A Dakar en 2007, le président de la République, dans un grand discours, avait déclaré que "l'homme africain n'était pas assez entré dans l'Histoire...". Cette phrase avait suscité un tollé de protestations et, encore aujourd'hui, elle continue de faire débat. En tout cas, Henri Guaino, qui l'avait écrite pour Nicolas Sarkozy, n'a pas cessé de la défendre et de la justifier.
Le paradoxe est qu'aujourd'hui, au Sénégal, le président Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, persiste à se présenter pour un troisième mandat dans des conditions gravement irrégulières et que la seule incertitude concerne sa victoire au premier ou au second tour. L'opposition contre lui est divisée et les nombreuses manifestations, notamment des jeunes Sénégalais, parfois violemment réprimées, n'ont pas ébranlé la scandaleuse résolution du président Wade (Journal du Dimanche).
Une fois écarté l'argument sur la sagesse qui serait corrélative avec l'âge et l'excellence, selon lui, de son état physique, quel ressort fondamental, décisif peut ainsi pousser un homme intelligent, une personnalité apparemment équilibrée à une démarche aussi narcissique et à la fois tellement ridicule ? Faut-il considérer que l'ambition, en dépit d'un bilan guère brillant, devient une drogue si puissante, et la vanité un aveuglement si muré sur soi, que plus rien ne compte qu'une nouvelle victoire même frauduleusement conquise? Abdoulaye Wade est-il à ce point dénué de tout regard critique, introspectif que son âge ne lui apparaisse pas comme un obstacle, une incongruité ? Pourquoi au Sénégal un responsable politique est-il si entiché de soi qu'il se persuade que le pays et le peuple ont encore, toujours besoin de lui ? Le pouvoir, pour Wade, serait-il la vie et ne plus l'avoir serait-il une mort anticipée avant la vraie ?
Le plus désolant dans cette pantalonnade sénile est qu'elle conduit à tourner en dérision non seulement ce président arrogant mais le Sénégal et l'Afrique toute entière, l'homme africain aussi. Comme si Wade n'était que la preuve de la dramatique originalité de ce continent dans le rapport de ses chefs avec le Pouvoir.
Mais Wade est seulement concerné. Lui seul. Sa folie est singulière et son entêtement unique. Ses 85 ans mériteraient le repos mais il n'écoute personne.
Cet homme africain ne veut plus sortir de l'Histoire.
@Achille
Ce billet ne sera jamais lu, tant pis.
Votre argument est un pur sophisme, à deux égards :
- le temps n'est pas élastique et quel que soit le contenu d' une période, elle n'est pas plus importante que la lente érosion des mentalités pendant des périodes très longues. La révolution industrielle, que l'Afrique n'a guère connue, n'a pas grand-chose à voir là-dedans.
- quand les arabes esclavageaient nous brûlions des hérétiques. Il faut comparer ce qui est comparable. D'une part au maximum 15 000 personnes brûlées en 6 siècles, dont Etienne Dolet et Cesara Vanini, je le concède, de l'autre, des dizaines de millions de personnes en esclavage, et encore aujourd'hui. Alors, je veux bien que tout soit équivalent, mais en chiffres et en persistance, non.
Il faut dire que les Français ont toujours ricané quand on leur a opposé les 100 M de morts du glorieux empire soviétique, préférant se moquer de ceux qui avaient dénoncé le totalitarisme, mais ont toujours été prompts à rechercher dans une phrase le mot qui pourrait soulager leur conscience affaiblie par des années de panse replète et de veulerie politique ou rechercher des héros là où il n'y avait que des partisans manipulés.
Enfin, s'il est vrai que les meilleurs clients des vendeurs d'esclaves européens ont été les planteurs, l'esclavage européen, ou triangulaire, représente à peine le tiers de celui du monde oriental. Il ne s'agit pas de justifier l'attitude européenne ou américaine mais de ne pas charger sans cesse l'Occident de ce qu'il partage inégalement avec le monde arabe.
Quant au rapport avec les paroles de C.Guéant, c'est in cauda venenum, hors sujet, je n'en ai jamais parlé, mais par ces temps de basse politique, il faut tout admettre.
Rédigé par : JMT | 29 février 2012 à 18:53
On a le Ferry que l'on mérite.
Avec Gambetta et Grévy, il devient la figure de l’opposition. Il sera le chef de la Gauche républicaine. (selon le site du Sénat)
Il fut élu la première fois contre un monarchiste modéré, il rejoindra le Grand Orient de France et devint franc-maçon en 1875. Il s’occupera de la dispersion des congrégations religieuses non autorisées. Son père était un libre penseur. Il faut lui reconnaître qu’il n’était pas un ultra-gauche, Jules Ferry est classé aujourd’hui comme un homme de centre gauche. Chacun sait que les socialistes et Hollande sont ………… à l’extrême droite de la gauche républicaine du centre droit ! Et que DSK et Lang, bourgeois (comme Jules) de la place des Vosges, furent au centre gauche en 2011 et sont maintenant au centre droit. Ainsi va l’histoire des bien-pensants quant elle gêne. Si ce grand homme n’est pas socialiste, vite, il faut prévenir la machine à laver SOS Racisme pour faire débaptiser les lieux qui portent le nom d’un être si nauséabond pour la civilisation. Je ne pense pas que l’UMP ou le Front National s'y opposeront.
Rédigé par : Roche G | 27 février 2012 à 15:04
"Wade n'est pas franc-maçon"..."Jules Ferry n'était pas socialiste"...
Des Vanneste, on en aura vu de toutes les couleurs !
Rédigé par : Savonarole | 27 février 2012 à 12:15
@ Jean-Dominique
Depuis quelque temps qui veut noyer son chien l’accuse d’être socialiste, voire même d’être nationaliste ET socialiste.
Sans doute les effets de la présente campagne électorale.
Rédigé par : Achille | 27 février 2012 à 11:49
@ Roche G
Ainsi donc Roche G a trouvé un socialiste qui a tenu des propos qui lui vaudraient aujourd’hui l’opprobre de tous et sans doute d’être traduit devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Il semble oublier qu’à cette époque, qui remonte à plus d’un siècle, ce type de discours n’était pas le fait des seuls socialistes, mais était communément admis, y compris par les instances scientifiques. On pourra se reporter aux propos tenus par Ernest Renan à ce sujet, mais aussi à d'autres personnalités éminentes de l'époque.
Quitte à nous parler des Ferry, il ne lui était pas vraiment nécessaire de remonter aussi loin dans le temps pour en trouver un qui raconte des âneries.
Je pense qu’un de ses descendants prénommé Luc, habitué des salons mondains et des plateaux de télévision aurait très bien pu lui servir d’exemple. Et lui n'est pas socialiste.
Rédigé par : Achille | 27 février 2012 à 11:12
@- Roche G | 27 février 2012 à 10:02
Excellent rappel !
La même année la défaite de Lang Son au Tonkin provoquait la déroute de Jules Ferry et sa démission.
(Et en 1959, c'est encore un socialiste français qui envoyait mon frère en Algérie)
Rédigé par : Savonarole | 27 février 2012 à 10:48
Selon Achille, « l’Afrique n’est jamais ASSEZ rentrée dans l’Histoire, tout simplement par ce qu’elle n’a jamais eu la possibilité de le faire »
Le 28 juillet 1885, Jules Ferry devait s'expliquer devant la chambre des députés sur sa politique manifestement colonialiste, combattue à la fois par la droite (monarchistes) et l'extrême gauche. La gauche modérée, les radicaux, les socialistes soutenaient cette politique. Jules Ferry devait donc la défendre contre les opposants de droite et d'extrême gauche, qui voulaient renforcer la défense de la frontière des Vosges plutôt que de se lancer dans des expéditions coloniales. Camille Pellettan avait dénoncé avec virulence la politique d'expansion coloniale menée par Ferry. Voici les passages les plus significatifs de la passe d'armes du 28 juillet 1885 dont les socialistes et admirateurs de Jules Ferry n'ont pas lieu d'être fiers.
Jules Ferry : "Sur ce point, l'honorable M. Camille Pellettan raille beaucoup, avec l'esprit et la finesse qui lui sont propres ; il raille, il condamne, et il dit : Qu'est-ce que c'est que cette civilisation qu'on impose à coups de canons ? Qu'est-ce, sinon une autre forme de la barbarie ? Est-ce que ces populations de race inférieure n'ont pas autant de droit que nous ? Est-ce qu'elles ne sont pas maîtresses chez elles ? Est-ce qu'elles vous appellent ? Vous allez chez elles contre leur gré, vous les violentez, mais vous ne les civilisez pas.
Voilà messieurs, la thèse : je n'hésite pas à dire que ce n'est pas de la politique, cela, ni de l'histoire, c'est de la métaphysique politique... (Cris sur l'extrême gauche)
La gauche socialiste crie : Parfaitement !
Jules Ferry : ...et je vous défie - permettez-moi de vous porter ce défi, mon honorable collègue, monsieur Pelletan - de soutenir jusqu'au bout votre thèse qui repose sur l'égalité, la liberté, l'indépendance des races inférieures. Vous ne le soutiendrez pas jusqu'au bout, car vous êtes, comme votre honorable collègue et ami M. Georges Perin, le partisan de l'expansion qui se fait par voie de trafic et de commerce.
Camille Pellettan : Oui !
Jules Ferry : Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l'expédition de M. de Brazza.
Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... (Vacarmes sur plusieurs bancs à l'extrême gauche).
Jules Maigne : Oh ! Vous osez dire cela dans le pays où ont été proclamés les droits de l'homme.
Louis de Guilloutet (droite monarchiste) : C'est la justification de l'esclavage et de la traite des nègres !
Jules Ferry : Si monsieur Maigne a raison, si la déclaration des droits de l'homme a été écrite pour les noirs de l'Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas (interruptions à l'extrême gauche et à droite). Très bien ! Très bien ! (Sur divers bancs à gauche.)
Raoul Duval (droite) : Nous ne voulons pas leur imposer ! C'est vous qui les leur imposez !
Jules Maigne : Proposer et imposer sont des choses fort différentes !
Georges Perin : Vous ne pouvez pas cependant faire des échanges forcés ! "
-
Et voici le clou, l'apothéose de la pensée du grand socialiste Jules Ferry.
-
Jules Ferry : Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Marques d'approbation sur les mêmes bancs à gauche, nouvelles interruptions à l'extrême gauche et à droite).
Achille osera dire que ces paroles sont ignobles ? Qu'elles témoignent d'un racisme et d'une arrogance insupportables ? Et qu'elles traduisent l'opinion majoritaire de la Chambre des députés de l'époque ? Pour l'honneur de la France, heureusement, il y eut à droite comme à l'extrême gauche des hommes qui ont protesté contre cette vision-là. Et elle est à l'origine de la haine ou de l'hostilité que nombre de citoyens des anciennes colonies françaises expriment à l'égard de notre patrie. En outre, elle fut une bombe à retardement, puisque la colonisation arrogante SOCIALISTE est à l'origine de flux migratoires qu’ils ne contrôlent plus .
Jules Ferry a l'insigne honneur d'être l'éponyme de nombre de lycées, d'avenues, boulevards, rues et places. Alors qu'Alexis Carrel grand scientifique prix Nobel de médecine est jeté dans les puits noirs de l’obscurantisme socialiste. Qu'en pensent les tenants de la laïcité à la française qui doivent tant à Jules Ferry ?
Aujourd'hui, monsieur Ferry serait-il déféré devant les tribunaux de la 17ème chambre ?
Rédigé par : Roche G | 27 février 2012 à 10:02
C´est comme s´il n´y avait qu´une seule histoire, la nôtre, celle avec un grand H, celle qui raconte notre origine et tous les événements et toutes les épreuves qu´il nous a fallu traverser pour être ce que nous sommes et à propos de laquelle nous nous étonnons que les autres cultures n´y soient pas "encore", comme si nous étions l´être même, la mesure de l´humain, cela ressemble au solipsisme (on ne parvient pas à penser en dehors de soi).
Rédigé par : Bray-dunes | 26 février 2012 à 23:53
Entrer dans l'histoire, sortir de l'histoire, si les "causeurs causateurs diplômés" (honoris causa) nous définissaient ce qu'ils entendent par le terme 'histoire", ce serait mieux.
Mais il ne faut pas trop leur en demander. L'opacité est la garante de leur fromage. A chacun sa messe en latin et son langage IBM en cobol.
L'histoire, c'est pour moi ce qui a été et décrit comme tel par des méthodes à caractère scientifique.
L'Afrique a toujours eu une histoire.
Mais elle ne l'a pas écrite pendant longtemps. Elle se l'est "racontée" pour vivre le présent. Pour l'écrire, il a fallu qu'elle entre en contact avec d'autres "civilisations".
Aïe !
A bientôt dans ma prison.
Rédigé par : Arobase du Ban | 26 février 2012 à 23:23
Wade s’accroche au pouvoir à travers des élections. Il ne veut pas sortir de l’histoire. C’est un système vraiment archaïque. Chez nous, des irresponsables sont au pouvoir depuis bien longtemps, et ils n’ont pas besoin d’élections pour s’y maintenir. Mais on n’en fait pas toute une histoire.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=34416
Rédigé par : Claude L | 26 février 2012 à 22:37
Depuis son avènement, la démocratie sénégalaise a toujours été très violente. La liberté d'expression n'a aucune limite, la presse insulte la classe politique dans des termes qui ne seraient pas admis en France. Le premier à avoir inauguré ce système fut le très élégant Abdou Diouf, un homme calme et ferme qui n'a jamais ni plié ni restreint l'expression politique.
Wade est difficile à cerner. Incontestablement sa famille joue un rôle important, son fils veut la place et la veut sans coup férir. Le bilan de son premier mandat est plutôt très bon. Mais l'âge le place sous la coupe de son clan.
Laboca, si ce que vous dites est hélas vrai concernant la franc-maçonnerie africaine en général, le Sénégal fait exception : Wade a bien été franc-maçon dans ses jeunes années en France, peu de temps et sans jamais grimper. En fait, le Sénégal dispose d'une autre structure bien plus importante : les confréries musulmanes. Celles-ci se livrent une guerre sans merci, faite d'anathèmes, de menaces, de rivalités ethniques sur fond de surenchère religieuse. Wade est la chose de sa confrérie, les mourides, mais les autres candidats ne valent guère mieux : le régime des confréries est en pleine expansion au Sénégal. Les francs-maçons sénégalais ne sont donc pas au pouvoir dans ce pays et souhaitent plutôt la fin du régime, contrairement à d'autres pays (Gabon, Cameroun, les Congos, etc.) largement gangrénés par l'affairisme et la corruption d'une obédience française.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 février 2012 à 22:24
Wade est sous l'emprise de son fils et de sa femme. C'est eux qui lui ont demandé de s'accrocher au pouvoir.
Wade est sénile. Il n'a pas les moyens physiques nécessaires pour diriger un pays dont plus de la moitié de la population est âgée de moins de 18 ans.
Wade est franc-maçon, selon des journaux bien informés. On sait que des loges mafieuses sont récemment apparues dans les pays d'Afrique francophone. Ces loges mafieuses ont été montées dans le cadre de la Françafrique et elles servent de cadre d'enrôlement et d'asservissement des personnes censées constituer l'élite politique, économique, militaire ou intellectuelle dans ces pays : notre ami Jean-Dominique Reffait pourra confirmer ce dire.
Wade a gouverné au Sénégal pendant que la présidence, en France, était exercée par Chirac et Sarkozy. On connaît le rôle fondamental de Chirac dans l'entretien de la Françafrique. Sarkozy s'est comporté comme un quasi dictateur en France, se singularisant par une farouche volonté de contourner les institutions et de n'agir qu'à sa guise. Bongo, Biya, Sassou, Nguéma, Déby, Wade et bien des dirigeants actuels en Afrique s'inspirent de Sarkozy et le dépassent en même temps, profitant de l'inexistence dans leurs pays respectifs de corps intermédiaires.
Wade est diplômé de nos universités. Je crois savoir qu'il a même été avocat ici. Il a vécu longtemps en France.
Nous devons nous demander comment notre pays a pu créer des gens qui se sont révélés comme de vrais dictateurs dans leurs pays d'origine.
Rédigé par : LABOCA | 26 février 2012 à 21:18
@ jabiru
Un quinquennat à vie ?
Vous ne voulez pas plutôt dire ça ? :
http://www.euvs.org/img/spirits/full/1498.jpg
Rédigé par : hameau dans les nuages | 26 février 2012 à 20:27
Un bon quinquennat à vie "y a que ça de vrai" !
Rédigé par : Jabiru | 26 février 2012 à 15:54
@ JMT
« Et donc, pour l'Afrique, pourquoi dire que 100 ans à peine d'histoire l'a plus marquée que les mille ans qui ont précédé. »
On peut le dire tout simplement parce que durant les derniers 100 ans le monde a plus évolué que pendant les 1000 années qui les ont précédés ne serait-ce que suite à la révolution industrielle qui s’est enclenchée dans le milieu du XVIIIème siècle.
A l’époque où les Africains vendaient des esclaves, en Europe et notamment en France on brûlait les hérétiques, ce qui ne constitue pas en soi les marques d’une civilisation bien plus évoluée, me semble-t-il.
J’ajouterai que les meilleurs clients des vendeurs d’esclaves étaient encore les exploitants des plantations de coton des Etats du Sud américains qui, à défaut de coloniser l’Afrique, ont préféré importer la population de ce continent, voyant là l’occasion de disposer d’une main d’œuvre très bon marché. A noter que juste avant ils avaient procédé au génocide des populations autochtones amérindiennes.
Mais bien sûr comme le dit Claude Guéant les civilisations ne sont pas comparables.
Rédigé par : Achille | 26 février 2012 à 15:45
Pourquoi le Sénégal divergerait dans ses pratiques héritées du colonialisme ? Wade s'accroche au pouvoir comme un dirigeant politique français. Avec une décontraction malsaine Jack Lang grand familier des boîtes de nuit à Dakar propose sa candidature pour le perchoir de l'Assemblée. Son âge avancé et ses casseroles ne semblent pas le freiner, il est un professionnel de la politique qui retarde sa mise à la retraite à coups de bistouri et d'entregent sur les plateaux télés.
Rédigé par : SR | 26 février 2012 à 15:27
Bonjour monsieur Bilger,
Il est certain que la fameuse phrase de Dakar continue à faire recette, malgré les excuses exprimées par Ségolène Royal à l'Afrique entière.
Cependant j'avais cru qu'en plus de l'Afrique du Sud, un deuxième pays africain, le Sénégal, était entré dans l'alternance politique et acceptait le jeu du pluralisme.
Je crains hélas, qu'après la disparition de Nelson Mandela - nous mourons tous un jour n'est-ce pas ? -, le dernier pays africain où le pluralisme règne encore rejoigne la cohorte de ses pays frères.
Le pluralisme politique est une oeuvre de polissage et repolissage de la société, pas une affaire de bulletins de vote glissés dans l'urne.
Comme l'a écrit quelqu'un ici, l'Afrique soigne encore ses plaies de la colonisation d'il y 50 ans, ce sont les enfants et les petits-enfants qui entretiennent encore le prurit.
Alors peut-être dans cinq ou dix siècles, wait and see !
Rédigé par : jemerappelle | 26 février 2012 à 15:12
Dès 1962, René Dumont l'avait dit : "L'Afrique noire est mal partie".
Pendant 50 ans la moindre famine était expliquée par la colonisation...
Les Mediapart et les "Libé" de cette époque daubaient sur la faute de l'homme blanc...
Tous les autres colonisés s'en sont sortis : les asiates, les Indiens, et même les sud-américains malgré 50 ans de folklore hebdomadaire : une tequila, un cheval, une révolution... et ses innombrables Pancho Villa.
Nous aurons l'Afrique sur les bras pour encore 100 ans, sauf mise sous curatelle de l'ONU. L'épisode Wade est d'une banalité affligeante.
Rédigé par : Savonarole | 26 février 2012 à 14:36
C'est un peu lassant de ne voir l'Afrique qu'à travers les anciens colonisateurs et tout extraire de cet épisode relativement bref. L'Afrique existait avant la colonisation, avait des institutions, d'immenses empires et les puissants vendaient leur bétail humain à tout le monde, blancs à partir du XVII°, mais aussi arabes musulmans pour l'essentiel depuis le 10° siècle, en gros quand celui-ci n'était pas enlevé par les razzieurs qui, en outre, méprisaient les Africains.
Ah pardon, il ne faut pas le dire... c'est la correctionnelle ? Mais moi, je croyais que 1000 ans d'histoire ça se respectait autant que la liberté.
C'est vrai que, depuis quelque temps, les gens libres de parole n'ont pas la cote, il faut pas le dire, M. Le Pen a été condamné pour avoir minimisé la sauvagerie de l'occupation allemande, mais le 20 janvier 2011 dans la Frankfurter Allegemeine, un célèbre indigné a bien dit que l'occupation allemande avait été relativement anodine par rapport à celle de la Palestine par Israël. Ils ont peut-être raison ces gens-là, mais l'un est condamné, l'autre encensé. Pourquoi ?
Et donc, pour l'Afrique, pourquoi dire que 100 ans à peine d'histoire l'a plus marquée que les mille ans qui ont précédé. Que je sache, les marchands d'esclaves n'ont pas laissé d'hôpitaux, de routes, de codes, de structures. Oui, bon, d'accord fallait pas y aller, se contenter de commercer, ne jamais ficher les pieds dans ce fichu continent et n'avoir pas d'histoire. Mais alors, les arabes qu'est-ce qu'ils sont venus faire en Espagne ? Ah, oui, eux c'est tout bon, la civilisation, El Andalus, Ibn Rushd, l'ignoble reconquista. Pourtant la Catholique, elle était chez elle en Espagne, et les arabes, non, sauf que ça a duré cinq cents ans, sous une tolérance controuvée, fiscale pour l'essentiel et sous le régime de l'esclavage......africain. Aujourd'hui, les Africains sont musulmans pour la plupart, parfait, ils ont donc oublié l'esclavage d'Arabie, mais pas le colonialisme. Peut-on parler de concurrence de civilisation ?
Bon, là, j'en suis aux portes des Assises, ou du mépris, mais tout de même, une hypothèse, et si, tout simplement, l'Afrique n'était pas encore prête pour la démocratie, parce qu'elle a une longue histoire derrière elle d'où elle est totalement absente, sauf sous sa forme primitive, pendant ce siècle de colonisation, comme chez nous. Les choses vont lentement, il y a déjà beaucoup d'africains démocrates, oeuvrant en silence, allez, courage, ça viendra, mais avant il faudra un peu réviser les cours d'histoire et arrêter de battre sa coulpe.
Rédigé par : JMT | 26 février 2012 à 13:16
"Le plus désolant dans cette pantalonnade sénile est qu'elle conduit à tourner en dérision non seulement ce président arrogant mais le Sénégal et l'Afrique toute entière, l'homme africain aussi."
Pourquoi généraliser ?
En Corée du Nord, le Chef de l'État reste en poste même après sa mort.
En déduit-on que "l'homme asiatique" serait en retard, qu'il ne serait pas rentré dans l'histoire, ou encore que sa civilisation ou sa religion seraient inférieures ?
Non, ce serait ridicule.
Rédigé par : Alex paulista | 26 février 2012 à 13:01
D'accord avec vous sur le Sénégal, où existe au moins une certaine conception de la démocratie, chose assez rare sur le continent.
Il y a à mon sens, trois problèmes.
D'abord, le fait de savoir si l'on peut entrer dans l'histoire ou même en sortir : même quand Fukuyama en parle, cela me semble fumeux, alors le réchauffé de Guaino ! N'est pas Hegel qui veut.
Ensuite, le fait que plusieurs phrases dans le discours fleurent bon la vulgate compassée de l'Exposition coloniale vis-à-vis des prétendus évolués. Si les Africains veulent un maître à penser, ils chercheront ailleurs, je pense.
Et surtout le fait que les conséquences politiques ont été désastreuses, tant en France qu'en Afrique. Sans parler de De Gaulle, Jacques Foccart n'aurait pas fait cette erreur...
Rédigé par : Boris | 26 février 2012 à 12:20
Bonjour Philippe Bilger,
« Cet homme africain ne veut plus sortir de l'Histoire. »
L’Afrique n’est pas un continent ordinaire. Il a été massivement colonisé au cours de ces deux derniers siècles, si bien que les enjeux qui s’y jouent, quel que soit le pays concerné, que ce soit la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou les autres pays dépassent largement les règles de la démocratie des pays dits civilisés et qui ne sont autres que les anciens colonisateurs.
L’Afrique n’est jamais ASSEZ rentrée dans l’Histoire, tout simplement par ce qu’elle n’a jamais eu la possibilité de le faire. La sénilité d’un vieux président n’est que la partie visible de l’iceberg.
Rédigé par : Achille | 26 février 2012 à 10:45