Anne Sinclair continue à donner l'exemple d'une femme qui ne se répand pas et sait garder en elle les fulgurances et les douleurs des orages intimes (Le Parisien).
DSK, lui, a été honteusement pris à partie alors qu'il traversait un champ en Corse avec des amis. Le journaliste qui les a interpellés considérait comme indigne la présence d'un violeur comme lui. On est tombé sur la tête. On est revenu aux anciens temps où les lépreux étaient chassés, exclus, retranchés de notre humanité. Je ne parviendrai jamais à comprendre ces attitudes qui se drapent apparemment dans la morale mais sont au fond d'une dureté qui n'a rien à voir avec une quelconque éthique. Les justices américaine et française sont saisies, qu'on les laisse faire ! Si elles ne l'étaient pas, ma propre indignation me suffirait d'exutoire. Quel besoin de toujours plus accabler celui que le destin a déjà gravement et pour longtemps frappé.
Le lépreux et la reine.
Anne Sinclair a magnifiquement résisté aux féministes donneuses de leçons qui croyaient pouvoir déchiffrer une âme et une personnalité qui leur étaient totalement étrangères.
Je me souviens de l'époque où à 7 sur 7, AS dominait le paysage télévisuel, où son influence, sa compétence et son charme lui permettaient de nous offrir sur son plateau les invités les plus prestigieux. Elle refusait obstinément d'accueillir Jean-Marie Le Pen auquel un contentieux l'avait opposé et, plus profondément, sa sensibilité et ses convictions. Je m'étais interrogé sur son rôle. Y avait-il une obligation à prendre en charge médiatiquement ou non un leader d'extrême droite qui représentait une part non négligeable de l'électorat ? Puis elle a quitté 7 sur 7.
Du temps a passé, la catastrophe américaine est survenue puis les révélations françaises sur le réseau du nord de la France.
Les rares billets que j'ai écrits sur ces événements qui avaient bouleversé leur existence et changé du tout au tout notre vie politique étaient sincères mais limités, j'en avais conscience, par le fait qu'une humanité qu'on a croisée, côtoyée n'autorise plus une expansion totale. Un jour, AS m'a proposé d'écrire des articles sur le site français qu'elle avait l'intention de créer sur le modèle du Huffington Post. J'ai accepté avec enthousiasme.
Cela s'est fait.
Puis le couple s'est séparé.
Et AS est aujourd'hui, de son propre aveu, une femme libre, qui travaille, qui aime ses six enfants (elle inclut ceux de DSK) et qui à l'évidence porte haut l'allure dont elle semble avoir fait une exigence sur tous les plans.
Beaucoup, moi le premier, ont pu être surpris par une domination presque surhumaine d'elle-même, une volonté affichée et maintenue de défendre et de protéger jusqu'à un certain point qu'elle seule avait déterminé, par le souci de demeurer maîtresse de son destin au milieu des tempêtes comme après leur apaisement.
Tout est devenu lisible, après, et j'ose dire que certaines péripéties présidentielles nous ont rendu infiniment sensibles à la grâce, au silence et à la tenue d'AS.
Une reine.
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