Depuis quelque temps, il est devenu de bon ton de dénoncer la prolifération des blogs, de se demander "lequel rend le plus idiot, Facebook ou Twitter" et de déplorer, à cause de ces modes de communication d'aujourd'hui, "la décrépitude de la pensée" (Marianne, Le Monde).
A vrai dire, je n'aurais pas eu envie de m'aventurer sur ce terrain si dans un portrait sulpicien de Christiane Taubira par Agathe Logeart (Le Nouvel Observateur), celle-ci bizarrement ne m'avait pas traité de "blogueur compulsif" comme pour me punir de ne pas avoir été un inconditionnel de cette ministre cependant estimée. Compulsif parce qu'écrivant un billet seulement tous les deux jours ? Apparemment je sais ne pas succomber durant un certain temps, sans trop d'angoisse, à cette force prétendue irrésistible.
Mais derrière ce qualificatif qui vise le blogueur, n'est-ce pas plutôt l'exercice du blog qui est incriminé, ce genre étrange où des citoyens se piquent de vouloir écrire sur des sujets réservés aux journalistes et qui, outrage suprême, dament le pion parfois à ceux-ci ?
Je ne suis pas sur Facebook et je n'ai aucune envie de m'y trouver. Je m'adonne aux tweets depuis quelques mois seulement mais j'avoue y prendre un plaisir infini. Je ressens comme une agréable et honorable dépendance. Quant au blog, je le tiens avec le plus de régularité possible depuis le mois de novembre 2005 et au mois d'octobre 2011 j'ai eu le droit de l'élargir à tout ce que ma condition de magistrat m'interdisait.
Je devine que ces procès qui s'en prennent à ce qu'on donne l'impression de ne plus maîtriser sont inévitables.
Il y a eu l'offensive à l'encontre d'Internet avec cette tendance de l'esprit humain paresseux, faute de savoir combattre le pire, de prétendre aussi engloutir, dans le néant, le meilleur. Alors qu'il suffisait et qu'il suffit toujours de prendre ce que la modernité pointue offre et d'en faire un usage lucide et responsable. Ce n'est pas Internet qui est coupable mais les faibles qui s'en rendent victimes.
Pour Twitter, il en est de même.
Immédiatement, sans que j'aie eu même besoin de réfléchir à ce partage, j'ai perçu que le blog s'attacherait non pas forcément à du sérieux et à du grave mais en tout cas à ce qui pour être exposé et discuté exigerait de la place et du temps. Le dérisoire et le futile peuvent avoir droit de cité mais ils ne seront pas obligatoirement traités à la légère. Le blog exige une tenue, une cohérence, une argumentation et s'il s'abandonne aux paradoxes, il ne se défera pas pourtant d'une logique qui tentera de donner du prix à ses foucades. Le blog permet beaucoup mais n'autorise pas tout.
Entre le silence et le blog, Twitter est venu miraculeusement s'intercaler.
En 140 signes - quelle belle ascèse pour les gens qui comme moi n'ont jamais eu le temps pour faire court !-, la pensée (mais oui, elle peut exister), la saillie, la dérision, la moquerie, le sarcasme, l'acidité, l'interrogation, le compliment, la critique, l'analyse (mais sommaire !), l'éloge, la reconnaissance, la nostalgie, l'estime, l'admiration, la détestation, la contradiction, l'information de première main ou reprise sont susceptibles de s'exprimer, se présentent sans fard ni apprêt car la densité obligatoire de la forme contraint le fond à se structurer avec économie mais précision. Ils passent si vite, ces 140 signes, et rien de plus exaltant que d'enlever, de retirer parce que, sans cette opération qui n'est pas un arrachement mais une volupté, cette fragile communication à laquelle on a la faiblesse de tenir ne verrait pas le jour.
J'avoue aussi que cette nécessité de rassembler et de raccourcir rend moins intimidantes les attaques, celles qu'on subit, celles qu'on mène. L'agression, de surcroît souvent courtoise, devient un jeu qui ne cause aucune blessure puisque les mots surgissent et s'effacent avec trop de promptitude et de vivacité pour faire vraiment mal. Twitter peut en certaines circonstances massacrer mais qui est assez fou pour prendre au tragique ces offenses quand elles ne manifestent tout au plus que le talent ou l'acidité de celui qui les cause ?
Contrairement à ce qu'on laisse entendre, les blogs, Twitter ne sont pas destinés à créer la sensation de l'existence chez ceux qui en usent. Cette approche est à la fois condescendante et fausse. Je ne twitte pas pour être.
Je suis donc je twitte. Donc je suis blogueur. Donc je communique. Donc je parle et j'écris.
C'est parce que nous sommes en vie et que la vie souvent nous offre cette sensation rare d'être attendus, de croire qu'on nous attend, qu'on nous espère, que nous transmettons nos messages. C'est parce qu'à tort ou à raison nous nous flattons d'être une seconde irremplaçables que nous osons twitter, rédiger des posts, ouvrir des fenêtres et démontrer notre présence, pas seulement la montrer. Acceptons l'évidence que l'orgueil, mais un orgueil modeste, digne, sans arrogance, se trouve au coeur de la multitude qui vient donner sens à ces modes de communication qui demeuraient vacants en l'attendant : il faut tout de même se persuader que nous valons la peine d'être vécus par les autres.
Il y a dans Twitter et dans les blogs la certitude enracinée que le peu que l'on est, que l'on a, mérite d'être formulé. Ils relèvent de cette invention permanente de l'humanité élaborant les moyens d'être à la hauteur d'elle-même.
Twitter a besoin de nous. Pas l'inverse.
Je suis donc je twitte. Nous ne twittons pas pour être mais parce que nous sommes.
Herman, l'un n'exclut pas l'autre et une société de l'instant n'abolit pas le travail de fond. Nous vivons avec une vision faussée du passé : il nous reste Molière, Racine, La Fontaine ou Corneille du Grand Siècle d'où nous déduisons qu'on savait prendre le temps de produire des oeuvres de qualités à l'époque. Mais Twitter existait à sa façon, c'était les salons, les libelles, les mauvais sonnets publiées par n'importe qui n'importe comment et qui ne faisaient rien d'autre que de réagir à l'instant. Imaginez-vous que Saint-Simon se serait passé de Twitter s'il en avait eu la disposition ? Et La Bruyère, Mme de Sévigné, et Scarron et cette langue de p... de Racine ?
Toute société produit son écume, partant il faut des écumoires. Rien d'indigne là-dedans, sauf à considérer du haut de son monastère tibétain que la fréquentation du monde est une pollution de l'esprit.
Rédigé par : Jean-Dominique @ Herman | 06 août 2012 à 11:03
Et pourtant...
La solitude...
Rédigé par : Alex paulista | 05 août 2012 à 04:24
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Valérie | 03 août 2012 à 16:29
Oups ! Desolee... mais je suis plus triste que twist et plutot grincheuse que guincheuse.
Bon week-end.
Rédigé par : Valerie | 04 août 2012 à 14:01
Le marché aux "C" de Boris :
Chris M., Cioran, Cicéron, Castaldie de H.H.!
Un fait exprès sur le sujet du tweet ?
Rédigé par : calamity jane | 04 août 2012 à 10:18
@JDR
Comment ça, une société de l'instant ?
Mais votre société de l'instant, libre à vous de l'apprécier de la sorte, seulement il se trouve quelques résistants à cette société "de l'instant", dont j'espère encore faire partie. Et je ne troquerai clairement pas un bill de "Justice au singulier" pour la moindre mièvrerie postée par un "tweet" cherchant à faire rentrer une pensée qui nécessite un langage SMS pour se déployer correctement dans l'espace accordé par ce moyen (à lire très rapidement...).
Un idiot est né, soyons idiot ?
Rédigé par : Herman | 04 août 2012 à 03:13
Chris Marker dit quelque part que le bruit finit par tout recouvrir. Et Cioran, que nous mourons en proportion des mots que nous jetons autour de nous. De ce point de vue, des blogs comme le vôtre représentent des îles de musique lentement submergées par l’entropie. Vous m’excuserez, mais twitter, c’est quand même, la plupart du temps, trop court pour être autre chose que de la novlangue. Evidemment, il ya des exceptions, et puis, Cicéron se plaignait déjà de la qualité de ses roseaux…
Quant aux plumes sergent-major, je veux bien en dire du mal, car elles ne sont que des succédanés décadents de la plume d’oie. Mon rêve : une civilisation qui produirait à la fois des scriptoria bénédictins et des cachets de pénicilline. Quelque chose comme la Castaldie d’Hermann Hesse. Un peu élitiste, mais il n’y a que ça sur le marché : les univers de la fantasy s’accommodent mal des antibiotiques.
Rédigé par : Boris | 04 août 2012 à 01:06
@ Achille,
Voudriez-vous d'une boîte de plumes sergent-major ? Il doit bien m'en en rester une petite dans mes cartons !
@JDR
L'inéluctabilité, cela me rappelle furieusement celle des Marchés, le nouveau dieu de la planète finance... Il ne nous reste qu'à nous prosterner et très humblement quand on n'a pas de fortune !
Pourquoi, sans être réac, devoir tout accepter d'une société devenue imbécile et perverse ?
En revanche, des outils comme la tablette informatique sont effectivement des progrès, surtout pour les personnes réfractaires au monde du PC ou à l'acquisition des bases de l'informatique et de la bureautique.
Rédigé par : Robert | 03 août 2012 à 23:16
Pour certaines personnes habituées à confisquer l'expression publique, l'émergence des blogs ne pouvaient être qu'une aimable récréation confidentielle et plus il y avait de blogs, mieux ce pépiement était dilué, laissant aux véritables autorités médiatiques la part substantielle du marché des idées. Aussi est-il insupportable que certains blogueurs, par leur régularité jamais démentie, puisse gagner l'influence qui leur fait de l'ombre. Parle-t-on d'un éditorialiste compulsif quand il pond un papier chaque matin ? Non, pour lui, c'est légitime, il est professionnel, il est payé pour ça.
Il est payé pour ça et pas vous. Le reproche qui vous est fait est de produire gratuitement et en mieux ce qu'un éditorialiste estime devoir être très chèrement payé. Vous démontrez qu'un citoyen éclairé, s'il en a la persévérance et le talent, peut surpasser l'influence du professionnel vedette, vous cassez la facilité du métier. Et c'est vrai qu'avec l'apparition de blogs de très grande qualité, certains éditoriaux classiques de la presse traditionnelle paraissent bien fadasses en enfonçant doctement les portes ouvertes. C'est ainsi qu'à vous lire et d'autres, on comprend que nombre de journalistes de renom ne sont pas au niveau. C'est insupportable pour eux.
Comme est insupportable la prise de possession de l'expression avec Facebook ou Twitter. Et je lis ici des propos bien aigres de ceux qui ne comprennent pas encore qu'un outil de l'instant a son utilité dans une société de l'instant, que l'on peut pester contre cette évolution mais que la technique et l'imagination rendent malgré tout inéluctable.
J'avoue avoir du mal avec Twitter, le rythme est incontestablement très rapide et je ne peux suivre. Je trouve davantage mon compte sur Facebook qui permet de se poser, mais j'ai commencé cet été de coupler Twitter et Facebook pour tester l'usage d'un outil unique sur ces deux plates-formes.
Mais j'avoue qu'à l'occasion de quelques événements médiatiques futiles, la lecture de certains fils de tweets est désopilante. 140 caractères, c'est parfois une concentration de talents.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 août 2012 à 22:28
Je suis celui qui corrige son post précédent :
"Le tétragramme YHWH serait, de l’avis général des grammairiens juifs du Moyen Âge, conforté par celui de Baruch Spinoza, une flexion verbale artificielle de la racine trilitère היה, HYH (« être, devenir, arriver »)."
D'où 3= 4
Fallait y penser...
Rédigé par : Nath | 03 août 2012 à 21:15
Désolé de vous le dire ainsi, cher Philippe, mais après avoir visité votre compte twitter je ne peux que me ranger derrière Savonarole, vous vous dégradez dans cet exercice. Certes, vous pensez les "autres" sensibles à vos tourments gentro-politiques, mais tous ces ânes ne feront que se prosterner devant votre billet, s'imaginant qu'un "je twitte donc je suis" vaut bien un "je suis donc je twitte".
Twitter est le Facebook du snob, on n'y détaille pas son quatre-heures, mais pourquoi on l'a vomi, nuance...!
Rédigé par : Herman | 03 août 2012 à 19:57
«Je suis donc je twitte» :
La question de l'être devenue la question de l'identité au travers du « gazouillis » informatique. Vous m'en direz tant!
Ainsi c'est donc par l'être qui est manifestement d'autorité, que le tapotage du clavier dans l'enceinte des cent quarante mots dépose l'utilisateur comme Sujet dans le vif du réseau social au bord de la béance de la vérité et du mensonge de l'information qui médiatise son immédiateté et surgit dès lors créatrice de son rapport à lui-même et à l'autre, utilisateur autorisé ou anonyme...!
CQFD en moins de cent mots, y inclus les présents.
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 août 2012 à 17:45
Dans la famille "Je tweete donc j''essuie", je demande le tétragramme ! J'essplique :
Tétra = 4. Mais où est donc passé le 4ème cygne dans JHW ?
Mais c'est le "vav", bien sûr, oublié par Lao Tseu !
Donc, en chinois-hébreu, on aurait dû lire "Yod Hé Vav Hé" !
Sacré Lao Tseu va !
Rédigé par : Nath | 03 août 2012 à 17:06
Même si l'on n'était pas né en 1962, on peut néanmoins avoir appris à danser le twist, le madison et le rock pour ne citer que ces trois danses cultes des années soixante.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Valérie | 03 août 2012 à 16:29
C'est curieux, pas un tweet sur nos têtes blondes qui amassent des médailles à London, en natation, mais que de tweets n'avons-nous pas lus ici sur nos exécrables footballeurs...
L'échelle de Darwin montre bien que Pithécanthrope aurait pu jouer au foot, alors que pour arriver à la cueillette, il a fallu attendre homo sapiens, car il fallait allonger les bras, comme si on nageait.
On pourrait donc situer le foot et la natation sur l'échelle de Darwin.
Rédigé par : Savonarole | 03 août 2012 à 14:05
Rédigé par : Mary Preud'homme | 02 août 2012 à 22:19
Rédigé par : eileen | 03 août 2012 à 07:20
Trop jeune pour avoir jamais danse le twist, mais suffisamment agee pour que la memoire ressurgisse (pas seulement pour le meilleur :)), je me rappelle neanmoins les anciens etre horrifies par ces danses qui ne se pratiquaient pas en couple comme dans leur jeunesse a eux !!!
"C'est quoi un tweet ?
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 03 août 2012 à 01:11
Comme le dit Dame Pietri S le 03 août 2012 à 10:37, ne confondons pas "gazouillis" et "gargouillis" !
Rédigé par : Valerie | 03 août 2012 à 13:58
@ Robert
Je constate qu’il y en a encore ici qui écrivent leurs commentaires à l’encre violette, avec une plume Sergent-Major qu’ils trempent dans un encrier Waterman… :-)
Rédigé par : Achille | 03 août 2012 à 12:09
Vivre serait-il clamer sa vérité comme pour appeler Dieu au secours, tant on en est si peu sûr ?
Vivre serait-il être l’être face à l’être ? Serait-ce être le « dasein » ?
Vivre et être, confusion fatale ou sanctifiante ?
Pour ma part, il s’agit d’éclairer son prochain, d’accomplir son devoir de chrétien et sa promesse de scout. Alors j’assène des vérités avec l’épée dont le Christ nous a recommandé de ne jamais nous défaire.
A propos de savoir si je suis celui qui suis, voici celle du jour :
« Celui que vous regardez et que vous ne voyez pas, se nomme J ; celui que vous écoutez et que vous n’entendez pas se nomme Hi ; celui que votre main cherche et ne saisit pas, se nomme Wei. Ce sont trois êtres qu’on ne peut comprendre, et qui, confondus, n’en font qu’un.
Voilà JHW, le tétragramme du dieu des juifs ; sauf que ce qui précède provient de la tradition chinoise et est cité par Lao Tseu.
Je n’ai pas encore osé penser que JHW ait été importé de Chine comme l’a été de tous azimuts ce qui est dans l’Ancien testament.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 03 août 2012 à 11:31
Votre billet tombe à pic !!!
On ne remerciera jamais assez VT, grande ambassadrice de choc et de charme de ce nouveau canal de communication.
Se joue en ce moment sur les planches parisiennes (au caveau de la République) "Ne me tweete pas".
http://www.offi.fr/theatre/caveau-de-la-republique-1655/ne-le-tweete-pas-45540.html
Rédigé par : RF | 03 août 2012 à 10:57
Robert 22.32
Excellentissime, les mêmes qui se veulent libres ! ! sont addicts à leur fil à la patte, partout, toujours, mais plus encore à quoi tient ce besoin de certains d'être lus, de s'adresser -et non de communiquer- à des milliers de followers qui ne sont pas des amis, juste une sorte de e.annuaire téléphonique... le tweet ce gazouillis ressemble à souvent pas grand-chose, pourquoi ne pas réinventer le morse LOL
Le tweet est la tendance de certains jeunes dont la manie consiste à raccourcir tout : "gastro" selon le contexte est soit de la gastronomie, soit une gastro-entérite... le bavardage est désormais une succession de borborygmes dont le vecteur est le tweet !
La communication précède une action, un tweet est juste un bavardage, un avis lancé à la volée !
Rédigé par : Pietri S | 03 août 2012 à 10:37
Valérie, bien vu sauf que l'un était du vrai partage, une sorte de communion... "transpirons ensemble", alors que l'autre est une distraction solitaire... au nom de la communication !
Rédigé par : eileen | 03 août 2012 à 07:20
C'est quoi un tweet ?
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 03 août 2012 à 01:11
Ah ! les cui-cui des matins clairets ! Et le bruissement des feuillages dans le silence du soir... éternelle nature
et ses signes.
Rédigé par : calamity jane | 02 août 2012 à 22:57
Je n'aurai pas l'excès de propos d'oursivi, mais je le rejoins sur le fond. Et à titre personnel, je n'ouvrirai jamais de compte Facebook ou Twitter. Et ce pour une seule raison : j'estime qu'on finit d'y aliéner sa liberté.
Déjà nos téléphones portables et nos traces sur le réseau Internet font que nous sommes suivis en permanence, que Google est le plus gros compilateur de données personnelles pour l'usage d'on ne sait qui (?)...
Quant aux 140 caractères, c'est après tout un simple exercice de synthèse. Et puis, si les 140 premiers caractères sont insuffisants, pourquoi ne pas en envoyer un deuxième pour compléter le premier ? Auquel cas on en revient à la messagerie traditionnelle.
Mais Twitter ou Facebook sont surtout des révélateurs de narcissisme. Combien jubilent au nombre "d'amis" ou de "followers" ? Si le progrès c'est cela, je m'en passe et m'en passerai aisément.
Il paraît que la messagerie Internet est dépassée. Certes, puisqu'elle découle des procédures de messagerie militaire datant au moins de la dernière guerre mondiale et codifiée par l'OTAN sous des textes que l'on appelait il y a très longtemps "ACP 127". Et lorsque l'opérateur faisait du morse, le texte devait déjà être très synthétique, exercice d'école du rédacteur de messages... Et là, Twitter n'a rien inventé ! Puisque c'était alors une règle absolue, compte tenu du débit des réseaux manuels...
La messagerie Internet offre en réalité tous les moyens du courrier, tant du fait de l'absence de limite dans le texte autre que celle de l'affichage que du fait de pouvoir joindre des pièces dans tous les formats imaginables. Mais notre système ne vit que par la ringardise supposée et par l'obsolescence programmée de tous les systèmes.
Rédigé par : Robert | 02 août 2012 à 22:32
Sauf que le tweet du pouce droit ou gauche en solitaire n'est pas très dansant et moins que convivial. Contrairement au twist des années soixante qui fait bouger tout le corps et met encore le feu pour peu que l'on se laisse aller.
Do you remember when...
"Who's that thing up there ?
Is it a bird ? (No... )
Is it a plane ? (No... )
Is it a twister ? (Yeah ! )"
Mais savez-vous danser le twist Valérie ?
Rédigé par : Mary Preud'homme | 02 août 2012 à 22:19
Lecture d'été : "De la conversation" de Theodore Zeldin.
Un Anglais qui aime la France ne peut nous laisser insensibles.
"La conversation", vue par Theodore Zeldin...
« La culture française a dominé le monde par son art de la conversation (particulièrement au XVIII° siècle). Si, actuellement, la culture française est dans un état de crise sans précédent, c'est parce que l'art de la conversation concernant des sujets essentiels s'est transformé en une dialectique sur des sujets futiles »
Theodore Zeldin, historien sociologue anglais.
Rédigé par : Savonarole | 02 août 2012 à 21:42
A deux lettres pres et quelques annees...
"Chubby Checker - Let's Twist Again"
http://www.youtube.com/watch?v=PSBoYeQJRCI
So, let's tweet again !
Rédigé par : Valerie | 02 août 2012 à 20:29
Moi ce que je trouve insupportable, ce ne sont pas les tweets, je n'en reçois pas, je n'ai pas le temps, mais les impolis des transports en commun qui nous imposent leurs histoires intimes sans états d'âme. Dur dur d'écouter certaines conversations. Ils se collent sur une banquette en bousculant tout le monde pour continuer leur conversation. Le téléphone mobile : une technologie tellement puissante pour autant de bêtises racontées !
Rédigé par : anne-marie marson | 02 août 2012 à 20:10
Moi j'ai pas le temps donc je twitte pas.
Rédigé par : Alex paulista | 02 août 2012 à 17:29
Cher Philippe Bilger, grande journaliste certes, elle a parfaitement compris qu'il était plus "productif" de prendre pour cible le grand magistrat respecté et blogueur qu'est notre hôte.
Comme beaucoup de journalistes peut-être redoute-t-elle le jour où ses articles seront réduits à 140 caractères MDR
Rédigé par : Pietri S | 02 août 2012 à 16:57
@ Myriam
""Nous ne twittons pas pour être mais parce que nous sommes."
A un espace près, nous y sommes. Nous ne twittons pas pour être mais... par ce que nous sommes.""
Je n'avais pas compris l'expression de Philippe Bilger... et voilà que vous me compliquez encore plus la situation.
À vous j'ai envie de dire "Amen".
À Ph. Bilger,
j'ai envie de faire remarquer que "sommes" est le pluriel au présent du verbe "être"... et que n'ayant pas suivi les cours de scolastique de Pierre Abélard, qui fut moine à Saint-Denis (et qui finit mal), je suis (verbe être) dans l'expectative la plus complète sur le sens de cette phrase.
Il y a peu, à propos de sportifs, Laure Manaudou, il s'agissait d'"être après avoir été", et aujourd'hui, nous sommes sans être.
Tout cela est trop fort pour moi.
Mais pour être franc, je retiens quand même cette phrase à côté de "Être ou ne pas être".
Rédigé par : Tipaza | 02 août 2012 à 16:24
Tit, tit, tit... Les mésanges, dans mon jardin, conversent sur ce ton qui est celui de la nature.
Rédigé par : mike | 02 août 2012 à 16:13
Je ne suis pas (du verbe être) n'importe qui. Aussi ne suis-je pas (du verbe suivre) n'importe qui ou quoi.
De même que je n'imagine pas les plus belles pages de notre littérature passées au tamis de l'épuration et réduites à 140 signes !
Il est vrai que le fait de taper ses textes d’un seul doigt et en langage codé à la manière des robots finit par laisser des séquelles.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 02 août 2012 à 14:41
Cher Philippe Bilger,
Agathe Logeart journaliste inconnue (elle l'a cherché, bien fait LOL) qui se sert de vous, fort connu, pour que l'on parle d'elle, elle est jalouse... LOL
Fan de blogs, fan de SMS, pas adepte ni de facebook, ni de tweet, ma pensée n'est pas très profonde mais 140 caractères sont insuffisants pour l'exprimer LOL
Je n'aime pas ces interjections, ces interpellations trop courtes, certains tweets me semblent tellement sans intérêt.
Le fait que vous soyez en passe de devenir un tweet addict m'interpelle... et je vais ouvrir un oeil et tendre une oreille plus attentif à ce nouveau mode de com...
Mais en aucun cas LOL votre nouvelle 'lubie' LOL ne doit freiner votre production de billets que nous sommes un certain nombre à lire avec toujours grand intérêt.
Rédigé par : Pietri S | 02 août 2012 à 13:24
Toute cette machinerie électronique enlaidit l'homme comme la femme : qu'ils ont l'air cucul-la-praline à taper avec leurs doigts boudinés, avec un demi-sourire, comme si Spinoza et Pascal étaient en ligne... alors que c'est du bonobo germanopratin.
Gainsbourg l'avait chanté : "Wip, clip, crap, bang, vlop, zip, Shebam, pow, blop, wizzzz !"
Mme Taubira devrait renforcer la répression de l'exhibitionnisme, et y rajouter Twitter, car il est aussi scandaleux de montrer son cerveau que sa b... C'est choquant. Indécent.
Rédigé par : Savonarole | 02 août 2012 à 12:44
"Nous ne twittons pas pour être mais parce que nous sommes."
A un espace près, nous y sommes. Nous ne twittons pas pour être mais... par ce que nous sommes.
Rédigé par : myriam | 02 août 2012 à 11:57
@ oursivi
On devine une grande empathie ainsi qu’un grand sens de l’humour dans vos propos.
Ceci étant n’oubliez pas qu’on est toujours le c.. de quelqu’un et vous n’échappez pas à la règle.
Rédigé par : Achille | 02 août 2012 à 11:34
En parlant de tweet, voilà le dernier que j'ai envoyé :
Gélatine 1er a été élu par :
- Le peuple de la Bastille et ses drapeaux "étrangers" sachant que les socialos lâches laxistes allaient fermer les yeux sur les """commerces"" des banlieues !
- Et par les peuplades des ripoubliques bananières "d'outre - mer - dique" aux scores socialos nord-coréens, avides de subventions et aides sociales que seule la gauche mollasse, incompétente et complice saura leur accorder !
Rédigé par : sylvain | 02 août 2012 à 11:34
Je confirme que Philippe Bilger vaut la peine d'être vécu par les autres. En tout cas par moi, et c'est déjà ça.
Rédigé par : Chantal MENEU-TARDIVEAU | 02 août 2012 à 10:50
Comment peut-on être assez c.. pour avoir un compte tweeter ?
AO
Rédigé par : oursivi | 02 août 2012 à 10:21
Excellentissime !
"la liberté d'expression est le bon fait du Prince accordé à ceux qui n'en font point usage"...
Rédigé par : hameau dans les nuages | 02 août 2012 à 10:12
C'est peut-être parce que vous avez une bonne (haute ?) opinion de vous que vous pensez que "le peu que l'on est, que l'on a, mérite d'être formulé".
Ou bien ne vous a-ton pas beaucoup écouté lorsque vous étiez enfant, alors vous rattrapez le temps perdu.
PS : Désolée pour la psychologie de comptoir.
Rédigé par : zefir | 02 août 2012 à 10:11
"cette nécessité de rassembler et de raccourcir [...]" [140 signes]
Bonne école de style aussi !
Rédigé par : ouimaisnon | 02 août 2012 à 10:04
Bonjour Philippe Bilger,
« En 140 signes - quelle belle ascèse pour les gens qui comme moi n'ont jamais eu le temps pour faire court !-, la pensée (mais oui, elle peut exister), la saillie, la dérision, la moquerie, le sarcasme, l'acidité, l'interrogation, le compliment, la critique, l'analyse (mais sommaire !), l'éloge, la reconnaissance, la nostalgie, l'estime, l'admiration, la détestation, la contradiction sont susceptibles de s'exprimer et la densité obligatoire de la forme contraint le fond à se structurer avec économie mais précision. »
Je suis moi aussi devenu un adepte de Twitter récemment. J’avoue que je trouve ce réseau social plutôt génial, avec ses hashtags, ses émoticônes, son vocabulaire spécifique, et ce rite qui consiste à envoyer un #FF à ses followers tous les vendredis pour leur souhaiter un bon W.E.
J’apprécie la possibilité de pouvoir sélectionner les personnalités du monde politique, journalistique ou d’un autre domaine que l’on veut suivre.
On peut reprocher à certains « twittos » cette manie qui consiste à se faire retweeter par une personnalité connue des médias en vue d’augmenter le nombre de ses followers.
Quant aux 140 signes disponibles pour un commentaire, ils nous obligent, en effet, à faire preuve de concision, ce qui rend parfois les petites flèches d’autant plus percutantes.
Mais je crains que certains intervenants de votre blog qui ont bien du mal à s’exprimer en moins de 60 lignes ne soient vraiment désemparés avec 140 malheureux caractères. ^^
Rédigé par : Achille | 02 août 2012 à 10:04
Le paragraphe qui commence par «C'est parce que nous sommes en vie (…)» et celui qui le suit directement sont magnifiques et justes.
Rédigé par : fvsch | 02 août 2012 à 09:50
Bonjour,
Vous avez une belle plume qui justifie votre existence numérique, mais j'aimerais apporter deux contradictions à votre démonstration.
J'ai l'honneur de travailler avec un très bon illustrateur qui, compulsivement, justement, dessine en permanence. Cependant, par choix, il a décidé de ne publier numériquement, disons, qu'un dessin sur 10 000. Il valorise chacun de ses actes par le contrôle de sa publication. Le résultat est ultra puissant.
Ensuite, toute belle plume que vous soyez, Twitter et le monde du blog en général ont dépassé le stade où ils ont besoin d'apport en contenu qualitatif tel que vous le proposez. Observez les tweets les plus populaires : ils sont soit factuels, soit il s'agit de fadaises éculées. La pensée sophistiquée est un bel ornement qui fait la gloire de Twitter, mais nullement son essence.
Vous dites que vous êtes donc vous twittez, c'est presque cela : comme nous tous, vous twittez pour exister.
Twitter : @FibreTigre
Rédigé par : FibreTigre | 02 août 2012 à 09:49
Blogeo ergo sum, c'est ainsi que je dièse mes minimalistes tweets qui prolongent, approfondissent ou dédramatisent mes billets.
Les blogueurs jouissent d'une certaine indépendance éditoriale parfois gênante pour les acteurs institutionnels (sic) de l'information et de la communication ; par leur travail très rigoureux certains surpassent la qualité des journalistes qui éprouvent ces derniers temps des difficultés à rester droits dans leurs bottes de la déontologie. Leur opinion exposée et argumentée dans leur blog est reprise ad vitam aeternam sur les réseaux : ce n'est plus Descartes c'est Milgram. Ce e-ramdam s'étend au grand public et fait grincer les dents de nos hauts décideurs... impuissants, ce qui, comme chacun sait, provoque des démonstrations très pittoresques du niveau d'incompétence atteint.
PS : le lien vers ce billet a été trouvé par hasard sur Twitter.
Rédigé par : lafrancesa | 02 août 2012 à 09:26
Tout à fait d'accord avec vous. Et merci pour le clin d'oeil à Monsieur Antoine Blondin, ça met de bonne humeur le matin !
Rédigé par : Flojoapt | 02 août 2012 à 09:23
Excellent plaidoyer ! Je le twitte !
Rédigé par : Adrien Blanc | 02 août 2012 à 08:43