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29 août 2012

Commentaires

Bulle

"Sans technique, le don n'est qu'une sale manie" (Brassens)

Yves BRUNO

On fait parfois de mauvaises rencontres en littérature.
Le livre de, posé sur la table de, au chevet du lecteur éclectique agonisant. Pourtant il en croisa des fameux, des brillants, des chefs-d'oeuvre qu'il dévora passionnément, qui l'invitaient à lire toujours plus, qu'il s'empressait de terminer pour passer au suivant ; au suivant ! au suivant ! le temps semblait manquer...
Le lecteur éclectique rend son dernier souffle ; il balbutie, c'est inaudible, penchons-nous pour l'entendre : "c'est de la merde, tout est de la merde."
Le lecteur éclectique vient de rendre l'âme, cédant la place à un lecteur élitiste qui a connu l'excellence, et qui contemple les rayons des bibliothèques d'un oeil morne : "Pourquoi avoir écrit tout ça alors que tout est là ?"
Ce livre, dit "de chevet", j'ai sa petite musique dans la tête, une partition unique, mais je ne le nommerai pas, je lui en veux, "il m'a tuer".

Laurent Dingli

Etre prisonnier de la beauté du style ? L'important n'est pas là, mais dans la déliquescence de la littérature, ou plutôt dans la mainmise d'un groupe de bobos parisiens (éditeurs, journalistes et écrivains) sur l'un des éléments essentiels de notre culture. J'ai hésité avant de publier ce petit commentaire, car l'honnêteté me conduit à inclure dans cette critique la politique suivie par ma propre maison d'édition... et ce n'est pas facile. Mais enfin, le constat est là, évident depuis de nombreuses années déjà. Une élite sans talent achève de tuer la littérature dans ce pays, mettant en avant des oeuvres sans intérêt, sans style, sans histoire, délires existentiels d'écrivains psychotiques, récits ennuyeux de bellâtres et autres poseurs sans relief ni profondeur... La littérature, la vraie, est morte, ou plus exactement elle est enfouie sous des piles de déjections scripturales.... Voilà la triste réalité.

Véronique Raffeneau

" Grâce au soutien de la planète judéo-médiatico-bobo-gauche-caviar unanime, je rajoute française..."

Tiens, je me disais bien aussi que l'idée du complot "de la planète judéo-médiatico-bobo-gauche-caviar" allait s'inviter dans les commentaires.

Il ne faut quand même pas oublier ces images saisissantes de DSK menotté et livré par le bureau du procureur de NY aux chasseurs de la planète entière !

Drôle de soutien, en vérité.

Quant à l'abandon des charges par ce même procureur, elles sont en autres la conséquence de la précipitation et de l'absence de maîtrise du bureau du procureur face à la situation.

Herman

@Achille,

Vous êtes peut-être passé à côté du "suer-dois...nord vais-je" auquel cas z'êtes pardonné, sinon, on va tirer les oreilles !!!

Herman

Il me semble que Michel Polac aimait bien P.Djian, paix à son âme...

Achille

@[email protected]

« Tous les grands esprits qu'ai eu la chance de côtoyer (écrivains, mathématiciens...) raffolent de tout ce qui fait sens, et les jeux de mot bien pensés n'en sont pas la triste fiente mais un riant nectar. »

Hélas n’est pas Boby Lapointe qui veut. Il en est un ici qui s’efforce de l’imiter dans cet art difficile du jeu de mots, mais sans vraiment convaincre.

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Qui sait à force d’obtination y parviendra-t-il un jour… On le lui souhaite, car on sent bien que cela lui ferait tellement plaisir. :-)

Pietri S

Marie 9.22

Ce genre de bouquins n'encombre jamais ma bibliothèque il fait partie de la race des bouquins que j'ai plaisir à donner à ceux qui ne peuvent pas les acheter... "Oh..." est déjà ailleurs pour le plaisir d'autres qui les passeront à d'autres, ainsi de suite !

Herman

@Véronique Raffeneau,

Chère Véronique, vous m'avez fait plaisir aujourd'hui, et quand on connaît la virulence de vos blâmes lorsque vous en émettez, on n'en est que plus ravi lorsque vous flattez.
"Sans la liberté de blâmer il n'est point d'éloge flatteur"...

Xavier NEBOUT

Bruno Le Maire à la radio, surprenant à entendre et qui redonne foi en la possibilité de faire de la politique honnêtement, disait combien les Français aiment les phrases alors que les Allemands aiment la musique.
Les uns tournent le dos à la nostalgie, les autres se laissent habiter par elle. Les romans sont français, le romantisme est allemand.
Tant on se prend à rêver en lisant l'histoire, lire ensuite un roman semble dérisoire. Le roman ne serait-il pas lié à l'ignorance de l'histoire, ignorance chère aux Français tant ils en ont honte ?

Marie

Voilà un genre de littérature qui n'encombre pas mes étagères !

Pour reprendre Savonarole, idem cas Binet, Jacob Delafon !

Pietri S

A force d'être un jeune auteur... depuis 1985, il a ses 63 ans, le look ne correspond plus au personnage, mais il est un homme de plume.
Oh !! Reste qu'en mêlant tous les genres, tout cela est fort artificiel. Le meilleur parti à tirer du livre est de le dévorer d'une traite. Un voyage en train. Un dimanche de pluie. Une soirée d'ennui. La tête ne se fatigue pas, mais il ne restera pas grand-chose d'"Oh...".

Mais ce n'est que mon avis !

Véronique Raffeneau

Suite à mon premier post.

...parmi cent mille, un million d'autres façons, ceci :

"Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...
Je continue à dire "chez nous", bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais..."
(Première page "Le Grand Meaulnes" - Alain-Fournier)

Ou ceci (à l'attention de sbriglia) :

"Descendu de cheval, il allait le long des noisetiers et des églantiers, suivi des deux chevaux que le valet d’écurie tenait par les rênes, allait dans les craquements du silence, torse nu sous le soleil de midi, allait et souriait, étrange et princier, sûr d’une victoire. À deux reprises, hier et avant-hier, il avait été lâche et il n’avait pas osé. Aujourd’hui, en ce premier jour de mai, il oserait et elle l’aimerait."
(Première page "Belle du Seigneur" - Albert Cohen)

Ou encore ceci :

"Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d’études :
— Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l’appelle son âge..."
(Première page "Madame Bovary" - Gustave Flaubert)

...Bref, je pourrais y passer la journée pour donner entièrement raison à Herman.

Véronique Raffeneau

Philippe Djian a-t-il raison ?

Non.

C'est Herman qui a raison :

"Ce n'est pas l'écrivain qui décide de ces choses-là, c'est le lecteur !"

Entre un lecteur et un écrivain, quels que soient le lecteur et l'écrivain, tout est une question de moment et de rencontre.

Quelqu'un, un jour, exprime pour moi le plus essentiel, le plus heureux ou le plus douloureux, le plus confus en moi.

Par exemple ceci, de cette façon, parmi cent mille autres façons :

"Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier..."
(Premiers mots de "L'Etranger" d'Albert Camus)

Savonarole

"Savonarole

« Mourir pour Dantzig », c’est ce qu'ont fait les Polonais en revenant sur leur intention de l’abandonner aux Allemands tant sa possession était illégitime.
Petit épisode méconnu."

Rédigé par : Xavier NEBOUT | 30 août 2012 à 22:20
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Exact, j'ai voulu tester un message subliminal sur un sujet anodin, je vois que ça marche...

Boris

@ Marie

Excellente idée, mais au vu des tarifs actuels, je ne peux me payer qu'une dizaine de lignes.

sbriglia@certains et certaines

"C’est pourquoi je remets la question de mon engagement à l’ascension de quelque sommet moins exigeant, comme le Mont Ventoux ou une nouvelle."

Boris, j'ai plus de plaisir à vous lire qu'à gravir le Ventoux... quoique le mont pelé me fasse quand même transpirer de bonheur avec mon 41x28.

Chère Marie, merci pour la référence ; je commande le livre : le mystère de Hess m'a toujours passionné.

Claggart : je m'attèle au pensum que vous m'infligez, ô cruel !

Oursivi : c'est toujours un grand bonheur que de vous lire, ainsi que ceux que vous citez.

Jeanne : vous faites partie de ces commentatrices pour lesquelles j'ai grande admiration, tant votre modestie, la douceur de vos phrases et votre compétence sont un bonheur renouvelé... Nous avons par ailleurs un parcours commun qui nous rapproche et nous avons dû nous croiser sans doute dans quelques couloirs judiciaires. Mes taquineries sont l'hommage que mon ignorance rend à votre sagesse.

Xavier Nebout : j'ai essayé la brosse à dents... face à l'incompréhension du bambin, demain j'essaye Heidegger.

Poil à gratter chez Pic de la Mirandole

Ah que... la littérature visible est jobardisée sans vergogne entre de perverses mains sales, par ces vilains temps troublés, à la merci des escrocs de l'âme, du coeur, aux dépens des quémandeurs de rêve et de vérité simple et belle.

Eh oui ! Nous sommes submergés par une modernité à deux balles qui nous inonde de buzz, de tweet, de sms, de postures, de mails, de messages, d'alertes, de y-a-qu'à, de faut-qu'on, d'impostures...

C'est sûr que le fuyard Philippe C.ian(t) avec sa prose à trois balles (qui n'a jamais dépassé les 37,2 sur l'échelle des lettres), pompeusement appelée roman par ses potes bobos, ne trouve qu'un seul mot de cinq lettres, m..., pour crier sa fureur et son dépit au bon endroit et envers les larrons de sa planète qui comme lui appellent leurs gribouillis laborieux, littérature.

Qu'il se rassure P. C.hian(t), dans une charrette affrétée et bien bondée par un Antoine Quentin Fouquier de Tinville enfin lucide, il ne serait pas seul.
En place et sur l'heure il pourrait leur dire leur fait à tous ces usurpateurs plagieurs, avant d'entrer dans un silence bienheureux et profitable aux gourmets des belles lettres et de bons romans.

J'ai bien peur d'avoir fait un rêve. Je m'en retourne me perdre dans les bons et beaux mots, les pleurs et les rires des chers disparus.

Xavier NEBOUT

Savonarole

« Mourir pour Dantzig », c’est ce qu'ont fait les Polonais en revenant sur leur intention de l’abandonner aux Allemands tant sa possession était illégitime.
Petit épisode méconnu.

Xavier NEBOUT

sbriglia

Ne vous méprenez pas sur mon essence !
Je faisais allusion aux philosophes ardus à lire tels Heidegger qui, faute d’utiliser suffisamment de mots pour expliciter leurs propos, en laissent l’essence inaccessible à l’esprit peu exercé.
L’essence étant le fond du propos – l’intelligibilité de l’être -, on peut le lire, croire le comprendre, mais sans saisir celle-ci.

oursivi@sbriglia

Oui, sbrig, rassurez-vous, Clébard comme tous, moi le premier, est parfaitement capable de laisser, je n'en doute, des erreurs dans son sillage. D'ailleurs, vous pourriez m'indiquer un texte où ce Mr nous ait bluffé ?

Des textes où vous comme moi, ou bien sûr JDR, Dingli ou Savonarole ont régalé la galerie, on en trouve par pelletés par ici, les siens... aurais-je raté un wagon...?

Les sbires sans tendresse pour l'humilité des jeux de langue oublieux d'y voir qu'ils sont souvent cernés - les jeux, point eux - par une rigueur qui leur donne une vraie saveur, sont juste aveuglés par la transgression au point de n'y plus rien voir autour, comme ces vieilles personnes qui sur une jolie femme ne remarquent que le rouge trop rouge où la jupe jugée trop courte.

Tous les grands esprits qu'ai eu la chance de côtoyer (écrivains, mathématiciens...) raffolent de tout ce qui fait sens, et les jeux de mot bien pensés n'en sont pas la triste fiente mais un riant nectar.

La plupart des jeux de mot ne sont guère plus qu'invites au clin d'oeil, et encore, celles-ci ne méritent d'être honorées que si une vraie originalité y a été transmutée. Talent offert à peu, et compréhensible par encore moins...

Les petits censeurs peuvent bien aboyer, ces petits étrons ne méritent même pas notre pied gauche.

Next...

Printemps 88, je révise en la superbe bibliothèque Sainte-Geneviève. Un type plus âgé vient s'asseoir à mes côtés. Il a une Rolex bien ostentatoire, comme les stylos dont il use pour noircir des pages et des pages d'une petite écriture fiévreuse. Il regarde parfois de tout côté comme si quelqu'un allait venir l'embarrasser. Autour de lui sont plein de jeunes dont beaucoup ont dû le choisir pour auteur favori depuis la mode lancée par l'adaptation d'un de ses récents bouquins par Beneix. Pourtant, pas un regard ne s'accroche à sa silhouette, il leur est transparent.

A-t-on les lecteurs qu'on mérite ?

Que valent les bouquins de Djian, aucune idée, n'en ai jamais ouvert un. Vois pas ce qui me ferait évoluer sur ce point.

AO

Claggart

Sbriglia ayant sincèrement confessé ses péchés de calembourdier, je lui donne l'absolution, avec comme pénitence une dissertation en quatre pages sur "Rélexions de Christine Angot devant un champ de carottes". Comme promis, et pour rester sur le cas Montherlant amené par Philippe Bilger, voici l'histoire de la chienne de Colomb-Béchar.
Dans les années trente, au cours d'un séjour en Algérie, Montherlant déjeune dans un restaurant de Colomb-Béchar fréquenté par des militaires; l'un d'eux, un jeune maréchal des logis, lui semble d'une santé délicate, peu adaptée au climat de la région, et notre auguste écrivain se promet d'user de ses relations dans le commandement pour lui trouver une affectation plus clémente.
Et voici qu'apparaît la chienne de l'auberge, vile bâtarde jaunâtre et purulente, mendiant de table en table; pour Montherlant, nourrir cet infect animal reflète une totale absence de grandeur d'âme et de noblesse de caractère; aussi, le maréchal des logis s'étant abaissé à donner quelque reste à la bête, l'imperator n'intervint pas pour le faire changer de garnison.

Herman

Bien écrit, mal écrit... Philippe Djian est très sympathique (quoique...) mais il se trompe, comme beaucoup ici aussi d'ailleurs.
Ce n'est pas l'écrivain qui décide de ces choses-là, c'est le lecteur ! comme la beauté est dans l'oeil qui regarde...
Boris en sait apparemment quelque chose...
On ne vous lit pas assez souvent Boris, car c'est toujours un régal, sincèrement.

Marie

Rédigé par : Valerie | 30 août 2012 à 15:27

A aucun moment je n'ai indiqué qu'il y avait obligation de se procurer le dernier livre du Pasteur Gabel. Que celui-ci ne vous intéresse pas, c'est votre droit le plus complet. Il y a encore des personnes qui sont passionnées par notre Histoire et qui s’intéressent aux témoins encore vivants, comme l’est Charles Gabel.

Le pasteur Gabel m’avait demandé de faire connaître son dernier livre. Ayant beaucoup d'estime pour monsieur et madame Gabel, qui sont des personnes hors du commun, ce fut avec un immense plaisir que je le fis.
J'en profite pour remercier encore une fois monsieur Bilger de m’avoir permis de le faire sur son blog !

Marie

Boris | 30 août 2012 à 14:50

Ne désespérez pas, vous pouvez prendre "un nègre"... En fait beaucoup le font !

sbriglia, raclant l'assiette au beurre

Ah ! cher Claggart ! Je n'osais pas manier l'imparfait du subjonctif dans le maniement duquel vous êtes passé maître au point, il y a quelques semaines, de "lapider" sèchement et de façon méprisante ce cher oursivi : c'est la raison pour laquelle, imparfait subjectif, je me suis "fangé", lamentablement je vous le concède, dans ce qui doit être pour vous, à tout jamais, la "fiente de l'esprit"... Montherlant s'en remettra et vos bestiaires ne sont sans doute pas les miens... Allez, pardonnez-moi...

scoubab00

Non, je crois que Djian n'a rien compris de plus à la littérature, mélange quelquefois tonitruant d'altérité et de l'air entêtant du temps. En revanche, il comprend et maîtrise sa propre littérature et la conception qu'il s'en fait ; arrive apparemment à vivre avec, et c'est déjà bien.

Fond, forme, vitesse, onctuosité, facilité, travail, volume, rebattez le tout et rendez-vous dans deux ou trois siècles devant votre tas de sable préféré pour savoir qui a traversé le tamis du temps. Il suffira de regarder en direction de ses pieds... tiens, un coin de carton blanc épais dépasse avec la mention un peu effacée mais visible : "ppe Bilge". Bien joué Philippe, l''immortalité enfin ! Trop tard.

Valerie

Rédigé par : Marie | 30 août 2012 à 09:35

Non merci ! La gabelle on l'a deja payee en son temps avec ces gens "bien eleves, bien propres sur eux, erudits..." et bien blonds !!!

Jeanne

@sbriglia

J'espère, cher arbiter elegantiarum, qu'en vous moquant ainsi vous n'avez pas, de surcroît, la chanson de Bécaud en tête car vous deviendriez alors désobligeant.

Boris

D’accord, mais ce que j’ai du mal à saisir, c’est la différence entre le bien écrire et une écriture qui amène quelque chose. Il est facile de prendre à la légère le métier : par exemple, donner le bon rythme à un roman de 400 pages. Je conseille à ceux qui veulent se faire une idée d’aller pondre quelque chose sur le site oniris.be. C’est un lieu de publication de prose et de poésie, il s’y trouve, comme partout, des imbéciles et des coteries, mais le jugement des internautes sur les débutants – qui vous est révélé par mail privé si votre texte n’est pas retenu – est assez révélateur. En ce qui me concerne, il m’a été confirmé que, disons, 90 % de ma production n’arrivait pas au niveau de la merde évoquée par Djian, et qu’écrire s’apparentait pour moi à la conquête de l’Everest.
C’est pourquoi je remets la question de mon engagement à l’ascension de quelque sommet moins exigeant, comme le Mont Ventoux ou une nouvelle. Lorsque je saurai vraiment en torcher une, je me poserai la question de mon engagement et de ce que je peux apporter à l’univers… Il est probable que je serai mort avant.

Savonarole

"J'aime bien Dantzig"

Rédigé par : sbriglia | 29 août 2012 à 18:04

Qui veut mourir pour Dantzig, franchement...
J'avais bien aimé son dictionnaire amoureux, mais il y avait sabré le Dandysme et Ferdinand Céline, ça m'a déçu, ce sont mes deux pôles...

sbriglia@Xavier Nebout

"une concision laissant sur le bas-côté l’entendement du vulgaire,... fait... obstacle à la perception de l’essence du propos" écrit Xavier Nebout.

J'essaye dès ce soir sur l'enfant...

Au lieu de dire "Brosse-toi les dents avant de te coucher", je vais essayer, pour l'entendement du "vulgaire" bambin :

"Mon enfant, avant de sombrer dans le sommeil profond de la douce nuit qui vient, peux-tu, de ta main droite, prendre la brosse à dents, y déposer un peu de cette pâte gingivale qui est dans le tube à gauche du lavabo et, d'un mouvement circulaire et alternatif à la fois, frotter tes incisives, tes canines sans oublier les molaires du fond ?"

Heureux les simples d'esprit car ils seront à la droite du Père...

Claggart

Je ne sais pas si je fais partie des "happy few" mais en tous cas les calembours sur les héros et héroïnes de Montherlant que me dédie sbriglia sont vraiment à deux balles.
Donc je ne lui pardonne pas.
Et s'il fait amende honorable, je lui raconterai l'histoire de la chienne de Colomb-Béchar.

sbriglia @ Claggart, oursivi et Jeanne

Pour Claggart et oursivi, chanté par Camille Maurane, sur un air des Pêcheurs de perles, arrangé par votre serviteur :
"Monte, air lent ! Fée, rentre dans l'arène morte... Sot, l'ange dans l'îlot, âme hideux, qu'osent stalles !"

Bon, les happy few me pardonneront...

"Fermez les volets, je ne veux plus voir la beauté du monde !" suppliait avant de mourir le père de Solange Dandillot... pour Djian c'est plutôt "Fermez les livres, je ne supporte plus les mots des autres..."

L'est quand même pas à l'article de la mort le Djian ?

PS : Jeanne,chère Jeaaaannne, j'aime à vous imaginer, gracieuse, appliquée, saisir le Dantzig dans la bibliothèque... du couloir...

Xavier NEBOUT

Le saint est celui qui parle juste, et le premier devoir religieux est dans le respect du vocabulaire. L'origine de ces préceptes de l’Eglise remonte au respect de Vac, déesse indienne de la création dont découlent les mots vocabulaire et vocation.

De belles phrases alambiquées dans lesquelles il manque le soupçon de virgule pour constituer un style, le non usage du point virgule comme subtile dichotomie des idées, un vocabulaire riche en mots rares et néologismes, ou encore, une concision laissant sur le bas-côté l’entendement du vulgaire, tout cela fait simplement obstacle à la perception de l’essence du propos. Mais alors, que leur auteur fait-il de son talent si c’est pour abonder en inintelligibilité ? A moins que le propos soit creux, et que le style ne soit que l’habillage du néant d’être.
Or, l’athée par définition ignorant de l’essentiel passera sa vie à chercher l’infini dans le non être au lieu de le chercher dans l’être. Alors, il se construit un style. Certains assortissent les lunettes de soleil à leur voiture, d’autres se construisent un style littéraire comme d’autres encore s’écoutent parler. Ils font semblant d’être.

Une puissance argumentative relevant de la charité chrétienne est le seul moteur utile de tout propos d’ordre philosophique, et la littérature sans poésie qui élève l'âme n’est que philosophie du pauvre d’esprit (au sens d’intention sur soi).

Jeanne

Après avoir lu votre note, j'ai récupéré dans ma bibliothèque le "Dictionnaire égoïste de la littérature française" de Charles Dantzig et relevé au paragraphe "Ecrit" : "Tout le monde écrit bien, sauf les écrivains. Je pense qu'il faut distinguer plusieurs notions: le bien écrit, qui s'oppose au mal écrit, et l'écrit, qui s'oppose au pas écrit. Le bien écrit consiste à écrire sans fautes de grammaire ou de goût ; mais quel goût ? La littérature n'est ni bien écrite, ni mal écrite : elle est écrite.
Dans certains livres, il y a des passages très bien écrits qui signalent que l'auteur s'ennuie : il tourne à vide."

Marie

Dantzig... des accords !

Puisque vous parlez littérature, si vous le permettez, à la demande du Pasteur Gabel, je voudrais signaler son dernier livre (qui est un complément du précédent : « Conversations interdites avec Rudolf Hess »)

« Rudolph Hess »
« Détenu solitaire de la prison de Spandau »

En vente dans les librairies protestantes ou chez l'auteur !

« Le pasteur Charles Gabel a exercé pendant neuf ans et demi la fonction d'aumônier militaire de la Garnison française de Berlin-Ouest, en même temps que celle d'aumônier de la Prison militaire alliée de Spandau et de son unique détenu, Rudolph Hess, le "Numéro sept", ancien dirigeant du IIIe Reich. Le pasteur Gabel va visiter le vieil homme dans son extrême isolement et s'entretenir avec lui, de 1977 à 1986. Les règlements absurdes et les conditions inhumaines de la prison révoltent l'aumônier, qui vit avec souffrance et compassion son ministère à Spandau. Son témoignage éclaire d'un jour nouveau la personnalité de Rudolph Hess, et lève le voile sur les absurdités de la prison. L'auteur évoque le mystère qui entoure le décès de Hess en prison le 17 août 1987, et quel a été son sort après sa mort... »


Quel contraste entre Breivik et R. Hess !
Après son procès et la contestation des Norvégiens, Breivik se retrouve dans un ancien camp de concentration, avec à sa disposition (peut-être à vie) trois pièces « luxueuses »… R Hess se vit infliger, jusqu’à sa mort, un système carcéral particulièrement déshumanisé… Les Russes exigèrent qu’il ne soit plus que « Numéro 7 »…. Interdiction de l’appeler par son nom, de le saluer…..
Pourtant, R. Hess avait été disculpé de « crime contre l’humanité », il a pourtant été, des condamnés de Nuremberg, le prisonnier à bénéficier d’un emprisonnement le plus long, pour toute sa vie… jusqu’à sa mort, énigmatique !

Est-ce que sa mort cacherait à jamais les accords passés entre l’Allemagne et l’Angleterre quant au sort de la France ??? Des archives allemandes sur Hess devraient, il me semble, être exploitables dès cette année.

Ayant quelques scrupules à donner en direct l’adresse de l’auteur, j’ai trouvé un site protestant qui donne les renseignements nécessaires à ceux qui seraient intéressés par le nouveau témoignage du Pasteur Charles Gabel sur son prisonnier célèbre : Rudolph Hess !

http://www.protestants.org/index.php?id=31234&user_bookreview_pi1%5Bid%5D=226&cHash=8fa5e270b1

Merci, par avance, à vous Monsieur Bilger.

Tipaza

Philippe Djian est à la littérature ce que les intermittents du spectacle sont à Molière, Racine, Beckett... etc.
Le conformisme de la modernité dans l'anticonformisme du classicisme !!!

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« Ce qu'on définit comme le fait "d'écrire bien" représente, pour PD, au contraire une dénaturation de la véritable expression écrite qui devrait être étrangeté, inattendu, provocation et défi à l'ordinaire des mots. Au fond, il s'agit de ressusciter le langage et de faire sortir les livres non pas du néant mais du lit confortable et ronronnant de l'habitude. Il ne faut plus écrire comme on s'ensommeille. »

Je trouve bien présomptueux ce Philippe Djian, écrivain lui-même, qui se permet de critiquer ses confrères et en particulier, ceux qui ont du talent. Craint-il que ce trop-plein de talent ne fasse ombrage à ses œuvres, le noyant dans la masse des « talentueux ?

D’abord il n’y a pas tant d’écrivains talentueux que ça. Ensuite le talent est une qualité trop précieuse pour la traiter avec une telle suffisance.

En ce qui me concerne, lorsque je lis un roman, une nouvelle, ou tout simplement un article de journal, (voire un billet de blog), j’attache une importance particulière à la qualité du texte, la maîtrise de la syntaxe, la richesse du vocabulaire et à l’élégance du style de l’auteur. Le succès des meilleurs auteurs repose certes sur l’originalité du sujet traité, mais aussi et surtout sur la talent avec lequel il l’aborde.

Il n’est pas rare de s’attacher à un auteur, au point de le suivre fidèlement à chaque fois qu’il sort un livre ou un article. Et qu’est-ce qui peut provoquer cette fidélité si ce n’est le « bien écrire » ?

Stalen IIlitch GUEVARA

Notre Hermine qui se lâche dans le littéraire avait déjà levé le lièvre et posé les bonnes questions dans un billet titilleur "La France est-elle à court d'intellectuels ?"

Il me souvient que les commentateurs ont beaucoup ramé.

P. Djian a raison car il sait de quoi il parle... de lui et de ses concurrents qui dans les tourments de leur ego boursouflé et anxiogène se débinent et se démolissent à qui mieux mieux, le ou la plus perfide portant l'estocade la plus saignante.

Sale temps pour les écrivains. Les professionnels du captage du superficiel, de l'émotion, de l'indignation, de la dénonciation de la stigmatisation tiennent toutes les manettes. Faut choquer, heurter, révéler. Je parle des journalistes écrivains qui monopolisent et s'échangent les bons procédés d'occupation du terrain et du champ littéraire selon leurs seuls intérêts et profits.

Et par dessus tout ça des éditeurs frileux et à l'affût de la perle rare ce qui fait beaucoup de déçus et de rancuniers.

La colère et les gros mots qui vont avec, ne sont que les agaceries qui révèlent un monde où beaucoup se présentent mais si peu sont élus... Et ce sont toujours les mêmes.

Les nouveaux et vrais écrivains sont soumis à la censure de la bien-pensance tenue par ses gardiens sourcilleux qui filtrent et bâillonnent la libre pensée et les novatrices créations.
Quelques coups de pied de l'âne et certains gros mots sont tolérés, mais pas plus.

Un écrivain est un solitaire qui travaille beaucoup et se laisse porter par un souffle qu'il ne faut pas déranger ou couper.
Il fuit les bruits, les exhibitions et les inutilités. Il aime écrire...

semtob

Cher Philippe,

C'est la diversité des écrits qui fait la richesse de la lecture.

Il faut être aussi stupide que la petite ministre de la Culture actuelle, aussi inculte que celle-ci pour prendre grief sur la qualité des écrits de la presse.

Tout de même se prétendre ministre et méconnaître les difficultés actuelles du milieu de la presse, des éditeurs et des imprimeurs, c'est une preuve d'incompétence majeure et une technique d'humiliation grave.
Ce gouvernement se conduit décidément de manière indélicate.
L'ONU vient de rappeler à l'ordre la France pour discrimination collective.
Lorsque vous écoutez le discours aux ambassadeurs, très mal lu et qui se voudrait entraîner l'ONU, vous pouvez comprendre l'énormité de la situation.
On peut décidément être énarque et ne rien comprendre aux droits et au droit. Etre normal et inhumain ou mécanique. Etre humain, être en empathie cela ne s'apprend pas. Diriger, c'est un art.
Les discours d'Aubry frisent souvent dans le choix du vocabulaire des atteintes au respect des convictions religieuses et d'expression. C'est un bon exemple de l'expression de la rage narcissique.
Pour faire contraste avec la tendance actuelle, nous remercions les journalistes, les blogueurs, les journalistes web qui pour la grande majorité effectuent un travail d'exception, dans un contexte particulièrement difficile. Un grand merci pour la qualité unique de vos écrits.
françoise et karell semtob

Jean-Dominique Reffait

C'est compliqué. D'un côté les faiseurs qui brassent de l'air, de l'autre les morfondus de l'intime qui écrivent comme des savates. Et il semble bien difficile, dans la littérature française actuelle, de trouver celui ou celle qui apportera du sens dans une langue évoluée. Houellebecq ou Dantzig, tel est le choix, c'est maigre. Il est bien gentil Djian, mais ça lui coûterait quoi de faire un effort pour écrire autrement que comme on parle ? Est-ce une telle torture pour l'écrivain qui se pique de philosopher que de respecter la syntaxe, de dépasser le niveau stylistique d'un élève de troisième ? Depuis la catastrophe du Nouveau Roman, le style est devenu un gros mot, l'écrivain est celui qui ânonne lourdement son texte, le style est devenu l'artifice qui cacherait la réalité de ce qu'il est digne d'exprimer.
Les afféteries gratuites de Dantzig n'excusent pas la misère de Houellebecq, l'un et l'autre sont surfaits. C'est ailleurs qu'il faut chercher la bonne littérature française, là où le Nouveau Roman n'a pas pollué les esprits, aux Antilles, en Afrique ou au Maghreb. Salman Rushdie a sauvé la littérature anglaise, il nous en manque un.

Claggart

Merci d'abord à Philippe Bilger de rappeler le souvenir de Montherlant - sans doute moins connu aujourd'hui que nos grands écrivains genre Marc Lévy et Christine Angot - même si certaines de ses postures agacent, mais que font pardonner, comme le dit justement PB, la somptuosité du style.
Je ne suis par contre pas d'accord avec son interprétation des expressions parfois relâchées qui émaillent l'oeuvre de Montherlant ; par exemple,quand il fait dire à Malatesta, lors de l'assaut d'escrime qui commence la pièce :

"En garde! Cette fois, je te les coupe ! Je te les coupe et les mange à dîner !"

Et à son adversaire qui s'exclame "Aïe, ma mère !", Malatesta rétorque :
"Dis plutôt : "Aïe, ma femme !""

Ce n'est pas de la condescendance de grand seigneur, mais le parfait reflet du langage de la noblesse d'épée du 15ème siècle.

sbriglia

J'échange volontiers tout Houellebecq et tout Djian contre le long monologue d'Ariane dans son bain...

J'aime bien Dantzig : il cisèle la phrase sans l'ampouler, et de "l'esthétique du convenable" comme la sienne j'en reprends tous les jours : elle me change de la boursouflure de l'oratoire du politique ou de la basoche.

Je me dis souvent "PB n'est pas simple, espérons qu'il ne mourra pas de complication..."

jef

Pour moi il est dans son rôle de rebelle ou de révolté. Mais encore une fois comme ceux qu'ils assassinent il est dans un rôle lui aussi.
Revenir au texte, à ses écrits, plutôt que penser au cirque médiatique (et là je suis d'accord c'est exaspérant).
Oui mais peut-être ces écrivains sont-ils les dernières personnes qui par leur présence à la télévision valident l'émission, son contenu, également le chroniqueur "journaleux" ou autres ?
Donnant-donnant ou gagnant-gagnant ou business-business. C'est tout à son honneur de haïr ce système ! Enfin une vrai critique dans ce paysage aseptisé puisque tout le monde gagne... sauf nous... puisqu'au fond il n'y a pas plus de critiques, puissance des journalistes du système et seul notre esprit nous permet de monter la garde. Tous les journalistes sont de gauche, les artistes aussi - n'est-ce pas parfait ? NON pas cette gauche-là si proche du rien.
Enfin, que des écrivains éprouvent un besoin de reconnaissance quoi de plus normal pour un artiste ?? Mais je suis comme lui je préfère la retraite, le silence, le combat plutôt que de pactiser par facilité, pour de l'argent.

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