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13 juillet 2012

Commentaires

Cactus69

Le temps retrouvé ! Merci monsieur Bilger !! J’y reviens sans cesse : si proche, si lointain... si près si loin !! Tiens un cyprès dans le lointain !! Juillet 2012, qu’on était jeunes alors !! Sissi !! Et monsieur sbriglia, Achille etc. sans parler des Dames !! Combien sont morts aujourd’hui ?? Aucun et c’est sans doute grâce à vous, vos écrits jamais vains d’écrivain reconnu ! Vous, mon second Proust pour ne pas dire premier ; je bois vos écrits comme d’autres proches de vous vos paroles et ce jusqu’à plus soif ! Longue vie à vous, monsieur !

Marie-Hélène

Ouf ! Après un tel millefeuilles (votre remarquable billet ainsi que les courriers qu'il a suscités), je reste coite et comme rassasiée... Tout est dans tout et réciproquement, selon Allais ! Voilà ce qu'inspire cette lecture !
Pour la petite histoire, je suis "tombée" chez vous en tapant, dans Google, "exégèse proustienne" pendant la rédaction d'une page de mon journal où je tentais modestement quelque analyse de ma propre lecture de Proust (lecture et relecture depuis 1988, au rythme d'une lecture complète tous les deux ans environ, sans compter les plongées ponctuelles dans l'un des volumes).
Je reste en ce moment perplexe devant l'espèce d'essai - de définition de la littérature et même de l'art en général - que tente Proust à 180 pages de la fin du Temps Retrouvé : comme il ne faisait rien au hasard, mais comme d'autre part je crois savoir que la Recherche a été beaucoup réorganisée après la disparition de l'auteur, je me demande si ces pages où Proust se propose d'expliciter, dans ce qui pourrait être une "master class" littéraire, l'acte créateur de l'artiste à travers les exemples mille fois cités des pavés inégaux, de la madeleine, etc., si ces pages, donc, constituent une séquence inaugurale, une sorte de "préface postfacée" de la Recherche, ou un legs tardif, une synthèse.
Oui, on peut lire Proust tout simplement, et c'est un enchantement. Mais dès la deuxième ou troisième relecture, on ne peut plus que se tenir virtuellement derrière l'auteur, sur son épaule en quelque sorte, en train de se demander pourquoi ceci, pourquoi cela... C'est démoniaque.
Plus je lis la Recherche, plus je me pose des questions ! Les relectures successives ne sont que tentatives d'élucidations, découvertes et corrélations. Voilà pourquoi je manque cruellement d'une bibliographie qui me permettrait de m'y retrouver car, dans cette lecture infinie, je ressens parfois le besoin de clé(s)...
Cela dit, j'adhère à votre affirmation de la simplicité. Pour autant, on ne peut pas passer à côté de la somme que représente cette oeuvre. C'est un roman/ce n'est pas un roman, c'est selon... Diabolique Marcel !
A propos de Céleste Albaret, plutôt qu'un journal imaginé, voyez ou revoyez sans modération l'excellente émission "Océaniques" (1988 environ ? voir INA) de France 3 où l'on trouve de larges extraits d'un documentaire consacré à Proust, me semble-t-il, vers 1964. On y voit Morand, Cocteau et... Céleste, qui raconte l'agonie de son grand homme avec une dignité et une simplicité qui tirent des larmes.
Je vais évidemment me précipiter sur le livre d'Erman.
Vous me voyez "enchantée, ravie, contente" d'avoir découvert votre blog.

Romain

@Thibault

Je ne suis pas d’accord avec vous sur le fait que la Recherche ne soit qu’un roman, une simple juxtaposition de sensations. Il ne faut pas confondre la réflexion de Proust sur la mémoire involontaire et le travail d’ « écriture automatique » des surréalistes qui rejette la Raison. Je pense que certaines personnes (dont vous visiblement) considèrent la Recherche comme un simple roman parce qu’on y parle souvent d’amour, de tristesse, de jalousie…Mais ce qui fait la spécificité de l’œuvre de Proust, c’est qu’on s’identifie sans mal au narrateur tandis que dans un roman « normal », on vit une histoire qui n’est pas la sienne, mais celle d’un héros qui éprouve des sentiments empruntés à la subjectivité et au vécu de l’auteur. Si Proust a réussi cet exploit, c’est qu’il a objectivé les sentiments humains et a tenté d’extraire de chaque sensation, de chaque comportement sa part d’universalité. Cette extraction est un travail intellectuel de haut vol, même lorsque sa matière est le chagrin amoureux ; encore une fois, ce n’est pas parce qu’on parle d’amour que l’on n’utilise pas sa raison (cf Métaphysique de l’amour sexuel de Schopenhauer).
Enfin, pour en revenir à votre citation, elle me semble être très inappropriée pour décrire Proust : tous ceux qui l’ont côtoyé (Barrès, Daudet, Montesquiou…) le qualifiaient avant tout de supérieurement intelligent, il me semble donc peu probable que son œuvre soit plus le produit de ses excès de sensiblerie que de sa grande capacité de réflexion.

Savonarole

"Un soir, dans des embouteillages..."

Ben alors Philippe, c'est terminé le métro ? Vous vous en êtes lassé ?

Jacques fan de SF et autre Fantasy

@ Alex paulista | 14 juillet 2012 à 01:38
Je me réserve pour un billet sur la série des Bob Morane qui, elle, ne m'est jamais tombée des mains.

Je ne peux que vous suivre sur ce chemin-là.
En science-fiction je suis depuis 40 ans la série des Perry Rhodan et le message humaniste qu'il produit.
Certes il n'y a aucune prétention littéraire dans la saga, et la traduction française de cette œuvre allemande laisse souvent à désirer, mais le message n'en est pas moins là depuis le premier tome.

Thibault

@Romain :
"Mme Companeez a raison de répéter à l'envi que ce n'est pas une intellectuelle, c'est sans doute pour ça qu'elle n'a rien compris à l'oeuvre géniale de Proust"

Vous non plus visiblement : "Chaque jour, j'accorde moins de prix à l'intelligence." Marcel Proust.

Je n'ai pas écouté l'émission ni vu d'ailleurs le film et ne vais donc pas me prononcer sur les propos de Mme Campaneez dont je ne connais "l'oeuvre" qu'à travers les propos d'Antoine Compagnon. Il est néanmoins un contresens de faire du livre de Proust un livre d'intellectuel. Il n'a pas écrit un traité mais un roman, même si certains passages sont proches du premier genre, particulièrement dans Le Temps retrouvé . La mémoire a chez lui un statut supérieur lorsqu'elle est non volontaire.Th

Romain

Je me suis empressé d'écouter le podcast de l'émission après avoir lu votre papier. Effectivement, Michel Erman parvient à parler de Proust avec simplicité sans pour autant lui manquer de respect.
En revanche, j'ai été une fois de plus affligé par les propose de Mme Nina Companeez. J'avais déjà été révulsé par son adaptation de la Recherche, une tentative malheureuse de reconstitution de l'univers proustien qui mettait en scène un narrateur efféminé à l'excès. Son film - qui fut par ailleurs un échec retentissant - interdisait toute identification au personnage et nous narrait de manière pitoyable l'oeuvre sous forme de flashbacks pornographiques et d'hallucinations.

Mme Companeez a visiblement plus d'un tour dans son sac pour salir l'image de Marcel Proust et par la même occasion ceux qui en sont prosélytes : sur Inter, elle nous décrit la Recherche comme une sucrerie pour petite jeune fille de 17 ans qu'on lirait comme un roman à l'eau de rose entre deux stations de métro. C'est grotesque. Lire la Recherche nécessite d'avoir des qualités d'observateur, d'avoir du recul sur ses passions et une maîtrise certaine de la langue française. Or je ne suis pas sûr que les jeunes filles en fleur de 2012 soient très nombreuses à posséder ces qualités. Il faudra d'ailleurs m'expliquer comment une femme peut ressentir le dépit amoureux du narrateur face à Gilberte et Albertine (qui est à peu près la seule chose susceptible de toucher profondément un adolescent dans la Recherche) qui ne peut pas être transposé au sexe opposé... Mme Companeez a raison de répéter à l'envi que ce n'est pas une intellectuelle, c'est sans doute pour ça qu'elle n'a rien compris à l'oeuvre géniale de Proust

Jean-Dominique Reffait

Je suis en vacances et ne dispose pas toujours des moyens de poster un commentaire, moyens techniques mais aussi intellectuels, lesquels sont tout entiers dévolus à l'analyse météorologique de l'heure qui vient. Ni désespérément perdu ni définitivement retrouvé, je suis à la recherche du beau temps !

Je suis en accord avec ce que vous écrivez à propos de Proust mais je ne suis pas tenté pour autant de lire une excellente biographie. Pour moi, Proust, c'est la Recherche et rien d'autre, je l'identifie totalement à son narrateur, je m'en voudrais de découvrir un décalage entre le roman et la réalité, aussi passionnante soit-elle. C'est sans doute ainsi que s'est pensé Proust lui-même, écrivain à temps plein.

Oui, Proust est simple, drôle et les exégèses savantes dont j'ai été abreuvé depuis mon jeune âge d'étudiant m'ont toujours paru tenir à rendre inutilement complexe une oeuvre limpide. Limpide parce qu'à chaque page, Proust nous renvoie à notre expérience enfouie de l'intimité, il révèle les évidences du tréfonds et combien de fois ne pense-t-on pas : "Mais bien sûr, c'est tout à fait ça !" Et même lorsque sont évoqués des mondes disparus, des attitudes ou des comportements qui ne nous sont pas étrangers, Proust rend compte de l'universalité de l'âme humaine et l'âme de Charlus n'est pas moins la nôtre. Je suis sensible à ce jaillissement de l'évidence, à cette communauté humaine des âmes et c'est pourquoi je ne me sens nullement attiré par la singularité de l'homme Proust, je crois, peut-être abusivement, le connaître mieux par la Recherche que par les épisodes factuels de sa vie réelle.

Véronique Raffeneau

@ Boris

Mon intention n'est pas d'engager une polémique quant à la nature des liens puissants et singuliers qui ont uni Céleste Albaret à Marcel Proust.

Ce que vous dites est fort intéressant: je conçois bien l'écart invraisemblable entre une bourgeoisie mancelle de rentiers versés dans les assurances, dont les bonnes doivent payer sur leurs gages les objets cassés, et un boulevard Haussmann, abri en ce monde qui réunit un écrivain malade, suffocant et sa Céleste-Pieta.

Mais si je ne connais Céleste Albaret que par le biais du journal imaginaire de Lina Lachgar, je considère que l'auteur du journal imaginaire est familier du huis clos qui pendant neuf ans, selon Céleste dans les souvenirs que vous citez, ont permis à la gouvernante-servante-bonne de "devenir quelqu'un".

J'ai voulu réagir à votre phrase:

"clairement amoureuse de son patron, elle manifeste vis-à-vis de ses goûts sexuels un aveuglement éploré qui fait plaisir à voir."

Je préfère la démarche fondée sur l'imaginaire de L. Laghar aux analyses basées sur les souvenirs de Céleste, que je n'ai pas lus, mais qui dans mon esprit, sans doute à tort, reproduisent en premier ce que les inconditionnels de MP attendent d'elle, bref des souvenirs mis en forme qui décrivent la façon dont ils la voient eux, un personnage de leur mythologie, une pièce de leur musée.

A ce titre, le témoignage imaginaire m'apparaît plus authentique.

"C'est grâce à la gentillesse et à la bonté de Monsieur Proust, je puis vous le dire, que je suis devenu quelqu'un". (les souvenirs que vous avez cités).

Le projet littéraire de L. Lachgar a été de donner à voir ce quelqu'un.

Seulement cela: ce quelqu'un que les idolâtres ne voient pas au-delà de ce qu'ils regardent.

Boris

@ Véronique Raffeneau

Il me semble que vous citez un journal imaginaire : quelle que soit sa qualité littéraire, sa vocation n'est pas de donner un témoignage.
Les mémoires de Céleste Albaret, Monsieur Proust, que j'ai lus avec avidité, ne laissent aucun doute sur un attachement profond doublé de fascination, que vous pouvez appeler comme vous voulez. Mais enfin, ce texte, lissé par l'éditeur, est peut-être une belle infidèle.

Je me permets donc de faire référence à un extrait d'entretien donné par Céleste à Jean Plumeyne, et publié en 1971. Je n'étais pas là, mais on assure que c'est une transcription textuelle.

"Mais alors, vous savez, quand il me parlait, [...] il ne m'a jamais commandée...
« Chère Céleste, est-ce que je pourrais vous demander, est-ce que vous pourriez me procurer ça, dans une limite de temps très court, pour que je n'attende pas... » (parce que c'était un homme qu'il ne fallait jamais faire attendre).
J’étais jeune et j'ai fait ceci avec amour. [...]
Il m'avait modelée. j'étais jeune, sans vice, sans histoire, et je me suis attachée, comme un enfant s'attache à sa mère, à lui... Tout me plaisait dans lui. Il était extraordinaire de raffinement, de délicatesse, de pudeur."

On sait le gouffre social et le mépris immédiat qu'il pouvait y avoir, vers 1915, entre une bonne et son patron. Vous pouvez aller chercher d'innombrables soeurs Papin, mais le passage des Jeunes filles où le narrateur dit que Françoise "ne savait rien, dans ce sens total où ne rien savoir équivaut à ne rien comprendre", est déjà explicite.
Il est satisfaisant de savoir que Proust n'a jamais condamné Céleste à cette inexistence. Même si l'amour en question diffère de ce que Marcel ressent pour Albertine - entre autres parce qu'il ne peut qu'être platonique, unilatéral et respectueux des distances - le mot est là. Ce n'est pas une honte, quand même...

Jeanne

@sbriglia

Petite dédicace : "La mer fascinera toujours ceux chez qui le dégoût de la vie et l'attrait du mystère ont devancé les premiers chagrins, comme un pressentiment de l'insuffisance de la réalité à les satisfaire."

Pietri S

De quel livre est-il question ?

Le Bottin proustien : Qui est qui dans la Recherche

OU

Proust, Sodome et Gomorrhe

du même auteur

Je penche pour le premier MDR

Merci si une réponse est apportée

Véronique Raffeneau

@ Boris

"...clairement amoureuse de son patron, elle manifeste vis-à-vis de ses goûts sexuels un aveuglement éploré qui fait plaisir à voir. Et on y trouve la simplicité dont vous parlez."

Sans vouloir faire de l'exégèse quant à la nature des liens qui ont uni Marcel Proust et Céleste Albaret - ce dont je serais bien incapable - je crois qu'il est réducteur de parler de CA comme le faites.

"clairement amoureuse de son patron..."

Rien n'est moins clair - au sens évident.

Si je m'attache à "Vous, Marcel Proust" que j'ai cité plus bas, l'auteur décrit tout sauf une sorte de servante vieillie amoureuse de son patron, mais plutôt, depuis la disparition de Monsieur l'exil d'une femme lestée des ordinaires désespérants du quotidien, où le jour et la nuit ne se mélangeront plus.

"Vos yeux, Monsieur, semblaient voir au-delà de ce que vous regardiez".

Imaginez la désolation des années de Céleste privée à jamais "des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique." (portrait de MP par A. Daudet rapporté par un commentateur).

Imaginez le désert et son silence de plomb.

Alex paulista

J'aimerais m'associer à tant de louanges éclairées, mais comme je n'ai jamais pu terminer À l'ombre des jeunes filles en fleurs, je préfère passer mon tour.

Je me réserve pour un billet sur la série des Bob Morane qui, elle, ne m'est jamais tombée des mains.

J-Y Bouchicot

Marcel Proust au restaurant Weber entre 1900 et 1905 (Salons et Journaux, chap. IX)

« Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. C’était l’auteur de ce livre original, souvent ahurissant, plein de promesses : Du côté de chez Swann, c’était Marcel Proust. » (Croquis de Proust par Léon Daudet)

Boris

Monsieur Bilger, Proust est bien des choses, mais pas drôle. Aussi je vous conseille les mémoires de la bonne de Marcel, Céleste Albaret, qui datent d'une bonne quarantaine d'années ; clairement amoureuse de son patron, elle manifeste vis-à-vis de ses goûts sexuels un aveuglement éploré qui fait plaisir à voir. Et on y trouve la simplicité dont vous parlez.

Sinon, à chaque fois que je lis la Recherche, pas plus d'un volume tous les dix ans, je suis frappé par le caractère musical de ses phrases : au bout de deux cents pages, je me dis que je l'ai coincé dans la tête et qu'il serait facile de le pasticher. Grave erreur !
J'ai aussi rencontré, il y a une dizaine d'années, un baron de Charlus. Enfin pas littéralement, il n'y a plus de fiacres ni de cochers, mais dans l'esprit. Il parlait moins bien que l'original sortant du salon de Madame de Villeparisis, et puis je n'étais visiblement pas l'arbuste humain qu'il lui fallait... Une affaire de lanternes, sans doute. Mais il y avait un petit air de famille.

Mary Preud'homme

L’art de Proust fut de rendre aux êtres et aux choses les plus ordinaires, les plus humbles, leur beauté originelle en les débarrassant de leur gangue et en les éclairant de la lumière de son style, de l’acuité de son regard de visionnaire, non pour enjoliver le réel, mais pour le transfigurer.
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Pour le reste l'autopsie même littéraire n'étant pas ma tasse de thé, j'évite généralement de lire les livres de critiques ou d'experts qui dissèquent doctement une oeuvre de l'esprit ou un auteur.

J-Y Bouchicot

@ Achille

Quel dommage ! J'aurais tellement aimé lire une des fines exégèses dont il régale régulièrement les lecteurs de ce blog, avec ce sens de la nuance qui lui aurait permis de nous éclairer sur cet auteur juif, homosexuel et ami proche de Léon Daudet. Si ce n'est pas un cas emblématique de la complexité, cela !?...

Véronique Raffeneau

Pour ceux qui comme moi n'ont jamais osé lire "A la recherche du temps perdu", rien que de lire ceux qui font profession de l'avoir lu, on se sent d’emblée trop écrasé, pas assez à la hauteur de leur cathédrale :

"Monsieur était toujours l'extrême des autres"

"Depuis votre départ, je suis seule dans nulle part."

"Désormais sans vous, je ne fabrique que du chagrin. Mes larmes s'arrangent entre elles. Je suis toujours à vos ordres, Monsieur. Vous n'avez qu'à ordonner. Mais vous n'ordonnez plus rien. J'attends quand même."

(phrases extraites de "Vous, Marcel Proust : journal imaginaire de Céleste Albaret " - Lina Lachgar, Editions La Différence 2007)

Lina Lachgar a imaginé le chagrin, les jours et les nuits de Céleste Albaret, la gouvernante de Marcel Proust, après le décès de Monsieur.

J'aime à penser que ce petit livre d'à peine 150 pages, que j'ai adoré il y a quelques années, constitue l'épilogue secret de la biographie de Michel Erman que vous avez aimée, et qu'il restitue à sa manière délicate et déchirante :

"(l’) être singulier contraignant sans cesse autrui à osciller entre l'admiration éperdue ou la dérision sotte, un zombie des nuits venant à l'hôtel Ritz quêter un peu de fraternité, de chaleur et de tendresse avant la fin, avant sa mort, sans avoir eu le temps de terminer le Temps retrouvé."

Jacques

Proust ?
Je me souviens avoir eu une de ses œuvres entre les mains durant ma scolarité et je dois humblement dire que je n'avais pas du tout accroché.
Peut être devrais-je réessayer mais le cœur n'y est pas.

@sbriglia

Entre Proust et Nothomb heureusement il reste beaucoup d'auteurs à savourer.
En musique je vous trouve terriblement réducteur. Bien qu'aimant beaucoup Bach, j'ai un gros faible pour Mozart.

Bonne fin de semaine à tous.

Achille

@ J-Y Bouchicot

Je crains que ce ne soit pas sa madeleine…

adamastor

@sbriglia
Voyez... quand je pense que certains, beaucoup, pensaient le service militaire inutile... Vous n'avez pas... perdu votre temps.

J-Y Bouchicot

J'avoue que j'ai du mal à maîtriser mon impatience à lire le commentaire de Sylvain sur un sujet aussi brûlant. :-)

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« Partir à la recherche de Marcel Proust, c'est nous retrouver. »

En fait la première fois que j’ai lu Proust (La prisonnière) je me suis passablement em... au point de résolument éviter son œuvre. Et puis j’y suis revenu « sur le tard » grâce à quelques amis qui ne tarissaient pas d’éloge sur lui. Et maintenant je trouve même un certain plaisir à le lire à condition d’avoir un environnement qui s’y prête, bien sûr.

Sur un transat, à la plage, je pense que l’environnement convient parfaitement…

sbriglia

Un jour, dans la bibliothèque des officiers du CIN de Saint-Mandrier où j'effectuais mon service, je délaissai le Jane's dans les pages duquel je m'entraînais à reconnaître inutilement les silhouettes des navires de guerre pour, mesurant la vacuité des mois qu'il me restait à contempler, désoeuvré, la mer, décider de gravir la montagne magique : je dévorai "La Recherche" en quelques semaines et pris alors, à cette occasion, la mesure de ce que pouvait être une parfaite musicalité de la phrase, le diapason de référence auprès duquel des ersatz viendraient mourir chaque "rentrée littéraire", tels de misérables phalènes.

Un seule page de La Recherche pour toute l'oeuvre de Nothomb et tant d'autres !

Comme il y a Bach en musique, il y a Proust en littérature : deux collines sacrées que, depuis près de cinquante ans je ne cesse, tel Sisyphe, de gravir.

Allez, Philippe, vous pouvez partir (en vacances, ne dramatisons pas) heureux... le livre est sur ma liste.

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