Car la critique est facile. Et surtout trop facile avec ces gloires illusoires que nous avons de plus en plus sous les yeux. Et il paraît que c'est une façon facile de s'attirer du public. En France nous n'aimons pas les trains qui arrivent à l'heure. Mais si je vous lis pour une pensée qui sort de la banalité populiste, j'aimerais découvrir chez vous des esprits qui méritent qu'on les suive plutôt que les noms de gloires inconsistantes.
Rédigé par : Lucterius | 19 février 2012 à 08:53
Mes enfants savent que lorsqu'on ne
comprend pas quelque chose on demande
des explications, comme ils savent que
si, sur le moment, je ne puis leur en
donner j'y reviendrai plus tard !
Loin de moi l'idée que l'on ne comprend
que ce que l'on veut comprendre et surtout
de qui l'on veut le comprendre !
Herman Kerhost ! Mais rassurez-vous j'ai
dans mes tablettes de quoi vous faire
comprendre beaucoup de choses, même que
vous n'aurez pas besoin de lire en les
voyant ! Pari que ça non plus vous ne
comprenez pas !
Rédigé par : calamity jane | 18 février 2012 à 23:16
@Alex paulista, mon financier préféré !
Une fois, vous m'avez fait leçon par d'énormes bêtises au sujet de Dexia...
"Les critiques excessivement négatives, c'est assez rigolo mais aussi contestable que les hyperboles et les cirages de pompes."
De quoi parlez-vous, à qui vous adressez-vous, depuis vos terres en croissance qui consolident une imagination tout juste digne envers reconduits financements ?
Un jour, vous comprendrez financer n'importe quoi mieux que financer n'importe qui !
Peut-être ?
Y'a les terres de l'ennui, celles qui méritent de s'extirper !
Excusez, s'il vous plaît, l'invective.
Rédigé par : zenblabla | 18 février 2012 à 23:00
"Qui n'a pas d'espoir de triompher dans
un combat, ou a visiblement le dessous,
veut d'autant plus que l'on admire sa façon
de combattre" F. Nietzsche -Humain trop
humain 1- (379 -Vanité des combattants-).
Rédigé par : calamity jane | 18 février 2012 à 19:56
@ Mary Preud'homme
Oui, il ne manque que le yacht de Bolloré en fond d’écran et ce serait parfait.
Rédigé par : Achille | 18 février 2012 à 19:35
Catherine Jacob,
Ne m'en veuillez pas il n'y aurait aucune raison à cela, mais... vous me donnez l'impression qu'il existe une espèce d'"élite", qu'on pourrait dire "désocialisée", ayant acquis tellement de savoirs, sur tellement de choses, qui ne trouve de terreau dans le réel que dans le particulier... qu'il lui est impossible*, sauf exception se bornant à confirmer une règle, de parler aux gens du commun dont je fais partie. Du moins... de leur parler de choses qui leur "parlent"...
Malgré cela, ne vous trompez pas, contrairement à d'autres vous m'inspirez de la sympathie. Je vous invite donc à nous (vous...) livrer votre vision du monde.
Voyez le paradoxe !
*Rassurez-vous, Zenblabla ou calamity jane ne trouvent non plus de neurones suffisants dans ma petite tête pour déchiffrer leurs commentaires... mais ceci a sans doute une autre histoire ! Quoique...
Savonarole aussi qui ne cherche aucunement à nous dire des choses, mais à se faire plaisir par des effets que seuls les initiés comprennent. Comprenne qui pourra...
Rédigé par : Herman Kerhost | 18 février 2012 à 19:24
"Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir pas l'impression de naviguer au hasard" Patrick Modiano - Dans le café de la jeunesse perdue.
C'était juste une petite respiration parmi ces commentaires...
Rédigé par : jean patry | 18 février 2012 à 18:32
Les critiques excessivement négatives, c'est assez rigolo mais aussi contestable que les hyperboles et les cirages de pompes.
On a parfois l'impression d'une réelle volonté d'atteindre la fierté de l'auteur, tout ça pour accrocher le lecteur.
Rédigé par : Alex paulista | 18 février 2012 à 16:35
Très belle affiche dont la symbolique ne peut échapper à un observateur objectif. La mer puissant symbole de vie et source d'abondance. Plénitude qui se dégage de ces flots apaisés dont on devine le bruissement immuable. A l'horizon une aurore en dégradé du bleu profond, au rose pâle invitant à la méditation.
L'image est belle. Espérons que le candidat capitaine sera à la hauteur de la nouvelle traversée qui s'annonce.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 18 février 2012 à 15:56
L'avantage des "moins" c'est qu'ils permettent d'apprécier les "plus" :-D
Que seraient la fraîcheur des oasis sans l'aridité des déserts ?
Que serait un délice gustatif sans les tambouilles ?
Que serait le beau sans le laid...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 18 février 2012 à 14:14
S'attaquer à E. Neuhoff, quelle bravoure !
Grâce à P. Bilger, je découvre la présence sur terre d'Eric Neuhoff... Connais pas.
"Je ne l'ai jamais vu, jamais lu, et je ne l'aime pas !", c'était la devise de Cavanna, aux temps d'une parution éphémère qui s'appelait Charlie Hebdo.
On attend de M. Chevillard qu'il ose s'attaquer à Jérôme Garcin, du Nouvel Observateur... Ah, quelle gueule ça aurait ! Et Bilger surgirait avec sa Durandal, pour approuver !
Hélas, cela a déjà été fait : lisez ci dessous l'article sur JG.
Cela vous aidera à sortir du cul de sac intello :
- Neuhoff= Figaro= Caca (version JD Reffait)
- Garcin= Nouvel Obs= génie de créativité.
http://www.acrimed.org/article3527.html
Rédigé par : Savonarole | 18 février 2012 à 12:05
Neuhoff ? Neuhoff ?
Non vraiment cela ne me dit rien
Désolé mais je ne connais pas cet auteur et avec ce que vous en dites, je crois bien que je vais rester dans mon ignorance.
Il paraît que tout ce qui est exagéré est insignifiant et je crois qu'à trop vouloir encenser on dégoûte. Il en est des romans comme des films, lorsque la critique est dithyrambique, j'attends quelques mois avant de m'y essayer.
Sans aller me replonger, comme Jean-Dominique Reffait, dans Dostoïevski, j'ai quant à moi un bon vieux livre de cuisine à lire.
J'aime lire ce genre de livre comme on lit un roman d'aventure. Le choix est rude, car dans ce genre comme dans le roman il y a tellement de plagiats ou d’œuvres insignifiantes pour ne pas dire purement commerciales. Tout le monde n'est pas Escoffier, ni "tante Marie".
Allez je retourne dans ma cuisine.
Bonne fin de semaine à tous
Rédigé par : Surcouf | 18 février 2012 à 11:22
Eric Neuhoff... c’est bien lui dont un jour un critique a dit : « Retenez bien ce nom, car vous n’en entendrez plus parler »?
Et effectivement, en ce qui me concerne, je n’en ai jamais entendu parler.
Rédigé par : Achille | 18 février 2012 à 11:20
Sarkö Pinder (publicité)
« Ma main sur mon cœur » bientôt dans votre ville, après Annecy !
Musique de Guaino, sono NKM, applaudissements contractuels.
Majorettes à l’entrée, bonbons à l’entracte.
Entrée gratuite, n’y aura qu’à croire !
Rédigé par : Jikard | 18 février 2012 à 11:18
@Jean-Dominique Reffait | 17 février 2012 à 22:30
"on apprend même que la photo maritime - ou Marine, c'est selon - représente la mer Égée."
Une aurore reste quelque part une aurore :
Ce n'est pas la mer, Egée ou pas, qui est le symbole, mais en premier lieu l'aurore, du latin aurōra que le anciens dérivaient de ab aurō (auris : oreille); Il s'agit toutefois d'un nom de genre animé (féminin) à valeur religieuse conservé en indo-iranien mais dont la forme verbale ne se retrouve que dans les dialectes orientaux, ainsi en sanskrit: uccháti"le jour vient, la lumière vient."
De plus, cette aurore aux doigts de rose, fille de la titanide Théia (= la déesse), et d'Hypérion (= celui qui se tient au-dessus), n'est-elle pas comme bébé Giulia promesse de vie, tout simplement?
De plus, Égée n'est-il pas encore le père de Thésée vainqueur avec l'aide d'Ariane, du Minotaure auquel étaient régulièrement et rituellement sacrifiés de jeunes athéniens?
Par conséquent, au-delà d'un paysage déterminé, le mythe! Carrément! Lequel récupère au passage, la couleur de la rose et... la marine...! Eh, oui, supprimons l'épreuve de culture générale des examens et concours, mais gardons là pour les "Mignonne, allons voir si la rose.."!
Enfin, le personnage Grande Oreille est traditionnellement dans diverses cultures, la figure du Saint, du Chef, du Chamane, du roi-prêtre (+ attributs et barbe), du pouvoir pharaonique...tout simplement.
Rédigé par : Catherine JACOB@Jean-Dominique Reffait | 18 février 2012 à 11:11
En même temps, je me demande bien ce qui peut vous inciter et vous motiver spontanément à lire un roman d'Eric Neuhoff...
Pour qui s'intéresse à l'actualité éditoriale, le simple fait qu'un roman soit médiatisé comme vous le décrivez, dans la surabondance et la complaisance devrait d'entrée vous dissuader de le lire.
Ce type de médiatisation qui n'est que promotionnelle, par exemple, comme l'écrit un de vos commentateurs, François Busnel donnant dans le cher confrère dans La Grande Librairie, il n'y a pas mieux, ni plus efficace pour carboniser d'entrée un livre.
Au reste, LGL n'est supportable à regarder que quand F. Busnel va à la rencontre, par exemple, des écrivains américains.
Vous êtes dur pour Emmanuel Carrère. C'est un des très rares écrivains français actuels que j'apprécie beaucoup.
Je n'ai pas lu son dernier livre. Mais un jour je le lirai parce que très simplement... j'ai lu ses autres livres et que je les aimés.
"Eric Chevillard lit vraiment, loue avec pertinence et démolit avec grâce."
Dites-vous bien que ce qui distingue foncièrement Eric Chevillard de ses collègues promoteurs de soupe éditoriale, c'est le fait que lui, très simplement, à l'inverse de tous les autres il a OUVERT et LU la petite chose d'Eric Neuhoff.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 18 février 2012 à 09:45
J'ai été extrêmement déçue par le "Limonov" de Carrère alors que la critique corporatiste l'a porté aux nues. Trop de vulgarité inutile dans le style et l'auteur lui-même semblait s'être perdu dans son ouvrage, ne sachant plus sa raison ni comment le finir...
Quant au dernier Neuhoff, je m'en passerai, les critiques de lecteurs non journalistes sont comme la vôtre.
Je vais lui préférer Joyce Maynard...
Rédigé par : Jachri | 18 février 2012 à 07:10
Quant à Chevillard, Démolir Nisard est effectivement très jubilatoire. Evidemment, la manière de Chateaubriand vis-à-vis de Marie-Joseph Chénier est plus élégante, mais bon...
Rédigé par : Boris | 17 février 2012 à 23:39
Le Neuhof, c'est pas là où on brûlait des voitures?
Mais cela n'a plus désormais aucun rendu !
"Je crois" pas, à vous lire, que je lirai Eric Neuhoff, alors qu'au Neuhof, j'y ai passé d'extraordinaires nouveaux ans.
C'était !
Rédigé par : zenblabla | 17 février 2012 à 20:58
Et n'oublions pas qu'Eric Chevillard est lui-même un écrivain remarquable. "Dino Egger" ou "Sans l'orang-outan" sont vraiment des livres étonnants, de la meilleure littérature.
Rédigé par : Jeanne Mérial | 17 février 2012 à 20:51
Que j'aime ce billet ! Sur Carrère et ses limites, et sur le reste. Mais j'y joindrais volontiers les néo-philosophes. Que les derniers jours de Charles Baudelaire aient jadis eu l'Interallié me fait frémir... d'autant que c'est le meilleur livre de l'auteur ! Et que dire de Christine Angot ?
A certains égards, la situation est la même que sous le Premier Empire : mais à l'époque, pour compenser Delille, il y avait Chateaubriand... Et Napoléon n'avait pas besoin d'un nègre pour écrire ses proclamations. La République des lettres tombe en quenouille, heureusement qu'il reste la basoche !
Rédigé par : Boris | 17 février 2012 à 20:31
Était-il nécessaire de consacrer une chronique à un écrivain aussi médiocre ?
Éric Chevillard a fait son travail de critique littéraire en dénonçant l'imposture.
Parlez-nous plutôt des scandales judiciaires. Par exemple le comportement du Parquet de Nanterre dans l'affaire de Thierry Gaubert.
Patrice Merville
.
Rédigé par : Patrice Merville | 17 février 2012 à 20:25
Oui, entièrement d'accord avec votre analyse du cas Neuhoff, le personnage, les livres et le petit bocal où tout ce monde pailleté/glacé barbote (Busnel a été lamentable de flagornerie avec son "cher collègue" en le recevant dans la LGL de la semaine dernière...). Je suis moins admiratif des talents d'Eric Chevillard, certes occasionnellement "mortellement" redoutable avec les mauvais livres mais aussi "ignominieusement" injuste avec les bons, comme ce fut le cas avec le dernier Quignard. Et, plus grave, une descente en flamme avec des obus très mal calibrés... témoignant, entre autres, d'une méconnaissance abyssale d'un pan entier de la littérature. Gênant quand on chronique dans "Le Monde" (mais ce journal n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut). J'en ai rendu compte dans mon blog (http://lorgnonmelancolique.blog.lemonde.fr/2011/10/09/la-litterature-des-mots-de-passe/).
Sinon, j'aime beaucoup votre approche de la littérature et la manière dont vous l'exprimez.
Rédigé par : Le Lorgnon mélancolique | 17 février 2012 à 18:39
Je me demande bien ce que vous reprochez à Emmanuel Carrère. Il a fait quelques récits faibles, mais le récent Limonov était tout de même un grand cru. Sinon, vous avez raison, rien de plus satisfaisant que le déboulonnage en règle d'un vieux con qui fait l'unanimité.
Rédigé par : Natoussia | 17 février 2012 à 18:25
Bonjour Philippe Bilger,
« Laurent Delahousse consacré comme le meilleur présentateur de télévision est fortement altéré, chez moi, par la surestimation constante, sur tous les plans, d'une Claire Chazal. Pour poursuivre, s'il y a Frédéric Taddéï, il y a aussi Laurent Ruquier. »
D’accord avec vous pour Laurent Delahousse et Frédéric Taddéï qui sont d’excellents présentateurs, mai je vous trouve injuste avec Laurent Ruquier dont l’émission On n’est pas couché est très intéressante.
Je reconnais volontiers que la rubrique consacrée à « ceux qui ne viendront pas ce soir » revêt souvent une « causticité » qui parfois frise l’humour douteux, voire même la méchanceté, mais dans l’ensemble cette émission qui réunit politiciens, artistes de variété, écrivains permet de passer une excellente soirée.
On peut toutefois juste regretter que Natacha Polony et Audrey Pulvar aient un peu trop tendance à « se la péter ».
Natacha Polony avec ses airs de professeur de la Sorbonne donnant un cours d’économie politique aux candidats à la présidentielle ou à leurs représentants.
Et Audrey Pulvar dont on se demande parfois si ce n’est pas elle qui est candidate à la fonction suprême tant elle a tendance à faire passer ses idées avant celles de l’invité.
On sent bien chez ces deux dames, au demeurant charmantes, qu’elles sont plus préoccupées par leurs questions que par les réponses de l’invité, quand toutefois elles lui laissent le temps de répondre.
Avec le recul il faut bien admettre que les deux Eric avaient quand même une petite pointure au-dessus et savaient en plus manier un certain humour que leurs remplaçantes sont bien en peine de nous offrir.
Heureusement Ruquier prend de temps en temps la relève en lançant un petit trait d’humour afin de rappeler qu’il s’agit quand même d’une émission de variétés et non du grand oral du concours d’entrée à l’ENA.
Rédigé par : Achille | 17 février 2012 à 18:04
Je crois que dans tout groupe humain il y a toujours à peu près les mêmes proportions d'intelligents et d'imbéciles (de sensibles et d'insensibles, de lâches et de courageux, etc...). Sans doute cela tient-il au fait qu'il y a en chacun de nous à peu près toujours les mêmes doses d'intelligence et d'imbécillité, de sensibilité et d'insensibilité, etc., qui se révèlent selon les circonstances…
Fort de cette conviction, et quel que soit le groupe concerné, groupe de ministres, groupe de journalistes, groupe d'écrivains, groupe de simples citoyens, etc., je ne suis pas surpris de trouver des intelligents parmi les imbéciles, ou supposés tels, ni des imbéciles parmi les intelligents, ou supposés tels.
Rédigé par : DMonodBroca | 17 février 2012 à 16:58
"J'aime beaucoup ta forme d'esprit." me suis-je laissé dire par quelqu'un il y a quelques jours. "Comme Untel. Vous vous ressemblez beaucoup." Patatras ! Le Untel en question est un monument de cuistrerie dont je déteste jusqu'à la respiration ! Je préfère ne ressembler à rien, être dénué de tout esprit plutôt qu'être comparé à ça ! Et me voilà contraint d'acquiescer à l'hommage, de baisser modestement le regard en signe de gratitude parce qu'on ne rejette pas un compliment dispensé avec tant de gentillesse. Quoique...
Quelle souffrance ce doit être pour Bruno Le Maire que d'être ramené, en tant que membre du même gouvernement, à l'image partagée de Morano ou Estrosi ! Quelle souffrance augmentée de constater que l'image qui domine est celle de la plus grande vulgarité et de l'ignardise triomphante. Mais c'est la loi du sport politique que de lisser les talents pour ne laisser poindre que les protubérances douteuses.
Je ne connais pas l'oeuvre d'E. Neuhoff. J'ai l'impression que je vais demeurer quelque temps dans cette ignorance. J'ai du Dostoïevski sur le feu, pas d'urgence à l'abandonner. Le papier de Chevillard est d'une magnifique vacherie.
J'espère que ce commentaire va passer, ça en fait trois qui sautent, c'est un peu lassant.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 février 2012 à 15:27