Il faut arrêter !
Aucune campagne présidentielle n'a jamais trouvé grâce aux yeux des commentateurs, des journalistes, des passionnés de politique. Toujours ce même refrain : elle n'est pas au niveau, elle ne traite pas les sujets de fond, elle ennuie.
Pourquoi celle de 2012 échapperait-elle à cette fatalité du discours et de la récrimination alors même qu'elle est agitée, stimulante, parfois excitante, en tout cas vivante ?
Certes on peut légitimement regretter - apparemment c'est une impression dominante - que les médias tirent trop rapidement les conclusions de sondages laissant entendre que deux favoris se détacheraient nettement dans la course présidentielle et que Marine Le Pen et François Bayrou seraient définitivement distancés. Et Jean-Luc Mélenchon viendrait de dépasser les 10% ! Cette préférence est choquante pour la qualité du débat mais dès lors qu'une égalité parfaite serait inconcevable et au demeurant peu pertinente, la manière dont médiatiquement les différents points de vue sont exposés n'est pas si médiocre.
Qu'on ne soutienne pas cependant, comme une antienne, que cette campagne n'aborderait pas les problématiques de fond, les thèmes fondamentaux et qu'elle ne s'attacherait qu'à l'écume des choses ! Pour une fois je rejoins Jean-François Copé qui, face à ce ressassement, l'a contredit en déclarant que les sujets essentiels n'étaient pas négligés même s'il n'en créditait que son champion. Les modalités de discussion peuvent être critiquées, jugées insuffisantes, superficielles mais le fond de ce qui se rapporte aux inquiétudes du citoyen français n'est pas plongé dans je ne sais quelles oubliettes! Qu'on en juge : la finance, la crise, l'Europe, le couple franco-allemand, l'énormité de la dette, la pauvreté, le chômage, l'immigration, la morale publique, l'Etat de droit, l'école, l'insécurité, la justice. Peu ou prou, toutes ces questions, ces drames sociaux, ces manifestations d'un monde, d'un pays déboussolés mais à réguler, à apaiser sont en permanence projetés dans l'espace républicain pour que le citoyen, dans la controverse, l'empoignade ou l'adhésion, trouve sa lumière, son chemin.
La condescendance un tantinet méprisante dont les prescripteurs font preuve à l'égard de ces joutes qui s'achèveront le 6 mai me paraît assez déplacée et surtout tient pour rien les moments intenses, exaspérants ou non, les épisodes riches de sens, l'expression de certains talents, la déception ou l'enthousiasme suscités par telle émission ou tel entretien, la curiosité qui parfois insatisfaite vient tout de même avec constance s'attacher à ce qui l'attire.
Le discours du Bourget par François Hollande. Celui d'Annecy par Nicolas Sarkozy. Celui sur le référendum et la moralisation de la vie publique par François Bayrou. Marine Le Pen à Marseille. Eva Joly ne passant pas la rampe, quoique relookée, sur TF1 avec Laurence Ferrari. Jean-Luc Mélenchon, avec la même et son sourire de bienveillance quand Marine Le Pen avait droit au visage austère, presque hostile de la journaliste et à un traitement clairement inéquitable. Jean-Luc Mélenchon, époustouflant tout de même, donnant à des questions complexes des réponses simples, avec une pédagogie limpide, offrant aux téléspectateurs l'illusion délicieuse d'un univers "où il n'y a qu'à" et aux sarkozystes la joie sauvage et anticipée d'un Mélenchon pesant lourd sur Hollande, peut-être entre les deux tours ! Nicolas Sarkozy retrouvant quasiment son punch de 2007 et, sans être brillant dans le débat, gagnant largement aux points face à Laurent Fabius qui gêné ne se départissait pas d'une ironie légère et d'un sourire inutile révélateurs de son embarras au point même qu'à la fin il demandait à David Pujadas de lui indiquer sur quel thème poser sa question, comme s'il était à court ! Nicolas Sarkozy acharné à regagner le territoire de la normalité quand sur le plan politique il s'était vanté d'en être éloigné pour contrer François Hollande qu'il ne porte pas au plus haut, ce qu'il montre trop ! Bruno Le Maire interviewé par Robert Ménard sur Sud Radio. Et d'autres séquences encore mais qu'il serait oiseux de rappeler.
J'avoue que je me sens mal quand la vie amicale ou sociale me contraint à me détourner de ces spectacles politiques où l'audiovisuel tient en haleine. A vrai dire, la plupart du temps, je suis moins obsédé par les échanges eux-mêmes que par les comportements et les attitudes, la qualité de la parole, la force des caractères et l'affirmation de l'intelligence. L'être humain qui parle et qui répond plus que par l'homme ou la femme politique qui ânonne.
La campagne est vivante. On a cependant hâte qu'elle se termine pour connaître le jugement du peuple. Dont nous sommes.
Cher Philippe
Les derniers revirements sur l'Europe montrent bien que cette campagne, c'est du n'importe quoi !
Rédigé par : Alex paulista | 12 mars 2012 à 12:26
Je lis avec retard le commentaire de Christian le 8 mars à 18h10. Sans doute par mon humble faute, je n'arrive pas à comprendre si c'est du sérieux ou de l'humour au 4ème degré. Lumières, SVP !
Rédigé par : GdelaHIAUTE | 09 mars 2012 à 15:37
Il n'est pas démesuré de dire que Sarkozy fut exponentiel, imputrescible, cosmogonique, il n'a pas de talent, il est Le Talent, il vaporise les contradictions, satellise les oppositions, Sarkozy est à la droite ce que Khéops est à la pyramide, il atteint la vitesse de la lumière en deux diabolos fraise au Fouquet's, Barack Obama lui lave les pieds et Angela Merkel lui fait les ongles. L'ignoble vermine gaucho-centriste, toute cette raclure homo-socialo-bobo islamisée de l'Anti-France pédophile aura beau glapir en infestant votre blog de ses immondices, le venin moisi de la fourberie gauchiste ne peut atteindre celui qui a surmonté avec quel éclat un événement plus grave que le tsunami japonais, plus catastrophique que la crise financière, plus angoissant que les menaces de guerre nucléaire en Orient, rendons hommage à ce président qui a, vaille que vaille, surmonté la plus grande épreuve de son mandat : son propre divorce !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 mars 2012 à 11:53
Comparé à beaucoup de pays, en France la démocratie n’est pas un vain mot. Au vu des attaques personnelles la campagne est vivante j’en conviens. Par contre je ne partage pas du tout le contentement de Monsieur Bilger. Comme les deux tiers des français je ne suis pas du tout satisfait de cette campagne. Les joutes oratoires qui reviennent à se traiter mutuellement de menteur sont aussi lamentables que les protagonistes qui se coupent sans arrêt la parole en l’impuissance du journaliste qui est censé mener le débat.
Prenons simplement l’aspect économique qui domine pas mal le contenu des arguments : qui jusqu’à présent a présenté un budget complet avec les recettes et les dépenses ? Qui a dit ceux qui allaient payer et pour combien, qui a dit ceux qui seraient avantagés, qui a dit ceux qui participeraient le plus à l’effort collectif ? Qui a dit les conséquences des options quelles qu’elles soient ? Quel journal, quel journaliste a présenté un tableau complet des différentes options de chaque candidat et ce dans chacun des domaines : Europe, immigration, sécurité, finances, prestations sociales, droit du travail etc. ? AUCUN.
Non vraiment, les arguments rationnels sont oubliés de même que la dimension contractuelle des propositions du candidat par rapport à ses électeurs : finalement on reste dans l’antisarkozysme primaire, ou dans l’antisocialisme primaire, dans la peur ou dans les convictions irrationnelles. La démocratie française a encore pas mal de progrès à faire pour atteindre un peu de maturité.
Rédigé par : Jean Emile MAZER | 09 mars 2012 à 11:51
@ alain : Sarko ressuscité ?
n'exagérons pas :=)
http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/749033/Saint_Suaire+%3A_la_preuve_de_son__authenticite_n%27est_plus_tres_loin.html
Sinon oui la campagne est vivante : ici les moineaux commencent à se bagarrer pour leurs futures conquêtes et il pointe les premières fleurs de pissenlit dans les prairies.
Comment je dis une bêtise ? Ce n'est pas de cette campagne dont on parle ici ?
Rédigé par : hameau dans les nuages | 09 mars 2012 à 10:30
Repères
Dans les enquêtes sur la perception des candidatures dans l’opinion publique, François Bayrou est en tête sur tous les critères de présidentialité.
Parmi les cinq principaux dirigeants européens, Sarközy a la plus mauvaise image auprès de l’ensemble des citoyens européens.
Rédigé par : klioma | 09 mars 2012 à 09:49
@Alex paulista
A peu près d'accord avec une nuance pour l'entrée dans l'immobilier à taux variable aux USA qui a entraîné les subprimes et la crise 2008.
Il a été financé, par ces taux variables plus bas, des personnes qui ne pouvaient sans doute pas financer de tels biens sauf cas très favorables (hausse immobilier + taux faibles).
Mais ils ont tenté la chance, après que les banques se soient refilé les risques...
Et notamment les Françaises qui limitaient les financements aux particuliers et achetaient les subprimes, ça reste pour moi assez incompréhensible.
Rédigé par : Jean Marc | 09 mars 2012 à 08:55
Alex paulista,
oui, il y a une logique ! limitons le nombre
d'entreprises sur le territoire français,
détruisons les acquis sociaux puisque prochainement sur nos écrans plus de travail...
Et délitons d'abord les périphéries d'un
problème, le noeud sera facile à atteindre !
La rupture tant prônée par le sarkoTchev
consistant à démolir pour re-construire à
sa guise cad en faisant des groupuscules
d'intérêts disparates qui annhileront la
cohésion ; ou l'art de l'incapacité à
gouverner.
Rédigé par : calamity jane | 09 mars 2012 à 08:34
@Marie,
je vous propose d'apprécier par vous-même:
http://tempsreel.nouvelobs.com/election-presidentielle-2012/20120308.OBS3237/nicolas-sarkozy-homo-miserabilis.html
Rédigé par : Christian C | 09 mars 2012 à 08:19
@ Alain
Je constate que la méthode Coué a toujours ses adeptes. :-)
Rédigé par : Achille | 09 mars 2012 à 06:55
Fabius KO debout (plutôt assis) par un Sarkozy ébouriffant de talent, de pédagogie, d’authenticité, de réparties argumentés. Pauvre Fabius, seul homme d'Etat de la gauche, traité de roquet par Chirac puis de tartuffe par le président de la République. Hollande, véritable amateur de pouvoir, inconséquent humainement, automate sur son fauteuil de France 2, permanent donneur de leçons, authentique semeur de chimères.
Je le croyais perdu, Nicolas Sarkozy, mais non il est bien là, ressuscité, véritable gladiateur politique.
Je l’avais momentanément abandonné mais je reviens vers lui sans aucune hésitation ; il est le seul à posséder la dimension de président de la République.
Rédigé par : Alain | 09 mars 2012 à 01:13
Je suis sidéré qu'un candidat propose de mettre un quota sur le nombre de conjoints de Français autorisés à vivre sur le territoire, et que ça ne choque pas plus que ça.
Si MLP proposait cela, les mêmes la taxeraient d'"amateurisme".
Rédigé par : Alex paulista | 08 mars 2012 à 23:27
@Christian C
"Madame Carla Bruni est venue à point étayer ce propos par des mots touchants, prononcés dans les locaux de France Télévisions à l’occasion de « Des paroles et des actes » :
« Nous sommes des gens modestes »."
Rassurez-moi, c'est de l'humour ??
Rédigé par : Marie | 08 mars 2012 à 22:45
Ce que je trouve hallucinant dans cette campagne c'est le traitement médiatique plus que les candidats.
Résumer deux heures de discours à un sujet ou deux sujets éventuellement polémiques et les monter en épingles me semble-t-il si ce n'est très très réducteur, c'est pour le moins un peu facile comme boulot.
Allez mesdames et messieurs des médias dépassez un peu le caniveau, il y a des choses plus intéressantes et surtout ne venez pas vous plaindre que notre personnel politique vous en donne pour ce que vous demandez, peu de choses, juste du bruit.
Faire du buzz c'est plus facile que faire des articles de fond, beaucoup d'entre vous y ont succombé malheureusement.
Monsieur Bilger j'ai beaucoup apprécié votre intervention dans l'émission de RTL, "On refait le monde", ce soir.
Rédigé par : Surcouf observateur | 08 mars 2012 à 21:17
Et nous, on est presque morts !
Rédigé par : regina | 08 mars 2012 à 21:07
TOUJOURS ET ENCORE…
Excellent, incollable, précis, Nicolas Sarkozy va démonter chacun des sujets. Il montre combien le PS a manipulé l’opinion publique. On n’en finit jamais et le risque de recommencer chaque fois à inverser la règle contrarie le jeu de l’alternance depuis 1981. Ne doutons pas que les porteurs de valises s’y préparent déjà.
Fabius a tout essayé à travers son discours formaté, aimable mais sournois : la victimisation, l’invective, les affirmations mensongères.
En homme de terrain, Nicolas Sarkozy brise son élan, dès le départ rétorque et le contraint de le suivre jusqu’à la fin, là où il veut le mener.
La réponse se fait par de longues phrases dont en dernier, on a oublié le début. Le ridicule le dispute à l’excessif ! Les chiffres cités par Fabius sur le pouvoir d’achat se heurtent à ceux incontestables cités par Nicolas Sarkozy, et qui proviennent, en se corroborant, de l’INSEE, du FMI et de l’OCDE.
Du haut de sa superbe, Fabius ne mérite qu’un strapontin ! Noyé dans un verre d’eau, il ne savait plus où il en était avant de conclure. Lamentable prestation de l’énarque, lamentable manque d’objectivité de Hélène Jouan, créditant Nicolas Sarkozy d’une seule nouvelle proposition.
Le venin inoculé par certains médias et les opposants pendant cinq ans de fourberies affligeantes n’ont eu de cesse d’instiller à cette campagne l’intoxication du coup d’Etat permanent.
Rédigé par : jean-jacques schlaudecker | 08 mars 2012 à 18:38
Monsieur Bilger a écrit : « Peu ou prou, toutes ces questions, ces drames sociaux, ces manifestations d'un monde, d'un pays déboussolés mais à réguler, à apaiser sont en permanence projetés dans l'espace républicain pour que le citoyen, dans la controverse, l'empoignade ou l'adhésion, trouve sa lumière, son chemin. »
Madame Carla Bruni est venue à point étayer ce propos par des mots touchants, prononcés dans les locaux de France Télévisions à l’occasion de « Des paroles et des actes » :
« Nous sommes des gens modestes ».
Dans la simplicité qui fait son charme, Madame Carla Bruni-Sarkozy a trouvé le mot juste.
A titre personnel, j’en redemande.
Rédigé par : Christian C | 08 mars 2012 à 18:18
Un ministre qualifié de "bon" se doit de motiver publiquement dans les brefs délais sa déclaration dans laquelle il dit que sont faux les chiffres du Conseil général de l'alimentation, s'agissant des pourcentages avancés sur le volume de l'abattage rituel.
Si chacun est libre de consommer selon ses coutumes et sa religion, le citoyen doit savoir la vérité.
Y a-t-il tromperie ou non sur les chiffres avancés, et qui ne dit pas la vérité ?
Rédigé par : Jabiru | 08 mars 2012 à 17:48
@ Jean Marc
La crise est surtout due au fait qu'on a laissé les gens "normaux" rentrer dans le jeu du capitalisme, à travers l'immobilier, les fonds de pension.
Cela pose deux problèmes assez paradoxaux:
d'un côté le fait que les acteurs soient non solvables est durs à gérer, comme on l'a vu pour la crise des subprimes, de l'autre quand des fonds de pension débarquent sur les marchés, leur masse financière et leur force est telle que tout est distordu, que c'est la course au rendement et la fin de l'investissement industriel.
Les petits isolés sont trop faibles et trop corrélés, les petits regroupés sont trop forts et ultra-libéraux.
Bref, le capitalisme financier, comme le casino, ne sied pas à la multitude.
Nos hommes politiques sont comme nous, ils se débattent dans un monde auquel ils ne comprennent rien, et essaient de tirer leur épingle du jeu, voire leur part du gâteau.
Rédigé par : Alex paulista | 08 mars 2012 à 16:41
Tiens je viens de lire dans la presse que Sarkozy arrêterait la politique s'il perdait la présidentielle.
Il a failli me tirer une larme mardi soir, quand il nous a raconté, d’une façon fort émouvante, le drame qui se jouait dans sa tête le 6 mai 2007 au soir : l’ivresse de la victoire à laquelle se mêlait le désarroi de son couple en train de se détruire. On aurait dit du Shakespeare.
Et aujourd’hui il nous la joue à la de Gaulle genre « Si je suis désavoué, je me retire et vous n’entendrez plus parler de moi ».
On en arriverait à souhaiter qu’il perde car après un parcours en politique parsemé de nombre d’inélégances, il aurait au moins une sortie pleine de panache.
Rédigé par : Achille | 08 mars 2012 à 14:54
Monsieur Bilger a écrit :
"Certes on peut légitimement regretter - apparemment c'est une impression dominante - que les médias tirent trop rapidement les conclusions de sondages laissant entendre que deux favoris se détacheraient nettement dans la course présidentielle".
C'est très vrai et, pour alimenter le débat sur ce point, voici deux liens :
http://blog.mondediplo.net/2012-03-07-Egalite-democratique-inegalite-mediatique
http://www.acrimed.org/article3765.html
Rédigé par : Robert | 08 mars 2012 à 11:50
Je vais attribuer - trompettes et cornemuses siouplait - mon premier vrai bon point à N. Sarkozy. Il s'est déclaré candidat et se comporte en candidat, il ne la joue pas président sur l'Olympe, il joue le jeu des plateaux télé et des confrontations. C'est nouveau et c'est heureux.
Oui la campagne est vivante et, pour la première fois, tout le monde est à peu près d'accord pour ne pas dorer la pilule aux électeurs, du moins sur les aspects fiscaux : ça va saigner, on est prévenu. Tout le débat, et il est en partie esquivé, consiste à savoir qui va payer quoi et selon quelle méthode. Esquivé car, sur ce sujet, N. Sarkozy est muet. Les chiffres ne sont pas sur la table et l'on peut donc raconter n'importe quoi.
N. Sarkozy nous parle de lui. De ses joies, de ses peines, de la difficulté incomparable de sa tâche. Il s'en prend aux journalistes qu'il rencontre sur ce qu'ils ont écrit à son endroit durant 5 ans. Cette démarche égotique occulte tout de même le débat d'idées. Il est toujours péniblement tenté par l'inélégance et le caniveau, reprochant à Fabius d'avoir soutenu DSK qu'il a lui-même soutenu pour le FMI : quelle responsabilité pour l'image de la France ! Fabius n'a pas voulu tomber à ce niveau, ni rappeler à Sarkozy en quel terme peu élogieux il était qualifié par Juppé et Baroin il y a peu.
F. Bayrou fait davantage une campagne de méthode que de propositions. La méthode est importante mais il y faudrait plus de contenu. Ca reste médian comme s'il attendait de se déterminer sur les propositions de droite ou de gauche en se posant comme arbitre des élégances.
Toutefois la campagne me paraît interminable tant j'aimerais en voir la conclusion espérée.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 mars 2012 à 11:34
Il est difficile aujourd'hui de prétendre régler les dysfonctionnements judiciaires sans un minimum de moyens publics, c'est pourquoi il est nécessaire de prélever les produits d'importation pour maintenir des tribunaux sur le territoire français, concourant ainsi à un meilleur aménagement du territoire.
Pourtant, une société plus "enracinée", mieux répartie justement, et où les allocations familiales ne serviraient pas à entretenir une misère du monde "déracinée", permettrait certainement à la justice d'être plus efficace tout en étant moins coûteuse. Question que l'on ne peut déconnecter du reste...
Rédigé par : JEAN DU TERROIR | 08 mars 2012 à 11:33
D'accord, la campagne est vivante, mais c'est le moins qu'on puisse attendre d'un moment où des options de fond vont s'engager.
C'est précisément sur ce fond que les regrets s'expriment. Tout tourne autour des options fiscales : combien va-t-on prendre de plus aux riches, sachant que ceux-ci se fichent comme d'une guigne de ces moulinets de sabre de bois, puisqu'ils ont les moyens et les réseaux pour aller où bon leur semble et faire la nique aux gouvernements locaux. On le sait, on le dit, c'est vrai, mais rien n'y fait, les candidats continuent à faire les matamores sur le sujet, conscients qu'il sont qu'en définitive, c'est sur la masse des nationaux qu'on prélèvera, ceux qui sont rivés à leur pays, faute d'intérêts suffisants pour le quitter. Ce discours est étayé par des lieux communs tels que "il y a de plus en plus de pauvres en France" ou comme un syndicaliste mardi soir sur l'émission de F.Taddéï "pendant que les ouvriers meurent de faim en France". Au-delà des excès de langage, personne ne rappelle la métrique de la pauvreté, ni n'explique les 65 millions de téléphones portables, qui pèsent sur les budgets, par exemple. Personne ne rappelle que la grande pauvreté a diminué de 50 % dans le monde et que jamais il n'y a eu autant de milliardaires. Personne ne rappelle que les fortunes restent rarement plus de trois générations dans une même famille, que les 300 Spartiates de Léonidas n'étaient que 75 à avoir leurs quatre quartiers de noblesse.
Que la vraie question de la richesse ne se règlera jamais en un mandat, voire en une génération parce qu'elle ne se règlera jamais, de par sa nature évolutive précisément.
La campagne est vivante mais de la vie d'un théâtre d'ombres et ne parvient jamais à se hausser au niveau d'une analyse des termes de l'amélioration globale des conditions d'existence pour l'ensemble du monde. Les candidats en restent aux termes de détestation, c'est-à-dire à l'excitation des sentiments bas qui animent les êtres humains, jalousie, dissimulation, envie, égoïsme etc.
Comme l'exprimait Jay Gould il y a quelques années, juste avant sa disparition prématurée : la planète ne court aucun danger, c'est l'humanité qui est en danger. Précisément et paradoxalement à cause de sa meilleure condition. Il y a là un germe très puissant d'argumentation, presque totalement occulté par l'antienne "croissance à tout prix" ou "austérité à tout prix" qui n'est qu'une alternative épiphénoménale.
Sans doute, les errements des tenants d'une écologie larmoyante n'aident-ils pas vraiment à la réalisation du sauvetage de l'espèce mais une campagne présidentielle se devrait de mettre les citoyens en mesure d'aller vers le candidat techniquement le mieux fondé. Or, l'hybris ou ubris comme on voudra consiste à agiter des idées, cacher ses intentions, édicter des priorités secondaires, remuer de l'air avec du bavardage, tous sujets qui masquent le principe de vie que la politique devrait représenter. C'est dans ce registre que l'agitation de la campagne est néfaste à la connaissance de notre sort.
Rêve sans doute d'un vieil universitaire accessoirement magistrat, par là même cynique, au sens de Diogène Laërce, mais toujours passionné par la connaissance.
L'homme, par cela seul qu'il est homme, qu'il a une conscience, est déjà, par rapport à un âne ou un crabe, un animal malade. La conscience est une maladie.
Rédigé par : JMT | 08 mars 2012 à 10:26
Jean-Luc Mélenchon ovationné pour la journée internationale de la femme.
Pour la veille de la journée internationale de la femme, il en est un dont l'expression et le talent exceptionnel d'orateur l'a fait ovationner par ses auditrices ! Jean-Luc Mélenchon a fait carton plein à La Cigale devant le jeu des questions-réponses des 40 associations de mouvements féministes. Dénonçant la condition féminine dans la précarité : «Il y a un confort de situation à l'exploitation des femmes», il est ovationné ! Au détriment de François Hollande, les tracts intitulé : « DSK partout, justice nulle part » pleuvent en torrent des balcons ! Les associations lui réclament 500 000 places de crèches, il préfère ne pas donner de promesse chiffrée. Huées dans la salle ; il se justifie dans une allusion à la repentance de Sarkozy sur son mandat : «Je ne peux pas m'engager devant vous sur un tel objectif, ne pas le faire... et revenir dans 5 ans pour m'en excuser »
Eva Joly : «Pour moi, les listes qui ne sont pas paritaires ne doivent pas être valable ». Interrogée sur la prostitution, elle est opposée à la loi sur le racolage et la criminalisation des clients ; il lui est répondu par « Abolition, abolition»...
Curieusement la droite fût absente ; serait-elle devenue misogyne ? En tout cas c'est une faute politique.
Bruno Le Maire est-il un menteur ?
Cela fait plusieurs années que la question de l'abattage rituel se pose. Plusieurs études, expertises et audits depuis 2005 ont dénoncé ce scandale.
Relancée par Marine Le Pen mi-février, la polémique sur la viande halal a enflammé la campagne présidentielle, Notre Seigneurie appelant notamment à reconnaître « à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non, par l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage ».
Selon un audit de 54 pages rédigé pour le Conseil Général de l'Alimentation par dix experts et hauts fonctionnaires du ministère, le volume d'abattage rituel est estimé à 40% pour les bovins et 60% pour les ovins "alors que la demande en viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10% des abattages totaux".
«Ces chiffres sont faux et je les démens formellement. En nombre de têtes, 12% des bovins sont abattus de manière rituelle et près de 50% des ovins», a affirmé de son côté Bruno Le Maire à l'AFP hier. Tant que Bruno Le Maire n'aura pas publié les rapports auxquels il se réfère, il restera pour moi un affabulateur, bon ministre ou pas. Le peuple a droit à cette transparence d'un Etat de droit. Jusqu'à se faire reprendre par une leçon de laïcité particulière du grand moufti et du grand rabbin réunis pour l'occasion par Fillon.
La campagne est passionnante !
Rédigé par : On se bat toujours pour ce qui nous manque le plus | 08 mars 2012 à 08:16
Commentaires de la TV suisse : NS flamboyant et plus déterminé que jamais. Fabius faisait pâle figure devant lui. NS peut se prévaloir d'un bon bilan international. Un sans faute en communication. Ses rivaux ont dû comprendre qu'ils l'avaient enterré un peu vite.
Rédigé par : MADO | 08 mars 2012 à 07:49
@ Denis Monod-Broca
La crise européenne n'est pas une crise du capitalisme mais du socialisme : déficits et haut niveau de prélèvements.
Les socialistes ont favorisé les assurances-vie (sans impôt après 8 ans) pour financer les déficits.
Puis ils ont créé la possibilité pour les fonds d'investissements (début 1990) de financer les dettes, lorsque la dette galopante ne pouvait plus être compensée par les particuliers.
Aujourd'hui ils proposent de créer un organisme européen pour continuer de prendre en charge ce que ces fonds ne peuvent plus faire.
La finance n'est pas responsable de cette situation, elle ne souhaite pas prêter aux pays non gérés, pour perdre 75% de leur apport.
J'avais des profs d'éco (gauche et extrême gauche) qui assénaient que les dettes seraient payées par l'inflation, et sinon comme pour l'URSS pas du tout, donc non à l'austérité (slogan socialiste des campagnes électorales).
La seule solution reste l'équilibre des comptes et comme cela, plus de dépendance envers les fonds internationaux.
Rédigé par : Jean Marc | 08 mars 2012 à 07:46
"Qu'on en juge : la finance, la crise, l'Europe, le couple franco-allemand, l'énormité de la dette, la pauvreté, le chômage, l'immigration, la morale publique, l'Etat de droit, l'école, l'insécurité, la justice..."
Où avez-vous lu ou entendu lors de cette campagne, reconnu, clairement et pleinement assumé par vos héros politiques, dont ne vous ne ratez aucun des épisodes, à la télé, la radio, dans vos quotidiens et hebdomadaires en temps réel, dans ces joutes politiques que vous affectionnez tant, que la question numéro 1, celle qui hante nos concitoyens, le chômage de masse, est d'abord la conséquence de cette inconséquence et désinvolture politiques qui ont conduit depuis 40 ans notre pays à la faillite :
"Depuis quelques années, la dépense publique est étonnamment constante, autour de 1000 milliards d'euros, avec trois grands blocs comparables : le budget de l'Etat (350 milliards), les dépenses des collectivités locales (220 milliards) et celles de la protection sociale, Sécurité sociale en tête (450 milliards). L'ensemble pèse 56 % du PIB, l'un des records mondiaux, car les pays scandinaves, eux, ont réussi à le faire refluer. Ces dépenses sont financées par les prélèvements obligatoires (43 % du PIB, autre record) et, depuis trente-sept ans, par la dette." (les dépenses publiques Christine Kerdellant - L'Express, 02/03/2012)
Je pense que vous ne voulez pas admettre, trop passionné et inconditionnel que vous êtes de votre feuilleton de la campagne avec tous ses personnages et caractères politiques chéris que vous aimez puissamment, jusqu'à l'obsession, comme un lecteur ou un téléspectateur adore les sagas interminables, genre puissances et gloires, haines et passions, avec ses héros, ses obscurs, ses querelles de famille, ses réconciliations ; oui, vous ne voulez pas concevoir, ni admettre qu'au fond ces histoires édifiantes de la campagne, en réalité, ne concernent que les commentateurs médiatiques et les militants de deux frères qu'ils nous vendent comme ennemis.
Je suis d'accord avec le commentaire de Denis Monod-Broca.
Le sentiment dominant chez nos concitoyens n'est même pas le désintérêt, mais beaucoup plus insidieusement s'est infiltré le poison d'une lucidité diffuse et amère, pleine de ressentiments, quant à l'impuissance de cette famille politique dans son ensemble, qui se traduit dans le fond par un bloc d'indifférence désabusée pour ce théâtre ouvert le jour, ouvert la nuit, et qui cependant, de façon totalement incompréhensible, vous comble tant.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 08 mars 2012 à 07:45
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Monsieur Bilger.
Dans le face-à-face qui opposait MM.Fabius et Sarkozy, je n'ai pas trouvé le débat digne comme il aurait dû l'être.
Quand Monsieur Fabius soulevait une question, son adversaire lui répondait systématiquement en le déstabilisant et avec le même refrain inlassablement répété, "hier, vos relations avec Hollande, etc. etc.". Cette vulgarisation du débat et sa bipolarisation (droite/socialistes) ne se résument pas à une question de couteaux de boucherie simplement. Elle est une "américanisation" (USA) du débat politique que les intellectuels non liés à des lobbies outre-Atlantique dénoncent depuis toujours sans qu'ils soient jamais écoutés. Cela les a amenés à considérer la politique comme un événement médiatique auquel souscrivent les bouseux amateurs d'armes pour les Républicains ou WASP (White Anglo-Saxon Protestant) d'un côté et les bobos démocrates cotisant pour "the ZOA"-Zionist Organization of America et qui assure à leurs enfants l'accès à des universités prestigieuses comme Harvard, Yale, Princeton, MIT(Massachusetts Institute of Technology) de l'autre. Nos deux peuples ne se ressemblant évidemment pas, cette façon importée de là-bas ne peut convenir. La fameuse fronde de conservateurs européens pour contrer M.Hollande, soulevée il y a de cela quelques jours et sitôt démentie, participe elle aussi à cette bipolarisation WASP/ZOA. Les questions essentielles ne sont pas débattues comme elles le devraient tout simplement parce que le candidat qui fédère le plus de lobbies sera celui pour lequel ces mêmes lobbies rouleront s'il venait à être élu. Nous sommes très exactement en présence de deux visions totalement antinomiques : celle des cow-boys aux Stetson, santiags et Ray-Ban pour M.Sarkozy. Et celle des "has been", entendez les démodés incarnés par des Hollande, Bayrou, Le Pen ou Mélenchon. Si les premiers l'emportent, il est à parier qu'à partir de 2012 nous deviendrons tous de bons américains bouffeurs de pop-corn et attendant impatiemment la finale de baseball.
Bonne journée à tous.
Rahmouni Slimane.
Rédigé par : Rahmouni Slimane | 08 mars 2012 à 05:55
Cher Philippe,
Les Français sont-ils amnésiques?
Dans quelle galère veut-on nous emmener?
Ce serait quoi la France avec un retour de Georgina Dufoix et d'un Fabius qui ont fermé les yeux sur des transfusions qui ont tout de même causé la mort d'un grand nombre d'enfants hémophiles?
Ce serait quoi la France derrière les copinades de Martine Aubry qui a tout de même trucidé l'informatique française.
Ce serait quoi la France derrière Voynet très fière d'avoir fumé des joints et qui n'a pas jugé bon de revenir de ses vacances pendant un célèbre désastre écologique.
Ce serait quoi la France derrière Lang vantant l'art du tag.
C'est parce qu'il y a trois fois huit heures dans la plupart des entreprises, des hôpitaux et des maisons de retraite que rien ne peut fonctionner avec la logique des 35 heures.
Si la France veut de la paperasse, de la paperasse et encore de la paperasse, c'est son choix.
Mais la France a besoin d'action, de réactivité et d'efficacité et pas d'un tas d'énarques ampoulés, démodés, dépassés et fatalistes. Il faut de la liberté pour créer, pour innover et on n'a encore jamais rencontré d'énarques qui étaient les auteurs de concepts ou d'inventions.
La France ne veut plus d'énarques qui sont moins talentueux que des assistants sociaux, mais des hommes de terrain et de volonté, des capitaines, des juristes, des chefs d'entreprise, des carabins, des agriculteurs, des chercheurs.
La France mérite mieux que de beaux parleurs mégalomanes qui n'ont jamais rien fait de leurs dix doigts.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 07 mars 2012 à 23:07
Bonjour Monsieur Bilger,
Non la campagne présidentielle n'est pas ennuyeuse. Avec cinq candidats en lice dont le pourcentage d'intentions de votes s'affiche à deux chiffres à deux mois du premier tour, la compétition est encore très ouverte.
Il est clair que les F. Bayrou, M. Le Pen, et J.L. Mélenchon bénéficient d'une attention moins grande des médias que F. Hollande et N. Sarkozy. Les projecteurs sont moins braqués sur eux. La plus pénalisée étant sans aucun doute Marine Le Pen.
Même si je peux comprendre que la violence/extravagance verbale d'un J.L. Mélenchon ait pu l'effrayer, je trouve dommageable son refus de débattre. Sur ce coup-là, son image très "punchy" a été un peu écornée.
Mais bon, il reste encore quelques belles combinaisons de débatteurs à suivre : F. Hollande et J.L. Mélenchon, F. Bayrou et N. Sarkozy et bien sûr F. Hollande et N. Sarkozy.
Le débat L. Fabius - N. Sarkozy d'hier ne m'a pas séduite tellement le premier avait apporté avec lui de bâtons pour se faire battre. Le sourire de fausse sérénité qu'il avait plaqué sur sa face avant d'entrer sur le plateau s'est parfois transformé en grimace. Il suffisait d'ailleurs de regarder ses mains pour percevoir son malaise.
Quant aux sujets abordés, il est vrai que pour qui sait ou qui veut entendre, le panel est assez vaste, même si dans un contexte évident de crise, beaucoup de sujets tournent autour de cette problématique.
Mais oui, la campagne est intéressante. Espérons simplement qu'au bout du bout, nous choisirons le plus apte à faire de nous des français satisfaits (j'ai failli dire heureux mais point trop n'en faut...).
Pour ce qui est de N. Sarkozy, il est vrai que l'affrontement dans le cadre d'un débat ou d'une situation difficile le comble de satisfaction. C'est un trait de caractère qui explique beaucoup de choses dans sa façon de gouverner le pays. Evidemment, cela peut plaire... ou déplaire...
Rédigé par : Cyrielle | 07 mars 2012 à 23:03
Je rejoins Alex paulista quand il écrit :
"On a franchi le pas de l'inconstitutionnalité et du bon sens depuis longtemps, mais qu'importe. Des traités européens aussi, mais à ce niveau du championnat, peu importe."
Mais il convient d'ajouter aussi qu'à partir du moment où les présidents-candidats entrent dans l'arène du débat avant le premier tour, le rang "protocolaire" du contradicteur entre en jeu.
Face à M. Hollande, considéré comme le plus présidentiable des candidats, on a placé un ancien premier ministre : M. Juppé. Lui aussi se devait de défendre un "poulain" qu'il a combattu en 2007, mission pour le moins difficile...
Face à M. Sarkozy, le choix parmi les anciens premiers ministres était limité :
- Bérégovoy décédé ;
- Rocard, Mauroy : hors jeu ;
- Jospin, perdant de la présidentielle 2002 et fourrier de M. Le Pen au deuxième tour, retiré de l'arène ;
- Edith Cresson, retirée elle aussi de l'arène politique.
Conclusion, seul l'ex-plus jeune Premier ministre de la France pouvait protocolairement être placé face à M. Sarkozy...
Son attitude aux primaires du PS et ses petites phrases devenaient dès lors pain bénit pour M. Sarkozy !
Rédigé par : Robert | 07 mars 2012 à 21:33
La campagne est vivante certes. Elle n'en est pas moins fort décevante, consternante même. On ne parle à peu près pas de la Grèce, sinon pour affirmer contre toute évidence qu'elle est sauvée, que "nous" l'avons sauvée. On ne parle à peu près pas de la crise du capitalisme mondial, pourtant au bord de l'effondrement. On ne parle à peu près pas de l'euro, qui pourtant vit très probablement ses derniers mois. On ne parle à peu près pas de l'Europe, pourtant tombée entre les mains de la finance. Les recettes miracles avancées par les uns ou les autres ne convainquent plus personne : si c'était si facile de sortir de la panade dans laquelle nous sommes ça se saurait. On ne parle à peu près pas non plus, sinon les écolos mais si maladroitement, de l'épuisement des ressources naturelles. Etc. Etc.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 07 mars 2012 à 21:31
"Et lorsqu'on lui demande ce qu'il a pensé de son débat avec M. Fabius, il répond en affichant d'abord un sourire silencieux. Puis, il dit : "Je crois qu'il a accusé le coup lorsque je lui ai rappelé qu'il avait traité Hollande de 'fraise des bois'."" (lemonde.fr de ce jour).
La perception de la hauteur des enjeux n'est pas la même pour tous les candidats.
Rédigé par : Christian C | 07 mars 2012 à 18:33
Je ne suis vraiment pas d'accord avec vous, Philippe.
Chacun des grands partis est dans la caricature: la gauche propose une imposition confiscatoire, la droite veut retirer aux Français qui se marient à des étrangers le droit de vivre en couple en France (et ceux qui se marient avec un ressortissant d'un pays aussi xénophobe que la France, ils vont vivre où ?).
Le Premier ministre nous fait regretter les aphorismes de Jean-Claude Van Damme et donne des conseils aux religions.
On a franchi le pas de l'inconstitutionnalité et du bon sens depuis longtemps, mais qu'importe. Des traités européens aussi, mais à ce niveau du championnat, peu importe.
Campagne vivante, oui, mais lamentable.
Rédigé par : Alex paulista | 07 mars 2012 à 18:24
J'ose dire que j'ai bien aimé le sourire de Laurent Fabius. Il avait un côté mandarinal et félin qui me convenait tout à fait.
Mais surtout je trouve hallucinant que NS ait accepté de débattre avec celui qui reste, qu'on le veuille ou non, un second couteau. Imagine-t-on Mitterrand s'empoigner avec Poniatowski en 81, ou Chirac avec Martine Aubry en 2002 ?
La conception gaullienne de la solitude glacée du chef est morte et enterrée. Praetor, quasi histrio esset, solum de minimis curat.
Rédigé par : boris | 07 mars 2012 à 17:52
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Monsieur Bilger.
Cette campagne est très différente des précédentes pour des tas de raisons et notamment à cause de ce que traverse le pays et plus globalement le monde comme changements. Elle nous appelle tous, anonymes ou célèbres, à interférer selon nos moyens. Internet permet une interaction quasi immédiate sur les choix par le biais des blogs par exemple... Celui-ci en l’occurrence de par la pertinence des sujets proposés et l'intensité des commentaires, leur qualité aussi, empêche les positions de rester figées. Bien malgré nous, je ne crois pas qu'il soit osé d'écrire que nous faisons la campagne autant que les candidats eux-mêmes. Je ne serais pas surpris que le web constitue dans le futur une plate-forme intelligente redoutable depuis laquelle les citoyens de notre Humanité exprimeront leurs souhaits et forceront les dirigeants à en tenir compte plus sérieusement. Comme dans un jeu interactif géant, les paris sont ouverts. Les médias traditionnels faiseurs d'actualité comme de rois sont en passe de devenir obsolètes. Ils seront bientôt contraints à ne plus que compter les points, les citoyens ne se laissant plus voler leur conscience ou leur opinion.
Je ne souhaite pas la réélection de Monsieur Sarkozy pour des motifs maintes fois évoqués. Quand il m'arrive de le dénigrer, je le fais en réponse au mépris dont il use à l'égard de ce peuple et de ce pays. Cette manière d'occuper la fonction de chef d’État un peu comme un haut fonctionnaire le ferait dans un ministère a porté un coup au prestige du pays. Comme il reste un peu d'innocence en moi, il est des choses que je n'admets pas qu'on foule aux pieds. Les hommes passent et se succèdent, les faits eux restent et changent la trajectoire ou le cours des choses.
Je finis en m'excusant auprès de certains commentateurs que j'aurais pu blesser volontairement ou pas au détour d'une phrase ou d'un mot. Souvent, lorsqu'une opinion minoritaire au début trouve de plus en plus d'adeptes, quand ces adeptes font preuve d'intelligence ou de sagesse, alors cette opinion mue et devient une réalité dont il faut tenir compte. C'est là que commence le véritable respect, c'est de là que s'expriment les plus brillants éléments.
Merci de m'avoir lu et bonne soirée.
Cordialement
Rédigé par : Rahmouni Slimane | 07 mars 2012 à 17:38
En ce moment, nous sommes dans une campagne
qui compte deux sujets : le halal et le mariage homosexuel.
Peu de choses sur la difficulté de la vie qui semble passée au second plan par nos Grands Intellectuels avides de joutes qu'ils croient savantes mais qui n'intéressent pas le peuple.
Rédigé par : Pierre Gaunand | 07 mars 2012 à 16:57
Bonjour Philippe Bilger,
« Nicolas Sarkozy retrouvant quasiment son punch de 2007 et, sans être brillant dans le débat, gagnant largement aux points face à Laurent Fabius… »
Je ne suis pas persuadé que Laurent Fabius était le meilleur contradicteur à opposer à Nicolas Sarkozy.
D’abord parce qu’il a dit beaucoup de petites phrases peu amènes envers le candidat du PS, ce que le candidat-président n’a pas manqué de lui faire remarquer en sortant la fameuse « fraise des bois ».
Ensuite parce que l’on sent bien que Laurent Fabius n’a pas vraiment montré une grande conviction dans sa prestation. Il a « fait le boulot » comme on dit, mais sans plus.
Je pense que le directeur de campagne du candidat du PS, Pierre Moscovici, ou encore le porte-parole Manuel Valls, eussent été bien plus efficients, mais enfin le responsable de l’émission « Des paroles et des actes » en a jugé autrement et on ne peut que le regretter.
Dire que Nicolas Sarkozy a largement gagné aux points face à un Laurent Fabius me paraît un peu excessif. Il a surtout été plus percutant, plus pugnace et bien sûr plus motivé, ce qui est normal, vu qu’il est le candidat sortant alors que Laurent Fabius n’est qu’un simple membre du bureau du PS sans réelles responsabilités dans la campagne électorale.
On a surtout assisté à un échange de petites phrases généralement réservées aux seconds couteaux qui se rencontrent sur les plateaux des chaînes TV à faible audience.
Bref un débat qui ne restera pas dans les mémoires et bien moins technique que celui qui avait opposé Hollande à Juppé, d’une bien meilleure tenue.
Sarkozy espérait beaucoup de ce débat pour réamorcer la pompe des sondages d’opinion et remonter à la hauteur de candidat du PS. Je crains que le compte n’y soit pas.
Il va falloir qu’il nous montre tout son talent de tribun à Villepinte, dimanche prochain, s’il veut espérer rattraper son retard. Mais devant un parterre de militants tout acquis à sa cause, cela manquera un peu de panache.
Rédigé par : Achille | 07 mars 2012 à 16:23
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Monsieur Bilger.
Bien d'accord avec vous. Le pire poison de cette campagne demeure la mauvaise foi et ce, d'où qu'elle soit instillée. Pour ma part, je reconnais que rarement j'ai eu à m'impliquer ainsi. De ce côté, nous pouvons dire merci à ce président qui sait garantir le spectacle.
Bien à vous et bon après-midi.
Rédigé par : Rahmouni Slimane | 07 mars 2012 à 14:37
Je ne me sens pas apte à juger la campagne des candidats.
En revanche, celle des journalistes est misérable et souvent hors sujet et hors enjeu.
Rédigé par : Mike | 07 mars 2012 à 14:28
Après des décennies de vie avec des semblables, voilà que je découvre la nécessité
d'appartenance à un groupe, un parti, une
idéologie ! En effet, l'existence orale ou
écrite pour une personne qui n'aurait, dans
le tiroir secret de ses nuits blanches ou
grise(é)s, le précieux sésame indicateur d'appartenance est nulle : pire, jamais avenue.
Cette "vivante" campagne dans les fatras
des greniers (sans grains) des pères et
grand-pères reste étrangère à des dispositions conciliantes et fermes de dépoussiérage et non de "rupture".
Soyons folles et/ou fous : allons au safari
en Tanzanie avec yoghourt amélioré et prenons-en pour quelques décennies de marasme certes mais lumineux ! mdr.
Rédigé par : calamity jane | 07 mars 2012 à 14:05
Non seulement je pense comme vous, Philippe, que cette campagne est vivante, mais je la trouve de grande qualité.
Je n'ai pas le souvenir qu'aucune autre soit à ce point entrée dans le détail des analyses, des bilans, des propositions et du chiffrage de celles-ci.
Pourquoi faut-il que les chroniqueurs, ou du moins une grande partie d'entre eux, répètent à l'envi l'inverse ?
Est-il contraire à leur éthique d'admettre la pertinence des propos des uns et des autres ? Y voient-ils une sorte de concurrence déloyale ?
Quant à moi, au contraire, je suis plutôt frappé par le haut niveau des interventions de ces hommes et de ces femmes, par leur connaissance des dossiers, par la pertinence de leurs analyses et par la richesse de leurs propositions.
Au point que, compte non tenu des assignations journalistiques et des sondages prescriptifs, le choix me semble difficile.
Rédigé par : Frank THOMAS | 07 mars 2012 à 12:58