Je n'aime pas être en désaccord quand des liens m'unissent à ce que pour le moins je discute. Il n'est jamais évident de faire comprendre que l'estime intellectuelle, voire professionnelle, l'amitié même ne sont pas incompatibles avec le désir de vérité et l'exigence de rigueur. Ce préambule pour signifier que je vais consacrer ce billet pour l'essentiel à Mediapart et accessoirement à Audrey Pulvar, la compagne d'Arnaud Montebourg que j'apprécie beaucoup, aussi bien l'avocat qu'il a été que le brillant politicien controversé qu'il est depuis des années.
Mediapart récemment a publié des entretiens avec les candidats à la présidence de la République. Avec presque tous, puisque Marine Le Pen en a été exclue avec une argumentation biaisée qui ne m'a pas convaincu. Mediapart, je l'ai déjà écrit, a accompli et accomplit un formidable travail d'enquête et d'information. Sur le plan judiciaire, il est irremplaçable et on ne compte plus les avancées vers la vérité qu'il a permises, notamment grâce aux investigations jamais lassées de Laurent Mauduit sur l'affaire Tapie-Lagarde.
Je n'en suis que plus à l'aise pour mettre cette dérangeante contradiction à jour. Refuser l'accès de Marine Le Pen à Mediapart par idéologie, alors qu'on affirme jouer, sur ce registre et pour tous ses adversaires, une mission salubre et bienfaisante pour la démocratie relève de l'équilibrisme et, si j'osais, de la mauvaise foi. Il est paradoxal d'invoquer sans cesse, et à juste titre, le pluralisme de l'information pour en fuir les contraintes quand celles-ci vous imposent de traiter à armes égales un adversaire politique pourtant, que je sache, admis dans l'espace républicain. Devant cette inéquité que la dialectique souvent brillante et évidemment progressiste de Mediapart a, pour beaucoup, occultée, j'ai pour la première fois publié sur ce site un commentaire pour protester contre cette démarche pétrie de trop de bonne conscience. Pour être sincère, dans le flot d'interventions j'étais très minoritaire.
Cependant, je persiste et continue d'affirmer qu'il y a un insupportable hiatus entre le pluralisme de l'information sans cesse invoqué, la liberté d'expression célébrée sans relâche d'un côté et ce qu'il faut bien appeler le sectarisme de l'opinion et de l'exclusion de l'autre. Penser contre soi est le minimum civique et professionnel qu'on puisse attendre d'un journaliste. Il y a quelque chose d'infiniment choquant dans ces protestations de vertu démocratiques et dans leur mise en parenthèses à l'égard d'une seule. Que l'idéologie évidemment partisane puisse venir rompre, selon le bon plaisir militant, le cercle enchanté de l'information est proprement scandaleux.
Pour me faire mieux comprendre, prenons l'exemple de ONPC de Laurent Ruquier (France 2). La dernière invitée était Marine Le Pen et on sait qu'elle n'a été accueillie qu'à cause des règles de la campagne présidentielle. Elle est demeurée fidèle à elle-même, Natacha Polony a eu un comportement convenable qui a suffi d'ailleurs pour mettre en difficulté la candidate du FN sur l'éducation. Laurent Ruquier a été correct. La seule qui a tranché dans le mauvais sens est Audrey Pulvar qui a manifesté, par ses mimiques entendues (comme si elle en savait long et qu'elle ne pouvait pas tout dire !) à chacune de ses questions, ce qu'elle pensait de Marine Le Pen mais qui surtout lors de sa dernière intervention l'a réduite à une diatribe contre Nicolas Sarkozy et la politique du gouvernement. Elle n'était clairement plus journaliste, à cet instant, mais la compagne engagée d'Arnaud Montebourg. Déviation, détournement, information dégradée en dénonciation, inéquité : autant de dysfonctionnements qui ne peuvent qu'alerter un citoyen de bonne foi.
Il n'y a pas de différences profondes, pour ces attitudes, entre celle de Mediapart et celle plus personnelle d'Audrey Pulvar. Qu'on exclue ou qu'on accuse, c'est la même transgression d'un devoir capital : informer sans partialité et quoi qu'il en coûte. Sinon, qu'on ne pense pas sous le beau pavillon de la liberté pour dériver avec l'étiquette du militantisme. Le militantisme, il y a des partis pour cela !
A la suite de cette rebuffade de Mediapart et par mesure de rétorsion, le Front national a décidé d'interdire à certains de ses journalistes l'accès à une convention qu'il tenait. Edwy Plenel qui est la parfaite illustration de la schizophrénie de Mediapart - éperdu de République et de liberté pour sa part de lumière et tenté par les voluptés de l'étouffement ciblé pour sa part d'ombre ! - a refusé l'assimilation, en effet contestable, entre le refus de Mediapart et celui du FN. Il n'empêche que le droit d'informer, d'avoir toute licence et toute latitude pour investiguer a évidemment un rapport avec le droit correspondant de communiquer et avec celui d'être informé. Un parti qui est écarté du débat médiatique par un décret d'autorité - le fait du prince Mediapart ! - doit-il obligatoirement se féliciter du cadeau républicain d'un reportage et d'une enquête sur lui quand à vie il sera mis en quarantaine, malgré l'égalité souhaitable des armes et des débats, par ce média ? Mediapart aurait le droit d'être sadique et sa victime le devoir d'être masochiste ?
On pourrait concevoir que, dans ces conditions, Mediapart s'interrogeât, à cause des conséquences néfastes de sa démarche, sur la validité de celle-ci. Je ne suis pas sûr qu'on aille dans ce sens.
Pour résumer ma pensée, à l'égard de ce que la République n'a pas interdit, je ne sais pas ce qu'est la liberté d'expression sauf ! Le pluralisme de l'information sauf !
J'ai trouvé un article sur Comes Communication :
http://www.comes-communication.com/files/newsletter/Communication&Influence_Novembre2011.pdf
qui apporte un éclairage sur votre perception de la liberté d’expression et des jeux d'influences. Intéressant !
"maintenir envers et contre
tout la liberté d'expression face à la
montée en puissance de la pensée
convenue constitue une exigence
fondamentale pour toute démocratie
qui se respecte. Dans l'entretien qu'il a
accordé à Bruno Racouchot, directeur
de Comes Communication, Philippe
Bilger apparaît comme l'archétype
contemporain de l'honnête homme
qui fit longtemps la réputation de la
pensée française."
Rédigé par : un lecteur | 28 mars 2012 à 11:58
Bonjour,
Je vous écris de Montréal, au Québec.
Journaliste indépendant et communicateur, je surveille avec attention les élections présidentielles en France.
Primo : j'ai beaucoup aimé vos commentaires sur Marianne2 à propos du passage de Marine Le Pen à ONPC (On n'est pas couché) de Laurent Ruquier (France 2).
Comme vous, j'ai trouvé Audrey Pulvar imbuvable, à la limite de l'agression et sans aucun sens de la déontologie journalistique. Elle coupait sans arrêt l'invitée et lui aura fait perdre beaucoup de son précieux 40 minutes à se justifier face aux bévues commises par papa.
Monsieur Ruquier ricanait d'aise, et profitait du débat pour «passer le ballon» par dessus la tête de Madame Le Pen pour que ses deux acolytes lui assènent des coups à répétition. Il aurait pu ramener à l'ordre Madame Pulvar... Marine devait se battre contre trois interlocuteurs à rebond, un deuxième l'interrompant ou changeant de sujet alors qu'elle répondait au premier. Des pratiques inavouables qui discréditent complètement les médias français.
Par ailleurs, la politique d'exclusion pratiquée par Mediapart ne fait que confirmer qu'il s'agit toujours d'un satellite du quotidien Le Monde.
Finalement, je constate que la classe journalistique s'est liguée pour faire en sorte d'embastiller Madame Le Pen a l'intérieur des errements anciens du Front National, l'obligeant à ne pas débattre de son programme qui comporte des points excellents au demeurant.
J'estime que cette dernière pourrait bien se retrouver au second tour face à un Hollande qui «en prendra pour son grade», laissez-moi vous le dire !
L'UMPS reporté «aux affaires», j'estime - et ça pourra vous paraître original - que Marine Le Pen devrait quitter le Front National et se joindre à Dupont-Aignan et un troisième larron plus à gauche ou proche des écolos afin de fonder un nouveau parti pour l'horizon 2016.
Ce parti aurait l'immense mérite de positionner le nouveau paradigme nationalisme-mondialisme à l'intérieur de la sphère politique française et de permettre à MLP d'échapper aux vieux démons du FN.
Natacha Polony et Marine Le Pen ont croisé le fer dans un véritable débat d'idées tant qu'à moi... pas étonnant qu'elles se soient tendu des perches à l'improviste à quelques reprises...
En tout cas, la campagne présidentielle prend une tournure plutôt passionnante !
Rédigé par : Patrice-Hans Perrier | 23 février 2012 à 20:55
@ Savonarole
Force est de reconnaître que son mari a plus de goût qu'elle.
Rédigé par : Alex paulista | 23 février 2012 à 20:38
Bonnes gens, dormez tranquilles : aucun journaliste de Mediapart n'a été blessé à Homs.
Rédigé par : Savonarole | 23 février 2012 à 20:33
@ Guy Lux- 23 février à 2h45
Moi non plus, je ne salue plus Mme Pulvar.
Quant à Polony, l'apparition de son époux à la TV m'évoque une indigestion aux tripes à la mode de Caen. En plus, si elle est de gauche, tout en écrivant dans Le Figaro, je suis d'accord avec vous : c'est Hiroshima.
Rédigé par : Savonarole | 23 février 2012 à 14:13
Malheureusement M.Bilger, cette fois vous avez raison.
Edwy Plenel devrait, « sans bafouiller », lui, reconnaître son erreur.
Il faut combattre Marine Le Pen, qui ne dit pas que des âneries, mais quand elle en dit ce sont des grosses, en lui donnant la parole… et la bonne réplique.
Il y a aussi des veautants, aussi peu politiquement cultivés que les autres veautants, qui font le "choix" FN, sans être Fhaine, au moins au premier tour, pour protester ; et ceux-là ne voteront jamais MLP au second tour .Surtout que ces électeurs ne sont pas plus « les siens », ceux de MLP, que ceux qui votent… Poutou ou autres, « appartiennent » à Poutou ou autres, Hollande inclus.
Personne n'est en effet propriétaire des voix qu'il obtient, même le gagnant. Et il ne devrait donc pas être question de les donner.
Mais le paradoxe, dans le cas MLP en particulier, est dû au fait que ce mode de désignation du président (dans un régime bâtard qui n'est pas réellement présidentiel) est totalement insensé.
C'est si vrai que relativement à peu de voix près, en 2002, le socialiste a été mis hors course par des gens ayant voté Le Pen, mais dont une bonne partie pour rien au monde n'aurait voulu le voir président ; parce qu'ils ont utilisé son bulletin au premier tour uniquement pour exprimer un mécontentement.
Vu l'incohérence constitutionnalisée, l'absence de « fifille », en 2012, au premier tour, nous paraît(rait) ,à beaucoup, antidémocratique et nuisible.
Et pourtant elle n'a absolument aucune - heureusement ! - chance d'être présidente parce qu'au second tour un âne habillé ferait plus de voix qu'elle.
C'était d'ailleurs mathématiquement pareil en 2002. Et pourtant le PS a montré à cette occasion les limites de son intelligence en faisant voter pour Supermenteur I.
Alors qu'il lui suffisait de faire une démonstration mathématique et d'inviter « ses » (voir ci-dessus) électeurs à rester chez eux.
Rédigé par : Jean-Marie | 23 février 2012 à 10:49
A propos de Madame Pulvar : si cette 'journaliste' persiste dans sa pente actuelle, cela peut justifier une intervention du CSA. J'irais même jusqu'à proposer que son temps de parole soit décompté du crédit-temps d'un impétrant. A l'exemple de beaucoup de candidats à l'élection, elle persifle et, en lieu et place de l'interview, elle argumente (au besoin par des mimiques)... Cela étant, et fort heureusement, nul de nous oblige à acquiescer aux propositions de Madame Le Pen. Mais on peut rester 'une professionnelle' et ne pas se conduire en 'militante', ce pourquoi le service public ne la rétribue pas.
Rédigé par : jack | 23 février 2012 à 10:32
Tout ce que vous acrivez sur Pulvar est véridique. Cette fille me déçoit et je ne lui adresse plus la parole. Dans l'émission de Ruquier, elle n'est plus journaliste mais politicienne, surtout lorsque l'invité est de droite. Polony est une fille de gauche. Pourtant, elle sait rester objective.
Pulvar m'apparaît moins belle physiquement que du temps où elle était sur iTélé. Elle se maquille trop et sa coiffure ne me convient pas.
Rédigé par : LABOCA | 23 février 2012 à 02:45
Si tous les candidats sont invités à s'exprimer, TOUS les candidats doivent s'exprimer !
Je pense que Plenel fait dans la posture et c'est d'ailleurs cela qui me déplaît chez ce "journaliste". Je suis très souvent d'accord avec lui mais je doute tellement de sa sincérité qu'il me donne envie d'être en désaccord ! Du coup j'espère qu'on ne le verra pas trop durant la campagne, parce que sa malhonnêteté flagrante et son acharnement contre Sarko risquent d'aider ce dernier. Un moment je me suis même demandé s'il ne jouait pas au billard à trois bandes en double avec le président, c'est dire ! mon côté parano quoi...
Pour le reste je suis du côté, une fois encore (c'est grave docteur ?) de Jean-Dominique.
Je me rappelle même d'une interview de Sarko par A.Pulvar où celle-ci l'avait "pulvarisé" au sujet de la chasse aux sans-papiers par cette question :
"Combien de contrôle d'identité faut-il réaliser pour arriver à 25 000 expulsions dans l'année ?"
Sarko : "euh... je ne comprends pas votre question... euh..."
Et Pulvar de relancer, et relancer encore malgré le ton menaçant de Sarko qui avait déjà fait ses preuves avec le pauvre Genestar...
Rédigé par : Herman Kerhost | 22 février 2012 à 18:44
M. Bilger, que vous puissiez déclarer votre flamme à Mediapart, en mettant en exergue la qualité de ce journalisme, laisse pantois. Il ne vous aura pourtant pas échappé qu'Edwy Penel figure parmi les plus partisans au sein de sa noble profession et qu'il a pour unique credo la lutte exclusive contre ceux qu'il a personnellement désignés. Vous êtes, d'habitude, moins facilement charmé...
Rédigé par : LFC | 22 février 2012 à 18:23
Monsieur Bilger voudrait-il faire oublier à ses lecteurs que le Fn a refusé quant à lui de laisser Mediapart faire son travail en lui interdisant l'accès de son meeting à Lille ? On aurait aimé qu'il le dénonce avec tout autant de vigueur...
Rédigé par : gauchedecombat | 22 février 2012 à 15:37
Entre les mimiques d'Audrey Pulvar et le visage inexpressif d'écureuil botoxé de Carla Bruni, on en vient à regretter certains beaux visages de femmes politiques qui sont d'abord une paire d'yeux qui ne vous lâchent pas, puis un visage qui s'articule autour de manière naturelle.
Je pense à Clémentine Autain, Laurence Parisot, ou même Rama Yade et Rachida Dati.
Le problème, c'est le contenu du discours.
Là on se prend à penser Et je ne suis pas bien sûr, comme chantait un certain, qu'elles soient l'avenir de l'homme.
Rédigé par : Alex paulista | 22 février 2012 à 14:20
@ Achille
Ce n'est pas possible de laisser "le Père fondateur" du Front national dans les coulisses de leur somptueuse bâtisse...
Il a été le fédérateur des innombrables courants d'extrême droite français. Cela va des anciens de l'OAS, aux antisémites primaires (qui sont aux oubliettes désormais), aux pétainistes ou royalistes nostalgiques, jusqu'aux chrétiens intégristes ou, au contraire, aux antireligieux et virulents opposants franc-maçonniques d'extrême droite...
Je ne suis pas spécialiste de l'extrême droite française ; juste un esprit curieux dont la sagacité n'a d'égale que la sélectivité des objets étudiés.
Mais il me semble impossible que le FN et Marine puissent se passer de leur mentor : ils perdraient trop de cadres qui sont attachés à son "parler vrai", donc des électeurs et in fine ce serait un retour aux divisions d'antan.
Monsieur Bilger,
J'approuve votre remontrance à l'encontre de Mediapart sur le principe. Mais je me questionne franchement sur la nature du FN. Parti antirépublicain ? Ou parti ayant naturellement le droit aux mêmes audiences que tous les autres puisque "légal"..?
Je ne sais pas... Mediapart rédige des articles sur le FN :
http://www.mediapart.fr/journal/france/200212/front-national-voyage-dans-lordinaire-raciste
Doivent-ils obligatoirement inviter Marine Le Pen et publier ses opinions biaisées ?
Après tout, Le Figaro fait-il appel au NPA, à LO ou au Front de gauche dans ses colonnes ? Je n'en suis pas certain, mais je n'ai jamais lu de prises de position de ses leaders d'extrême gauche dans les colonnes du Figaro...
Pour Audrey Pulvar, je n'ai vu que la fin du passage avec Marine Le Pen et j'abonde dans votre sens. Pour une fois, c'était Mme Polony qui était objective et incisive (comme Eric Naulleau savait l'être). Et inversement, Audrey Pulvar remplaçait à merveille Eric Zemmour (pour cette interview).
Surtout, le plus choquant à mes yeux est qu'elle ne se soit pas déportée lors des primaires socialistes et de l'invitation de son compagnon !
Rédigé par : Denis75 | 22 février 2012 à 11:20
A Annecy comme à Marseille, ceux qui y étaient n'ont jamais entendu que la prose d'un nègre.
Que ce mot soit légal ou pas, la réalité est impassible. Les effets lyriques de Guaino sont de plus en plus perçus comme des trucs de théâtre.
Rédigé par : Ynoce | 22 février 2012 à 09:59
Bonjour M. Bilger, je suis heureux de vous avoir écouté hier soir à "Ce soir ou jamais". J'ai failli vous louper, on ne connaît jamais les invités à l'avance ; prêt à monter me coucher, j'ai donc changé d'avis et suis resté devant la télé, ce qui a inquiété ma femme croyant à un malaise : "excuse-moi chérie mais y a M. Bilger à la télé !"
Certains invités étaient rasoirs et soporifiques mais vous Philippe vous étiez comme vous écrivez : clair, net et précis ; un bon moment que j'ai failli louper. J'ai pensé pareil que vous quand vous avez dit "je suis entre le technicien et le surnaturel".
Sinon les autres invités étaient un peu soûlants.
Rédigé par : sylvain | 22 février 2012 à 08:36
Pourquoi "Merdiapart" existe ?
Aujourd’hui, la presse servirait la logique économique plutôt que la recherche de la vérité.
Bien entendu, les journalistes d’investigation s’en défendront et pousseront des hauts cris. Mais ils servent bien d’alibi à une presse qui, pour l’essentiel, est surtout devenue un rouage et un auxiliaire essentiels dans le système du marché universel. En fait, comme toutes les entreprises axées sur la recherche du profit, elle tend à faire croire au public qu’elle remplit un rôle beaucoup plus noble qu’elle ne le fait en réalité. Quand on lit un journal, on est constamment obligé de se demander si la vérité est la chose qui importe le plus aux journalistes...
Voilà pourquoi la presse de caniveau pullule...
Merdiapart entre autres.
Rédigé par : sylvain | 21 février 2012 à 22:52
Audrey Pulvar n'a plus qu'à saisir le
Conseil Constitutionnel pour demander
obligation chez lesdits "anonymes" de
se prononcer nommément en levant leurs
boucliers !
Une campagne pour les présidentielles
dont je vais me tenir le plus possible
éloignée car elle est insignifiante.
Rédigé par : calamity jane | 21 février 2012 à 21:40
Eh bien non, pas d'accord du tout avec vous.
Mediapart dispose de sa liberté d'expression propre, laquelle n'a pas forcément vocation à héberger les autres libertés d'expression et une expression libre n'est pas forcément comptable d'une autre expression tout aussi libre. En l'occurence, Mediapart refuse d'accorder une interview à Marine Le Pen, c'est le droit de ce média privé que de préserver l'intégrité de son expression tout de même ! Pareillement je ne suis pas choqué de ce que Le Figaro soit une tribune de droite puisque cela correspond à l'opinion exprimée de ce journal. C'est la diversité des supports qui crée le pluralisme sans qu'il soit nécessaire de saupoudrer le pluralisme partout. Ni Le Figaro, ni Libération, ni Mediapart, ni L'Humanité ne sont pluralistes, où est le problème puisque le pluralisme est le résultat de la conjonction de ces expressions univoques.
Lorsque vous-même rédigez ce blog ou vos livres, vous n'appréciez pas, il m'a semblé, que d'aucuns vous disent que vous devriez traiter tel sujet plutôt que tel autre et vous avez raison. Vous êtes maître chez vous, malgré les milliers de lecteurs qui pourraient estimer avoir un droit de regard sur vos billets au regard de votre audience. Et si vous ouvrez largement les commentaires, il ne s'agit que de commentaires sous vos billets, il y a une hiérarchie dont vous êtes maître et c'est fort bien ainsi.
Et vous confondez liberté d'expression et liberté de la presse. Mediapart ne veut pas offrir de tribune à Marine Le Pen mais continue de réaliser des enquêtes d'information sur le FN et sur le contexte général de la campagne. Or, en démocratie, on ne réserve pas l'information politique à une catégorie disciplinée de journalistes. C'est le sens même de la carte de presse, Philippe, avec les droits afférents de couvrir les mêmes événements que les autres journalistes pour puiser l'information à la source. Il y a belle lurette qu'à ce petit jeu, le journalisme d'investigation aurait disparu, boycotté par les victimes de ces investigations. Mediapart est légitime à entrer avec le reste de la presse dans la convention du FN, ce n'est pas donnant-donnant, en voilà une idée ! La liberté de la presse, c'est le droit de la presse de voir et d'entendre tout ce qui s'introduit dans le débat public, il n'est pas question ici d'en marchander les contenus.
Autre point de désaccord avec vous, celui-là formel : je n'ai pas trouvé Audrey Pulvar brillante l'autre soir. A dire le vrai, elle me déçoit un peu beaucoup ma chouchoute. Mais non, s'il vous plaît, ne la réduisez pas à n'être que la compagne d'Arnaud Montebourg parce qu'elle se serait exprimée de façon trop militante. Je me souviens de l'interview de N. Sarkozy sur France 3 et elle fut bien la seule à ne pas le lâcher sur certains sujets touchant à l'immigration. Elle y était particulièrement virulente. Et elle était encore loin d'être la compagne de Montebourg. Ne confondons pas toutes les femmes avec la "fabuleuse" Carla Bruni qui troque ses opinions avec ses amours. Audrey Pulvar a des convictions à elle, qu'elle exprime depuis longtemps et je n'ai pas du tout le sentiment que Montebourg y soit pour quelque chose.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 février 2012 à 21:21
A mon humble avis, monsieur Bilger, vous vous tourmentez inutilement.
Que Marine Le Pen "l'ouvre ou la ferme" ne changera pas grand-chose au résultat.
Gardez en tête ce qui s'est produit en 2007, une certaine Ségolène était battue avec près de 47 % des suffrages. Aujourd'hui, qui se souvient de sa voix ?
C'est ce qui arrivera probablement à M. Le Pen. On verra alors le vrai visage du FN. On ne dit pas pour rien : "Les chiens ne font pas des chats".
Rédigé par : Quidam | 21 février 2012 à 21:02
Tout à fait d'accord avec vous pour convenir du caractère insupportable des mimiques dont madame Pulvar use et abuse en interview.
Cependant, je suis porté à croire que face à un journaliste que l'on devine ou sait engagé, la seule question qui vaille est : a-t-il factuellement raison.
Dans Arrêt sur images, Madame Polony convient sans barguigner que la fable du journaliste objectif est justement une fable. Et que l'important c'est d'être objectif et de travailler ses dossiers. Vous en serez sans aucun doute d'accord.
J'ai eu l'occasion de vérifier que chez Ruquier, Audrey Pulvar, pour se prémunir contre d'éventuelles accusations de partialité, mettait systématiquement un point d'honneur à forcer dans le registre de la mauvaise foi ou de l'approximation. La gauche honteuse a quelquefois d'insupportables inclinaisons et Audrey Pulvar est sous ce rapport-là, bien souvent au bord de la chute.
Même certaines niaiseries dont on aurait cru cette journaliste talentueuse préservée ne lui font pas peur.
Ainsi cette question (de mémoire) à Moscovici lors de son passage : "François Hollande refuse de venir à On n'est pas couché, nous ne serions pas assez bien pour lui" ?
On peut défendre un manque d'empressement à inviter une candidate et en même temps adresser le reproche à un autre candidat de ne pas souhaiter venir.
Tragique.
Rédigé par : Diogène | 21 février 2012 à 17:03
Bonjour M. Bilger,
Je ne peux qu'être d'accord avec votre point de vue.
Le FN fait parte du paysage politique et ses idées doivent être combattues dans les débats et non par l'exclusion.
Malheureusement une partie de la classe politique, pour ne pas dire la majorité, pratique l'exclusion et au final l'exclusion de tout débat.
Le FN le sait et en use, doit-on aussi lui interdire d'être plus intelligent que ses adversaires ?
Valmy, le drapeau, la Marseillaise, la laïcité, l'identité nationale sont des thèmes abandonnés petit à petit au FN, aborder un de ces thèmes serait-il une lepénisation ?
Dire que le Terre est ronde sera-t-il bientôt frappé d'interdit, parce que Marine Le Pen l'aura affirmé ?
On le constate avec le problème de la viande halal, faut-il taire ce problème parce que le FN en a parlé ?
Le rétrécissement du champ des idées jette chaque fois un peu plus des citoyens dans les bras du FN.
Au final, en tant que citoyen ordinaire, je crois savoir ce qui est bien pour moi, je n'ai pas besoin des journalistes, fussent-ils fouilleurs de poubelles. Il me suffit d'écouter Marine Le Pen pour comprendre que cette politicienne n'aura jamais mon bulletin de vote.
Rédigé par : jemerappelle | 21 février 2012 à 16:33
M'ame Le Pen, il ne faut pas l'interrompre. Plus elle parle plus elle affiche son manque de connaissances sur les sujets essentiels.
Donc laissons-la parler.
Les Autrichiens ont bien eu raison de laisser rentrer les virulent du FPÖ de Jorg Haider au gouvernement (avec 23% quoi de plus normal).
Après quelques mois, ceux-ci se sont enfoncés, de décisions en décisions.
Résultat : à l’élection suivante, le FPÖ a été balayé par le peuple de toutes les instances sauf en Carinthie qui,
« appartient » á ce parti depuis des lunes.
Voilà un peuple responsable.
A mon avis...
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 21 février 2012 à 16:12
Tant que "Media á part" sera dirigé par Monsieur Plenel et son passé de gauche extrémiste, il me sera difficile de lire celui–ci sans avoir la suspicion d'être manipulé ou de lire un édito idéologique.
Même si, il faut le reconnaitre, les investigations de ce Media ont porté parfois leurs fruits.
L'attitude de M'ame Pulvar est déplorable.
Poser une question et continuer de marmonner en lançant des arguments inaudibles pendant que l’invité répond, n'est pas un cadeau pour le téléspectateur. Sans compter les mimiques et les sourires entendus du plus mauvais effet.
Apparemment, c'est le lot des émissions politiques. Voyez Bruno Le Maire, calme et attentif, attendant sagement que l'argumentaire de son opposant aille au bout de son développement, la réciproque ne lui sera jamais rendue : éclat de rire entre Dray et Autain (qui porte de mieux en mieux son nom), remarques et échanges entre journaliste de plateau et autres participants pendant que le questionné essaye de développer son propos sans polémique.
Le jour où une vraie émission politique sera programmée faites-moi signe.
Cela fait longtemps mais pour le coup je suis d'accord avec M. Alex paulista.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 21 février 2012 à 15:56
Edwy Plenel avant de posséder une belle carte de presse est un militant mondialiste assumé, qu'il s'oppose aux partis nationalistes, après tout c'est de bonne guerre.
De même que tout politicien, y compris la « méchante » Marine, pratique la langue de bois, la mauvaise foi, c'est le jeu ; mais pour avoir visionné l'interview de la candidate frontiste sur France Inter, au niveau mauvaise foi elle fut battue à plate couture par les deux journalistes du service public, seraient-ils également militants mondialistes ?
À mettre en parallèle avec un véritable travail d'information qui eu lieu lundi matin sur RTL ou le journal de 13 h de France 2, à propos de l'obscurité voulue sur la qualité des viandes vendues aux consommateurs, quand bien même cela donnerait raison à madame Le Pen.
Alors qui nous raconte des bobards ? RTL ou France Inter ?
Rédigé par : Baudricourt | 21 février 2012 à 15:38
@ Varennes
Elle a juste dit qu’il y avait 100% de viande halal qui sortait des abattoirs parisiens alors que Patrick Cohen se référant à des documents officiels a dit qu’il y en avait 2%.
Un « détail » sans doute…
Rédigé par : Achille | 21 février 2012 à 15:37
Marine Le Pen (une fois n'est pas coutume) a raison de s'insurger contre l'opacité qui est de règle concernant le mode de distribution de la viande halal et de dénoncer les magouilles dont le consommateur lambda fait les frais.
D'autant que l’abattage rituel, en prolongeant cruellement l’agonie des animaux est tout à fait contraire à la charte des droits de l’animal, ratifiée par la France, ainsi que par tous les pays membres de l’UE. Rappel de l’article 3 (alinéa 2) de ladite charte : « Si la mise à mort d'un animal est nécessaire, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d'angoisse ».
Mais ce mode d’abattage est en outre en contradiction avec la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat dès lors que les abattoirs ne devraient pas avoir pour mission de recevoir des ministres du culte opérant ès qualités.
Par conséquent l’abattage autre qu’après étourdissement, dans la mesure où il serait toléré pour des motifs religieux ne devrait se pratiquer que dans des abattoirs privés, comme c’était d’ailleurs le cas jusque dans les années soixante pour la viande casher. En attendant, un minimum d’honnêteté vis-à-vis de tous ceux qui ne veulent ni cautionner la souffrance animale, ni participer à leur insu à des pratiques cultuelles qu’ils ne partagent pas, serait d’imposer par la loi un étiquetage rigoureux des produits indiquant le mode d’abattage des animaux. Sans préjuger de la pollution bactérienne que l’abattage rituel peut générer au moment de la saignée de l’animal.
---
Par ailleurs, remarquable message de JMT. Rien à jeter.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 21 février 2012 à 15:33
Et encore par madame Brigitte Bardot :
Viande halal: Brigitte Bardot s'en mêle !
http://www.jeanmarcmorandini.com/article-265242-viande-halal-brigitte-bardot-s-en-mele.html
Rédigé par : Varennes | 21 février 2012 à 15:17
"@ Christian C
J’ai également écouté Marine Le Pen ce matin à la Matinale de France Inter. Elle s’est fait étriller par Patrick Cohen et Bernard Guetta.
Vous allez voir qu’elle va encore leur intenter un procès ! :-)
Rédigé par : Achille | 21 février 2012 à 13:02"
J'ai écouté sur YouTube l'interview, je ne vois pas en quoi madame Le Pen a été étrillée d'autant que ce qu'elle avance est confirmé par un communiqué de la Chambre de l'Agriculture !!
http://www.ile-de-france.chambagri.fr/index.php?page=communiques_presse
http://www.20minutes.fr/societe/883883-100-viande-abattue-facon-rituelle-ile-de-france-selon-chambre-agriculture
Déjà dénoncé depuis des mois :
http://ripostelaique.com/100-halal-en-ile-de-france-quattend-sarkozy-pour-virer-frederic-lefebvre.html
aussi par des associations :
http://sitasecure.wordpress.com/category/barbarie-envers-les-animaux/page/2/
Rédigé par : Varennes | 21 février 2012 à 15:01
@ Christian C
J’ai également écouté Marine Le Pen ce matin à la Matinale de France Inter. Elle s’est fait étriller par Patrick Cohen et Bernard Guetta.
Vous allez voir qu’elle va encore leur intenter un procès ! :-)
Rédigé par : Achille | 21 février 2012 à 13:02
@ Roche G
C’est Courteline qui a dit qu’être pris pour un « naïf » par un fat est un plaisir de fin gourmet.
Je savoure à leur juste valeur vos propos.
Rédigé par : Achille | 21 février 2012 à 12:47
La restriction à la liberté de l'information a bien des visages. Celui, brutal, assassin, des régimes fascistes d'Hitler à Staline, celui, larvé et feignant de tout régime qui s'estime lésé ou mis en danger. Celui, enfin, cauteleux et étouffant qui se croit investi de la vérité, au nom d'une idéologie inavouée mais motrice. C'est bien le cas de Mediapart qui conjugue avec aisance la proclamation de la vertu et la programmation de l'éviction en vertu, non d'une pensée politique mais de la capacité à se vendre de ses sectateurs. Certains journalistes, ainsi, endossent des habits de moralistes que rien ne les autorise à porter. Ce ne sont pas toujours les meilleurs, quelquefois les plus esthétiques mais rien n'est plus agaçant que de voir des prestidigitateurs de l'information ressembler au Saint-Office. La beauté physique ne remplace pas le respect de la dialectique et la vanité de soi y ajoutée conduit, hélas, à de sombres dénigrements.
Sans doute, le programme du FN est quelque peu flou, et il est tellement facile de le démontrer, mais il en est de même des candidats pour lesquels on montre de la révérence, à eux, dispensateurs de prébendes et de considération. Il faut prendre la place de celui (genre neutre) qui recueillera la parole présidentielle, plus tard, dans les ors et sous les sabres au clair. Alors, rions de cet air désolé des détenteurs de vérité qui morigènent les vilains libertins (au sens du XVII°) en laissant entendre qu'ils sentent le fagot mais que la mansuétude républicaine consentira à seulement les enterrer vifs.
Rédigé par : JMT | 21 février 2012 à 12:31
Christian C :
"Mais au-delà de ce point fondamental, il faudrait être naïf, me semble-t-il, pour considérer la polémique sur l’abattage halal comme une simple volonté de ne pas tromper les consommateurs sur la marchandise. On voit bien derrière ce scud d’apparence citoyenne une nouvelle tentative de démontrer l’envahissement de notre « civilisation » par des comportements cultuels musulmans..."
il s'agit pourtant de cela. En y ajoutant qu'il était coûteux pour les abattoirs d'avoir à stopper la chaîne d'abattage entre la viande qui serait halal et l'autre pas, car les deux types de viande demandant deux tueurs distincts, notamment un tueur "agréé" par les autorités religieuses et un process différent.
Sinon je vous invite aussi à la bénédiction par Frère Jean des carcasses de viande réservées à notre communauté au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Pour information la viande de Rungis provient aussi d'abattoirs provinciaux, lesquels sont passés à la "coutume" alors que les éleveurs ont signé une charte de bonne pratique de l'élevage avec en outre le respect du bien-être animal conditionnant le versement des aides PAC.
http://www.marne.chambagri.fr/index/action/page/id/372/title/Bien-etre_animal
Rédigé par : hameau dans les nuages | 21 février 2012 à 12:20
Je pense que la télé publique devrait organiser une série de débats entre tous les candidats au premier tour qui ont réuni les 500 signatures.
Avec égalité de temps de parole, et dans un format précis: sur chacun des sujets chaque candidat aurait un temps pour faire un laïus de deux minutes, puis de poser une question aux autres candidats. Puis un second passage de trente secondes pour répondre aux questions.
On pourrait faire plusieurs émissions, sur les différents sujets.
Ce serait plus "républicain".
Rédigé par : Alex paulista | 21 février 2012 à 11:45
Quand le bourgeois veut se faire peur il lit Mediapart ou Arrêt sur Images, de Daniel Schneidermann. Une douce volupté l'envahit, il y retrouve tout ce à quoi il a renoncé lui-même. Une crainte révérentielle le conduit même à trouver qu'ils "ne disent pas que des conneries"...
Si vous aimez vous faire peur, choisissez plutôt un vrai Cognac : ACRIMED.
Rédigé par : Savonarole | 21 février 2012 à 11:39
Un combattant comme Achille n'est capable de faire peur avec ses arguments de cour d'école primaire qu'à des petits naïfs le jour de la rentrée des classes.
Rédigé par : Roche G | 21 février 2012 à 10:51
Monsieur,
On a assisté ce matin dans la matinale de France Inter à ce que peut être la qualité du débat entre Marine Le Pen et deux journalistes (Patrick Cohen et Bernard Guetta) dès lors que les journalistes contestent les thèses de la candidate du Front National. De la polémique sur l’abattage halal à la position de son parti sur les massacres en Syrie, on a surtout observé une empoignade houleuse où la mauvaise foi était du côté de Marine. Ce n’est pas le fond du sujet sur lequel vous attirez notre attention, puisqu’il s’agit là de la forme, mais ainsi que le répétait un de mes maîtres, « la forme, c’est souvent le fond qui remonte à la surface ».
J’aurais tendance à rejoindre votre analyse sur le sectarisme de Mediapart, si toutefois le FN était sans réserve un parti républicain ; il se trouve que je ne considère pas le FN comme un parti républicain pour plusieurs raisons, dont l’appel à la préférence nationale n’est pas le moindre, appel qui tend à rompre le pacte républicain français. Mais au-delà de ce point fondamental, il faudrait être naïf, me semble-t-il, pour considérer la polémique sur l’abattage halal comme une simple volonté de ne pas tromper les consommateurs sur la marchandise. On voit bien derrière ce scud d’apparence citoyenne une nouvelle tentative de démontrer l’envahissement de notre « civilisation » par des comportements cultuels musulmans. Ce n’est pas digne de la confrontation des idées dans le cadre d’une campagne présidentielle.
Mediapart est un média privé, libre, et il a reconnu qu’un débat sur le sujet avait lieu au sein de la rédaction. J’aurais préféré que cette rédaction pointe les aberrations du programme du FN à l’occasion d’un débat ; il ne l’a pas fait, avec entre autres arguments le suivant : ne pas favoriser l’ascension et l’installation durable du FN dans notre pays. Je ne partage pas cette analyse.
Un parti, même non républicain, se combat à visage découvert.
Rédigé par : Christian C | 21 février 2012 à 10:09
"Penser contre soi est le minimum civique
et professionnel qu'on puisse attendre d'un
journaliste" écrivez-vous.
C'est un parcours qui ne semble plus avoir
cours sauf peut-être dans les instituts de
formation des journalistes tant on peut
constater que si un journaliste a cette
pratique il devra porter en bandoulière les
nombreuses étiquettes qu'il recevra en
cadeau...
Pour cela s'attachent-ils souventes fois
davantage aux personnalités et à la chasse
de leurs antécédents qu'à l'initiation
d'une controverse.
Rédigé par : calamity jane | 21 février 2012 à 08:55
Bonjour, il ne me semble pas que seule l'idéologie intervienne dans le refus de Mediapart d'ouvrir son accès à Marine Le Pen.
Tout être humain, journaliste ou non, se trouve un jour confronté à des choix qui font appel à ce qu'il a de plus sacré en lui, son intime conviction, ses valeurs, et ce serait un terrible reniement s'il devait prendre une décision contraire à ses principes.
Vous me direz, la sphère publique montre quotidiennement des personnes, politiques ou non, qui s'assoient sur ces valeurs, avalent des couleuvres, retournent leur veste.
C'est tout à l'honneur de Mediapart de rester attaché à ses convictions, contre vents et marées, contre son propre intérêt journalistique même, au risque de provoquer des incompréhensions, dont la vôtre, cher Philippe, au demeurant très mesurée.
Quant à Audrey Pulvar,son rôle chez Ruquier la rend imbue d'elle-même, elle manque de recul et d'humour, ce qui est un comble pour une émission de ce genre.
Rédigé par : Camille | 21 février 2012 à 08:50
Une fois de plus bravo pour votre analyse, ne pas inviter Marine Le Pen ne peut que renforcer sa position de victime du système. J'étais abonné à Mediapart j'ai arrêté mon abonnement à cause de leur manque d'objectivité même si leur présence était fort utile pour la dénonciation des scandales divers et variés.
Cordialement, Jean-Paul SCHON
Rédigé par : Jean-Paul SCHON | 21 février 2012 à 08:18
Bonjour Philippe Bilger,
« Mediapart récemment a publié des entretiens avec les candidats à la présidence de la République. Avec presque tous, puisque Marine Le Pen en a été exclue avec une argumentation biaisée qui ne m'a pas convaincu. »
Je ne fais pas partie des lecteurs de Mediapart. Je sais bien qu’il est parfois nécessaire d’aller fouiller dans les poubelles car on y trouve parfois de belles pépites, mais au cours de ces 5 dernières années les affaires politico-financières sont devenues tellement nombreuses que je préfère prendre du recul afin de ne pas tomber dans un rejet définitif de la classe politique.
Je dois avouer qu’avant que Marine Le Pen ne devienne présidente du FN, j’éprouvais pour ce parti une véritable répulsion. Les dérapages à caractère xénophobe de JMLP me donnaient la nausée. Sa fille tient un langage plus responsable, allant même jusqu’à désavouer certains propos de son père, ce dont on doit tenir compte.
Le fait donc que Mediapart refuse d’avoir un entretien avec Marine Le Pen ne se justifie plus, mais peut malgré tout se comprendre lorsqu’on voit le « patriarche » continuer à intervenir dans les meetings et sortir ses galéjades devant les journalistes, démontrant ainsi qu’il n’a pas complètement abandonné les rênes du FN.
Je veux bien admettre, comme l’a dit Maître Collard dans C Politique dimanche dernier, que le père de Marine est un « emmerdeur », mais je pense que la présidente du FN devrait le laisser en coulisses dans les meetings car il continue à lui faire du tort.
Ajoutons à cela le fait que Marine Le Pen intente un procès à la moindre parole de travers que ce soit aux journalistes, humoristes ou adversaires politiques, cela peut expliquer que Mediapart ne soit pas très chaud pour s’entretenir avec elle.
Que Marine Le Pen soit la cible de nombre de professionnels des médias, cela est le lot de toutes les personnalités publiques, alors, de grâce, qu’elle arrête de se présenter en victime du « système ».
Rédigé par : Achille | 21 février 2012 à 07:59
Bonjour,
Abonné de la première heure, je ne renouvellerai pas mon abonnement et j'ai déjà arrêté de lire Mediapart, justement à cause de cette "politique" envers le FN. Bien qu'étant à l'opposé de ce parti, je ne peux accepter cet acte antirépublicain, le combat politique mérite d'écouter son adversaire afin de mieux contrer ses arguments, quels qu'ils soient ; si un jour le FN n'est plus autorisé (pour quel motif et sur quelle base ?) je réviserai peut-être mon comportement envers Mediapart mais à l'heure actuelle, je préfère rester ignorant des informations et autres en provenance de ce média !
Rédigé par : Sourate | 21 février 2012 à 07:31
Que faut-il conclure ? Le Figaro a-t-il raison ?
85% des médias français sont favorables à Notre Seigneurie et contrôlés par ses amis; personne n'en fait cas, Le Figaro l'a annoncé clairement par la voix d'Etienne Mougeotte; où se trouve le pluralisme quand le débat démocratique est confisqué ?
Tous ceux qui agissent dans le sens d'écarter le débat pour des considérations plus personnelles que politiques ou l'inverse ne se rendent pas compte que leurs attitudes profitent à celle qui en est exclue et bien entendu qui sait aussi en user.
Est-ce une attitude facile et commode de refuser ce débat, c'est bien la raison pour laquelle le journalisme d'information français se retrouve à la 44ème position mondiale. Certes il y a encore du chemin à parcourir pour être en démocratie !
Rédigé par : On se bat toujours por ce qui nous manque le plus | 21 février 2012 à 07:16
Audrey Pulvar à été mauvaise devant Marine Le Pen. Elle ne parlait que d'argent pour réfuter l'idée de la préférence nationale. Les mimiques Pulvar de cette séance faisaient très enfantin. Ce côté enfantin perdra la gauche, les plaisanteries de Hollande dans ses meetings vont lui faire perdre des points à chaque jour qui passe.
Natacha Polony est manifestement très douée. Elle s'exprime très librement devant les invités de Ruquier sans les abaisser.
Mediapart et Plenel, vous semblez faire des découvertes. Les millions de morts du communisme ne les empêchent pas de dormir. Les changements de veste les plus fabuleux... Je vous conseille un film sur LCP qui présente un village modèle communiste chinois composé de millionnaires. Chaque villageois (ils sont 17 000) est logé dans une maison de 400 m², possède deux voitures et les placards regorgent de riz et d'objets précieux. Les habitants, selon le maire, sont riches mais pas égaux en richesse car l'égalité amène la pauvreté !!!!
Rédigé par : Perplexe-gb | 21 février 2012 à 06:54
Je suis d'accord avec votre analyse, M. Bilger. Mais ma colère est telle que je serai moins modéré que vous dans mes propos.
J'en ai trop vu...
Comme Guy Mollet qui tenta de faire couler "Le Monde" en manipulant les aides d'Etat à la presse, au motif que ce journal était opposé à sa politique algérienne, les gens de "gauche" (extrême comme Edwy Plenel qui joue les moralistes indignés) ou cryptosubversifs comme Laurent Ruquier (qui a introduit dans les médias des copains gauchistes sans aucun talent comme Gérard Miller, Christophe Alévêque...) ne sont pas démocrates dès lors qu'ils peuvent étouffer la démocratie. Car ils sont des "sachants", des "connaissants" qui jugent. Dieu (ou la transcendance) étant mort à leur profit.
Ils sont donc fondés à exiger des autres, de plein droit "divin" la liberté d'expression pour eux, et s'estiment fondés (de plein droit) à la refuser à d'autres, et de ne pas avoir à inviter ceux qu'ils estiment en hostilité avec eux, leur opinion politique étant (de plein droit) éligible dans "leurs" émissions, même de façon feutrée..
Où donc est passée la République ? Où donc est passé le service public ?
Qu'ils aillent donc sévir à TF1 ou chez Berlusconi, comme le fit en son temps sur l'ancienne 5ème chaîne
notre très intéressé Michel Drucker, en recherche d'une place très "juteuse".
Cette oligarchie, puante de prétention, doit être évacuée par mesure de salubrité publique. Et "rééduquée" à la vie civique.
Je ne vote pas et n'ai jamais voté FN.
Mais trop, c'est trop.
Sur le plateau de Ruquier, Madame Le Pen a fait preuve d'une grande maîtrise, face aux arguments de ce dernier mettant en parallèle sa "légitimité" due à son "audience" (et le copinage qui préside au recrutement des animateurs de la TV qui ne sont ni élus ni n'ont passé de concours !) et la légitimité d'une élue de la République. Il est temps que cela change.
Rédigé par : Arobase du Ban | 20 février 2012 à 23:58
Monsieur Bilger,
Je suis fier, étant donné nos différences de milieu, d'instruction et de destinée professionnelle, d'être sur la même ligne que vous sur les deux évènements que vous avez cités. Bien que souvent déçu pour ne pas dire trahi, j'ai le sentiment que je peux vous ajouter à ma "petite liste" des gens que je peux lire et écouter, sans crainte d'être berné.
Rédigé par : jean | 20 février 2012 à 22:44
Je ne suis pas abonné à Mediapart. J'ai failli. Mais la façon dont est traité l'affaire syrienne est pour le moins suspecte ne serait-ce que déjà dans ses titres. Mediapart se dit journal d'investigation mais pour le coup celle-ci laisse à désirer. L'affaire est beaucoup plus compliquée qu'un "printemps arabe ordinaire" et qu'un peuple en révolte contre le régime syrien :
http://www.theatrum-belli.com/archive/2012/02/20/syrie-une-libanisation-fabriquee.html
et ça Mediapart le sait parfaitement.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 20 février 2012 à 21:35
Monsieur Bilger, je ne dis pas que vous avez tort, mais l'affaire me semble complexe.
Du point de vue politique, à mon sens, c'est simple : si la stratégie de Mediapart est de faire échec à la candidature de Marine Le Pen, on saura d’ici peu si Edwy Plenel, qui n'est d'ailleurs pas ma tasse de thé, a eu raison ou tort.
D'un point de vue éthique, c'est plus délicat : lorsque Voltaire prononce sa fameuse phrase sur la liberté d'expression, ce n'est pas pour autant qu'il invite le conseiller Pasquier ou Jean Fréron à prendre le thé à Ferney... Charbonnier est maître chez lui, le CSA n'ayant rien à dire en l'occurrence ; libre donc à Mediapart et à d'autres de ne pas inviter Marine Le Pen en fixant la limite du débat en deçà, au motif que la démocratie peut désigner ses ennemis et les traiter par le mépris. Je me demande d’ailleurs ce que ferait le Front national dans ce domaine s’il était au pouvoir : demandez donc leur avis aux bibliothécaires d’Orange en poste en 1995.
Mais, de Camille Desmoulins à Camus et à Beuve-Méry, la presse d'opinion française s'est fait une gloire de ne jamais esquiver le débat. En tout cas, je doute de la réussite du procédé que vous critiquez, et de l'intelligence politique de ses auteurs. Si Marine Le Pen arrive au pouvoir, il faut espérer qu'elle trouvera des adversaires plus résolus que des maîtres à penser germanopratins, eussent-ils fait leurs classes à la LCR…
Rédigé par : Boris | 20 février 2012 à 21:11
L’arroseur arrosé
Je viens d'aller sur le site de Mediapart :
«Aucun parti, lancé dans une campagne qui a pour but l’élection suprême, la plus importante pour notre pays, n’a le droit, quels que soient les différends qui l’opposent à un média, de lui interdire de suivre ses débats publics», affirme le Forum des sociétés de journalistes (SDJ), alors que le «Front national a interdit, ce week-end, au Grand Palais de Lille, l’accès à sa convention à nos confrères de Mediapart».
Cette sélection des médias est une atteinte à la liberté de la presse.
Donc, aucun parti n’a le droit d’interdire à un média de suivre ses débats publics quels que soient les différends qui les opposent…» Mediapart écrirait-il ses propres lois ???
Si le journal a exclu Marion Anne Perinne, celle-ci peut leur rétorquer que c'est une atteinte à la liberté d’expression. Mediapart est bien mauvais joueur.
Au lieu de se dire victime du FN, Mediapart devrait faire comme Caroline Fourest, que vous n’appréciez guère M. Bilger : démystifier les idées du FN.
Rédigé par : Chaneul | 20 février 2012 à 20:44
"Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire" : même si faussement attribuée à Voltaire, Noam Chomsky s'est référé à cette citation pour expliquer pourquoi il avait signé la pétition protestant contre la sanction à l'encontre du négationniste Faurisson. Ce même Chomsky traité depuis comme un pestiféré par beaucoup, alors qu'il est diamétralement opposé à ces thèses négationnistes !!
On ne peut effectivement défendre la liberté d'expression tout en la plaçant sous son bon vouloir, c'est laisser ouverte la porte de l'arbitraire.
Depuis longtemps il manque un vrai débat avec les idées de Le Pen qui attirent quand même une large partie de nos concitoyens. A force de ne pas le vouloir, à force de simplement diaboliser et de refuser de les considérer comme un fait, ces idées vont finir par s'imposer comme une rivière en crue déborde un jour ses digues.
Rédigé par : Jcgarnier.wordpress.com | 20 février 2012 à 19:00