Deux pages sont consacrées à Christiane Taubira dans Le Parisien.
A l'évidence femme de caractère, personnalité forte, aux antipodes de ce que la Chancellerie a parfois accueilli comme ministres.
En même temps, étrange sentiment d'être confronté à un discours appris tant il est prévisible.
Malheureusement la suppression des peines planchers est confirmée en dépit des crimes terrifiants dont deux femmes gendarmes ont été victimes et qui ont révélé, par leur existence même et le parcours du mis en examen, leur nécessité. Ce n'est pas parce que les syndicats les récusent au nom de la sacro-sainte liberté absolue du juge qu'elles doivent être abolies, pas davantage parce qu'elles n'auraient jamais convaincu alors qu'appliquées même pour moitié dans leur rigueur obligatoire, elles ont probablement évité délits et crimes répétés de la part des personnes concernées. Le garde des Sceaux affirme ne pas être "dans l'opposition de principe" et cite en exemple la réforme de la carte judiciaire. Les peines planchers ne mériteraient-elles pas une tolérance semblable ?
Pour garantir une justice plus indépendante, Christiane Taubira est infiniment prudente et je sens même dans sa réponse comme une réserve qui n'annonce pas forcément des lendemains qui chanteront pour les partisans d'une autonomie totale. En tout cas, rien ne laisse penser que le pouvoir se privera de mettre aux endroits stratégiques sur le plan judiciaire des magistrats qui le rassureront et donc, éventuellement, feront ce qu'on leur demande.
Dans les propos généraux et forcément généreux du garde des Sceaux,je suis agacé par la ritournelle des poncifs humanistes qui embellissent le fond d'un entretien mais ne constituent pas à proprement parler une politique.
Puisque la réalité est là et qu'au grand dam des socialistes, elle n'a pas encore appris et n'apprendra jamais à se métamorphoser pour complaire à ceux qui la désireraient idéale alors qu'elle est obstinément dure, violente et rétive à toute philosophie qui ne saurait pas allier efficacité, sévérité et humanité.
Les banalités sur le "tout carcéral", sur "la prison facteur de récidive", sur la justice des mineurs, d'une part, me semblent relever d'un corpus inlassablement repris plus que d'une approche lucide et, d'autre part, focalisent l'attention sur des problèmes qui ne sont certes pas dérisoires mais ne représentent pas l'essentiel pour une démocratie prête à se battre, sans se renier, à l'encontre de la délinquance et de la criminalité.
A lire cette interview dont les questions, il est vrai, ne sont guère percutantes, j'ai l'impression, en dépit de l'intelligence nette et tranchée de Christiane Taubira, de voir évoquer un monde irénique, avec des enfants, des malheureux condamnés, des prisons malfaisantes, des innocents à foison, une sorte d'univers de "bisounours judiciaire" qui n'a rien à voir avec les tragédies et les transgressions au quotidien que la magistrature est appelée à affronter.
Sur un plateau de la balance, il y a certes l'heureux gel de la loi sur les citoyens assesseurs dans les tribunaux correctionnels - on attend la restauration du jury plein et entier dans les cours d'assises - mais sur l'autre, tant d'interrogations, d'abolitions systématiques, d'idéologie soft qu'on ne peut qu'être inquiet pour la suite.
La référence au projet de François Hollande ne saurait être la clé de tout dès lors que, depuis son élection qui m'apparaît comme une bonne chance pour la France, des infléchissements sont apparus et des corrections opérées qui montrent qu'entre le dogme et le réel, celui-ci parfois l'emporte.
Pourquoi ne serait-ce pas le cas pour la Justice ?
Une telle domestication par l'idéologie serait d'autant plus inconcevable que pour échapper à un garde des Sceaux sous influence nous avons la chance de pouvoir compter sur une femme de caractère et qu'heureusement, elles ne font qu'une ?
Poster un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
L'aveuglement de Mme Taubira a contribué à l'échec de Jospin et à la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour d'une élection présidentielle. Alors je ne vois pas pour quelle raison Hollande a fait appel à ses services à la Chancellerie (peut-être des compétences juridiques qu'on aurait cherché en vain ailleurs ?).
Rédigé par : jack | 28 juin 2012 à 12:11
Cela ne choque personne d'avoir un ministre de la justice n'ayant pas de formation juridique ?
Un ministre de l'économie n'ayant jamais produit ou vendu une cacahouète ?
Idem au commerce extérieur ?
Un ministre de la santé sans formation médicale ?
Etc.
Rédigé par : Anton | 26 juin 2012 à 10:06
Y'a même eu ça:
http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-brice-couturier-qu-est-ce-qu-une-justice-de-gauche-2012-06-25
Rédigé par : zenblabla | 26 juin 2012 à 01:35
Un fait ou plus exactement son absence, m'a frappé dans la longue interview de notre ministre de la Justice. Aucun mot et même de compassion à l'égard des familles, sur le meurtre des deux gendarmes femmes. Cela alors que ce genre de drame relève quand même des attributions de son ministère.
Entre l'instrumentalisation qui se pratiquait sous le précédent quinquennat, et le silence de l'actuel garde des Sceaux, il y a la place pour une communication pondérée et empreinte d'humanité.
Certes évoque ce drame aurait obligé Madame la Ministre à parler du jugement du TGI de Toulon, et des réquisitions du procureur. Vu que le lendemain du drame ses services ont précisé qu'il n'y avait aucune raison de diligenter une inspection dans ce TGI suite à ce jugement dont on connaît les conséquences. Quelles que soient les capacités intellectuelles et sémantiques de Mme Taubira, l'exercice aurait été difficile.
Cette absence de parole sur ce drame peut paraître fort secondaire, quand le coeur de l'interview étaient les conceptions en matière de justice et la politique pénale de Madame la Ministre. Mais en creux, cela traduit bien le corpus idéologique qui l'imprègne.
Je crains fort que notre hôte n'aille de désillusions en déceptions, dans les mois et années à venir et cela en matière de politique pénale.
Rédigé par : Trekker | 26 juin 2012 à 00:16
Sur le message d'accueil de son répondeur téléphonique, Taubira cite un vers de Pablo Neruda qui parle de "l'amour sans fin".
Cette ostentation est typique de l'hypocrisie de gauche : des gens qui passent leur temps à clamer à quel point ils sont généreux, altruistes et aiment l'humanité.
Une certaine expérience en la matière m'amène à dire qu'il s'agit là d'un moyen infaillible de reconnaître un escroc.
Les gens qui sont vraiment généreux, qui aiment véritablement leur prochain, ne passent pas leur temps à le hurler sur les toits.
Et encore moins à en imposer l'annonce préalable à tous ceux qui les appellent au téléphone.
Protester de sa vertu à ce point, à tout bout de champ et sans la moindre provocation, c'est, à coup sûr, révéler qu'on a beaucoup à se faire pardonner.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 24 juin 2012 à 20:19
Mon analyse est en phase avec celle de Trekker | 23 juin 2012 à 21:16
De fait, le retranchement systématique sur les dispositions de l’ordonnance de 1945 sans vouloir les adapter aux conditions des années 2010-2020 reste une aberration intellectuelle.
Toutes proportions gardées, c'est comme si l'on voulait conserver le code de la route en vigueur en 1945 avec les conditions actuelles de circulation.
Si certains principes demeurent, privilégier l'action éducative notamment, il n'en reste pas moins que l'éducation dispensée aux enfants dans les familles n'est plus la même, quand cette éducation est encore dispensée.
Il suffit d'écouter les enseignants du primaire ou du collège pour s'apercevoir de l'absence d’éducation chez un nombre de plus en plus important d'enfants, et pas seulement de milieux défavorisés...
Ce qui vient de se passer dans un collège breton était-il seulement pensable en 1945 ? Il est donc nécessaire de ne plus accepter le laxisme des sanctions actuelles parce que de plus en plus inefficaces, pour ne pas dire totalement inefficaces chez un nombre de plus en plus important d'adolescents, voire de pré-adolescents sans aucun repère et de repenser totalement les dispositions de cette ordonnance, même si les principes fondamentaux doivent demeurer.
Rédigé par : Robert | 24 juin 2012 à 12:08
On a abandonné les châtiments corporels pour la prison il y a deux cents ans, hier au regard de l'histoire de l'humanité.
Aujourd'hui, on peut se demander si donner une fessée à un gamin ne relève pas du crime contre l'humanité.
Aujourd'hui aussi, la prison ne doit plus pour les "progressistes", être comprise comme une peine, mais comme une protection de la société et un lieu de réinsertion.
Il est interdit d'interdire ; il est interdit de punir ; seule la société doit être punie, et le gendarme est un mal nécessaire, non conforme à cette valeur, et dont la conscience devrait être hanté par cette contradiction.
C'est cela aussi, la gauche.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 juin 2012 à 10:24
@ Denis
""Je vous fais le pari que vous regretterez bientôt Sarkozy..."
M. Bilger n'en est encore pas là mais s'en rapproche."
Non. Je ne crois pas votre pari crédible une seconde.
Philippe Bilger est totalement fidèle à lui-même et cohérent par rapport à la philosophie judiciaire qu'il a toujours et très régulièrement défendue depuis des années, une philosophie qui allie efficacité, sévérité et humanité.
Ce qu'on peut dire est qu'il exprime ici son caractère puissamment solitaire et marginal qui lui fait détester pour toujours les dépendances aux dogmes, aux inconditionnalités et aux convenus.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 24 juin 2012 à 09:06
Je voudrais dire à Damien que le débat aujourd'hui portant sur la suppression des peines planchers est inévitable, ne serait-ce qu'en raison du fait que le GDS s'exprime à ce sujet dans Le Parisien le jour même des obsèques nationales, puis des funérailles dans l'intimité des deux jeunes femmes gendarmes.
Et que le débat judiciaire devant le tribunal correctionnel de Toulon il y a à peine quelques jours portait essentiellement sur l'application ou non de la peine plancher à l'encontre de leur futur meurtrier.
Au moment où son collègue de l'Intérieur prononce des éloges funèbres, le GDS fait de la communication dans Le Parisien, avec pas même un mot pour les deux jeunes femmes qu'on inhume.
Personne n'a relevé l'incongruité - mon mot est faible - d'un tel télescopage.
Je veux bien admettre que ma position activée par le meurtre des deux gendarmes manque de hauteur, car c'est vrai trop peu versé dans le général, les statistiques - sommaires -, le théorique et l'idéologique privilégiés par le GDS dans Le Parisien.
Il n'empêche que très concrètement, ici et maintenant, l'application de la peine plancher à Toulon aurait sauvé deux vies.
Et dans la logique de Mme Taubira et des penseurs judiciaires qui la managent, la peine plancher aurait évité l’application future d’un inéluctable tout carcéral à vie - dénoncé par le ministre - pour le meurtrier.
Alors d’accord, supprimons les peines plancher si cela doit permettre que dans les cas de multirécidive et de violences répétées, qui marquent et démontrent en premier un échec de l’Institution judiciaire, les juges à la faveur de "la reconquête" de leur totale autonomie d’appréciation se concentrent réellement et individualisent avec rigueur leur perception de la personnalité et du parcours délictuel et/ou criminel.
D'accord, si cette suppression permet qu'ils considèrent concrètement les garanties du présent et de l’avenir immédiat, de l'avenir tout court des prévenus abonnés aux tribunaux, plutôt que de se servir aujourd'hui de leur jugement pour d’abord exprimer leur opposition à une loi.
A Toulon, le tribunal n’a rien individualisé du tout. Il a fait dans le grand général et le sommaire de l’idéologie judiciaire dominante.
Mme Taubira parle de pragmatisme.
Concernant la peine plancher voilà, selon moi, le pragmatisme sans langue de bois que le ministre pouvait mettre en avant dans son entretien au Parisien, exemple :
dans une comparution comme celle du tribunal correctionnel de Toulon, je préfère que les magistrats mobilisent leur énergie pour d’abord considérer, observer, examiner, analyser le parcours, le présent, l'avenir d’un prévenu, bref qu'ils s'emploient à réellement individualiser, plutôt qu’ils mobilisent leur énergie à ressasser dans le général et le théorique leurs amertumes vis-à-vis des peines plancher, avec pour tout projet judiciaire de sanctionner en premier par leur jugement une loi qu'ils détestent.
Ce pragmatisme qui aurait eu le mérite de la lucidité et de l'indépendance vis-à-vis des dogmes aurait été plus audible que les éléments de langage distribués en long et en large au journaliste faire-valoir du Parisien.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 24 juin 2012 à 06:47
Je cite mon propre commentaire sur un autre billet :
"Je vous fais le pari que vous regretterez bientôt Sarkozy..."
M. Bilger n'en est encore pas là mais s'en rapproche.
Il n'est pourtant pas surprenant que le laxisme de la gauche en matière pénale revienne au galop. C'était même prévu dans le programme de F. Hollande.
Pour un homme ayant la carrière de M. Bilger sa naïveté est inquiétante...
Rédigé par : denis | 24 juin 2012 à 00:30
Il me semble que raisonner à partir d'un cas particulier n'est pas l'idéal. Nous pouvons en effet considérer que, quelle que soit la politique pénale, il y aura toujours des crimes et délits. Il suffit de regarder ce qui se passe aux USA par exemple, où la justice n'est pourtant pas connue pour son laxisme et où les peines plancher conduisent à des aberrations.
L'argument selon lequel les gendarmes tuées seraient encore en vie peut être décliné à l'infini: si Michel Fourniret avait été condamné à la perpétuité pour ses premières agressions, il n'aurait jamais tué. Condamnons-donc tous les violeurs à la perpétuité (et tant pis pour ceux qui n'auraient jamais récidivé?).
C'est pour cela qu'il faut pouvoir dépasser les cas particuliers pour s'intéresser aux effets globaux de la politique pénale: les peines plancher ont-elles un effet sur la récidive? La mise hors d'état de nuire du criminel (incapacitation, j'ignore s'il existe un autre terme équivalent en français) est-elle suffisante pour contrebalancer d'autres effets négatifs de la prison? Qui, du juge ou du législateur, est le plus à même d'infliger la meilleure peine?
Ce sont des questions qui ne peuvent trouver de réponse qu'en examinant les tendances globales, et non en se focalisant sur des cas particuliers. On risquerait sinon de ne prendre en compte que ce que l'on voit (les délinquants libérés "trop tôt" qui ont commis d'autres délits ou crimes) et l'on ignorerait ce que l'on ne voit pas (le délinquant qui se serait réinséré mais qui en resté trop longtemps en prison à cause d'une peine plancher qui ne correspondait pas à sa situation). Pour un Boumezaar, combien d'autres auxquels la prison ferait de mal que de bien, avec toutes les conséquences pour la société?
Rédigé par : Damien | 23 juin 2012 à 22:51
@ Jean-Dominique Reffait
Certes la création des peines-planchers, elles étaient bien matière de principes et tradition judiciaire française, la négation de ces derniers. Mais ce retour en arrière, il était quand même plus que tempéré par la possibilité de ne pas les appliquer quand certaines conditions étaient réunies. Leurs définitions sont loin de constituer un obstacle conséquent à la non application des peines-planchers, et qui la rendrait de fait rarement applicable. Le TGI de Toulon en a fait une " brillante " démonstration récemment !...
Bien sur il est légitime de s'interroger sur ces peines-planchers, et leurs conséquences. Mais vouloir les supprimer au nom de principes présentées comme quasi sacrés; cela relève de l'idéologie, et non d'un quelconque pragmatisme ou analyse dépassionné du réel.
A contrario je partage votre opinion sur le manque flagrant de moyens, pour appliquer concrètement les peines de détention prononcées. A quoi bon augmenter les peines de prison dans nos lois et accroître la sévérité des jugements, quand conjointement on est dans l'impossibilité matérielle de les faire exécuter pour une partie.
On prend acte du nombre de places disponibles dans nos prisons, et nécessité de réduire leur surpeuplement nuisible à la réinsertion des détenus. Concrètement on est alors confronté à une alternative, que certains qualifieront de primaire : prononcer un quota de peines de détention correspondant aux capacités d'enfermement décentes du système pénitentiaire, ou augmenter notablement celles-ci et avec toutes les conséquences financières en découlant.
Quand à la récidive, certes ses taux diffèrent notablement entre les détenus incarcérés et ceux en liberté conditionnelle. Mais dans ce dernier cas 39 % de récidives c'est loin d'être un taux marginal, et ne démontre pas une efficacité remarquable de cette option. Par ailleurs pour mieux apprécier cet écart de taux, il faut prendre en compte le type de délinquants / délits commis objet de ces deux traitements pénaux. A priori ceux incarcérés sont les plus aguerris ou ayant commis des actes graves, en conséquence que leur taux de récidives soit plus élevés semble logique.
Vous évoquez à juste raison la nécessité de mener une réflexion sur la récidive, et entre autre sur celle des mineurs. Mais si au préalable, on commence par s'interdire de recourir à certains moyens coercitifs : enfermement et pas nécessairement avec des adultes, tribunaux correctionnels dédiés, etc... Immanquablement on en viendra à conclure, que seuls les principes de l'ordonnance de 1945 sont valables et donc le système de probation - éducation en milieu ouvert. Même si on décide d'augmenter fortement ses moyens ( humains et matériels ), je crains beaucoup que cette conclusion repose sur un sophisme.
La délinquance des mineurs en 2012 est bien différente de celle de 1945, tant en gravité des actes commis et répétition de ceux-ci que personnalité des mineurs en cause. En près de soixante-dix ans la société française a beaucoup changé, cela a été pris en compte dans de nombreux domaines et notamment judiciaire : dépénalisation de la contraception et IVG, accroissement conséquent des sanctions afférentes aux crimes et délits sexuels, etc. Alors au nom de quoi ces mutations de la société ne devraient pas être prises en compte pour les mineurs ?
Rédigé par : Trekker | 23 juin 2012 à 21:16
@sbriglia @ Catherine Jacob | 23 juin 2012 à 11:36 (Bis)
« Savonarole, ne voudriez-vous pas donner des cours de légèreté à Madame ? »
Cueillies tantôt avec beaucoup de légèreté, comme on peut le constater :
--------------------------------------------
Ceci dit : Quelle peine plancher pour les sept douaniers de l'aéroport de Roissy soupçonnés d'avoir volé au détriment de leur administration de l'argent liquide par millions dans les valises de trafiquants de drogue présumés ??
Rédigé par : Catherine JACOB@sbriglia @ Catherine Jacob |Bis | | 23 juin 2012 à 20:16
Concernant la lutte effective contre la récidive, une étude statistique des Cahiers d'études pénitentiaires et criminologiques permet de constater l'efficacité du bracelet électronique, avec le sentiment d'être surveillé en permanence.
Dans la mesure où la justice n'a pas matériellement les moyens de faire exécuter toutes les peines de prison ferme, quoi qu'on en pense par ailleurs, le placement systématique sous bracelet électronique est une alternative très dissuasive.
Le problème du bracelet électronique est qu'il entre dans la catégorie des alternatives à l'exécution au lieu d'être considéré comme une exécution de la peine. Ainsi le tribunal peut délivrer un mandat de dépôt à l'audience tandis qu'il ne peut pas exiger le placement immédiat sous bracelet. Cette disposition dépend d'un juge de l'exécution des peines et c'est beaucoup plus long.
Il conviendrait donc d'introduire le bracelet dans la panoplie des peines délictuelles permettant au tribunal d'ordonner un placement immédiat à l'audience.
Voilà, Philippe, de quoi vous mobiliser activement contre l'inexécution des peines, en accord avec les réalités pénitentiaires et budgétaires.
La récidive des premiers placés sous surveillance électronique
Rédigé par : Jean-Dominique @ PB | 23 juin 2012 à 19:53
Christan C, vous écrivez :
"...si j’en crois les bonnes feuilles, le nombre de condamnés dispensés de l’exécution de leur peine a été, ces dernières années, de plusieurs milliers chaque année, faute de places dans les établissements pénitentiaires. Cela n’aide pas à décourager les vocations de voyous, truands et autres criminels.
Il y a aussi beaucoup de cas où la prison a sans doute été jugée inutile, voire nuisible. Comme le disait autrement Boris, et comme vous le rappeliez vous-même, la peine est liée à un individu et à un acte particulier.
Quoi qu'il en soit, toutes ces affaires sont bien tristes.
Très juste Mary Preud'homme, amusant de constater que le terme est aussi fréquemment utilisé en allemand pour désigner un cacique, un homme de pouvoir. Sous le nazisme, par exemple, l'homme de la rue avait l'habitude de parler des "bonzes" du parti ou du ministère, pour en désigner les personnes influentes (aucun, à ma connaissance n'avait les yeux bridés)... Bon, je m'arrête là pour ne pas relancer cette chère Catherine Jacob.
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 juin 2012 à 19:43
@sbriglia @ Catherine Jacob | 23 juin 2012 à 11:36
Bon d'accord. Allez, la chaleur étant devenue supportable, je vais nous cueillir quelques groseilles avant que cela ne se rafraîchisse pour de bon.
Rédigé par : Catherine JACOB@sbriglia | 23 juin 2012 à 18:50
@Mary Preud'homme | 23 juin 2012 à 12:55
« il me semble que vous n'avez pas compris qu'il employait le mot bonze, uniquement, au sens (souvent péjoratif) de personnage prétentieux, solennel et pédant, faisant autorité dans son milieu. [cf lexis de la langue française] »
Effectivement, après vérification dans le petit Larousse à portée de main, on donne bien le sens familier de « Personne qui parle avec emphase. »
Ce n'est toutefois pas le premier sens qui vient à l'esprit dès lors qu'on l'applique à une personne d'origine extrême-orientale.
Le Larousse précise par ailleurs que le terme a été introduit via sa transcription portugaise de bonzo.
C'est en effet au 16ème siècle vers 1545 que commencèrent à arriver à Kyûshu (¼ grandes îles de l'archipel japonais, la plus au Sud) des marchands portugais accompagnés de missionnaires jésuites. Ils faisaient voile vers Macao, sur la côte chinois mais ont été détournés de leur route par une tempête. Mais le portugais n'est pas le français et le temps qu'ils rentrent au Portugal et que l'emploi se vulgarise.... Le Littré donne le terme comme utilisé par Voltaire dans L'orphelin de la Chine qui date de 1755 ainsi que dans Essai sur les mœurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII de la même époque , soit effectivement le XVIIIème.
Littré : « Prêtre chinois ou japonais de la religion bouddhiste. » Ce Dieu.... Méconnu par le bonze, insulté par vos maîtres. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]
Au fém. Les Chinois et les Japonais seuls ont quelques bonzesses. [Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII -
Ou encore: Crois qu'un bonze modeste, un dervis charitable Trouvent plutôt grâce à ses yeux [de Dieu] Qu'un janséniste impitoyable Ou qu'un pontife ambitieux extrait de l'article "grâce" du dictionnaire de français Littré, où le terme n'est donc absolument pas pris dans une acception péjorative, bien au contraire.
Merci toutefois de vos précisions qui m'ont permis d'enrichir ma connaissance de l'emploi du terme ne serait-ce qu'en m'obligeant à chercher pour vérifier.
Rédigé par : Catherine JACOB@Mary Preud'homme | 23 juin 2012 à 18:45
Cher Philippe Bilger,
Les peines planchers -pour reprendre votre syntaxe- ont d’abord été une volte-face dans la politique pénale française, marquée depuis deux siècles par l’individualisation des peines ; que les magistrats l’aient vécu comme une défiance de l’exécutif vis-à-vis de la magistrature, c’est probable, mais il s’agissait d’abord d’une inflexion lourde de cette politique. S’interroger sur la pertinence de cette inflexion n’est pas un crime.
Par ailleurs, vous utilisez une formulation laissant à penser que l’indépendance des magistrats pourrait aller jusqu’à l’autonomie. On a assez reproché à Christiane Taubira sa soi-disant lutte en tant qu’autonomiste pour éviter un raccourci menant à un corps de magistrats devenu autonome. Les mots ont un sens, dirait Nicolas Sarkozy.
Il ne me semble pas, en outre, qu’idéologie et pragmatisme soient condamnés à l’antinomie définitive. Et rien ne démontre encore que l’ « idéologie » dite « de gauche » aille dans le sens de l’idéologie de l’excuse.
Les quelques cas récemment constatés de crimes commis notamment par un jeune de seize ans dans la région rennaise, ou le viol collectif par des jeunes de treize ans, posent un certain nombre de questions sur la réponse pénale à apporter. Les solutions préconisées par certains de vos commentateurs ne me paraissent pas appropriées. Qui plus est, si la solution, préconisée dans votre précédent billet, de la peine quasi-automatique appliquée à l’auteur du meurtre des deux gendarmes, garantirait peut-être une sensation de sécurité (que je considère en grande partie factice, donc non durable) dans la population, cela nécessiterait que nous tous, contribuables, soyons prêts à augmenter assez considérablement la part de nos contributions dédiée à l’administration pénitentiaire.
Je suis partisan, quant à moi, d’une grande sévérité dès la première infraction, même commise par un mineur (c’était également l’avis de Nicolas Sarkozy), mais je pense que les moyens permettant cette sévérité n’existent pas (nombre de places, nombre de surveillants, nombre de magistrats chargés de l’exécution des peines, etc.). Alors, s’il s’agit de froncer les sourcils, allons-y ; mais si j’en crois les bonnes feuilles, le nombre de condamnés dispensés de l’exécution de leur peine a été, ces dernières années, de plusieurs milliers chaque année, faute de places dans les établissements pénitentiaires. Cela n’aide pas à décourager les vocations de voyous, truands et autres criminels.
Rédigé par : Christian C | 23 juin 2012 à 18:11
@Glupo
"Soleiman", donc...
Ça commence à faire beaucoup en moins de 6 mois...
Toulouse, Rennes, Collobrières... Et j'en passe et des kippas...
Et pendant ce temps-là " le Congrès danse et s'amuse"...
Les esthètes s'écharpent sur les peines planchers, qu'est-ce qu'en dit le siège et voyons voir ce qu'en pense le parquet...
On dirait les "Incoyables" de la Révolution...
"Toutes les dettes se paieront" (l'Armée des Ombres)
Rédigé par : Savonarole@Glupo | 23 juin 2012 à 17:18
Soleimane, 17 ans, a tué Killian, 13 ans, parce que ce dernier le regardait. Crime de mineur et peine plancher sont donc bien des questions d'actualité.
Ils vont dire quoi, les juges, vos juges, sur cette affaire, Madame la garde des Sceaux, "Au nom du peuple français " ?
Le "peuple français", il attend la réponse, et pas avec le sourire.
Rédigé par : Glupo | 23 juin 2012 à 13:38
@ Catherine Jacob
Pardon de m'immiscer dans votre échange avec Laurent Dingli mais il me semble que vous n'avez pas compris qu'il employait le mot bonze, uniquement, au sens (souvent péjoratif) de personnage prétentieux, solennel et pédant, faisant autorité dans son milieu. [cf lexis de la langue française]
Par ailleurs cette dénomination a fait son apparition en Europe, dans sa première acception, celle que vous relevez, en 1570, soit au 16ème siècle et non au 18ème.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 23 juin 2012 à 12:55
Le "parquet, le siège, les peines planchers"... ça en fait du bois pour deux cercueils...
Allez donc faire un tour dans le Bronx et vous verrez si un malabar qui est saoul comme un polonais et qui tue deux cops déclenche une réflexion philosophique sur le Droit.
Rédigé par : Savonarole | 23 juin 2012 à 12:09
@Herman
Moi mon chat me répond "choucroute garnie", mais en japonais :
ザワークラウト
Rédigé par : Savonarole | 23 juin 2012 à 11:54
"Ou c'est une façon désobligeante d'accommoder le spaghetti à la sauce aigre-douce ?"
Quelque chose vous autorise, Catherine Jacob, à porter un jugement de valeur sur la virilité de Monsieur Placé ?
Savonarole, ne voudriez-vous pas donner des cours de légèreté à Madame ?
Rédigé par : sbriglia @ Catherine Jacob | 23 juin 2012 à 11:36
Mais non, mon cher Herman, nous nous étonnons seulement que Philippe Bilger s'étonne que le PS applique son programme ; c'est aussi simple que cela...
Catherine Jacob, vous êtes impayable, et si vous n'existiez pas, il faudrait vous inventer (enfin, pas à un trop grand nombre d'exemplaires non plus...).
PS : le commentaire de Boris est plein de bon sens.
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 juin 2012 à 10:57
Il me semble que la loi sur la récidive laisse à la juridiction la possibilité de prononcer une peine inférieure aux planchers, si le condamné offre des garanties de réinsertion. A mon sens, l'essentiel est de garder la liberté d'appréciation du parquet et du siège... Après, je ne sais si tous les magistrats en feraient le même usage que le maître des lieux - ou, pour citer un autre cas de liberté de ton, que Laurent de Caigny.
Rédigé par : Boris | 23 juin 2012 à 10:19
Vos extrémistes de commentateurs pensent assez vulgairement de façon binaire : "Vous avez voté... de quoi vous plaignez-vous...", "Non pas indépendance, mais dépendance..."
C'est la technique que j'utilise pour tenter de faire comprendre quelque chose à mon chat : "Croquettes ou pas croquettes..."
Rédigé par : Herman | 23 juin 2012 à 09:49
@Laurent Dingli | 22 juin 2012 à 19:29
"Le bonze agressif des Verts, Jean-Vincent Placé, montre déjà des dents."
Allons, voyons!
Le Bonze dont la dénomination résulte d'une translittération du japonais bōzu ( soit 坊主 anciennement écrit 房主) qui désigne un Sō (僧) - sans t bien sûr- , lequel Sō se réfère à l'un des trois Tri-ratna du sanscrit que sont :
1) 仏 : le bouddha / 仏陀 = बुद्ध = bu_ddha
2) 法 : la loi,
3) 僧 : le pratiquant pris individuellement ou(僧伽 = Sō_gya japonais / saMgha sanscrit) en groupe.
Il désignait au départ le prieur d'un monastère dont le rang nécessite une longue pratique en le distinguant du 法師(hosshi, sanscrit dharma-bhaanaka) qui n'est rattaché à aucun monastère particulier, mais pratique la loi en maître et est donc susceptible de servir de guide aux fidèles), puis, à partir du Moyen Age, le terme a désigné au Japon les religieux en général en perdant de la nuance révérencieuse attachée à cette titulature. Enfin, les personnes aux crânes et aux sourcils rasés, non seulement en dehors de toute nuance révérencieuse particulière mais même assez souvent dans une acception péjorative. A l'époque des samouraïs on nommait ainsi les personnes du service du thé 茶坊主(Cha_ bōzu) etc. ou encore tout homme au crâne rasé faisant penser à celui des pratiquants de bouddhisme.
Quid de Jean-Vincent Placé:
En français, «la dénomination est devenue usuelle au XVIIIe siècle dans les discussions portant sur les religions orientales » explique Wikipédia.
Quelque chose vous autorise à dire qu'il s'agit là de la religion pratiquée de façon tant professionnelle que privée par le sénateur de l'Essonne, Jean-Vincent Placé, originaire de Corée du Sud mais adopté dans sa petite enfance par Maître Placé, un avocat normand, et naturalisé français ??? Ou c'est une façon désobligeante d'accommoder le spaghetti à la sauce aigre-douce?
Rédigé par : Catherine JACOB@Laurent Dingli | 23 juin 2012 à 08:59
Au regard de l'argument mentionné par le candidat François Hollande évoquant les peines planchers comme contraire au principe d'individualisation, je voudrais opposer le fait que le tribunal correctionnel de Toulon a si bien individualisé leur perception d'Abdallah Boumezaar que les magistrats ont compté pour rien la perception de l'entourage quotidien, réel et immédiat d'AB - celle de sa mère victime de ses coups.
Les réquisitions du procureur et la décision des juges ont tellement et si bien individualisé la peine, en pariant comme Mme Taubira dans Le Parisien, sur les vertus surestimées du milieu ouvert, qu'ils ont fini par lâcher dans la nature un homme notoirement violent, alcoolique, sans aucune perspective et ne présentant aucune garantie susceptible de favoriser même dans le très peu une réinsertion. Et dans un milieu ouvert qui n'aurait été tant soit peu opérationnel qu'à partir du 8 juillet, en pleine période de congés d'été des services de probation.
Vraiment, je pense que le tribunal a tellement bien et théoriquement bien individualisé la peine de ce prévenu, l'esprit judiciaire rivé et enclavé dans des considérations que duplique à la virgule et à la lettre le GDS dans Le Parisien, qu'ils ont ignoré l'ensemble des éléments on ne peut plus concrets, vérifiables et tangibles de la personnalité et du parcours d'AB, dont l'examen rigoureux, au regard de l'exigence d'individualisation, aurait dû, en premier les conduire à d’abord protéger cet homme contre lui-même.
"Le tout-carcéral ne marche pas" affirme Mme Taubira.
Si.
A Toulon, il pouvait sauver des vies.
Et si cette réalité est trop peu pertinente et convaincante pour les tenants du tout individualisation, j'ajoute que l'application de la la peine plancher aurait épargné à ce prévenu l'absolu carcéral à perpétuité, qui à mon avis ne manquera pas, et à raison, de sanctionner un homme devenu aujourd’hui un meurtrier et un assassin de gendarmes.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 juin 2012 à 08:22
"Une femme de caractère"...
En entreprise, ce profil est illico muté au service clientèle après vente, pour qu'elle fasse barrage aux crétins gueulards qui ne sont jamais contents.
"Comment ça elle est en panne votre voiture ? Vous ne savez pas conduire !"...
Rédigé par : Savonarole | 23 juin 2012 à 06:15
Nous espérons tous ici que notre Premier ministre échappera à la Cour de cassation, il a en effet annoncé la mort d'un écolier à Rennes alors que celui-ci est toujours en vie.
"TF1 se pourvoit en cassation contre Florence Schaal
"Le feuilleton judiciaire entre la journaliste Florence Schaal et le groupe TF1, son ancien employeur, continue. Après avoir été condamné par la cour d’appel de Paris pour “licenciement abusif sans cause réelle ni sérieuse” à l’encontre de la journaliste en mars dernier, TF1 a décidé de se pourvoir en cassation.
Florence Schaal, avait été licenciée pour “faute grave” après avoir annoncé par erreur la mort d’un enfant à l’antenne en 2008. Elle avait ensuite poursuivi TF1 et obtenu gain de cause auprès du Conseil des prud’hommes en 2009 puis auprès de la cour d’appel trois ans après. Deux procédures qui, visiblement, ne suffisent pas à TF1."
Je ne doute pas que JM Ayrault aura un bon avocat et que le Conseil des prud'hommes sera clément.
Rédigé par : Savonarole | 23 juin 2012 à 05:54
J'ai lu les propos de C. Taubira après vous avoir lu, je vous trouve bien sévère. Je m'attendais à du lénifiant, à la bouillie informe qui m'agace autant que vous. Non, j'ai lu des propos prudents mais qui rendent compte d'une ligne politique que vous pouvez partager si vous vous éloignez du symbole des peines plancher.
Les peines-plancher ont été mises en place dans le cadre d'une lutte contre la récidive mais elles posent des problèmes de fond et de principes. L'une des critiques principale formulée par vous-même Philippe concernait la corrélation indispensable entre peine-plancher et places de prison, je regrette que vous n'y reveniez plus. Les peines-plancher sont vouées à l'échec à moyen et long terme dans la mesure où des prisons surpeuplées sans personnel de réinsertion sont ce qui se fait de mieux pour promouvoir la récidive, une véritable université du crime. Cette banalité qui vous agace est une réalité. La peine-plancher revient à placer un délinquant plus longtemps en prison pour qu'il soit certain d'être parfaitement formé à des formes de crimes qu'il ne maîtrisait pas en entrant. Critique de principe aussi, pardonnez d'en faire état dans un état de droit, concernant l'individualisation des peines.
Pour autant, la suppression des peines-plancher ne doit pas se faire sans une réflexion complète au sujet de la récidive, et c'est là, et seulement là, l'essentiel. Le laxisme ne résiderait pas tant dans la suppression d'un dispositif critiquable que dans l'indifférence à la question de la récidive. C. Taubira est élue d'un département où la criminalité atteint des sommets et a sans doute parfaitement conscience des dégâts causés par la récidive sur l'équilibre d'une société.
C. Taubira dit ceci, qui n'a rien à voir avec du laxisme : "Les peines planchers partent du principe que la prison est un outil antirécidive. C’est faux : dans les cinq ans qui suivent un jugement, ceux qui étaient incarcérés récidivent dans 63% des cas, contre 39% pour ceux en liberté conditionnelle."
La seule question que je vous pose, Philippe : avez-vous d'autres chiffres, en France ou ailleurs, qui infirment ceux-là ?
Il est paradoxal de constater votre impatience quant à l'indépendance de la justice alors que vous défendez les peines planchers qui sapent une partie de cette indépendance mais poursuivons. L'indépendance réclame du temps pour se penser globalement. Ce n'est pas rien que de mettre en oeuvre la notion d'indépendance avec tout ce qui va derrière : notation, avancement, critères d'évaluation, formation, responsabilité, politique pénale et indépendance du parquet. Ca n'est pas qu'un mot, c'est toute une machinerie. Vous le répétez sans cesse, l'indépendance ne se décrète pas, elle se démontre et elle doit être garantie par des mécanismes transparents. Pour autant C. Taubira annonce clairement que, dans l'intervalle, le ministère n'interviendra pas dans les dossiers individuels, que le texte sur le statut pénal du chef de l'Etat est en cours. Je ne devine pas dans ses propos les influences angélistes que vous craignez. Et pour tout dire, à l'exception du Front de Gauche qui n'est pas de la partie et des Verts, qui n'ont aucune crédibilité à ce sujet, je ne vois plus personne au PS-même tenté par le moindre laxisme en la matière. 2002 a vacciné beaucoup de monde de ce côté.
Pour le reste, alors que j'ai trouvé sa nomination baroque, je trouve C. Taubira claire, à l'aise sur le sujet et pragmatique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 23 juin 2012 à 01:31
J'ai sans doute dit une bêtise, en me relisant, je la vois. Le fractionnement hollandiste est moindre que celui de Raffarin, ou de Rocard. En revanche, les intitulés sont plus originaux, mais efficaces ? on le verra.
A quoi sert de prendre position sur le succès de M. Hollande ; les choses changent en permanence. Depuis ce soir, le principe de la politique de relance est presque acquis, les industriels de l'automobile s'affolent devant les chiffres désastreux, qui pourraient nous réjouir; moins de voitures, moins de pollution, mais on autorise Shell à forer, avec le risque qu'on sait, mais avec de grands espoirs de croissance, cette croissance qui nous étouffe et dont personne ne veut se séparer. D'où viendra le renversement de tendance, alors que les pays émergents sont les plus producteurs de pollution, et que la pauvreté recule. Qui résoudra cette inéquation ?
Dans ce contexte, les épiphénomènes de la justice ne sont que le reflet de l'immense désordre conjoncturel, analysé seconde après seconde par les analystes de la finance. Mme Taubira n'a aucune qualité particullière sauf d'éviter la compassion pour les familles des gendarmes, elle n'a pas l'âme nationale. A partir de là, tout est possible, mais bien des choses sont impossibles, comme le bon sens ou la confiance.
Rédigé par : JMT | 23 juin 2012 à 00:23
Et nous revoilà sur l’indépendance de la justice.
Or le problème n’est pas l’indépendance, mais la dépendance.
Des fonctionnaires ne pouvant en effet dépendre que d’eux-mêmes, il s’agit de savoir de quoi les juges devraient dépendre.
Et le bon moyen de ne jamais parler de ce dont ils devraient dépendre, c’est parler d’indépendance.
C. Taubira : un garde des Sceaux à l'image de F. Hollande président.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 22 juin 2012 à 21:40
"Ce n'est pas parce que les syndicats les récusent au nom de la sacro-sainte liberté absolue du juge qu'elles doivent être abolies,"
La sacro-sainte liberté ?
Mais elle est encadrée, limitée et organisée par le Code Pénal et le Code de Procédure Pénale !
Ce ne sont pas les magistrats qui rechignent sous le harnais, mais les syndicats au nom d'un corporatisme qui leur assurent un pouvoir illusoire car destructeur de la confiance que la justice devrait susciter auprès des justiciables !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 22 juin 2012 à 21:03
"A force de ne pas se préoccuper de ce que le "bas peuple" ressent" Robert
Cher Robert, si c'est bien du même qu'il s'agit, sachez que j'approuve très souvent vos commentaires très bien tenus, mais...
Il faut arrêter de parler au nom du peuple. Certains le font:
-les élus, car mandatés par celui-ci, ils n'ont donc pas le choix mais s'y prêtent volontiers pour les besoins de leurs causes...
-les journalistes, réactionnaires le plus souvent, pour rendre quelque peu séduisantes leurs thèses qui sans cet alibi qu'est le peuple seraient nauséabondes.
Les "gens du peuple" ça veut dire quoi au juste? c'est quand même compliqué de savoir exactement ce que pense un peuple, un peuple ne pense pas, seul des individus pensent, et que pensent-ils au juste? 65 millions d'avis différent pour 65 millions de causes différentes. Le plus souvent ils répondent pour les besoins de la Presse à des questions qu'ils ne se posent pas, mais on leur suggère néanmoins une réponse qui pourrait les intéresser... puis on fait les gros titres sur les x% de français qui pensent que ceci, ou qui pensent que cela...
Le "peuple" ne pense pas! Le "peuple", ça n'existe pas, cette notion n'est qu'un prétexte aux pires infamies.
Au fond, je ne dois pas être un grand démocrate...
Rédigé par : Herman | 22 juin 2012 à 20:40
Par deux fois vous soulignez que l’intéressée est une femme de caractère. Ce doit donc être le cas.
Mais quel est le sens de ce qualificatif ? Durant de nombreuses années dans ma carrière professionnelle j'ai été entouré de gens dits de caractère. Il m'ont toujours paru plus utiles à eux-mêmes qu'au groupe.
Rédigé par : Bea33 | 22 juin 2012 à 20:31
@ M. Bilger,
Lorsque nous nous sommes entretenus au Salon du livre à Saint-Louis au mois d'avril, nous étions tombés d'accord sur le fait que nous souhaitions qu'André Vallini obtienne le ministère de la Justice. Je n'ai toujours pas compris comment M. Hollande a pu l'attribuer à une personne qui n'a aucune compétence en la matière contrairement à M. Vallini et qui, de surcroît, est connue pour être un électron libre et, si je puis me permettre, un peu caractérielle. Ce n'est pas sérieux ! Nous avons suffisamment souffert d'un président caractériel pour ne pas remettre le couvert. Delphine Batho en a eu marre au bout de quinze jours.
Accessoirement, bien que ce soit hors sujet, j'ai entendu Najat Belkacem ce soir sur France Info. En tant que porte-parole du gouvernement elle fait très fort : chaque second mot de phrase est ponctué d'un "euh" du plus bel effet. Chapeau bas pour la vitrine du gouvernement.
Rédigé par : Pierre T | 22 juin 2012 à 19:53
Ah, tiens, vous commencez à avoir des doutes sur la politique que va mener Mme Taubira ?
En Seine-Saint-Denis, des adolescents (garçons et filles), gavés de films pornos, ont violé une petite fille de 13 ans après l'avoir emmenée dans un traquenard. Que fait-on de ces adorables petits chérubins ? On les prive de goûter ?
Amusant la manière inélégante dont Nicole Brick a été évincée par le président normal après avoir glissé sur le dossier Shell-Guyane. Le bonze agressif des Verts, Jean-Vincent Placé, montre déjà des dents. Jadis, Fabius avait renvoyé à la niniche Dominique Voynet et sa taxe carbone, mais l'idylle PS-EE-LV risque d'être bien plus orageuse aujourd'hui. Excellente interview de Dany Cohn-Bendit dans Libé : l'homme est lucide et ne ménage pas ses petits camarades, notamment Placé et l'ambitieuse Cécile Duflot. Eh oui, du Mélenchon repeint en vert, le tout teinté d'arrivisme, ça ne mène pas très loin. Il n'y a rien de pire que des médiocres qui s'emparent d'une belle cause. Espérons que d'autres sortiront du lot. A l'exemple du centre, l'écologie aurait eu besoin d'une personnalité d'exception, et nous n'avons eu jusqu'à présent que des nains...
Autre scène surréaliste : Yannick Noah venant expliquer devant le Sénat avec d'autres petits camarades sportifs millionnaires qu'ils se sont domiciliés à l'étranger pour ne pas payer trop d'impôts. L'inénarrable Noah, la prétendue personnalité préférée des Français, le bien-pensant de gauche, fait la morale aux autres... mais ne voulait pas contribuer à la solidarité nationale.
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 juin 2012 à 19:29
Finalement en politique c'est comme dans la plupart des entreprises, le successeur voulant marquer son territoire, commence par remettre en cause ce qu'a mis en oeuvre son prédécesseur qui lui-même a sans doute eu la même volonté de remise en cause de ce qu'il a trouvé à son arrivée. C'est la raison pour laquelle le schmilblick n'avance, quand il ne recule pas, qu'à une vitesse proportionnelle au demi-carré du changement et avec une efficacité inversement proportionnelle à ce que l'on pourrait attendre pour améliorer la vie de nos concitoyens. Il est bien connu d'ailleurs qu'une caravane n'avance qu'au rythme du chameau le plus lent.
Une exception à ce constat, elle vient d'être exprimée haut et fort par le nouveau ministre de la défense Jean-Yves Le Drian qui vient d'adresser un satisfecit à son arrivée à l'hôtel de Brienne en déclarant qu'il avait trouvé un ministère bien tenu par des personnels compétents, tous républicains et d'abord au service de la nation. Chapeau Monsieur le Ministre, je ne vous connais pas, je ne suis pas militaire, mais ça fait plaisir à entendre.
Merci également à Dominique Merchet qui a relayé cette info sur son blog.
Fermez le ban !
Rédigé par : Jabiru | 22 juin 2012 à 18:39
Vous avez voté pour, et vous avez assez fait de propagande pour ce vote. Alors, de quoi vous plaignez-vous ?
Rédigé par : Franck Boizard | 22 juin 2012 à 18:25
"Entre le dogme et le réel, celui-ci parfois l'emporte" dites-vous.
J'attends de voir car si le réel l'emporte c'est que le président nous aura menti et si le dogme l'emporte c'est que vous vous serez trompé.
Rédigé par : mike | 22 juin 2012 à 16:52
"Puisque la réalité est là et qu'au grand dam des socialistes, elle n'a pas encore appris et n'apprendra jamais à se métamorphoser pour complaire à ceux qui la désireraient idéale" P.B
"Peu d’idées sont autant galvaudées aujourd’hui que celle de « réalité ». Hommes politiques, chefs d’entreprise, mais aussi économistes et romanciers s’en réclament : seul le réalisme semble recevable, et il suffit à tout justifier. La réalité constitue désormais, dans notre mentalité collective, la valeur étalon. Elle est le nouveau dieu que nous vénérons ; le dernier qui reste en magasin, peut-être."
Mona Cholet : "La tyrannie de la réalité"
Rédigé par : Herman | 22 juin 2012 à 16:50
Christiane Taubira a dit aussi :
"Ce qui est sûr, c’est que je refuserai toute intervention du ministère dans les dossiers individuels."
On aimerait que Christiane Taubira purge de manière définitive ceux qui ont été entravés des années par un certain nombre de ses prédécesseurs dont Elisabeth Guigou qui ne craint pas de se présenter pour exercer les plus hautes responsabilités.
Rédigé par : Choubidou | 22 juin 2012 à 16:07
"Dans les propos généraux et forcément généreux du garde des Sceaux, je suis agacé par la ritournelle des poncifs humanistes qui embellissent le fond d'un entretien mais ne constituent pas à proprement parler une politique.
Puisque la réalité est là et qu'au grand dam des socialistes, elle n'a pas encore appris et n'apprendra jamais à se métamorphoser pour complaire à ceux qui la désireraient idéale alors qu'elle est obstinément dure, violente et rétive à toute philosophie qui ne saurait pas allier efficacité, sévérité et humanité."
Qu'en deux alinéas ces choses sont bien exprimées.
A force de ne pas se préoccuper de ce que le "bas peuple" ressent, à force d'idéologie conformiste, on finira bien par pousser les gens à bout car ils en arrivent à considérer qu'il y a plusieurs catégories de citoyens Français : ceux dont on se préoccupe ("fibre sociale"), dont les étrangers, surtout s'ils sont en situation irrégulière, et les autres, les "franchouillards", dont on ne se préoccupe qu'aux échéances électorales pour capter leurs voix sur fond de rejet des gouvernants précédents.
Pour ceux qui se revendiquent démocrates et républicains, où sont les principes si bien revendiqués mais fort peu appliqués ? Et l'on s’étonne du basculement de ces protestataires vers les extrêmes ou l'abstention record que l'on feint de ne pas comprendre ?
Rédigé par : Robert | 22 juin 2012 à 15:44
Il n'y a pas grande difrérence entre la droite et la gauche, c'est un bien ou un mal, personne n'en sait rien. Ceci n'est valable que dans la mesure où on est débarrassé des extrêmes, même s'ils ont, comme tout le monde, parfois de bonnes idées. En 1991 j'ai imaginé qu'on pourrait devenir communiste, du moment que l'URSS était tombée, en tant qu facteur de la trahison permanente du PC, mais en 1958 on a cru aux deux étoiles.
Quel rapport avec les peines plancher ? Elles ne règlent rien non plus, elles prolongent les questions que pose l'incarcération. Je déteste Mme Taubira, politiquement, mais elle n'a pas tort d'aborder la question par ce biais.
Ce qui est plus intéressant, c'est l'attitude de M. Hollande : manifestement, il laisse la Justice se dépêtrer en gardant un oeil dessus mais se préoccupe beaucoup de notre politique générale, notamment, dans ses options économiques et sociales. De la même façon, il n'interfère pas beaucoup chez M. Valls dont j'ai remarqué ce matin, l'infinie platitude de son discours aux obsèques des gendarmes. Mots convenus, qu'on peut reprendre par coeur, aucun élan, aucune émotion, aucune empathie, c'est, bien entendu, voulu, on fait dans le pragmatique, on n'enflamme rien de ce qui brûle.
Il en va de même pour le social. Mais pour les inflexions européennes c'est autre chose: l'appel de Düsseldorf, rendu par douze experts chefs d'entreprise, administrateurs, fonctionnaires, politiques, etc.... qui concluent au désastre de l'euro, n'a pas laissé Hollande insensible. En ooutre, la lecture de la Frankfurter fait ressortir ce que peu de gens peuvent lire, faute de germanophonie, l'immense lassitude des Allemands n'est-ce pas M. Ayrault et leur opposition populaire farouche à l'aide aux flemmards. Et nous sommes sur la liste des flemmards, à la limite haute. Notre avenir se joue sur la constitution du couple franco-allemand, à partir d'une base de productivité qui envisage le démantèlement de l'euro lequel nous a apporté une stabilité monétaire certaine mais aussi une forme de Sécurité Sociale financière dont le gouffre se creuse à l'image de celui de nos Assurances Sociales, aujourd'hui intenables et facteur de déficit improductif.
Nous ne pouvons pas supporter ce double déficit, et nous n'avons pas les moyens de faire fonctionner la planche à billets, même en cas de disparition de l'euro.
Dans ces conditions, Hollande doit morceler l'opinion, distribuer les postes ministériels pour fractionner les décisions en secteurs d'investigation autonomes, de telle sorte que lorsque commenceront les grandes manoeuvres de mise à flot des nations, il n'ait pas d'autre sujet de contestation.
Car enfin, 36 ministres, ça ne sert à rien, sauf à abaisser le champ gravitationnel de chacun pour éviter qu'il rencontre trop de résistances comme ce serait le cas avec de grands ministères. Le coût ? Au point où on en est, ça n'a guère d'importance.
La Justice, grand ministère, mais toujours boiteux, fait partie de ces points sur le vecteur gouvernemental où il faut éviter de braquer la population. Qui peste contre cette suppression ? Les tenants d'une société équilibrée, sereine, des gens pas vraiment dangereux, alors que nous sommes candidats à d'énormes bouleversements qu'il va bien falloir absorber, au risque de se perdre.
Il me semble que nous sommes à l'entrée d'un champ de manoeuvres miné où l'explosion, la vraie, la belliqueuse, peut se produire et que Hollande tente de déminer au moins un corridor de sécurité. Si je me trompe, ce n'est pas grave, mais au moins je n'aurai insulté personne.
Rédigé par : JMT | 22 juin 2012 à 15:36
Bonjour Philippe Bilger,
« Une telle domestication par l'idéologie serait d'autant plus inconcevable que pour échapper à un garde des Sceaux sous influence nous avons la chance de pouvoir compter sur une femme de caractère et qu'heureusement, elles ne font qu'une ? »
Je vous ferai remarquer, Philippe Bilger, que le quinquennat précédent s’était également distingué par un garde des Sceaux qui était manifestement, lui aussi, sous influence, tout en étant doté d’un caractère bien trempé en la personne de Rachida Dati. Les deux caractéristiques ne semblent donc pas incompatibles.
Les gouvernements passent mais l’influence du pouvoir sur ses ministres demeure. Et un ministre, comme a dit l’un d’entre eux « ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».
Chose curieuse, il n’y a eu aucune démission (volontaire) de ministres sous le mandat Sarkozy, et pourtant, vu comment étaient traités certains d'entre eux, ont aurait pu s’attendre à quelques claquements de porte.
Il faut croire que la place est bonne...
Rédigé par : Achille | 22 juin 2012 à 14:39
Je ne peux résister au plaisir de redoubler à écrire ce que j'augurais et exprimais sur le précédent billet...
Je suis MAINTENANT certain du CHANGEMENT de ton dans les appréciations de notre Hermine sur les AAAANORMALITES qui vont virevolter sur la planète Justice...
"J'ai le sentiment qu'une guerre de positions se prépare entre l'erreur de casting (acariâtre, invivable, sectaire), provocation d'une anomalie furieuse dans un monde normal... et notre Hermine.
L'univers feutré des apparatchiks de la Justice et de l'Intérieur commence à bruisser de mots couverts et des sourcils se froncent sans retenue...
Rédigé par : Poil à gratter | 22 juin 2012 à 09:17 "
Rédigé par : Poil à gratter | 22 juin 2012 à 14:16
Monsieur Bilger, tournant sept fois mes doigts sur le clavier, j'ai mis un peu de temps à formuler ma réaction, elle répond à votre billet d'hier à propos des peines plancher ("s" ou pas ?) mais puisque vous revenez sur ce sujet aujourd'hui...
Ma sensibilité politique, résolument à gauche, est assez éloignée de la vôtre mais je suis heureux de vous suivre à peu près sur tout tant votre sagesse et votre combat contre le sectarisme me paraissent exemplaires et réconfortants dans les temps où nous vivons.
Il y a cependant ce sujet des peines plancher sur lequel je ne vous suis plus du tout, en tout cas pas dans ce contexte dramatique, le mot est faible, de Collobrières : ma question principale c'est en quoi le principe de la peine plancher, et même de peine tout court, peut-il encore avoir un sens vis-.à -vis de monstres absolus du gabarit de ce tueur, dont le profil psychologique se précise chaque jour un peu plus, et pas à son avantage : étrangeté absolue à la morale ordinaire, aucune prise judiciaire possible à mon sens et, peine plancher ou pas, pas le moindre espoir de prévenir la récidive la plus terrifiante... La peine plancher dont vous pensez justement qu'elle aurait sauvé ces deux pauvres femmes aurait-elle cependant évité un autre drame dans deux ans ? Moi je suis persuadé que non.
Alors quoi ? L'asile psychiatrique, car un tel potentiel de haine bestiale est "quelque part" forcément pathologique ? Le bagne ? Mon impression en fait est que la notion de peine plancher a peut-être son utilité appliquée à la petite délinquance du quotidien : cambriolages, vols à l'arraché ou à la roulotte..., voire un peu plus grave : petits braquages sans tirs de coups de feu..., en tout cas tant qu'on a affaire à des individus clairement conscients de leurs actes et de leur transgression de la morale sinon de celle de la Loi, mais que par contre elle est non seulement inopérante mais surtout vide de sens dès lors qu'on est confronté à "la Bête Immonde".
En conclusion, je pense que si on défend ce principe des peines plancher, on ne peut pas le faire sans nuances et ce, singulièrement, d'autant plus que les faits condamnés sont eux-mêmes plus odieusement "hors norme".
Rédigé par : Rock'n'Roll Papy | 22 juin 2012 à 13:36
Le problème avec les infléchissements c'est que quand il y en a plusieurs, finalement pas grand-chose ne change.
Rédigé par : Jabiru | 22 juin 2012 à 13:28